( Hum ... Sorry. J'ai mis 1000 ans à poster des chapitres sur cette plateforme. XD Je suis aussi sur Wattpad donc bon ! Pour me faire pardonner, j'en poste deux de suite ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ; bonne lectuuure ! )

CuChulainn

Bien qu'épuisée et tenant à peine sur ses jambes, la mage insiste pendant de nombreuses minutes pour marcher sans aide. Ils sont en train de descendre un petit chemin de bitume mêlé à de la terre. L'Esprit héroïque décide cependant de l'aider à avancer, la soutenant en l'attrapant par la taille.

Apparemment, le sentier est encore en construction. Cela ne déplaît pas au duo ; la route n'est pas éclairée, si ce n'est par le reflet de l'aube et ils n'ont pas vu passer de voiture pour le moment.

De toute manière, personne ne s'arrêtera, vu leur état respectif : Caster, bien qu'ayant repris son apparence moderne (tee-shirt gris et pantalon noir), ne cesse d'essuyer la plaie sur sa joue. Son bras est bandé ; Nayëlle a insisté pour lui faire un pansement avec un morceau de son propre tee-shirt. Pleine de terre, elle a les bras bardés d'écorchures et une lèvre ouverte. Et, ils sont tous les deux pleins de poussière.

La mage soupire doucement. Elle se tortille faiblement pour échapper à l'étreinte d'aide de Caster qui l'ignore une poignée de minutes. Finalement le servant cède à ses caprices, la relâchant avec précaution. Il l'observe tandis qu'elle tente, doucement, de se déplacer sans trébucher.

Au bout de quelques mètres, son corps cesse de lutter et elle chute à genoux. Caster remarque la chair de poule qui parcoure l'épiderme albâtre de sa Master. Elle souffre silencieusement, les lèvres pincées. Il s'est arrêté, à côté de Nayëlle et lui pose une main sur l'épaule :

« - Laisse-moi te porter Master, on ne va jamais rentrer sinon. »

Elle ne répond pas tout de suite mais il l'entend renifler, hargneuse.

Elle semble agacée de sa condition physique, ce qu'il peut comprendre. Néanmoins, bien que plutôt fragile, elle s'avère féroce et vive. Et surtout, elle lui a fait confiance quand il le lui a demandé.

Elle avait placé sa vie entre les mains de l'Irlandais alors que leur plan était loin d'être parfait ; compter sur l'ego surdimensionné de leurs ennemis aurait pu les conduire à l'échec et à une mort certaine. Mais ils étaient bien vivaces l'un et l'autre (La langue bien pendue de Nayëlle l'avait prouvé à plusieurs reprises, tantôt.) Ils avaient encore la tête sur les épaules malgré les promesses de décapitation promulguées par Assassin.

Caster se penche, malgré le silence de la jeune femme. Il lui tend les bras avec un sourire moqueur :

« - Allons bon Mam'zelle, tu veux rater le petit déjeuner ?
- Je suis pitoyable, grommelle-t-elle en guise de réponse. »

Il lève les yeux au ciel, puis se laisse tomber sur les fesses, en face d'elle. Les bras croisés sur son torse large, il se contente de la fixer. Elle se borne à regarder le sol, les cheveux dans les yeux :

« -Pour le moment tu n'es pas pitoyable... Par contre, si je te transporte comme un sac de pommes de terre, parce que ça sera la seule façon de te décrocher du sol, ton image personnelle risque d'en être grandement affectée !
- Espèce de... »

Dans un sursaut de colère, elle s'est redressée et le pointe d'un doigt tremblant, pleine de rage. Debout, sur ses jambes affaiblies, elle lui rappelle ces poupées de chiffon qu'avaient les petites filles à une certaine époque.

Il ne se relève pas tout de suite, préférant lui servir un regard moqueur et un sourire taquin, le visage appuyé dans le creux de sa main. Puis, il a vite fait de se mettre debout, lorsqu'il voit sa Master tituber et faire un tour sur elle-même, avant de basculer dangereusement en arrière.

