Heya ! C'est le chapitre du mois ! :D
J'ai pas grand-chose à raconter, mais sachez qu'après la tension des derniers chapitres, on va calmer un peu le jeu dans celui d'aujourd'hui ! Indice : "I like trains !"
Grand merci à ma bêta-lectrice Oriane Wyllt pour son travail de qualitay !
Merci également à Thanatos62 pour son fav ! :3
Voilà ! J'ai fini avec mes élucubrations incessantes ! Je vous souhaite une bonne lecture~!
Jour 78.
Quand Doll ouvrit les yeux ce matin-là, elle était toujours à terre. Elle se releva difficilement, sentant une raideur anormale dans ses muscles, et tituba jusqu'à la salle de bain, se fichant bien de savoir si Kimblee était là ou pas. Elle ferma à clé derrière elle et s'approcha du miroir pour voir que son visage comportait des cernes, ainsi que la trace de la moquette sur laquelle elle avait passé la nuit. La tête lui tournant, elle recueillit un peu d'eau glacée dans ses mains pour tenter d'arranger le problème, et se débarrassa de l'écharpe de son bras et de sa veste d'uniforme, se sentant mourir de chaud. La vision de veinules rouges à moitié effacées remontant le long de sa gorge la fit froncer légèrement les sourcils, et elle défit les bouton du col de sa chemise pour examiner ça de plus près. C'était comme un genre de brûlure sous sa peau…
Elle défit rapidement le reste des boutons pour laisser sa chemise tomber à terre et resta immobile face au miroir, à regarder ces mêmes veinules tracer leur chemin depuis la menotte à son poignet jusqu'à sa gorge, entourant son épaule. La jeune fille utilisa le bout de ses doigts pour tâter la zone de la main gauche, mais elle ne ressentit aucune douleur, ce qui signifiait sans doute que c'était soit superficiel, soit déjà en bonne voie de guérison…
- Putain de merde… souffla-t-elle.
Des impulsions électriques. Des saloperies d'impulsions électriques. Voilà ce que faisait ce foutu bracelet. Elle n'avait jamais connu une douleur pareille auparavant, et n'avait aucune foutue idée de comment les deux enfoirés avaient réussi ce tour de force, mais c'était digne des plus grands génies du mal… Ce qui ne devait pas être loin de la vérité en reconsidérant le comportement de l'alchimiste la veille…
Serrant les dents au souvenir de la langue de Kimblee sur sa joue, elle refit couler de l'eau pour se frotter le visage un peu plus consciencieusement. Elle pensait avoir vu l'étendu de sa folie, à celui-là, mais elle devait se rendre à l'évidence qu'il était bien pire…
La demoiselle poussa un soupir tremblant, se disant pour la première fois depuis son arrivée qu'il y avait finalement des chances qu'elle ne s'en sorte pas gagnante dans ce jeu sadique, avant de se reprendre. Elle ne devait pas perdre la boule, c'était ce qu'ils attendaient. La moindre démonstration de faiblesse et ils fondraient sur elle comme les rapaces qu'ils étaient.
Doll se rhabilla donc rapidement, avant de s'occuper du bordel qui avait été mis dans ses cheveux. Sa main gauche lui indiquait toujours que le moment n'était pas encore venu, alors elle devrait patienter un peu plus longtemps. En attendant elle devait trouver un moyen de retirer ou de neutraliser ce fichu bracelet.
L'Alchimiste Écarlate était de bonne humeur en se réveillant, pour une fois. Voir la jeune fille chanceler jusqu'à la salle de bain prouvait que sa punition de la veille avait laissé des traces et il en était ravi. Il pouvait bien laisser passer le fait qu'elle l'ai dérangé dans son sommeil avec le bruit, le son de ses cris de douleurs résonnait encore à ses oreilles comme la plus douce des berceuses.
Kimblee se redressa quand elle sortit de là, voulant faire son brin de toilette habituel. Il fut peut-être un peu déçu qu'elle ne semble pas avoir la moindre réaction en le voyant, mais après tout, elle avait toujours été comme ça. Et dans le pire des cas, si le message n'était pas passé, il pouvait toujours recommencer…
Doll n'aurait jamais cru dire ça un jour, mais elle fut soulagée d'entendre les coups d'Archer à la porte. Certes, lui aussi possédait la télécommande pour déclencher la torture, mais au moins il n'y avait pas autant de tension avec lui qu'avec l'alchimiste. Dès qu'il eut ouvert, elle sortit se mettre dans le couloir pour l'attendre.
