LOCKED UP

Par Myschka et BlackNemesis

Disclaimer : L'univers de Harry Potter ainsi que les personnage n'appartiennent qu'à JK Rowling. Nous les empruntons juste le temps d'une fic, et nous n'en retirons aucun bénéfice à part celui d'être lues.

Rating : M pour le vocabulaire et certains passages. Par contre pour ceux qui attendent des lemon, vous risquez d'être déçus, nous ne comptons normalement aller que jusqu'au lime (et c'est pas pour tout de suite…c'est même pas dit qu'on en mette, en fait.)

Résumé : Après la chute de Voldemort, le Ministre de la Magie a une dernière faveur à demander à Harry Potter. Acceptera-t-il, en particulier si Draco Malfoy est au centre de l'affaire ?

Note des auteuses : Voici venir le chapitre 5 de cette formidable aventure. BlackNemesis l'a entièrement écrit, puis me l'a fait parvenir par le biais de le fée Artoung de passage chez elle ce week-end. Après validation de la part de Bady, le voici devant vos petits yeux z'émerveillés !

RARs : pas de RARs ce mois-ci. Mea culpa, mea maxima culpa, et tout ça. Je suis désolée, je n'ai pas eu le temps, entre « Cher journal », les corrections pour POL, Bady et quelques autres, et mes vadrouilles à la recherche du Martin perdu…Vous avez le droit de me flageller (de toute façon je m'en fous, je suis en vacances ! huhuhu).

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Cette fic est entièrement dédiée à BadAngel666.

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CHAPITRE CINQ

Une sonnette d'alarme résonna immédiatement dans l'esprit de Harry. S'il laissait Draco le questionner, ils ne sortiraient pas de cette impasse. Il observa le blond sans dire un mot alors qu'il prenait ses aises. Assis à présent sur la chaise, les jambes croisées sur le petit bureau dans une attitude qu'il voulait certainement impressionnante de décontraction, Draco semblait attendre les explications du Survivant, un air de profond mépris affiché sur son visage fin, un rictus déplaisant plaqué sur les lèvres. Harry sentit ses barrières céder dangereusement et, avant qu'il ne puisse se raisonner, une colère sourde monta en lui et ses pulsations cardiaques accélérèrent.

« Pas assez qu'on soit obligés de cohabiter, pas assez que ta simple présence me tape sur les nerfs, il faut que tu rendes la situation bien plus idyllique en violant mon intimité, constata froidement Harry en arrachant les feuilles des mains de Draco.

- Moi ? Je viole ton intimité ? Je te rappelle poliment que c'est toi qui es venu t'imposer dans mon Palace, rétorqua dédaigneusement le blond. Et, juste comme ça, parce que j'aime pinailler…Toi qui te vantes d'être écrivain et par conséquent, de savoir manier les mots, tu devrais faire un peu plus attention aux expressions que tu emploies. Il existe des gens dont l'intimité a été violée au sens propre du terme, et je pense que ça leur a fait bien plus de mal qu'à toi, qui te plains d'avoir vu tes stupides notes de travail consultées par un autre.

- Quelle tentative écoeurante pour changer de sujet ! Tu n'avais pas à lire mes notes, point barre !

- Je prends les informations où je peux, j'ai toujours agi ainsi, non ? Alors dis moi, Potter, à quel moment de cette bouleversante histoire de gosse malade qui s'évade dans ses rêves vas-tu introduire l'univers carcéral ? Le gosse va se faire coffrer pour avoir volé des Chocogrenouilles ? »

Harry serra les poings pour ne pas céder à son envie d'effacer cet air triomphant d'un grand revers de la main. Les fanfaronnades de son codétenu importaient peu à dire vrai. Ce qui le dérangeait vraiment, c'était le fait qu'il se permette de tourner en dérision ce qu'il avait pu lire. Harry n'était pas d'humeur à supporter les attaques du blond. Pas aujourd'hui.

Il ne se rendait pas compte qu'il était en train de froisser les feuilles sur lesquelles il avait commencé une histoire à mille lieues de ses sujets habituels. Ce nouveau roman était réellement important à ses yeux car il comptait y mettre énormément de lui-même, ce qui n'était pas chose aisée pour lui. Il ne voulait pas que Draco gâche tout. Il ne voulait pas perdre sa motivation.

Le blond retint la remarque cinglante qu'il avait été tenté d'ajouter. Le Survivant semblait assez contrarié pour laisser une fois encore exploser sa magie et Draco n'avait aucune envie d'être à nouveau témoin d'un tel débordement…Et très honnêtement, il ne souhaitait pas blesser Harry. Il avait juste voulu trouver des réponses, et à la suite de cela, il avait voulu le contrarier, l'énerver un peu, mais surtout pas lui faire mal au point de le voir détruire involontairement l'histoire sur laquelle il travaillait.

Au lieu d'accabler Harry de reproches, comme il comptait le faire initialement, il choisit de se lever, de doucement entourer de ses longs doigts le poignet de Harry et de récupérer les feuilles froissées de son autre main. Il esquissa ensuite le plus tendre des sourires, puis il déclara d'une voix basse, sans la moindre animosité :

« Il serait dommage de tirer un trait sur une ébauche d'histoire aussi touchante. C'est de loin la meilleure idée que tu aies eue…Mais cela n'a rien à voir avec ta présence dans cette cellule, ne le nie pas. N'insulte pas mon intelligence de la sorte, Potter, parce que ça me rend mauvais. »

Il déposa les feuilles sur le bureau, les lissa aussi bien que possible, puis il s'assit sur le lit afin de se plonger dans un roman de Gilderoy Lockheart. Dès les premières lignes, un rictus moqueur apparut au coin de ses lèvres.

Chez Harry, la colère avait laissé place à la stupeur la plus totale. Jamais il n'avait vu Malfoy passer d'une émotion à une autre aussi rapidement, et jamais Malfoy ne l'avait touché autrement que pour lui donner des coups lors des matchs de Quidditch. Il semblait au brun que son poignet avait été brûlé par les longs doigts du blond et que leur empreinte resterait gravée en lui, comme cet incroyable sourire d'une tendresse telle qu'elle jurait complètement avec le personnage de Malfoy. Ce sourire était d'une beauté et d'une bonté si puissantes…ça ne collait pas du tout avec le personnage de Malfoy.

Harry était intrigué au plus haut point. Une lueur d'amusement brilla dans ses yeux lorsqu'il pensa que si Draco souriait ainsi à ses parents, il n'était pas étonnant qu'il ait pu leur faire croire et leur faire faire ce qu'il voulait. Pourtant, quelque chose en Harry lui disait que Draco n'avait pas conscience de la magie qui émanait de son simple sourire. Car si cela avait été le cas, il s'en serait servi bien plus souvent, jusqu'à le rendre insipide.

« Tu vas me mater encore longtemps ? Questionna Draco sans lever le nez de son livre.

- J'ai vraiment du mal à te suivre Malfoy. Une seconde tu craches ton venin, la seconde d'après, tu es radicalement différent.

- Je ne te demande pas de me suivre, Potter. Ne cherche pas à comprendre...Je m'y perds moi-même. A présent si tu veux bien m'excuser, j'entends le pas léger et athlétique de mon garde du corps préféré. »

Clint apparut alors et il fixa Draco d'un air hargneux.

« Toujours à l'heure, constata Draco avec un rictus méprisant avant de fouiller dans son minuscule placard pour en sortir une cigarette et un briquet magique.

- Tais toi petite merde, aboya le gardien en ouvrant la porte de la cellule pour laisser passer le blond. Tu as intérêt à la téter rapidement ta sucette à cancer, parce que j'ai autre chose à faire en ce moment.

- Comme quoi ? Apprendre à écrire ton nom sans faire de fautes d'orthographe ? Il te faudra des années pour ça mon vieux Clint.

