LOCKED UP
Par Myschka et BlackNemesis
Disclaimer : L'univers de Harry Potter ainsi que les personnage n'appartiennent qu'à JK Rowling. Nous les empruntons juste le temps d'une fic, et nous n'en retirons aucun bénéfice à part celui d'être lues.
Rating : M pour le vocabulaire et certains passages. Par contre pour ceux qui attendent des lemon, vous risquez d'être déçus, nous ne comptons normalement aller que jusqu'au lime (et c'est pas pour tout de suite…c'est même pas dit qu'on en mette, en fait.)
Résumé : Après la chute de Voldemort, le Ministre de la Magie a une dernière faveur à demander à Harry Potter. Acceptera-t-il, en particulier si Draco Malfoy est au centre de l'affaire ?
Note des auteuses : Bonjour à tous ! Voici le chapitre 2 de « Locked up », où Harry et Draco commencent une cohabitation difficile. En espérant que cela vous plaise…Bonne lecture !
RARs : Les réponses aux reviews non signées pour le chapitre 1 sont sur le blog de Myschka (voir dans notre profil).
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Cette fic est entièrement dédiée à BadAngel666.
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CHAPITRE DEUX
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Un amas d'étoffes laineuses jetées violemment sur sa tête le réveilla, manquant de l'étouffer. Harry se débattit furieusement avec les couvertures que Draco venait de jeter sur son lit, puis finit par se redresser, l'air hagard, et toujours empêtré dans ses draps. Devant lui se tenait le dernier des Malfoy qui le toisait, les bras croisés sur sa poitrine, et l'inondait de son mépris silencieux.
« Charmant, le réveil, ronchonna Harry, de mauvaise humeur.
- Je croyais pourtant t'avoir dit que je ne voulais pas de ta pitié, Potter, » rétorqua froidement Draco. « Manifestement, une nuit entière de réflexion n'aura pas suffi pour que l'information parvienne jusqu'à ton cerveau. »
Puis le jeune homme blond lui tourna ostensiblement le dos et commença à s'affairer dans la cellule. Lorsqu'il entreprit de déboutonner la loque qui lui servait de robe, Harry se rallongea dans son lit et ferma les yeux, son avant-bras posé en travers de son visage. Il soupira. Il n'avait jamais douté que la cohabitation serait difficile, mais il venait juste d'appréhender toute l'ampleur de la tâche qui l'attendait. Harry se demanda comment il allait faire pour inciter Malfoy à parler. Comme il l'avait si bien fait remarquer à Scrimgeour, Draco avait parfaitement conscience que la peine qu'il subissait à Azkaban était injuste et que le Ministère se servait de lui pour mieux atteindre Severus Snape – il ne se laisserait pas utiliser impunément.
Il soupira de nouveau. Plus il y réfléchissait, plus cette idée de s'enfermer avec Malfoy durant un mois lui paraissait stupide. Si l'ancien Serpentard refusait de parler par fierté, il ne voyait pas pourquoi lui, Harry Potter, aurait plus de chance de le voir renoncer à son plaisir de faire chier le Ministère, uniquement parce qu'il se pointait comme une fleur dans sa cellule pour le provoquer. Mais il avait accepté de le faire, alors il se tiendrait à sa décision.
Harry s'extirpa du lit quand il entendit l'eau du lavabo cesser de couler et qu'il fut certain que Draco était de nouveau habillé. Le jeune homme blond était allongé sur son lit, un livre à la main, et ne lui prêtait pas la moindre attention. Lorsqu'il sortit de la douche, l'ancien Gryffondor se fit la réflexion que si Draco persistait à l'ignorer de cette manière, il allait avoir beaucoup de mal à le faire sortir de ses gonds comme cela était prévu au départ. Et comme il n'avait aucune idée de comment s'y prendre, il décida d'imiter son compagnon de cellule et d'occuper son temps à lire et travailler, en espérant qu'une idée brillante lui viendrait en cours de route – ne disait-on pas que l'espoir faisait vivre, après tout ?
