Brigitte26 : Justement, il est temps de quelques révélations sur l'histoire de notre petit blondinet.

Chapitre X : Revelio !

La matinée du lendemain s'écoula rapidement. Après leur retour par portoloin, Drago rejoignit l'appartement où le Ministère de la Magie l'hébergeait pour mettre dans l'ordre dans ses affaires Il rédigea également une lettre pour sa logeuse et une autre pour son chef de service afin de prolonger ses congés. L'enquête venait de prendre une tournure inquiétante, et elle était partie pour durer, il devait prendre ses dispositions et ses aises. Il rangea donc ses nombreux vêtements dans le dressing, et ses produits de soin dans la commode de la salle de bain.

Harry pour sa part, déposa les échantillons au service d'étude de la Justice magique, puis il rejoignait Ron, pour la réunion hebdomadaire du Bureau des Aurors avec la ministre. Ce fut comme à l'ordinaire : ennuyeux et inutile. Après cela, les trois amis rejoignirent le Chemin de Traverse pour tester le nouveau restaurant qui venait d'ouvrir, Les Bons Plats d'Elga, avec leur ami Neville.

Le repas fut copieux, et la conversation tourna essentiellement autour de l'enquête de l'équipe, et sur les déboires administratifs d'Hermione pour faire supprimer une loi autorisant le commerce des yeux de sirène. Finalement, ce fut Neville, qui pour le malheur d'Harry, ramena le sujet « Drago Malefoy » sur le terrain. Hermione resta silencieuse, et Ron raconta comme le blond pouvait être, toujours aussi agaçant, prétentieux, et précieux.

-...heureusement, c'est Harry qui s'occupe de sa garde jusqu'ici, termina le roux, en avalant une bouchée de moelleux au miel de billywig.

-D'ailleurs, j'ai vu le planning, enchaîna Neville. Vous allez où tous les deux ?

-Il voulait aller sur la tombe de sa mère, fit Harry, évitant le regard de ses amis. Je ne pouvais pas vraiment lui dire non. J'en profiterais juste pour aller à Godric's Hollow, ce n'est pas loin du manoir.

-C'est la première fois que tu vas retourner au manoir depuis la chute de Voldemort, intervint Hermione, visiblement inquiète. Est-ce que ça ira ?

-Nous ne rentrerons pas à l'intérieur, la rassura Harry. La crypte est au fond du parc, c'est du moins ce qu'il m'a dit. De tout façon, il n'a pas encore récupérer les droits sur le manoir, donc il n'a légalement aucun droit de rentrer dedans, tu en sais quelque chose.

-Le plus étrange, c'est d'aller te recueillir sur la tombe de tes parents avec Malefoy, fit Ron.

-C'est vrai, confirma Hermione. C'est parce qu'il est orphelin lui aussi que ça ne te dérange pas ?

Il y avait de ça, donc Harry confirma d'un signe de tête, mais il y avait autre chose : le fait que Malefoy savait être discret, une chose qui demandait des efforts à Hermione et Ron. Ses amis étaient sa famille, mais c'était une famille bruyante et bavarde.

-Il m'a aussi fait des excuses concernant les insultes sur mes parents, ajouta t-il finalement, de peur que son quasi-mutisme apparaisse comme suspect.

-Malefoy t'as fait des excuses ?! Je n'en reviens pas. Blaise ne me croira jamais.

-Modère ton enthousiasme, Hermione. C'était à sa manière, donc il y avait trois insultes dans la phrase.

-Bien entendu, rigola Neville en terminant son verre de vin rouge. Alors, il est si bon guérisseur que le disait le rapport de Ron ?

-C'est assez difficile à encaisser, bougonna ce dernier. Comment ce crétin peut-être devenu médicomage ?

-En tout cas, j'ai eut un mot de Luna, juste avant de vous rejoindre, elle confirme qu'il a fait du très bon travail. Elle était impressionnée.

-Moi, fit Hermione, pensive, j'aimerai surtout savoir pourquoi. Ce n'est pas vraiment la carrière naturelle pour un Malefoy.

-Je ne sais pas, fit Harry. Il est pour le moins secret. Dès que j'essaye d'aborder un sujet privé, il botte en touche. Il aime parler de lui, mais uniquement de ce qui peut le mettre en valeur.

-C'est un peu le cas de tout le monde, en général, considéra l'Auror Londubat avec une forme de sagesse.

-Je vais être en retard, fit la jeune ministre en regardant son téléphone portable. J'ai une réunion avec le premier ministre moldu, cet après-midi, je ne serais pas là avant dix-neuf heures, Ron.

