Chapitre n°8 :

En quelques battements d'ailes, elle arriva à une arche que seuls les elfes étaient autorisés à voir. Elle semblait faite de cristal et reflétait la lumière telle une eau pure. Quelques signes balistiques ornaient la partie droite de l'arche. Elle s'en approcha d'un pas léger et les effleura tous dans un ordre bien précis.

L'arche était, en réalité, une sorte de portail sur les sources pures, non souillées par la folie de l'Homme.

Lorsqu'elle eut fini d'introduire la séquence de codes, sans regarder derrière elle, toujours munie de sa paire d'ailes, elle franchit le portail, d'un pas résolu et d'un air triste.

Le lieu dans lequel elle arriva était magnifique. Elle ne trouvait pas de mot pour le décrire. Tout rayonnait d'une aura chaleureuse. Tout était si clair, lumineux mais pas au point d'en être aveuglant. Elle se sentit tout de suite dans un cocon, protégée du monde extérieur.

Quelques animaux s'abreuvaient dans l'eau d'un lac qu'amenait une cascade. A son approche ils ne s'enfuirent pas. Au contraire ils vinrent à sa rencontre, en quête de caresses.

Elle aimait cet endroit : elle aimait et se sentait aimée en retour. Elle ne se voyait le quitter… du moins le croyait-elle.

Chaque heure écoulée en ce lieu était un instant de bonheur pur. Elle nageait avec les habitants du Lac, gambadait dans la forêt avec les loups.

Alors qu'elle écoutait le concerto que donnaient les oiseaux spécialement pour elle, une licorne vint interrompre le concert. Elle poussa doucement Hermione du bout du museau et lui fit signe de la suivre.

L'animal enchanteur la conduisit au lac. Une fois arrivés, elle toucha la surface de l'eau avec sa corne et recula prudemment.

Hermione, curieuse, s'approcha de l'eau et s'y pencha.

Les visages d'Harry et de Ron, rongés d'inquiétude apparurent. Ils semblaient être dans la Grande Salle et parlaient.

« - Je ne crois pas Malfoy une seule seconde, déclara Ron.

- Moi non plus, avoua Harry. En plus il y a cette Ashley des Poufsouffles qui lui tourne autour. Je n'aime pas ça.

- Mais où est-ce qu'elle est ? répéta une nouvelle fois Ron.

- Ca m'étonnerait qu'elle soit dans sa chambre comme l'a dit Malfoy. J'ai regardé la carte et elle ne se trouve nulle part dans Poudlard, dit Harry.

- Tu crois qu'on devrait avertir MacGonagall ? interrogea Ron.

- Attendons jusqu'à demain matin, proposa Harry. Si on ne la voit pas au petit-déj', on ira prévenir MacGonagall. Qui sait ? Elle est peut-être allée faire un tour et elle reviendra dans la soirée. »

Harry ! Ron ! Mais qu'est ce qui m'a pris ? Je ne dois pas les abandonner !

Elle prit sa décision. Elle remercia chaleureusement les créatures de la source. Une créature de l'eau se dressa et lui dit :

« Tu pourras revenir quand tu voudras… étoile brillante du matin ! »

Elle partit, franchissant le portail. Une fois passée, elle transplana juste devant la barrière de protection de Poudlard et la franchit sans problème. S'apercevant de justesse qu'elle avait oublié de ranger ses ailes, elle les fit disparaître d'un claquement de doigts. Et c'est d'un pas rapide qu'elle traversa le parc, se dirigeant vers le Château. Le pas se fit de plus en plus rapide, jusqu'à ce qu'elle se mette à courir. Elle courut à travers les couloirs. Il était plus de minuit. Des gouttes s'échappaient de ses yeux.

Elle prononça le mot de passe et le tableau fut bien obligé de la laisser passer. Elle s'engouffra dans la salle commune des Lions. Elle y trouva Harry et Ron assis sur le canapé en face de la cheminée, avec Ginny adossée contre les jambes d'Harry. Tous les trois somnolaient. Sans pouvoir arrêter les gouttes d'eau salée qui roulaient de plus en plus vite sur ses joues, elle se précipita dans les bras de Ron et d'Harry.

Harry fut le premier à reprendre ses esprits :

« - Hermione ? On s'est beaucoup inquiétés à ton sujet ! Où t'étais ? On t'a cherché partout ! … Qu'est-ce qui se passe, Hermione ?

Ginny gardait le silence, se doutant que cela avait un rapport avec Draco. Elle attendait juste qu'Hermione se confie d'elle-même.

- Pardon ! Pardon… Pardon, sanglota-t-elle. Je suis désolée de vous avoir abandonné.

- On n'a rien à te reprocher si ce n'est le fait que tu pleures, dit doucement Ron, d'une délicatesse qui étonna Harry et Ginny.

