Doucette77 : C'est tout le sujet que je veux abordé avec le personnage de Drago. Comment faire pour se débarrasser d'une éducation qu'on sait mauvaise. J'espère que la suite te plaira.

Brigitte26 : J'ai bien l'intention d'aborder la question des moldus et de mettre Drago face à notre monde, mais pas tout de suite. Pour l'instant, il y a une menace sur le monde magique :p.

Chapitre XI : Solitaires et Solidaires

La crypte des Malefoy était un lieu étrange, gorgée d'un magie ancienne. Les torchent qui s'allumaient sur le chemin de Drago et Harry brillaient de flammes verdâtres. En bas de l'escalier, un long couloir continuaient jusqu'à perte de vue. De part et d'autres, on trouvait les noms et prénoms des ancêtres des Malefoy ainsi que leur dates de naissance et de mort. En dessous de chaque prénom, on trouvait une alcôve où était entreposé un cercueil de pierre couvert de nombreuses gravures.

Ils s'enfoncèrent jusqu'à atteindre la tombe de Narcissa qui faisait face à celle de son mari. Harry reconnu sur le tombeau, le symbole de la famille Black, le même qui trônait au beau milieu de son salon, sculpté dans l'épais sarcophage. Le brun décida de se mettre en retrait, remerciant dans sa tête, cette femme inconnue, de lui avoir un jour sauver la vie.

Drago fixa la tombe qu'il avait fait faire dix ans auparavant, et ferma les yeux, pour se remémorer les souvenirs heureux avec sa mère. Il posa le bouquet incandescent sur le cercueil, tout en caressant celui-ci du bout des doigts. Il réprima une larme, puis sans un mot s'éloigna vers la tombe de son grand-père. Il fit apparaître une rose noire d'un coup de baguette, puis il se retourna vers Harry.

-C'est bon, nous pouvons aller à Godric's Hollow, si tu veux.

-Tu es sûr ? On peut rester plus longtemps si tu veux.

Harry voulait être compréhensif avec Malefoy après l'épisode de l'epouvantard, mais au fond, il n'avait qu'une envie : s'éloigner de cet endroit lugubre. Il fallait être naïf ou parfaitement ignorant pour ne pas sentir que la majorité des cercueils étaient protégés par des maléfices aussi sombres que puissants.

Malefoy le remercia d'un signe de tête mais remonta les escaliers. Après avoir sceller de nouveau l'entrer du caveau, ils transplanèrent à Godric's Hollow, et atterrirent à quelques mètres de la statue des Potter. Drago s'approcha, intrigué, par la sculpture qu'il voyait pour la première fois de sa vie.

-Tu ressembles à ton père, annonça t-il après quelques secondes d'une analyse qu'il voulait minutieuse.

-Oui, mais il paraît que j'ai les yeux de ma mère, ajouta Harry. Tu n'avais jamais vu mes parents ?

-Non, mon père est toujours rester à bonne distance de toutes les choses qui pourraient lui faire prendre conscience que son camp avait réellement fait. Cette statue et cet endroit en font sans doute partie.

Ils marchèrent jusqu'à la tombe de Lily et James Potter, et Malefoy constata la grande sobriété du lieu. C'était une simple épitaphe en marbre blanc. Potter resta un long moment devant la tombe, à genoux, en silence, Malefoy remercia en pensée, les deux parents du garçon pour leur noble sacrifice. Une fois qu'il eut fini, il s'éloigna pour faire le tour du cimetière et trouva la tombe de la famille Dumbledore. Il était encore devant celle-ci quand Harry finit par le rejoindre.

-C'était sa sœur, et Kendra était sa mère, indiqua t-il.

-Hum, Malefoy nota l'information dans sa tête, plus pour sa culture personnelle que par réel intérêt. J'ai vu la tombe d'Ignotus Peverell, là-bas.

-J'imagine que tu me demandes ça à cause des contes de Beedle le Barde ? Oui, c'est celui du conte, c'est un de mes ancêtres, paraît-il.

-Ce village est plein de vieilles histoires que je ne connais pas visiblement, constata Malefoy.

-Elles sont assez tristes, généralement, répondit Harry. C'est aussi pour ça que je viens rarement ici.

-Les histoires qui finissent avec deux garçons dans un cimetière sont rarement joyeuses, j'imagine, répondit Drago d'une voix blanche, alors qu'ils longeaient l'église pour sortir.

-Est-ce que tu crois qu'on aurait pu être amis dans une autre vie ?

-Si tu avais accepté de me serrer la main, il y a des années, peut-être mais...

-Tu avais insulté Ron ! Répliqua tout de suite Harry pour se défendre.

-Ah ! Fit Malefoy d'une voix blasée. C'était pour ça. Non alors, nous n'aurions jamais pu être amis. Il n'y a pas un univers où je ne méprise pas Ronald Weasley.

-Qu'est ce qu'il peut bien t'avoir fait ? Si tu ne crois plus à ces histoires de traîtres, il n'y a rien que tu puisses lui reprocher.

-En dehors du fait qu'il soit d'une absolue vulgarité, et qu'il est des goûts absolument déplorables pour presque tout ?

-Tu parles de mon meilleur ami, Malefoy.

-Je sais, fit le blond avec un sourire moqueur. Tu ne penses pas beaucoup plus de bien de mon entourage, alors c'est de bonne guerre.

Harry garda le silence, son rival avait raison.

Ils déambulèrent un moment dans le village sans dire un mot. Ce n'était pas de la gène ou une hostilité froide, cela ressemblait plus à une forme de silence solennel. Harry n'avait pas particulièrement envie de rejoindre Londres, Malefoy lui était curieux de découvrir ce village où moldus et sorciers semblaient vivre dans une sorte de tacite harmonie. Ils approchèrent finalement d'une maison en ruine près de la sortie ouest du village, quand un écriteau s'éleva devant Drago. Harry n'y avait pas fait attention, il était revenu ici de si nombreuses fois, que l'endroit lui était indifférent.

