Doucette77 : Avec le recul, c'est peut-être le personnage que j'apprécie le plus, parce qu'il est le plus tragique (Je ne suis pas d'accord pour dire que c'est Rogue). J'espère que ce nouveau chapitre te plaira, on commence à rentrer dans le vif du scénario.

Chapitre IV : Priore Incantatum.

Lorsque Drago quitta la chambre au petit matin, il eut la désagréable surprise de trouver une tête rousse dans la cuisine, en train de prendre le petit déjeuner au côté de Potter. Weasmoche n'avait pas changé, il était peut-être un peu plus grand, peut-être plus musclé et peut-être la voix plus grave, peut-être même avait t-il une brûlure sur tout l'avant bras, mais il était surtout toujours derrière Potter, à le suivre comme son ombre, ou comme une sangsue. Qu'est ce que Potter trouvait d'intéressant a un Weasley ? Ce n'était pas leur élégance, ni leur goût, ce n'était certainement pas non plus leur physique, peut-être leur humour ? Drago l'ignorait les seuls fois où il avait rit devant Ronald Weasley s'était aux dépends de celui-ci.

-Potter et Weasley, les siamois, lâcha Malefoy en guise de salutation. Maintenant que vous êtes là, nous allons pouvoir nous mettre sérieusement sur cette affaire de vol.

Il avait dit cela en faisant flotté une tasse de thé jusqu'à la table basse du salon.

-Malefoy, répondit le rouquin. Il paraît que tu as presque été courtois avec Neville.

-Neville était un empoté à Poudlard, mais s'il est sous les ordres directs de Granger, c'est qu'elle a l'intention de le nommer chef de votre bureau d'ici quelques temps. J'ai du respect pour les personnes qui arrivent à monter les échelons ainsi. Ce n'est probablement pas quelque chose dont tu serais capable, Weasley.

Il avait prononcé son nom avec tout le mépris dont il était capable.

-Un compliment pour Neville contre deux insultes, c'est un ratio honorable pour vos retrouvailles, nota le brun sur un ton moqueur.

-Si tu es jaloux, Potter, je peux encore me moquer de la mort de tes parents.

Malefoy termina sa tasse et pour ne pas laisser le temps à Harry de répondre, il retourna dans la chambre pour préparer ses affaires.

-Il prévient maintenant avant de sortir des horreurs ? Demanda Ron, en avalant un morceau de bacon trop cuit.

-Si seulement, murmura Harry.

Une heure plus tard, le singulier trio quittait l'appartement avec une valise chacun pour ensuite transplaner vers le quai de la gare de Pré-Au-Lard, où d'après Neville, McGonagall devait les attendre. Le directrice de Poudlard était bien là et derrière elle, les tours de l'école dominaient toujours le village de leur hauteur.

Drago avait été émerveillé lors de son arrivée ici, des années auparavant. Il répugnait désormais à s'approcher de cet endroit. La tour d'astronomie baignée du sang d'Albus Dumbledore, la cour où s'entassait les cadavres de ses anciens camarades, la salle sur demande où Vincent Crabbe était mort, tous les murs de ce château étaient rouges de sang et de guerre.

Les souvenirs refaisant surface, Drago s'assit sur un petit banc, pour reprendre sa respiration, alors que McGonagall traversait le quai pour rejoindre de ses anciens élèves. Potter remarqua l'état de Drago et s'approcha de lui.

-Tu n'as plus l'habitude de transplaner ? Demanda naïvement son rival, essayant de comprendre le manège de celui-ci.

-Non, c'est de voir vos têtes jour et nuit qui me donne la nausée, mêle-toi de tes potions, Potter.