Le Lieutenant-colonel afficha un sourire froid en remarquant les cernes sous ses yeux, avant de se tourner vers un Kimblee radieux (du moins aussi radieux que pouvait l'être un psychopathe avec un goût prononcé pour le sadisme) qui finissait d'enfiler ses bottes.
- Bonjour Lieutenant-colonel, la nuit a été bonne, on dirait, lança-t-il.
- Excellente, répondit-il.
La jeune fille serra le poing et les dents et fit volte-face, fusillant le cadavre ambulant du regard. Lequel se contenta de lever un sourcil dans sa direction.
- Quelque chose à ajouter ? demanda-t-il.
Puis son regard se posa sur sa main droite et les veinules rouges qui remontaient jusqu'à la base de ses doigts.
- Ah, je vois. Eh bien maintenant, j'imagine que vous serez un peu plus sage, mademoiselle Little.
Doll fit un effort colossal pour ne pas lui sauter à la gorge, avant de réaliser quelque chose.
- … « lieutenant-colonel » ? Depuis quand il est monté en grade ?
- Depuis hier, j'ai reçu l'approbation des haute-sphères dans l'après-midi, répondit tranquillement Archer.
Misère. Elle pouvait encore comprendre comment le cadavre ambulant pouvait avoir son grade, après tout ce n'était pas le seul dégénéré présent dans les rangs de l'armée, mais Kimblee ?! Le type connu pour avoir été condamné à mort après qu'il ait buté des officiers ?! C'était le monde à l'envers !
- C'est pas possible… murmura-t-elle, se pinçant l'arrête du nez.
Devant son désarroi évident, son sourire ne fit que s'élargir, prenant une tournure vraiment morbide sur sa face de macchabée.
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Quand la demoiselle revint dans le bureau d'Archer après être partie distribuer des documents dans le reste du couloir, son gêol-… supérieur se leva.
- Suivez-moi, dit-il simplement. Je pense qu'il est temps que vous rendiez visite à quelqu'un.
Elle leva un sourcil, méfiante, mais emboîta le pas au Lieutenant-colonel, ne pouvant pas vraiment faire autrement. Ils marchèrent le long des couloirs, quittant les bureaux, passant devant les quartiers des officiers, puis dans le hall d'entrée du QG. Doll se demanda un instant ce qu'ils foutaient dehors. La voiture noire qui les attendait devant le portail lui donna une petite idée de ce qu'il se passait. Il mirent environ une vingtaine de minutes à rejoindre un bâtiment vétuste à l'autre bout de la ville. Les gardes postés devant le portail de l'entrée ne laissaient que peu de doute quant aux propriétaires de cet endroit, et ce qu'elle en déduisait de l'apparence extérieure ne lui plaisait pas le moins du monde.
Archer descendit de la voiture et l'incita à le suivre d'un geste autoritaire. Les gardes les laissèrent passer et la demoiselle dû se résoudre à suivre son supérieur à l'intérieur, l'unique pensée du bracelet à impulsions électriques l'empêchant de prendre ses jambes à son cou sur le champ. Une fois entrés dans le laboratoire, elle commença d'elle-même à examiner toutes les options qu'elle avait pour fuir si les choses tournaient au vinaigre.
Ils cheminèrent quelques minutes dans le véritable dédale qu'était le bâtiment et elle vit au travers des vitres de chacune des pièces devant lesquelles ils passaient des équipes de scientifiques en blouse blanche, hommes comme femmes, mener diverses expériences sur des êtres vivants, allant des plantes les plus réactives aux petits animaux. Quand Archer finit par s'arrêter devant une salle dépourvue de fenêtres, elle se tendit, prête à foncer à l'opposé, mais ne bougea pas.
Autant éviter les ennuis au maximum, et si elle n'était pas certaine qu'obéir lui ferait plus de mal que de se rebeller, elle préférait garder ses forces. Après tout elle n'était pas encore tout à fait guérie de cette fameuse fois en salle d'interrogatoire…
Le haut-gradé frappa à la porte et attendit quelques secondes avant que des coups ne lui répondent. Il ouvrit le battant métallique, avant de faire signe à Doll d'entrer.
- Après vous, sourit-il.
- J'en ferai rien, répondit-elle.
- Entrez dans cette pièce, mademoiselle Little. Je suis sur que vous serez ravie de voir la personne qui vous attend.
La jeune fille eut un doute.
