Il était une fois

Ecrit par Akari (alias Florian) - Traduit par Cybèle Adam

Disclaimer:

Les personnages n'appartiennent ni à l'auteur de cette fic ni à sa traductrice
mais, comme chacun sait, à Mrs J.K. Rowling. Et les contes de fées
ne sont, bien sûr, pas à nous non plus. En conséquence, il est évident que
cette histoire ne rapporte pas le moindre centime à Akari ni à Cybèle... n'est-ce pas ?

Pour ce chapitre: Raiponce est un conte des frères Grimm.

° ° °

Notes de la traductrice:

Comme les autres fics que j'ai traduites précédemment,
la version originale (italienne) de cette histoire a été publiée sur
Akari's World, le site de l'auteur (voir le lien sur ma page "bio")
Titre original:
C'era una volta.

J'avais oublié de le signaler pour le prologue mais, comme Akari,
je garde les noms anglais, donc les surnoms des Maraudeurs sont
Padfoot (Sirius), Moony (Remus), Prongs (James) et Wormtail (Peter).

°
° ° °

Chapitre 2 - Raiponce (deuxième partie)

Sirius marchait d'un bon pas et, de temps en temps, jetait un coup d'oeil glacial en direction du hibou au plumage ébouriffé qui s'était perché sur son épaule.

"Tu te rends compte que tout est de ta faute ?"

"Je peux savoir ce que j'ai à voir là-dedans ?" s'indigna James. "Je ne vois pas comment j'aurais pu me douter que Snivellus allait me mettre ce collier. Si seulement j'avais ma baguette..."

"Personne n'aura quoi que ce soit !" tonna dans leur dos la désagréable voix d'un Severus Snape vêtu d'une robe noire de vieille Moldue, avec un gros sac à main usé. "Si je ne tenais pas ton petit animal prisonnier, tu n'aurais pas grands scrupules à t'échapper, ma chère Raiponce... A partir d'aujourd'hui, tu vivras avec moi, grâce à la promesse de tes parents. Mais pas de baguette, pas de chaudron et pas de machins volants !"

En disant ces mots, il donna un coup dans le dos de Sirius avec le bout du balai qu'il portait et, en même temps, tira avec force sur la corde attachée au collier de James, qu'il faillit étrangler.

"Maintenant, marchez !"

"Il faudrait déjà que tu me libères..." ironisa le jeune Potter en reprenant son souffle.

"Eh, Prongs, tu crois que Snivellus aussi est tombé dans le livre de Moony ?"

"Vu la façon dont il se comporte, j'en doute. Je suppose que c'est vraiment un des personnages du conte, comme Dumbledore et McGonagall. D'ailleurs, ils s'obstinent tous à t'appeler Raiponce..."

"Quel nom stupide !" s'exclama Sirius avec une grimace de dégoût. "Et tu sais de quoi parle le conte ?"

"D'après ce que je vois, ça parle d'une douce jeune fille obligée de vivre chez une vieille dame acariâtre à cause de je ne sais quelle promesse faite par ses fringants parents..."

"Très drôle, Prongs ! Mais tu as une idée de la façon dont ça se termine ?"

Le hibou secoua la tête et, avant qu'il puisse ajouter quoi que ce soit, l'insupportable voix de Snape leur enjoignit de s'arrêter. Sirius regarda autour de lui. A son grand étonnement, il s'aperçut qu'il se trouvait au pied d'une très haute tour apparemment privée de porte et qui ne comportait qu'une seule fenêtre, près du sommet.

"Prends ça !" ordonna Snivellus en lui lançant le balai. "Il faut qu'on monte jusque là et moi, je ne sais pas me servir de ce truc !"

"Mais tu n'avais pas dit 'pas de balai' ?" intervint James, qui n'aurait laissé passer pour rien au monde l'occasion de se moquer de sa victime préférée.

Le visage de Snape devint blanc de rage et le Potter à plumes se serait à nouveau trouvé à deux doigts de la suffocation si Sirius n'avait pas attiré l'attention générale sur l'étrange construction.

