[Bonjour/Bonsoir, voici le chapitre 3 de Diamant Noir ! Je me suis bien amusée en l'écrivant, j'espère qu'il plaira ! Bonne lecture! ]
POV Nayël :
Le vent est en train de se lever, gémissant entre les arbres. Le temps se couvre, la lune a disparue sous une couche de nuages gris. Deux silhouettes marchent l'une derrière l'autre.
Après une courte discussion, la mage avait entraîné l'Irlandais dans les bois, en direction de la maison. La guerre devait commencer dans deux jours. Elle avait voulu invoquer son servant un peu en avance, pour apprendre un tant soit peu à le connaître. Et afin d'élaborer un plan de bataille… Qu'elle allait devoir retravailler, puisqu'elle avait à ses côtés un Caster et non un Saber ou un Berserker !
Cela l'avait réellement désemparée. Puis il était si … direct. Nayël n'était pas du tout habituée à cela. Elle avait pris ses distances avec les gens depuis deux ans. Il n'y avait qu'Alya, une amie d'enfance, à qui elle avait indiqué sa position. Et elle lui avait fait promettre de garder tout cela secret. Ses contacts sociaux étaient donc moindres : La journée, elle travaillait en tant que joaillière dans une petite entreprise de la ville, et deux fois par semaines, son amie lui rendait visite. Rien de plus :
« On est encore loin ? Le servant grommelle, les bras croisés sur son torse. »
Nayël en était venue à se décider de rentrer directement chez elle après l'invocation. Ce rituel, pour elle, a été plus épuisant que prévu. Son corps tout entier quémande du repos. Elle grogne entre ses dents en enjambant le petit ravin qui a failli lui faire perdre le sceau précédemment. Le sang qu'elle a renversé a été absorbé par le sol. Il n'en reste qu'une petite trace sombre sur la terre. Elle tord le cou pour répondre à CùChulainn qui ne la regarde même pas. Celui-là alors ! :
« - On y est presque. Sois un peu patient, tu me casse les orei… »
Elle n'a pas le temps de finir sa phrase : une douleur fulgurante se fait ressentir dans toute sa jambe gauche. Comme un éclair vivace et glacial. Son corps entier se raidit, et sa jambe lâche brutalement, se pliant comme une feuille de papier. Ses yeux s'écarquillent. Et voilà, ça recommence :
« -Ha ! »
Elle voit se sol se rapprocher, puis quelque chose la rattrape et l'empêche de finir la tête dans les orties. Hébétée, la mage cligne des yeux et remarque que le Servant vient de l'attraper par le bras. Il a de très bons reflex. Sourcils froncés, il la laisse s'asseoir et s'accroupit en face d'elle, à quelques centimètres de son visage :
« Gamine, si rien qu'une petite invocation te fatigue … on est dans une sacrée merde, tu sais ? »
La jeune femme ne sait pas où poser les yeux. Un élancement nouveau vient la faire sursauter. Elle regarde sa jambe avec un air coupable :
« - Ce n'est pas une question d'énergie, ne t'inquiète pas. »
Puis elle s'appuie sur lui pour essayer de se relever, sans succès aucun. Elle retombe sur les fesses en fulminant. Il la regarde se dépatouiller, la voit s'énerver, rugir de colère en tapant de sa jambe valide et de ses poings sur le sol. Une fois qu'elle est essoufflée, il se permet de prendre la parole :
« - Calmée ma jolie ? Minaude-t-il
- Absolument pas, avoue-t-elle. »
Une goutte d'eau vient tomber sur le nez de la brunette. Elle l'essuie du revers de sa manche. En réponse à son geste, une averse s'abat sur eux. Nayël voit l'Irlandais remettre sa capuche. Elle fixe le sol, gênée :
« - Dans une guerre et surtout dans ce genre de guerre, continue-t-il, j'ai besoin de connaître tes points forts et tes faiblesses, poupée. Comme tu as besoin de connaître les miens. Enfin, si t'as envie de gagner. »
Silence.
