( Helloooo ! Voici le chapitre 6 de Diamant Noir.
J'ai mis énormément de temps à le sortir et je m'en excuse. J'ai eu beaucoup de choses à faire d'un seul coup. J'espère néanmoins qu'il vous plaira ! Bonne lecture ! )


POV Nayëlle :

Son corps percute une vitre. Le verre, loin de se briser, se fendille sous le choc. De minuscules ridules translucides le parcoure dans un craquement lugubre, tandis que Nayëlle retombe lourdement sur le sol.

Elle a esquivé, sans savoir par quel moyen. Ses jambes se sont fléchies et elle a bondit, comme un félin. Mais l'onde de puissance de la balle sur la terre l'a repoussée elle et les objets alentours. La jeune femme se redresse sur un coude, tremblante. Quelque chose de chaud lui coule sur le front. Portant la main à son crâne, elle comprend que c'est du sang. Essuyant l'hémoglobine d'un revers du bras, elle se relève en se tenant au mur. Son agresseur est en train de se tordre de rire à quelques mètres d'elle, son arme toujours en main. Il daigne finalement lui accorder un peu d'attention tout en la visant de nouveau :

« - Tu as l'air étonnée ? Ça ne te plait pas ? Je te surveille depuis ce matin ! Le sceau de téléportation t'a plu ?! Je l'ai posé dans la soirée ! Tu vois bien que tu n'as pas l'avantage ! Ça ne sera pas douloureux ! Laisse-toi donc faire, petite fille

Tout en parlant, il tire. Nayëlle ne se laisse pas avoir comme la fois précédente, elle se jette au sol, quelques mètres plus loin. La balle se fiche là où elle se trouvait précédemment, ravageant tout sur son passage.

« C'est un objet magique, pense-t-elle en lui faisant face à nouveau. »

Elle cherche du regard, quelconque indice sur l'identité de l'homme. Finalement son attention se porte sur le blason qu'il porte sur la poche de sa chemise : une cigogne. Elle est certaine d'avoir vu ce symbole quelque part.

Nouveau tir. Elle esquive, maladroitement, et voltige jusqu'à la porte du manoir qu'elle enfonce presque dans son élan. Gémissante, elle titube en se remettant debout et se retrouve nez à nez avec … Une cigogne. Le blason est peint en doré sur le bois de la porte.

Maintenant, elle sait à qui elle a affaire. Un fichu noble, arrogant.

Elle se tourne vers lui, les pupilles rétrécies sous la colère, d'avoir été prise pour cible, si lâchement :

« - Ne crois-pas que je vais te laisser me tuer si facilement !
- Hahaha ! C'est ce que nous allons voir ! Danse pour moi, petite ! Danse pour Oscar DelaRoux ! »

Elle plisse les yeux en l'observant. Il est arrogant et hautain.

Il s'apprête à tirer ! Mais Nayëlle a les idées un peu plus claires dorénavant : Une arme à distance, des sceaux de téléportations. Il doit être faible au corps à corps.

Le fait qu'il se soit présenté en déclinant son identité est pour Nayëlle une preuve suffisante : Il veut se battre jusqu'à ce que l'un d'eux meurt.

Malgré l'arme pointée sur elle, la mage fonce sur lui. Comme auparavant, des reflets noirs serpentent sur ses bras, se modelant telles deux lames. Sans aucun reflet. Elle n'esquive pas le tir, parant le coup en croisant les bras. La balle se brise en même temps que les deux armes albâtres qu'elle tient fermement dans ses mains. Ces dernières produisent un son strident en se cassant. De minuscules morceaux de plomb et de l'étrange matière noire sont envoyés dans l'air autour de Nayëlle, lui écorchant les bras. Le propriétaire du manoir s'étrangle de surprise. La mage est sonnée. Elle a beau avoir réussi à évincer l'attaque, le choc n'est pas moindre.

Soudain, une explosion fait écho, quelques mètres plus loin, dans le bois. Le cœur de Nayëlle saute un battement :

« - Caster … ? »

Une vague de chaleur rapportée par le vent inonde alors les alentours. Une odeur de verdure qui brûle parvient jusqu'aux narines de la mage. Elle est complètement paralysée.

Pourquoi cette offensive ? Pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi contre elle ? Elle réfléchit à plein régime.

