Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .

Résumé : Il est censé avoir été exécuté il y a quatre cents ans, presque jour pour jour. Alors, pourquoi le sultan Osman II se retrouve-t-il en 2022 chez une dunkerquoise ? [Magnificent Century : Kösem – UA!Moderne]

Note de l'auteur : Oui, j'ai craqué mon slip. Clairement. Je me tape mon bon gros délire et j'ai si peu honte que je le partage sur internet. Et ouais. Je dois être la soeur cachée de Viserys qui est mentionné dans cette fanfiction sont des choses qui touchent à ma vie privée. Il y a une partie que je peux révéler, une autre où je reste évasive, comme sur les noms de mes proches, que je n'écrirai pas ( et si certains prénoms passeraient, je ne mettrai jamais un nom de famille ). Je suis folle mais si une personne doit payer ma folie, c'est moi-même et non ma pauvre famille !

Tout est véridique ou presque : ma situation réelle est différente de celle qui sera dans cette fanfiction, parce que comme c'est pour du faux, je peux enjoliver ! La majorité des choses énoncées liées à ma vie seront vraies, comme les anecdotes etc, mais tout n'est pas à prendre au pied de la lettre.

Oui, je sais aussi que je me répète : genre, mes LAD et KMG. Et je m'en cogne !

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de self-insert (03/50) + Osman II + Scorpion : Osman II

L'âme de nos pupilles

Chapitre 3

Soudain, dans l'esprit de Marina, une illumination. Un seul mot qui envahit son cerveau, le parasitant et lui faisant alors éprouver un sentiment rare chez elle : l'angoisse totale, la panique, la peur du futur.

L'hôpital.

Elle devait absolument emmener Osman à l'hôpital. S'assurer qu'il allait bien, ou s'il n'allait pas bien, savoir comment agir, comment l'aider. Elle regretta le verre d'eau offert : et si jamais cela venait à fausser des examens ? Et puis, comment elle allait justifier sa présence ? Ils allaient lui demander qui il était, ce qui lui était arrivé. Leur dire son nom et ses souffrances était aisé... mais ensuite quoi ? Ils allaient chercher sa famille, d'autant plus qu'il était mineur aux yeux de la loi française. Elle ne pouvait décemment pas leur dire qu'il était le sultan Osman II de Magnificent Century. Soit on la prendrait pour une folle, soit ils appliqueraient alors la loi...

Quand les univers entraient en résonance et qu'un personnage se retrouvait ici, il fallait le renvoyer chez lui.

Elle n'avait jamais réellement su pourquoi : des risques pour l'espace-temps ? D'invasion car la présence du personnage créait une brèche ? Ou tout simplement parce qu'il n'existait pas pour eux et donc on n'allait pas s'embêter à lui créer une vie ici quand il en avait une de l'autre côté... et c'était là que cela lui faisait peur.

L'adolescent n'avait pas de vie à vivre de l'autre côté.

Il était censé être mort.

S'il retournait là-bas, Davud Pasha finirait ce qu'il avait commencé. Car nul doute qu'à Yedikule, à l'heure actuelle, il devait se demander où était passé le jeune homme qu'ils étaient en train d'assassiner. Le renvoyer, c'était risquer de lui faire subir à nouveau ce qu'il venait de vivre. Et même s'il rentrait chez lui et que Davud était mort, que Dilruba et Halime étaient mortes, que restait-il là-bas pour lui ? Meleksima, on ignorait son destin. Ses deux fils étaient morts, sa fille, il aurait peut-être la chance de passer du temps avec elle avant sa propre mort à un âge trop tendre. Akile aurait refait sa vie en tant que femme libre, on aurait bien trouvé un moyen de briser ce mariage trop impopulaire. Enfin, Murad serait sultan. Renvoyer Osman, c'était causer une nouvelle guerre de succession : certains diraient qu'il n'aurait aucun droit car déposé. Les autres diraient que la charge de sultan ne s'arrête qu'à la mort. Il n'avait rien ici, mais rien non plus là-bas.

Marina ressentit un élan de culpabilité. L'une des théories sur ce phénomène étrange, c'était que des êtres humains établissaient un lien émotionnel si puissant avec l'un des personnages qu'ils les appelaient sans le vouloir. Et il était vrai qu'elle s'était rapidement prise d'affection pour le personnage du sehzade puis padichah au destin si tragique... mais si l'hypothèse était vraie, alors elle venait de le condamner à une destinée plus cruelle encore : elle avait peut-être fait de lui un apatride. Ni réellement de la Terre mais plus réellement de son Istanbul, qui ne possédait rien ici mais n'avait plus rien là-bas non plus, sauf sa propre mort pour l'emmener ou celle de son cœur sous le coup de tous les deuils à supporter.

Elle tenta de reprendre son calme, respira un bon coup et reporta son attention sur le nouvel arrivant qui continuait à étudier le coffret DVD de la série dont il était issu.

-Je dois vous emmener à l'hôpital.

Osman se raidit, son visage se ferma.