"Pourquoi on doit prendre un balai ? Y a pas de porte ni d'escalier ?"

"C'est ma maison !" rugit pratiquement son interlocuteur. "Son propriétaire précédent était un sorcier qui, ayant un machin comme ça", précisa-t-il en désignant le balai, "n'avait évidemment pas besoin de porte !"

"Tu es en train d'avouer que tu m'as enlevé juste pour pouvoir entrer dans ta maison ?"

"MONTE SUR CE FICHU TRUC !"

Craignant de nouvelles représailles contre James et maudissant le fait de ne pas avoir de baguette à disposition, Sirius enfourcha le balai, supporta les tentatives maladroites de Snape pour s'installer derrière lui et, finalement, parvint à voler jusqu'à la hauteur de la fenêtre.

"Une invention du diable !" marmonna Snivellus tandis qu'il se jetait littéralement sur le carrelage. Sirius aurait bien profité de l'occasion pour s'enfuir, mais le collier toujours attaché au cou de James l'obligea à renoncer. Il descendit à son tour du balai, et une grimace de dégoût apparut sur son visage quand il se rendit compte de l'état dans lequel se trouvait la pièce où ils venaient d'entrer. On aurait dit qu'elle n'avait pas été habitée depuis des années: il y avait de la poussière partout; les meubles, rongés par les vers, tombaient en morceaux, et les araignées semblaient pousser comme des champignons dans tous les coins du plafond et du plancher.

"Je savais que la propreté n'était pas ton fort, Snivellus, mais je ne pensais pas que c'était à ce point !"

Snape lui arracha brutalement le balai des mains et le cassa en deux, dans le but évident d'ôter toute possibilité de fuite à ses deux prisonniers.

"Je n'ai jamais habité ici, puisque je ne pouvais pas monter ! Et vous, vous ne pourrez plus descendre. Maintenant, fais ton travail et nettoie !" cria-t-il avant de lancer un seau et un chiffon en direction de Sirius.

"Autrement dit, tu avais besoin d'une femme de chambre", commenta James sous le regard meurtrier de son ami.

"Évidemment ! A quoi d'autre pourrait me servir la fille de deux stupides sorciers ?" répondit Snape d'une voix méchante en attrapant l'agaçant hibou pour l'enfermer dans une cage qui, jusque là, était restée cachée dans son sac.

Puis, s'adressant à Sirius:

"Sans baguette, tu ne pourras pas ouvrir la cage et, sans balai, tu ne pourras pas descendre. Tu resteras ma servante pour toujours."

Sirius fut tenté de démontrer qu'il pouvait très bien le mettre KO avec le seul seau pour arme et qu'ensuite rien ne l'empêcherait de voler la clé de la cage mais, avant même qu'il ait commencé à lever le bras pour mettre son plan à exécution, Snivellus dit quelque chose qui l'arrêta:

"Maintenant, allonge ta tresse, que je puisse descendre."

"Quoi ?"

° ° °

Quand il rouvrit les yeux, Remus eut l'impression que tout un troupeau de centaures lui était passé dessus. Il se leva péniblement et il lui fallut quelques secondes pour se souvenir de l'endroit où il se trouvait et de ce qu'il venait y faire.

"Lily !" appela-t-il, s'apercevant soudain que son amie ne se trouvait pas à côté de lui.

Un murmure indistinct provenant d'en bas le poussa à s'agenouiller pour chercher la source de cette étrange plainte. Étendue sur le sol parmi les brins d'herbe haute et les pâquerettes aux pétales blanches et jaunes se trouvait une frêle et minuscule fée. Ou, plus exactement, une petite fée qui avait les traits de Lily.

"Lily !" appela-t-il de nouveau en la prenant doucement dans une main.

Du bout du doigt, il effleura son visage dans l'espoir de la ranimer.

"Re... Remus ?"

