Chapitre IX : Les Adultes.
Les tribus et les clans de la Forêt Interdite étaient inquiets, et pourtant, ils n'avaient pas appelé les sorciers à l'aide. Malgré les efforts d'Hermione, il subsistait encore une forme de méfiance entre les êtres magiques et les sorciers. Harry pensait à cela, tandis qu'il rejoignait les terres dévastées. Ce n'était pas le genre de chose sur lequel son esprit se focalisait d'ordinaire, mais cela lui éviter de penser et repenser à Malefoy.
Depuis ce matin, il observait aussi discrètement que possible les courbes du blond, et elles éveillaient en lui des désirs insoupçonnées. Même en plein milieu d'une forêt dangereuse, au centre d'une enquête, il ne pensait qu'au fait que ce soir il allait devoir ou pouvoir l'embrasser de nouveau. C'était perturbant.
Il avait aimé Cho, il avait aimé Ginny, mais le désir physique pour elles était de douces suggestions. L'envie que son corps éprouvait pour Malefoy était violente, bouillante et brutale. C'était sans doute une forme de colère, mais certainement pas de l'amour, c'était impossible. Peut-être la rancœur des années passée s'était-elle mue en quelque chose de plus subtile ? Non, cette réponse était trop simple, et il savait qu'il était en train de ce mentir à lui-même. La vérité, au fond, c'est que Drago Malefoy l'attirait comme un fruit défendu.
Ses longues réflexions furent interrompues lorsque le groupe arriva enfin sur les terres mortes dont Hagrid et Firenze parlaient.
L'endroit était lugubre. Le sol était couvert d'une fine pellicule de cendres grises et des braises mauves et incandescentes gisaient à la lisière de la zone. L'eau de l'étant était translucide mais des dépôts d'une matière violette s'étaient incrustés dans les anfractuosités des pierres qui en formaient le rivage. Le plus inquiétant, était le silence générale de la zone. Il ne restait plus guère que le bruit de quelques insectes, et le vent.
Malefoy sortit de son sac un nombre conséquent de fioles et de boites en verre qu'il distribua à tout le monde, ainsi que des paires de gants en cuir de dragon pour ne pas être empoisonné et garder les échantillons aussi intactes que possibles.
-Il faut récolter des échantillons, de tout, dit-il de sa voix traînante.
-Il faut des échantillons de tout quoi ? Demanda Hagrid.
-Tout ce que vous trouverez, terre, eau, arbre, plante, insecte, etc...
-Pourquoi on écoute tes ordres ? C'est Harry, le chef. Intervint Ron que le ton impératif du blond agaçait profondément.
-On doit récolter des informations sur le poison, Ron. Le spécialiste, c'est Drago, donc écoute-le.
Le blond laissa pour la première fois apparaître un sourire sincère sur son visage, et à ce moment là, Harry comprit que Malefoy pouvait être beau. En même temps qu'il rougissait, il prit conscience que son rival ne se réjouissait que des réprimandes envers Ron.
Heureusement, son meilleur ami ne remarqua pas les joues rouges d'Harry et s'éloigna en grognant des choses à propos « des idées idiotes de sa femme » et de cette « sale fouine ».
-Arrête de sourire, dit Harry, toujours rouge. Je fais mon travail de chef d'équipe.
Malefoy vit immédiatement qu'il mentait mais fut incapable de déterminer à quel sujet.
-C'est à cause de notre marché que tu rougis ? murmura t-il, si bas que Harry fut le seul à l'entendre.
-Arrête ! Tona celui-ci, en essayant d'être discret.
Le ton autoritaire cachait mal son inquiétude et son trouble. Une faiblesse révélée dont Drago n'allait pas hésité à faire usage. Il se rapprocha du brun et en le dépassant, lui glissa un petit mot à l'oreille.
-Je pourrais faire glisser ma langue le long de ton torse, cette fois. Qu'est ce que tu en dit ?