Elle relève un peu la tête, croise son regard, honteuse. D'abord, elle rate son invocation par orgueil car elle a décidé de se fier simplement à son flair. Et maintenant, quelques minutes seulement après son premier échec, sa jambe fait des siennes, devant son Servant. S'il ne la prenait déjà pas au sérieux, que va-t-il penser maintenant ?
Elle pose une main sur son genou. Il a raison, elle le sait. Il doit savoir, sinon tout ça risque de leur porter préjudice. Mais les mots lui écorchent presque la gorge :
« - Hum … J'ai, hum …
- Gamine, je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais il pleut. Et vraisemblablement, l'eau ça mouille.
- Je sais ! Et je ne suis pas une enfant ! »
Un éclair déchire le ciel, la faisant sursauter. Elle est trempée, ses cheveux lui collent au visage. Elle le foudroie du regard : Lui au moins est protégé par sa fichue cape. Et il a beau dire que la pluie l'ennuie, il a plus l'air amusé qu'autre chose. Bon, autant abréger la torture qu'elle inflige à sa langue et à l'intérieur de sa joue, qu'elle mord sous l'agacement :
« - Quand j'utilise trop ma magie, ma jambe ne tient pas. Elle lâche, tout bêtement. On n'a jamais su réellement pourquoi. C'est un véritable mystère. Mais je peux quand même me battre, c'est juste que je ne m'attendais pas à ce que ça me fasse ça maintenant ! elle hausse le menton, croisant les bras sur sa poitrine pour appuyer ses paroles. »
L'esprit héroïque l'observe, de bas en haut. Puis de haut en bas. Elle essaye de rester digne, mais il la trouve aussi crédible qu'un chaton. Un chaton mouillé. Nayël a juste le temps de l'apercevoir lever les yeux au ciel. Puis elle sent son fessier quitter la terre humide :
« -… Hé ? »
Il vient de la soulever comme si elle n'était qu'une poignée de plumes. Et il l'a porte comme si elle n'était rien qu'une enfant ! La mage fulmine dans ses bras en essayant de se débattre, mais rien n'y fait. Il continue de marcher. Elle appuie sur son torse pour essayer de se dégager de son étreinte :
« - Ma foi, on fera avec. De toute façon, le combattant c'est moi. Toi tu me fournis l'énergie nécessaire !
- Pose-moi-par-terre !
- Hors de question, Master ! Tu es trop lente pour moi. Dis-moi plutôt où est-ce que tu crèche, qu'on soit à l'abri de cette fichue pluie ! »
« - C'est ici. Lâche-moi maintenant. Je vais mieux.
- Héé, quel caractère de cochon dans un si joli corps …
- Caster ! »
Il n'a pas cédé une seule fois à ses grognements, jusqu'à arriver devant la maison. Elle a peut-être un mauvais caractère, mais lui, est têtu comme un mulet !
Elle s'échappe de ses bras quand il fait le geste de la déposer. Sa jambe répond de nouveau malgré de petits élancements. Elle peut boiter, ce qui et mieux que rien. Mais elle est trempée jusqu'aux os et épuisée. Beaucoup trop de choses se sont passées, en trop peu de temps. Fouillant dans sa poche, elle réussit à y trouver ses clefs. Déverrouillant la porte, elle s'apprête à rentrer mais le Servant lui passe devant les bras derrière la tête :
« - Hey c'est sympa ici. »
Elle se mord la langue, et pénètre dans la maison à son tour. Dégoulinante, elle s'essore les cheveux sur le pas de la porte et referme cette dernière d'un seul geste. Elle voit l'Irlandais qui se débarrasse de sa cape avant de s'essuyer le visage d'un geste de la main. Il est mouillé, lui aussi. De minuscules flaques se forment autour de leurs deux corps. Les cheveux bleus de son partenaire gouttent sur le plancher. Mais il n'a pas l'air gêné le moins du monde. Au contraire, elle le voit faire le tour des pièces avec tranquillité. La jeune femme grogne dans sa barbe en se traînant jusqu'à la salle de bain. Si elle avait su elle l'aurait invoqué le jour J ! Elle se plante devant lui, en lui tendant une grosse serviette et un tas de vêtements pour homme. Il les prend et se met à rire en s'essuyant les cheveux.