La jeune fille ouvrit les yeux sans enthousiasme et battit des paupières pour ajuster sa vision sur la silhouette encore floue qui se trouvait devant elle. Quand elle parvint finalement à s'asseoir et à lever les yeux vers Remus, un cri étranglé fut tout ce que sa gorge parvint à émettre.

"REMUS ! Tu es... un Géant !"

"Mhm... Non, Lily... En fait, c'est toi qui est devenue toute petite."

La jeune fille le regarda comme s'il avait perdu l'esprit, puis son regard se posa sur ses propres bras, ses jambes et enfin son dos, auquel était attachée une paire de petites ailes bleues.

"Merlin, je me suis transformée en fée !"

"Oui", confirma Remus d'une voix pleine de perplexité.

Mais son étonnement augmenta considérablement quand, levant une main pour chasser une mèche de cheveux de son front, il découvrit qu'un objet bizarre était posé sur sa tête. Il tâta des doigts et de la paume cette forme semi-rigide et finit par se rendre compte qu'il s'agissait d'un chapeau: un chapeau pointu typiquement sorcier, avec un large bord dont jaillissait une plume. Surpris, il baissa les yeux pour voir le reste de sa tenue et s'aperçut qu'il portait une robe de sorcier bleu ciel à la coupe élégante, d'excellente facture, ainsi qu'un manteau de même couleur, retenu aux épaules par deux agrafes d'or, sur lequel était cousu l'écusson d'une Maison non identifiée.

Lily le regarda de haut en bas puis, grâce aux ailes qu'elle avait désormais dans le dos, s'éleva en volant jusqu'à la hauteur de ses yeux.

"Tu sais, je crois que tu te trouves dans la peau du personnage-clé de tout conte moldu: le prince charmant, qui dans ta version est devenu le sorcier charmant... C'est amusant !" (°)

"Je crois que c'est pas le moment de plaisanter", répliqua le sorcier-prince, pas du tout convaincu. "Et puis, pourquoi est-ce que ce serait moi qui devrait jouer ce rôle ?"

"Peut-être parce que c'est ainsi que tu te vois", expliqua Lily à un Remus de plus en plus médusé. "Après tout, ce l:ivre, c'est toi qui aurais dû l'écrire alors, puisque tu avais déjà rempli quelque pages de notes, les contes se forment selon ta fantaisie. Tout ce qu'on voit est une projection de ta volonté et, apparemment, tu t'es identifié au prince de cette histoire."

Remus avait écouté, bouche bée, le discours de la petite fée et, quand tous les éléments se furent finalement connectés dans son esprit embrouillé, il se couvrit le visage d'une main pour cacher l'embarras qui l'avait assailli. S'il se voyait dans le rôle du prince, il n'était pas nécessaire d'avoir une grande imagination pour deviner qui s'était retrouvé à personnifier Raiponce... et il était certain que Sirius n'en serait vraiment pas ravi.

"Remus... Il faut qu'on aille chercher les autres, tu as oublié ?"

Moony sursauta.

"Hein ? Ah, oui, bien sûr... Je crois qu'on devrait aller à la tour de Raiponce, si on veut que l'histoire avance..."

"Tu crois que Potter et Black y sont ?"

"Quelque chose me dit que oui", balbutia le garçon en se relevant.

Au moins Padfoot... ajouta-t-il mentalement.

Le rouge qui lui était monté aux joues ne semblait pas décidé à disparaître.

° ° °

Pendant ce temps, dans une pièce obscure et pleine de poussière, Sirius était agenouillé par terre, occupé à tenter péniblement de désencrasser le plancher.

"Attends un peu que je lui mette la main dessus..."

"Tu sais, Padfoot, j'ignorais que tu étais un Métamorphomage", commenta James, confortablement installé à l'intérieur de sa cage.

"Mais je n'en suis pas un, en réalité ! La petite fille qu'Andromeda vient d'avoir en est une mais moi, sûrement pas ! Quand j'avais cinq ans, ma harpie de mère m'a rasé la tête pour me punir, et il a fallu plus de deux mois pour que mes cheveux repoussent à une longueur décente."

