Harry Potter & Le Seigneur Des Cendres

Prologue : Il était autrefois...

Le médicomage Drago Malefoy n'avait pas la réputation d'être particulièrement sociable. Il était même de notoriété publique, à la clinique Flamel & Narré, que c'était un homme solitaire et taciturne. D'une nature froide, il pouvait être particulièrement cynique même lorsque ses patients étaient à l'article de la mort. Ce fut donc une surprise pour tout le personnel quand un hibou gris traversa, ce matin là, le service des pathologies de sortilèges pour rejoindre le perchoir devant le bureau 223.

Le jeune médecin avait été de garde durant deux jours, si bien qu'il était endormi sur le canapé bleu, lorsqu'il entendit le hululement caractéristique d'une chouette. Il sortit furtivement, et arracha le courrier du bec du rapace et retourna se couchait, en caressant avec une fascination mêlée d'inquiétude le cachet du ministère dont la cire scellait l'enveloppe.

« Cher Monsieur Malefoy,

Le Ministère de la Magie britannique, ainsi que moi-même, Perceval I. Weasley, Directeur du Département de la Coopération Magique Internationale, avons le regret de vous informer que la Baguette de Sureau, dont vous étiez propriétaire entre 1997 et 1998, vient d'être arrachée à la tombe d'Albus Dumbledore, où elle était secrètement entreposée depuis la chute du Lord noir, lors de la Bataille de Poudlard, cette même année.

Notre Ministre de la Magie, Hermione Granger, souhaite votre coopération dans cette enquête, en raison de vos liens avec la baguette mais également pour vos talents réputés chez nos voisins français en matière de lutte contre les sortilèges obscures. En échange de vos services, le Ministère est prêt à vous remettre l'acte de propriété du Manoir Malefoy, ainsi que les titres de noblesses afférents.

Merci de nous transmettre rapidement votre réponse afin de préparer votre arrivée dans les meilleurs conditions.

Bien cordialement,

Perceval I. Weasley, Directeur du Département de la Coopération Magique Internationale. »

Il se redressa de toute sa hauteur, et à sa deuxième lecture, ses yeux gris, d'ordinaire lasses et ternes, s'illuminèrent comme ils ne l'avaient plus fait depuis longtemps. Un mélange d'inquiétude et d'envie le submergea soudain. Reconquérir ses biens, retrouver sa terre natale, c'était une possibilité qu'il ne pouvait ignorer, mais cela signifiait également affronter un passé qu'il avait fuit. Des souvenirs atroces s'étaient incrustés dans les murs du manoir, et il n'était pas certain d'être capable d'y faire face. Son nom était, là-bas, synonyme de magie noire, de déchéance, et de haine, pourrait-il faire face à cette hargne ?

Il fixa la lettre un long moment, hésitant, quelque chose n'allait pas dans tout cela. La proposition de Granger était trop généreuse. Ce n'était pas une offre de paix, c'était une offre d'achat. Hermione Granger, la si progressiste, si héroïque, Ministre de la magie avait besoin de lui. Mais pourquoi ? Elle n'avait pas besoin de ses talents de médecin, elle avait tout St-Mangouste pour l'aider. Son lien avec la baguette de Sureau ? Ce n'était qu'un prétexte, il ne l'avait même pas eut entre les doigts. Alors pourquoi ? Granger l'intriguait, et c'était une sensation nouvelle.

« Décidément, pensa t-il, si une chose à changer, ceux sont les élèves de Gryffondor, ils deviennent aussi rusés que des serpents. »

Sa curiosité piquée au vif, réussi à prendre le pas sur ses peurs, et il enchanta une plume sur son bureau pour qu'elle rédige sa réponse.

« Cher Monsieur Weasley,

Nous savons tous, la Ministre, vous-mêmes ainsi que les principaux protagonistes de cette fameuse bataille de Poudlard, que cette collaboration est risquée pour moi. Le souvenir de la famille Malefoy dans la communauté magique du Royaume-Uni est entachée par les agissements de mon père.

En conséquence, si vous souhaitez ma participation, vous devrez m'offrir la meilleur protection possible contre les attaques dont je pourrais faire l'objet, c'est-à-dire, l'assignation d'un Auror à temps complet. Je suggère l'Auror Potter, sa notoriété sera une sécurité supplémentaire à mes yeux.

Magiquement,

Draco Malefoy. »

Le lendemain, ce fut Harry fixa cette réponse avec un sourire agacé et noyé d'une étrange mélancolie. Il passa une main dans ses indomptables cheveux de jais. Même après des années, même à des centaines de kilomètres, Drago Malefoy était toujours le même : capricieux, manipulateur et exigeant. Le temps avait cependant fait son œuvre, et celui qu'on nommait encore « Le Sauveur », avait appris à lire entre les lignes.

-Il ne veut pas ma notoriété pour en faire une protection. Il veut s'en servir comme d'une brosse à reluire pour le blason des Malefoy. Je vois d'ici les gros titres « Le Sauveur pardonne aux mangemorts ».

-Tu voulais être sur cette affaire, répondit Hermione exaspérée, en s'enfonçant dans son fauteuil de velours bleu. Tu ne vas pas refuser pour ennuyer ton ancien rival. Tu n'es pas aussi puéril.

Harry fixa sa meilleur amie avec un regard noir, puis il se radoucit immédiatement. C'était toujours pareil avec Hermione ; il voyait derrière le chignon tiré et le tailleur bleu marine, non la femme politique, mais son amie, la seule personne qui en avait plus pour le monde de la magique que lui-même.

