Il était une fois

Ecrit par Akari (alias Florian) - Traduit par Cybèle Adam

Disclaimer:

Les personnages n'appartiennent ni à l'auteur de cette fic ni à sa traductrice
mais, comme chacun sait, à Mrs J.K. Rowling. Et les contes de fées
ne sont, bien sûr, pas à nous non plus. En conséquence, il est évident que
cette histoire ne rapporte pas le moindre centime à Akari ni à Cybèle... n'est-ce pas ?

Pour ce chapitre: La Belle au Bois Dormant est un conte de Charles Perrault.

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Notes de la traductrice:

Comme les autres fics que j'ai traduites précédemment,
la version originale (italienne) de cette histoire a été publiée sur
Akari's World, le site de l'auteur (voir le lien sur ma page "bio")
Titre original:
C'era una volta.

J'avais oublié de le signaler pour le prologue mais, comme Akari,
je garde les noms anglais, donc les surnoms des Maraudeurs sont
Padfoot (Sirius), Moony (Remus), Prongs (James) et Wormtail (Peter).

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Chapitre 3 - La Belle au Bois Dormant (première partie)

"Evans ?"

"Oui, je suis là, Potter."

Lily, pour confirmer sa présence, secoua légèrement les plumes du hibou qui se tenait devant elle. Puis un soupir de découragement lui échappa quand elle s'aperçut qu'ils se trouvaient maintenant dans un endroit complètement différent du terrain où s'élevait la tour de Raiponce.

"J'en déduis que tu ne sais pas où on est, hein, Evans ?" demanda James en se retournant pour la regarder.

La petite fée secoua la tête.

Quelques secondes seulement s'étaient écoulées depuis leur entrée dans le cercle de lumière, qu'ils avaient traversé en volant, et quand leurs yeux avaient enfin pu distinguer de nouvelles formes, ils avaient compris qu'ils venaient de passer à travers un portail. Les bois et les champs ensoleillés avaient fait place à une forêt lugubre et à un ciel de plomb. Le silence pesant qui régnait sur les lieux incitait à penser qu'on n'y trouverait aucune trace d'être vivant, humain ou animal.

"On est sans doute arrivés dans un autre conte", murmura pensivement Lily en regardant autour d'elle dans l'espoir de voir quelque chose qui éveillerait un souvenir. "Mais je ne sais pas encore lequel."

"Comment ça ? C'est pas toi qui aidais Remus pour son devoir d'Étude des Moldus ?"

"Je lui ai juste donné des contes à lire. Je ne sais pas lesquels il a choisi, ni combien. Donc, pour le moment, je n'ai aucune idée de l'endroit où on se trouve. Content, Potter ?"

"J'avoue qu'en d'autres circonstances j'aurais été ravi de me retrouver seul avec toi, mais là je m'inquiète pour Sirius et Remus, alors je crois qu'on n'a plus qu'à partir à leur recherche, maintenant."

"Je crois qu'on devrait se séparer", déclara Lily quand ils eurent avancé un peu dans la forêt. "Cette forêt est très étendue et..."

"Désolé, mais je ne tiens pas à te perdre aussi", l'interrompit James sans cesser de chercher un indice.

"En fait, c'est toi qu'il vaut mieux ne pas perdre de vue. Je n'ose déjà pas imaginer ce que Black peut fabriquer tout seul..."

"Eh, vous deux !"

Surpris par cet appel soudain, le hibou et la fée cessèrent immédiatement de discuter et se retournèrent pour faire face à l'intrus. Lily leva sa baguette, prête à attaquer ou se défendre, mais l'abaissa avec un soupir de soulagement en voyant le sourire effronté de Sirius.

"Tu nous as fait peur !"

Le ton de James se voulait réprobateur, mais il ne parvint pas à cacher sa joie d'avoir retrouvé au moins un de ses amis.

"Où est Remus ?" demanda-t-il ensuite.

"Je n'en ai aucune idée", avoua Sirius en baissant la tête d'un air désespéré. "J'ai erré parmi les arbres sans arriver à prendre le moindre repère et j'ai déjà l'impression que c'est un miracle d'être tombé sur vous. Au moins, je n'ai plus cette robe lourde et ridicule. J'ai pu bouger plus librement", ajouta-il avec satisfaction tandis que les regards des deux autres se portaient machinalement sur sa nouvelle tenue.