Depuis son arrestation on l'avait maintenue dans l'ombre sur tout ce qu'il s'était passé. Certes, elle savait grâce au Commandant Armstrong que les frères Elric et leur professeur avaient disparu sans laisser de trace, ce qui signifiait qu'ils n'avaient pas pu avouer quoi que ce soit sur ce qu'ils avaient vu ce soir-là… Mais rien ne disait qu'il n'y avait pas quelqu'un derrière cette porte qu'elle pensait mort ou en fuite jusqu'à cet instant…
Pourquoi hésitait-elle ? Dans son intérêt personnel elle devrait prendre la fuite, mais à la pensée qu'il y avait l'un de ses camarades du Devil's Nest là-dedans l'empêchait de faire demi-tour…
- Dernier avertissement, mademoiselle Little, fit Archer en montrant la télécommande de son bracelet bien en évidence. Entrez, c'est un ordre.
Doll déglutit discrètement, mais consentit enfin à obéir, entrant dans la pièce, descendant les quelques marches qui menaient à cette espèce de cave. En reconnaissant la silhouette qui se découpait derrière la porte, elle regretta immédiatement sa décision.
- Toi… gronda-t-elle.
- Doll… Ce n'est pas ce que tu crois… répondit Tucker, paniqué en reconnaissant la jeune fille.
- Ah ouais ? Alors explique-moi parce que je suis pas sûre de comprendre, répliqua-t-elle d'un ton acerbe.
Elle s'approcha du Tisseur de Vie et le saisit par les oreilles pour le forcer à se baisser à son niveau, ignorant ses gémissements de douleur, le regardant droit dans les yeux avec une fureur noire.
- Allez, je t'écoute, continua-t-elle. Qu'est-ce que tu fous là ?
- Il travaille pour moi, fit la voix d'Archer. Lâchez-le, mademoiselle Little, ou je serai forcé de sévir.
Serrant les dents, la jeune fille finit par relâcher l'alchimiste, lançant un regard noir à son supérieur qui avait toujours cette saloperie de télécommande en main.
- Je sais pas ce que vous mijotez, mais si vous pensiez qu'en voyant ce lâche, j'allais m'effondrer dans ses bras en pleurant, vous vous fourrez le doigt dans l'œil, grinça-t-elle.
- Non, pas du tout, réfuta le militaire. Mais je lui ai parlé de la pierre philosophale que vous possédiez et il semble tout aussi intéressé sur le sujet que moi. N'est-ce pas, Tucker ?
La chimère difforme tortilla ses doigts avec un certain malaise, n'osant pas croiser le regard effrayant que la demoiselle lui lança.
- Nous y voilà, souffla-t-elle. Ouais, je vois où vous voulez en venir. Vous allez vous y mettre à deux pour me faire cracher le morceau, c'est ça ?
- Voyons, je ne suis pas assez stupide pour penser que ça fonctionnerait, sourit le cadavre ambulant. Mais si vous voulez vous en assurer, je vous en prie, regardez autour de vous mademoiselle Little, et voyez s'il y a le moindre outil de torture.
Il s'écarta du passage, lui laissant voir des cages entassées dans un coin avec des chimères difformes, pour la plupart incapables de bouger. Le long d'un mur, dans des containers de verre, des corps hybrides flottaient. Seuls certaines des cuves étaient visibles, les autres cachées par un rideau, mais les êtres à l'intérieur étaient identiques : le corps d'une petite fille qui ressemblait fortement à Tucker… Du moins, elle ressemblait à son côté humain.
- Qu'est-ce que… balbutia la jeune fille, stupéfaite.
- Ne la regardez pas… fit le Tisseur de Vie. Nina est très timide…
Le déclic se fit dans le cerveau de Doll, et elle baissa la tête, l'ombre de sa frange cachant ses yeux.
- C'est pour ça que tu veux la pierre, hein ? demanda-t-elle, étrangement calme.
- Avec la pierre, je pourrai la ramener… acquiesça l'alchimiste.
Il y eut un moment de silence, puis un léger rire se fit entendre, les épaules de la jeune fille tressautant doucement.
- Qu'est-ce qui vous fait rire ? demanda Archer en levant un sourcil.
- Vous êtes tous si stupides…
Elle se retourna vers eux, affichant un sourire tordu et un regard dément, s'approchant de la chimère difforme, qui lui, se mit à reculer avec crainte.
- Tu l'as tuée, hein Tucker ? demanda-t-elle encore, hilare. T'as buté ta propre fille, et maintenant tu veux créer une marionnette qui lui ressemble…
- Je ramènerai Nina…
- Mais tu feras quoi quand tu l'auras tuée aussi, celle-là ? insista-t-elle. Parce que si tu l'as butée une fois, tu recommenceras forcément ! T'en referas d'autres ? Et tu recommenceras encore, et encore, et encore, jusqu'à la fin des temps ? C'est ça ton plan ?