En pouffant, il la récupère avant qu'elle ne morde la poussière, l'agrippant par le poignet, il plaque une de ses mains contre le dos menu de Nayëlle. Il sent les os fins de ses vertèbres sous ses doigts lorsqu'il l'attire contre lui. A demie-couchée sur son bras, elle n'ose plus bouger, ni même respirer. Elle se contente de le scruter, les yeux brillants de fatigue et d'agacement.

Le Servant, véritablement amusé de sa réaction décide de la taquiner encore un peu :

« - Dis-moi, Master, tu boudes encore à cause de ce que j'ai dit sur Alya ?
- Mais de quoi tu parles enfin ? J'ai autre chose à faire que de « bouder » pour le moment. Et puis, lâche-moi ! Qu'est-ce donc, que ces manières de vaurien ?!
- Je suis un vaurien ?
- Absolument !
- Je vois ... »

Le silence qui ponctue la fin de sa phrase laisse Nayëlle pétrifiée. Elle écarquille les yeux, certaine qu'il a une idée derrière la tête. Malgré sa fatigue, elle se tend et l'attrape par le bras :

« - A... Attention à toi... Caster. »

Sans se départir de son air joueur, l'Irlandais penche son visage sur celui de la brunette avant de lui déposer un baiser sur le bout du nez. Puis, il se redresse, non content de ce qu'il vient de faire naître chez Nayëlle : Elle gesticule, ses yeux gris, de contraste avec ses joues rouges, lui envoient des éclairs. Pendant quelques secondes elle l'insulte et le traite de tous les noms d'oiseaux possibles et inimaginables, jusqu'à devoir s'arrêter pour reprendre son souffle.

Lui, il rit, sans la lâcher pour autant. Il n'a pas envie qu'elle finisse dans le ravin malgré les méchancetés dont elle l'assomme :

« - Tu as dit que j'étais un vaurien, j'agis en tant que tel ! »

D'une torsion du cou, elle arrive à tourner la tête et elle le mord au bras, suffisamment fort pour le faire sursauter et grogner de douleur. Il la laisse retomber lourdement au sol, sur les fesses. Il ne s'attendait absolument pas à ça ! L'esprit héroïque se frotte la peau, là où Nayëlle a laissé de minuscules marques de dents. Les yeux plissés, il étire ses bras et fait craquer ses phalanges :

« - Petite peste ...
- Tu l'as déjà dit ça ! vocifère-t-elle en reculant.
- Tu vas voir.
- Non, laisse-moi tranquille espèce de ... vieux pervers... idiot ! Ne m'approche pas. Stop, stoooop ! »

Il s'est accroupi devant elle, un air prédateur sur le visage. Nayëlle, figée contre un arbre, se recroqueville en fermant les yeux :

« - La sentence est irrévocable. Tu es désormais un sac à pommes de terre, Master. »

Elle crie de surprise quand il l'attrape par le bassin sans la moindre peine. Il la jette par-dessus son épaule, le visage illuminé d'un sourire victorieux tandis qu'elle bombarde son dos de coup de poings.

Malheureusement pour elle, la fatigue a eu raison de l'efficacité de ses gestes et il ne sent pratiquement rien.

« - .déteste. Tu n'es qu'un vieux pervers ! Un fumeur, alcoolique, idiot de vieil Irlandais !
- Je suis mort à un âge respectable mam'zelle ! Et ne remets pas en question mon sex-appeal, s'il te plaît. »

Elle reprend son souffle, se redressant en s'appuyant sur son épaule. A la place des yeux, elle semble avoir des meurtrières. Ce qui fait rire de plus belle Cuchulainn qui continue de marcher. La mage se met à bougonner :

« - Mais ... De quoi me parles-tu ?! Haaa ... Tu es mort à un âge respectable, à quelle époque, hein ?! Ça date !
- A une époque tout aussi respectable, voyons ! Minaude-t-il en s'arrêtant une poignée de secondes pour replacer correctement Nayëlle qui ne cesse de se tortiller et de glisser. »

Soudainement, alors que le Servant est prêt à reprendre la route, la jeune femme sur le dos, le bruit d'une voiture qui arrive le fait se figer, en même temps que sa Master. Nayëlle arrête de bouger, chassant les cheveux qui lui tombent devant les yeux.

