Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .
Résumé : Il est censé avoir été exécuté il y a quatre cents ans, presque jour pour jour. Alors, pourquoi le sultan Osman II se retrouve-t-il en 2022 chez une dunkerquoise ? [Magnificent Century : Kösem – UA!Moderne]
Note de l'auteur :Oui, j'ai craqué mon slip. Clairement. Je me tape mon bon gros délire et j'ai si peu honte que je le partage sur internet. Et ouais. Je dois être la soeur cachée de Viserys qui est mentionné dans cette fanfiction sont des choses qui touchent à ma vie privée. Il y a une partie que je peux révéler, une autre où je reste évasive, comme sur les noms de mes proches, que je n'écrirai pas ( et si certains prénoms passeraient, je ne mettrai jamais un nom de famille ). Je suis folle mais si une personne doit payer ma folie, c'est moi-même et non ma pauvre famille !
Tout est véridique ou presque : ma situation réelle est différente de celle qui sera dans cette fanfiction, parce que comme c'est pour du faux, je peux enjoliver ! La majorité des choses énoncées liées à ma vie seront vraies, comme les anecdotes etc, mais tout n'est pas à prendre au pied de la lettre.
Oui, je sais aussi que je me répète : genre, mes LAD et KMG. Et je m'en cogne !
Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de self-insert (04/50) + Osman II + Scorpion : Osman II + Préjugé 276 : Il n'est pas normal d'avoir des peluches quand on est adulte + Défi de Sarah et Voriloup n°362 : écrire sur qqn qui regarde une série + Osman et moi : L'un pose une couverture sur l'autre qui s'est endormi sur le canapé + Vêtements 174 : Chemise à col Mao + Quatre aspects d'... Alex (My Dear Fucking Prince) : 2/4 : Bi : Écrire sur un perso qui se rend compte qu'il est bi ou écrire un texte qui comporte les couleurs rose, bleue & violette
L'âme de nos pupilles
Chapitre 4
Quand Osman se réveilla, il eut besoin de quelques instants pour se resituer. Pour se rappeler qu'il n'avait pas rêvé. Il avait perdu son trône. On l'avait humilié, blessé, battu et on avait tenté de l'assassiner. Sa gorge et son entrejambe lui faisaient toujours mal, lui remémorant malgré lui ces heures sombres. Il observa la pièce : de taille modeste, la chambre d'amis de sa sauveuse comportait un lit au matelas confortable et aux draps en coton doux, d'un bureau avec sa chaise, mais surtout d'une vitrine où étaient entreposées de drôles de petits bibelots qu'il n'arrivait pas à identifier. Il y avait de nombreuses peluches, mais aucune trace d'enfant élevé en ces lieux. Il en déduisit qu'elle faisait collection, quelque chose qui ne faisait de mal à personne. Lui, si on lui avait laissé le choix, il aurait bien gardé la sienne, cachée dans ses malles. L'odeur nostalgique de l'enfance anesthésiait bien des maux. Il se leva, alla tirer les rideaux pour observer les alentours. Désormais, les routes n'étaient plus pavées mais faites d'un matériau gris. La technologie avait dû avancer : les carrosses avançaient sans chevaux, néanmoins la puanteur qui en émanait n'avait rien à envier aux crottins de l'animal. Et surtout, la ville ne semblait jamais réellement calme. Il quitta la chambre prêtée par sa logeuse...
Marina était gentille, très gentille, il lui en était reconnaissant. Assez respectueuse aussi. Cependant, il ignorait ce qu'il faisait chez elle. Pourquoi elle ? Comment l'avait-elle secouru ? D'ailleurs, l'avait-elle secouru, elle qui avait été aussi saisie que lui lors de leur rencontre ? Pourquoi l'avait-il confondue avec Kösem ? Juste pour une couleur d'oeil similaire ? Non, c'était trop léger... Cet étrange coffret avec sa peinture si réaliste devait être une clé pour résoudre ce mystère. La seule chose dont il se souvenait, c'était de s'être senti attiré puis une chute, entouré d'une lumière bleue... Ses pensées se tournèrent vers les siens : Akile avait-elle pu fuir avec leurs enfants ? Ses frère étaient-ils en sécurité ? Mustafa était-il devenu sultan ? Ou bien Murad ? Et puis Meleksima... Par Allah, rien que de l'imagner courir derrière la charrette lui brisait le cœur...
Et aujourd'hui, il savait qu'elle était morte.
Qu'ils étaient tous morts.