- Tu pourras m'apprendre alors, railla le gardien, puisque tu es là pour dix longues années. Pauvre Malfoy, dix ans, ça fait long quand on est un puceau comme toi. Azkaban, ça va te changer physiquement et moralement. Putain, tu seras une épave en sortant d'ici, et je doute qu'une femme veuille de toi, à moins que tu la paies, et comme tu es indigent…C'est triste. Remarque, il te restera toujours la zoophilie, au pire. Excusez ma vulgarité Monsieur Potter. »

L'attaque de Clint fit mouche, et Harry vit son codétenu blêmir violemment, les mâchoires serrées, même si son visage restait aussi froid que le marbre. Il avança lentement dans le couloir sombre, la tête haute, les mains enfoncées dans les poches de sa robe élimée.

« N'oublie pas Clint, reprit Draco sans se retourner, que même à l'état de loque humaine, je serai toujours plus agréable à regarder que toi, et je serai toujours plus jeune que toi. Ta femme appréciera certainement de se taper autre chose qu'un tocard dans ton genre. Je lui donne rendez vous dans dix ans. Parce qu'à l'inverse de toi, moi un jour, je sortirai d'ici.

- Sale enculé ! » Cria Clint en l'attrapant par la nuque pour lui cogner la tête contre le mur de pierre.

Il allait réitérer son geste lorsqu'une force invisible l'en empêcha. Il savait qu'il s'agissait du flux magique du Survivant avant même de se retourner. Il avait senti la puissance phénoménale de la magie qui entravait son mouvement.

« Faites ce que vous voulez, et pensez ce que vous voulez, Monsieur Potter, lança Clint en poussant Draco vers les escaliers. Mais ça fait des mois que je supporte cet enfoiré notoire, ce suppôt du Seigneur des Ténèbres, et il est capable d'arriver à bout des gens les plus patients. Vous verrez d'ici quelques semaines, vous réagirez comme moi. »

Harry haussa les épaules. Il savait pertinemment de quoi était capable un Draco Malfoy en forme. Lui-même en était arrivé aux mains à plusieurs reprises lorsqu'ils étaient encore adolescents. Mais les choses étaient différentes avec Clint, parce qu'il prenait un plaisir manifeste à insulter Draco. Harry avait d'ailleurs rarement vu Draco initier les joutes verbales avec le gardien. C'était l'inverse. Clint commençait, et Draco suivait. Cela ne faisait pas de Draco une victime aux yeux de Harry, mais ça faisait de Clint un gardien déplorable, un homme écoeurant qui s'en prenait à un autre parce qu'il était privé de liberté et de contact avec ses pairs. Si Draco n'avait pas été en isolement Clint aurait certainement agi autrement en présence de témoins.

Ce qui énervait considérablement Harry, c'était le fait que Clint ait eu l'air de penser à un moment donné que le Survivant allait cautionner ses agissements, qu'il allait le regarder faire et y prendre du plaisir également. Draco était un défouloir pour Clint qui cherchait un moyen d'asseoir sa domination sur quelqu'un, et cela rendait le gardien détestable. Aussi détestable que Draco à l'époque où il agissait de la même manière, à la différence près que Draco aimait agir en présence de spectateurs…Peut être cela était-il plus supportable pour Harry, que les bassesses à huis clos de Clint.

Quelque part, Harry était soulagé de voir que Draco répondait aux insultes de Clint et qu'il donnait dans la surenchère pour prendre le dessus sur le gardien. Cela prouvait à Harry qu'il ne s'était pas encore laissé abattre par les manipulations du Ministère.

Un doute surgit soudain dans l'esprit de Harry. Etait-il possible que Scrimgeour ait demandé à Clint d'agir de la sorte ? Un frisson de dégoût courut le long de son dos et il secoua la tête pour chasser cette idée. Il exigerait des explications lors de sa prochaine entrevue avec le Ministre, et ce dernier aurait intérêt à ne pas lui cacher la vérité. Une autre question taraudait l'esprit de Harry : si Draco avait autant poussé Clint à bout, et si ce dernier prenait plaisir à faire mal au premier, comment se faisait-il que jamais l'état végétatif de Lucius Malfoy n'ait été mentionné ? C'était pourtant le sujet le plus douloureux pour Draco, et de loin…Pourquoi le gardien avait-il gardé une telle information pour lui ?

Il se rendit compte qu'il n'avait pas quitté des yeux l'escalier étroit par lequel le blond avait disparu et il se retourna pour contempler la cellule infecte qu'il partageait avec lui. L'image de Sirius assis sur le lit, le visage émacié, les cheveux en bataille, apparut soudain devant ses yeux et il fit un bond en arrière.

Il fixa le lit vide en essayant de reprendre son souffle. Il avait l'impression d'avoir couru vite, et longtemps. Il n'avait pas pensé à son parrain depuis des lustres, le chagrin d'avoir perdu Ron et Hermione étant plus fort que tout le reste. Clint avait parlé des changements physiques et moraux liés à l'emprisonnement à Azkaban, alors il était logique que le souvenir de Sirius ressurgisse, rationalisa Harry pour se calmer les nerfs. Après tout, Sirius avait été pour Harry la personnification de tout le mal que cette prison pouvait faire. A nouveau, Harry s'intima l'ordre de penser à autre chose.

Harry s'assit sur la chaise en se demandant qui de Clint ou de Scrimgeour il détestait le plus.

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Lorsque Clint le poussa dehors en refermant la porte derrière lui, Draco se demanda si la journée pouvait être pire.

La pluie battante et le vent glacial qui l'accueillirent alors répondirent largement à sa question.

Il alluma tant bien que mal sa cigarette en poussant des soupirs excédés face à la flamme magique qui refusait de sortir sous le vent, puis il inspira la fumée comme si elle contenait un puissant tranquillisant. Rapidement, la pluie chassa le sang de son front et il ferma les yeux pour mieux relever la tête et ainsi, offrir son visage aux intempéries. Le froid eut pour effet de lui donner l'illusion que la partie droite de son front - celle qui avait cogné contre le mur – s'anesthésiait progressivement.

Il n'avait que dix minutes pour se recomposer un masque d'indifférence, mais il savait que c'était trop juste. C'était une sensation étrange, dérangeante, que de se dire qu'il avait plus de temps qu'il n'en fallait puisqu'il allait passer dix ans ici et que, paradoxalement, il manquait cruellement de temps, surtout depuis que Potter avait décidé de squatter sa cellule.

Il soupira encore, puis il porta la cigarette à ses lèvres. Il avait dix minutes pour se sentir libre ; dix minutes par jour, pendant dix ans. Cette pensée le terrifia et il respira plus profondément pour ne pas céder à la panique. Il ne devait pas angoisser, et encore moins pleurer, ça ne l'aiderait pas. Il fit craquer ses doigts et sa nuque en espérant que cela lui permettrait de relâcher un peu de la tension qui avait pris possession de son corps.

Ça, c'est encore un coup à me retrouver collé contre Potter cette nuit, en bonne chiffe molle que je suis devenu, pesta-t-il intérieurement.

Il s'était encore réveillé contre le Survivant et, même si cela avait été relativement récurrent depuis quelques jours, il en était de plus en plus contrarié. Surtout en ce moment, sur le toit. Sa réaction face à la menace d'explosion de magie de Harry ne lui avait pas échappé. Il avait touché Harry. Volontairement. Il avait mis ses doigts autour de son poignet, et cela lui avait presque paru naturel. C'était un comble. Surtout pour lui, qui n'était pas enclin à spontanément toucher les autres. Pas assez qu'il trouvait refuge dans les bras du Survivant lorsqu'il dormait, il fallait encore qu'il s'en approche la journée, lorsqu'il était pleinement conscient de ses actes !

