Je ne possède aucun des personnages de la série TV ni des livres.
Un recueil de textes courts sur l'univers de The Witcher nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire
Geralt avait manqué de vigilance, il en payait le prix.
Ce texte a été écrit sur un thème des Nuits du FoF sur le thème "Endorphine"
(Rappel des règles : 1 thème pour une 1 heure entre 21h et 4h du matin)
Ce texte combine 6 défis du Discord "L'Enfer de Dante", liste en fin de texte.
En espérant que cela vous plaise
Bonne lecture
PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)
LA CHANCE D'AVOIR UN AMI
Etait-ce un bon jour pour mourir ? Peut-être… De toute manière, il n'était pas pire qu'un autre. C'était peut-être même le bon moment, le monde changeait et il avait parfois l'impression d'être une relique du passé. Cela faisait des semaines qu'il parcourait la campagne pour tenter de trouver des contrats, mais comme souvent, soit on lui racontait des chimères, soit on le prenait pour un fichu tueur à gage… ça venait de cette légende ridicule sur ses épées : une épée en argent pour les monstres, une épée en fer pour les hommes… sauf que c'était faux, Geralt ne tuait pas d'hommes. Certains monstres étaient sensibles à l'argent et d'autres au fer, mais pas n'importe quel fer, du fer provenant de météorite… C'était pour cela qu'il avait deux armes…
Quoi qu'il en fût, Geralt aurait dû se méfier, mais sa situation avait un effet pervers. Ne pas avoir de contrats, ne lui donnait pas l'occasion de dormir à l'abri ou de manger à sa faim. Il aurait dû écouter son instinct et remonter en direction du temple de Melitele à Ellander. Neneke lui aurait donné le gîte et le couvert, comme à son habitude, et il aurait pu se reposer au chaud quelques jours… Il n'aurait pas été aussi fatigué et il ne se serait pas fait surprendre aussi facilement. La brouxe affamée était tapie dans les fourrés et elle avait fondu sur lui pour en faire son dîner sous sa forme de chauve-souris.
La vampire avait frappé à la gorge, mais même fatigué, Geralt avait des reflexes. La morsure était grave, mais pas mortelle. Geralt la frappa du plat de sa lame en argent, la faisant couiner et fit le signe d'Aard pour tenter de la paralyser. Bien évidement, il était faible et elle était trop puissante, alors cela ne la paralysa pas totalement, mais la ralentit dans ses déplacements. Geralt maintint le signe et passa à l'attaque.
Le Sorceleur sentait le sang couler librement le long de son cou, avec une hémorragie de cette importance, il devait abréger le combat. Alors, il laissa son bras parler pour lui. Les techniques de combat étaient devenues comme des réflexes innés et ses coups firent mouches à chaque fois jusqu'au moment où la tête de la brouxe alla voler en direction de chemin, roulant sur plusieurs dizaines de mètres.
Quand le corps s'affala, Geralt laissa échapper un soupir et chancela. Sa main se porta à son cou et il effectua une pression soutenue pour enrayer son hémorragie avant de revenir vers Ablette en titubant. La souffrance faisait trembler ses mains, mais il tenta de se maitriser pendant qu'il fouilla dans la sacoche de la selle. D'un geste, il en sortit un flacon dont il avala rapidement le contenu. Le mélange d'herbes et de venin allait aider son corps à sécréter plus d'endorphine, ce qui lui permettrait d'endormir la douleur avant de prendre soin de lui.
Geralt fit glisser le flacon dans la sacoche et attrapa une étoffe qu'il tenta de nouer autour de son cou. La douleur s'endormait, mais son état était de plus en plus précaire. Le Sorceleur cligna des yeux. Il était en train de perdre connaissance, c'était vraiment la fin.
Sauf qu'au moment où il sentit le vide le happer, une main agrippa son épaule, le retint et l'aida à s'asseoir sur un tronc d'arbres vermoulu.
- Eh tu m'entends ?
Geralt gémit et redressa la tête, reconnaissant les yeux inquiets de la personne devant lui qui portait un pourpoint violacé.
- Jaskier ?
Le brade lui sourit pendant qu'il mettait en boule l'étoffe pour l'appuyer fermement sur sa plaie.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je voulais te prévenir, mais je suis arrivé trop tard.
- Me prévenir ?
- Bien sûr, dans tout leurs ramassis de sottises, ils ont parlé d'une brouxe qui grignote la nuque des imprudents sur le route de l'Est… et d'un Sorceleur aux cheveux blancs qui avait quelques heures d'avance sur moi.