C'était agaçant ce besoin de s'enquérir toujours de la santé et du bien être de tout le monde chez Potter. Non, bien sûr que non, Drago n'allait pas bien. Il était dans un endroit dont il avait fait des cauchemars durant des mois. Il était, néanmoins, hors de question de montrer la moindre faiblesse devant ce crétin à lunettes. La pitié dans les yeux d'Harry Potter, Drago ne pourrait pas le supporter. Heureusement, Zoé se réveilla et vint faire son office. Harry regarda la salamandre étincelle avec suspicion, puis se retourna vers son ancienne directrice de maison qui venait enfin de les rejoindre.

-Ah, Messieurs, vous êtes enfin là, dit-elle avec un début de sourire.

McGonagall n'avait pas vraiment changée, elle était toujours grande, toujours vieille, et elle avait l'air encore plus sévère que dans les souvenirs de Drago. Elle avait cependant changer ses lunettes carrées enveloppées d'or pour d'autres, plus discrètes. Il salua la directrice avec réserve.

-Monsieur Potter, dit-elle après les salutations d'usage, je suis content qu'on vous assigne cette affaire, cela rassurera le conseil des parents d'élèves. Le vol de cette baguette ramène de biens mauvais souvenirs dans la tête de nombre d'entre-eux.

-Je m'inquiète d'avantage pour les élèves, fit Harry, alors qu'il débutait la long route vers le parc où se trouvait la tombe profanée de Dumbledore.

-C'est ce qu'on demande à un futur enseignant, remarqua Ron. J'aurai préféré qu'il reste Auror, professeur.

Drago resta derrière les trois anciens membres de l'Ordre du Phoenix, écoutant d'une oreille attentive cette conversation. Il venait d'apprendre que Potter était en train de mettre un terme à sa carrière de chasseur de mage noir.

-Nous n'avons pas encore discuter de vos attributions, Potter, mais j'aimerai que vous preniez la tête de la maison Gryffondor.

-Je croyais que c'était le professeur Bibine qui vous avez remplacer à ce poste ?

-Elle va bientôt prendre sa retraite, et Olivier Dubois prendra sa place, mais il ne souhaite pas diriger Gryffondor.

-Je peux au moins y réfléchir, répondit Potter.

Alors qu'ils rejoignaient les calèches, la directrice s'intéressa plus particulièrement à Drago.

-Monsieur Malefoy, j'ai appris pour votre nomination à l'Ordre de la Médecine Magique. Vous n'avez pas démérité.

-Je vous remercie, professeur, répondit t-il poliment.

-Votre parrain serait fier de vous.

Elle avait ajouté cela avec une sorte d'amertume et de mélancolie. Ce n'était un secret pour personne que Rogue et elle ne s'appréciaient guère mais elle avait du respect pour lui. La révélation du rôle de Rogue dans la chute du Lord Noir n'était sans doute pas étrangère au brin perceptible de nostalgie dans la voix de la vieille sorcière.

-Je l'espère, répondit simplement Drago.

-Je pensais voir Hagrid, demanda soudain Ron.

-Malheureusement nous avons perdu trois sombrals, la semaine dernière. Hagrid est parti à leur recherche avec le professeur Gobeblanche. J'espère qu'ils reviendront pour vous voir, mais s'ils doivent retourner toute la forêt interdite, cela risque d'être long.

-Nous resterons jusqu'à leur retour, indiqua Harry. Si quelqu'un a vu un changement aux alentours de la tombe, ce sera Hagrid.

La calèche arriva à l'entrée du parc de Poudlard, et les quatre passagers en descendirent. McGonagall leur souhaita une dernière fois un bon retour à l'école puis après s'être excusé, elle rejoignit son bureau pour vaquer aux occupations d'une directrice d'école.

Les trois garçons rejoignirent le tombeau profanée avec une certaine appréhension. Ni les aurors, ni le guérisseur n'avaient vu la tombe autrement que sur des photos. La dalle de marbre avait été déplacée sur le côté, et le corps d'Albus Dumbledore dormait pour l'éternité dans un halo doré de sorts protecteurs.

