Disclaimer : Magnificent Century Kösem est l'oeuvre de Yılmaz Şahin .

Résumé : Il est censé avoir été exécuté il y a quatre cents ans, presque jour pour jour. Alors, pourquoi le sultan Osman II se retrouve-t-il en 2022 chez une dunkerquoise ? [Magnificent Century : Kösem – UA!Moderne]

Note de l'auteur :Oui, j'ai craqué mon slip. Clairement. Je me tape mon bon gros délire et j'ai si peu honte que je le partage sur internet. Et ouais. Je dois être la soeur cachée de Viserys qui est mentionné dans cette fanfiction sont des choses qui touchent à ma vie privée. Il y a une partie que je peux révéler, une autre où je reste évasive, comme sur les noms de mes proches, que je n'écrirai pas ( et si certains prénoms passeraient, je ne mettrai jamais un nom de famille ). Je suis folle mais si une personne doit payer ma folie, c'est moi-même et non ma pauvre famille !

Tout est véridique ou presque : ma situation réelle est différente de celle qui sera dans cette fanfiction, parce que comme c'est pour du faux, je peux enjoliver ! La majorité des choses énoncées liées à ma vie seront vraies, comme les anecdotes etc, mais tout n'est pas à prendre au pied de la lettre.

Oui, je sais aussi que je me répète : genre, mes LAD et KMG. Et je m'en cogne !

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : 50 nuances de self-insert (05/50) + Osman II + Scorpion : Osman II + Prénom 202 : Osman + Quatre aspects de... Steven Universe : ¾ : Crystal Gems : Écrire sur un groupe d'amis proches ou écrire sur une famille

L'âme de nos pupilles
Chapitre 5

La journée de samedi s'était passée dans le calme et sans heurt. Marina en avait profité pour montrer à son protégé les bases pour qu'il puisse se débrouiller sans elle les jours où elle devait aller travailler : lui expliquer ce qu'était un frigo, comment faire tourner le micro-ondes et surtout apprendre à se servir d'un téléphone, pour envoyer un message ou l'appeler en cas de besoin, voire appeler les secours.

Pour le réfrigérateur, il assimila vite le concept : cela n'était ni plus ni moins que les glacières du palais, en version plus compactes et plus avancée technologiquement.

Pour le micro-ondes, s'il ne comprit pas tous les tenants et aboutissants du fonctionnement de la machine, il retint les boutons principaux pour le faire marcher et ainsi éviter de ne manger que du pain.

Le téléphone s'avéra un peu plus compliqué. Et s'il se posait sans doute mille et unes questions sur le pourquoi du comment, il ne les prononça pas, cherchant juste à mémoriser comment l'utiliser. Il se sentait trop fatigué pour essayer de comprendre de toute façon. Il voulait juste garder ça en mémoire, s'en servir au besoin et passer à autre chose. Même s'il se jura d'essayer de s'en servir le moins possible : il était déjà assez redevable comme ça envers sa bienfaitrice et il n'aimait pas la sensation d'être à la charge de quelqu'un.

Elle le briefa rapidement sur les couverts : il l'étonna en lui révélant qu'il savait se servir d'un couteau et d'une fourchette. On lui avait appris les coutumes européennes, si jamais il y avait une visite d'état.

Ils continuèrent leur visionnage de la série et la propriétaire des lieux, incapable de regarder un programme sans s'occuper les mains, avait entrepris de refaire sa manucure. Elle avait ouvert la fenêtre, histoire de ne pas incommoder l'adolescent avec l'odeur des vernis et du dissolvant. Il ne s'en plaignit pas, regarda quelques instants ce qu'elle faisait puis reporta son attention sur la découverte de la vie de ses parents. Il trouvait cela touchant de voir les versions adolescentes de son père et de sa belle-mère, de voir le côté rebelle de la jeune fille, cet amour qui se construisait lentement, cette fidélité qui naissait et surtout, il découvrait également l'enfance de son pauvre oncle Mustafa, la véritable victime de tous ces jeux de pouvoir iniques.

Ils avaient ensuite dîné, et il était allé se coucher, toujours aussi épuisé.

Le dimanche matin, Marina s'appliqua à sa routine personnelle : la vidéo du dimanche pour sa chaîne Youtube (il n'avait aucune idée de ce que c'était), soin du corps rapide et surtout, elle commença à préparer le jardin pour la venue de ses parents. Il faisait beau et doux, un vent léger évitant toute chaleur superflue. Le sultan mit un point d'honneur à l'aider : sans un mot, il l'assista dans la mise en place de la table, des chaises, du parasol et même du coin gamelle pour le chien. S'il était appelé à rester, autant se rendre utile : cela réduirait aussi grandement les chances qu'elle ne le chasse à cause de sa nonchalance, et puis on ne laissait pas une femme faire tout cela seul, ce n'était pas correct.