-Très bien, mais n'oublie pas, ce sera ma dernière affaire. Nous étions d'accord pour que je reste Auror pour te servir d'appui politique jusqu'à ton élection. Tu es ministre depuis deux ans, et je suis toujours là. Je suis fatigué.

-Nous sommes d'accord, tu as beau être doué, si tu ne veux plus continué, je ne te forcerai pas la main. Je vais écrire à McGonagall et appuyer ta candidature au poste de Défense Contre Les Forces du Mal. Je vais simplement émettre deux conditions. Tu n'arrêteras pas tes rendez-vous à Saint-Mangouste. Ta thérapie semble fonctionner. Je ne veux pas que tu arrêtes par excès de confiance ou parce que tu as l'impression qu'un changement d'environnement règle tout.

-Et la seconde condition ? Grogna l'Auror, que la première avait déjà refroidi.

-Tu annonceras toi-même à Ron qu'il va perdre son partenaire, dit-elle en souriant.

-Très bien, mais je te laisse lui dire qu'on va devoir se farcir la protection de Malefoy, lui répondit Harry, les yeux pétillants de malice.

En quelques secondes, la femme politique à l'air strict qu'elle était devenue disparut pour redevenir Miss-Je-Sais-Tout.

-Tu oses me mettre cette corvée sur le dos, tu n'as aucune pitié Harry James Potter ! Dit-elle en jouant la comédie.

-C'était ton idée ! Se défendit-il en riant, puis il redevint sérieux. Au fait, en dehors de son implication avec la baguette de Sureau qui me semble, au passage, un prétexte douteux, pourquoi veut-tu le faire revenir ?

Hermione s'effaça de nouveau derrière son masque de femme d'état.

-Les réseaux de son père pourrait nous mettre sur la piste du voleur, ça c'est la raison formelle. Le motif moins avouable, c'est que j'ai eut une discussion avez Zabini, il y a quelques jours. D'après lui, les nombreux procès de Kinglsey n'ont pas laisser de bons souvenirs chez les familles de sang-purs. Je pense que Malefoy pourrait me servir à apaiser les frictions entre le ministère et les vieilles familles. Pour eux, je ne suis qu'une parvenue.

-Malefoy est un serpent, rappela Harry en terminant son café. Tu n'as que deux options, tu joues cartes sur table dès le départ en acceptant le prix qu'il fixera, ou alors tu caches tes intentions en sachant que s'il le découvre, cette fouine te le fera payer bien plus cher.

-J'ai l'habitude des petits malins dans son genre, mon principal conseiller en est un. Blaise avait un prix, celui d'un poste de responsabilité au ministère. Malefoy voudra quelque chose aussi, il suffit de découvrir quoi.

-Il ne te le dira pas, fit le dit Blaise Zabini en rentrant dans le bureau de la Ministre. Voici le rapport sur les dépenses du département des mystères et j'aime autant te dire que mes observations sont plus longues que le rapport lui-même.

Il déposa une chemise rouge particulièrement épaisse puis, il rejoignit le rebord de la fenêtre avant de se retourner vers Harry et son amie.

-Pourquoi cela ? Demanda Hermione, en feuilletant négligemment les documents.

-Avouer ce qu'il veut, c'est dire ce qui lui manque, c'est révéler une faiblesse. Ce n'est pas le genre de Drago, ou de n'importe qui du clan Malefoy. Il vous demandera le moyen pour obtenir ce qu'il veut en comptant sur votre naïveté pour le reste.

-Toujours aussi tordu, grogna Harry. Tu es toujours en contact avec lui ?

-De loin en loin, fit Zabini qui savait très bien ce qu'insinuait Potter avec cette question. Si tu veux savoir si j'ai l'intention de me servir de lui et des vieilles familles pour prendre la place de Granger aux prochaines élections, sache que c'est hors de propos. Ces vieillards dans leurs manoirs veulent un ministre corvéable, et ils sont aussi têtus que toi. Granger m'est plus utile, elle écoute mes idées et mes propositions et me laisse faire ma part.

-Tu es bien méfiant, Harry. Tu ne t'inquiétais pas autant pendant ma campagne, remarqua Hermione.

-Tu admettras que le retour d'un Malefoy à Londres n'annonce pas la détente cordiale.

Elle acquiesça, puis elle jeta un coup d'œil à Zabini.

-Blaise, je te laisse prendre les dispositions nécessaires concernant la restitution du Manoir Malefoy. Il faudra également contacter Neville, c'est lui, le responsable administratif des Aurors.

-Le pauvre, fit Zabini, en riant, un héros de guerre réduit à l'état de gratte papier ! C'est à ce point une catastrophe sur le terrain ?

Hermione eut l'air soudainement affligée.

-Si seulement ! La vérité, c'est que c'est le seul d'entre eux qui est capable de remplir un document officiel sans laisser une trace de sang, de café, ou de la bave de loup-garou dessus.

Harry se leva avec un regard moqueur qui glissa vers Hermione, avec tendresse.

-Maintenant que je vais quitter le bureau, je peux bien te le dire, on le faisait exprès pour que tu arrêtes de nous donner de la paperasse à remplir, dit Harry en terminant sa tasse de café. Je dois partir, à plus tard.

Il ferma la porte sous les yeux amusés de Blaise et agacés d'Hermione.