Peut être manquait-il de contacts humains, effectivement, mais pourquoi diable trouvait-il un peu de chaleur auprès de Harry Potter ? Et pourquoi avait-il besoin de toucher, d'être touché maintenant ? Il n'avait jamais éprouvé ce besoin auparavant. Mais avant, il était libre. Il avait tout le temps devant lui pour trouver une femme qui lui donne envie d'aller vers elle. A présent, il se sentait en situation d'urgence. Il n'avait rien connu, rien vécu à part la haine et la fuite, et il lui semblait qu'après le départ de Potter, il ne verrait plus personne pendant dix ans, à part le très crispant Clint.

Il ne voulait pas se blottir contre Potter, et il voulait encore moins se réveiller en sentant les bras du Survivant autour de lui. Ce n'était pas normal.

Draco se demanda ce qui pouvait ou non être considéré comme normal pour lui. Après tout, il trouvait normal d'avoir une famille, un père en pleine possession de ses facultés physiques et intellectuelles, une mère aimante à sa manière. Il trouvait normal d'être libre, d'avoir de l'argent à ne plus savoir qu'en faire et de rabaisser ceux qui n'en avaient pas, comme les Weasley. Or aujourd'hui il n'avait plus rien de tout cela. Sa normalité s'était effondrée. Aujourd'hui son quotidien, c'était une cellule à l'odeur pestilentielle, la terreur de sortir un jour de prison pour vivre en marge de la société sorcière, la peur panique à l'idée de ne jamais être aimé.

Aujourd'hui, n'avait plus de père. Ou, plus précisément, son père n'était plus qu'une coquille vide, sans âme. Il avait tout fait pour repousser le moment où les propos de Potter concernant l'état de son père allaient prendre sens pour lui et résonner en lui jusqu'à l'assourdir. Le moment était venu et la douleur était si forte qu'il eut du mal à respirer pendant quelques secondes. Il lâcha sa cigarette et porta la main à son cœur, comme s'il voulait l'arracher pour ne plus rien ressentir. Il se répétait inlassablement le mot « papa » en se tenant contre le mur gris, les paupières closes, la respiration haletante. Sa douleur était si forte, si violente qu'il dû se mordre la lèvre pour ne pas tenter de l'expulser en hurlant.

Il avait besoin de son père, besoin de lui dire qu'il était là pour lui, besoin d'espérer que peut être, même dans son état végétatif, Lucius pourrait l'entendre.

La voix irritante du gardien le fit sursauter et il posa sur Clint un regard empli de dégoût.

« Tu pleures Malfoy ? Demanda Clint en jubilant.

- Va te faire foutre Clint, répliqua Draco en s'engageant dans les escaliers sombres.

- C'est normal de craquer, mais dis toi que la souffrance que tu ressens en ce moment n'est rien comparée à celle qui t'attend dans le futur. Potter ne sera pas toujours là pour jouer les bons samaritains.

- Rien à faire de Potter. Je te signale que je m'en sortais très bien avant qu'il vienne dans mon Quatre Etoiles. C'est plutôt pour toi que je m'inquiète, Clint. Quelles pompes vas-tu cirer, une fois qu'il sera parti ? »

Clint grogna une insulte que Draco devina plus qu'il ne l'entendit. Arrivé devant la cellule, le Blond attendit que la porte soit ouverte pour aller directement dans la douche, sans même jeter un regard en direction du Survivant. Harry se tourna face à Clint afin de laisser à Draco la possibilité d'ôter ses vêtements trempés sans spectateur inopportun.

« T'as raison de te planquer, Malfoy, siffla Clint d'un air satisfait. Tu ne sais faire que ça de toutes façons. Et la prochaine fois que tu voudras chialer sur ton sort, pense à tous les innocents qui sont morts à cause de ton putain de maître !

- Dommage que tu n'aies pas été dans le lot, ça aurait fait des vacances à tout le monde, » soupira Draco en faisant couler l'eau.

Clint était sur le point de répliquer lorsque Harry lui fit signe de se taire et d'aller se calmer ailleurs. Une fois seul avec le blond, Harry lui demanda si tout allait bien. Il n'obtint aucune réponse et, lorsque Draco sortit de la douche, il se coucha sans même attendre que le repas soit servi. Harry en profita pour travailler un peu, puis il mangea en se demandant pourquoi il importait tant à son compagnon de cellule de faire semblant de dormir. Peut être que sa fierté l'empêchait de regarder le Survivant dans les yeux car il était clair qu'il s'était passé quelque chose sur le toit.

Harry maudit une fois de plus Scrimgeour, puis il se coucha près de Draco en prenant soin de ne pas le toucher. Il resta longtemps éveillé. Il tenta même d'entamer la discussion avec son codétenu mais ce dernier se contenta de lui répondre, sans ouvrir les yeux :

« Pas ce soir, s'il te plait Potter. »

Harry n'insista pas et il attendit patiemment que le sommeil s'empare de lui, ce qui n'arriva que très tard dans la nuit. Il s'endormit avant que Draco ne se tourne vers lui et vienne trouver le réconfort nécessaire à ses rêves au creux de ses bras.

Le lendemain, très tôt dans la matinée, Draco fut le premier à s'éveiller, comme à son habitude. Il poussa un juron silencieux avant même d'avoir ouvert les yeux, parce qu'il savait qu'il était encore blotti contre le torse du Survivant. Il pouvait entendre le battement régulier de son cœur comme une mélodie apaisante et il sentait ses bras autour de ses épaules le serrer fort, plus fort que les jours précédents. Il sentait aussi l'odeur particulière de la peau de Harry, douce et puissante à la fois. Draco n'arrivait pas à définir exactement cette odeur, elle lui faisait penser à une journée ensoleillée sur une plage sauvage en Irlande, ou à un coucher de soleil fascinant, emprunt de nostalgie. Pour la première fois, Draco huma à pleins poumons le parfum naturel du Survivant et pour la première fois, il s'évada d'Azkaban.

L'arôme particulier de ce corps le fit voyager au bord d'une falaise irlandaise, sous un soleil flamboyant, avec devant lui l'immensité de la mer. L'air salé, porté par une douce brise, rafraîchissait son visage et il était libre.

Pour la première fois en trois ans, Draco courait juste pour le plaisir, et pas pour fuir. Il se voyait humble face à un crépuscule indomptable. Il courait sans s'arrêter, passant au bord d'immenses champs de tournesols ou à proximité des blés séchés au soleil. Cette odeur était comme une drogue qui lui faisait oublier le poids qui comprimait son cœur à chaque fois qu'il respirait la puanteur de sa cellule. Cette odeur était dangereuse car elle lui rappelait qu'il y avait, à l'extérieur de la prison, des paysages qu'il n'avait jamais pris la peine de regarder avant son incarcération et qui lui manquaient pourtant au point de lui faire mal. Il ne voulait pas s'évader temporairement mais définitivement.

Au prix d'un effort colossal, il ouvrit les yeux et il se dégagea de l'étreinte du Survivant. Ce jour là, il décida de vaquer à ses occupations sans s'occuper de Harry Potter. Il ne pouvait pas le regarder et lui parler sans éprouver une sensation de malaise, alors il masqua ses émotions derrière une façade de froide indifférence. Durant trois jours, il ignora Harry qui le lui rendit bien, tout occupé qu'il était avec son nouveau roman. Intérieurement, Draco lui était reconnaissant de ne pas chercher à communiquer plus avant. Il lui laissait toujours le temps de se remettre et cela était grandement appréciable.

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Quelques nuits plus tard, Draco se réveilla et il constata avec soulagement qu'il n'avait pas cherché refuge contre le corps de son camarade de cellule. Il allait se rendormir lorsque ce dernier commença à s'agiter. Sa respiration se fit saccadée alors qu'il repoussait un agresseur invisible en secouant la tête. Très vite, de petites gouttes de sueur se mirent à perler sur ses tempes et lorsqu'il cria, Draco crut bon de l'aider à sortir de ce cauchemar. Il posa la main sur son torse pour le secouer. Le cœur de Harry cognait tellement fort contre sa paume que Draco eut l'impression qu'il allait faire un infarctus.

