Part 2: Beautiful Day

Quelle journée magnifique. Une journée de rêve, qui plonge peu à peu vers la nuit. Je ne peux me résoudre à la laisser filer. Je me sens énergique, en forme. Cela faisait trop longtemps que ça ne m'était plus arrivé. Des oiseaux de toutes sortes sifflent sur les charpentes des vieux toits croulants de la rue. Quel est son nom déjà ?

Le Chemin de Traverse, ai-je lu plutôt. Des boutiques sont encore ouvertes et nous nous y promenons. Je n'ai pas d'argent sur moi, mais Ginny m'offre des vêtements ainsi que de gros livres en cuire avec d'épaisses pièces en or.

Nous nous rendons ensuite dans un haut bâtiment garni de colonnes dangereusement penchées. Je remarque les gravures qui m'informent que je pénètre dans l'austère banque Gringotts.

Un immense hall nous accueil, parcouru de long et grands banc derrières lesquels se trouvent de petit bonshommes au nez crochu, à l'air mauvais et hargneux. Suis-je au ministère des finances ?

Le temps d'une brève parole avec un gobelin (c'est le nom que l'on donne à ces fonctionnaires peu recommandables) portant un ridicule costume rouge, nous nous retrouvons dans un chariot étroit qui roule comme un dément dans un dédale de grottes et de tunnels.

J'ai compté : nous avons évités de justesse 57 stalactites et 39 stalagmites. La course folle se termine et Ginny se rend dans une immense chambre forte dans laquelle elle prend des tas de pièces dorées, argentées ou de bronze.

Enfin, nous sortons de ce manège humide et froid pour revenir sur le Chemin, où le soleil avait fait place aux étoiles. Des torches de diverses couleurs, allant du bleu au vert en passant par l'orange ou le rouge s'allument.

Il semblerait que plusieurs établissements, à commencer par les bistrots, soient ouverts à la tombée de la nuit. De multiples groupes d'ivrognes sortent déjà des bars, entonnant différentes chansons que l'on hésiterait à déclamer en sérénade à sa promise. A moins que son prénom soit « Salope», ce qui ne doit pas concerné un grand nombre de demoiselles.

Je remarque une sorte d'auberge/bar assez singulière. « Au Pet d'Troll», lis-je. Charmant. Je m'approche des menus de l'auberge et remarque une carte pour le moins originale :

Au Pet d'Troll

Anno 44 A.C.N.

Auberge Trois Dragons

De la bonne et brûlante compagnie,

Un lit toujours chaud et bien rempli

Un repas presque dénué de cracha et autre morve

Ainsi qu'une bière brassée et quasiment garantie sans pisse

« Si les Barbares sont venus vomir chez nous, c'est que nous en valons la peine… »

Je ne sais pas ce qui me retient d'aller faire un tour du côté de ce charmant bâtiment si ragoûtant et distingué…

Cette soirée devenue nuit, parfaite, se poursuit dans la joie et les rires. J'ai parfois l'étrange impression que lorsque l'on passe devant des personnes heureuses, que l'on a plus rit depuis longtemps par ici.

L'air devient froid, et je ne sens plus mes mains, même celle qui tient le bras de Ginny. Je la regarde et l'espace d'un bref temps, je crois voir perler un éclat argenté et humide lui couler le long de la joue gauche.

Alors que je me persuade d'une rêverie, la jeune fille m'entraîne dans un restaurant. Nous commandons notre repas mais mon esprit est ailleurs. Des chouettes hululent et passent au ras de nos têtes à chaque envol.

Je regarde au travers des épaisses et vieilles vitres du restaurent et j'observe avec attention les passants. Tous semblent heureux, mélancolique, nostalgique ou tout simplement insouciant.

Un air lourd m'avait troublé auparavant lors de notre marche dans le Chemin. Comme si ces gens cachaient un lourd secret ou une peur en eux.

Mais l'hydromel et le fait que je sois avec Ginny me font maintenant oublier cela. L'air est redevenu léger et je suis heureux. Libre, oserais-je dire.

Le serveur, aussi sombre qu'il essaye d'être poli vient prendre notre commande. Ginny commande pour moi alors que mes yeux semble eux me jouer des tours des plus étranges : j'ai l'impression de voir celui-ci, juste à la table de gauche chuchoter en me regardant… Non, ce doit être quelques tromperies de mes sens. Mais alors… pourquoi ces dames discutent-elle en me fixant ?

Pour l'instant, je mets ça sur le compte de la paranoïa. J'ai bien d'autres choses en préoccupation.

Des musiciens, au genre des troubadours d'autre fois, habillés de velours rouge, viennent sur scène et commencent à faire flotter dans l'air une musique douce et vraiment délicieuse, qui se font avec le bruit ambiant, tel un murmure…

Je me laisse aller à quelques rêveries, des souvenirs tendres d'antan qui semblent avoir appartenus à un autre passé, celui d'une autre personne, l'autre moi.

Soudain, un contact chaud vient frôler ma main. Je garde mes yeux fermés, imaginant Ginny, posant sa main sur la mienne. Mon imagination n'a pas de mal à se représenter son admirable sourire.

J'ai des centaines de questions qui me vrillent la tête. J'ouvre et referme maint fois la bouche dans la pensée de demander si… mais son regard doux m'en dissuade. Je ne voudrai pour rien au monde abréger ce moment. En ais-je eu avant ma convalescence ? Je n'en ai pas l'impression. Ou alors dans une autre, tout autre vie…

Qui sait les réponses horribles que peuvent apporter mes interrogations ? Ais-je été un monstre ? Ou un être aimable ?

Peu importe, maintenant je suis heureux… et avec Ginny…

Subitement, je prends conscience qu'une mélodie s'élève de plus en plus fort de la salle. J'ai l'impression de la connaître. Je fredonne l'air, et murmure malgré moi quelques paroles :

« Ce que tu n'as pas, tu n'en as pas besoin maintenant
Ce que tu ne sais pas, tu peux le sentir d'une façon ou d'une autre
Ce que tu n'as pas, tu n'en as pas besoin maintenant
Pas besoin maintenant...
C'était une belle journée... »

Je souris. Curieux comme les musiques peuvent retracer à merveille la vie. Durant ce cours instant, je ferme doucement les yeux, mes paupières me renvoyant une calme lumière dorée.

Alors, quelque chose me fait revenir très vite à la vie que j'essaye de refaire.

Un petit objet, froid et plutôt mou et agréable au touché semble tomber sur ma main. J'ouvre les yeux, sans me détacher de mon sourire.

Et je tombe sur Ginny… en version miniature. Une mini mimi Ginny d'environ deux ans se perche sur ses petits pieds pour arriver à la hauteur de la table. Elle me fait un grand sourire radieux.

- 'jour, papa, me lance-t-elle.

Je la regarde avec incompréhension puis me tourne vers Ginny. Elle est là, le regard plein de la larme, et derrière elle se trouve une sorte de flamme vivante. Plein de gens visiblement aimables aux cheveux roux.

Je me demande ce que fait là ce petit ange, de plus qu'il fait maintenant nuit…

La musique se termine.

« … C'était une belle journée... »