Ron répliqua :

- Bah quoi ? Qu'est-ce que vous avez à me regarder comme ça ? Je ne suis pas totalement rustre comme certaines et certains le pensent !

Cette réplique fit sourire Hermione à travers ses larmes. Et elle leur raconta sa découverte, la trahison de Malfoy, pourquoi elle s'était enfuie. Elle débitait des flots de paroles sans qu'elle ne puisse s'en empêcher. Il fallait que ça sorte. Elle ne pouvait plus garder ça pour elle-même.

Ron était devenu rouge et semblait sur le point d'exploser. Harry était dans le même état mais se contenait, s'efforçant de rester calme ; ce qui donnait un spectacle plutôt comique. Ginny, quant à elle, prit Hermione dans ses bras, lui murmurant qu'elle était un milliard de fois trop bien pour cette fouine, que la douleur s'atténuerait avec le temps, que si elle voulait, elle se proposait de lui faire subir mille morts avec Ron et Harry et que s'il lui prenait l'envie soudaine de parler avec quelqu'un, ils étaient là.

Elle les remercia d'un sourire chaleureux. Ron proposa qu'ils dorment tous dans le dortoir des garçons, puisque Seamus, Neville et Dean n'étaient pas restés à Poudlard pour les vacances.

Ils rapprochèrent les lits d'un coup de baguette magique et ils se couchèrent, Hermione dormant entre Ron et Harry, Ginny blottie contre Harry qui l'enlaçait d'un bras.

Mais Hermione ne dormit pas. Elle resta un moment, éveillée, se répétant qu'elle était la fille la plus chanceuse de la Terre d'avoir des amis aussi fidèles.

… Ainsi c'étaient les vacances de Noël. Elle aurait juré qu'il s'était passé plus de temps. Il allait falloir travailler dur pour développer ses pouvoirs. Elle ne pensa pas à Draco. Elle ne se demanda pas où il était, ni s'il était resté à Poudlard. Elle n'imagina pas ce qu'il était en train de faire, plongeant dans un sommeil réparateur sans rêve.

Le lendemain, Hermione fut étonnée qu'autant d'élèves soient restés à Poudlard pour ces vacances. Ce fut Ginny qui lui rappela qu'un bal de Noël avait été prévu par la directrice et qu'apparemment ses amis d'Halloween allaient revenir. Cette nouvelle la ramena à la dure réalité : Voldemort, aidé d'une entité maléfique, allait les attaquer dans quelques jours et elle devait absolument s'entraîner. Ils avaient averti MacGonagall bien entendu. Et comme l'avait prévu Hermione, la directrice s'était fortement opposée à ce que trois adolescents aillent risquer leurs vies, s'assurant une mort certaine. Mais ils usèrent de tant et tant d'arguments, insistèrent tellement, qu'elle finit par céder, la mort dans l'âme. Elle obtint d'eux de ne pas prendre de risques inutiles.

Hermione travailla avec acharnement autant pour éviter Malfoy que pour être prête pour le jour J. Elle et Ron entraînaient Harry tous les soirs, mimant tous les scénarios possibles et inimaginables, exécutant des duels. Au fil des jours, Harry maîtrisait de plus en plus de sortilèges.

Quelques jours avant le bal de Noël, Hermione lui demanda après l'entraînement, tout en buvant le chocolat chaud que leur avait apporté Dobby :

« - Harry… Tu te rappelles de l'histoire des Horcruxes ?

- Oui, bien sûr. Voldemort a sectionné son âme en plusieurs parties et les a enfermées dans divers objets pour avoir plus de puissance. Tu as trouvé quelque chose ?

Elle hocha la tête, secouant ses cheveux et s'expliqua :

- J'ai réfléchi. D'après vous, pourquoi Voldemort veut-il tant mettre la main sur Poudlard ?

- Pour former de futurs mangemorts ? proposa Ron qui avait réussi récemment à contrôler son frisson quand il entendait le nom de Vous-Savez-Qui.

- Oui, mais pas seulement, répondit-elle.

- Retrouver quelque chose qu'il aurait laissé derrière lui… Quelque chose de très important ? suggéra Harry, contemplant vaguement sa tasse.

- Tu es sur la bonne voie, Harry, l'encouragea-t-elle en souriant.

Soudain Harry percuta.

- Mais oui ! Voldemort a caché les Horcruxes dans le seul endroit où on n'aura pas l'idée de chercher, tellement c'est évident : Poudlard ! C'est pour ça qu'il veut récupérer Poudlard, même après la mort de Dumbledore ! s'écria Harry.

- Ouais, c'est bien beau tout ça. Mais je vous rappelle qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps avant le jour J. On n'aura jamais assez de temps pour fouiller tout le château, surtout s'il est rempli de passages secrets, remarqua ironiquement Ron.