Ils furent dérangés par l'arrivée de Clint, qui semblait être le gardien attitré de Malfoy, et qui venait leur porter leur petit déjeuner. Comme la veille, Harry se sentit étrangement mal à l'aise en constatant la différence flagrante de traitement entre Draco et lui. Et il ne put empêcher le désagréable sentiment de culpabilité qui lui nouait l'estomac – l'odeur du bacon grillé et des oeufs délicieusement chauds lui coupa soudain l'appétit. Dédaignant son assiette, Harry observa Draco grignoter élégamment – comment ce garçon réussissait-il à garder sa dignité alors qu'on lui donnait en guise de repas un bout de pain rassis et un brouet tellement clair que Harry se demandait s'il n'était pas uniquement composé d'eau ? Cette vision acheva de l'écœurer et il repoussa son propre plateau, sachant qu'il regretterait son geste plus tard dans la journée. Il était incapable d'avaler quoi que ce fût pour le moment.
Scrimgeour avait raison. Harry Potter se sentait coupable pour tout ce qui ne tournait pas rond dans le monde, et ce n'était pas aujourd'hui que les choses allaient changer. Même si ce qui ne tournait pas rond concernait en l'occurrence aujourd'hui Draco Malfoy, le garçon qu'il avait le plus haï durant son adolescence, cela ne changeait rien au problème.
Lorsque Clint revint pour remporter les plateaux en cuisine et alors que Malfoy s'était de nouveau allongé sur son lit pour se plonger dans son livre, Harry en profita pour demander à sortir. Il ressentait le besoin irrépressible de prendre l'air – l'atmosphère délétère de la petite cellule commençait à le faire suffoquer – et surtout, il mourait d'envie de parler à quelqu'un. Quelqu'un qui ne fût ni un gardien de prison stupide et cruel, ni Draco Malfoy, insupportable et – non, le fait qu'il fût Draco Malfoy se passait de commentaires supplémentaires, finalement.
Le parloir de la prison était une salle grise et sale, à l'image du reste de la forteresse, qui donnait à Harry l'impression que sa vision s'était altérée et qu'il ne verrait plus jamais en couleur. Mais il avait au moins l'avantage de comporter une cheminée connectée au réseau de cheminette, ce qui lui permit de contacter Théodore Nott et de prendre des nouvelles de l'extérieur. L'ancien Serpentard et lui étaient devenus très proches durant la guerre, car le jeune homme avait rejoint très tôt les membres de l'Ordre du Phénix – ce qui en avait surpris plus d'un, connaissant le passé de son père. Depuis la mort de Hermione et de Ron, il devait être pour Harry se qui se rapprochait le plus d'un meilleur ami, bien qu'ils ne se vissent que plutôt rarement étant donnée leur tendance pour l'un comme pour l'autre à s'isoler du reste du monde.
Malgré tout, Théo était sans doute la seule personne à qui Harry accordait toute sa confiance, et lui parler quelques minutes lui remonta considérablement le moral, tout comme les aboiements joyeux de son chien, sautant comme un fou pour se rapprocher de son maître. Il regagna la cellule le cœur un peu plus léger, mais pas plus avancé quant à la méthode pour parvenir à faire parler Malfoy.
Son fragile enthousiasme retomba comme un soufflé à peine la lourde porte franchie. Draco s'était manifestement assoupi peu de temps après son départ, et son livre reposait sur son ventre, se soulevant doucement au rythme de sa respiration régulière. En voyant le dénuement dans lequel il vivait depuis trois mois, le cœur de Harry se serra inexplicablement – c'était peut-être son complexe du héros qui refaisait surface, mais il ne se résolvait pas à enfoncer encore un peu plus le clou en lui imposant sa présence et le confort insultant dont il bénéficiait.
Il se rapprocha un peu, sans faire de bruit. Le blond avait vraiment l'air malade, c'était encore plus flagrant que lorsqu'il avait pu l'observer durant la nuit. La fièvre faisait luire son front de sueur – et pourtant avec le froid qui régnait dans la pièce, cela relevait de l'exploit. Une fois de plus Harry avança sa main pour vérifier sa température – mais une main osseuse lui agrippa vivement le poignet, le faisant sursauter.
« Quand tu auras fini de me fixer comme ça, Potter, » siffla Draco, « j'apprécierais que tu me laisses dormir en paix. »
- Il faut te faire soigner, Malfoy, » répliqua Harry, ignorant l'humeur acerbe du blond. « Tu ne me feras pas croire que ce n'est qu'un simple rhume. »
- Je ne vois vraiment pas pourquoi tu t'inquiètes de ça, » répondit froidement Draco en lâchant son poignet avec une moue dégoûtée. « Peur de perdre ton sujet d'étude en cours de route, peut-être ?