-Je m'occupe des courses et du repas, message reçu.

La jeune femme embrassa son fiancé puis elle transplana et Harry fit de même quelques minutes plus tard pour rejoindre l'appartement de Malefoy. Il entra pour constater que le blond l'attendait en buvant un thé à la menthe dans la cuisine.

-Nous pouvons y aller ? Demanda le blond.

-Oui, si tu es prêt.

Malefoy enfila un long manteau gris, et prit dans ses mains un bouquet de fleurs inconnues et luminescentes, puis en un claquement de doigt, les deux rivaux se retrouvèrent devant le vieux manoir familial.

La noble demeure avait visiblement subit les affres du temps, du lierre grimpait sur ses parois autrefois vierges, et les vitres étaient couvertes de poussière et de crasse. Dix années s'étaient écouler sans qu'une seule personne ne vive dans ce foyer.

Harry et Malefoy eurent un frisson, et le blond tenta de garder le contrôle de sa respiration. Cet endroit, autrefois, était un lieu joyeux, un haut lieu de la société sorcière, où les soirées mondaines succédaient aux fêtes plus intimes. Désormais, il n'évoquait à son héritier, que le lieu de la déchéance de sa famille. Derrière ses fenêtres, le spectre de son père sacrifiant tout, y compris son fils, pour les bonnes grâces d'un tyran, était encore là.

Drago prit soudain conscience que la présence du brun l'aidait à garder le contrôle de ses nerfs. Était-ce la présence d'un Auror ? ou la présence de Potter en particulier ? Il n'aurait su le dire, mais en cet instant, il ne craignait rien. Potter, cet idiot, se sacrifierait sans doute, s'ils étaient en danger, en parfait Gryffondor.

Ils contournèrent le manoir par une petit chemin de pierre, jusqu'au parc. Derrière l'immense serre, contre le mur arrière de la propriété, entre deux saules pleureurs, se trouvait la crypte. C'était une chapelle dont le toit était couvert d'un « M » en or usé, et dont les coins étaient fait de paons sculptées. Malefoy sortit sa baguette et avec un geste prononça le sort : « Periculum ! », puis il récita la devise familiale « Sanctimonia Vincet Semper », tout en dessinant un « M » en lettre de flamme.

-Tout ça pour des morts, murmura Harry.

-Les sorciers de Sang-purs ont toujours peurs qu'on utilise leur corps pour faire des Inferis, répondit Malefoy, d'une voix blanche. La porte de la chapelle s'ouvrit sur un escalier, mais soudain le blond devint blanc, en voyant qu'une forme émergeait de l'obscurité en contrebas.

Des escaliers, une créature s'avança, son visage était un mélange de celui de Drago et du Lord Noir. En face de lui, se trouvait une créature au nez défait, aux cheveux blonds filandreux et éparses et aux yeux gris livides, le corps était celui du Seigneur des Ténèbres dans sa longue robe noire et vaporeuse. Cette fois-ci, ni Zoé sur son épaule, ni la présence de l'Auror à ses côtés ne suffirent à réguler sa respiration. Malefoy recula en tremblant et en se tenant la gorge. Il avait la nausée, et lorsqu'il essayait de parler, seuls des râles plaintifs et douloureux s'échappèrent.

Harry le rattrapa contre son épaule, et l'enserra tout en dégainant sa baguette. La créature chimérique et décharnée

émergea du tombeau et elle se figea avant de prendre la forme d'un immense détraqueur. Harry comprit immédiatement.

« Ridiculus ! » prononça t-il, en agitant sa baguette de sa main libre.

Le faux détraqueur commença à faire une danse ringarde mélange de disco et de country, puis il s'enfuit.

Zoé continuait de léchait la joue de son maître, et Harry le secoua légèrement pour être certain qu'il était toujours conscient.

-C'est bon, fit le blond d'une voix éteinte.

Le bras de Potter était fort et confortable, il y resta donc quelques instants supplémentaires avant de s'éloigner en s'asseyant contre la chapelle pour reprendre ses esprits et sa respiration de manière calme et sans l'assistance de Zoé qu'il posa sur son bras.

-Je connais beaucoup de gens qui ont peur de lui, fit Harry d'une voix doucereuse, mais c'est la première fois que je vois quelqu'un qui à peur de devenir comme lui.

-Je n'ai pas besoin de tes réflexions, Potter. C'est déjà assez humiliant que tu es assisté à ça. J'imagine que ce n'est pas la peine de te demander de n'en parler à personne ?