Harry n'en pouvait plus, il avait envie de jeter le blond contre un arbre, sans savoir si c'était pour le frapper, ou l'embrasser. Il voulait lui retirer ses vêtements, il pourrait ainsi sentir cette peau contre ses paumes ou contre ses poings, il n'en savait rien. Il avait chaud et son bas ventre ne le détrompait pas, il était à l'étroit. Malefoy était à la fois si proche et si loin, c'était une torture. Harry resta là, une bonne minute, à retrouver son calme, sous le regard d'Hagrid qui avait vu la scène de loin sans rien y comprendre.
L'Auror finit néanmoins par se mettre au travail comme les autres, et, à quatre, la récolte fut rapide, bien que la zone soit étalée sur un bon kilomètre. Malefoy rangea précieusement les spécimens et échantillons récoltés dans son sac magique, puis il ordonna à tout le monde de sortir des terres cendrées.
-Une dernière chose, dit celui-ci, avant de repartir.
Il se plaça juste à la frontière de la zone avec sa baguette à la main.
-Serpentsortia ! prononça t-il, et un serpent noir s'échappa de sa baguette, sous le regard dégoûté de Ron, qui n'aimait pas beaucoup plus les serpents que les araignées. Le reptile atteignit la bordure et se transforma immédiatement en un tas de braises rosâtres, une fois celle-ci passée.
-Qu'est ce que c'était que ça ? Demanda Hagrid.
-Le poison semble détruire de manière instantanée les créatures invoquées par magie, récita Malefoy alors qu'il l'écrivait dans son carnet. Potter, si tu essayais avec un Patronus.
Harry ne releva pas le ton froid et autoritaire du blond, au risque qu'il utilise un ton trop chaleureux à son goût.
-« Expecto Patronum ! »
Le cerf majestueux galopa lui aussi jusqu'aux tapis de cendres mauves puis il s'évanouit comme un nuage de brume.
-Intéressant ! Fit le blond en notant le phénomène dans son carnet avant de ranger celui-ci dans son sac. J'ai tout ce dont j'avais besoin, nous pouvons partir.
Le retour fut simple mais long, si bien qu'ils rentrèrent épuisés à Poudlard, où ils abandonnèrent Hagrid avant de rejoindre le village. Harry s'enferma dans sa chambre pour rédiger un rapport, et Malefoy retourna dans la sienne pour manger et commencer sa nuit. Mais finalement, le brun frappa à la porte de sa chambre pour le rejoindre.
-Finissons-en, annonça Potter, les yeux enchâssés dans le sol.
-Tu pourrais y mettre un peu d'entrain. Ce n'est pas comme si ça ne te plaisait pas.
Le blond s'approcha pour lui faire face. Son petit sourire moqueur, la frustration plus tôt dans la journée, et cette envie irrésistible submergèrent Harry qui attira Malefoy vers lui avant de le pousser contre la porte avec brutalité, et de l'embrasser à pleine bouche sans attendre son avis ou son autorisation.
Le blond ne résista pas, cela avait même l'air de lui plaire, alors Harry s'autorisa plus. Il enserra les deux poignets du blond dans ses mains, au dessus d'eux, et glissa sa langue le long de son cou jusqu'à l'intérieur du col de sa robe.
Le Gryffondor s'arrêta, et cette fois-ci, ce fut Drago qui gémit de frustration. Le brun semblait se poser bien des questions, ce que le blond ferait aussi, mais plus tard. Il glissa ses mains sous le T-shirt de son rival, pour sentir ses muscles, cette chaleur. Drago gouttait, de nouveau, cette délicieuse peau, cette fois, comme un affamé.
Harry voulait et ne voulait pas continuer. Il savait que leur petit jeu finirait mal, mais pour l'instant, il avait envie du blond. C'était intolérable, violent et presque malsain. « Mais entre nous ça à toujours était malsain » pensa t-il, tout en repoussant Malefoy pour reprendre une distance respectable.