Bientôt, CuChulainn aperçoit une petite berline de couleur rouge, à l'horizon. En une quinzaine de secondes, le conducteur, phares allumés, s'arrête et la vitre teintée de noire du côté passager s'ouvre. CuChulainn remarque alors qu'il s'agit d'une conductrice, aux cheveux caramel.

Il reconnait sans peine, l'amie de Nayëlle, Alya. Elle les regarde l'un après l'autre sans un mot et le son des portières qui se déverrouillent brise le silence gênant qui vient de se former.

Nayëlle.

« - Et donc, vous faisiez du camping quand Nayëlle a glissée dans le ravin ?
- Exactement. »

Nayëlle se contente de fixer ses pieds ainsi que le tapis de sol de la voiture. Elle n'a même pas eu à bafouiller et à s'emmêler les pinceaux en essayant d'inventer une histoire.

En moins de deux secondes, son Servant avait débité une montagne de mensonges... Crédibles, qui plus est !

Il a un talent certain, elle le reconnait.

Nayëlle s'est donc contentée d'hocher vigoureusement la tête à chacune de ses phrases. Elle a approuvée quand Caster a déclaré s'être coupé avec des ronces en allant la récupérer. Elle a acquiescé quand il a expliqué qu'elle avait fait des roulés-boulés et qu'elle s'était écorchée en tombant sur le gravier. Au fur et à mesure, le visage boudeur d'Alya s'était détendu et elle avait cessé de les questionner. Leur demandant de s'asseoir à l'arrière pour ne pas salir la place côté passager devant, elle leur avait proposé de les déposer devant la petite maison de Nayëlle. Mais CuChulainn avait refusé, clamant qu'il avait besoin de marcher encore un petit peu.

La mage l'avait fusillé du regard ; elle était épuisée et avait envie de se laver et de dormir. Et lui, simplement par méfiance (elle en était certaine) il préférait leur imposer dix kilomètres de plus ! Nayëlle venait de vivre la soirée la plus cauchemardesque de sa vie ; elle avait combattu, risquer sa vie et tuer pour la première fois et lui, il voulait faire une randonné citadine !

Maintenant il est calmement assis à sa droite et il regarde à la fenêtre avec un intérêt feint. La tempe collée à la vitre, il semble détendu mais Nayëlle sait qu'il n'a pas envie d'être dans cette voiture.

Lorsqu'elle regarde le tableau de bord, du coin de l'œil, elle se rend compte qu'il n'est que cinq heures du matin. Elle relève la tête vers la conductrice, tout en s'époussetant, distraitement :

« - Qu'est-ce que tu fais dehors aussi tôt Alya ? »

Sa voix est légèrement éraillée, déformée par la fatigue. Sa question lui vaut un regard en coin de son Servant. Elle se sent transpercée par ses pupilles carmines mais préfère ne pas réagir. Alya ne répond pas tout de suite et Nayëlle perçoit le tapotement familier de ses ongles sur le volant. La jeune brune se redresse légèrement en prenant appui sur ses mains. Elle croise les jambes et doit retenir un sursaut lorsque la voiture passe sur un dos d'âne. L'Irlandais esquisse un semblant de sourire. De toute évidence il doit se retenir de lui envoyer un énième pic ! Alya fini par leur répondre, d'une voix enjouée :

« - J'étais à une fête ! Et vue que je n'aime pas dormir chez l'habitant, j'ai préféré reprendre la route.
- J'espère que tu n'es pas alcoolisée, c'est interdit de conduire lorsqu'on est saoul, harangue Nayëlle, suspicieuse. »

Sa remarque lui vaut un éclat de rire d'Alya et un ricanement de Caster. Elle tire la langue au rétroviseur intérieur et essaye discrètement de pincer son Servant. Mais ce dernier lui attrape le poignet, sans même lui adresser un regard. Yeux clos, il le lui bloque en le tordant légèrement. Elle vocifère intérieurement, le supplie du regard de la lâcher. Il se contente d'ouvrir un œil, dans lequel se reflète son amusement. Puis, il la libère après lui avoir donné une légère tape sur le haut de la main. Nayëlle se frotte l'articulation et souffle sur sa peau en lui adressant mentalement d'horribles insultes :