-Hunkarim.

Il leva les yeux vers elle.

-Devant mes parents, je vais devoir vous appeler par votre prénom et vous tutoyer. Cela serait étrange pour eux que nous soyons amis mais que je vous dise vous et que je vous appelle Majesté.

Elle avait presque l'air navré.

-Je comprends.

-Je suis désolé.

-En vérité, il vaudrait mieux que vous m'appeliez Osman, même par la suite. Si je sors dehors avec vous, je pense que les gens ne comprendraient pas. Vous êtes une république, ici. Et ici, je ne suis plus un sultan.

Il voulait ajouter qu'en réalité, il n'était plus rien. Il n'était plus le padichah du monde. Il n'était plus un fils, un frère, un père, un mari, un amant... Il n'était plus qu'un être apatride dont tous les repères avaient été effacés par la malédiction fraternelle. C'était peut-être là la chose la plus douloureuse : il n'était plus rien pour personne.

-Si c'est ce que vous voulez.

On sonna à la porte. La jeune femme se dirigea vers le perron et Osman put entendre un cri de joie. Elle avait été réunie à son chien : des photos de l'animal étaient disposées dans la maison, avec des portraits de famille, et il s'avérait qu'elle voyait le labrador comme son enfant. Ses parents l'avaient adoptée au chenil local des années auparavant, après le deuil de leur précédente bête, du temps où la dunkerquoise vivait encore au domicile parentale, avant de trouver cet emploi de secrétaire et de prendre son envol. Il laissa la famille se retrouver, jugeant qu'il n'avait rien à y faire et surtout, il ne se sentait pas la force d'assister à cet élan de bonheur familial quand son propre cœur était déjà assez secoué comme ça.

-Oh, vous êtes arrivés en même temps !

-Ouais, je suis allé chez Papa et Maman pour qu'on parte avec une seule voiture, c'était moins con.

-Venez, entrez !

La chienne, car c'était une femme, une fois libérée de son collier et de sa laisse, alla se précipiter dans la cour, mais s'arrêta face à lui, étonnée de le trouver là, et surtout découvrant des odeurs nouvelles. Elle le renifla calmement, sans aucun signe d'agressivité. Onyx, car tel était son nom, montrait des signes de vieillissement. Les poils autour de ses vibrisses étaient blancs, ainsi que quelques-uns au niveau de la zone intime. Stérilisée, son métabolisme lié à sa race jouant contre elle, elle avait aussi accumulé quelques kilos en trop. Elle n'en demeurait pas moins vive et son pelage était magnifique.

La mère de Marina était une femme de cinquante ans, mais qui ne faisait pas du tout son âge. Elle avait l'air plus jeune. Le plus impressionnant était la ressemblance entre la mère et la fille ! Hormis des cheveux plus foncés, des yeux plus verts, une stature légèrement plus petite, elle était la jumelle parfaite de sa fille.

Le père de Marina était un peu plus âgé que sa femme, assez grand, costaud, les bras parsemés de tâches de rousseurs. Le crâne rasé, sa moustache blond-roux montrait quelques poils gris ici et là. Il avait toujours l'air un peu hâlé, travaillant beaucoup en extérieur. Il semblait un peu amaigri, mais sa fille avait prévenu son colocataire : des soucis de santé au niveau de la sphère ORL le faisaient beaucoup tousser. C'était impressionnant à entendre mais il n'y avait rien de grave.

Le frère de Marina était de deux ans et demi son cadet. Presque deux ans et demi parfaits étant né le 16 juin et elle le 24 décembre. Grand, plus grand que ses parents et sa sœur, il avait la peau pâle des gens qui sortaient peu, de longs cheveux sombres, des yeux noisettes, une barbe discrète. Il portait une chemise noire ouverte sur un t-shirt gris et avait le look typique des fans de métal.

-Bonjour, vous devez être Osman ! Sourit la mère en lui tendant la main

Il acquiesça, la salua en lui rendant son geste.

-Ouah, ton français est impressionnant ! Le complimenta le cadet de sa protectrice

Ils s'installèrent, le patriarche s'occupa de mettre en place le barbecue... et le deuxième, à l'étonnement de Marina.

-On s'est dit qu'Osman était peut-être musulman, donc cuire sa viande sur une grille où aurait cuit du porc... Expliqua son épouse

-Je suis très touché... Je vous remercie.

Osman le pensait. Ils ne le connaissaient pas, pourtant ils avaient eu à cœur de préserver ses croyances.

-On a pris un peu plus de bœuf et de poulet pour compenser. On a même de l'agneau !