S'ils étaient bien en 2022 comme l'indiquaient certains livrets, alors tous ceux qu'il avait aimés étaient partis avant lui. Il n'avait plus personne. Il était seul, livré à lui-même, et la malédiction de Mehmed continuait ainsi à s'exercer sur lui. La mort l'aurait libéré. Mais son frère, dans son dernier souffle, a supplié le Ciel de lui nier tout ce que lui-même n'aurait pas connu. Depuis, le padichah avait subi l'un des hivers les plus rudes de l'histoire de l'Empire. Il avait perdu l'amour de son peuple . L'armée le détestait. Et toute paternité lui avait été niée. Désormais, même l'amour lui était proscrit. Il était condamné à rester dans un monde inconnu, qu'il ne maîtrisait pas, livré au bon vouloir d'une femme qui pourrait l'abandonner sous un pont si l'envie lui prenait, sans amis ni famille. Il n'avait plus rien. Plus personne. Ce ne fut que quand quand ses lèvres goûtèrent le sel d'une larme qu'il réalisa qu'il pleurait. S'il n'avait pas autant la foi, s'il n'avait pas si peur de l'Enfer, il se serait saisi d'un couteau de cuisine pour terminer son existence pathétique. L'Enfer, ne l'avait-il pas déjà vécu ? Mais puisque le Ciel avait décidé de le laisser vivre, de quel droit pouvait-il les défier ? Il tenta de se calmer, sans grand succès, tout en avançant vers la cuisine, prêtant à peine attention au décor. Il remarqua cependant que la table était pleine de vivres laissés en évidence, ainsi qu'un mot, qu'il déchiffra tant bien que mal, n'ayant pas la tête complètement tournée vers la traduction.
« Hunkarim,
Je suis partie acheter des provisions. Je devais, dans tous les cas, y aller pour avoir de quoi me nourrir, mais maintenant que vous êtes là, je dois encore plus y aller : il est hors de question que je vous affame ! »
Il eut un sourire malgré lui.
« Je vous ai laissé au-dessus de quoi prendre votre petit-déjeuner. Je ne sais pas ce que mange un sultan de l'Empire Ottoman en général, alors s'il y a des choses que vous aimeriez avoir, dites-le moi, j'en achèterai la prochaine fois. Aussi : ma maison est votre maison. Alors, n'hésitez pas. »
Il observa les mets plus en détails : du pain, du beurre, des confitures, des fruits, des jus de fruits, du lait... ce ne fut que là qu'il réalisa qu'il était affamé. Il n'avait rien mangé depuis la première tentative de meurtre à la mosquée. Il s'assit, se saisit du platine qui était déjà tranché et, puisqu'il avait le feu vert, il composa son repas qu'il dévora. Peu de temps après, alors qu'il avalait un verre de lait, il entendit des clés tourner dans une serrure, la silhouette de Marina apparaissant dans l'encadrement, chargée avec de nombreux paquets, mais qui parvenait néanmoins à manoeuvrer. Elle portait un col mao bleu aux broderies d'un violet très clair, d'un pantalon blanc, et de baskets rose poudré. Quand elle constata qu'il était levé, et surtout qu'il avait suivi son conseil, un sourire illumina son visage. Et alors qu'il n'avait plus l'excuse de la douleur et du choc, l'espace d'un instant, il entraperçut à nouveau le visage de sa mère, sa bienveillance surtout.
-Bonjour ! Vous avez bien dormi ?
Il se sentait toujours épuisé. Vide. Mais il avait dormi d'une traite. Il continua de manger pendant qu'elle rangeait, ses yeux se posant alors sur une chose qu'il n'aurait jamais cru voir ici : du café. Les français consommaient du café, en 2022 ? Elle le remarqua. Elle lui expliqua que oui, le café s'était démocratisé, qu'il était mondialement consommé. Pour sa part, elle n'en buvait pas, préférant largement le thé. Mais son père aimait en boire une tasse ou deux, alors quand il venait, elle gardait un paquet pour lui en faire. C'était une boîte contenant de longs sticks de café moulu, dit instantané : il n'y avait qu'à rajouter de l'eau.
-Cela n'a sans doute pas le goût de celui auquel vous êtes habitué. Mais je peux vous en faire, si vous voulez. Je n'aime pas le goût, mais j'aime l'odeur.
Il remarqua qu'elle avait séparé les aliments à base de porc du reste, afin qu'il n'en consomme pas par accident. Le geste, aussi simple fut-il, le toucha. Sa protectrice semblait déterminée à ce qu'il se sente à l'aise.
-La police. Elle reviendra ?
L'adolescent put sentir le changement d'atmosphère.
-Je ne sais pas. Admit-elle. Je suppose que oui. Ils voudront peut-être vous ré-auditionner. Dans votre cas, la plainte sera sans doute classée sans suite car on ne retrouvera jamais qui vous a fait ça.