Harry eut les larmes aux yeux, le vieil homme était dans le même état que le jour de leur dernière discussion. Une chose avait changé pourtant, mais seul son plus proche élève pouvait le voir : Dumbledore semblait enfin être en paix et ne plus souffrir de toutes les inquiétudes, de tous les regrets et de toutes les peines que ses yeux avaient accumulés au fil d'une existence que Harry jugeait peut-être trop longue pour un seul homme.

-Des sorts de conservation, nota froidement Malefoy qui cachait mal son malaise au milieu d'un recueillement dont il se savait exclu. Il était pour partie responsable de l'effroyable résultat qui se dressait devant lui, mais son métier lui avait appris à faire face aux corps sans vie avec l'analyse froide d'un légiste. Il n'y avait que quand il faisait son métier, ou quand Zoé était auprès de lui, qu'il pouvait esquiver ses crises d'angoisses. Après une bonne minute de silence, Harry lance un sort pour remettre la dalle à sa place et cacher le corps sans vie de l'ancien directeur.

-Le rapport indiquait des traces de pas, dit-il en examinant le sol.

-Elles sont là.

Ron était de l'autre côté du coffre de pierre, et effectivement en plus des brûlures notées par Drago, il y avait des traces de pas.

-Elles sont étranges, ceux sont les empreintes d'une personne ivre, ajouta t-il, alors que Harry et Drago l'avait rejoint.

-Vous n'avez trouver aucun corps à proximité ? Demanda soudain Malefoy que les traces venaient de mettre sur une piste.

-Frimell n'a rien indiqué de ce genre dans son rapport, non, fit Harry en se grattant la tête. Oh mais c'est bien sûr, un Inferius ! Cria t-il soudain. Le sorcier à utilisé un Inferius comme leurre pour déclencher les sorts, et le maléfice de Robards à enflammer le corps. Mais les Inferis ne supportent pas le feu, c'est pour ça que nous n'avons retrouver aucun corps, ils sont partis en poussière.

-On peut déjà exclure les gobelins, les elfes, les centaures, et les élèves de Poudlard. Il faut un savoir impressionnant en magie noire pour être capable de créer un inferi, donc c'est forcément un sorcier adulte, compléta Ron.

-Entre les habitants de Pré-Au-Lard, les sorciers de passage, et l'ensemble du corps enseignant de Poudlard, ça fait déjà un certain nombre de suspect, les informa Malefoy de sa voix trainante.

Harry exclu rapidement les professeurs de la liste des voleurs. Les plus anciens comme Slughorn et Flitwick avaient combattu Voldemort et les plus jeunes avaient au moins le souvenir de son règne de terreur. Dennis Crivey, le nouveau professeur d'arithmancie avait même perdu son frère dans la dernière bataille et certains autres avaient le corps couverts de plaies et de cicatrices. Ils savaient tous les dégats que cette baguette pouvait causer.

-Il faut réduire la liste des suspects, fit Harry. Malefoy, tu n'aurais pas une idée pour te rendre utile ?

-Je suis médicomage, Potter. Si tu trouves un corps, je serais ravie de l'examiner. Sauf si c'est celui de Weasley, bien entendu. Il est hors de question de me salir pour ça, dit-il avec un sourire moqueur.

-Si tu trouves mon corps, c'est que je me serais battu, Malefoy, comme je l'ai toujours fait. Tu ne sais pas ce que c'est bien entendu, avait répondu le roux avec dédain.

Il n'en fallu pas plus à Drago pour rentrer dans une colère noire. Il n'avait peut-être pas combattu Voldemort mais il s'était battu contre lui-même, et c'était un combat autrement plus long. Les regrets, la haine de soi-même, le sentiment d'avoir brisé les espoirs de toute son ascendance, un Weasley ne pouvait rien en savoir, et ne méritait rien de plus qu'une bonne leçon.