- Dis-moi, tu étais aussi désagréable avec Snape quand vous étiez en cavale, ou bien c'est un traitement de faveur que tu me réserves ?
- Ne parle pas de lui ! » Gronda Draco, ses yeux gris lançant des éclairs.
- Pourquoi ? » Demanda Harry, subitement agressif. « J'ai touché un point sensible ? »
Draco le fixa un instant, une expression indéfinissable sur son visage fatigué. Puis il haussa les épaules, se retourna sur son lit, ignorant de nouveau son compagnon de cellule. Il était visiblement résolu à ne plus lui adresser la parole. Harry, déstabilisé par le brusque changement d'attitude du jeune homme, resta figé durant quelques secondes. Puis, il eut un haussement d'épaules à la fois perplexe et résigné. Finalement, certaines choses ne changeaient jamais – à chaque fois qu'il avait cru cerner un peu mieux la personnalité de Malfoy, quelque chose dans le comportement du jeune homme lui démontrait impitoyablement à quel point cette entreprise semblait vaine. Il ne comprendrait probablement jamais totalement le fonctionnement de Draco.
Harry se sentit soudain très las. Même pas 24 heures qu'il était enfermé avec l'ancien Serpentard, et déjà, cette expérience le fatiguait au-delà de ce qu'il avait pu imaginer. Il se rendit compte qu'il ne voulait pas passer le prochain mois à provoquer un conflit avec Malfoy. S'il avait pensé un instant que ce serait amusant, à présent toute cette histoire lui paraissait d'une bêtise et d'une inutilité crasses. Tout ce qu'il souhaitait depuis la fin de la guerre était qu'on le laisse en paix dans sa campagne, avec son chien et ses livres. Mais non, il avait fallu que Draco Malfoy se fasse arrêter et qu'il vienne encore lui pourrir la vie – honnêtement, si cela lui avait permis de ne plus jamais le revoir, Harry l'aurait même laissé en liberté dans la nature jusqu'à ce qu'il se fasse bouffer par un hippogriffe, ça lui était bien égal.
La journée s'acheva comme elle avait commencé, dans un lourd silence chargé d'hostilité. Harry s'était jeté sur la nourriture lorsque Clint était réapparu à midi, mais la culpabilité était revenue l'envahir aussitôt son repas achevé – Malfoy avait eu droit quant à lui à un morceau de pain un peu plus gros qu'au matin, et à une soupe aussi claire que le brouet infâme qui lui avait été servi au petit déjeuner. Quand le dîner avait été apporté, il avait été de nouveau incapable de toucher à son assiette. Et cette détestable compassion qu'il ne pouvait s'empêcher d'éprouver pour Malfoy commençait déjà à lui porter sur les nerfs.
La première semaine se déroula à peu de choses près de la même façon. Les deux anciens rivaux s'évitaient comme la peste, autant que faire se pouvait dans un espace aussi réduit qu'une misérable cellule d'isolement. Draco passait son temps à lire ou à dormir, Harry s'occupait en écrivant ou en lisant – la monotonie de tout cela l'affectait bien plus qu'il ne voulait le reconnaître, mais ce n'était pas comme s'il pouvait y faire grand chose.
Lorsque Draco avait droit à ses dix minutes quotidiennes à l'air libre, Harry ne prenait même pas la peine de l'accompagner. Il prétextait que regarder Malfoy fumer son mégot n'avait rien d'intéressant et que s'il voulait prendre l'air et profiter du paysage, il préférait encore le faire seul – ce qui ne manquait jamais d'arracher un ricanement désabusé au jeune homme blond.
En réalité, bien que Harry ne se le fût même pas avoué à lui-même, s'il ne suivait pas Malfoy dans la petite cour de la prison, c'était surtout parce qu'il avait compris à quel point le jeune homme tenait à ces dix minutes de liberté illusoire, à quel point il avait besoin de ces quelques instants, avec pour seule compagnie le vent du large sur son visage et la fumée de son unique cigarette de la journée. C'était idiot, il le savait – après tout, il était censé faire tout son possible pour énerver le jeune homme. Malgré tout, Harry étant Harry, il y avait des limites qu'il ne se résoudrait jamais à franchir.