« Potter ! » Appela-t-il alors que le brun secouait de plus en plus violemment la tête. « Harry, réveille toi ! »

Le Survivant poussa un gémissement désespéré juste avant d'ouvrir les yeux. Il se redressa prestement, prit son front entre ses deux mains et tenta de retrouver une respiration normale. Draco resta silencieux. Il sentait la tristesse et la peur ressenties par Harry, mais il ne savait ni quoi faire, ni quoi dire pour alléger ses souffrances. Draco pouvait compter sur les doigts d'une main les moments où il avait réconforté quelqu'un. Il n'avait jamais su faire et il n'aimait pas être le témoin impuissant des frayeurs ou des douleurs de ses pairs. Il se leva lentement en évitant de dévisager Harry, puis il se dirigea vers l'évier. Il revint avec un verre d'eau et une serviette humide qu'il tendit à son codétenu. Harry l'observa comme s'il avait devant lui un extra terrestre. Il était inconcevable que Draco Malfoy puisse faire ce genre de choses.

« Tu vas prendre cette serviette ou tu préfères me regarder d'une manière telle que j'en arrive à me demander comment tu fais pour respirer hors de l'eau, Potter ? Grogna Draco.

- Merci, » répondit simplement Harry.

Il but l'eau tiède d'une traite puis il passa le linge humide sur son visage, son cou et sa nuque. Il avait du mal à retrouver son calme et le fait de se réveiller dans cette cellule exigu et moisie ne l'aidait pas à oublier la sensation d'oppression de son cauchemar. A chaque battement, son cœur menaçait de transpercer sa cage thoracique. Son regard se posa sur Draco, couché sur le dos, les paupières closes, une main derrière sa tête, l'autre main cachée sous les couvertures. Harry savait qu'elle reposait négligemment sur le ventre du blond.

Harry se coucha dans la même position et il se demanda si Draco lui laissait le temps de se remettre ou si le blond s'en fichait, tout simplement. Au bout de quelques minutes, il finit par penser qu'il s'était juste rendormi.

« Ça va mieux ? Questionna soudain Draco sans ouvrir les yeux.

- Oui, c'était juste un cauchemar.

- Je ne m'en serais pas douté, ironisa Draco. Tu as rêvé de la guerre ? Ne réponds pas si c'est pour me dire que ça ne me regarde pas.

- Etant donné que ça t'a réveillé, on va dire que ça te regarde. J'ai rêvé que j'étais coincé dans cette cellule. Une force invisible m'empêchait de sortir alors que les murs se rapprochaient pour m'écraser.

- Je connais ça, j'ai souvent fait ce genre de cauchemar au cours des deux premiers mois de mon incarcération. Ça passera aussi vite que c'est venu, question de survie pour le mental. »

Harry hocha la tête en se disant qu'il ne connaissait pratiquement que la partie visible de l'iceberg avec Draco, que son côté irritant. Ce qui lui faisait vraiment peur, c'était que le peu qu'il avait pu entrevoir de la partie immergée n'était pas déplaisant. Il savait que cette expérience allait laisser des séquelles dans sa vie, mais il craignait que tout change radicalement, en particulier sa perception de Draco Malfoy, ce qui lui était très difficile à concevoir. Il aurait pu s'en tenir là, et ne surtout pas chercher à en savoir plus, mais c'était plus fort que lui. Après tout, Harry était réputé pour sa curiosité.

« Comment faisais tu pour te tranquilliser après ces cauchemars ? Demanda-t-il.

- J'attendais que ça passe en me remémorant des épisodes amusants de ma vie. Je dois avouer que j'ai, une fois ou deux, pensé aux blagues méchantes mais tellement drôles que j'ai pu te faire…Je crois que mon association avec Rita Skeeter reste ma plus belle réussite.

- J'imagine. Ça devait être tordant de lire les conneries que tu inventais à mon propos dans le torchon de Skeeter. J'espère que ça t'a aidé à te sentir important à un moment où tu n'intéressais personne. Après tout, le monde était tourné vers le Tournoi des Trois Sorciers, dont je faisais partie, alors tu as cherché un petit brin de notoriété où tu as pu. »

Draco tourna lentement la tête et il plongea son regard bleu clair insondable dans celui de Harry.

« C'est exactement ça, lança-t-il sans ciller. Je voulais qu'on me remarque et tant pis si pour cela, il fallait que je te traîne plus bas que terre. Je suis sidéré.

- Que je sois parvenu à déchiffrer ton comportement d'ado débile ?

- Non, que tu m'en veuilles toujours après tout ce temps. Pour le coup, l'ado attardé là, ce n'est pas moi.

- Ça fait longtemps que je ne t'en veux plus.

- Tant mieux, autrement j'aurais été obligé de sortir l'argument du fameux Sectusempra pour mettre les pendules à l'heure. Si moi j'ai oublié que tu as failli me tuer, tu peux bien oublier deux ou trois mensonges dans le journal. »

Harry ouvrit la bouche pour rétorquer mais le sourire franc de Draco l'en dissuada. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il semblait réellement avoir passé l'éponge sur l'épisode douloureux du Sectusempra.

« Toujours est-il que je suis vraiment navré d'avoir failli te tuer.

- Il n'y a pas de raisons, répliqua Draco. Toi et moi, on sait que si j'avais connu ce sortilège, je n'aurais pas hésité à te l'envoyer. Et puis c'était drôle d'entendre Severus balancer tout un tas d'insultes à ton sujet lorsque la vieille Pomfrey me soignait.

- Parce que tu l'appelles Severus à présent ? Interrogea Harry sans chercher à comprendre pourquoi son estomac protestait soudain. Vous êtes devenus intimes lors de votre cavale ?

- Intimes ? Tu es ignoble, Potter. Suis mon conseil, quitte Azkaban. Rentre chez toi, et dors sur tes deux oreilles. »

Il tourna le dos au Survivant qui se maudit intérieurement pour sa maladresse. Sa réaction avait été normale pourtant. Il ne s'agissait pas de jalousie, n'importe qui aurait été choqué d'entendre le prénom de ce monstre de Snape dans la bouche de son ancien élève. En tout cas, c'était ainsi que Harry semblait ressentir les choses. Il ne voulait pourtant pas se fâcher avec Draco et il s'excusa aussi platement que sa fierté le lui autorisait. Draco haussa les épaules, ce que Harry prit justement pour une façon de lui signifier qu'il était pardonné.

« Pourquoi protèges-tu Snape ? Questionna soudain Harry. Je veux dire…Il est parti quand tu t'es fait attraper par les Aurors et toi, tu refuses de révéler où il pourrait se cacher. Ta coopération pourrait pourtant te valoir une remise de peine.

- Comment sais-tu tout ça ?

- Je suis assez proche du Ministre, mentit Harry en regardant Draco se lever pour aller boire un verre d'eau avant de revenir se coucher sur le dos.

- Toi, proche de Scrimgeour ? J'en doute, tu es trop propret pour ça. C'est un magouilleur qui se sert des gens. Jamais il ne m'accordera de remise de peine si je balance Snape. Et arrête de croire ce qu'on raconte partout. Severus, parce que oui, je l'appelle par son prénom, ne m'a pas laissé choir. Je me suis fait bêtement attraper, nuance.

- Admettons. Pour être honnête, je suis intrigué. Je me demande où vous avez pu vous cacher pour que le Ministère mette autant de temps à vous retrouver. Vous étiez chez les Moldus ? »

Draco scruta avec attention une des nombreuses lézardes du plafond gris, comme si c'était la chose la plus étrange au monde.

« Au début, dit-il enfin, nous étions dans le monde sorcier, chez un ami de Severus, jusqu'à ce que la guerre éclate…Je m'attendais à ce que tu tombes du lit en entendant que ce cher Snape avait des amis.