-C'est bon, tu as eu ton baiser, fit Harry en essayant d'adopter un ton neutre, ce qui n'avait rien de crédible. On arrête maintenant.
-Tu t'amuses visiblement, et moi aussi, alors pourquoi est-ce qu'on ferait ça ?
-Tu veux vraiment qu'on continue ce petit jeu sordide ? C'était amusant, Malefoy, mais nous sommes au milieu d'une enquête.
-Pas à moi, Potter. Tu roulais des pelles à Cho Chang alors qu'un mage noir voulait te tuer, et que le ministère voulait te mettre en prison. Ce n'est pas l'enquête qui fait que tu arrêtes, c'est toi. Tu as peur.
-Je n'ai pas peur et je ne suis plus un adolescent qui découvre son corps.
-Non, tu es un adulte qui aimerait bien découvrir le mien.
Potter souffla. Ce blondinet était, décidément, la pire chose qui était arrivé dans sa vie.
-Tu es incapable d'avoir une discussion sérieuse avec moi sans une moquerie, je me trompe ?
-C'est ce que je fais généralement avec les gens qui disent des choses stupides.
-Je te demande d'arrêter ce petit jeu, c'est dangereux.
-Non, je n'ai pas envie, tout cela m'amuse beaucoup trop, et en plus, ce n'est dangereux que pour toi. Une fois le titre de propriété du manoir en main, je vendrais cet endroit sordide, et ensuite je retournerais faire mon travail en France.
-Tu es revenu uniquement pour me pourrir l'existence, en fait ?
-Disons, que c'est un bonus, fit Malefoy avec un sourire étrangement sincère. Mais bref, si tu veux tellement te concentrer sur ton enquête, parlons-en. Demain nous rentrerons à Londres. Je ne peux pas analyser tous les échantillons récoltés seul, ce serait trop long, il faut demander aux potionnistes du Ministère de s'y mettre, et rapidement.
-De tout façon, je ne voulais pas que tu t'en occupes. Tu risques un manque de sommeil, et d'être moins compétent sur le terrain, concéda le brun.
Malefoy prit à ce moment là, conscience que Potter ne devait pas d'être chef d'équipe à son nom ou à sa tête brûlée mais au fait que finalement, avec les années, la formation d'Auror lui avait mis du plomb dans la cervelle. Cela le décida à faire une demande qu'il hésitait à faire jusqu'ici.
-Potter, j'ai besoin d'une escorte à cause de la réputation de ma famille, tu le sais. Est-ce que tu accepterais de m'accompagner sur la tombe de ma mère demain ?
Les changements de sujet brutaux étaient une habitude du blond visiblement. Cependant Harry décida de garder le silence. Ce besoin là, il pouvait le comprendre, mieux que personne. Il réalisa alors que Malefoy et lui partageait désormais le fait d'être orphelin. Une chose qu'Harry partageait avec très peu de personnes de son âge.
-J'ai une réunion avec Hermione, le matin, mais je peux venir avec toi l'après-midi. Où est-elle ?
-Dans la crypte au fond du parc du Manoir, elle voulait reposer avec mon père.
Il avait dit cela sur un ton de léger reproche que Harry nota, mais par prudence, il n'insista pas.
-Ton manoir est à une heure de Godric's Hollow. J'aimerai aussi me rendre sur la tombe de mes parents.
-C'est parfait, fit Malefoy. Je dois dormir maintenant, la journée était épuisante.
-Très bien, fit Harry, heureux que cette conversation se termine mieux que les précédentes.
Alors que le brun était sur le point de sortir, son rival le rappela.
-Oh, et Potter, pour ce que ça vaut, je n'aurais jamais dû insulter tes parents. Ce n'est pas de leur faute, si tu es un abruti.
-Tu sais quoi ? fit Harry en rigolant sincèrement. Tu devrais faire pour les excuses comme pour le Quidditch, t'entraîner. Tu ne feras jamais des miracles, mais ce sera un peu moins pire.
-Tire-toi, avant de recevoir un sort.