L'encombrante toilette couleur pêche de Raiponce s'était en effet transformée en une robe de sorcier turquoise, de coupe simple et droite, avec, autour de la taille, une ceinture dorée d'où pendait une baguette et, sur les épaules, un manteau court de même couleur que la robe, mais aux bords brodés d'or. De plus, Sirius tenait à la main un chapeau de forme conique, également turquoise, orné de deux plumes blanches sur les côtés.

"On dirait que c'est toi le sorcier charmant, cette fois..." commenta la jeune fille sans s'étonner outre mesure.

"Vous pourriez m'expliquer ce que c'est que ce sorcier charmant ?" demanda Sirius, clairement déconcerté. "Remus était habillé à peu près comme ça avant et on dirait que je suis le seul à ne rien y comprendre !"

Lily regrettait visiblement de devoir répondre, mais elle se dit qu'il valait mieux que Black en sache aussi un peu plus sur le monde où ils avaient été projetés, ne serait-ce que pour éviter des coups de tête qui auraient pu retarder le moment de leur retour à la "maison".

"Dans beaucoup de contes moldus, il y a une jeune fille en détresse et un prince mystérieux qui vient la sauver", commença-t-elle. "Dans la version de Remus, le prince est devenu un sorcier charmant et, apparemment, c'est toi qui joue ce rôle dans ce conte-ci, alors que dans celui d'avant il s'était lui-même identifié au personnage. Seulement, après, l'histoire a pris un tour inattendu."

"Qu'est-ce que tu veux dire ?"

James tenta de s'installer sur l'épaule de Sirius, mais le regard en coin de celui-ci le convainquit de se percher plutôt sur la branche la plus basse d'un arbre voisin.

"Je vous l'ai déjà expliqué: dans l'histoire originale, le prince n'arrive pas à délivrer Raiponce de la tour. Le fait que Remus ait réussi à faire sortir Black signifie que ce livre s'écrit selon la volonté que Remus manifeste de temps en temps. Autrement dit, si on ne le trouve pas très vite, on ne pourra jamais savoir comment se comporter."

"Moi, c'est surtout parce que je ne supporte pas l'idée qu'il soit à la merci de Snape, que je veux le trouver tout de suite !" répliqua Sirius en remettant son chapeau d'un geste rageur.

Puis il se mit à marcher dans une direction choisie au hasard.

"J'irai le lui reprendre même si je dois rester coincé dans ce livre toute ma vie !"

Lily lança un coup d'oeil interrogateur à James, mais le hibou feignit de ne pas le voir et abandonna sa branche pour se précipiter à la suite de son ami, qui avait déjà disparu derrière les arbres.

"Du calme, Padfoot ! Essayons au moins de rester tous les trois ensemble !" lui dit-il dès qu'il l'eut rejoint.

"Comment veux-tu que je me calme ? Moony a disparu devant mes yeux et je ne sais pas ce qui lui est arrivé, où il est ni comment il va maintenant ! Je dois le retrouver le plus vite possible, Prongs, sinon je ne me le pardonnerai jamais."

"Tu as vraiment l'air d'un héros près à voler au secours sa belle... sauf que Moony est capable de s'en sortir beaucoup mieux tout seul que toi et moi réunis ! Tu sais très bien ce qui se passe quand on l'énerve..."

"Et s'il a perdu sa baguette ? Et s'il est toujours inconscient ?"

"Black ! Potter !"

Lily arrivait à toute vitesse derrière eux et s'arrêta, essoufflée d'avoir volé rapidement.

"Quelqu'un approche !"

Le jeune sorcier et le hibou se tournèrent dans la direction indiquée par la fée, juste à temps pour voir apparaître une personne qui se hâtait vers eux.

"Sni... Snivellus !"

Snape - ou plutôt le personnage qui ressemblait à Severus Snape - s'arrêta devant Sirius, dont il attrapa les mains, les serrant fortement dans les siennes.

"Enfin vous êtes là ! Cela fait cent ans que la princesse vous attend."

Black tenta d'ouvrir la bouche pour parler, mais la surprise devait avoir endommagé ses cordes vocales, car il ne put que continuer à regarder fixement Snivellus. Son cerveau refusait obstinément de croire à la réalité de la vision qui s'offrait à ses yeux: robe bleue, chapeau pointu retenu par un ruban noué sous le menton, baguette dorée surmontée d'une étoile lumineuse, visage souriant... En cet instant, l'image de Severus Snape paraissait beaucoup moins inquiétante qu'à l'ordinaire.