Quelque chose la percute au ventre. L'homme a profité de son absence pour s'approcher et lui asséner un coup de poing dans l'estomac. Nayëlle pousse un cri de douleur, tombant à genoux. Elle doit se reprendre très vite pour esquiver un coup de pieds.

Roulant au sol, elle se rend compte qu'elle s'est trompée sur le compte de son adversaire : Il se débrouille aussi en combat rapproché.

Mince.

Elle n'a pas le droit de mourir maintenant. Et certainement pas de la main d'un type pareil !

Qui plus est, son Servant se bat, quelques mètres plus loin, elle en est certaine. Elle ne peut pas le laisser seul.

Alors, elle se redresse. Une impétueuse flamme dans les yeux.

Puis elle plaque les mains au sol.

Un grondement fait vrombir la terre. Une arrête sombre éventre le gazon, se dirigeant sur le noble qui fait quelques pas en arrière, étonné. Nayëlle en profite, elle se met à courir en sa direction avec furie. Deux lames réapparaissent dans ses mains. D'un bond, elle s'approche de son adversaire. Son bras droit taille l'air, vivement devant son visage. Elle arrive à le toucher. Il se recule en hurlant, portant la main à sa joue. Une hachure sanguinolente la traverse de part en part :

« - Sale merdeuse ! Qu'est-ce que c'est ce bordel ?! »

La mage le fixe avec un poil d'arrogance. Elle se prépare à lancer une deuxième offensive. En quelques secondes, elle est de nouveau à côté de lui. Sa jambe droite la propulse dans les airs. Se tordant tel un chat, elle le frappe de son pied gauche, dans les côtes. De son genou à ses orteils, une pellicule sombre recouvre sa peau et ses habits. L'homme est repoussé et c'est à son tour de mordre la poussière. Il se relève, sa lèvre inférieure en sang. Puis il la pointe du doigt :

« - C'est quoi cette magie ? Petite peste ! Tu vas me répondre ?! »

Un sourire acide tord les lèvres de Nayëlle. Elle se met à courir en sa direction Pas question de lui laisser un temps de répit. Elle entend le vacarme de la bataille qui se déroule plus loin : Le temps presse et son Servant a sûrement besoin de Mana ! Elle doit finir sa besogne le plus vite possible :

« - Je suis Nayëlle O'Neill et je suis une élémentaliste. Et tu vas goûter de plus près à ma magie ! »

Lorsqu'elle est à quelques centimètres de lui, elle remarque qu'il sourit. Sous le pied de la jeune femme une plaque jaune et brillante se dessine. Nayëlle comprend soudainement.

L'éliminer, vite !

Elle ne fait que trancher le vide. Une gerbe de lumière l'entoure et elle est projetée dans les airs.


POV CUCHULAINN

Au fond, ce qu'il est en train de se passer ne l'étonne guère. Ils se sont jetés là-dedans après tout.

Contrairement à Nayëlle, l'Irlandais a tout de suite compris de quoi il s'agissait. Il s'est instinctivement protégé, sous une carapace de bois, jusqu'à ce que la terre ne cesse de vrombir. Lorsque le calme s'est enfin rétabli, Caster s'extirpe de sa protection avec méfiance et précaution. Son bâton est apparu dans sa main immédiatement lorsqu'il a vu le flash de lumière. A présent, ses deux iris rouges balayent le paysage devant lui, évaluant froidement la situation Le panorama a changé du tout au tout. L'Esprit se situe à présent sur une plaine rocheuse, tranchée par une haie naturelle de conifères. Avec un peu de recul, il se rend compte qu'il surplombe la ville et la petite maison Nayëlle.

Sans aucune surprise, il comprend très vite où il est.
Son visage prend un air ennuyé lorsqu'il remarque que sa master n'est plus à ses côtés :

« - Bah voyons … Evidemment, soupire-t-il »

Puis, il se retourne brutalement, bâton en travers de son propre corps. L'onde de choc le fait reculer de quelques pas et il serre les dents. En face de lui, surgissant des ombres des taillis, un homme. Plutôt grand sans vraiment être impressionnant il semble être fait d'ectoplasme sous la lumière de la nuit. Ses cheveux blancs ébouriffés laissent entrevoir deux globes bleus, glacés. Dans ses mains, une lame gigantesque semblable à une guillotine. CuChulainn sait qu'il a à faire à un Servant. Aucun doute là-dessus.