Le problème survint lorsque Rufus Scrimgeour, alerté du comportement du brun depuis son arrivée à Azkaban par des rapports quasi-quotidiens, s'agaça de la tournure que prenaient les évènements. Depuis une semaine que Harry Potter avait élu domicile dans la cellule de Draco Malfoy, il n'avait constaté aucun progrès quant au sujet qui le préoccupait. Bien entendu, il n'espérait pas de résultats après seulement sept jours de cohabitation…mais en l'occurrence, il avait l'impression que, plutôt que de progresser, la situation avait même semblé régresser. Et c'était proprement inacceptable.
Le Ministre décida donc de durcir encore un peu les conditions de vie carcérale de Draco Malfoy, petit insecte insignifiant qui s'amusait à le contrarier depuis trop longtemps. L'isolement ne lui faisait aucun effet, sans doute qu'être privé de sa seule source d'évasion lui délierait plus facilement la langue. Il donna donc l'ordre de confisquer tous les livres du jeune homme blond, ainsi que de supprimer ses dix minutes de promenade quotidiennes. Réduit à regarder les murs de sa cellule, peut-être se déciderait-il à entamer la conversation avec Harry Potter – à moins qu'il ne préfère compter les lézardes sur la pierre, ce qui venant d'un emmerdeur de cet acabit était bien possible.
Et effectivement, ce fut le cas durant les deux premiers jours qui suivirent cette décision. Sa fierté étant tout ce qui restait à Draco Malfoy, il n'allait pas l'abandonner si facilement. D'ailleurs, ce ne fut pas lui qui brisa la monotonie de sa nouvelle existence, mais bien Harry Potter.
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Harry avait passé sa première semaine à Azkaban dans un état de nerfs étonnant pour l'homme si calme qu'il était devenu. Et pour cause, il semblait bien que Draco Malfoy fût la seule personne au monde à être capable de pousser le jeune homme brun hors de ses retranchements – du moins, de manière aussi rapide et violente. Pendant sept jours, Harry l'avait observé agir comme s'il n'était pas là – leur discussion du premier soir n'était à présent plus qu'un lointain souvenir, et Harry en venait même à douter qu'elle eût jamais eu lieu.
Toutes les nuits, énervé par ses quintes de toux de plus en plus fréquentes, il avait recouvert le blond de couvertures supplémentaires afin de ne pas aggraver sa maladie – en vain – et tous les matins, il se réveillait avant Draco afin de les replacer sur son propre lit, ne souhaitant pas renouveler la dispute stérile de la première fois. Tous les jours, il l'avait vu avaler avec la même élégance que s'il était dans un grand restaurant la nourriture infecte qu'on lui apportait. Tous les jours, il l'avait regardé se plonger dans ses livres, ne cessant de lire que pour dormir – et ensuite recommencer, encore et encore. Tous les jours, il avait laissé sur son bureau des fruits, du pain frais, et pas une seule fois Draco n'avait cédé à la tentation – en fait, il ne regardait même pas le côté de la cellule qu'occupait Harry, se comportant comme si la superficie de la pièce avait été réduite de moitié.
Et tous les jours, il le voyait s'affaiblir un peu plus, sans qu'aucun des gardiens de la prison ne s'en préoccupe. Aussi, lorsque l'ordre de confisquer tous les livres de Malfoy tomba comme un couperet, Harry se prit-il à espérer que peut-être, son ancien rival réagirait à cette nouvelle humiliation, à ce nouvel enfermement. Et lorsqu'au bout de deux jours, il se rendit compte qu'il n'en était rien et que Draco continuait d'agir comme si de rien n'était, Harry explosa.
« C'est inadmissible, » hurla-t-il à Clint qui le fixait d'un air bovin et qui ne comprenait visiblement pas pourquoi le Survivant s'énervait autant pour un petit Mangemort insignifiant – il avait peut-être une belle gueule, certes, et un joli cul, assurément, mais de là à s'inquiéter pour son bien-être…
- Je suis désolé, Monsieur Potter, » rétorqua calmement le gardien, « mais ce sont les ordres. Malfoy a été sanctionné pour manque de coopération avec la Justice Sorcière, il savait à quoi s'attendre.
