Brigitte26 : Oui, j'ai hâte que ces deux-là commence à jouer aux plus vicieux :)
Chapitre VIII : Le Centaure et le Philosophe
Les rayons du soleil perçaient les vieux rideaux de la chambre de Drago, à l'étage des Trois Balais. Le blond regrettait de plus en plus son loft parisien.
La nuit avait été courte, et le lit peu confortable, et enfin le réveil, pénible. Potter et Weasley faisaient un bruit de tous les diables depuis dix minutes, lorsque le jeune homme décida de faire sa toilette avant de partir à la recherche de sa robe de sorcier la plus confortable, et de ses bottes les mieux isolées. Il enfila sa sacoche de médicomage, en cuir de runespoor, en bandoulière, puis il rejoint les deux Aurors.
Ils étaient habillés comme des randonneurs moldus avec des couleurs criardes et des sac-à-dos fluo et particulièrement laids. Drago ne dit rien, mais son sourire moqueur n'échappa à aucun des deux.
-Un thè, demanda le blond à la tenancière, avant de se tourner vers ses compagnons d'infortunes. Vous pourriez faire moins de bruit.
-C'est le hibou de Luna, grogna le roux. J'ai jamais vu une bête aussi agressive et terrifiante. Comment une fille aussi gentille et douce peut elle maîtriser une telle terreur ?
-Au hasard, fit Malefoy, d'un ton hostile, elle est magizoologiste, et tu es toi.
Il y avait peu de chose que Drago appréciait dès le matin, mais une bonne insulte à un Weasley en faisait parti, et ce, depuis ses onze ans. Certaines choses ne changeraient jamais, et c'était très bien ainsi. Ron s'apprêtait à répondre mais son meilleur ami lui donna un coup de coude pour lui signifier que ce n'était pas la peine d'ouvrir les hostilités dès le petit déjeuner.
Drago s'installa sur une autre éloignée où il trouva un exemplaire de la Gazette Du Sorcier qui traînait là. Zoé s'échappa de sa sacoche et ce jeta sur les miettes de pain qui traînait dessus, sans que Drago ne semble y faire particulièrement attention.
Harry observait le manège du blond avec son animal de compagnie. En réalité, Malefoy jetait toutes les deux minutes, des regards attentifs à son lézard, mais de manière discrète. Zoé, elle, avait un comportement excessivement démonstratif pour un animal à sang froid. Elle reniflait l'odeur de son maître, lui léchait régulièrement la main et réclamer même, parfois, des caresses. Dans ces moments là, dans les yeux du blond, brillait une tendresse évanescente et fugace, qu'il ne réservait qu'à elle.
Lorsqu'il entra de manière brutale et peu discrète dans l'échoppe, Hagrid remarqua lui aussi le petit lézard aux tâches arc-en-ciel et eut l'air surpris.
-Une Salamandre Étincelle ! Dit-il d'une voix épatée. Je croyais qu'elles étaient aussi timides que les licornes.
-Elles le sont, répondit le blond, le regard vague. J'ai sauvé celle-ci pendant une intervention sur le terrain, pendant ma formation, depuis elle ne veut plus être séparée de moi. Comment va mon patient ?
-Ah ! A ce propos ! Fit Weasley, la bouche pleine, Luna arrivera demain.
-Parfait, allons-y, fit Drago, en terminant sa tasse d'une gorgée. Rejoignez-nous chez lui, quand vous aurez fini, indiqua t-il aux Aurors, avant de suivre le demi-géant vers sa cabane.
Sur le chemin, les deux entretenaient un silence gêné nourrit autant par les méfaits du blond durant son adolescence que par le sauvetage inattendu de la veille.
-Merci, essaya Hagrid.
-Vous l'avez déjà dit hier, répondu le blond exaspéré.
Hagrid hésita puis décida d'être parfaitement honnête avec le blond.