- Je ne te mentirai pas, je suis effectivement sidéré. Cela dit, je suppose certainement à juste titre que ses amis sont des Mangemorts qui ont surtout en commun avec lui ses idées abjectes.

- Bonne déduction, Potter, même si j'émets de fortes réserves sur ce que tu qualifies d'abjecte. Le meurtre et la torture, d'accord, c'est immonde, mais le reste…

- Quoi ? Les Moldus qu'il faut exterminer, c'est bien ? Interrogea abruptement Harry en sachant qu'il s'éloignait du sujet « Snape » sans pouvoir contrôler la colère qui montait en lui.

- Non. Je ne prône pas l'extermination. Je ne veux pas que nos deux peuples se mélangent, c'est tout.

- Tu es conscient qu'il reste si peu de Sang Purs que les mariages co-sanguins sont inévitables à présent ? Tu te vois avoir un gosse avec une femme de ta famille ?

- Pas vraiment, non, » admit Draco en se disant que de toutes façons, il ne se voyait pas avoir d'enfants du tout. « Ecoute, je ne suis pas vraiment contre les sorciers de sang mêlé, à condition que la partie Moldue de la famille reste dans son monde. J'aime bien les Moldus, en tout cas j'aime leur monde même s'il est extrêmement limité en comparaison avec le notre.

- Ce que tu dis, c'est que toi, tu peux aller dans leur monde, profiter de tout ce qu'ils ont à offrir, mais qu'eux, ils ne peuvent pas venir dans le notre ?

- Oh la ferme Potter ! Les choses ne sont pas aussi simples ! Toi, tu squattes le monde sorcier depuis à peine une dizaine d'années…Tu n'as pas reçu en héritage l'inconscient collectif des sorciers de Sang Pur. Tu n'as jamais vécu en portant le poids de l'Histoire de tout un peuple. Tu crois que je peux oublier que les Moldus ont cherché à nous exterminer il n'y a pas si longtemps ? Ils ont massacré des milliers de leurs congénères en les accusant de pratiquer la sorcellerie ! Comme si c'était l'œuvre du diable ! Leur perception de la sorcellerie a très peu changé. Et c'est moi que tu montres du doigt ? Nous sommes en infériorité numérique face aux Moldus, nous l'avons toujours été, et c'est pour ça qu'ils ne doivent pas savoir que la sorcellerie existe. Parce qu'ils ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas et qu'ils seraient prêts à nous tuer tous. Et si les bûchers ont pu chatouiller les sorciers à une époque, aucun de nous ne survivrait à une balle de 357 Magnum dans le cœur ou dans la tête…À part toi peut-être. J'aimerais qu'on puisse vivre tous ensemble, s'adorer les uns les autres, mais soyons réalistes, ce n'est pas demain la veille, à moins qu'on leur cache une partie de nous-mêmes, la plus importante, celle qui fait toute la différence : la partie sorcière.

- Joli laïus…Un peu trop pessimiste à mon goût cependant.

- Ok, tu as été élevé chez les moldus. Alors dis moi, combien de ceux que tu as côtoyé seraient capables de comprendre qu'être sorcier n'est pas une abomination ? »

Harry poussa un long soupir de lassitude. Cette conversation n'allait mener nulle part, en particulier si Draco prenait le dessus, ce qui était précisément en train d'arriver. Harry ne pouvait pas répondre que pas un des moldus qui l'avaient entouré n'était à même de voir la sorcellerie de manière positive. Il ne pouvait pas affirmer cela sans expliquer que jusqu'à ses onze ans, il n'avait véritablement connu que trois moldus et un placard sous l'escalier, parce que son oncle, sa tante et son cousin Dudley ne lui avaient jamais permis d'avoir d'autres contacts. Harry aurait pu avoir le même genre d'idées que Draco s'il s'en était tenu à sa propre expérience et à dire vrai, même s'il ne partageait pas son point de vue, il trouvait que le raisonnement de Draco n'était pas dénué de sens si on se mettait à sa place. Néanmoins, Harry trouvait que Draco était trop manichéen.

« Je ne crois pas qu'il faille voir les choses de manière aussi tranchée, Draco. Tout n'est pas blanc ou noir, il existe une palette de nuances…

- La nuance, c'est pour ceux qui ne veulent pas faire de choix, coupa sèchement Draco d'une manière telle que Harry eut soudainement l'impression parler avec Lucius Malfoy.

- Nous ne sommes pas en guerre, nous n'avons pas forcément à choisir un camp bon sang ! Tu n'analyses la situation que suivant ton point de vue, ton expérience propre mais il existe une foultitude d'autres paramètres que tu n'as pas pris en compte.

- La remarque s'applique à toi aussi.

- Je l'admets, je n'avais pas vu les choses sous l'angle que tu m'as présenté ce soir, la lacune est comblée de mon côté. Changeons de sujet, tu veux bien ? »

Draco haussa les épaules pour exprimer son manque d'intérêt total, mais en réalité, il était plutôt soulagé d'en finir avec le sujet.

« Tu sais quoi ? J'ai bien envie de m'en fumer une, pas toi ? Questionna Harry en se levant pour aller s'asseoir sur la chaise face au bureau.

- On n'a pas le droit de fumer dans les cellules, marmonna Draco.

- Et depuis quand tu suis les règles, toi ?

- Depuis que Clint m'a fait passer l'envie de les enfreindre à grands coups de poings. Mais je suppose qu'il ne va pas venir nous emmerder en plein milieu de la nuit, alors vas-y, allume ta clope.

- Monseigneur est trop bon, » plaisanta Harry en tendant une cigarette à Draco.

Le blond parut étonné mais il ne prononça pas un mot, même pas un remerciement, ce qui ne surprit pas Harry. Il se posta debout, contre le mur, il aspira lentement la fumée et il ferma les yeux. Ses gestes, son visage, pour Harry tout était étrangement élégant chez lui, malgré les haillons qu'il portait.

« Tu n'en as pas marre d'être là, Potter ? Demanda-t-il en regardant attentivement le Survivant.

- Si, énormément. Et toi ?

- La question ne se pose pas, moi je n'ai pas le choix, je dois rester ici.

- Arrête un peu Malfoy, contra Harry en observant le bout incandescent de sa cigarette. Le choix tu l'as eu à un moment donné et tu as choisi de suivre Voldemort, d'où ton incarcération. Il est vrai que je suis ici parce que je le veux bien, mais je déteste cet endroit tout autant que toi. »

Draco hocha la tête, un sourire goguenard au coin des lèvres. Il fit doucement rouler sa cigarette entre ses doigts et Harry sourit en constatant qu'il faisait la même chose.

« Qu'est ce qui te manque le plus depuis que tu es emprisonné ? »

Draco sembla réfléchir à la meilleure réponse possible, puis il esquissa un sourire amusé.

« Tu cherches l'inspiration pour ton livre sur le milieu carcéral ?

- Je suis sérieux, arrête de tout tourner en dérision.

- D'accord. Alors ce qui me manque le plus, c'est le paysage. »

Harry s'était attendu à une dizaine de réponses possibles, mais celle-ci ne faisait pas partie du lot. Il écrasa sa cigarette puis il fixa Draco de manière si intense que les joues de ce dernier se teintèrent de rose.

« Qu'entends tu par là ?

- Tu risques de me prendre pour un crétin sentimentalo bucolique…Mais je ne suis plus à ça près. Vois tu, Potter, j'ai toujours vécu dans des endroits paradisiaques. Le Manoir Malfoy était entouré des gazons les mieux entretenus. Il était situé au coeur de prairies verdoyantes, les fleurs y étaient sublimes. Il y avait un chemin entier bordé de rosiers splendides et au bout du chemin, un petit lac. Tu imagines la beauté du truc ?

- Oui, tout à fait.