- Au nom de Merlin, » tempêta Harry, « allez-vous m'écouter, à la fin ? Cet homme est malade ! Si vous ne voulez pas le transférer à l'infirmerie, faites au moins venir un médecin ! A quoi vous servira-t-il s'il meurt d'une pneumonie ? Les morts ne parlent pas, que je sache ! »
Clint le dévisagea d'un air incrédule.
« Malfoy n'a pas l'air si malade que ça, » grommela-t-il. « Je suis sûr qu'il joue la comédie…
- On voit que ce n'est pas vous qui subissez ses quintes de toux et ses crises de tremblements toutes les nuits, » railla Harry. « Cette situation est inacceptable. Faites venir un médecin ou je ferai savoir au Ministre ce que j'en pense, et je vous garantis que vous pourrez songer à votre reconversion professionnelle d'ici peu. »
Ce fut un Clint complètement déboussolé qui quitta la cellule, et lorsque la lourde porte d'acier se referma sur lui, Harry pu entendre un ricanement entrecoupé d'une toux sèche et nerveuse s'élever du lit de Malfoy. L'ancien Gryffondor soupira, excédé, puis se dirigea d'un pas décidé vers la paillasse. D'un geste ferme, il saisit Draco dans ses bras, sans prêter attention à ses protestations indignées, ni se préoccuper du fait que le jeune homme se débattait comme un beau diable. En réalité, la seule chose à laquelle il pensa le temps de franchir le maigre espace entre leurs deux lits, était que Malfoy était bien trop léger pour sa taille – et cela l'effraya bien plus qu'il ne l'aurait cru.
« Tu peux m'expliquer ce que tu fais ? » éructa Draco quand Harry le déposa sans délicatesse au fond de son propre lit et le recouvrit de toutes les couvertures qu'il put trouver.
- Fais un effort et mets ton cerveau en route, Malfoy, je suis sûr que tu peux y arriver – après tout, de nous deux, tu es censé être l'intellectuel, » rétorqua Harry avec un désagréable sourire. « Tu es manifestement malade. Je ne supporte plus de t'entendre cracher tes poumons à toute heure du jour ou de la nuit, et je suis coincé ici pour encore trois semaines. Comme je n'ai pas envie de finir mon séjour en compagnie d'un cadavre, tu vas me faire le plaisir de ne pas bouger ton royal cul de ce lit tant qu'un médecin ne t'aura pas examiné.
- Va te faire foutre, Potter !
- Malfoy, tu me soûles. Si tu t'emmerdes, tu as des bouquins ici – Harry désigna la petite table de nuit sur laquelle s'entassait une pile d'ouvrages – Je vais faire un tour. Ne pense même pas à retourner dans le nid à punaises qui te sert de lit, sinon quand je reviens, je te jure que je t'assomme. »
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« Vous avez bien fait de m'appeler, » déclara le médicomage en rangeant sa baguette. « C'est un rhume doublé d'une angine. Quelques jours de plus, et le rhume pouvait dégénérer en bronchite…et l'angine se serait sûrement surinfectée. Il aurait fallu le faire transférer à Sainte Mangouste ou dans un hôpital carcéral pour l'opérer – d'ailleurs, je ne comprends pas qu'on ait pu le laisser croupir ici et ne pas le déménager à l'infirmerie. On aurait pu le soigner bien plus rapidement…Là, il va bien falloir deux ou trois semaines de traitement… »
Harry hocha la tête tandis que le médecin achevait de ranger son matériel. Il avait terminé son examen en administrant à Draco une Potion de Sommeil additionnée d'antibiotiques sorciers, et le jeune homme s'était immédiatement assoupi. Le médicomage poursuivit :
« Il va falloir le garder au chaud le plus possible, et aérer la pièce au maximum, l'atmosphère y est trop malsaine – une chance que vous ne soyez pas tombé malade vous aussi, Monsieur Potter. Si vous en avez la possibilité, essayez d'obtenir auprès des gardiens l'autorisation de le faire sortir et marcher à l'extérieur quelques minutes par jour…une demi-heure, ce serait bien. »
L'homme considéra Harry de ses yeux bleu pâle et lui adressa un sourire bienveillant.
