Base : tomes 1 à 4 pour l'intrigue de base

Disclaimer : les personnages et l'univers d'Harry Potter ne m'appartiennent pas.

Chapitre 8

Droopy passe à l'attaque !

Ce matin de juillet, on vit un gros chien noir franchir la Puerta del Sol. Il avait l'air heureux de vivre, donc un peu imbécile.

Gambadant sous le soleil rayonnant, la gueule ouverte, les yeux humides et scintillants, il apparaissait comme l'allégorie canine même de la gaieté et du parfait toutou familial : pas très intelligent, mais très affectueux.

o

Cette quintessence du Médor fut aperçue le même matin à un autre endroit de la ville, plantée devant une gigantesque affiche. L'affiche représentait un spectacle de magie devant avoir lieu dans quelques jours au Palais des Congrès. Plus tard, dans un parc, on put également voir l'animal sympathiser avec un couple de grand-mères, petites mémés qui ne manquèrent pas de gaver de friandises un chien si sage. On vit ce même cabot extraordinairement social faire des tours de carrousel avec un gamin qui l'avait adopté, se faire câliner par de jolies dames vis-à-vis desquelles, assis et tendant la patte, il avait une vue imparable sur les jupons ; profiter de la foule sur une place de marché… et d'un moment d'inattention pour voler à l'étalage un collier de saucisses.

o

Une fois la délicieuse charcuterie engloutie, le toutou s'éclipsa dans une rue tranquille. Avisant la cabine téléphonique qui s'y trouvait, il s'élança vers elle, s'y engouffra en donnant un coup de patte dans la porte battante… Pop.

Le chien avait disparu.

o

o

Ce matin de juillet, on vit une terrible bombe sexuelle parcourir les pavés de la vieille ville madrilène. Son sourire éclatant avait la blancheur d'un certain fromage, ses lèvres le rouge de la Vache qui le promeut. Il était irrésistible ce sourire, tout comme le déhanchement de la taille étroite moulée dans le corset et le petit tailleur années 1940… Les mâles se retournaient sur le passage de cette pin-up à la poitrine généreuse et au clin d'œil papillon.

L'assistante du Loup marcha jusqu'à un immeuble que le lecteur connaît déjà, grimpa les escaliers abruptes avec difficulté – les talons aiguilles –. Au deuxième étage, elle appuya sur la sonnette.

L'antique porte vert foncé s'ouvrit en un son moins grinçant que le visage de celui qui tenait la poignée. Severus Snape, revêtu d'une robe de chambre lie-de-vin chastement ceinturée, ses pieds nerveux osant néanmoins le string d'une tong, considérait l'arrivante avec un dégoût qui n'était tempéré que par son état manifestement somnolent :

« Le bordel, c'est au fond de la rue », déclara le Maître ès Potions.

La porte bascula en avant, se refermant sur le nez de la visiteuse.

o

Black resta interdit une poignée de secondes, plissa les yeux d'un air mauvais, inspira, puis fit rejouer la sonnette stridente, la faisant hurler, sonner l'alarme, le tocsin, les pompiers, les sirènes qui enchantèrent Ulysse et les jours d'école finissant de notre enfance.

Au bout de quelques minutes de ces vocalises aussi intolérables qu'une comédie musicale française, la porte finit par s'ouvrir à nouveau, offrant au Maraudeur chic le même tableau qu'il y a cinq minutes.

« C'est pas fini ce bordel ? », siffla Snape. « Il y a des gens qui dorment ici. »

« A propos de bordel my dear, je ne m'y rend pas », répliqua sèchement Black en haussant ses sourcils dietri-chiens. « Quant à ce qui est de dormir, vous ne dormez pas, vous. »

« Je ne suis pas seul ici, qu'est-ce que vous croyez. Mon colocataire dort, lui. »

« Ah bon ? Et pourquoi ? »

« Pourquoi il dort ? Vous n'êtes pas au courant que le corps humain, comme c'est d'ailleurs le cas pour la plupart des espèces animales, a besoin de ralentir son activité chaque jour durant une période d'à peu près huit heures ? »

« Bien sûr que si », répondit le Fugitif, « mais est-ce parce qu'il a fourni un effort particulier ? »

Méfiant, le Potion Master enfouit sa main droite dans la poche de son peignoir.

« Il me semble vous avoir déjà vu… »

« Bien sûr, bien sûr… », répondit Black rêveusement. « Le maquillage transforme la femme. »

« Qu'est-ce que vous cherchez exactement ? Dépêchez-vous, je n'ai pas toute la matinée. »

« Votre colocataire m'a invité(e). »

« Voyez-vous ça… Et il s'appelle comment, mon colocataire ? »

« Moony pour ses intimes », répondit la voix soudainement redevenue mâle.

Un frissonnement parcourut le directeur de Serpentard, et il recula comme s'il s'était trouvé face à un chien à trois têtes.