-Tu étais un petit con quand tu étais gosse, Malefoy. Tu te comportais avec Harry, Ron et surtout Hermione comme un crétin, alors j'étais surpris que tu soignes cet oiseau sans la moindre contrepartie, hier.
Malefoy souffla.
-Je ne m'attends pas à ce que vous, ou Potter soit capable de comprendre, donc inutile de discuter de mon comportement avec vous, lâcha t-il avec un singulier mélange de tristesse et de mépris. Concernant l'Oiseau, je suis médicomage, nous prêtons tous le Serment de Guérison, je risque mon titre et mon emploi si je n'aide pas une personne en détresse et figurez-vous que j'aime ce métier.
-Tu aimes sauver des vies, résuma Hagrid avec un sourire bienveillant pour lui-même.
Malefoy ne répondit rien. C'était vrai, il aimait cela, il aimait cela depuis la première fois qu'il l'avait fait. C'était au manoir, alors que Potter était en face de lui, et qu'il pouvait d'un mot, le condamner. En cet instant, il avait ignoré son père et son nom pour retrouver un semblant d'amour propre. En sauvant Potter, par pur égoïsme, il se dressait contre le Seigneur des Ténèbres, et il aimait ça, il avait eut, pendant un court instant, à nouveau l'impression d'être lui-même.
Depuis, c'était toujours la même chose, chaque opération, chaque sort, chaque soin, n'avait qu'un seul but : s'éloigner du Lord Noir et de ces principes. Drago ne sauvait des vies que dans l'espoir qu'un jour, il retrouverait ce que le Maître des Mangemorts lui avait pris.
Seulement, et c'était la raison de sa tristesse et de ses nombreuses angoisses, il savait que c'était impossible, car avec lui, sur son bras, il traînait toujours cette Marque. Il était toujours proche du Seigneur des Ténèbres, et peut-être qu'un jour, il deviendrait comme lui. Un jour peut-être Drago abandonnerait tous ses vains efforts pour devenir lui-même et un leader des sang-purs, avide de puissance et de contrôle. C'était sa plus grande peur, et depuis son retour en Angleterre, Potter l'avait nourri malgré lui, notamment lors du Priore Incantatum.
L'ancienne baguette du brun était la jumelle du Lord Noir, la nouvelle était la sœur de celle de Drago. Ce n'était pas bon signe du tout, et si le blond voulait égaler Potter, c'était, et cela avait toujours été, par le talent et la gloire, non par une opposition féroce et meurtrière entre eux.
Hagrid et Drago arrivèrent finalement devant l'enclos de la bête que de nombreux élèves étaient venus voir. L'Oiseau-Tonnerre était en train de devenir la mascotte de Poudlard.
Les jeunes filles lançaient des œillades enamourées au médicomage alors qu'il s'avançait pour rejoindre et ausculter son patient. La créature semblait encore faible mais elle n'était plus empoisonnée. Ses plumes étaient moins noires et son souffle plus régulier. Malefoy sortit de son sac, un gros bocal d'huile de foie de dragon et la donna à Hagrid qui plissa les yeux pour lire, difficilement, l'étiquette.
-Frottez-lui l'abdomen avec ça, tous les soirs pendant trois jours, ça devrait lui permettre de se remettre plus vite.
Malefoy continua d'inspecter la créature sous tous les angles, puis sur son petit carnet noir, il nota les symptômes et les composants du poison, puis la procédure et le traitement utilisé avant de déchirer le papier pour le donner au garde chasse.
-Lovegood aura besoin de ça, dit-il et Hagrid glissa la papier dans la poche de son immense manteau beige. Quelques secondes plus tard Weasley et Potter arrivait et les quatre prirent la direction de la Forêt Interdite. Le demi-géant guida les trois anciens élèves dans les bois, et ils s'enfoncèrent peu à peu entre les arbres aux troncs de plus en plus épais. Il n'y avait pas vraiment de chemin jusqu'au nid des araignées géantes, car rares étaient les êtres qui souhaitaient joindre ses sinistres monstruosités.