« Ils les a plus longs que moi, ma parole …, pense-t-elle en le détaillant.
- Qu'est-ce que tu fais avec ce genre d'affaires chez toi ? Tu m'as l'air de vivre seule, pouffe l'Irlandais en se redressant.
- J'avais prévu le coup… Changes-toi, tu vas abîmer le plancher, moi je vais me laver. »
POV CuChulainn :
Le Servant regarde sa jeune Master boitiller jusqu'à la salle de bain. Il l'entend jurer en fermant la porte de la pièce d'eau. Quelle drôle de femme ! Elle réagit au quart de tour, pour absolument tout et rien. Néanmoins, CuChulainn décide de ne pas se laisser avoir par sa personnalité de feu. D'ailleurs, ça ne lui déplaît pas : Elle a du caractère, elle en aura besoin lorsque les choses deviendront sérieuses. Puis il sent qu'il va avoir matière à la taquiner.
Il entend l'eau couler.
Elle a du caractère, mais il sent qu'elle cache quelque chose de sombre en elle.
Il l'a vu dans ses yeux gris.
Néanmoins, ce n'est pas son affaire. Il préfère détailler le tas d'habits qu'elle lui a donné et qu'il a posé sur la table du salon : Le nécessaire pour passer inaperçu dans la ville, suppose-t-il. Il pioche un pantalon noir et pull gris sur la pile, qu'il enfile après avoir dématérialisée sa propre tenue. La pudeur n'a jamais été son fort. Apparemment cette fois, les calculs de la jeune femme se sont révélés juste : Tout lui va. Une fois vêtu, il décide de regarder un peu plus en détails autour de lui. La cuisine est ouverte sur le salon qui ne contient que très peu de meubles. Un grand canapé, une table basse, quelques étagères et une commode. Il y a aussi une petite bibliothèque. La cheminée attire immédiatement son attention : Le feu y flamboie gaiement. Il s'en approche et s'assied devant. Ses iris rouges se plongent dans les flammes. Il les observe danser et ronger le bois en silence. Il profite de la chaleur du foyer.
Cette fille, si elle avait utilisé un catalyseur, il aurait pu être invoqué sous sa forme de lancier. Quelle galère ! Être invoqué en Caster … les batailles n'allaient pas être aussi vives qu'elles le devraient. Il n'a ni sa lance, ni d'armure, ni sa pleine force physique. Simplement ses runes, et son bâton. Ah oui et une cape en cuir. Il ne veut pas l'avouer de vive voix, mais cette situation l'agace autant qu'elle ennuie Nayël. Mais ils vont devoir faire avec. Avec ça et la jambe blessée de son invocatrice. Cela aussi, c'est embêtant. Ils partaient sur des bases fragiles. Mais CuChulainn n'était pas du genre à se prendre la tête sur des détails de la sorte !