- Ron, Ron, Ron. Tu sembles oublier que tu es un sorcier, se moqua gentiment Hermione en agitant sa baguette. Et ce que je vais faire va te paraître horriblement simple.

Elle fit un geste ample de la main et s'écria tout en se concentrant : Accio Horcruxes !

Rien ne se produisit… du moins à première vue. Ron allait commencer à se moquer quand quelques coups se firent entendre à la porte. Curieux, il alla ouvrir et les objets se précipitèrent dans la salle. Ils s'arrêtèrent devant Hermione et flottèrent dans les airs, tournant en cercle devant Hermione. Harry y reconnut entre autres, le coffret de Rowena Serdaigle. Hermione lui sourit en lui disant :

« - A toi l'honneur, Harry !

- Mais avec quoi je les détruis ? Je veux dire avec quel sort je les détruis ? interrogea-t-il.

- Mmmmh… Surtout pas avec de la magie puisqu'ils en sont remplis… Eh bien… Essayons la méthode traditionnelle, proposa-t-elle.

- Ouais… Sauf que tu oublies un détail : Dumbledore, lui, s'en est sorti avec une main en moins, objecta Harry en croisant les bras.

- Tu as raison. Je vois bien une autre solution mais cela demandera un peu de temps et c'est assez risqué.

- Et c'est quoi ? voulut savoir Ron, ayant un mauvais pressentiment.

- Envoyer les Horcruxes dans les Limbes.

- Dans les Limbes ? s'écria Ron.

- Et ils ne risquent pas de revenir ? s'inquiéta Harry.

- Théoriquement non.

- « Théoriquement non » ? Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Ron, d'une voix légèrement ironique.

- Ca veut dire ce que ça veut dire, Ron ! T'écoutes les cours d'Histoire de la Magie ? Non. Bon, autrefois, le chef des démons a passé un pacte, suite à une guerre, la guerre des trois peuples. Tout ce qu'il accepte de faire passer n'ont plus le droit de revenir à la surface.

- D'accord… Mais comment on les envoie là-bas, ces choses ?

- Tout d'abord, toi et Ron, vous allez m'aider à tracer ce pentacle. Il faut que le cercle soit assez grand pour nous contenir tous les trois, commença Hermione en leur montrant le pentacle en question.

- Euh… Je ne pourrais rester dehors ? Parce que… les démons et moi, ça fait l'infini, intervint Ron en la coupant.

- Non, Ron, tu ne peux pas rester dehors. T'as écouté ce que Fltiwick a dit ? Si tu n'es pas à l'intérieur du centre du pentacle, tu seras immédiatement capturé par le démon et tu seras automatiquement son esclave à jamais. Tu pourrais tous nous mettre en danger. Il pourrait se servir de toi pour tous nous piéger. Alors tu prends ce bout de craie et tu m'aides à dessiner ce fichu pentacle ! s'écria Hermione, exaspérée. Ah ! Autre chose : on doit se tenir par la main. Chacun doit avoir chacune de ses deux mains liées avec celle de l'autre. Vous n'intervenez pas. Vous me laissez parler. Et surtout quoiqu'il arrive, ne lâchez pas vos mains ! »

Ils tracèrent le pentacle et s'assirent au centre. Les Horcruxes tournoyaient toujours au-dessus de leurs têtes, tels des ombres menaçantes. Ils se tinrent par les mains et Hermione invoqua le maître des Limbes. Une fenêtre de la taille d'un homme apparut, découvrant une silhouette. On aurait d'ailleurs très bien pu prendre cette dernière pour un homme si ce n'étaient ses énormes cornes qui montaient vers le haut, sa queue fourchue qui se balançait tel le pendule d'une horloge et son teint écarlate.

Une soubrette se tenait à côté de lui, lui tendant un cigare. Elle avait de longs cheveux noirs lisses qui descendaient jusqu'au creux de ses reins. Elle n'était vêtue qu'en tout et pour tout de ses sous-vêtements avec un tablier noir par-dessus, portant des talons aiguilles.

Une étrange ceinture noire entourait son cou, telle une chienne. Quand elle se retourna, ils purent voir un tatouage en forme de flamme orner son épaule droite.

Ron, hypnotisé, voulut se lever, traverser la fenêtre bidimensionnelle et rejoindre la soubrette pour lui prodiguer mille et une caresses.

Heureusement, Hermione et Harry le retinrent à temps. Hermione siffla :

« - Ron, un jour, ton ignorance te perdra ! T'as pas vu son tatouage ? C'est une vamp' ! Au moment même où tu l'auras touché, toi un humain, tu seras brûlé éternellement de l'intérieur ! Alors tu restes assis et garde tes mains liées aux nôtres !