Caster savait pertinemment qu'une attaque surprise de ce genre lui était destinée. Sinon, pourquoi le séparer de Nayëlle ?

« - Parce qu'ils veulent éliminer la gamine et me retenir ici jusqu'à ce que le boulot soit fait …, pense-t-il »

Un mauvais sourire teinté d'agacement ourle ses lèvres. Il se concentre sur son adversaire, faisant danser son bâton du bout de ses doigts. En position de défense, il s'adresse à l'homme en face de lui :

« - Bien joué, le coup des téléporteurs. Malheureusement toi et ton Master êtes tombés sur deux durs à cuire.

Aucune réponse. Le servant aux cheveux de neige se redresse, pointant la lame de son étrange arme en direction du torse du Caster :

« - J'ai de la chance, dit-il enfin, Je suis face à Caster. C'est un peu, comme si j'avais déjà gagné. Enchanté, je suis le Servant de la classe Assassin et je suis venu t'exécuter. »

L'Irlandais ne peut empêcher un rire sec de sortir de sa gorge. Ses lèvres s'ourlent sur ses canines. Il sait d'ores et déjà qu'il n'aime pas ce drôle de personnage, juché sur ses grands chevaux. Les hommes comme lui ne sont ni honorables, ni dignes d'être combattu. Pourtant, il n'a pas le choix, il va se frayer un chemin jusqu'à Nayëlle :

« - Tch, ne crois pas que je sois un mage de pacotille. Tu vas regretter tes paroles ! Aller, en garde, Assassin. »

Sans autre avertissement, il trace avec rapidité deux runes devant lui. Deux gerbes enflammées sont alors propulsées sur Assassin, qui esquive agilement en se jetant sur lui, espadon levé.

L'Irlandais a décidé d'apparenter cette étrange lame à un espadon. Il ne voit pas ce que cela pourrait être d'autre. Une guillotine miniaturisée ? Trop long à prononcer.

Il esquive l'attaque en fente, d'un salto agile. L'arme s'écrase sur le sol dans un bruit infernal, fendillant la terre. Eclaboussé de poussière, l'Irlandais bondit à son tour. Son bâton s'est paré de flammes. Pendant quelques instants s'ensuit une série de parades, de coups, d'esquives. Le bâton tournoie agilement dans les mains de Caster, telle une lance. Il a beau être privé de ses armes favorites, un guerrier reste un guerrier. Et il a décidé de s'accommoder de son nouvel attirail du mieux qu'il le peut. Néanmoins, Assassin n'en démord pas. Il manie habilement son arme gigantesque comme si elle ne pesait presque rien.

Les yeux rétrécis sous l'excitation de la bataille, CuChulainn accorde un sourire à son adversaire avant de se reculer d'un bond. Il a besoin de reprendre son souffle. Lorsqu'il est invoqué dans cette classe, il n'est pas aussi endurant qu'il ne le souhaite.

Néanmoins, l'Assassin ne semble pas importuné par la fatigue. Il fonce sur lui, sans état d'âme. L'Irlandais se contente d'esquiver tout en dématérialisant son arme. La lame lui frôle le visage, entaillant sa joue. Une gerbe de sang éclabousse le gravier. La brûlure liée à sa blessure le fait jurer entre ses dents. Aveuglé par le sang qui a été projeté dans ses yeux, il trace des runes devant lui pour contrer la prochaine attaque et forcer l'Assassin à reculer. Une multitude de boules de feu orangées sont projetée sur lui. Au grognement de surprise teinté de douleur qu'il perçoit au milieu de l'escarbille, il comprend qu'il a touché son ennemi.

Crachant le sang qui coule dans sa bouche, Caster se redresse, s'armant une nouvelle fois. Il saute par-dessus les flammes s'en crainte et d'un mouvement latéral, frappe de son bâton dans l'estomac de l'Assassin. Ce dernier est alors envoyé à quelques mètres de là, contre un des pins de la haie. L'arbre craque sous le choc mais tient bon. L'homme se redresse, fusillant le druide du regard. CuChulainn le voit s'appuyer contre le tronc pour se relever et se contente de ricaner en levant les bras au ciel :

« - Je te l'avais dit ; je ne suis pas n'importe quel … »