"Au-delà de cette forêt se dresse un imposant château. Vous devez traverser la barrière de ronces pour sauver la princesse de son sommeil éternel. Vous seul pouvez briser ce sort qui dure depuis un siècle..."

Pendant quelques instants, Sirius dévisagea encore Snivellus avec des yeux ronds, puis il retira vivement ses mains et dégaina sa baguette, la pointant sur son ennemi avec une expression menaçante.

"Qu'est-ce que tu as fait à Remus, maudit salopard ?"

Snape recula d'un pas, visiblement effrayé, et Lily se précipita vers Sirius pour l'empêcher de jeter un sort au malheureux personnage.

"Black, attends ! Je crois que Snape est la bonne fée, ici."

"La quoi ?"

Le sorcier charmant regarda la petite fée, qui s'était assise sur sa baguette, sans comprendre de quoi elle parlait ni pourquoi elle l'avait empêché de punir Snivellus d'avoir osé porter la main sur Moony.

"La princesse dort dans le château au bout de la forêt... Dépêchez-vous !"

A ces mots, Sirius reporta son attention sur Snape, mais tout ce qu'il put distinguer fut sa silhouette qui disparaissait. Il retira sa baguette avec rage, au risque de faire tomber Lily, et s'assit pesamment sur une grosse racine qui sortait du sol.

"Tu peux me dire pourquoi tu m'as arrêté ? Maintenant, comment on va faire pour savoir où il a emmené Remus ?"

"Il me semble qu'il vient de nous le dire !" répondit Lily sans se démonter. "Puisqu'on a changé de conte, Snape a changé de personnage. Apparemment, la méchante vieille de Raiponce s'est transformée en bonne fée de La Belle au Bois Dormant..."

"Tu as trouvé dans quel conte on est ?" demanda James en se posant sur la racine à côté de son ami.

La petite fée hocha la tête.

"Oui. C'est l'histoire d'une princesse qui, à sa naissance, est frappée de la malédiction d'une méchante fée furieuse de ne pas avoir été invitée à la fête organisée par le roi et la reine pour présenter leur bébé au peuple. A 16 ans, la jeune fille se pique le doigt avec un fuseau et tombe endormie pour un siècle."

"Et c'est nous qui devons la réveiller", termina Sirius à sa place. "Donc, tu penses que cette princesse est Remus et qu'il se trouve dans le château, c'est ça ?"

"On ne le saura qu'en allant voir", répondit Lily en fixant un point imprécis de la forêt. "D'ailleurs, il faut qu'on aille au château, si on veut que l'histoire avance."

"Elle ne finira pas comme l'autre, hein ? La fille enlevée par la vieille et le prince qui tombe de la tour et devient aveugle..."

Sirius s'était mis à jouer avec sa baguette, mais son indifférence apparente dissimulait mal une curiosité inquiète.

Lily le regarda un instant d'un air perplexe, puis elle comprit soudain et un léger sourire apparut sur son visage.

"Je vous ai dit comment l'histoire continuait, pas comment elle se terminait..."

Sirius, immédiatement intéressé, rangea la baguette dans son étui, et même James ne put s'empêcher de jeter un regard étonné à la fille de ses rêves.

"Quoi ! Moi aussi je croyais que Raiponce ne reverrait plus son beau sorcier", avoua le hibou, s'attirant un regard noir de Sirius.

"Le prince aveugle erre seul pendant des jours et des jours jusqu'à ce qu'il arrive dans le désert où se trouve sa belle, dont il reconnaît la voix. Les larmes de Raiponce, en touchant les yeux du prince, lui rendent la vue, et les deux amoureux enfin réunis peuvent désormais vivre heureux", raconta Lily comme s'il s'agissait de la chose la plus naturelle du monde.

James battit des paupières, peu convaincu.

"J'ignorais que les larmes avaient ce pouvoir curatif..."

"Ce sont des larmes d'amour, idiot de Potter !" s'énerva la petit fée. "Et puis il existe aussi une autre version, où la princesse donne naissance à des jumeaux, fils et fille du prince, pendant son séjour dans le désert."

"Des enfants !"

La voix de Sirius était plus aiguë que d'habitude, mais Lily ne sembla pas s'en apercevoir.

"Oui. Mais maintenant cessons de perdre du temps avec ces bavardages, puisqu'on se trouve dans un autre conte ! On ne sait pas où est le château, alors la meilleure chose à faire est que je vole au-dessus des arbres pour jeter un coup d'oeil aux alentours. Ça nous évitera de marcher au hasard."