-Vous avez cambriolé la banque ? Plaisanta la maîtresse de maison

-Non, on a volé le magasin !

Il était évident qu'ils s'entendaient bien, et qu'elle avait dû grandir dans un foyer aimant. L'espace d'un instant, le jeune homme eut la sensation d'être de retour chez lui, du temps où il n'était encore qu'un sehzade, ses jeux avec ses frères et sœurs, sa complicité avec Murad, les moments passés avec sa mère, les conversations avec son père, et oui, parfois aussi, les rares instants où la jalousie de Mehmed ne le rongeait pas, ce qui leur permettait d'avoir des brèves connexions sincères. Il se mordit la langue et s'enfonça les ongles dans la paume de la main pour s'empêcher de pleurer. Certes, les visiteurs auraient pu mettre cela sur le compte de l'agression récente, ce qui était un demi-mensonge. Mais il s'y refusait. Il avait un rôle à jouer : celui de l'ami venu rendre visite à sa correspondante et il ne voulait pas gâcher cette réunion familiale avec ses maux de cœur. Il profita de la nourriture, découvrit de nouvelles saveurs très différentes de ce à quoi il était habitué et essayait de participer un minimum, afin de donner le change.

Marina avait décidé de le protéger, malgré cette loi dont il ne comprenait pas tous les termes.

Il avait donc un devoir envers elle.

Onyx devait sentir son mal-être, ce qui ne l'étonna qu'à moitié : les animaux devinaient les sentiments humains. Elle s'assit à ses côtés et, du bout du museau, elle lui souleva les doigts avant de poser sa tête sur sa cuisse, ses yeux suppliants. Ou alors, elle ne cherchait qu'à avoir un morceau de viande dans son assiette...

-Onyx, laisse Osman tranquille ! Gronda la mère de Marina.

-Elle ne me dérange pas.

Il lui caressa le crâne et lui gratta l'arrière de l'oreille, elle ferma les yeux, appréciant clairement l'attention.

-Si tu commences, tu n'as pas fini ! L'informa sa bienfaitrice. C'est un chien qui est en demande d'affection.

Comme pour s'offusquer, le labrador soupira.


La journée s'acheva, les invités s'en allèrent, non sans laisser une partie des vivres à celle qui les avait reçus. Marina se sentit soulagée : tout s'était bien passé, rien n'avait pu lui échapper, elle avait surveillé ses mots, sa langue... D'ailleurs, personne n'avait semblé remarquer les anciens vêtements de son cadet. Elle allait devoir penser à acheter à l'adolescent des tenues différentes, et surtout un peu plus à sa taille. Dans les habits de son cadet, plus replet que lui, l'ancien sultan flottait un peu. Osman, lui, était vide.

-Puis-je utiliser la salle de bains ?

-Bien sûr ! Il n'y a pas besoin de me le demander, vous êtes ici chez vous.

Il la remercia, alla se faire couler un bain, essayant de se souvenir des gestes qu'elle avait faits la veille. Il avait entendu aux informations, ou en tout cas dans ce tableau gris, qu'il ne fallait pas trop en prendre, pas très « écolo », même s'il n'en connaissait pas la signification. Il ferait attention plus tard. Là, il avait juste besoin de silence, de solitude, de l'eau chaude pour le porter, et de la distance entre le salon et la pièce d'eau pour qu'on ne l'entende pas pleurer.

Il s'était battu contre Davud et ses hommes pour ne pas mourir.

Allah l'avait exaucé et l'avait emmené loin d'eux.

Pour autant, c'était peut-être là un sort pire que de la mort.

Il n'avait personne.

Il préférait ne pas compter Marina, n'étant pas sûr d'elle malgré sa prévenance et sa gentillesse.

Il n'avait plus rien.

Il n'était plus rien.

Il n'avait plus personne.

Il n'était plus personne.

Ce repas de famille n'avait fait que confirmer ce fait et renforcer cette sensation.

La seule chose qui lui restait, c'était la douleur.

La douleur de sa gorge qui se remettait du lasso autour d'elle.

La douleur de sa zone génitale qui se réveillait souvent.

Celle de son âme qui ne comprenait pas ce qu'il se passait et qui ne voyait que ses pertes.

Il n'avait plus personne à aimer ou qui l'aimait.

Allah ne l'avait pas secouru. Sans doute ne faisait-il que réaliser le vœu de Mehmed dans son dernier souffle.

Pourquoi vivait-il encore ?

Pourquoi était-il ici ?

Il ramena ses genoux à son front dans un bruit d'eau qu'il bénit, cela couvrait un peu plus sa honte.

Oui...

Pourquoi vivait-il encore ?

A Suivre