Menarath et Doucette77 : Voilà les révélations que vous attendiez pour tout comprendre. J'ai essayé d'être aussi didactique que possible.

Brigitte26 : J'espère que ce chapitre te plaira autant que les précédents.

Chapitre XV : La Réponse.

Harry tira Drago par la main, comme un enfant emmènerait son ami pour aller jouer au parc, comme Drago aurait voulu que Harry lui sert la main lorsqu'ils avaient dix ans. Une fois hors de l'appartement, ils transplanèrent et se retrouvèrent en un instant sur le toit de l'une des plus haute tour de Londres, en plein cœur de la City. Le vent à cette altitude, était puissant.

-Potter, mais qu'est ce qu'on fait là ?! demanda le blond, en desserrant sa main.

-Regarde bien, lui demanda celui-ci.

Malefoy s'exécuta et observa les femmes et les hommes qui s'agitaient, en contrebas, comme des fourmis. Les effets du sortilège s'accentuaient de plus en plus, les chaînes translucides prenaient à présent des nuances de rouges ; Si bien, que sous les yeux du blond, un étrange réseau sanguin s'étendait à présent dans Londres, une toile en mouvement perpétuelle.

-Qu'est-ce que je dois voir Potter ? C'est quoi le rapport ? La dernière fois, tu m'as dit que tu avais compris le Seigneur des Ténèbres mais je ne vois pas la connexion avec les liens que les gens tissent entre eux.

Harry relâcha la main du blond puis il s'assit, les jambes baignent dans le vide, avant de lancer un sort de silence pour ne plus entendre le vent.

-Je crois que tu n'as pas compris, déclara Harry, d'un air légérement déçu. Pour toi, c'est quoi ce réseau ?

-C'est évident ! Répondit Malefoy qui commençait à s'agaçait devant cette mascarade. Ceux sont les sentiments qu'ils ont les uns pour les autres, la haine et l'amour, la colère et l'amitié.

-Ta réponse est incomplète, répondit le brun.

-Que veux-tu que ce soit d'autre ?

-La causalité, annonça Potter, avec une conviction et une fermeté toute singulière. Ils sont tous liés par un enchaînement sans fin de cause et de conséquence dont les sentiments ne sont qu'une composante. Le Lord Noir ne serait pas devenu ce qu'il était si sa mère ne s'était pas laisser mourir de chagrin, si Dumbledore ne l'avait pas fait rentrer à Poudlard, si son père ne l'avait pas méprisé et ignoré, sans l'idéologie des Sang-purs et même sans Salazar Serpentard, et bien d'autres encore. La même logique est applicable pour nous tous.

-Pour toi, il n'est pas responsable alors, c'est bien ça ? Demanda Malefoy, les yeux ronds.

-Pas plus que toi ou moi, en tout cas. Ce n'est pas facile à admettre, je peux tout à fait l'entendre.

Malefoy comprenait soudain pourquoi le brun était si discret sur ses opinions profondes. Si les sorciers apprenaient que leur Sauveur pensait cela, ce serait un scandale absolu. Comment Potter pouvait-il croire à cela ?

-C'est au contraire, un peu trop facile. Tu déresponsabilises les gens. Ils font du mal aux autres et n'en sont pas coupables. Je ne crois pas que ce soit la bonne solution.

-Le fait qu'ils ne sont pas responsables ne veut pas dire qu'ils ne doivent pas être sanctionner pour corriger leur comportement, ou mise hors d'état de nuire, s'ils ne peuvent être corriger.

-Potter, ta théorie nous laisse non seulement sans le moindre libre arbitre, mais elle supprime également le mérite, et notamment le mien. Tu as une idée, des efforts qu'il m'a fallu pour remonter la pente ? Pour pouvoir me racheter ?