"Pourtant, tu as réussi à allonger ta tresse, et Snivellus l'a utilisée comme corde pour descendre..."

"Ne m'en parle pas ! Il a l'air tout maigre, mais il est lourd. J'en ai encore mal à la tête ! Et toi", ajouta-t-il en remarquant que son ami s'était mis à se lisser paresseusement les plumes, "au lieu de faire comme si tu étais en vacances, essaies donc de monter un plan pour qu'on sorte d'ici !"

"Dès que Snivellus reviens, tu l'assommes avec le seau et tu lui piques la clé. Plus simple que ça..."

"Ne crois pas que ce sera si facile ! Comme je le connais, il est capable d'avoir glissé la clé dans ses sous-vêtements, et je n'ai aucune intention d'aller fouiller à cet endroit !"

"Si c'était Moony, tu ne ferais pas tant d'histoires."

Sirius se servit de son chiffon pour donner un grand coup sur la cage et, secoué par l'impact, James faillit se cogner la tête contre les barreaux.

"Primo, ne compare pas Moony à Snivellus ! Secondo, je ne frapperais jamais Moony avec un seau ! Tertio... non, je ne verrais aucune objection à 'fouiller' s'il était d'accord !"

Prongs fixa sur lui un regard complice puis croisa les ailes sur sa poitrine.

"Tu ne sauras jamais s'il est d'accord, si tu ne lui demandes pas. Et, si tu ne lui dis rien, quelqu'un d'autre pourrait 'fouiller' à ta place - tu y as pensé ?"

Sirius ouvrit la bouche pour répondre, mais une voix assourdie, provenant du bas de la tour, étouffa son intention dans l'oeuf.

"Raiponce, descends ta tresse !"

"Ce salopard est revenu !" siffla le garçon en jetant son chiffon d'un geste agacé. "Et si je le faisais tomber pendant qu'il monte ?"

"Super idée, Padfoot ! Comment on ferait pour récupérer la clé, après ça ?"

"STUPIDE SERVANTE, VEUX-TU BIEN ALLONGER TES MAUDITS CHEVEUX !"

Snape se mit à hurler des invectives. Il était convaincu d'être loin de tout endroit habité et ignorait que deux paires d'yeux le regardait avec une curiosité amusée.

"Incroyable ! Qui aurait cru que Severus Snape puisse incarner la terrible Moldue qui tient Raiponce prisonnière ? Tu en as, de l'imagination, Remus..." dit Lily en déplaçant, pour mieux voir, les feuilles du buisson derrière lequel ils étaient cachés.

"Ça doit être mon subconscient..." répondit le garçon, sans cacher sa surprise. "Et on dirait que j'avais raison de vouloir venir ici: il y a bien quelqu'un dans la tour."

"Regarde, Snape utilise cette longue tresse comme une corde, exactement comme dans le conte. On attend qu'il s'en aille de nouveau avant de sauver Raiponce ?"

"Bien sûr. Si on apparaissait pendant qu'il est là-haut; il pourrait faire du mal à Sirius et James, et je ne sais pas s'ils sont en état de se défendre pour le moment."

"Je ne comprends toujours pas pourquoi tu penses que Potter et Black sont là. D'après mes souvenirs, il ne devrait y avoir personne d'autre que la fille à l'intérieur."

Remus évita de lui expliquer que son imagination avait un peu trop travaillé et que le problème, c'était justement cette "douce jeune fille" prisonnière. Il se contenta de regarder la tour sans répondre, guettant la réapparition de Snivellus.

A peine quelques minutes plus tard, Snape se laissa glisser rapidement à terre et, après s'être assuré que la tresse était bien remontée et retournée de l'autre côté de la fenêtre, il s'éloigna à grands pas, l'air sinistre comme à son habitude.

Remus adressa un petit signe de la main à Lily et, tout en restant à couvert, l'étrange couple formé par le sorcier-prince et la petite fée avança en direction de la tour en jetant de fréquents coups d'oeil alentours pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls.