-On ne vous accusera pas ?
-Non. Ils ont pris des images de vos blessures. Mes mains, comparées aux traces, sont trop fines.
Une fois sa tâche achevée, elle se servit un verre d'eau et s'installa près de lui.
-Aujourd'hui et demain, je suis à la maison. Mais dès lundi, je dois aller travailler.
Il acquiesça.
-Je vous montrerai les basiques, pour que vous puissiez profiter de la maison sans crainte.
L'idée de lui apprendre à se servir d'un téléphone était amusante. Lui, il se dit juste qu'il aurait de très longues heures pour lire toute la bibliothèque de son hôte, et pour découvrir les secrets de cette boîte de DVD.
Le frère de Marina avait accepté sans hésitation la demande de son aînée : bien sûr qu'elle pouvait donner ses vêtements à Osman. Lui, il ne les mettait plus, alors autant que cela serve. Le sultan avait découvert avec bonheur la présence d'une baignoire dans la salle de bains. Marina lui avait donc fait couler un bain chaud dont il profita un long moment, se lavant de la poussière de Yedikule mais aussi se laissant porter par la pesanteur de l'eau, oubliant un moment ses problèmes.
Il appliqua ses remèdes au mieux, s'habilla et, pendant que sa colocataire était occupée à autre chose, il se remit à étudier le coffret qui obnubilait son esprit. C'était un import : les mots étaient anglais, et il le maîtrisait moins que le français. Apparemment, le langage principal était le turc, ce qui le rassura. En fouillant, il trouva le lecteur dvd et, constatant la présence du sigle sur l'appareil comme sur la boîte, il en déduisit qu'ils allaient de paire. Il sortit l'un des étuis, l'ouvrit, découvrit un CD qui lui évoqua une roue très fine. Au-dessus du lecteur, un écran télé fixé au mur. Et en-dessous, des télécommandes. Il trouva comment ouvrir le lecteur, inséra sa trouvaille, le referma, et entendant le tout tourner, en conclut qu'il avait fait la marche à suivre. Néanmoins, il n'y avait ni son ni image. Etait-ce normal ?
-Je devrais essayer d'enclencher ce tableau gris...
Mais face à trois manettes, il se trouva perdu. Laquelle utiliser ?
-Je peux aider ?
Il se retourna. Marina vit qu'il avait trouvé comment faire fonctionner l'un des appareils.
-Pour une première fois avec un appareil moderne, c'est vraiment impressionnant.
-Je n'ai fait que lire...
-Ma mère est née bien après vous. Et jusqu'à il y a deux semaines, elle n'y arrivait pas seule. Donc si, c'est impressionnant.
Elle alluma le reste sans effort et quand le son parvint aux oreilles du padichah, il sursauta, ne s'attendant pas à une telle réaction.
-Hunkarim. Dit sa logeuse. Si vous souhaitez regarder, je ne vous en empêcherai pas. Vous apprendrez bien des choses. Mais vous allez aussi avoir le cœur brisé.
-Il l'est déjà, Marina Hatun.
-Vous allez revivre la mort de vos enfants.
Il la détailla un instant, elle réalisa que sa langue avait fourché. C'était spécial de se dire qu'on spoilait quelqu'un sur sa propre vie.
-Donc, mes jumeaux...
Elle acquiesça douloureusement.
-Davud Pasha a fait enlever Mustafa pendant que vous étiez emmené à Yedikule...
-Et...
Elle refusa de répondre. Et puisqu'il n'y avait plus de cœur à briser, ce fut son âme dont il entendit le bris résonner dans l'intégralité de son être.
-La série ne montre pas celle de Zeynep. Mais quand la sultane Kösem se rend à la mosquée bleue pour des funérailles, il y a trois petits cercueils aux côtés de celui de votre frère. Elle dit avoir perdu ses petits-enfants : « Ömer, Mustafa et Zeynep ». On sait qu'elle a survécu à votre déposition.
-Mais la maladie l'aura emportée...
-C'est ce que l'on suppose.
-Meleksima ? Et Akile ?
-On n'entend plus parler de Meleksima après. Elle part au Vieux Palais, faisant partie du harem d'un sultan décédé. Il y a des théories, mais rien de concret. Quant à Akile, en tant que femme libre, elle reprend le cours de sa vie.
Il s'assit sur le canapé, la jeune femme lança le premier épisode, non sans lui demander avant s'il souhaitait regarder seul. C'était son histoire, celle de sa famille, c'était intime, elle comprendrait s'il voulait éviter de partager cela.
-Vous connaissez déjà ma vie. Je n'ai pas de secret pour vous depuis le départ. Et au point où j'en suis, cela m'indiffère...