« BLACK ! »

« Hé oui… ! Ravi de te revoir depuis notre petite entrevue parisienne… Remus ne t'avait pas prévenu que je venais habiter avec vous ? »

« C'est… C'est une plaisanterie ! », s'exclama Snape en tressautant.

De cireux, son teint était devenu spectral.

« Bien sûr que non, ma petite chauve-souris préférée », l'informa Black en passant sa tête par-dessus son épaule pour regarder dans l'appartement, un quatre pièces peu garni. « Remus a besoin que son assistante soit à ses côtés. Et le pauvre a besoin d'affection. »

« Oui, pauvre petit… », acquiesça Snape de sa voix la plus doucereuse. « C'est vrai qu'il a besoin de toi pour que tu lui fasses dévorer une autre victime innocente. Quelle belle preuve d'affection. »

Le sourire et l'air mielleux de Sirius Black s'évanouirent. Il poussa Snape pour entrer.

Malgré son impassibilité, les yeux du Serpentard luisaient d'une lueur de triomphe. Il referma doucement la porte derrière lui. Sirius Black s'adossa à la fenêtre, comme agité par des spasmes nerveux. Ses yeux gris, éclaircis par la lumière du matin, posèrent sur lui leur clarté inquiétante un instant, puis se détournèrent, tout aussi agités que ses membres. Les mots finirent par sortir de sa bouche.

« La différence entre moi et toi, Snape… c'est que moi, il y a des gens qui m'aiment et m'apprécient. Car la seule manière dont tu sois jamais parvenu à te faire apprécier, espèce-de-sale-pouilleux-incapable-de-te-laver-les-cheveux, c'est en massacrant des Moldus pour le compte de Sa Pourriture Suprême et en te traînant aux pieds de cet impuissant de Malefoy. »

« Un impuissant qui a une famille et un enfant, lui », précisa le professeur, imperturbable.

« C'est vrai que ma cousine a toujours été trop coincée pour faire quoi que ce soit de raisonnable et de sensé, comme tromper son imbécile de mari par exemple », ricana amèrement Black.

« Tss tss… Plus je te vois faire et parler, Black, plus je me rends compte d'une chose que tu n'accepteras sans doute jamais. Tu as l'esprit aussi noir que les demeurés de ta famille, tu leurs ressembles, oh oui, et même tu les surpasses dans le machiavélisme, le délire et le fantasme… Mais continues de vivre dans le petit univers coloré que tu t'es peint pour oublier qui tu es vraiment. » Snape ponctua sa contre-attaque d'un jugement teinté d'une miséricorde acide : « Vraiment… navrant. »

Black dégaina sa baguette, mais au même moment une musique de swing s'élança de la chambre de Lupin, faisant bondir le cœur de Snape dans sa poitrine avec la même profondeur sonore que le rythme des percussions.

Ce fut sur cette musique entraînante qu'encore ensommeillé et baillant, ébouriffé mais l'air réjoui, Remus Lupin fit son entrée dans la pièce, d'un pas guilleret.

« Sirius, tu viens d'arriver ? Bonjour Severus. »

L'ancien professeur s'était apparemment couché sans se changer. Sa djellaba était froissée, tout comme son visage, qui arborait deux valises bleuâtres.

Aussitôt qu'il aperçut son ami, la fureur disparut du visage maquillé de Black ; un sourire se peignit sur ses lèvres fines.

« C'est pas encore la pleine lune et t'es déjà crevé, Moony ! T'as des grosses poches sous les yeux… J'te fais un masque ? »

« Nous verrons ça », répondit Lupin en souriant.

Ils s'étreignirent comme des frères.

« Ça ne t'embête pas Severus ? J'ai prévenu Dumbledore… il pense qu'il n'y a pas de danger si Sirius demeure la plupart du temps sous sa forme de chien. J'allais t'en parler hier soir mais je me suis endormi tout habillé. »

Snape avait entrepris de finir son deuxième café assis dans le sofa du salon, une création des années 70 entièrement recouverte d'une moumoute ivoire proche de la peau de mouton.

« Mais voyons Remus », grogna le professeur, « bien sûr que ça ne m'embête pas. D'ailleurs… Quel confortable panier tu vas avoir pour ce soir, Black. Tu dors bien sur le sofa, n'est-ce-pas ? »

« Je m'en accommoderai très bien, tu peux calmer tes inquiétudes. Remus, quel est le prochain objectif après ta transformation ? »

« L'école de sorcellerie de Barcelone. Après Madrid, je donne dans cette ville un spectacle d'ici cinq jours. »

« J'avais bien souvenir que c'était en Espagne que se trouvaient certains des plus grands spécialistes de la lycanthropie », se rappela Sirius Black en prenant place sur le canapé.

« Exact », confirma Severus Snape en coulissant vers l'accoudoir. « L'inventeur de la potion Tue-Loup est professeur émérite dans l'école de ce pays. »

Lupin tournait en rond derrière eux.