« Ne vous inquiétez pas, il se remettra parfaitement. Cela dit, » ajouta-t-il, « Monsieur Malfoy vous doit une fière chandelle, son état de santé aurait pu empirer très vite. Je ne m'explique toujours pas pourquoi on l'a laissé si longtemps dans de telles conditions – par Merlin, même les pires Mangemorts ne subissent pas pareil traitement…
- Le Ministère pense qu'il obtiendra plus facilement les renseignements qu'il attend en le privant de ses droits, » expliqua laconiquement Harry.
Le médecin haussa un sourcil dubitatif.
« Eh bien, ils devraient sérieusement songer à changer leurs méthodes, » remarqua-t-il simplement. « Bien, Monsieur Potter, je compte sur vous pour que le prisonnier suive correctement son traitement. Je vais donner mes consignes aux gardiens, mais – il haussa les épaules d'un air désabusé – étant données les circonstances, je doute qu'ils les respectent. »
Harry acquiesça silencieusement et l'homme prit congé après un salut poli. Lorsque la porte se referma en grinçant, le jeune homme brun s'affala en soupirant sur la paillasse qu'occupait Malfoy auparavant. Il resta ainsi quelques minutes à fixer un point invisible au plafond, puis il se redressa brusquement, une expression décidée se peignant sur son visage. Il alla s'asseoir à son bureau et travailla sur son dernier livre en attendant l'heure du prochain repas. Et quand Clint fit son apparition, il le somma sèchement de le conduire au parloir et de laisser à l'intention de Malfoy le plateau qui lui était initialement destiné.
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« Je pourrais demander une enquête auprès du Ministère de la Justice Sorcière, » gronda Harry d'une voix basse. « Le traitement auquel vous soumettez Malfoy est inhumain.
- Il fallait bien que je fasse quelque chose, » se justifia Rufus Scrimgeour, agacé. « Depuis plus d'une semaine que vous êtes enfermé ici, je n'ai constaté aucun progrès dans notre entreprise.
- Eh bien, de toute évidence, votre idée est loin d'être aussi brillante que ce à quoi vous vous attendiez.
- C'est vous qui ne faites aucun effort ! » S'exclama le Ministre. « Vous étiez censé le faire sortir de ses gonds, pas passer vos journées à l'ignorer !
- Manifestement, il me supporte beaucoup plus facilement que par le passé, » rétorqua sarcastiquement Harry. « Quoi qu'il en soit, j'exige que vous rendiez à Malfoy des conditions de vie décente – il doit avoir de l'eau chaude et des repas corrects, c'est le minimum.
- Sinon quoi, Monsieur Potter ? » S'énerva Rufus. « Vous quitterez Azkaban ?
- Tout à fait, » répondit calmement le Survivant. « Et je demanderai à Kingsley Shakelbolt de s'intéresser de très près au cas de certains prisonniers – le Ministre renifla dédaigneusement – et peut-être même à la façon dont vous comptez obtenir sans mon aide les renseignements qui vous intéressent.
Le sale petit con, pensa Scrimgeour en blêmissant.
« Vous n'oseriez pas…Shakelbolt n'ira pas à l'encontre des intérêts du Ministère.
- Voulez-vous courir le risque, Monsieur ? » Demanda Harry, l'air furieusement déterminé à gagner cette bataille. « Dites-vous bien que je ne suis plus le gamin aisément manipulable d'il y a quatre ans. »
Harry n'ajouta pas qu'en outre, c'était grâce à lui que Scrimgeour était toujours en place – le Ministre ne le savait déjà que trop bien et avait parfaitement saisi le sous-entendu. L'homme esquissa un rictus crispé. Effectivement, il était devenu compliqué d'obtenir ce qu'on voulait du Survivant.
« …Très bien, » céda Rufus. « Le temps qu'il se remette, du moins.
- Ca tombe bien, c'est justement la durée du reste de mon séjour ici, » nota ironiquement Harry.
Le Ministre soupira, puis coupa la communication, visiblement excédé. Lorsque Harry revint dans la cellule, Draco Malfoy l'attendait, les bras croisés sur sa poitrine et l'air enragé. Le jeune homme aux cheveux noirs grimaça en avisant le regard furibond de l'ancien Serpentard. Cette victoire-là serait assurément plus difficile à remporter.