Ayant forcé Tucker à reculer jusqu'au mur, elle força son regard à croiser le sien en penchant effrontément, la tête.
- Alors ? T'as perdu ta langue ? Vas-y, dis-moi comment tu l'as refroidie la première fois… susurra-t-elle, se délectant de la détresse grandissante du Tisseur de Vie.
- Reculez, ordonna Archer d'une voix tranchante.
Doll leva les mains en signe de reddition, gardant un sourire franchement amusé en se tournant vers son « supérieur ».
- Il est quand même sacrément fragile, votre alchimiste, fit-elle nonchalamment.
- C'est pourquoi je n'hésiterai pas à utiliser ce joli bracelet au prochain mot destiné à le contrarier.
- Dommage.
Satisfaite de son effet, la jeune alla tranquillement s'asseoir sur les marches à l'entrée de la pièce. Autant dire que ça faisait un bien fou de voir ce lâche bouleversé, ça lui changeait des derniers jours.
Elle reprit son air neutre après quelques secondes à savourer la douce sensation de la vengeance. Maintenant elle devait réfléchir à ce que tout ça allait signifier pour elle. Pour commencer, si Tucker créait des chimères pour Archer, elle allait devoir se méfier quand elle se sortirait de ce merdier. Si ce n'était pas les soldats, ce serait possiblement de sales bestioles qui l'arrêteraient, voir même la tueraient. Ensuite, cette couille-molle était visiblement spécialisé dans la transmutation des êtres vivants, à en voir les hybrides qui peuplaient les cages et les marionnettes dans les cuves, donc le moindre mot qui pourrait possiblement lui échapper serait susceptible de le mettre sur la voie.
Mais d'un autre côté… S'il était désespéré au point de revenir dans l'armée pour ressusciter sa chère Nina, alors peut-être qu'elle pourrait exploiter ce pauvre type… En lui promettant la pierre contre de quoi s'enfuir, par exemple…
Elle fronça les sourcils quand les bribes de la conversation entre le cadavre ambulant et l'hybride lui firent parvenir les mots « pierre rouge ». De quoi est-ce qu'ils parlaient ?
- Vous n'avez toujours pas déterminé ses composants ?
- Non…
- Je vois… fit le gradé avec un calme olympien. Je pars pour Central dans deux jours, j'irai faire ma petite enquête à la Première Section. Pendant ce temps-là, essayez d'avancer sur les chimères que vous m'avez promis, la guerre est proche.
L'alchimiste acquiesça doucement et le Lieutenant-colonel tourna les talons pour se diriger vers les cuves.
- Venez ici, mademoiselle Little, ordonna-t-il.
La jeune fille se leva pour approcher et il désigna un rideau qui devait recouvrir d'autres cuves de verre.
- Ce serait dommage que vous manquiez les plus belles pièces de la collection, sourit-il froidement.
Le tissu fut retiré par Tucker et la demoiselle se figea devant la vision qui s'offrait à elle. Les corps d'Ulchi, Bido et de quelques autres chimères du Devil's Nest y flottaient, plongés dans le formol pour la conservation. Une douleur vive la prit au cœur et elle serra les dents sous le regard du Lieutenant-colonel dont le sourire s'élargit un peu plus.
Jour 80.
Appuyée contre la fenêtre, Doll regardait le paysage défiler, non sans lutter contre l'envie de passer à travers pour sortir de ce foutu train. Elle se faisait toute petite dans son coin du compartiment, étant donné la présence massive d'Armstrong à côté d'elle. Ce moustachu était une bénédiction, vu qu'il avait piqué la place de Kimblee, ne laissant plus qu'Archer en face d'elle. L'Écarlate lisait dans son coin, mais elle avait bien vu le regard contrarié qu'il avait lancé au Commandant et en avait tiré tout de même un peu de satisfaction.
Mais ce n'était pas grand-chose comparé à son agacement. Le cadavre ambulant chantonnait en lisant divers rapports et elle commençait vraiment à en avoir marre.