Il est interrompu au beau milieu de sa phrase lorsque quelque chose lui tombe dessus. Tombant sur les fesses, il jure tout haut en regardant ses jambes pour voir ce qui peut peser si lourd. L'un de ses sourcils s'arque sous la surprise :

« - Hé bien Master … Oulah ! »

Il ne laisse pas le temps à Nayëlle de reprendre ses esprits, la jetant quelques mètres plus loin tout en bondissant lui-même de l'autre côté. Un trou de quelques centimètres de profondeur orne l'endroit où ils se trouvaient, trois minuscules secondes auparavant. L'Esprit Héroïque voit sa Master qui se redresse en gémissant, titubant tant bien que mal. Elle est vraisemblablement blessée et un peu sonnée :

« - Regarde devant toi.
- Hé ? »

Il a juste l'occasion de parer. L'Assassin a profité de son inattention pour l'attaquer. Cette fois, le coup fait valser Caster, qui atterri avec rudesse au milieu des cailloux. Il se relève en jurant. Son agresseur ne lui laisse aucun répit, jouant de son arme avec finesse. Il parvient une nouvelle fois à l'entailler, au bras, mais le druide réussit à lui porter un coup brutal à la mâchoire, en guise de représailles. Il se délecte avec rancune du craquement produit par l'os lorsque le bâton entre en contact avec. Caster parvient à retourner suffisamment la situation pour se reculer en quelques bonds.

Par deux fois ses doigts frôlent le sol mais l'Assassin n'y prête pas attention. Il semble bien trop occupé à vouloir le hacher menu ou à le décapiter.

Le bruit d'un pistolet résonne en arrière-plan de son combat. Les balles font siffler l'air à chaque tir. Du coin de l'œil, CuChulainn aperçoit Nayëlle en train de zigzaguer comme un animal affolé entre les salves. Il aimerait pouvoir la rejoindre, mais cela lui semble compliqué.

Il décide de profiter que l'Assassin soit à demi-assommé pour agir.

Alors il se penche au sol, plaquant sa main gauche sur la terre. Jaillissant du sol, deux racines serpentent sur la roche jusqu'à agripper la jeune femme par la cheville. Il l'entend crier de surprise lorsqu'elle est projetée dans les airs. Le tout en approximativement deux secondes. Il la réceptionne dans ses bras comme un bagage et soutient ses deux grands yeux qui brûlent de colère, avec un sourire charmeur :

« - Ne me regarde pas comme ça poupée, tu vas me donner chaud.
- La ferme imbécile ! Je viens de me faire envoyer par-dessus terre approximativement quatre fois en dix minutes ! Je ressemble à un cerf-volant peut-être ?! Je vais ... »

Lorsqu'il aperçoit le Master d'Assassin, son arme pointée sur eux, il n'hésite pas une seconde. La jeune femme sous un bras, il se penche, chassant l'air de sa main valide :

« - Eihwaz ! »

Sous les yeux médusés de Nayëlle, la balle s'enflamme et disparaît en quelques secondes. Elle tord le cou pour le regarder, bouche entrouverte. Il la remet sur ses jambes et lui tente de lui poser une main sur le crâne. Sauf qu'il n'en a pas le temps. Elle se faufile d'entre ses bras, une main en avant. Un bloc sombre d'une vingtaine de centimètre d'épaisseur surgit devant elle. CuChulainn aperçoit l'éclair argenté de la lame de l'Assassin, à quelques centimètres d'eux, fichée dans l'étrange magie solide de Nayëlle. C'est à lui de s'étonner à présent. Elle vient de contrer, non sans peine, l'attaque furtive du Servant ennemi. Le bloc se fissure, puis tombe en morceaux. Essoufflée, la mage recule de quelques pas, butant contre la poitrine de Caster qui la retient par l'épaule pour l'empêcher de tomber. Quelques secondes suffisent au druide pour les protéger lui et Nayëlle d'un dôme de bois. Ce dernier subissant les assauts de leurs ennemis. Il ne tiendra pas longtemps.

