Chapitre 28

Me voilà seule dans cette grande maison. Anya est encore au Polaris alors que Lincoln et Indra sont allés acheter les derniers préparatifs pour ce soir. J'attends avec impatience le message de Clarke pour me dire qu'elle est bien arrivée. Je ne suis vraiment pas tranquille après cette rencontre inattendu que j'aie fait quelques heures plus tôt. Si Clarke ne m'avait pas tiré par la main je serai probablement encore tétaniser en pleine rue devant le Polaris. Est-ce que mon imagination me joue des tours ? Je ne sais pas ! Je ne sais plus quoi penser ! Je ne sais pas quoi faire ! Je crois que je suis littéralement en train de devenir folle. Je suis là, à faire les cent pas depuis je ne sais combien de temps, mon téléphone à la main toujours à attendre ce fichu message de Clarke.

Une heure ! Cela fait une heure qu'elle est partie, elle aurait déjà dû arrivée depuis au moins plus de trente minutes. C'est trop ! Je dois m'assurer qu'elle va bien.

Le téléphone à l'oreille, j'entends que ça sonne.

Allô ?

Clarke ! tu vas bien ?

Lexa ? oui je vais bien désolée j'ai oublié de te prévenir que j'étais bien arrivée, ma mère m'a embarqué aussi tôt arrivée dans les magasins…

Mon soulagement doit se faire entendre, je sens que Clarke n'est pas sereine au bout du fil.

Lexa, qu'est-ce qui se passe ? tu m'inquiète là…

… rien t'en fais pas, c'est juste que… il aurai pu t'arriver quelque chose sur la route…

J'espère être convaincante, je ne saurai pas comment faire pour me dépêtrer de tout ça sinon. Il est hors de question que ma blonde s'inquiète pour moi.

Lexa… ne me mens pas, dis-moi ce qui se passe…

C'est juste que…

Je dois trouver quelque chose à lui dire. Mais quoi ?

… ça me stresse tout ça, tous ces préparatifs… puis je pense à eux…

Après tout ce n'est pas un mensonge, c'est la vérité, j'omets juste une petite partie pour l'instant.

C'est normal tu sais, dis-toi que de là où ils sont, ils sont fier de toi, c'est aussi une façon pour toi de leur rendre hommage d'être avec ta famille pour les fêtes, je sais que tu vas y arriver, tu es forte Lexa, et n'oublie pas tu es entourée, tu n'es pas seule…

J'entends la porte d'entrée s'ouvrir suivit de rire. Lincoln et Indra se taquinent comme à leur habitude. Un deuxième soulagement se fait ressentir dans tout mon être. Le dernier sera quand Anya sera rentrée à son tour.

Clarke, Lincoln et Indra viennent de rentrer des courses, je vais devoir te laisser. Je suis désolée de t'avoir dérangé…

Tu ne me dérange jamais Lexa tu le sais, on s'appelle ce soir si tu veux d'accord ?

D'accord, merci… à ce soir.

Je raccroche, je peux voir Indra et Lincoln tenter d'imiter Clarke et moi au téléphone. De vrai gamins ces deux-là. Malgré tout, ces pitres m'arrachent un sourire.

Clarke est bien rentré ? demande Indra.

Oui saine et sauve, euh… Linc ?

Je vois son sourcil se lever attendant que je continue. Pour seule réponse je lui fais un signe de la tête montrant l'étage.

Je pose ça et j'arrive c'est bon ?

Je monte les marchent quatre à quatre pour me réfugier dans ma chambre. Quelques minutes plus tard la porte s'ouvre et se referme.

Lexa ça ne va pas ?

Encore une fois j'étais en train de faire les cent pas dans les quelques mètres carré qui me servent de refuge.

Lexa… tu m'inquiète là…

Je… Linc… je…

J'éclate en sanglot sans même pouvoir le contrôler. Je sens ses bras m'entourer cherchant à me réconforter. Il me dirige vers mon lit pour que l'on s'asseye. Mon corps tout entier tremble, je n'étais plus capable de garder le contrôle sur moi.