"Je viens avec toi, Evans !" proposa James, abandonnant aussitôt sa place à côté de Sirius.

Mais Lily l'arrêta d'un geste de la main avant qu'il approche trop.

"Il vaut mieux que tu restes avec Black, Potter."

"Mais je ne peux pas te laisser partir toute seule ! On ne sait pas quels dangers se cachent dans cette forêt et..."

"Je te rappelle que, de nous deux, je suis la seule à avoir une baguette et que donc, le cas échéant, c'est moi qui devrais aider un pauvre hibou sans défenses et non le contraire !"

Prongs baissa la tête et se tut, conscient que sa misérable condition de volatile ne pouvait être d'aucune utilité, excepté pour donner des coups de bec sur la tête de Padfoot chaque fois que ce serait nécessaire. Manifestement, Lily était du même avis, car elle regarda Sirius du coin de l'oeil avant de croiser les bras en soupirant.

"Je ne sais pas si ça sert à grand-chose de dire ça à quelqu'un comme toi, mais bon... Potter, reste avec Black et ne le perds pas de vue. Si c'est lui le prince, il est important qu'il arrive au château sain et sauf. Un de ses coups de tête pourrait entraîner notre emprisonnement éternel dans cette dimension."

"Tu ne veux vraiment pas que je t'accompagne ? A deux, on irait..."

James n'avait pas encore fini sa phrase que la petite fée prenait déjà son vol, disparaissant bientôt au-delà des frondaisons.

"...plus vite," termina-t-il en soupirant, déçu.

Tête basse, l'air affligé, il retourna s'asseoir à côté de son ami sans aucune idée de ce qu'ils pourraient faire pour tromper l'attente.

"Ce serait marrant si c'était Moony la fille cette fois-ci, hein, Padfoot ? Tu pourrais peut-être en profiter pour tâter un peu le terrain, non ?"

Comme aucune réponse ne venait, Prongs leva les yeux vers son ami, craignant que ce énième discours sur l'opportunité d'une déclaration à Remus l'ait agacé, mais tout ce qu'il vit fut une expression absente et béate et un sourire idiot.

"Padfoot ? Tu te sens bien ? Padfoot !"

Sirius tressaillit en s'entendant appeler ainsi et tourna vers son ami un regard ingénument interrogateur.

"Qu'est-ce que tu as à hurler, Prongs ?"

"Je voulais juste m'assurer que ton cerveau était encore parmi nous..."

"Désolé, je réfléchissais."

Padfoot baissa la tête, très gêné, et se mit à jouer du bout du pied avec une motte de terre.

"Et tu pensais à quoi, si c'est pas indiscret ? Il y a deux minutes, tu étais mort d'inquiétude pour 'ta belle', et maintenant tu as le même air de taré que quand tu contemples Moony pendant les cours."

"Il faut que je pense à emporter un miroir la prochaine fois, comme ça tu pourras admirer l'air de taré que toi, tu as quand tu fixes Evans !"

"Ne change pas de sujet, Padfoot ! Tu veux bien me dire ce qui te fait sourire alors qu'on est coincés dans une forêt sombre et inconnue ?"

Sirius poussa un soupir agacé mais, tout de suite après, ses lèvres s'étirèrent de nouveau en un sourire qui illuminait complètement son visage.

"Je pensais que Mizar et Sylvia conviendraient très bien."

James pencha la tête d'un côté, perplexe.

"Conviendraient pour quoi ?"

"Comment ça, 'pour quoi' ? Comme prénoms ! Tu trouves pas ?"

Prongs commença à se demander sérieusement si ce ridicule chapeau à plumes n'aurait pas le pouvoir d'endommager les cellules cérébrales de quiconque le posait sur sa tête.

"Padfoot, tu m'inquiètes... Des prénoms pour qui ?"

"Mais enfin, Prongs !" s'exclama Sirius en lui lançant un coup d'oeil exaspéré. "Tu ne vas pas me dire que tu n'as jamais pensé aux prénoms que tu donnerais à tes enfants si un jour tu te mariais avec Evans ! Mizar et Sylvia, c'est ceux que je voudrais donner aux enfants que je pourrais avoir avec Moony, tout simplement !"

A cet instant, James eut la certitude que le chapeau n'avait pas seulement endommagé le cerveau de son porteur, mais qu'il l'avait carrément aspiré et envoyé dans une lointaine dimension parallèle.