- Hu hu hu hu… Mais que vois-je ? Trois petits morveux qui s'amusent à m'invoquer ? se moqua le démon tout en dégustant son cigare. Quel est votre but ?

- Prends ces objets avec toi et emprisonne-les au plus profond de ton royaume.

- Mmmh… Des horcruxes… Ca fait si longtemps que je n'en ai vus… Mortels, je ne fais jamais rien sans avoir quelque chose en retour. Que m'offrez-vous ?

- Que veux-tu ? demanda Hermione, impassible.

- Que dirais-tu de remplacer Carolina ? Cela fait 500 ans qu'elle me sert… et j'avoue que je commence à m'en lasser, proposa-t-il, affalé sur son fauteuil.

- Si j'ai bien entendu, vous me proposez à moi, une elfe, de devenir votre esclave pendant 400 ans, de vous obéir au doigt et à l'œil pendant 400 ans dans une tenue qui ferait pâlir la fille de trottoir la plus dévergondée, de transformer une elfe en vamp ? résuma Hermione d'une voix dangereusement calme. Auriez-vous oublié le pacte, Balthazar ?

- Je vois que tu connais bien ton histoire, jeune fille. Mais tu oublies un point : ce pacte ne concerne pas les humains !

- Je suis née à l'heure de la croisée des chemins, à la fin du deuxième mois de l'été, en l'an 1000. Je suis la fille du roi Aiedail, souverain de tous les peuples elfes, et de la reine Llilandril, descendrant du chef Seborn avec qui vous avez passé le pacte ! Et vous osez me traiter d'humaine ! s'enflamma-t-elle, des flammes dansant dans ses yeux.

Une aura de puissance s'échappa d'elle, touchant le démon.

- M… Mais… Mais c'est impossible. Les elfes ont quitté ce monde depuis plus de 2000 ans, fit le démon en reprenant contenance.

- Je ne vous dois pas d'explications. Je vous ai invoqué pour que vous enfermiez ces objets dans votre royaume et que vous ne les laissiez sortir sous aucun prétexte. Et je n'ai pas besoin de te dire que tu as été trahi. Beleth est de nouveau en liberté. Et d'après ce que j'ai entendu, il cherche ta destruction.

- D'accord, céda Balthazar après l'avoir sondée. J'enfermerai ces objets.

- Jure-le sur le Grand Livre des Démons.

Il tressaillit. Visiblement c'était important. Il s'exécuta.

- Ce fut un plaisir de traiter avec vous cher Balthazar. Alakazam ! »

Et la fenêtre disparut comme elle était venue. Ils sortirent tous les trois du pentacle, s'affalant sur le canapé. Dobby apparut et s'empressa de l'effacer.

S'apercevant de l'heure tardive, le couvre-feu étant largement dépassé, Hermione raccompagna Harry et Ron à leur salle commune. Arrivés là, elle leur assura que Malfoy devait sûrement dormir, que oui, ça allait, et que non, elle ne voulait pas dormir dans le dortoir des garçons. Elle leur souhaita à tous les deux une bonne nuit et se dirigea à grands pas vers les appartements des préfets en chef.

Alors que quelques semaines plus tôt, elle l'avait bénie, désormais elle maudissait la personne qui avait eu l'idée d'appartements communs des préfets en chef. Son cœur ne supporterait pas de voir le garçon qui lui avait pris son cœur pour ensuite le déchirer devant elle, en mille morceaux.

Elle pria pour qu'il ne soit pas dans la salle commune, et surtout pas avec l'autre pouffe. Apparemment sa prière ne fut pas exaucée. C'était là bien la preuve que Dieu ne s'intéressait pas aux hommes non ?

En effet, lorsqu'elle entra dans la salle commune, elle le trouva assis sur un fauteuil, à côté de la cheminée, dormant.

Il ressemblait à un ange. Merlin, comment pouvait-on être aussi méchant en ressemblant autant à un ange ? Sans un bruit, elle rentra dans sa chambre. Elle hésita un moment avant d'aller le recouvrir d'une couverture. Alors qu'elle s'apprêtait à s'éloigner, il s'agita dans son sommeil :

« - Hermione ! Non ! Ne me laisse pas, je t'en prie ! Je t'aime ! »

Une larme roula sur la joue d'Hermione qui lui répondit :

« -Il faudra plus que des mots pour me convainvre, Draco Malefoy ».

La larme tomba sur la main de Draco. Et quand ce dernier se réveilla à cause d'une étrange humidité sur sa main, Hermione avait déjà disparue dans sa chambre. Il aperçut la goutte d'eau sur sa main, immobile, telle une bille de cristal.

Note de l'auteur : Hé hé ! Ca y est ! Les exams c'est fini ! Maintenant c'est party party party ! - ! hi hi hi ! Alors voilà comme promis le chapitre suivant, après les exams ! Alors vous en pensez quoi ?