CuChulainn sent que Nayëlle s'accroche à lui, avant de tomber au sol, à bout de force. Il s'accroupit pour la regarder :

« - Ecoute, j'ai un plan, mais il va falloir que tu me fasses confiance, chuchote-il.
- Ma jambe, elle ne tiendra pas plus.
- Je n'ai pas besoin de ta jambe. Je n'ai même pas besoin que tu cours. Fais juste ce que je te dis, d'accord ? »


POV Nayëlle

Le visage de la jeune femme est devenu pâle, au fil des explications de Caster. Elle s'essuie les yeux en reniflant, septique :

« - C'est de la folie. Je vais me faire tuer.
- On va y passer si on ne fait rien, autant jouer le tout pour le tout, Master. »

Elle se plonge quelques secondes dans les yeux de son Servant, comme pour s'accorder une réflexion. Il a l'air sérieux. Il arbore un air qu'elle ne lui connait pas, extrêmement intelligent et vif. Elle remarque la joue entaillée de l'Esprit Héroïque et rougit de honte : Elle n'a presque plus de MANA, il ne peut même pas guérir de sa blessure. Qui plus est, la protection de bois va se briser d'un moment à l'autre Nayëlle aperçoit déjà des craquelures serties d'étoiles au-dessus d'eux.

Il a entièrement raison. Ils doivent agir. Il doit percevoir qu'elle s'abandonne à son plan car il lui tend la main pour l'aider à se relever. Elle s'en saisit, serrant les dents en se remettant debout. Il lui sourit avant de se dématérialiser :

« - C'est parti ! »

Le dôme de bois disparaît brutalement dans un bruit sonore, s'éparpillant en mille morceaux sur le sol, cela force le Servant adverse à reculer de quelques mètres. Son Master pointe son arme sur elle, avec un rire gras :

« - Tu as bien dansé, petite ! Je te trouve bien coriace ! Mais tu ne sembles plus en état de faire quoi que ce soit à présent. Tu n'as même pas assez d'énergie pour garder ton Servant parmi nous ! Mais c'est une guerre et j'en serais le vainqueur. Aller Assassin, finissons-en. »

Nayëlle voit l'homme aux cheveux blancs s'avancer vers elle. Le cœur aux bords des lèvres, elle doit faire un effort gigantesque pour ne pas reculer. Il a dans les yeux, une noirceur profonde et gluante, pareille à celle des marées noires qui empoisonnent les mers.

Attendre, attendre est le maître mot. Attendre qu'il soit proche.

Comme l'avait prévu Caster, l'arrogance de DelaRoux l'empêche d'être un tant soit peu prudent.

« - C'est peut-être une guerre, mais tu as été bien lâche, gronde-t-elle à l'attention du mage ennemi. »

Ce dernier éclate de rire, mais ne répond pas.

Assassin est à présent à quelques centimètres d'elle. Son arme démesurée, levée vers le ciel. Nayëlle voit la lune se refléter dans le métal. Sa gorge se serre d'angoisse.

« Meurs. »

Ses paroles sont le déclic tant attendu par la jeune femme. Elle recule d'un pas, un seul. Comme prévu, sa jambe blessée ne supporte plus son poids et se dérobe sous elle :

« Caster, maintenant ! »

Une rune, tracée au sol précédemment par l'Irlandais, s'illumine sous les pieds de l'Assassin, qui met beaucoup trop de temps à réaliser ce qu'il se passe. Le feu jaillit, à quelques centimètres de Nayëlle, frappant de plein fouet l'homme qui s'apprêtait à la tuer.

La mage sent ses cheveux roussir et ses yeux pleurer à cause de la chaleur. Elle voit le Servant se tordre de douleur. Puis tout se passe très vite. Caster réapparaît, un sourire victorieux sur les lèvres. Armé, il frappe Assassin de plein fouet et de toutes ses forces. L'Esprit est projeté sur son Master qui pousse un cri de douleur et de surprise. Nayëlle n'attend pas : Les deux mains sur la terre et dans les cailloux, elle puise dans ses dernières réserves. Sa magie se modèle autour de leurs ennemis, sous la forme d'un cube entièrement clos. Il y a seulement une petite ouverture, en face d'eux, comme le voulait Caster.

Des vertiges la saisissent mais elle tient bon. Elle sent des gouttes de sueurs perler le long de sa colonne vertébrale.

Une main se pose sur son épaule. Elle lève la tête et voit son Servant lui sourire. Il n'arrêtera donc jamais de faire l'imbécile ?

« -Dépêche-toi.
- Tais-toi et admire. »

Il s'avance de quelques pas, plantant son bâton dans la terre. Le sol tremble autour d'eux. Soudain, il chasse l'air d'un geste de la main et Nayëlle aperçoit des runes scintillantes naître sous ses doigts.