"Sirius, tu devrais peut-être t'allonger un moment..."

"Mhm ? Pourquoi ça ?"

"Pourquoi ! Tu viens de dire que tu voulais avoir des enfants avec Remus !"

"Et alors ? C'est pas normal de vouloir des enfants avec la personne qu'on aime ?"

"C'est normal, Padfoot, mais pour vous c'est pas pareil. Vous êtes deux garçons !"

"Et alors ? C'est un détail auquel on peut très bien remédier !"

James en resta le bec ouvert, incapable d'articuler le moindre mot. D'ailleurs, l'idée de demander en quoi consistait exactement le plan de son ami était bien trop effrayante.

"Je l'ai découvert il y a deux mois, quand le Professeur Binns m'a donné un devoir supplémentaire comme punition pour avoir transformé les cheveux de Snivellus en serpents pendant son cours. C'était une dissertation sur l'histoire antique des elfes. Moony m'a aidé en m'indiquant les textes à consulter, et c'est comme ça que j'ai eu connaissance de toute l'affaire. Il faut savoir que les elfes, au départ, possédaient des organes internes aussi bien masculins que féminins. Ils développaient les uns ou les autres en fonction de leur partenaire au moment où ils atteignaient l'âge adulte et l'espèce se perpétuait ainsi. Mais parfois il arrivait que ce procédé soit influencé extérieurement, comme par exemple si l'elfe mâle d'une famille donnée devait s'unir à l'elfe également déjà mâle d'une autre famille. C'est comme ça qu'est née cette potion, et la recette doit encore se trouver dans les textes antiques qui sont parvenus jusqu'à nous, même s'il paraît qu'elle a été modifiée parce qu'elle pourrait servir de malédiction contre ceux qui n'ont que des organes masculins. Quoi de pire pour un homme que de se sentir comme une femme dans un 'mauvais jour' ?"

Prongs leva les yeux au ciel sans rien trouver à dire. Il n'aurait peut-être pas dû s'en étonner, après tout... Dans un monde où existaient le Polynectar, les Animagi et les Métamorphomages, il était en fait parfaitement naturel que quelqu'un ait créé une potion de ce genre.

"Tu sais comment la préparer, Padfoot ?" demanda-t-il avec une certaine appréhension.

Sirius secoua la tête.

"Pas encore. Mais un jour je trouverai et j'y arriverai, tu verras !"

James se couvrit les yeux d'une aile pour ne plus devoir supporter la vue de l'expression triomphante qui éclairait le visage de Sirius.

"Padfoot... Je partage ton enthousiasme et je me propose même dès maintenant comme parrain du bébé... mais ce ne serait pas mieux si tu déclarais ton amour à Remus AVANT ?"

A ces mots, les lèvres du jeune Black se plissèrent en une grimace de déception et ses yeux s'assombrirent un instant, ce qui laissa James déconcerté.

"Je le lui dirai, ne t'inquiète pas. Mais pas avant qu'on ait fini l'école."

"Quoi ? Mais il reste plus d'un an ! Padfoot, tu n'as quand même pas l'intention d'attendre aussi longtemps ? Si tu es sûr de tes sentiments, tu devrais tenter le coup !"

"Tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas si simple, James !"

La voix de Sirius parut résonner dans toute la forêt.

"On est amis tous les quatre depuis la première année, on n'a pas laissé tomber Remus quand on a découvert son secret, on est devenus des Animagi pour lui tenir compagnie pendant ses transformations, on est toujours ensemble jour et nuit... Si je lui disais que je suis amoureux de lui et que ce n'était pas réciproque, il se trouverait dans une situation très gênante - il ne serait plus à l'aise en ma présence, il ne pourrait plus me parler librement comme maintenant, peut-être même qu'il ne voudrait plus que Padfoot soit près de lui les nuits de pleine lune ! Il s'éloignerait de moi... et de vous. C'est inévitable, Prongs ! Tu ne peux pas faire comme si de rien n'était quand un de tes meilleurs amis te dit qu'il t'aime. Tu le vois différemment, et je ne veux pas que ça arrive. Je ne veux pas que son regard fuie le mien et que sa main évite soigneusement même de m'effleurer. Pour le moment, l'important est qu'il continue à faire partie de ma vie."