Harry n'aimait pas cette forêt, elle semblait plus silencieuse que dans sa jeunesse et ses derniers souvenirs dans ce lieu, évoquait sa propre mort. Sous la terre de ces bois, l'une des reliques de la Mort était enterrée. Le seul souvenir qui le faisait sourire était la fuite de Malefoy lors de leur retenue commune en première année, mais il n'avait aucune envie d'évoquer cela, car le blond aurait ainsi un prétexte pour se venger.
Après une longue marche de plusieurs heures, ils arrivèrent enfin au nid. L'endroit semblait déserté depuis des années. Les toiles encore présentes volaient comme les rideaux d'une fenêtre entrouverte. Certaines proies, dans des cocons de soie, avaient depuis longtemps été réduit à l'état de squelette.
-Elles ne sont pas revenues depuis la Bataille, constata Hagrid.
-Elles sont sûrement toujours dans la forêt, fit Ron, que l'endroit terrifié toujours, même sans araignée. Une colonie entière d'insectes géantes, ça ne part pas en vadrouille comme ça.
-Les centaures pourront sûrement nous en dire plus, répondit le demi-géant, en prenant la direction de l'Ouest.
Entre ses arbres aux silhouettes lugubres, on trouvait autrefois autant de loups que de licornes, mais ces terres semblaient dénuées de vies. Harry pensait que la guerre était à l'origine de ce phénomène. Les animaux s'étaient éloignés des hommes pour survivre. Malheureusement, une question de Ron, le détrompa bien vite.
-Les centaures vivent beaucoup plus loin dans la forêt que lorsque nous étions à Poudlard, lança le roux, en dévorant une barre chocolatée.
-Ils disent que la forêt est malade, répondit Hagrid d'un air inquiet.
Plus ils s'approchaient du territoire des centaures, plus les chemins de terre devenaient visibles. D'étranges fleurs, des roses bleuâtres habillées de ronces formaient la frontière de leur territoire. Harry avait connaissance de cette pratique depuis sa formation d'Auror, et il avait ce jour-là, prit conscience qu'il n'avait jamais atteint les terres intérieurs des centaures de la Forêt Interdite, malgré le fait de les avoir croiser un certain nombre de fois.
La frontière passée, une flèche tomba entre les jambes d'Hagrid qui s'arrêta net et ne bougea pas, jusqu'à ce que l'archer se révèle enfin. Il s'agissait de Firenze, mais les année semblait l'avoir rendu plus mince et plus sinistre.
-Harry Potter, dit-il d'une voix sage et caverneuse, cela faisait très longtemps. Tu reviens toujours quand les ténèbres guettent.
-Firenze, je suis content de vous revoir. J'imagine que vous parlez des événements étranges que nous vivons.
-Ils annoncent des temps bien sombres.
-C'est ce que vous avez lu dans les astres ? Demanda Ron, qui avait toujours fait plus confiance à Firenze qu'à Trelawney en matière d'avenir.
-Oui, mais il suffit de voir notre forêt s'affaiblir, et son sol empoisonné, pour comprendre qu'une corruption est en train de se répandre.
-Le sol est empoisonné ? Demanda Malefoy. Comment ça ?
-Plusieurs licornes sont mortes en buvant dans l'eau d'une mare, et certaines plantes, arbres ou fleurs, disparaissent .
-Intéressant, murmura le blond.
Potter le fixait avec un regard intrigué et curieux.
-Qu'est-ce que tu trouves si intéressant ?
-Je suis sur que le poison ou la potion, peu importe, qu'a ingéré l'oiseau, et le même qui empoisonne cet endroit. Seulement, tu as entendu. Certaines espèces végétales et probablement animales résistent au poison et d'autres pas.
-Je ne comprends rien, fit Ron.
-Votre mystérieux voleur utilise la forêt interdite comme un laboratoire géant. Il renforce son poison puis il l'essaye dans une zone, ensuite il recommence. Seulement, la tentative avec l'Oiseau-Tonnerre me fait dire qu'il est proche de son but.