"Je peux voler jusque là", dit Lily, qui s'était installée sur l'épaule du jeune 'sorcier charmant', "mais toi, qu'est-ce que tu comptes faire ? Utiliser un sort de lévitation ?"

"Je vais suivre le conte", déclara Remus avec un sourire énigmatique.

Et, après s'être assuré une dernière fois qu'il n'y avait personne derrière lui, il cria:

"Raiponce, descends ta tresse !"

Immédiatement, une cascade de cheveux noirs tressés apparut devant lui, et il tendit la main avec une sorte d'appréhension, la tête pleine des souvenirs d'une année entière passée à imaginer ce qu'il ressentirait s'il pouvait caresser les douces mèches de cheveux de Sirius.

Mais monter jusqu'à la fenêtre se révéla plus difficile que prévu: il était à peu près à mi-hauteur quand la tresse se mit à onduler violemment de droite à gauche. Il dut s'y agripper fermement pour ne pas tomber. Dans ces conditions, il lui était impossible de continuer à avancer et, en plus, ce balancement continuel commençait à lui donner la nausée. Il maudit intérieurement Sirius et son envie irrépressible de tourmenter Snivellus.

"Je monte et je vais lui dire deux mots, à cette idiote !" s'écria Lily, furieuse, en remarquant le teint verdâtre de son ami.

"Lai... Laisse tomber, Lily. Elle pense sûrement que je suis son geôlier, donc c'est compréhensible... On va résoudre le problème autrement. Après tout, c'est moi l'auteur de ce livre, non ?"

Se tenant fermement à la tresse d'une main, il se servit de l'autre pour sortir sa baguette et la pointer vers un point imprécis au loin.

"Accio balai !"

Lily se tourna dans la direction indiquée par la baguette et aperçut un balai entièrement blanc qui arrivait à toute vitesse. Il s'arrêta juste devant eux.

"Quel genre de sorcier charmant serais-je si je ne montais pas mon fier destrier blanc ?" commenta Remus, souriant, tout en attrapant le balai, sur lequel il grimpa avec un soupir de soulagement.

A cet instant, Sirius sentit que sa tête devenait étrangement plus légère. Et, après avoir raccourci la tresse grâce à ses mystérieux dons de Métamorphomage, il revint à la fenêtre, espérant avoir réussi à infliger au moins une petite chute à l'horrible Snivellus. Mais, quand il passa la tête par l'ouverture pour profiter du spectacle, son expression effrontée et victorieuse disparut d'un seul coup. Devant lui, chevauchant un élégant balai blanc, son Moony lui souriait doucement, d'un sourire qui lui donna l'impression que le soleil était enfin entré dans la tour pour illuminer la pièce et réchauffer son coeur.

"Je savais que je te trouverais ici", dit Remus en approchant de la fenêtre pour entrer.

Le cerveau de Sirius ne parvint pas à formuler la moindre pensée cohérente, et son corps se limita à se déplacer pour laisser passer son ami. Moony atterrit avec élégance et, après être descendu du balai, leva les yeux pour croiser à nouveau le regard de Padfoot qui, toujours sous le coup de la surprise, ne réalisait pas encore très bien que tout ce qu'il venait de voir n'était pas une hallucination mais bien la réalité.

"Re... Remus ?"

"Black, c'est vraiment toi !"

Une drôle de petite fée volait devant son visage et s'arrêta à quelques centimètres de son nez, le détournant pour un instant de la contemplation de Moony.

"C'est toi Raiponce ?"

"EVANS !"

Lily et Remus se tournèrent, effrayés, dans la direction d'où provenait la voix qui venait de s'élever à l'improviste. Tous deux durent cligner des yeux plusieurs fois avant de reconnaître celui qui se cachait sous l'apparence de ce hibou aux plumes ébouriffées.

"Potter !"

La petite fée s'approcha prudemment de la cage et dévisagea le volatile, s'attardant particulièrement sur les yeux.

"Dans quel état tu t'es mis !"

