Part 3 : Lemon
« Voir
à travers la lumière du soleil »
Je le sais maintenant, dans toutes choses qui existent, il y a en tout et pour tout 49 choses vraiment merveilleuses.
Outre la littérature, la femme et le rock'n roll, il y a surtout le sommeil. Un long, très long sommeil teinté de tendres rêves de joie. Ce sommeil dont on ne veut se réveiller.
Cela fait déjà maintenant une semaine que j'ai cette impression : celle de vivre ce genre de sommeil teinté de rêves nombreux, tendres et parfaits. Peut-être trop parfaits ?
Depuis ma rencontre avec cette petite lueur sous la forme d'une angélique petite fille au bar en compagnie de Ginny, je vis un vrai rêve.
Et chaque jour je crains le cauchemar, chaque nuit je pense me réveiller au lieu de m'endormir. Mais chaque matin, elles sont là, les deux femmes de ma nouvelle vie.
Je me lève tardivement de ce tiède matin d'été. Les draps à mes côtés sont vides mais encore chauds. Je m'assied et souris. Je tâte ma blessure. Elle se cicatrise plutôt rapidement et j'en suis heureux. Un cicatrice de plus…
Tout en m'étirant je me dirige vers la salle de bain. Je fais couler une bonne douche bien froide dont je profite que quelques minutes puis j'enfile un peignoir pour descendre les marches du grand escalier de bois ciré.
Je contemple pour la énième fois les portraits qui orne le mur qui longe les marches. Des gens illustres sont là, et on peut le dire, sont parfois « las ».
Ici un de mes ancêtre fait des bulles de bave, là deux anciens ministres de la magie discutent activement sur une quelconque loi adoptée il y a deux cent ans, etc.
Je me guide tout autant à ma mémoire qui reviens peu à peu qu'à l'odeur douce qui règne en ces lieux et qui m'amène dans une très grande et haute pièce ornée elle aussi de tableaux.
La pièce garnie de grandes fenêtre et donc très lumineuse. Je m'installe à la très longue table qui se trouve au milieu de cette salle à manger.
Un petit déjeuner m'attend ainsi que deux tignasse rousse assises au milieu de la table. Je les embrasse toutes les deux. Et je prends place juste en face d'elles.
Ginny et Emilia car c'est le nom de ma fille me fixent toutes deux d'un air complice sourient avant de replonger dans leur repas. Un elfe de maison vient me servir divers plats. Je salue Dobby qui me salue en ôtant le bocal d'aquarium qui lui servait de couvre-chef et retourne en cuisine.
Le reste du petit déjeuner m'aurait prit trop de temps ou d'euphorie pour le raconter. C'est-à-dire que tout ce passa merveilleusement bien, en passant par les blagues de Ginny et par la nourriture projetée sur les murs par une Emilia plutôt facétieuse.
Je sors de table et me rends dans mon bureau tandis que Ginny et Emilia s'apprêtent à rendre visite à mes beaux-parents.
Je pousse les lourdes et cirée portes en bois de ma forteresse et arrive sur une pièce chaleureuse et bien éclairée, alors que mes rideaux pourpres et épais sont tirés pour laisser filtrer la lumière par les très grandes fenêtres qui ornent mes murs derrière mon bureau.
Je contourne le beau meuble de chêne et m'assois sur un fauteuil particulièrement haut et moelleux. Je regarde le dessus de mon bureau, sur lequel trône divers objets astronomiques, ainsi qu'un récipient reflétant du liquide bleuâtre.
Je me penche au dessus de la pensine. C'est l'heure de mon entraînement quotidien : tous les jours, je me replonge dans ce qui fut mon passé.
Ce qui n'est pas forcément facile, car la pensine fut inventée à la base pour évacuer les pensées que l'on aimerai oublier.
Je fais un peu remuer l'eau avec ma baguette. Cet ustensile de bois fin et incongru m'étonne toujours et m'empli à tout moment d'une impression agréable de sécurité. L'un des seuls objets à avoir apparemment survécu à mon « accident ».