« - Au fait Nayëlle ! J'ai eu tes parents au téléphone. Ils m'ont demandé de tes nouvelles. »

Immédiatement, la concernée se fige. Sa respiration se coupe et son visage se ferme. Elle a brutalement froid. Ses yeux d'acier fixent le reflet d'Alya, concentrée sur la route ; elle semble indifférente aux réactions qu'elle vient de provoquer chez Nayëlle.

La brunette s'enfonce dans le siège et se mure dans un silence des plus total.

« - Ce qu'elle vient de te dire ne semble pas te plaire, poupée. »

Elle se raidit. La voix de Caster vient de résonner dans sa tête avec clarté. Lorsqu'elle se retourne vers lui, elle remarque qu'il l'observe et elle comprend ; entre un master et son servant, la télépathie est donc possible. Elle fronce les sourcils en se collant à la portière :

« - Je me serais bien passé de t'entendre parler jusque dans ma tête. »

Un sourire, voilà la réponse de l'Irlandais. Encore et toujours des sourires et des grimaces. Elle commence à se demander s'il ne communiquerait pas essentiellement par le biais de cette expression.

« - J'ai renié ma famille et mon nom depuis longtemps. Ce sont des êtres malsains et je ne veux pas en entendre parler.
- Je comprends. Tu n'es pas obligée de tout me détailler. »

Un raclement de gorge :

« - Je leur ai dis que tu allais bien, mais ils aimeraient bien te parler Nay', tu sais ! Tu leur manque ! »

La voix d'Alya lui paraît brutalement insupportable. Nayëlle remarque alors qu'ils arrivent en ville. Actuellement, elle a bien plus envie de marcher 10km dans le froid que de supporter les bavardages d'Alya une seconde de plus :

« - Tu peux nous arrêter là, ça t'évitera de faire un détour. »

Alya répond par un soupir, elle commence à manœuvrer pour se garer :

« - Peut-être serait-il temps que tu enterre la hache de guerre avec tes parents ? Ils sont maladroits, je sais, mais quand-même...Hé ! Attend enfin ! »

La portière claque brutalement. Nayëlle n'a pas attendu que son amie se soit garée. Elle a sauté, tout bêtement, de la voiture.

Alya, dans l'obligation de s'arrêter, ouvre sa vitre tandis que CuChulainn rejoint la mage avec tranquillité :

« - Nayëlle ! Quand tu t'y mets, tu es une vraie enfant !
- Ce sont mes oignons, je ne veux pas entendre la voix d'un seul O'Neill. Cette famille est un poison. Bonne nuit Alya. »

Malgré les protestations de son amie, Nayëlle commence à s'éloigner de la voiture. Les mains placardées sur les oreilles, elle serpente entre les automobiles garées, jusqu'à quitter le parking, son servant sur les talons. Finalement, certaine de ne plus entendre les vociférations d'Alya, la mage s'arrête et se laisse lourdement tomber sur un banc, en face d'un tabac déjà ouvert malgré l'heure.

Quelques secondes après, CuChulainn à ses côtés, elle lâche un lourd soupir :

« - Je veux rentrer, gémie-t-elle.
- Et moi je veux fumer. Comme quoi, personne n'est satisfait dans cette histoire !
- ... Hé. »

Elle le regarde. Lui, il observe le ciel, un bras sur le rebord du banc. Il est étrangement calme.

« - C'est le calme avant la tempête oui ! , se dit-elle »

Rien ne pouvait laisser prévoir à Nayëlle cette férocité dont il avait fait preuve pendant le combat. Elle voyait encore chacune des scènes de ce dernier, se dérouler dans son esprit.

Elle lui avait dit qu'il n'était pas si mal pour un Caster, mais à vrai dire, c'était bien plus que cela. Elle avait pressenti qu'il était doué, mais à ce point ... ! Le hasard faisait peut-être bien les choses, finalement. Même s'il pouvait être étrange par moment, Caster était un être plutôt exceptionnel. Elle se répétait, certes.