Pour se distraire de son envie de frapper les deux hommes dans la bouche, elle repensait à ce qu'elle avait appris les deux derniers jours. Les corps des chimères qui servaient de base pour en créer d'autres, l'existence d'une pierre philosophale factice dont le créateur avait été tué et dont Tucker essayait de découvrir la composition…
Tout ça ne lui disait rien qui vaille. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait trimballée la vraie pierre dans le plus grand secret, elle était peut-être dérangée, mais s'il y avait une chose qu'elle savait, c'était que ce foutu caillou était la chose la plus dangereuse qui puisse exister en ce monde, tout particulièrement dans les mains des militaires. Doll était une sociopathe, pas une inconsciente, elle savait reconnaître les signes avant-coureur d'une catastrophe, alors ça la lui foutait mal de savoir qu'ils avaient tout de même un moyen de monter leur puissance avec ces « pierres rouges ». Ces abrutis allaient finir par causer la destruction de ce pays, si ça continuait comme ça. Heureusement qu'ils n'avaient pas l'air de savoir quel était l'ingrédient le plus important pour créer la vraie pierre, sinon elle n'osait pas imaginer le génocide.
Les sourcils de la demoiselle se froncèrent de plus en plus à mesure que les secondes passaient, jusqu'à ce qu'elle en ait marre et ne se lève d'un coup.
- Je vais aux toilettes, annonça-t-elle aux trois hommes.
- Pas sans chaperon, refusa Archer, ayant enfin cessé de fredonner cette foutue hymne.
- Alors je l'accompagne, déclara Armstrong en se levant à son tour.
L'Écarlate tira un peu la gueule, mais ne dit rien alors que la jeune fille sortait du compartiment, suivie par le moustachu. Elle poussa un soupir en se passant la main sur le visage.
- Merci Commandant, souffla-t-elle tout bas. Une seconde de plus et je l'étranglais.
- Je vous en prie, mademoiselle Little, éluda-t-il.
Il se mirent en route, traversant les wagons civils pour se rendre en direction des toilettes.
- Au fait, j'ai pris la liberté d'amener votre Baskerville avec moi, comme je ne suis pas certain de repasser par le Centre de Commandement du Sud avant un moment.
Elle adressa un sourire fatigué au moustachu, contente de savoir qu'il y faisait attention.
- J'attends avec impatience la prochaine occasion d'en rejouer, confia-t-elle. D'ici là, je serais ravie de voir une démonstration de vos talents.
- Dès que j'aurai un moment de libre, assura Armstrong, une petite étoile rose apparaissant au coin de son œil. Ce sera un véritable plaisir de jouer pour une connaisseuse.
Il était peut-être un peu loufoque, celui-là, mais elle l'aimait bien. Il restait plus supportable que les deux autres enflures et au moins elle pouvait parler musique avec lui. Vu que c'était plus ou moins son seul centre d'intérêt en dehors de son boulot, ça lui faisait quand même du bien au milieu de tout ce merdier, surtout quand sa main ne lui permettait pas de jouer.
Quand elle s'enferma dans la cabine de toilettes, elle remua les doigts de sa main gauche, les sentant encore un peu raides, mais afficha tout de même un sourire. D'ici trois à quatre jours elle n'aurait plus besoin de ce plâtre encombrant.
Kimblee releva le nez de son bouquin en fronçant légèrement les sourcils. Ils en mettaient du temps pour un simple aller-retour aux chiottes, ces deux-là… Archer avait l'air de penser la même chose, regardant régulièrement vers la porte entre deux lignes de son rapport.
- Je vais voir ce qu'ils fabriquent, annonça l'alchimiste en se levant, enfilant son masque métallique.
- Faites donc, Lieutenant-colonel.
L'Écarlate referma la porte du compartiment derrière lui et s'en alla en direction des derniers wagons, passant au milieu des civils qui voyageaient joyeusement. Arrivé au dernier, juste avant les toilettes, il s'arrêta et leva un sourcil de derrière son masque en voyant l'attroupement dans un coin précis. La silhouette d'Armstrong tentant de rétablir l'ordre au milieu de ce rassemblement lui indiquait cependant où devait se trouver la fillette.
Une odeur métallique lui emplit les narines et un fin sourire étira ses lèvres, bien que personne ne puisse le voir.
Cling !
Le brouhaha qui régnait parmi les passagers s'arrêta d'un coup quand l'une des fenêtres vola en éclats.
- Allez, tout le monde retourne à sa place, fit une voix sèche qu'il reconnut sans mal.
Les civils ne tardèrent à obéir et bientôt le calme fut absolu, uniquement dérangé par le sifflement du vent et il put enfin voir la demoiselle qu'il cherchait, laquelle ne semblait pas plus déphasée que ça par le corps qui se trouvait à ses pieds, son petit sourire en coin indiquant clairement que ça l'intéressait.
- Commandant, nous avons affaire à un meurtre, annonça-t-elle très calmement.