-Je ne vais nulle part.

Son ton était sans appel, même si elle sentait un peu d'appréhension.

-Hunkarim...

-Je n'irai nulle part, Marina Hatun.

-Hunkarim. Reprit-elle plus fermement, en espérant ne pas être trop autoritaire

Il semblait néanmoins prêt à l'écouter.

-Je sais ce que vous avez vécu. Je pourrai vous l'expliquer plus en détail si vous le désirez. Mais je sais. Je sais pour la marche. Pour l'âne. Pour l'eau. Pour la tentative de meurtre dans la mosquée. Pour ce qui est arrivé à Yedikule. Je sais tout cela. Aussi, j'ai conscience que la dernière chose dont vous ayez envie, c'est de sortir. Vous avez sans doute envie de trouver un endroit calme et de dormir. D'oublier tout ça. Mais, Hunkarim, le fait est que je ne suis pas médecin.

Elle lui laissa quelques instants pour comprendre ses mots.

-Si vous me dites que vous avez mal à la tête, je peux vous aider. Reprit-elle. Si vous me dites que vous avez la nausée, je peux vous aider. Mais si vous avez des douleurs spécifiques, des plaies qui saignent, une infection qui se développe, je suis impuissante. Le médecin me dira s'il y a quelque chose qui ne va pas et surtout comment je peux vous aider si ça ne va pas. Les remèdes à donner. Ou ceux à ne pas donner. Si vous vous trouvez mal dans la nuit, il y a de fortes chances qu'on doive aller à l'hôpital et cette fois-ci, dans l'urgence et la douleur. Je sais que vous n'avez pas envie de sortir, de voir qui que ce soit ou que quiconque vous touche. Mais je n'ai pas le choix.

Après quelques instants, elle ajouta :

-Je resterai avec vous autant que possible, si vous le voulez.

Elle lui tendit la main et elle constatait son hésitation. Pourtant, il s'en saisit. La symbolique était forte : il s'en remettait à elle.

Bon, par contre, maintenant, lui trouver une paire de chaussure, histoire qu'il ne s'abîme pas les pieds...


Le voyage en voiture s'était plutôt bien passé. Marina avait brièvement expliqué à son protégé ce que c'était, il s'était contenté d'acquiescer et restait, la plupart du temps, bien silencieux. Elle supposait que c'était par épuisement plutôt que par timidité. Là, ils attendaient dans la salle d'attente des urgences, et elle, un millier de questions de bousculaient dans sa tête.

Les soignants avaient-ils cru sa version ?

Puis, derrière, il y avait le reste.

C'était le weekend, ça tombait bien, mais dès le lundi suivant, elle retournerait travailler au cabinet et Osman serait alors seul à la maison. S'il restait, ce qu'elle supposait : où irait-il ? S'il restait, est-ce qu'il s'en sortirait tout seul ? Certes, elle rentrait chez elle le midi mais les matinées et les après-midis seraient longs...

Ca mangeait quoi, un sultan de l'Empire Ottoman ?

Les vêtements... Comment l'habiller ? Elle avait une chance : son frère lui avait confié des sacs de vêtements à donner à Emmaüs à Grande-Synthe, comme elle y allait plus souvent que lui. Elle lui demanderait la permission, évidemment, et n'avait aucun doute sur sa réponse. Au niveau de la taille, l'adolescent était légèrement plus petit que le cadet de la dunkerquoise, plus menu aussi, donc les pantalons, les chemises, seraient peut-être un peu lâches, ce qui n'était pas gênant pour le dépanner mais ensuite ? Et puis, si elle demandait à son adelphe, derrière, il y aurait le risque que ses parents découvrent le tout, ce qu'ils feraient un jour, étant une famille unie et proche... Et elle préférait maîtriser la manière dont cela se produirait. Enfin, il y avait la police... Il allait y avoir une enquête... Elle avait pensé à présenter Osman comme un jeune migrant qu'elle avait retrouvé, clairement battu, et elle avait été particulièrement inquiète en voyant les traces autour de son cou. Sauf qu'elle avait pensé aux forces de l'ordre, à limiter les risques... Au final, d'un commun accord, il avait été décidé qu'il serait un correspondant qu'elle avait sur Discord, qu'elle avait invité à venir passer quelques semaines avec elle pour qu'il découvre la ville, la vie française, sauf qu'il avait été agressé lors d'une sortie. C'était osé mais cela restait la solution la plus « sûre » qu'elle avait pu trouver en si peu de temps.

-C'est à vous.

Le duo se leva, se rendit dans une salle de consultation.

-Madame. Monsieur.

Le docteur leur indiqua un siège. Il consulta les notes qu'on lui avait transmises.

-Ce jeune homme parle-t-il français ? S'enquit-il auprès de la jeune femme

-Oui.

