Chapitre n°11 :

Elle flottait dans l'obscurité et ne s'en plaignait pas. Elle se sentait comme apaisée, même dans l'obscurité ; comme quand vous rentriez d'une journée particulièrement difficile et que vous vous plongiez avec bonheur dans vos draps douillets.

Elle ne voulait plus se battre, ne savait plus pourquoi se battre. En effet lorsque l'éclair l'avait touché, il avait non seulement causé des dégâts physiques mais aussi des dégâts moraux. Elle ne savait plus pour qui elle se battait.

Elle semblait avoir perdu tout ce pour quoi elle croyait, tout ce pour quoi elle se battait. Elle n'était qu'une âme perdue dans ce grand vide obscur.

Elle savait que si elle restait ici, elle allait jusqu'à en perdre son identité. Mais elle se sentait si bien qu'elle s'en moquait.

Arya… Arya… l'appela une voix lointaine.

Une chaude lueur l'éclaira, lui faisant ouvrir les yeux. Elle se redressa, regardant avec curiosité, la chaude lueur s'approcher d'elle.

Quand cette dernière ne fut qu'à quelques pas, elle remarqua qu'il s'agissait d'une étrange personne qui lui ressemblait étrangement. Elle semblait n'avoir que quelques années de différence. Son double plus âgée qui se tenait devant elle, lui souriant, portait une simple et pourtant somptueuse robe verte.

Elle l'appela de nouveau : Arya…

Hermione ne put répondre, comme si sa voix restait bloquée au fond de sa gorge. Elle pensa donc sa réponse :

« - Qui es-tu ?

- Je suis toi, répondit son double, simplement, en souriant doucement.

- Tu as une lumière si douce…

- Tu dégageras une lumière aussi douce et aussi chaude si tu reprends confiance, lui dit-elle.

- C'est plus facile à dire qu'à faire, railla Hermione.

Son double se contenta de lui sourire derechef. Hermione craqua :

- Je… Je ne sais plus pourquoi je me bats. Je ne peux pas dire que je me bats pour conserver ce monde… Ce serait faux… Si je me battais, c'était pour sauver mes amis, mon amour… Mais j'ai l'impression d'avoir trahi les premiers et j'ai l'impression d'avoir été trahi par le deuxième…

Son double la regardait pleurer. Elle se regardait, avec tristesse, craquer. Elle lui dit :

- Regarde, Arya ! Vois comme ce monde est vaste ! Bien sûr que la race humaine n'est pas totalement pure. Mais elle est représentative de cet équilibre qui fait vivre ce monde. Chaque être humain est doté d'un don : faire son choix entre le bien et le mal. Crois en ce choix. Crois en ce monde. Crois en tes amis. Crois en ton amour. Ton chemin sera semé d'embûches comme chaque chemin. Mais si tu décides d'abandonner à chaque obstacle, tu n'avanceras pas d'un pouce. Alors que si tu te décides à les franchir, tu n'en ressortiras que plus raffermie, plus forte.

Si un jour, tu te demandes ce que sera ton avenir et qu'il te paraît sombre, n'oublie jamais que tu es seule maîtresse de ton destin et que tu peux à tout moment le modifier.

En écoutant son discours, Hermione sentit ses larmes se tarir d'elles-mêmes. Elle releva la tête d'un air déterminé :

- Tu as raison. Je n'abandonnerai pas.

Son double lui sourit :

- Je suis bien heureuse de te – ou plutôt me – l'entendre dire. Je sais que nous y arriverons. »

Son double vola vers elle, se jetant à son cou.

Et un monde meilleur s'offrira à nous…

Et son double qui était devenue de plus en plus transparent au fur et à mesure qu'elle s'approchait d'Hermione, disparut en une gerbe de petites lumières blanches, au contact d'Hermione.

Hermione reprit brusquement contact avec la réalité : elle ouvrit soudainement les yeux. Elle inspira profondément une grande bouffée d'air, en prenant conscience qu'elle était en vie. Elle entendit le bruit de deux lames qui s'entrechoquaient violemment. Elle tourna la tête et vit deux combattants. Tous deux étaient couverts de blessures. Leurs corps en étaient couverts. Cependant à travers tout ce sang, Hermione reconnut l'elfe de sa vision. Malgré le sang qui s'écoulait de diverses blessures, il combattait avec la rage d'un lion.