James écouta en silence le long monologue de Sirius et, pour la première fois, comprit combien il pouvait être douloureux de choisir entre l'amitié et l'amour. Quand il demandait à Lily de sortir avec lui, il savait que son refus n'aurait aucune répercussion sur une relation déjà inexistante, alors que Sirius était tombé amoureux d'une des personnes avec qui il partageait sa vie depuis six ans. L'enjeu était un équilibre parfait que Padfoot ne tenait pas à rompre sous prétexte qu'il souhaitait plus.

"Tu ne pourras plus le lui cacher très longtemps. Tu te souviens de cette Serdaigle qui avait demandé à Remus d'aller à Pré-au-Lard avec elle ? Tu as été insupportable toute la journée, tu nous as obligés à entrer dans tous les cafés et tous les magasins comme si tu voulais les espionner, et le soir tu as fait une scène au pauvre Moony. Quand il t'a dit que cette fille ne l'intéressait pas, tu étais tellement content que tu avais l'air de flotter à un mètre du sol. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à me douter que ton affection pour lui dépassait le cadre de l'amitié et, puisque je m'en suis aperçu, il finira par s'en rendre compte aussi."

"Je sais."

Sirius replia les jambes pour appuyer le menton sur ses genoux.

"C'est pour ça que j'ai l'intention de lui dire ce que je ressens, mais seulement quand on aura quitté Poudlard. Tu sais que j'ai coupé les ponts avec ma famille... Cet été, j'ai habité chez toi, mais maintenant j'ai l'intention de me trouver un appartement. Après le diplôme, je dirai la vérité à Moony et je lui demanderai de venir vivre avec moi. Il n'acceptera sûrement pas, et alors il ne sera plus obligé de me voir. On ne devra plus manger ensemble, aller en cours ensemble, dormir dans la même pièce... Je ne le verrai pas s'éloigner de moi parce qu'il ne sera déjà plus là."

Prongs effleura de l'aile le bras de son ami., mais il préféra se taire. Sirius n'avait pas besoin d'entendre de vaines paroles consolatrices, et d'ailleurs James ne se sentait pas capable d'en trouver qui soient susceptibles de chasser l'humeur morose de son ami. Quand il avait convaincu Padfoot de se confier à lui, il avait été surpris de la nature de ses sentiments pour Remus, mais ensuite il s'y était habitué et s'était réjoui de leur sincérité.

Maintenant, pourtant, il aurait donné n'importe quoi pour que son meilleur ami ne soit pas tombé amoureux de Moony. Sirius et Remus étaient déjà bien assez seuls et abandonnés à eux-mêmes pour pouvoir supporter de perdre le réconfort de leur amitié réciproque, et il avait du mal à comprendre que Sirius ait pu laisser un sentiment plus égoïste prendre le dessus.

Mais il était vrai aussi que personne ne pouvait contrôler ce genre d'élans, et si un simple sourire de Moony suffisait à illuminer la vie de Padfoot, alors James considérait qu'il y avait quand même des choses pour lesquelles il valait la peine de prendre des risques.

"D'accord... Alors ça veut dire qu'on a un an et demi pour faire en sorte que notre loup-garou tombe amoureux de toi. Si j'ai réussi à trouver un sort qui lave les cheveux de Snivellus, je peux bien faire ça aussi !"

Sirius fixa sur lui un regard déconcerté, puis il comprit et lui adressa un sourire reconnaissant.

"Euh, Prongs... J'espère que ton plan ne consiste pas seulement à faire pousser des branches de gui sur nos tête comme tu l'as fait à Noël..."

"Mais écoutez-moi ça !" s'exclama James en riant. "C'est comme ça que tu me remercies ?"

"Les garçons !"

L'appel de Lily interrompit leur échange de plaisanteries. La petite fée approchait rapidement en planant et s'arrêta en l'air juste devant Potter et Black qui attendaient avec anxiété le résultat de ses recherches.

"J'ai trouvé notre château !"

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Notes de la traductrice:

Je risque de ne pas pouvoir répondre aux reviews rapidement,
car je ne serai pas chez moi dans les prochaines semaines.
Mais j'aurai Internet quand même de temps en temps donc,
rassurez-vous, vous ne devrez pas attendre mon retour
pour avoir mes réponses et, surtout, la suite de l'histoire !

(Rappel: pour les gens qui n'ont pas de compte ici, les réponses
se trouvent sur mon journal - lien sur ma page bio -
et, pour ceux qui ont un compte, je réponds des deux côtés.)

A la semaine prochaine !