DeLaRoux s'est redressé, Assassin aussi. Mais il est déjà trop tard.

Une gerbe enflammée, semblable à celle des rêves de Nayëlle, est projetée dans le cube, sur leurs ennemis. La puissance de l'attaque est telle, que la matière noire explose en millier de morceaux. Le faisceau de flammes éclaire les alentours pendant quelques secondes tandis que des cris de douleur fusent dans la nuit.

Nayëlle, les yeux grands ouverts, ne peut qu'admirer et craindre. Elle voit les corps se contorsionner dans le feu ardent, pareils à deux petites brindilles de pailles dans une cheminée. Son cœur bat la chamade tandis qu'elle fixe la silhouette de Caster.

Il est dangereux. Puissant et intelligent. Même s'il a été invoqué dans cette classe, il reste le héros d'Ulster.

Finalement les flammes s'éteignent, en même temps que les hurlements. Il n'y a plus rien : ni cube, ni corps. Il ne reste que des cendres et le silence, à nouveau.

La mage cherche quelconque trace d'énergie magique ennemie, mais il n'y a plus rien. Juste Caster, elle et la nuit.

Elle comprend alors qu'ils viennent de gagner ce combat.

Et qu'elle vient de tuer pour la première fois de sa vie.

Son estomac se retourne pendant quelques secondes. Elle est saisie de torpeur et hyper-ventile. Ses mains, plaquées sur la poitrine, elle essaye de respirer convenablement. Il faut qu'elle se reprenne. C'est une guerre, ces hommes voulaient et allaient la tuer également. Elle s'est défendue. Ses bras sont écorchés, ses genoux aussi, elle a failli mourir :

« - On a réussi Master ! Tu vois que je ne suis pas si idiot que j'en ai l'air ! Je savais que ça marcherait ! Bon on a eu du bol, j'avoue mais- Héé, poupée, ça ne va pas ? »

Caster s'agenouille en face d'elle. Il la force à relever le menton. Elle sent que des larmes lui coulent sur les joues, mais n'a pas la force de les essuyer. Son Servant prend son visage en coupe, l'examinant sous tous les angles. Une lueur semble passer dans ses yeux. Il attire son petit corps contre le sien, l'enlaçant en lui donnant une tape dans le dos :

« - Là, là, c'est fini mam'zelle. Ça fait toujours un choc, la première fois. Mais je suis là et on s'en sort plutôt pas mal. C'était presque catastrophique ! »

Elle opine du chef contre lui. Elle ne bouge pas pendant quelques secondes, profitant de la chaleur réconfortante du corps du Servant. Il a beau être un esprit, il est plein de vie. Elle entend son cœur battre calmement dans sa poitrine. Les yeux clos, elle attend que la tempête dans sa tête passe. Puis se recule maladroitement en s'essuyant les joues, poings serrés. Assise, elle darde sur lui un regard qui se veut moqueur malgré les larmes qui embuent ses yeux :

« - Tu n'es pas trop inutile, pour un Caster.
- Petite peste, dommage que ta langue ne subisse pas les aléas de ta magie, comme ta jambe !
- Je ne te permet pas ! »

Elle remarque qu'il regarde autour d'eux, jusqu'à se relever. Il s'éloigne de quelques mètres et revient avec quelque chose dans les mains :

« - Nous n'avons pas eu l'occasion de terminer notre conversation, toute à l'heure. J'aimerais bien savoir ce que c'est. »

Il lui agite un morceau de matière noire sous le nez. La jeune femme renifle, l'observant avec un demi-sourire. Il n'a pas perdu le nord celui-là… Elle replie ses jambes contre sa poitrine en toussant :

« - Du diamant noir. Je suis une élémentaliste. »

CuChulainn écarquille brièvement les yeux avant d'éclater de rire. Il lâche le morceau de roche pour s'emparer de sa Master. Elle n'a pas la force de se débattre et abandonne d'ailleurs rapidement : Elle ne peut pas marcher de toute façon.

« - Du diamant noir ?! Et bien dit-donc … ! Voilà quelque chose d'intéressant. Nous allons faire de grandes choses, toi et moi. Mais avant, allons profiter des premiers rayons du soleil. Je crois qu'on le mérite. »