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Draco Malfoy était furieux. En fait, il ne décolérait pas depuis que Potter avait décidé une fois de plus de se mêler de ce qui ne le regardait absolument pas. C'était l'une des choses qui l'avaient toujours agacé lorsqu'ils étaient adolescents. A l'époque, il pensait simplement que c'était une façon de toujours plus se faire remarquer – et, bien qu'il ne l'eût jamais avoué, c'était également une tendance qu'il retrouvait en lui-même, à la différence près que lui, ne s'était jamais mêlé que des affaires de Potter.
Cela, surtout, l'énervait prodigieusement. Et lorsque la tendance s'était inversée lors de leur sixième année, et que Potter ne s'était plus intéressé qu'à lui, Draco n'avait pas pu s'empêcher de ressentir une profonde satisfaction – même si cela lui avait sérieusement compliqué la tâche. Mais aujourd'hui, les choses prenaient une toute autre dimension. Draco venait simplement de prendre l'entière mesure du complexe du héros dont souffrait manifestement le Survivant. Et il enrageait de voir que cette volonté de sauver tout le monde s'appliquait également à lui.
Parce que pour lui, cela voulait dire que Potter avait pitié de lui. Parce que désormais, il lui devait quelque chose, même si c'était aussi insignifiant que de l'eau chaude et des repas nourrissants. Parce qu'avec son insupportable sollicitude, sa détestable compassion, Potter venait de lui arracher les derniers vestiges de sa dignité, et qu'à cause de lui, Draco venait de perdre la seule chose qui lui restait encore – la seule chose à laquelle il tenait vraiment, et à laquelle il s'accrochait comme un naufragé à son radeau. Sa fierté.
Ce fut la raison pour laquelle il passa l'heure suivant le retour de Potter dans la cellule à tempêter tout ce qu'il pouvait et à insulter le Survivant. Il commença par refuser la nourriture qu'on lui présentait, et par essayer de regagner son lit. Mais il avait surestimé ses forces, et quand il esquissa le geste de vouloir se lever, Potter l'avait recouché d'une main douce mais ferme sous les couvertures – et Draco n'avait pas eu l'énergie de le repousser.
Cela aussi le mettait en rage : Potter avait eu raison, son corps avait été bien trop affaibli par les trois derniers mois qu'il avait passé en isolement, dans des conditions d'hygiène plus que précaires. Et cette faiblesse qu'il ne pouvait pas – qu'il ne pouvait plus – lui cacher, l'écœurait au plus haut point. Draco crut mourir d'humiliation quand il du se résoudre à accepter l'aide de Harry pour aller jusqu'aux toilettes – ça y était, cette fois, il avait vraiment atteint le fond.
Il détourna les yeux pour ne pas voir la lueur de pitié teintée de mépris qu'il s'attendait à lire dans le regard du Survivant. Mais quand le jeune homme brun le raccompagna jusqu'au lit, il ne vit que de l'inquiétude sur son visage. Draco se renfonça dans ses oreillers, le cœur douloureusement serré. Pourquoi fallait-il justement que ce soit devant lui qu'il se montrait si vulnérable ?
Cette nouvelle atteinte à sa fierté le laissa muet durant l'heure suivante. Comme à son habitude, Harry occupa son temps à lire ou à travailler à côté de lui, assis face au petit bureau déjà enseveli sous les livres et les rouleaux de parchemin. Le brun travaillait silencieusement, et même le crissement de sa plume – il avait apparemment renoncé à utiliser son antique machine à écrire – semblait étrangement atténué dans l'atmosphère tranquille de la pièce, comme si son propriétaire faisait tout ce qui était en son pouvoir pour se rendre le plus discret possible.
Puis finalement, Harry se leva de sa chaise et se dirigea vers le lit pour fouiller dans l'un des tiroirs de la table de chevet. Il en extirpa quelques fioles de potions de couleurs diverses et les déposa sur la table en décalant un peu la pile de livres qui s'y entassaient.