Lexa… parle-moi s'il te plaît, tu me fais peur là…

Il était impossible pour moi de parler, j'étais dans un tel état que même si j'essaye de prononcer un mot, je ne suis pas sûre qu'il serait compréhensible. Plusieurs minutes passent, mes sanglots venaient perturber ce calme. Plus les minutes passent et plus je sens que Lincoln me serre contre lui dans l'espoir que ça m'aide à me calmer.

Je ne saurai dire combien de temps venait de passer. Je peux enfin sentir mon corps se calmer et ma gorge se desserrer. Je finis par m'écarter doucement de l'étreinte de mon frère. La tête baissé, j'ai honte. Honte qu'il me voit aussi faible.

Lexa... regarde-moi…

Je hoche négativement la tête pour seule réponse, cherchant encore quoi dire, ou du moins, par où commencer. Je sens sa main sur mon menton pour remonter ma tête afin que mon regard trouve le sien. Ce qui fut un échec.

Linc… je ne sais pas quoi dire… mais je ne peux plus gérer ça toute seule… je n'en ai plus la force…

Lexa tu n'es pas seule, tu n'as jamais été seule… j'ai toujours été là, comme Anya et Indra même si elle n'est pas souvent présente à cause de son travail, mais on a toujours été là pour toi…

Lincoln a raison et je le sais, mais l'admettre est bien plus difficile.

Je sais… c'est juste que… c'était impossible pour moi… je n'y arrivais pas, et je ne suis même pas sûre d'y arriver maintenant…

Strisis… je t'aime quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, quoi que tu dises, ça ne changera pas… je sais que toi et moi ça n'a pas toujours été facile, je sais qu'il y a beaucoup de choix que tu as fait que je ne comprends pas, mais sache que je ne te jugerai jamais, je ne demande qu'à être là pour toi, pour t'aider et t'épauler du mieux que je peux, te voir comme ça me brise le cœur, je sais que ce n'est pas une période facile pour toi, que chaque année tu revis certainement ce qui s'est passé ce soir-là… je sais que ta douleur n'est pas la même que la mienne ou celle d'Anya ou de Indra… tu as le droit de pleurer, tu as le droit d'être en colère, tu as le droit de ressentir toutes les émotions qui fait de nous des êtres humains. Mais tu n'es pas obligé d'y faire face toute seule… tu sais au fond je ne t'en veux pas d'être partie, je m'en veux à moi de ne pas avoir été à la hauteur et de ne pas avoir été présent pour toi, alors oui j'ai peur, j'ai peur que tu partes, j'ai peur que tu ne puisses jamais t'en remettre, j'ai peur que tu passes à côté des plus belles choses que la vie peut t'offrir…

Jamais Lincoln ne m'a ouvert son cœur comme il le fait à cet instant présent. Ses mots me font un bien fou malgré tout ce que je peux ressentir. J'ai toujours pu compter sur lui, mais jamais je n'ai accepté la main qu'il me tendait durant toutes ces années.

Tu es Lexa Wood, tu es forte, tu es la femme la plus forte que je connaisse, tu ne baisse jamais les bras, tu es toujours là pour les autres malgré que tu essaie de paraitre pour la fille sans cœur qui se fiche de tout… mais tes peurs sont tellement présente que tu as l'impression que tout le monde finira par partir, mais c'est faux. Quand tu es partie, je n'ai fait que te chercher nuit et jour, je l'ai pris comme un abandon, pour moi tu avais brisé la promesse qu'on s'était faite toute les deux alors qu'on était tout petit… toute ma vie je n'ai vu que par toi, tu as toujours été pour moi l'exemple à suivre, alors quand je me suis retrouvé seul je l'ai très mal vécu, Anya faisait des crises car je partais en pleine nuit te chercher, je prenais mon vélo et je faisais toute la ville de fond en comble, si je ne te trouvais pas j'allais même sonner à chaque maison, chaque appartement pour demander si tu étais là, jusqu'au jour où quelqu'un a appelé la police. Ils m'ont ramené ici, Anya était furax comme jamais je l'ai vu furax auparavant. Je sais que si les rôles avaient été inversé tu aurais fait exactement pareil je me trompe ? je fais signe que oui de la tête. Ce que je veux dire Lexa c'est que je suis là, je ne te lâcherai pas, je décrocherai la lune si cela pouvait t'aider, je ferai l'impossible pour toi car tu es ma sœur et ça peu importe ce qui se passe…