« Mais nous avons un très grand spécialiste nous aussi en Angleterre : toi Severus, qui est capable de réussir cette potion complexe. »

Une esquisse de sourire traversa le visage du Potion Master mais se bloqua au stade de la mimique agacée. L'absence d'éclat dans les prunelles de Black indiqua qu'il boudait, ce qui lui arrivait souvent quand il avait l'impression que ses amis le laissaient de côté.

« Remus », dit-il, « tu sembles oublier que le plus grand spécialiste en loups-garous de cette pièce, c'est moi. »

« Voyez-vous ça », fit Snape d'une voix glaciale.

« Au lieu de te vanter Sirius, tu ferais mieux de boire quelque chose », dit Lupin.

« Alors je vous laisse boire le café ensemble », déclara Snape. « Je crois que je vais aller prendre l'air. »

« Tu ne te sens pas bien ? », s'enquit Lupin.

« Un coup de stress… Je ne sais pas pourquoi… », fulmina le Serpentard en coulant un regard en biais à Sirius Black occupé à rajuster les prothèses de son soutien-gorge.

Le Maître de Potion Personnel s'habilla puis sortit, à la recherche d'une librairie ou d'un marchand de journaux dans la grande rue adjacente.

o

« Comment tu fais pour supporter cet abruti ? Cela me sidère. »

« Ce n'est pas un abruti. »

« Comme tu veux… - qu'est ce que tu lui trouves ? C'est une plaie ! »

« Il est très intelligent. »

« Tout comme Voldemort. »

« Sirius… »

« Je sais pas, moi… que tu aimes les hommes, ça te regarde. Mais encore, il serait beau… Regarde-le ! »

« Moi je le trouve beau. »

« Son nez ! Tu ne vas pas dire que son nez est beau ! »

« Si… Il est euh, noble. »

Lupin était devenu tout rouge.

« Remus, il a les cheveux tout gras ! »

« Tu sais que c'est la mode en ce moment chez les Moldus ? Ils appellent ça le grunge. »

« Mais Snivellus est loin d'avoir une carrure d'athlète, tu t'en souviens, de ça ? »

« Il est élancé. »

« Il est tout blanc ! On dirait un vampire ! »

« Une pâleur distinguée. La peau pâle c'est très beau. En plus, la sienne est fine et douce. »

« Fine et douce ! Comment tu peux le savoir ? »

« Hé bien… Hum… Je l'imagine ainsi. »

« Tu te l'imagines ? Remus, ne me dis pas que… dis-moi que tu l'aimes juste comme ça… Je veux dire… d'un amour platonique et pur… Il t'excite pas physiquement quand même ! »

Lupin se contenta de faire tourner sa cuillère dans son chocolat au lait pour toute réponse.

« Moony… Il t'attire… sexuellement parlant ? Moony, ne fais pas semblant de ne pas m'entendre… Tu fais des rêves de lui ? Ne me dis pas que tu te touches en pensant à lui ! NON, dis-moi que NON par pitié ! …Hem, Remus, tu es plus rouge qu'une écrevisse, on dirait que ta tête va exploser. »

Black stoppa son flux verbal et fit mine de fondre en pleurs.

« Mon petit Moony… J'n'arrive pas à y croire… Lui qui était si sage, si studieux… »

« Sirius, j'ai 35 ans je te rappelle. »

« Je n'ai pas vu le temps passer. Pour moi c'est comme si tu avais 20 ans, quand tu étais encore vierge et pur. »

« Euh… Quoi ! »

« Remus, je ne veux pas te vexer… Mais à Serpentard ton surnom c'était Pupuce Lupin. »

« Hum. Tu te rappelles de Auden, avec qui j'avais été mis en retenue par Rusard dans la forêt interdite ? »

« Ouais. Elle était super bien roulée. »

Lupin eut un petit sourire qui en disait long.

« Pas elle ; son frère. »

« Ne me dis pas que vous avez… »

« Si. »

« Mais c'était en sixième année… Alors ça veut dire que… »

« Que je l'ai fait avant toi Sirius. »

Le visage de Black se décomposa : tous ses repères s'effondraient.

« Mais avec Severus… », poursuivit Lupin, « ce n'est pas que ça qui m'intéresse. Tu sais… j'ai longtemps été seul ces dernières années. Ce qui m'a manqué surtout… C'est d'avoir pu dormir dans les bras d'un homme que j'aime. »

Il se tourna vers Black : celui-ci s'était transformé en un chien noir aux grands yeux larmoyants, remuant la couette. Lupin en sourit - de petites fossettes creusèrent ses joues et ses yeux bleu doré pétillèrent.

« Tu as raison Sirius… Je ne peux pas risquer de le perdre par peur… Après la pleine lune, quand je serai plus serein, je passerai à l'action. »

A ces mots, un côté du sourcil de peau de Sniffle se haussa d'inquiétude : Lupin le magicien venait de se mordre les lèvres, et ses yeux, en amande, brillaient à présent de la luisance jaune d'un regard de loup lubrique… !

That's all for the time, folks !

à suivre