"Ben, tu sais, tu n'es pas non plus exactement comme dans mon souvenir..." plaisanta James en lui faisant un clin d'oeil. "Mais, quand même, merci d'être venue à mon secours !" ajouta-t-il d'une voix très forte tout en ouvrant les ailes pour embrasser la minuscule créature.

Dans son emportement, il oublia qu'il était toujours enfermé et, le voyant se heurter aux barreaux de la cage, Lily prit mentalement note de la situation, réfléchissant déjà à un sort à développer pour bloquer les prochaines avances de Potter.

"Je ne suis sûrement pas venue pour toi, mais pour aider Remus à vous sortir de là !"

"Alors c'est vraiment vous ?"

Sirius était enfin sorti de l'état de torpeur et de mutisme dans lequel il avait été plongé jusque là et il s'avança, tremblant, vers Moony, dont il toucha le bras.

"Vous n'êtes pas des personnages du conte ?"

Remus lui sourit et posa une main sur la sienne comme pour le rassurer.

"Quand vous avez insulté mon livre, il s'est fâché et vous a entraînés dans sa dimension. Lily et moi aussi, on s'est fait aspirer. Peter nous a expliqué que le seul moyen de sortir d'ici est de suivre toutes les étapes de chaque histoire et, comme vous ne les connaissez pas, on s'est dit que vous pourriez avoir besoin d'aide."

Sirius eut beaucoup de mal à comprendre l'explication de son ami: son esprit était pratiquement brouillé par la chaleur que les doigts de Moony transmettaient à son corps, et ses yeux refusaient de se détacher lui. Avec cette robe de soie et ce chapeau bleu qui mettait en valeur les reflets dorés de ses cheveux, il était encore plus élégant qu'à l'ordinaire.

Mais quand donc Sirius était-il tombé amoureux au point de remarquer tous ces détails ?

Remus, de son côté, devait faire un effort surhumain pour ne pas éclater de rire au nez de son meilleur ami: avec cette robe couleur pêche et cet énorme noeud dans le dos, Sirius n'incarnait pas exactement l'image de la beauté parfaite, et le jeune Lupin se dit qu'il préférerait vraiment le voir dans de tout autres vêtements. Ou peut-être carrément sans vêtements, mais c'était une pensée qu'il devait éviter d'exprimer à haute voix...

"Remus, tu ressembles à un prince charmant venu sauver sa belle !" s'écria en riant James, vite remis de sa rencontre avec les barreaux.

Le visage de Moony s'empourpra subitement, et il lâcha la main de Sirius, rompant aussi l'échange de regards commencé quand Padfoot s'était penché à la fenêtre de la tour.

"Mais comment tu connais le prince charmant, toi ?" demanda Lily, visiblement stupéfaite.

"Evans, Evans... Je ne suis pas aussi ignare que tu le penses en matière de contes moldus... Ma mère adorait Blanche-Neige et les Sept Nains et me le lisait tout le temps quand j'étais petit", déclara James avec une certaine fierté. "Remus fait un prince parfait, tu ne trouves pas ?"

A cet instant, Sirius avait très envie d'étrangler le hibou importun. Prongs connaissait parfaitement ses sentiments pour Moony (quel genre de meilleur ami serait-il, sinon ?) et, bien qu'un peu gêné au début, il avait fini par adopter le rôle de conseiller sentimental, ne laissant passer aucune occasion de placer un commentaire plein de sous-entendus et montant des plans "maraudeuresques" pour les rapprocher. Mais la crainte d'obliger Remus à affronter une situation qu'il ne souhaitait pas avait empêché James de dépasser les limites des blagues habituelles, et Remus n'avait jamais remarqué à quel point Sirius tenait à lui.

"Vous ne croyez pas qu'on devrait sortir, maintenant ?"

Ayant ainsi ramené l'attention de tous sur elle, Lily prit sa baguette (qui avait évidemment rétréci pour s'adapter à sa taille de fée) et la pointa vers la cage:

"Alohomora !"