-Je veux bien garder pour moi ce que j'ai vu, mais à condition que tu m'expliques.

-Très bien, accepta Drago. L'avantage avec toi, c'est que je te connais assez pour savoir que tu tiendras ta promesse. Seulement je ne sais pas trop comment expliquer ça.

Drago chercha ses mots quelques instants, Harry l'observa silencieux, c'était rare que son rival semble si perdu, si vulnérable. Derrière le mur de glace, il y avait bien un cœur.

-Tu connais les idées de mon père de ma tante ou encore de lui, sur le sang et les moldus. Ceux sont des idées avec lesquelles j'ai grandi pendant dix-sept ans. C'est long, dix-sept ans, les idées ont le temps de bien se graver dans un esprit. Seulement, à partir de notre sixième année à Poudlard, en ayant rencontrer le Seigneur des Ténèbres, en étant devenu moi-même un mangemort, j'ai commencé à comprendre que les enseignements de mon père étaient faux. Seulement, même avec tous les doutes du monde, une éducation de seize ans ne s'efface pas comme un claquement de doigt. C'est comme un conditionnement. Aujourd'hui, à cause de ça, j'éprouve un dégoût injustifié pour Granger, et je suis mal à l'aise en présence de moldus. C'est un comportement que je dois corriger tous les jours, mais c'est fatiguant pour ne pas dire épuisant. Ce que tu viens de voir, c'est ce que j'ai peur de devenir si j'abandonne, si je ne réprime pas ses sentiments de haine et de mépris.

-Est-ce que tu en as parler à quelqu'un ? Demanda Harry qui venait de comprendre certaines choses et certaines réactions du blond, notamment sa crise de panique face au Priore Incantatem.

-Tu crois vraiment que les crises de conscience d'un apprenti mangemort intéresse quelqu'un ? Les anciens de Serpentard ont fuit le pays comme Goyle, ou alors ils n'ont jamais pris par à cette guerre comme Théodore et Blaise. Il n'y avait plus personne ici, et je ne pouvais pas infligé ça à ma mère, elle avait déjà bien trop souffert.

Pour les autres, et bien d'une part, je ne révèle pas mes malaises au premier venu normalement, et ensuite je n'avais aucune légitimité à parler de mon mal-être à la sortie de la guerre, j'étais dans le camp des méchants.

Harry s'assit à côté de lui, contre le tombeau, et s'en faire attention, leur doigt s'entrelacèrent

-Je ne vais pas prétendre pouvoir me mettre à ta place, mais je peux comprendre ça. C'est ma dernière enquête, tu sais. J'ai décidé, il y a des années, d'accepter que mon destin était de combattre Voldemort. Aujourd'hui, il ne reste de lui que ses idées, et ce n'est pas en chassant des mages noirs que je pourrais l'éliminer complètement. Pour moi aussi, la vie est un combat de tous les jours.

-Comment as-tu pu te résoudre à cela ? Tu devrais avoir le choix.

-C'est ce que disait Dumbledore, fit Harry avec un petit rire. « Ceux sont nos choix qui nous définissent », mais c'est faux. Tout cela, c'est du vent. Nos choix n'en sont pas, ils sont déterminés par notre éducation et tout un tas d'autres facteurs. Nos choix ne nous définissent en rien. Ils illustrent ceux que nous sommes à un instant de notre existence, c'est tout.

-Tu avais beaucoup de respect pour Dumbledore, Potter. C'est étrange de t'entendre en dire du mal.

-Ce n'est pas dire du mal de quelqu'un que de dire qu'il était dans l'erreur. De ce point de vue, il n'était pas très différent de Voldemort. Ils étaient tous les deux convaincus d'être de grands sorciers, alors que la vérité, c'est que la vie à placer les bonnes cartes dans leur main dès le début. C'est plus gratifiant de ce dire que c'est notre propre talent qui est à l'origine de nos succès, plutôt que la chance. Toi, tu avais certaines cartes empoisonnées dans ta main au début de ta vie, c'est tout.

-Je ne pense pas que Granger soit d'accord avec cette vision du monde, ricana soudain Malefoy en se redressant pour se remettre debout.

-Hermione pense que le mérite fait tout, sourit Harry, donc oui, nous ne sommes pas d'accord. Elle ne connaît pas ma façon de penser de tout façon, c'est un chemin que j'ai fait seul, il y a des années car j'avais besoin de réponses que des amis même fidèles ne pouvaient pas me donner.

-Un secret contre un autre donc, conclu Malefoy avant de lancer un « Lumos ! » et de descendre les escaliers vers la crypte où reposaient ses ancêtres.