Elle prit place et ensemble, ils entamèrent l'épopée de Magnificent Century : Kösem, commençant par le traumatisme d'Ahmed en voyant la vingtaine de cercueils contenant les corps de ses oncles et cousins, tués selon la loi du fratricide, alors que son père prenait le pouvoir...
Osman s'était assoupi, et vus les événements de la veille, ce n'était guère étonnant. Marina mit l'épisode en pause, déposa un plaid sur les épaules de son protégé. Son esprit, lui, n'était guère en repos, repensant à cette loi du croisement entre le réel et le fandom.
Elle, il y avait une particularité : son fandom était un fandom historique.
Il y avait eu, dans son monde, un Osman II. Meleksima était une fusion de plusieurs de ses épouses. Pour les fandoms historiques, quand il y avait transfert, quels étaient les risques ? Un changement de l'histoire du monde réel ? D'ailleurs, étaient-ils nés de rien ? Ou bien étaient-ils la vraie histoire et leur histoire était modifiée à cause du changement de statut ? Tout cela lui donnait mal à la tête... Et surtout, pour des questions qu'Osman lui poserait, certaines trouvaient leurs réponses dans l'histoire, et non la série... Elle n'avait pas fini de s'inquiéter.
Son portable sonna, ce qui la tira de sa réflexion, et l'endormi de son sommeil. Elle prit son téléphone et s'éloigna un peu afin de le laisser piquer du nez à nouveau.
Maman.
Elle décrocha, le cœur battant, sentant sur elles les pupilles sombres du sultan déchu. Sa mère bégaya quelque peu avant de démarrer sa conversation.
-Salut Maman, comment ça va ?
-Bien, ma chérie, et toi ? Ta semaine.
-Mouvementée...
Ca y était, le grand mensonge devait s'enclencher.
-Tu te souviens de mon correspondant sur Discord ? Osman ?
-Mon petit-fils ? Parce que t'as bien des enfants sur Discord, alors des petits-enfants aussi ?
-Oui, c'est ça. Je t'ai dit qu'il allait venir sur Dunkerque ?
-Oh, tu as dû me le dire, mais tu me connais, j'oublie beaucoup.
Marina se détestait d'utiliser cela contre son propre sang.
-Eh bien, il est à la maison ! On avait prévu qu'il vienne quelque temps pour visiter etc.
-C'est cool, ça !
-Ca a mal commencé... Il a été agressé.
-Oh merde... pourquoi ? Qui a fait ça ?
-On ne sait pas... Mais il va bien. Juste choqué et fatigué.
-Dans ce cas, je ne te propose pas l'idée de ton père.
-Dis toujours.
-Il avait envie de faire un barbecue à la maison. Sam aurait été là aussi.
C'était un très grand pas en avant, sans doute rapide, mais ils allaient voir Osman un jour ou l'autre, alors autant ôter rapidement le pansement.
-Tu veux bien attendre une minute ?
Elle résuma l'histoire rapidement au jeune homme, avant de lui proposer sa solution : pour lui éviter de sortir, car il ne s'en sentait pas la force, elle proposerait à sa famille de venir chez elle pour profiter de sa cour et de son bout de verdure. Il acquiesça, ajoutant même qu'il avait un peu de mal à comprendre : oui, certes, son secret était à préserver. Sauf qu'elle était chez elle, et non l'inverse, ainsi il n'avait aucun droit de dicter qui venait dans sa demeure.
-Maman ?
-Oui, ma chérie ?
-Et si vous veniez à la maison ? Comme ça, on a le barbecue, on se voit et vous verrez Osman sans qu'il n'ait à sortir pour le moment.
-C'est une bonne idée, mais s'il est sûr.
-Il l'est.
-On ramène ta sœur ?
-La question ne se pose même pas. Evidemment que vous ramenez mon doggo.
Elles discutèrent encore un peu, puis Marina raccrocha. Elle essayait de ne pas communiquer son angoisse à Osman, de ne pas penser trop à l'avance, de se laisser porter par la vague. C'était plus fort qu'elle, son cerveau lui intimait mille et uns scenarii catastrophes, la majorité ayant pour conséquence une séparation, la mise en danger voire la mort de cet adolescent qu'elle connaissait depuis un moment par le fandom, depuis à peine vingt-quatre heures en réalité, chacune des options lui crevant le cœur. Et si jamais la vérité était découverte ? Et s'ils renvoyaient Osman chez lui ? Et si... Elle inspira un bon coup. Peu importait ce qui arriverait, cela arriverait et elle ferait face.
En attendant, elle avait un empereur à soutenir.
Un adolescent à aider.
Une vie à préserver.
A Suivre