La porte s'ouvrit immédiatement et James sortit en volant, se précipitant immédiatement vers celle qui venait de le délivrer dans l'intention de la serrer dans ses "bras" pour la remercier. Mais Lily s'était déjà réinstallée sur l'épaule de Remus, s'attirant un coup d'oeil inexplicablement agacé de Black et, bras et jambes croisés, elle arrêta d'un simple regard toute tentative d'approche de l'envahissant volatile.

"Lily a raison, il faut qu'on s'en aille avant le retour de Snivellus", approuva Remus en enfourchant son balai. "Sirius, tu viens avec moi, bien sûr. James peux descendre en volant, n'est-ce pas ?"

Padfoot ne se le fit pas dire deux fois: il souleva péniblement la lourde robe, remerciant Merlin pour le pantalon qu'il portait toujours en dessous, et prit place sur le balai juste derrière son ami. Quelques centimètres seulement le séparait de Moony, et cette proximité lui permettait de sentir toute la chaleur qui émanait de lui. Il passa les bras autour de sa taille et se pencha instinctivement vers lui, annulant d'un seul geste une distance physique qui devenait presque douloureuse. Le coeur de Remus fit un bond quand il sentit ce doux poids contre son dos et, sentant un souffle chaud dans son cou, il ne résista pas à la tentation de tourner la tête.

"Tiens-toi bien", dit-il d'une voix plus basse que la normale.

Il savait que c'était une recommandation superflue pour quelqu'un comme Sirius, lui-même capable de conduire un balai de manière remarquable, mais ces mots qui sous-entendaient tout autre chose étaient venus tous seuls quand ses yeux avaient rencontré le regard gris-bleu. Padfoot ne parvint même pas à hocher la tête. Il était trop absorbé par l'idée que leurs visages étaient bien plus proches que n'auraient dû l'être ceux de simples amis.

"Mais enfin, Black !" s'exclama Lily en se mettant debout sur l'épaule de Remus pour donner une petite tape sur le nez de Sirius, obligeant celui-ci à s'éloigner de sa source de chaleur. "Cesse de respirer aussi fort; je n'arrive pas à tenir assise !"

Le garçon était sur le point de répliquer qu'elle pouvait tout aussi bien voler tranquillement jusqu'à terre par ses propres moyens, mais Remus fit cesser ce début de querelle en s'élevant dans les airs avec le balai, abandonnant enfin l'étrange tour en compagnie de ses amis.

"Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?"

James avait posé la question à Lily dans l'espoir d'engager la conversation avec la fille dont il était amoureux, mais celle-ci ne lui accorda pas même un regard et attendit que Sirius et Remus mettent pied à terre avant de reprendre la parole.

"Ce n'est pas si simple. Si ces contes étaient les histoires moldues originales, on n'aurait pas de problème, mais il faut prendre en compte le fait que Remus avait l'intention de les modifier, donc le livre nous fait vivre des histoires différentes et..."

"Je voulais les adapter, pas les changer radicalement !" l'interrompit Moony.

"Evans, tu ne serais pas en train de tourner autour du pot pour dire que tu n'as aucune idée de ce qu'on doit faire ?" demanda Sirius d'un ton volontairement acerbe.

Il ne supportait pas l'idée que la jeune fille soit tranquillement assise sur l'épaule de son Moony et puisse voir de près ses lèvres parfaites. Il aurait donné n'importe quoi pour être ainsi tout proche de l'objet de ses pensées au lieu d'être affublé de cette ridicule robe pêche qui n'allait certainement pas augmenter ses chances de conquérir Remus.

"Toi et Potter, vous faites vraiment la paire, Black !" répliqua Lily avec irritation. "Dans le conte d'origine, Raiponce ne parvient pas à s'échapper parce que sa geôlière découvre le prince suspendu à la tresse. Alors elle lui coupe les cheveux et l'envoie dans le désert. Quand le prince revient à la tour, il n'y trouve plus sa bien-aimée et, désespéré, il se jette par la fenêtre, tombe sur des épines et devient aveugle..."

"Je ne laisserai jamais Remus se blesser !"

"Oh, ça suffit Black ! Ce que je veux dire, c'est que..."