- Mais pourquoi ?
- Pourquoi quoi ? Pourquoi j'ai couru pour te rattraper ? Demanda Jaskier en observant la plaie dont le sang avait cessé de couler, le rassurant un peu. Eh bien parce que tu m'as déjà sorti de plus d'un mauvais pas et que tu es mon ami !
Geralt frémit et redressa la tête. « Ami »… oui, le Sorceleur considérait réellement le barde comme son ami, même s'il était son exact opposé… En revanche, c'était bien la première fois que quelqu'un utilisait ce mot pour lui et cela le toucha profondement… Il le voyait vraiment comme un ami ? C'était vrai ?
Ne se doutant pas de ses pensées, Jaskier lui sourit tout en nouant le tissu autour de son cou avant de glisser un bras sous le sien.
- Allez, lève-toi.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Eh bien, je ne peux pas te laisser là… Debout… J'ai de quoi à nous payer quelques nuits dans cette affreuse auberge à l'entrée du village. Ce n'est pas le temple de Melitele, mais tu vas pouvoir te soigner, te reposer et manger un peu.
Geralt frémit, appréciant qu'il puisse penser que cela venait de son état, mais ce n'était pas le cas. Il frémissait parce qu'il était ému par ses attentions et il se laissa manipuler jusqu'à Ablette, sur le dos de laquelle Jaskier le hissa.
- Essaie de ne pas tomber de la selle, nous en avons bien pour une demi-heure.
- Ne t'en fais pas, je vais bien…
- Je vois que tu vas bien, mais je vais quand même prendre soin de toi.
- Merci Jaskier…
- Ne me remercie pas, nous sommes amis, non.
- Oui, souffla Geralt, nous sommes amis.
- Alors tu vois que c'est normal… Si les amis ne sont pas là pour prendre soin les uns des autres, qui le fera !
OoooO
Jaskier n'était pas un freluquet, mais Geralt était massif et il pesait son poids. Le barde trébucha, se prit les pieds dans un tabouret, mais parvint aux abords du lit sur lequel il laissa tomber son fardeau.
Geralt gémit, les yeux mi-clos et Jaskier sentit son inquiétude monter d'un cran. Bien conscient que ce geste pouvait lui coûtait sa main, il tapota quand même sa joue.
- Eh ! Tu restes avec moi ?
Geralt gémit et entrouvrit les yeux.
- C'est bien, je vais te trouver à manger, dit Jaskier.
- Ma sacoche, articula Geralt, j'ai des onguents.
- Oui bien sûr, je te la ramène ! S'exclama le barde en se redressant.
Geralt hocha doucement la tête et ferma les yeux. Lui qui était si fatigué, il avait conscience d'avoir la chance qu'il soit là, prêt de lui, mais il avait sommeil et il s'endormit d'un sommeil douloureux.
OoooO
Jaskier, assis sur le bord du lit, grattait distraitement les cordes de son luth tout en observant son ami. Il avait presque l'impression que la peau de Geralt était plus blanche que d'habitude et il ne pouvait pas nier qu'il était inquiet. Comme en réponse à son inquiétude, ce dernier choisit ce moment pour ouvrir les yeux. Il grogna et se redressa sur un coude.
- Eh, qu'est-ce que tu fais ?
- Quelle heure il est ?
- Trop tard pour se lever, j'ai refait ton pansement sans que tu te réveilles, je me suis demandé si tu étais vivant. Tu veux manger ?
Geralt reprit doucement ses esprits et se laissa retomber sur le lit.
- Oui, j'ai faim…
- Ah ! Voilà qui te ressemble mieux, j'ai aussi ça, dit-il en sortant une fiole de vodka.
Le Sorceleur sourit, ce n'était qu'un léger sourire, mais il était sincère… Cela avait du bon d'avoir un ami, il se sentait subitement moins seul, moins inutile… Ce n'était pas aujourd'hui le bon jour pour mourir…
Liste des Défis de l'Enfer de Dante :
Mot du jour : Mot du 10/06/2020 : Souffrance
Couleur du jour : Couleur du 15/08/2020 : Blanc
La fin et le début : Première phrase 43 :"Est-ce un bon jour pour mourir ?" (*Tous nos jours parfaits*, Jennifer Niven)
Les premières fois : La première fois que j'ai un ami
Prompt pas millier : Prompt 145 : « Je ne peux pas te laisser là... » (575)
Alphabet des thèmes : Y : Yeux