Les larmes coulent le long de mon visage, ses mots me touchent profondément. A cet instant présent, il n'était pas le dur à cuire, il était mon frère ! Pour une fois, il me disait les choses sans filtres, il se livrait à moi. Et moi je me dois de faire pareil.

Je n'ai pas été totalement honnête Lincoln, je vous ai menti… ce soir-là… oui j'étais présente, ça c'est vrai, mais… je n'étais pas caché… maman et moi étions en train de ranger avant de finir le nettoyage quotidien. Papa était en train de compter la caisse quand on a entendu la cloche annonçant que quelqu'un venait d'entrer dans le magasin… je me rappelle que papa est sortie directement de derrière le bar alors que maman s'avançait vers la porte pour annoncer que nous étions fermé. Je me rappelle entendre la porte se fermer à clé. Un homme vêtu de noir tenant une arme et la pointant sur maman… en une fraction de seconde le coup de feu avait retenti alors que papa tente de s'interposer, maman tombant à mes pieds manquant de me faire tomber. Je revois le sang formé une flaque rapidement… je revois papa s'approcher de en courant et se stoppant net quand l'arme de cet homme se pointe sur moi à seulement quelques centimètres de ma tête… je pouvais sentir la chaleur qui émanait du canon qui venait tout juste de servir…

Au fur et à mesure de mon récit je vois le visage de Lincoln se décomposer. Je vois la colère monter en lui, je le vois comprendre mon comportement de ces trois années.

… j'étais incapable de bouger, incapable de dire quoi que ce soit, j'étais vide d'émotions, je savais qu'il était incapable de rivaliser face à cet homme, même avec les connaissances que j'avais dans les arts martiaux, c'était juste impossible… j'entends papa le supplier, le supplier de me laisser vivre, de le tuer à lui mais de ne surtout rien me faire… je me rappelle que plusieurs minutes passent, que cet homme avait toujours son arme sur ma tête, je me rappelle ses yeux m'analyser dans les moindres détails, jusqu'au moment où l'arme se dirige vers papa… il lui a dit une chose avant de presser la détente…

Je souffle, comme pour évacuer toutes les émotions qui me submergeaient actuellement.

… je ne me rappelais pas de ce qu'il a dit, jusqu'à aujourd'hui…

Lincoln me regarde d'un air surpris se demandant sûrement ce qui a fait que je m'en rappelle aujourd'hui.

… « un jour son tour viendra »… à cette phrase, le coup de feu était partie, c'était au tour de papa de s'effondrer… a seulement quelques mètres de moi… il est partie me lançant un dernier regard… il a disparu alors que moi j'étais encore tétaniser, mes pieds baignant dans le sang de maman alors que papa luttait pour survivre… si j'avais réagi, peut être que j'aurai pu le sauver Lincoln, si j'avais réagis plus tôt, peut-être que les secours serait arriver avant et l'aurait sauver… mais au lieu de ça j'étais planter là, comme figé au milieu du magasin jusqu'à l'arrivée de la police… pour le reste tu connais la suite…

Lincoln me prend à nouveau dans ses bras, son étreinte n'est pas du tout la même que quelques minutes auparavant.

Lexa… je suis désolé… je n'ai jamais imaginé que tu aies pu voir et vivre tout ça… je comprends maintenant…

Je crois que je l'ai croisé ce matin…

Il s'écarte violemment de moi avec ce regard que je connais si bien. Ce regard noir, rempli de haine et d'inquiétude à la fois.

Comment ça ?!