"REMUS, ATTENTION !"

Le hurlement de James était arrivé un instant trop tard.

Snape venait d'apparaître subitement dans le dos de Lupin et s'était jeté sur lui, lui serrant le cou d'un bras et le menaçant d'un poignard.

"Que personne ne bouge !" dit-il en effleurant de sa lame la gorge de son otage. "Et toi, mon cher sorcier charmant, n'essaie pas d'attraper ta baguette, ou tu te retrouveras saigné à blanc avant d'avoir pu l'atteindre !"

"Voilà ce que je voulais dire", soupira Lily.

"Lâche-le !" cria Sirius, les poings serrés. "Qu'est-ce que tu comptes obtenir de cette façon ?"

"Tu t'es enfuie, alors je m'en prends à lui, c'est simple !"

"C'est ce qu'on va voir ! Expelliarmus !"

Snape n'avait pas pensé qu'une petite créature comme la fée pouvait très bien se révéler aussi dangereuse qu'une grande, surtout si elle disposait d'une intelligence humaine et de l'un de ces accessoires de sorciers parfaitement fonctionnels. Le couteau s'envola et Lily l'évita de justesse tandis que Remus profitait de l'occasion pour dégainer sa propre baguette. Il tenta de se libérer du bras de Snivellus en prononçant une formule magique à mi-voix, mais Snape s'en aperçut et se protégea avec le balai que son prisonnier tenait toujours dans l'autre main. Le manche de bois se brisa au contact du sort, et Remus se piqua le doigt avec une écharde. Il s'écroula aussitôt, profondément endormi.

Sirius se précipita, mais la longueur inhabituelle de sa robe le fit trébucher maladroitement. Quand il releva la tête, Moony était déjà dans les bras de Snape, qui plissa les lèvres en un horrible sourire victorieux avant de disparaître dans un cercle de lumière subitement apparut derrière lui.

"MOONY !"

Fou de rage, Sirius bondit sur ses pieds et, sans prêter la moindre attention à ce que lui disaient James et Lily, s'élança à son tour vers le portail lumineux. Il ne pensait qu'à une chose: récupérer son ami.

"SIRIUS !" cria Prongs. "Evans, il faut qu'on le suive, sinon il va se fourrer dans le pétrin. Dans l'état où il est, il n'a pas les idées claires."

Lily rencontra un instant le regard préoccupé de Potter et hocha la tête avec conviction. C'était probablement la première fois de sa vie qu'elle était d'accord avec lui et, bien que la partie la plus rationnelle de son esprit lui ordonne de prendre le temps de réfléchir avant d'agir, il lui était impossible de ne pas partager l'inquiétude de James au sujet des deux autres.

"Un livre qui se sent insulté peut se montrer très sournois - d'après ce qu'a dit Pettigrew, en tout cas..."

"Tu as peur, Evans ? Je suis peut-être immature, mais quand un de mes amis est en danger, il n'est pas question que je le laisse tomber !"

"Au moins, tu es un peu plus digne de confiance que ce que je pensais, Potter..." murmura la petite fée.

Puis, sans prendre la peine de vérifier que le hibou avait entendu ce qu'elle venait de dire, elle agrippa une touffe de plumes pour s'assurer de ne pas le perdre de vue et disparut avec lui dans le cercle de lumière.

- - -

(°) En italien, "prince charmant" se dit "principe azzuro", c'est-à-dire littéralement "prince bleu ciel". D'où la couleur des vêtements de Remus. "Sorcier charmant" donne une impression moins amusante que "sorcier bleu" dans la phrase de Lily, mais il était évidemment impossible de garder le jeu de mot en français.

°
° ° °

Notes de la traductrice:

Un indice pour le conte suivant se trouve dans la fin de celui-ci.
L'avez-vous remarqué ?

Suite dans une semaine...
En attendant, je compte sur vous pour faire savoir à Akari,
par l'intermédiaire des reviews que je traduirai pour elle,
ce que vous avez pensé de sa version de
Raiponce

A bientôt !