Les jambes en tailleurs, sur les lattes de bois jaune, Nayëlle se met à trifouiller dans la poche de son jean. Sans vraiment de conviction. Elle en sort un billet de banque, froissé (elle se demande même comment il peut être encore entier après ce qu'elle vient de vivre) et le remue devant le nez de son servant.

Cuchulainn cligne des yeux et le lui prend :

« - Tu veux une glace au distributeur et t'es trop petite, pas vrai ? »

Celui-là alors ! Elle est presque exaspérée et se retient de lui reprendre l'argent des mains :

« - Non, c'est pour toi, grommelle-t-elle.
- Pour moi ? C'est un maigre salaire. Je t'ai empêché de mourir, pour rappel. »

Elle a beau avoir compris qu'il adore la taquiner, elle plonge à nouveau dans sa moquerie, la tête la première :

« - Idiot. Va t'acheter ton fichu paquet de cigarettes avant que le commerce ne ferme.
- Il ne ferme pas, il ouvre. (Il pointe l'affichage des horaires du magasin) Et ... Je croyais que tu n'aimais pas ce genre de choses, mademoiselle, ronronne-t-il en se redressant.
- Je déteste ça, mais ça t'empêche de dire des âneries au moins. »

Encore une vingtaine de minutes et elle est chez elle. C'est ce qu'elle se répète en boucle dans sa tête tandis qu'elle traîne de la patte derrière Caster. Son corps entier hurle au supplice, mais elle est trop fière pour demander à son servant de l'aider. Ils ont pris une pause lorsqu'ils étaient sur ce banc et depuis, ils ne font que marcher.

Nayëlle se demande comment elle peut encore tenir debout. Son esprit semble avoir fui pour laisser place à une coquille vide qui avance mécaniquement. Ses bras trembles, victimes retardataires des coups portés par Assassin lorsqu'elle les a protégés d'une attaque. Elle avait simplement déstabilisé brièvement le servant.

Le regard vide, elle glisse sur une pierre, tombe à genoux et se relève en haletant. Le bruit de sa chute fait se retourner Caster. Il attend qu'elle arrive à son niveau et lui propose de s'arrêter. Mais elle secoue la tête, négativement ; ils sont déjà dans la forêt et d'ici une poignée de minutes, ils arriveront à destination.

Elle s'essuie le visage et reprend la route. Ses poumons la brûlent non, son corps entier flambe. C'est plus juste. Le paysage devant elle est déformé et semble composé de vaguelettes troubles. Dans un sursaut d'adrénaline (surtout par peur de tomber) elle s'accroche au bras de son Servant, qui la tire pour l'aider à avancer.

« - On arrive Master, je vois le portillon.
- Je sais... »

Elle est trop épuisée pour parler.

Brutalement, Caster arrête de bouger et il l'attrape par les épaules.
Nayëlle n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe.

Elle est projetée à quelques mètres de son Servant, par ce dernier.
Le bruit d'un choc sourd résonne entre les arbres et Nayëlle comprend peu à peu ce qu'il se passe. Elle aperçoit l'Esprit Héroïque, qui vient de parer un coup. Vu la puissance de son adversaire, il s'agit sans aucun doute d'un Servant ennemi. La force des deux armes qui s'entrechoquent provoque un bref courant d'air qui fait virevolter la chevelure de la mage, dévoilant son visage effaré.

Le cœur au bord des lèvres, totalement impuissante, Nayëlle voit Caster dévier une attaque et parer un autre coup. La plaie sur sa joue s'est remise à saigner. De petites gouttelettes rouges tâchent la poudreuse restante, qui voltige à chaque mouvement.

Lui aussi doit être fatigué ; Nayëlle n'a plus assez de MANA pour lui permettre de récupérer.