Elle se releva et tituba un petit peu.

« - Tu es encore vivante, toi ? grogna une voix.

Elle ne répondit pas, le regardant d'un air de défi, une flamme froide dans les yeux.

Le démon reprit :

- Regarde ton amoureux se faire tuer petit à petit. Pff… On dirait que l'histoire se répète.

Des flashs envahirent la tête d'Hermione.

Elle et l'elfe se tenant debout sur un balcon au clair de lune, s'embrassant.

Clic !

Elle et l'elfe, côte à côte, se tenant la main, assis par terre.

Clic !

Elle et l'elfe, côte à côte, en armure.

Clic !

Elle assise sur ses genoux, pleurant la mort de son amour, reposant sur ses genoux.

Clic !

Elle, envoyée par ses parents dans le futur.

Clic !

Elle sentit la rage l'envahir. Ses yeux devinrent complètement blancs. D'un geste de la main, elle fit disparaître l'adversaire de Draco. Elle sentit sa magie prendre le dessus. Toute sa magie commençait à déborder. Une aura blanche commençait à apparaître autour d'elle, la faisant flotter à quelques centimètres de la surface de glace.

Beleth commençant à ressentir sa puissante magie, reforma une boule d'énergie noire, plus grande. Il la lança violemment sur Hermione.

D'un autre geste évasif de la main, elle dissipa la boule d'énergie comme si ce n'avait été qu'une vulgaire poussière.

Brusquement, elle envoya une déferlante de rayons destructeurs sur Beleth qui essayait tant bien que mal de les repousser. En poussant un cri de rage, il contra les rayons blancs avec ses propres rayons obscurs.

On aurait pu prendre cette scène comme un vieux cliché du Bien combattant le Mal… Mais ceux qui pensaient ainsi avaient tort. Il n'y avait aucune notion de Bien ou de Mal là-dedans. C'était juste une personne qui faisait tout son possible pour sauver la vie de ses amis.

Ses amis… Harry… Ron… Ginny… Neville… Luna… Mes amis…

Des larmes commençaient à remplir ses yeux.

Je dois les sauver !

Elle hurla. Et sa magie déborda entièrement. Elle sortait par tous les moyens possibles : sa bouche, ses yeux…

Son corps fut entièrement enveloppé de sa magie. Cette dernière ne tarda pas à toucher le démon et à l'envelopper également. Le corps du démon commença à se disloquer, sous le regard horrifié de celui-ci. Il hurla de terreur et chaque partie de son corps explosa pour ne plus réapparaître.

Lorsque le démon fut entièrement détruite, la magie blanche et lumineuse, se relogea docilement dans le corps de sa maîtresse.

Celle-ci se tenait debout, les pieds touchant la terre ferme, la montagne de glace ayant disparue sous le choc. Les yeux encore blancs, elle ne prêta aucune attention à Draco quand elle passa devant lui. Celui-ci, sous le souffle de l'explosion, avait été projeté contre un arbre et avait perdu connaissance.

Elle se dirigeait vers Voldemort et son serpent. Et sans avoir besoin d'un quelconque pentacle, elle ouvrit un passage dimensionnel vers les Limbes.

Balthazar était en train de lire ce qui semblait être une revue terrienne non-recommandée aux personnes mineures. D'un geste de la main, elle fit léviter le corps de Voldemort de son serpent et le fit atterrir brutalement sur le bureau du démon.

« - Que ? Quoi ? Qu'est-ce que tout ceci ? hoqueta le démon en tentant de reprendre contenance et de cacher le magazine.

- Ce paquet est à enfermer entre quatre murs. Pas de porte d'entrée ni de sortie. Seulement quatre murs très solides. Aucune visite permise. Compris ?

- Ce sera fait, répondit le démon, tremblant imperceptiblement devant la puissance qui se dégageait du corps pourtant frêle de la jeune fille. »

Elle referma le passage. La couleur pâle de ses yeux disparut. Elle tituba quelques pas vers Draco mais s'effondra au sol avant d'avoir pu l'atteindre. La dernière chose qu'elle vit fut Draco qui se réveillait péniblement.

Merlin soit loué, il est vivant…

Ce fut sa dernière pensée avant de sombrer dans l'inconscience.