Malefoy dégaina sa baguette et lança un sortilège du Saucisson mais Harry réussi à réagir à temps. Sortant sa baguette, il poussa Ron pour qui l'esquive le sort. Harry et Drago se retrouvait donc une fois de plus l'un face à l'autre.

-Tu es encore là pour le défendre bien sûr, cracha Drago, avec dégoût.

-Malefoy, baisse ta baguette, ce n'est pas l'endroit pour jouer.

Harry avait peur qu'un duel ici endommage la tombe de Dumbledore.

-Je ne joue pas Potter, je vais donner une leçon à ton toutou, et cette fois-ci, il s'en souviendra.

-Je ne veux pas te faire de mal, Malefoy ! Harry avait haussé le ton, mais cela ressemblait bien plus à une supplique.

« Expelliarmus ! » crièrent les deux rivaux face-à-face. Et pendant un instant fugace, Harry fut heureux de savoir que cette fois-ci, aucun deux n'allaient souffrir. Malheureusement, il fut rapidement perturber par le comportement de sa baguette dont le bois vibrait étrangement.

Les deux éclairs pourpres rentrèrent en collision et inondèrent les alentours d'éclats iridescents. Une sphère translucide baignée de lueurs échappées de leur baguette enveloppait Harry et Drago. Les deux sorts faisaient jeu égal. C'est alors qu'Harry reconnu le phénomène.

-Potter, qu'est ce que tu as fait, encore ?! Hurla le garçon blond, convaincu que les choses étranges, Potter en était toujours responsable.

-C'est un Priore Incantatum ! Cela devrait s'arrêter d'ici quelques secondes ! Répondit Harry en criant à son tour pour couvrir les bruits stridents que provoquait le choc entre les sortilèges. Quelques instants plus tard, comme l'avait dit Potter, sous les yeux médusés des deux autres, les étincelles et les éclairs s'évanouirent.

-C'est impossible, murmura Potter pour lui-même, c'est impossible...

-Potter, hurla Drago en s'approchant et en le saisissant par le col. Je peux savoir ce que tu as...

-Ce n'est pas moi, coupa Harry d'une voix grave, le regard sombre détourné vers le sol. Nos baguettes sont sœurs ! Le crin de licorne dans ma baguette et dans la tienne proviennent du même animal.

Il semblait plongeait dans un étrange désespoir.

-Quoi ?! Malefoy, perdu, relâcha son emprise. C'est impossible, cette baguette à près de quinze ans, je l'ai acheté chez Ollivander juste avant de quitter le pays.

-Mon ancienne baguette ne répondait plus à mes ordres, l'informa Potter. Elle ne répondait plus depuis que la mort de Voldemort, c'est pour ça que j'en ai racheter une... Et voilà que cette baguette et la tienne sont liées.

La dernière phrase avait été dite sur le ton du reproche le plus lourd.

-Tu n'avais pas à me voler la mienne, Potter, répondit Drago sur un ton fielleux en s'éloignant. Si tu crois que je suis heureux d'avoir le moindre lien avec toi !

Malefoy prit une profonde respiration pour retrouver son calme. Qu'est ce que cela pouvait signifier ? Ce genre de phénomène ne se produisait pas de manière anodine. Le même phénomène entre la baguette de Potter, et celle du Lord Noir, ce produisait maintenant entre Potter et lui-même. La perspective de devenir le prochain Seigneur des Ténèbres percuta soudain Drago, et celui-ci ne supporta pas le choc d'une telle possibilité. Il n'arrivait plus à respirer, et le poison de Zoé fut, cette fois, incapable de le calmer. Les émotions étaient trop fortes, la peur trop grande, et le dégoût trop profond. C'était toujours en lui, rien n'avait changé...

« Malefoy ! » La voix de Potter criant son nom, puis le silence, et finalement la nuit. Drago s'effondra dans l'herbe, à l'ombre d'un sycomore, à quelques mètres de la tombe de Dumbledore.