« - Caster ..., gémit-elle en se redressant. »

Elle ne veut pas paraître faible. S'accrochant à l'écorce d'un arbre, elle se remet debout. Elle n'a pas le temps d'étudier leur adversaire ; tout va beaucoup trop vite pour elle :

« - Il suffit, Rider ! »

Soudain, le Servant ennemi arrête d'attaquer. D'un bond, il se recule et permet à Caster de reprendre son souffle. Nayëlle perçoit sa fatigue à lui aussi. Ses phalanges sont écorchées. Elle se déteste de ne pas pouvoir lui venir en aide.

Leur adversaire n'attaque plus. La lumière qui pointe à travers les nuages permettent à la mage d'observer le Servant ; Avec surprise, elle constate qu'ils ont à faire à une femme ; svelte, brune et typée asiatique, elle porte un sabre ainsi qu'une tenue semblable à celle d'un samouraï. Bien que celle-ci dévoile une grande partie de sa peau et de son corps. Nayëlle remarque qu'elle possède une queue ébouriffée. Elle comprend après coup qu'il s'agit du fourreau de son arme.

Elle décide de profiter de cette accalmie pour rejoindre Cuchulainn :
« - Tu tiens le coup ? Murmure-t-elle, tremblante. »

Il ne répond pas, se contentant de lorgner la femme brune. Ses iris fendues sont pareilles à deux aiguilles sombres dans le rouge de ses yeux. Une silhouette, plus petite et plus frêle rejoint finalement Rider.
Une jeune fille blonde, à la robe impeccablement rouge repassée s'approche d'eux. Elle possède deux grands yeux marrons en amande aux cils sombres et courbés et un visage presque poupin. Sa longue chevelure est nouée en chignon par un ruban pourpre.

Nayëlle a l'impression de faire face à une poupée de porcelaine. Tout en elle inspire la délicatesse, jusqu'à la dentelle de ses vêtements. Pourtant, son regard de miel est dur :

« - Je ne vous veux pas de mal, prononce l'étrange demoiselle avec un sourire mutin, Je ne veux pas combattre contre vous ! »

Le duo se regarde dans le blanc des yeux pendant quelques secondes. Caster, tout autant que sa master, semblent étonnés.

Mais Nayëlle ne cache guère son soulagement ; face à deux adversaires en forme, ils auraient rapidement été éliminés :

« - Je me présente, je m'appelle Elise. Elise Dechastel. Et, uhm... A vrai dire ... Rider et moi, nous vous avons brièvement vu combattre contre Assassin. C'était superbe ! Je vais être franche, je veux m'allier avec vous ! »

Comment diable ces deux femmes avaient-elles pu les observer ?!

S'allier ? Comment ça, s'allier ?! Elles venaient de les attaquer non ?

Trop de questions sans réponse meurtrissent l'esprit de l'élémentaliste.

« -Je ne comprend pas, avoue Nayëlle dans un murmure, Pourquoi s'allier avec nous ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi nous avoir sauté dessus dans ce cas ?
- Je voulais être sûre de proposer une alliance aux bonnes personnes. Et pour le reste ... Parce que j'en ai envie !
- Je ne pense pas en avoir envie, moi, répond la brune en reculant d'un pas. »

Caster ne parle pas, il se contente de les observer de haut en bas, méfiant. La jeune blonde semble embarrassée du silence des deux autres personnes en face d'elle. Son Servant la regarde et hausse les sourcils :

« - Laissons-leur du temps, Master ! Ils semblent relativement épuisés. Qui plus est, nous débarquons de nulle part pour leur proposer une alliance. A leur place, je ne serais pas enthousiaste.
- Oh ... Ce n'est pas idiot. Tu as raison, Rider. Mais ... S'il-vous-plaît ! Réfléchissez !, supplie-t-elle en joignant ses deux mains en prière, je vous attendrais demain, à 18h, au café de La Place, c'est au centre de la ville... Nous pourrons discuter ! »

Nayëlle se contente d'hocher la tête, bêtement. Elle est trop épuisée pour parler. Le sol avance et recule et le ciel tournoie autour d'elle. Elle fait un pas en arrière, cherchant l'arbre qui la soutenait, à tâtons. Finalement, sans même qu'elle ne s'en rende compte, son corps abandonne l'abandonne.

Elle sent ses jambes se dérober sous elle, puis tout devient noir.