Drago se tourna vers Firenze, avec un air déterminé.
-Il me faut un échantillon d'eau de cette mare pour vérifier ma théorie.
-Tu es malin, Esclave, mais apprends à connaître ta place, tu n'as rien à exiger sur ces terres, répondit Firenze en le toisant de tout sa hauteur.
Malefoy bouillonna de colère d'être ainsi rabaissé et il était prêt à sortir sa baguette quand Potter le bloqua. Drago tenta de bougeait le bras à plusieurs reprises, mais le brun était plus fort, et sentir son odeur sucrée calma légèrement le blond, il avait envie de l'embrassé juste pour lui donner une leçon.
-Potter ! Laisse-moi lui apprendre que je ne suis l'esclave de personne, murmura t-il d'une voix remplie d'une colère glacée.
-Ton destin est inscrit dans les étoiles, Drago Malefoy. Tu n'es plus l'esclave d'un homme, mais tu es l'esclave du passé.
Soudain, Drago retrouva son calme, conscient que cette conversation, n'aurait jamais due avoir lieu et encore moins en la présence de Potter. Il fallait en finir rapidement.
-C'est bon dit-il, ça suffit. Cette conversation est terminée. Nous devons partir pour retrouver cette mare empoisonnée et les Acromentules.
-Très bien, céda Firenze, l'étang est au nord-ouest, mais pour les araignées, elles ne sont plus ici depuis plusieurs années. Des hommes sont venus plusieurs fois, puis certaines araignées sont parties avec lui et les autres sont parties vers les Highlands.
-Ils ressemblaient à quoi ? Demanda Ron.
-Ils étaient deux, l'un avait la démarche lourde, boiteuse, et il sentait la viande séchée, l'autre avait une odeur d'herbe fraîche et de parfum artificiel. Ils portaient tous les deux des masques en argent, et des capes noires.
-Un inferius, et son propriétaire, murmura Potter conscient que deux pièces de puzzle venait d'être réunies.
Les trois amis saluèrent Firenze. De son côté Drago, l'ignora copieusement, car l'humiliation était encore vive. Être, ainsi, contraint de ce taire pour ne pas envenimer une citation, c'était arrivé si rarement, et c'était si frustrant, pour lui. Ce Firenze avait vu des choses mais le blond ne voulait rien savoir, surtout en présence de son rival. Esclave de son passé ? C'était ridicule ! Il ne suivait plus les pas de son père depuis des années, c'était sa propre route, et il avait souffert pour la trouver et comprendre qui il était, alors non, le passé était loin !
Harry resta silencieux, jetant des regards inquiets et parfois légèrement compatissants à Malefoy. Son ami centaure avait été particulièrement dur avec le blond.
-Arrête de me regarder comme ça Potter, c'est agaçant, lâcha le blond alors que Hagrid et Ron étaient éloignés de quelques mètres. Je ne suis pas une petite chose fragile.
-Je ne voulais pas te le dire mais, ce qu'à dit Firenze était idiot.
-Qu'est ce que tu en sais, tu ne me connais pas, répondit Drago, sur la défensive.
-Peut-être, ou peut-être pas, mais je sais que nous sommes tous esclaves de notre passé. Firenze voulait simplement t'insulter parce que tu étais irrespectueux, mais il sait mieux que personne que le passé détermine toujours le futur.
-Tu deviens philosophe, Potter. C'est assez inquiétant, répondu Malefoy avec une expression étrange, à la fois moqueuse et sincère.
Drago avait dit cela d'un demi-sourire, mais pour la première fois depuis longtemps, il eut l'impression qu'on retirait un poids de ses épaules. Harry Potter était un idiot pour bien des raisons, mais il fallait admettre que dans certains moments, il pouvait être une présence rassurante et ceci était peut-être la nouvelle la plus terrifiante de cette étrange journée.