Parmi les lueurs argentées et dorées qui dansent dans le récipient de pierre, j'entrevois des centaines de scènes douloureuses et hésite à en choisir une.
Heureusement, je tombe enfin sur un souvenir d'une autre personne. Un souvenir qui me paraît joyeux.
Le soleil décline. Je plonge des les mémoires. Ma chute est amortie par une couche tendre d'herbe flamboyante.
Je me relève, ramasse mes lunettes et regarde le saule qui se tient au-dessus de moi. Les rayons de l'astre roi filtrent au travers des feuilles et des branches épaisses et noueuses.
Un groupe d'adolescents passe derrière moi. Ils ne me remarquent pas évidemment. Ils semblent en pleine discussion. Je les suis. Leur chemin mène aux abords du grand lac noir.
Ils s'arrêtent, et s'assoient tous les trois au pied d'un grand et vieil arbre. Ils parlent avec animation. Ils semblent heureux, vraiment heureux. Il y a là deux garçons et une fille en plein débat.
J'écoute très distraitement ce qu'ils se disent. Rien de vraiment intéressant pour moi maintenant, j'en ai peur.
Soudain, l'un d'eux, le petit brun bigleux avec une drôle de cicatrice sur le front, se lève précipitamment et se dirige vers une immense bâtisse de pierres.
Il traverse le pont menant à la cour de Poudlard, ouvre les grandes portes et arrive dans le hall de l'école. Il reprend son souffle puis s'engouffre dans le dédalle de marches, d'escaliers et de couloirs du vieux château pour arriver enfin devant une gargouille se trouvant au fond d'un long corridor.
Il dicte quelques mots, la gargouille cède le passage et il débouche finalement sur un grand bureau circulaire contenant toutes sortes de choses étranges et diverses. Il regarde autour de lui, comme s'il guettait la présence de quelqu'un.
Personne. Ce bureau aux reflets bleus est totalement vide. Le jeune sorcier se dirige alors vers une armoire. Précautionneusement il en sort une pensine identique à la mienne et la pose sur un meuble au milieu de la salle.
Il sort sa baguette, fait des ronds dans l'objet de pierre et disparaît dans des lueurs dorées.
Je m'étonne de ne pas disparaître ni d'accompagner le jeune Harry Potter dans son souvenir. Je me promène un peu, regarde le contenu des armoires vitrées, jette un coup d'œil à la pensine, puis monte les marches d'un escalier tournant légèrement sur lui-même et j'arrive près d'un télescope géant.
Par les grandes fenêtres qui s'ouvre sur l'engin astronomique, j'observe le couché du soleil, reflétant ses éclats oranges et rosâtres sur les nuages.
C'est alors qu'une voix enjouée et sortie de nulle part lance dans l'air :
- Il est vrai que le nom « salle à manger » est plutôt bizarre, n'est-ce pas ? Jusqu'à maintenant, peu de gens eurent l'appétit de dévorer toute leur pièce, donc, je m'étonne quelque peu…
Je me retourne, stupéfait. Personne. Réellement, personne. Et si…
- Mais il n'y a pas que cela bien sûr ! Dans la bizarrerie, nous pouvons nous demander comment les moldus font pour visiter d'autres planètes s'ils ne savent même pas soigner une grippe !
J'en suis certain, dorénavant. Les portraits accrochés au mur. Évidemment, ils parlent ! Pourquoi n'y ais-je point pensé tout de suite ? Mais cette voix, profonde, grave et riante ne m'est certainement pas inconnue…
- D'autant plus que la conversation entre le portrait d'un sorcier mort et d'un personnage du futur en balade dans un souvenir fugace…
« Un
homme fait un tableau
Un
tableau vivant
A
travers la lumière projetée
Il
peut se voir tout proche
Un
homme apprivoise la couleur
Un
homme aime fixer du regard
Il
change son argent en lumière »