« Le médicomage m'a demandé de m'assurer que tu prendrais bien ton traitement, » expliqua Harry en réponse au haussement de sourcil circonspect de Draco. « Tu dois prendre ces deux-là – il désigna une fiole emplie d'une substance bleue et une autre contenant un liquide d'un gris terne – avant les repas. Et la dernière est une Potion de Sommeil à boire le soir après le dîner. Apparemment, le dosage est plutôt léger, c'est surtout pour que tes quintes de toux ne t'empêchent pas de t'endormir…A prendre pendant deux semaines minimum, plutôt trois selon l'avis du médecin. »
Il s'interrompit pour aller jusqu'à la porte que Clint venait d'ouvrir, pour lui prendre d'autorité les deux plateaux repas qu'il venait leur amener, et congédier immédiatement le peu aimable gardien. Il déposa le plus généreusement garni sur les genoux de Draco, puis s'installa à son bureau avec l'autre. Il grimaça légèrement en avisant la nourriture de piètre qualité. Le personnel d'Azkaban avait visiblement fait des efforts, mais on était encore loin d'un repas correct. Harry tourna son regard vers Draco.
« Prends tes médicaments maintenant, » lui enjoignit-il. « Et ensuite, tu manges.
- Arrête de te prendre pour ma nounou, Potter, » grogna Draco tout en s'exécutant de mauvaise grâce.
« Honnêtement Malfoy, je t'emmerde, » répliqua Harry avec un sourire – en-dehors des insultes qu'il avait proférées plus tôt dans l'après-midi, c'était la première fois que le jeune homme lui adressait la parole depuis plus d'une semaine. « Si tu râles juste pour le plaisir de râler, je préfère encore que tu t'abstiennes d'ouvrir ta grande gueule – mange, maintenant. »
Ils dînèrent en silence puis Harry remporta les plateaux vides pour les glisser par la petite trappesituée dans le bas de la porte. Profitant du fait que Draco s'était de nouveau plongé dans la lecture, il fit un rapide passage sous la douche et se changea pour la nuit. Et alors que le blond s'apprêtait à utiliser le lavabo comme à son habitude, il lui désigna simplement la cabine de douche d'un geste qui n'admettait aucune réplique. Manifestement l'ancien Serpentard devait être trop fatigué pour protester, car il haussa les épaules d'un air désabusé et obtempéra sans mot dire.
Lorsque Draco eut enfilé le pyjama que Harry lui avait obtenu, il se figea au milieu de la cellule. Le brun était installé confortablement dans son lit, adossé à un oreiller, et était en train de prendre des notes sur un petit carnet noir à spirales. Voyant que Draco ne bougeait pas et le fixait d'un air incrédule, Harry leva les yeux au ciel.
« Par Merlin, Malfoy, ne fais pas ta chochotte et viens te coucher.
- Il est hors de question que je dorme dans le même lit que toi, » protesta fermement le blond en se dirigeant vers sa paillasse.
- Ecoute, » soupira Harry, « je n'ai aucune envie de me casser le dos sur le truc qui te sert de lit, et il est exclu que tu y passes une nuit de plus.
- Tu ne peux pas métamorphoser le second lit ?
- Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'ai accepté de laisser ma baguette aux gardiens lorsque je suis arrivé ici. Ces messieurs du Ministère ne te font pas confiance et pensent que tu aurais pu vouloir me la dérober pour t'échapper. Etonnant, non ? En plus, je ne sais pas si tu te souviens, et au risque de briser un mythe, j'ai toujours été nul en Métamorphose.
- Va te faire foutre.
- Tu te répètes, Malfoy, » soupira Harry d'une voix lasse. « Allez, viens maintenant – et prends ta potion. »
Draco sembla hésiter quelques instants, mais un grognement exaspéré de l'ancien Gryffondor le décida à se glisser sous les épaisses couvertures après avoir avalé d'un trait le contenu de la fiole posée en évidence que la table de nuit. Il s'allongea sur le dos, et Harry put sentir combien ses muscles étaient crispés.
« Evite de te coller à moi, s'il te plait, » fit Harry, juste pour le plaisir de le provoquer – le blond avait un peu repris du poil de la bête depuis ce matin, et Harry devait s'avouer qu'il le préférait largement comme cela, lorsqu'il était plus réactif.
« Comme si j'avais la moindre envie de te toucher, » grommela Draco, avant de sombrer dans le sommeil.
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A suivre…
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Voilà, nous espérons que ce chapitre vous aura plu ! Comme prévu, le prochain chapitre arrivera dans à peu près un mois, mais ne vous inquiétez pas s'il y a du retard. BlackNemesis étant en plein déménagement et n'ayant plus de connexion internet, il nous est très difficile de travailler sur cette fic…
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