Il relève la tête lorsque la mage sort de la salle de bain. Elle a attaché ses cheveux humides et a enfilée une tenue plus confortable. A présent qu'il la voit dévêtue de sa grosse veste, il la trouve vraiment minuscule. Il doit faire un effort pour ne pas sourire quand elle lui passe devant. Une odeur vanillée de shampoing lui remonte jusqu'aux narines. Il se penche en arrière en prenant appui sur ses bras pour l'observer :
« - Quel est ton plan, Master ? »
Elle tressaille, ne s'attendant sûrement pas à ce qu'il lui parle. Penchée dans le frigidaire, elle en sort deux sandwichs et une bouteille d'eau. L'Irlandais penche la tête avec curiosité. Il l'observe déballer un des sandwichs du bout des doigts. Alors qu'elle croque dans le pain, elle lui tend le second :
« - Ha, c'est me prendre par les sentiments ça … Je n'ai pas le droit de refuser lorsqu'on me propose de partager le couvert. »
Il se redresse avec paresse, se dirigeant jusqu'à elle. La mage se laisse tomber sur un tabouret en mâchant, lorsqu'il a pris le sandwich. Il est amusé, elle doit savoir que les Servants n'ont pas besoin de manger, boire ou dormir, non ? :
« - Ça m'aurait gênée de manger toute seule et devant toi…, avoue-t-elle en réponse à sa question silencieuse. »
Il pouffe, arrachant un morceau d'un coup de crocs. Elle est bien étrange, cette jeune femme, elle le considère comme un homme Vivant ? … Mais au fond, ça lui fait plaisir. Même s'il n'a pas de besoins physiologiques de ce genre :
« - Je pensais te faire faire le tour de la ville demain. C'est ici que la guerre va se passer. Alors…
- Tu veux me faire repérer les environs, c'est ça ? »
Elle hoche la tête, en signe d'affirmation. Puis elle se relève une fois qu'elle a fini de manger. Lui, il est resté debout, appuyé sur le bar. Il a avalé sa part en quelques bouchées. Maintenant, il se contente de regarder un peu partout. Jusqu'à ce que son regard se fige sur un paquet de forme cubique derrière Nayël :
« - Une petite minute …, murmure-t-il en s'approchant. »
La jeune femme avale de travers sa gorgée d'eau lorsqu'il la frôle pour attraper ce qu'il veut derrière elle. Un éclat de rire accompagne son geste. Il tend sa trouvaille devant lui avec un air triomphant :
« - Hé ! Des clopes !
- Ha ! Pas touche ! Il faut que je les jette. C'est Alya, une amie, elle a décidé d'arrêter et les as laissé ici … mais j'ai oublié de les mettre à la poubelle…. Qu'est-ce que tu fabriques ? Caster ! »
Il ne l'écoute presque pas, lorsqu'il se retourne vers elle, il a une cigarette aux coins des lèvres. Sans cesser de la fixer, il trace devant lui une rune. En approche la cigarette dont l'embout s'enflamme à son contact et inspire une grande bouffée. Nayël s'est levée d'un bond, elle est devant lui, les poings sur les hanches :
« - Ce n'est pas bon pour la santé. Donne-moi ça !
- Théoriquement si tu as réussi à m'invoquer en tant qu'esprit, c'est que les cigarettes n'ont pas eu le temps de me tuer, quelque chose d'autre l'a fait, raille-t-il.
- Evidemment, ça n'existait pas à ton épo- … Donne … aller ! C'est dangereux ! gémit-t-elle en essayant d'attraper le paquet.
- C'est d'être aussi psychorigide, qui est dangereux, poupée ! »
Elle est beaucoup trop petite pour attraper le paquet. Il le remue devant elle, juste assez haut pour qu'elle doive se hisser sur la pointe des pieds et qu'elle ne puisse pas l'atteindre. De l'autre main, il tient la cigarette qu'il vient d'allumer et se met à rire :
« - Il fallait manger plus de soupe, mademoiselle !
- Ha ! Espèce de … »
Elle le contourne, et le force à se diriger vers la fenêtre du salon en le poussant dans le dos :
« - Expulse au moins ton poison dehors ! Je déteste l'odeur de cette chose ! gémie-t-elle tout en lui ouvrant la vitre. »
Il pouffe, et se retourne vers elle. Elle a les joues rouges de colère. Il ne peut pas résister. CuChulainn se penche après avoir repris une bouffée. Il lui expulse la fumée au visage avec un air satisfait en la voyant tousser, les larmes aux yeux. Nayël recule en lui lançant un mauvais regard, ce qui l'amuse encore plus. Puis, il la voit battre en retraite dans la salle de bain. Elle le traite de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables. Riant, il fourre le paquet dans sa poche, et s'appuie sur le rebord de la fenêtre pour faire comme elle lui a demandé. Pour leurs premières poignées d'heures ensembles, il vient de lui en faire voir de toutes les couleurs.
« - Je m'excuserais peut-être plus tard, si elle est moins arrogante » se dit-il en fixant le ciel sombre et en se laissant bercer par le son de la pluie battante.
[N'oubliez pas de me dire ce que vous en pensez, ça fait toujours plaisir ! A la prochaine ! ]