- Et bien la vérité, c'est que je n'y avais jamais prêté attention. C'était là, mais moi je préférais m'occuper de moi et ne rien voir autour. Je passais mes vacances partout en Europe, sous les Tropiques, à la montagne…Dans les plus beaux endroits du monde, et je m'en moquais bien car pour moi, les gens étaient plus importants qu'un vulgaire paysage. Un paysage ne peut pas vous apporter le pouvoir après tout. Aujourd'hui, je ne peux que fermer les yeux et tenter de me souvenir de quelques panoramas. Si je sors d'ici un jour, je m'userai les yeux sur les couleurs qu'on peut voir autour de soi et tant pis si je passe pour le neuneu de service. Tout ce gris dans cette prison, ça me fatigue, ça me sape le…Bref, je rêve de me balader dans la nature et de vraiment voir ce qui m'entoure, pour une fois.

- Vous ne vous cachiez pas dans la campagne avec Snape ? Hasarda Harry.

- C'est arrivé mais franchement, nous étions plus occupés à nous retourner afin de nous assurer que nous n'étions pas suivis. Et toi, Potter, qu'est ce qui te manque le plus ? A quoi ressemble ta vie à l'extérieur ?

- Ce qui me manque le plus, c'est la sensation d'être libre, de pouvoir voir autre chose qu'un mur. Quant à ma vie à l'extérieur, il n'y a pas grand-chose à dire. Je vis dans une maison en Ecosse, le plus loin possible de la ville.

- Tu es toujours avec Ginny Weasley ? Interrogea Draco en se glissant sous les couvertures.

- Non, ça fait longtemps que nous ne sommes plus ensemble. Je vis seul avec…Tu vas te foutre de ma gueule.

- Si tu dis « seul avec mon chien » il y a des chances pour que je me foute de toi, effectivement.

- Vas-y, rigole alors, menaça Harry en se couchant à côté de lui, effleurant accidentellement sa main glacée. J'adore mon chien, je ne vois pas le problème.

- Ecoute Harry, moi aussi j'ai eu un chien et je l'adorais, mais ça restait un chien. On dirait que pour toi, c'est bien plus que ça, on dirait que tu le perçois comme une mission, un refuge, ou quelque chose comme ça.

- Oh non, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ?

- Me mettre à quoi ?

- Théo prétend que ce chien personnifie la loyauté que Ron et Hermione ont eu jusqu'au bout à mon égard. »

Draco ne put retenir un sourire franchement amusé mais il eut le bon goût de ne rien dire de désobligeant cette fois. Heureusement pour lui car Harry était prêt à lui sauter à la gorge.

« Théodore n'a peut être pas tort. Je n'avais pas pensé à cette explication cependant.

- Vas-y, balance ta théorie puisque j'en suis arrivé à me faire analyser par tout le monde, maugréa Harry.

- J'avais plutôt l'impression qu'en recueillant ce chien et en l'aimant comme tu le fais, tu faisais ton mea culpa face à Sirius Black. »

Harry reçut le nom de son parrain en pleine figure, comme une gifle, et s'il n'avait pas été couché, il serait tombé à la renverse.

« Tu peux développer, Malfoy ?

- Et bien…Black était un Animagus, non ? Un chien, plus précisément. On sait tous qu'il est mort à cause de toi…

- Pardon ! Coupa Harry.

- Excuse moi, on va dire pour rester dans le potterlitiquement correct qu'il a perdu la vie le jour où il a voulu te porter secours. Si j'ai bonne mémoire, ça n'a pas eu l'air de te traumatiser plus que ça, alors il m'est avis que tu as refoulé ta souffrance et que ce chien, WoufWouf…

- Tu ne sais rien de ce que j'ai ressenti en perdant Sirius. Et mon chien, c'est Meuhmeuh, corrigea Harry.

- Oui bref, je savais que c'était un nom à la con mais j'avais oublié lequel, ça arrive. Donc Meuhmeuh est une sorte de deuxième chance pour toi. Une chance de prendre soin de Sirius Black. Mais je peux me tromper.

- Je confirme, tu te trompes.

- Sûrement. Et c'est pour ça que dans ton livre sur le gosse malade, tu as prévu tout un passage qui parle d'un gros chien noir qui guide les enfants jusqu'à la fontaine magique. J'ignore les vertus que tu comptes donner à cette fontaine, mais je peux te dire que le chien est un sacré guide spirituel, comme aurait pu l'être Black s'il ne s'était pas fait tuer.

- C'est du délire, je n'ai pas écrit ce passage pour faire référence à Sirius. Et je ne vois pas en Meuhmeuh une sorte de réincarnation de mon parrain. Comme tu l'as dit, j'aime mon chien, mais ça reste un chien pour moi, il ne mange pas avec moi, il ne dort pas avec moi, il est à sa place de chien chez moi. Arrêtez d'essayer de trouver des motivations masquées au fait que je vive seul avec lui comme unique compagnon, vous allez finir par me faire flipper. J'adore mon hibou aussi, tu vas me dire que c'est la personnification de quoi ? De ma grand mère ?

- Pourquoi pas ? » Demanda Draco en éclatant de rire devant l'air médusé du Survivant, lequel ne tarda pas à le suivre.

Ce devait être la première fois qu'à Azkaban résonnaient en pleine nuit des rires qui n'étaient pas des rires hystériques d'hommes en train de perdre la tête. C'était également la première fois que les deux anciens ennemis partageaient un moment de franche hilarité. Une fois calmés, ils ne reprirent pas leur conversation. Les mots auraient risqué de briser ce moment de complicité et tous deux savaient qu'il valait mieux arrêter là. Ils se souhaitèrent bonne nuit du bout des lèvres avant de fermer les yeux. Mais le sommeil se refusa une fois de plus à Harry qui dû se contenter d'écouter la respiration d'un Draco profondément endormi.

« Enfoiré, tu vas me rendre insomniaque avec tes conneries, » chuchota-t-il en observant le visage de son compagnon de cellule.

Il ne pouvait s'empêcher de ressasser l'hypothèse de Draco selon laquelle il prenait soin de son chien comme s'il s'agissait de Sirius. Il n'y croyait pas, bien entendu, mais il y avait de quoi réfléchir et c'est ce qu'il fit une grande partie de la nuit en maudissant sans arrêt Théodore Nott et Draco Malfoy pour leur manie de déduire tout et n'importe quoi.

Le cours de ses pensées fut interrompu au moment où Draco vint se blottir dans ses bras.

Harry ne se souvenait pas avoir été un jour plus stupéfait qu'à cet instant. Même l'annonce de son appartenance au monde sorcier ne l'avait pas autant étonné. Même la théorie du chien substitut de Sirius ne l'avait pas autant dérouté que le fait de voir le corps de Draco Malfoy se réfugier contre le sien.

Plus stupéfiante encore, la réaction de Harry qui entoura de ses bras les épaules du blond, comme s'il s'agissait là de la chose la plus naturelle du monde. Le sang pulsait plus vite dans ses veines et il mit cela sur le compte de l'étrangeté de la situation.

Il n'avait jamais serré un homme contre lui, à part le jour où Ron agonisait dans ses bras, et il fut choqué de ne pas trouver cela aussi répugnant qu'il aurait pu l'imaginer. C'était presque agréable de sentir ce corps contre le sien, même s'il s'agissait du corps de Draco Malfoy. Les cheveux blonds étaient doux contre son cou et le souffle était chaud contre son torse.

Harry avait l'impression d'avoir perdu le contrôle de sa main, celle qui caressait machinalement le dos de Draco. Il baissa la tête et il contempla le jeune homme endormi dans ses bras. Il avait l'air fort et fragile à la fois. A la fois relaxé et tourmenté. Harry se demanda s'il devait réveiller Draco pour se décoller de lui mais après réflexion, il préféra ne rien faire, afin d'éviter les foudres d'un Malfoy mal à l'aise, qui n'accepterait pas de s'être blotti contre le Survivant, même en dormant.