Il lui demanda ce qui lui était arrivé. Sans entrer dans les détails, car parler signifiait se souvenir et cela lui pesait, il expliqua le manque d'eau, les coups, la tentative de strangulation, regardant parfois son accompagnatrice pour l'aider à trouver le mot juste. Ses yeux regardaient un point au loin pour éviter de se fixer et elle y voyait un moyen de mettre de la distance... Quand arriva le moment d'évoquer ce qu'ils lui avaient fait au niveau de son intimité, sa voix se perdit et il se retrouva incapable de prononcer la moindre parole, juste de secouer la tête en signe de négation quand le praticien lui demanda s'il avait été violé. Cependant, quand il annonça qu'il devait l'examiner, et notamment cette zone, immédiatement, dans un geste mécanique, la main du sultan déchu chercha à prendre celle de sa sauveuse. Et elle, elle sentait son cœur se briser.

Osman n'était qu'un enfant.

Un adolescent de dix-sept ans.

L'humanité était décidément cruelle...


Il était tard quand ils rentrèrent. L'après-midi avait filé aux urgences, puis le début de soirée avec la venue de la police, comme Marina l'avait craint : elle ne pouvait pas blâmer l'hôpital, après tout c'était la loi. Et dans la législation française, quand un patient victime d'agression était mineur, les forces de l'ordre devaient être prévenues, c'était obligatoire. Osman avait donc dû, encore une fois, ré-expliquer ce qu'il avait vécu. Et elle, elle s'étonnait de devenir si rapidement douée pour mentir... pour un être à la base fictif même si inspiré par un qui avait existé... Elle avait aisément justifié l'absence de papiers légaux : ils avaient été perdus, peut-être même volés, lors de l'altercation. Il était malheureusement orphelin, mais avait pu être émancipé à quinze ans, comme l'autorisait la loi de son pays.

C'était gros, d'ailleurs ils avaient demandé comment il avait financé le voyage : même avec un bon héritage des parents, cela semblait assez bancal...

Il avait donc économisé et le voyage était prévu depuis longtemps. Une enquête aurait lieu, une plainte serait déposée et, déformation professionnelle obligeait, la jeune femme se demanda si un expert médical serait mandaté par le tribunal pour effectuer un rapport d'expertise et ainsi déterminer les différents postes de préjudices subis, évaluer les déficits temporaires, permanents, ainsi dresser une liste selon le rapport Mornet et l'expertise Dintilhac dans le cadre d'une possible liquidation de dommages et intérêts qui serait ensuite prise en charge par la CIVI car personne pour payer... Davud Pasha, il n'en restait que des os après tout...

Enfin, il y avait eu le passage à la pharmacie, le détour par la boîte aux lettres d'Emma pour son fil et le retour au bercail. Osman n'avait prononcé aucun mot depuis leur sortie du Centre Hospitalier de Dunkerque, sans doute trop fatigué pour essayer de tenir une conversation. Marina, elle, se sentait soulagée : malgré les événements traumatiques qu'il avait subis, il n'était pas en danger. Bien sûr, il avait besoin de repos, de manger, de dormir, de boire, de soigner sa gorge malmenée et surtout ses testicules, lesquelles avaient été mises à mal, le médecin craignant, au-delà des douleurs, des problèmes pour avoir des enfants dans quelques années. L'ironie quand elle savait que son protégé avait eu trois enfants, qu'il avait dû enterrer son fils aîné, qu'il avait failli mourir sans savoir qu'on avait également assassiné son deuxième garçon, et que sa fille, elle, périrait dans la toute petite enfance, de maladie, et elle avait l'horrible pressentiment qu'on ne l'aurait pas soignée. Pourquoi s'embêter. C'était une sultane, mais la fille d'un padichah déchu. Quel intérêt politique pouvait-elle présenter après tout ?

-Je voudrais dormir...

La voix de l'adolescent était à peine plus haute qu'un murmure, un soupir prononcé par un être à bout de forces. Elle s'efforça de lui sourire avec douceur. Tant pis, la salle de bain, ça sera pour demain et les draps, elle les laverait. Elle lui intima de le suivre et le mena à la chambre d'amis qu'elle possédait. Elle ferma les rideaux, alla lui chercher l'un des pyjamas confiés par son frère si jamais il avait encore l'énergie de se changer et lui souhaita une bonne nuit, non sans lui préciser que sa propre chambre était à côté de la sienne, que s'il se sentait mal durant la nuit ou s'il avait besoin de quoi que ce soit, il pouvait venir la voir. A peine eut-il posé sa tête sur l'oreiller et fermé les yeux qu'il plongea. La maîtresse de maison se surprit à rajuster sur ses épaules les couvertures avant de fermer doucement la porte, sans faire de bruit. Une fois close, elle leva la tête, fixa le plafond.

Elle s'était fourrée dans un sacré guêpier, sans savoir ou elle allait, tout en y allant sans possibilité de machine arrière, si toutefois elle avait eu, de base, cette possibilité.

Oui, elle était dans la merde, un millier de question toujours dans sa tête mais aussi un sentiment qui ne la quittait pas depuis que ses yeux avaient croisé ceux du souverain déposé :

Elle devait le protéger à tout prix.

A Suivre