Alors qu'on était en train de rentrer avec Clarke, j'ai bousculé quelqu'un dans la rue devant le Polaris, en me retournant je me suis retrouver face à un homme, alors que je m'excusais de l'avoir bousculé, quand j'ai croisé son regard et que j'ai entendu sa voix, je me suis retrouvé tétanisée… je me rappelle de son regard comme si c'était hier, et quand j'ai entendu sa voix, j'ai eu comme un flashback, comme si sa voix venait de me faire un électrochoc, cette phrase qu'il a dite… je ne m'en rappelais pas, pour moi jusqu'à aujourd'hui et comme je l'ai eu dit à la police, il n'avait jamais parlé puis ça m'est revenu d'un coup… Lincoln… je… je pense que si c'est lui il m'a reconnu… il n'a pas arrêté de se retourner alors qu'il marchait dans le sens inverse de Clarke et moi…

Lexa tu es sûre de toi ? Ne crois pas que je doute de ce que tu me dis, mais si c'est vrai et que c'est vraiment ce type que tu as croisé, on ne peut pas rester là…

Tu veux faire quoi Linc ? le coupais-je

Lexa tu te rends compte de ce que tu me dis là ? Ce mec vit ici à Polis, s'il t'a reconnu et que ce qu'il a dit à ton père avant de… il marque une pause n'osant pas dire le mot, on ne peut pas rester là et ne rien dire, on doit en parler à Anya et Indra, il faut déjà les mettre au courant, et après aller voir la police…

Lincoln, non s'il te plaît… c'est trop pour moi là…

Je me lève de sur le lit et commence à faire les cent pas à nouveau. Réfléchissant mais n'ayant aucune idée de ce qui était la bonne chose à faire. Je ne peux pas. Faire ça, veut dire, danger ! Ça veut aussi dire que si tout ça est bien réel, tout le monde est en danger, Anya tient le Polaris, Clarke était avec moi ce matin. Lincoln ne me lâchera pas d'une semelle suite à cette discussion. Indra… Indra va sûrement devoir repartir en mission. Donc ça veut dire que Anya sera toute seule ici à Polis, alors que Lincoln et moi on sera à la fac, à quelques heures d'ici.

Lexa… tu n'as pas le choix…

Je ne suis même pas sûre que c'est lui, je ne suis même pas sûre de pouvoir le décrire, même si c'est lui, je serai incapable de dire comment il est…

Clarke l'a vu non ?

HORS DE QUESTION ! Clarke reste en dehors de ça Lincoln, c'est non négociable !

Tu ne peux pas lui cacher ça Lexa !

Pour l'instant si ! Et c'est ce que je vais faire Lincoln, et je t'interdis de lui dire ou même seulement d'en parler à Octavia… Lincoln s'il te plaît, promets le moi… promets-moi de ne rien dire à Clarke ou à Octavia pour l'instant…

… d'accord, mais tu devras le faire à un moment ou à un autre Lexa, Clarke finira par s'apercevoir que quelque chose ne va pas… par contre on descend et on va parler à Anya et Indra, ça c'est non négociable de ma part par contre, à toi de voir ce que tu préfères…

Je secoue la tête, je me trouve dans une situation bien merdique. Mais je dois admettre que Lincoln à raison. Je finis par accepter après un long duel de regard avec mon frère que je finis par perdre.

Lexa… je ne fais pas ça pour te faire du mal, mais si ce que tu dis s'avère vrai, cela va bien plus loin qu'un simple traumatisme, cela devient bien plus dangereux, autant pour toi que pour nous. On a déjà perdu énormément, tu as perdu énormément, on doit se protéger les uns les autres… Oson gonplei nou ste odon (notre combat n'est pas terminé), tu n'es plus seule, je suis là et je ne te lâcherai pas…

Lincoln dépose un baiser sur mon front, avant de me prendre la main pour nous diriger vers le rez-de-chaussée. Anya est sûrement rentrée depuis le temps. Alors qu'on descend les escaliers, on peut entendre le bruit des assiettes et des verres, on peut entendre les rires de notre cousine et de notre tante. Des rires qui bientôt se transformeront en autre chose.