Il ferma les yeux et il respira profondément, sans se rendre compte qu'il s'emplissait les poumons de Draco. Peu à peu, l'esprit de Harry vagabonda et les idées fourmillèrent. Il écrivit mentalement plusieurs chapitres de son livre et seul le sommeil finit par troubler la progression de son histoire.

Lorsqu'il se réveilla quelques heures plus tard, Draco sortait de la douche. Il semblait totalement ignorer avoir eu besoin d'affection durant la nuit. Harry en fut soulagé car cela aurait très certainement été gênant pour eux deux, c'était déjà largement assez gênant pour lui. Il entra dans la douche sans dire un mot et quand il sortit, Draco était déjà plongé dans un livre, ce qui arrangeait le Survivant étant donné qu'il n'avait qu'une envie, celle d'écrire tant que l'inspiration était de la partie.

Ce n'est qu'au bout d'une heure qu'il leva les yeux pour regarder intensément Draco.

« Tu veux quelque chose Potter ? Demanda Draco sans quitter son livre du regard.

- La prison, dans mon livre, c'est le corps malade de l'enfant, » affirma alors abruptement Harry.

Un sourire sarcastique se dessina sur les lèvres de Draco qui tourna lentement son visage vers Harry. Il le toisa comme s'il cherchait la manière la plus désagréable de dire ce qu'il avait en tête puis il sembla se raviser.

« Je te rassure, j'avais compris, répliqua-t-il. C'est évident puisque l'enfant a besoin de s'évader, et de quoi s'évade-t-on généralement si ce n'est d'une prison ? Ce sera, je pense, un point très intéressant à développer dans ton bouquin, mais évite de me prendre pour un crétin de premier ordre. Si tu avais voulu prendre des informations pour ce livre, ce n'est pas ici que tu serais venu, mais plutôt dans un hôpital pour parler aux enfants malades. Alors on va faire un compromis toi et moi : je vais arrêter de te demander pourquoi tu es là, et toi tu vas arrêter d'essayer de mentir, parce que tu mens vraiment trop mal. »

Harry, un peu pris au dépourvu, préféra se taire et ainsi, donner une approbation muette à la proposition de Draco. Que pouvait-il répondre à cela de toute façon ?

«Oui Draco, je suis d'accord pour arrêter de te raconter n'importe quoi au sujet de ma présence dans cette taule infâme. Je te mens, effectivement, mais c'est parce que tu ne dois pas savoir qu'avec ton aide, on va tenter de coincer ce pourri de Snape. »

Harry retint le sourire désabusé qui commençait déjà à poindre sur son visage. Voyant que Draco était sur le point de se replonger dans sa lecture, Harry posa la question qui lui brûlait les lèvres.

« Qu'as-tu pensé de ce que tu as pu voir de mes notes ?

- J'ai pensé que tu écrivais très mal. J'ai peiné à lire tes pattes de mouche, déclara Draco en jouant à faire tourner un stylo entre ses doigts. Sérieusement, il y a d'excellentes idées à mon avis. Je suis un peu perplexe quant à la Fontaine Magique, puisque je ne sais pas quelles sont ses propriétés. Je crains qu'elle guérisse tous les maux et là, ce serait trop facile.

- Cette Fontaine ne sera pas là pour guérir l'enfant, précisa Harry.

- Tant mieux, je crois que ça aurait été indigne de toi de tomber dans une telle facilité. J'aime beaucoup le chien qui guide l'enfant, c'est un symbole très puissant du travail des médicomages qui ne sont pas seulement là pour soigner le corps…Ou qui, en tout cas, ne devraient pas se cantonner au corps sans prendre en compte l'aspect psychologique des choses. J'ai particulièrement apprécié la description que tu as faite du personnage du grand père du gosse, il fait un peu penser à Dumbledore, c'est un choix délibéré ?

- Oui, admit Harry totalement captivé. Qu'as-tu pensé de la première phrase potentielle du livre ? J'avoue être perplexe, je ne sais pas trop.

- Selon moi, elle n'est pas vraiment intéressante. Commencer ironiquement l'histoire de cet enfant par « il était une fois » pour bien montrer que la vie de ce môme n'a rien d'un conte de fée, c'est trop évident. Laisse ça aux écrivains qui ont du mal à commencer leurs histoires. Car le « il était une fois » pour parler d'une existence loin d'être idéale, ça a été fait, refait et cent fois régurgité. Je crois, mais c'est une opinion personnelle, que tu devrais débuter simplement, comme tu l'as très bien fait dans tes autres livres. Visiblement, cette nouvelle œuvre te tient à cœur et tu voudrais qu'elle soit meilleure que tes précédentes. Je pense que tu exprimes très bien les ressentis, n'intellectualise pas trop, surtout pas avec cette histoire. »

Harry fixa longuement le jeune homme blond qui lui faisait face. Sa perspicacité et sa franchise étaient des qualités rares et il ne savait pas comment le remercier de lui donner un avis honnête au lieu de chercher à l'encenser ou, au contraire, à le diminuer. Harry appréciait vraiment de connaître l'avis de Draco et une idée folle germa soudain dans son esprit. Il avait envie de rétribuer Draco, de faire de lui son correcteur. Il décida de ne pas se précipiter et il se promit d'y penser plus tard car apparemment, à l'instant présent, Draco semblait surtout attendre une réaction à ses commentaires.

« Je vais tenter une nouvelle entrée en matière, » décréta Harry avec entrain.

Draco haussa les épaules mais ses joues rosies ne mentaient pas : il appréciait de savoir que ses conseils intéressaient vraiment Harry. Il allait ouvrir la bouche lorsque Clint intervint pour signifier à Harry qu'il était attendu au parloir.

Scrimgeour, songea Harry. Je l'avais oublié celui là !

Clint le laissa monter seul l'escalier qui menait à un corridor interminable au bout duquel se trouvait la salle où Harry et le Ministre se voyaient toutes les semaines.

« Alors Harry, où en êtes vous avec Malfoy ? Demanda Scrimgeour en lui serrant la main.

- Je vous remercie d'aller droit au but et d'éviter ainsi que nous perdions notre temps en formules de politesse, ironisa Harry en regardant le Ministre s'asseoir comme si la petite chaise en bois était son trône. Les choses avancent lentement avec Malfoy. Je pense qu'une communication s'établit peu à peu, mais il n'y a aucune chance qu'il me livre la cachette de Snape d'ici la semaine prochaine.

- C'est fâcheux, grommela Scrimgeour en masquant tant bien que mal son impatience. Il est sans doute préférable que vous retourniez chez vous et que nous nous occupions du cas Malfoy nous-mêmes.

- En le soumettant au sortilège de l'Imperio, donc.

- Oui, la population veut voir Snape en prison pour le meurtre de Dumbledore.

- Moi aussi, » soupira Harry en se pinçant l'arrête du nez et en se détestant de toujours se sentir obligé de sauver le monde. Il voulait rentrer chez lui, en Ecosse, et vivre aussi paisiblement que possible. Pourtant, il savait qu'il ne pourrait pas supporter de laisser toute cette affaire de côté. Il était trop impliqué. Il l'avait été à la seconde où Scrimgeour avait prononcé le nom du professeur Snape. « Donnez moi encore du temps, je parviendrai à faire parler cette bourrique de Malfoy. »

Le Ministre ne semblait pas motivé pour attendre encore mais il savait que le Survivant pouvait s'avérer dangereux s'il décidait de le contrarier.

« Combien de temps ? Interrogea Scrimgeour avec autant d'entrain que s'il était sur le point de se jeter dans la gueule du dragon.

- Je l'ignore. Un mois, probablement, peut être plus.

- Vous avez un mois, pas plus, décréta Scrimgeour qui tentait tant bien que mal de conserver un minimum de pouvoir bien qu'il sût qu'il était entre les mains de Harry Potter à présent.