"En ce lieu, dans la nuit du 31 octobre 1981, Lily et James Potter perdirent la vie. Leur fils, Harry, demeure le seul sorcier qui ait jamais survécu au sortilège de la Mort. Cette maison, invisible aux yeux des Moldus, a été laissée dans son état de ruine comme un monument à la mémoire des Potter et pour rappeler la violence qui a déchiré cette famille." Drago l'avait lu avec curiosité puis finalement avec une sorte de tristesse.

Cette plaque commémorative était le témoignage d'un évènement passé qu'il connaissait, que tous les sorciers connaissaient, mais elle témoignait surtout de l'anéantissement d'une famille. Même s'ils étaient tous deux orphelins, ils ne l'étaient pas de la même façon. La famille du Survivant avait été éliminée en une nuit, brutalement, alors que celle de Malefoy avait subit une lente déchéance de plusieurs années.

-Je comprends mieux pourquoi mon père n'a jamais voulu venir ici.

-Pourquoi ? Demanda Harry, qui fixait cet endroit avec une froide contemplation.

-Cette épisode possède deux versions. Cette plaque et la statue, ne raconte pas la même version que celle que je connais.

-Je ne comprends pas, de quoi tu parles ?

-L'histoire que les anciens mangemorts racontaient sur la disparition de leur maître. Ce n'était pas qu'un tyran avait été vaincu par un bébé innocent, mais par un enfant aux immenses pouvoirs, destinait à devenir l'ennemi et l'égal de leur Seigneur. C'est assez évident aujourd'hui. Ils ne pouvaient pas imaginer qu'un si grand sorcier soit vaincu par un enfant parfaitement quelconque. Pour eux, ce soir-là, ce n'était pas un massacre, mais un combat, aussi idiot que cela te semble.

-Tu as vraiment l'art du compliment, sourit Harry.

-Pour une fois, ce n'est pas contre toi, Potter, pour moi tous les enfants se ressemblent.

-Les gens peuvent facilement nier la réalité si elle leur est déplaisante. Combien de membres de l'Ordre du Phenix considère Dumbledore comme un saint, ou moi, comme un héros, alors que nous ne sommes que des hommes ? Ce n'est pas complétement incohérent ce que tu racontes après tout, l'affrontement au milieu duquel nous étions, c'était un conflit entre deux visions de la réalité.

-C'est comme ça que tu vois cela ? Une guerre idéologique ?

-Autrefois j'aurais répondu que c'était une bataille du bien contre le mal, mais c'est la réponse d'un adolescent qui cherche un sens à un monde en guerre. Ton père, malgré tout ce qu'il a fait, n'a certainement par rejoint les mangemorts dans le but d'infliger des tortures et des souffrances à des gens innocents. Il poursuivait un idéal, comme chacun d'entre nous, mais certains idéaux sont simplement néfastes pour le bien commun.

-La plupart des sorciers qu'ils soient d'anciens membres de l'Ordre, ou des civils, considèrent les mangemorts comme des sadiques et des détraqués. Quel chemin est-ce que tu as pris pour en arriver à une conclusion aussi éloignée de celles de tes amis ? Demande la blond, intrigué.

-Tu n'as pas besoin de savoir ça, répondit Harry décidant qu'il fallait clore le débat avant que Malefoy ne s'aventure trop loin dans les méandres de son esprit.

Ses pensées, Harry avait pris l'habitude de les garder pour lui. Elles s'étaient faites de plus en plus précises, de plus en plus subtiles ce qu'il avait, en partie, éloigné de ses meilleurs amis. Hermione était en désaccord constant avec sa manière de voir le monde, et Ron n'était pas du genre a se prendre la tête comme lui. Le résultat c'était qu'il était en train de discuter avec un Malefoy étrangement attentif et même curieux, et que cela lui faisait du bien.

Le blond, de son côté, avait l'impression de voir quelqu'un d'autre. Derrière le Potter vif, combattant et courageux, il y avait un garçon pensif, perdu, et qui semblait accabler de suivre seul, une voie qu'il était seul à connaître et à suivre. Le cœur de Drago se serra en voyant la solitude transparaître et comme un réflexe, ou parce qu'il partageait ce sentiment, ses doigts enserrèrent lentement ceux d'Harry.

Le brun fut heureux de sentir une main chaude contre la sienne, ce n'était pas arrivé depuis des années. C'était sans importance que ce soit Malefoy, ou un autre. En cet instant, il n'était pas seul, quelqu'un était là pour lui et l'écouter réfléchir sur le monde, sans juger, sans débattre, sans ignorer.

Ils restèrent là, face à la maison des Potter, durant un long moment, sans rien dire, main dans la main. Ils étaient bien, dans ce silence, dans cette étrange complicité. Aucun d'eux ne l'avoueraient jamais, mais ils souhaitaient tous deux que ce moment s'éternise.

La nuit commençait malheureusement à tomber, et ils se décidèrent à rejoindre Londres. Ils tombèrent de fatigue, Harry dans le canapé, et Malefoy dans la chambre de l'appartement. Drago s'endormit, convaincu que cette journée resterait dans sa mémoire, comme une étrange mais très belle journée, dont Harry et lui ne parlerait jamais à cause de la gêne. Pourtant, le blond commençait à ressentir une vive curiosité pour les choses farfelues ou fascinantes que son rival pouvait avoir dans la tête. Peut-être que dans la jolie caboche niaise de Potter, il y avait un médicament contre ses propres traumatismes ? Cette possibilité méritait au moins d'être étudier.