- Je ferai ce que je pourrai, pas plus, rétorqua Harry en réprimant un frisson d'horreur à l'idée de passer un mois de plus dans cet endroit déprimant au possible. Je me pose une question, monsieur le Ministre. Le gardien attitré de Malfoy a-t-il reçu des directives particulières pour tenter de l'humilier et de le pousser à bout ?

- Aucune directive n'a été donnée à Clint Barber. Cela dit, nous l'avons spécifiquement choisi pour sa haine viscérale envers les Mangemorts.

- Alors pourquoi n'a-t-il pas parlé des parents de Malfoy ? Pourquoi personne ne lui en a parlé ?

- Nous avons effectivement demandé à Barber de ne rien dire, parce que laisser le jeune Malfoy dans l'ignorance est un moyen de pression supplémentaire. Vous n'avez rien révélé, n'est ce pas ?

- Mes méthodes ne sont pas les vôtres, » se contenta de répondre Harry en se levant pour prendre congé.

Il ne serra pas la main de Scrimgeour en sortant, il avait déjà l'impression d'avoir fait un pacte avec le diable, il était inutile d'en rajouter. Il sortit de la pièce sans un regard en arrière, mais il ne se dirigea pas vers sa cellule. Savoir qu'il allait passer plus de temps dans les murs grisâtres d'Azkaban lui donnait envie de sortir pour respirer un air plus pur et, comme l'avait mentionné Draco lorsqu'ils avaient parlé de ce qui leur manquait, pour voir le plus de couleur possible.

Il passa d'abord chez lui, mû par une forte envie de prendre une douche brûlante. Dans sa cellule, l'eau était à peine tiède, sans parler du fait qu'il n'avait aucune intimité. Il avait besoin de rester longtemps sous l'eau en sachant que personne ne risquait de le voir nu. Dès qu'il franchit la porte de sa maison, il se dénuda et il s'amusa à marcher dans la pièce, totalement caché du monde, l'esprit momentanément vidé d'Azkaban, de Malfoy, de Scrimgeour ou de Snape. Il entra ensuite dans la cabine de douche et il laissa l'eau chaude cascader sur son corps, évacuer graduellement la tension en lui.

Il se savonna généreusement, appréciant grandement de retrouver son intimité pour une heure. Sans qu'il s'en rende vraiment compte, sa main gauche avait commencé à caresser son torse de manière plus prononcée alors que sa main droite s'était refermée autour de son membre gorgé de désir.

Une onde de plaisir traversa son corps et il revint à la réalité. Il s'adossa au mur, écarta un peu les jambes et donna à sa caresse un rythme plus soutenu. Lorsque enfin il poussa un long râle de jouissance, ses jambes se dérobèrent sous lui et il tomba à genoux, les deux mains plaquées sur le sol, le souffle court. Il leva la tête pour offrir son visage au jet d'eau et il soupira d'aise en fermant les yeux. L'image de Draco se dessina alors derrière ses paupières et Harry ne put s'empêcher de se demander comment le blond pouvait satisfaire ses pulsions sexuelles en prison. Et comment il avait pu les satisfaire lorsqu'il était en cavale avec comme compagnon de route le plus que désagréable professeur Snape.

Vivre au quotidien avec Snape, il y avait de quoi devenir impuissant songea Harry.

Il se repassa le film de son séjour à Azkaban et il réalisa que jamais il n'avait entendu le moindre son équivoque quand Draco était sous les couvertures ou quand il prenait sa douche. Il était arrivé à Harry de se réveiller en se sentant horriblement gêné d'avoir une érection matinale, mais Draco ne regardait jamais à cet endroit là, et jamais il n'avait eu l'air d'être en proie au moindre état d'excitation. Comment faisait-il pour se soulager lorsqu'il avait envie de se toucher ?

Réalisant qu'il était en train de totalement divaguer, Harry se releva. Il passa encore quelques minutes sous le jet brûlant avant de sortir de la large cabine. Il s'habilla d'un jean et d'un pull puis il transplana chez Théodore. Son ami était en train de lire un livre tout en sirotant un thé à la cannelle. Il en offrit un à Harry une fois que Meuhmeuh eut fini de lui faire la fête.

« C'est bon Sirius, ironisa Harry, j'ai vu que tu étais content de me voir.

- Tu es sûr que ça va ? Questionna Théo après avoir entendu la remarque. Pourquoi appelle-tu ton clebs du prénom de ton parrain ?

- C'est Malfoy qui m'a balancé une théorie complètement hallucinante. Pour schématiser, par culpabilité, je considèrerais mon chien comme le substitut de Sirius. »

Théo eut d'abord l'air étonné, puis il éclata d'un rire communicatif.

« Cette théorie t'a intrigué ? Demanda Théo une fois qu'il se fut calmé.

- Bien sûr.

- Elle t'a énervé ?

- Forcément.

- Alors je suis heureux de voir que Draco n'a pas changé, il sait toujours où poser le doigt pour te mettre la tête à l'envers. Où en êtes vous tous les deux ? Toujours prêts à vous sauter à la gorge ?

- Je crois que nous pouvons réussir à communiquer, il n'est pas exclu qu'il finisse par avoir assez confiance en moi pour me révéler où est Snape. »

Théodore se contenta de hocher la tête en silence avant de se plonger dans la contemplation de sa tasse. Sa mine renfrognée ne présageait rien de bon.

« Si tu as quelque chose sur le cœur, dis le, déclara Harry.

- Très bien. Je trouve que ce ton idée d'amener Draco à te faire confiance est dégueulasse. Tu peux le faire parler sans pour autant lui donner l'impression que vous êtes plus que des compagnons de cellule. Tu peux le pousser à l'erreur, lui bourrer la gueule…Je ne sais pas moi. Mais tout sauf la trahison, Harry. Gagner sa confiance pour la trahir, c'est vraiment mal.

- Je veux Snape, dit simplement Harry pour se justifier.

- Et moi je veux de l'argent, mais ce n'est pas pour ça que je vais aller cambrioler Gringott. Tu sais ce que j'en pense, à présent tu fais ce que tu veux.

- Que dois-je faire, selon toi ?

- Si j'avais réponse à tout, ça se saurait, répliqua Théodore avec un sourire narquois. Allez viens, on va s'aérer, ça nous évitera de nous disputer comme des abrutis. »

Harry esquissa un sourire sans joie et il suivit son ami dans une longue promenade en forêt. Ils n'évoquèrent plus la situation du Survivant à Azkaban et cela allégea considérablement l'atmosphère entre eux. Harry ne pouvait cependant pas s'empêcher de penser aux paroles de Théodore. Trahi, il l'avait été plus d'une fois, et il ne souhaitait pas devenir traître. Mais ses conversations avec Draco n'étaient pas seulement des manipulations, il avait envie de parler avec le blond et si le sujet du professeur Snape venait sur le tapis, c'était juste un bonus.

Le retour à Azkaban fut particulièrement pesant pour le Survivant. Les odeurs de moisissure et d'urine qui régnaient dans les couloirs lui infligèrent une nausée telle qu'il ne put s'empêcher de vomir à peine entré dans la cellule, sous le regard écoeuré de Draco.

Ce dernier eut quand même la délicatesse de lui demander s'il avait besoin d'un médicomage. Harry secoua la tête et le silence les enveloppa.

A suivre…

o0O0o

Voilà, j'espère que ça vous aura plu !

En revanche, le prochain chapitre arrivera, euh…je sais pas trop quand, parce que c'est à mon tour de l'écrire et que je serai en vacances une bonne partie du mois d'août, sans pécé ni outil de communication moderne (à part mon téléphone portable mais pour écrire, c'est moyen).

Comme d'habitude, vous connaissez le principe, si vous avez des commentaires à faire, une seule solution, le petit bouton en bas à gauche. On vous aime !