-Tu n'as pas besoin du mérite. Tu fais quelque chose de bien, c'est suffisant. Tu as ma gratitude pour avoir sauver cet oiseau, mais je sais que au fond, tu n'avais pas le choix, nous n'avons pas de libre arbitre. Même Jedusor, soi-disant le plus grand sorcier, n'y échappait pas, nous sommes tous esclaves de cette toile, annonça t-il avec une sorte de fatalisme en pointant du doigt la ville.

-Qu'est ce que ça change, alors ?

-Tu ne deviendras jamais comme ton père, ou comme Voldemort, car tu n'as pas la même histoire qu'eux. Tu luttes tous les jours contre ce que ton père à inscrit en toi, mais cette lutte, elle aussi, est gravée en toi. Elle fait partie de ton identité.

Potter semblait si convaincu de lui-même, c'était rare de le voir ainsi. Drago comprenait soudain pourquoi tellement de gens l'avaient autrefois suivis. Il trouvait parfois les mots justes, et à cet instant, il avait prononcé des mots inattendus, une réponse surprenante, mais peut-être plus rassurante pour Malefoy que tout ce qu'il pouvait espéré. Le blond s'assit au côté de son ancien rival.

-Si les gens ne sont pas responsables, pourquoi tu continues de t'énerver si facilement ?

-J'ai toujours était impulsif, et puis tu as toujours eut l'art de me faire sortir de mes gonds. Ne t'inquiètes pas, même quand je te trouve parfaitement agaçant, je sais que ce n'est pas ta faute, s'amusa Harry.

-Alors c'est comme ça que tu vois le monde désormais, plus d'Ordre gentil ou de méchants mangemorts, rien que des chaînes qui relient les hommes entre eux ?

-Il y a toujours des personnes qui feront souffrir les autres, c'est un fait. Je ne suis pas naïf. Je ne veux plus leur en attribuer la responsabilité, c'est tout. Si j'arrête d'être Auror, c'est certes par lassitude du métier, mais parce que je veux éviter que les idées qui font les criminels ou qui forgeaient l'idéologie des mangemorts ne perdurent.

-Ce n'est pas une preuve de libre arbitre que de vouloir influencer les autres ainsi? Fit Malefoy qui cherchait la faille dans le raisonnement d'Harry.

-Déterminée par mes lectures, elles-même déterminées par mes traumas, fit Harry. J'ai essayé moi aussi, Malefoy, et je n'ai pas encore réussi, à trouver un trou dans cette théorie. C'est pour cela que j'y adhère.

Les pensées se bousculaient dans l'esprit de Drago. Le point de vue de Potter était original, pour ne pas dire scandaleux. Il chamboulait la conception de la réalité qu'il avait toujours eut du blond. Drago cherchait à obtenir une forme de pardon, mais peut-être que c'était inutile. Il n'avait pas à demander pardon pour le mal fait, il avait juste à faire de son mieux pour éviter de faire à nouveau souffrir son prochain.

Une larme coula le long de sa joue droite.

-Tu es triste ? demanda le brun.

-Non, je crois que c'est la réponse que j'attendais. Elle est brutale, mais tu n'as jamais eut la moindre délicatesse.

Il avait l'impression qu'on venait de lui mettre un point dans le cœur et dans le cerveau à la fois mais pour le réveiller du plus horrible des cauchemars. Les fils rouges qui s'agitaient et tissaient encore et encore, leur toile, devant les deux anciens ennemis, rendait tout cela tangible.

Pourtant Drago n'était pas idiot, on ne changeait pas de vision du monde en un claquement de doigt, tout cela était un processus lent qu'il connaissait bien. Au moins, lors de sa prochaine crise de panique, il pourrait se souvenir des mots de Potter, et de ce moment d'intense compréhension du monde, et il en était convaincu, il retrouverait son calme.

Harry pour sa part, resta silencieux. Il était néanmoins heureux de partager ses pensées les plus secrètes, ce savoir interdit, avec quelqu'un. De plus, d'après ce qu'il pouvait voir dans les yeux de son rival, celui-ci en avait besoin, comme lui autrefois. Il sortit sa baguette et caressa le visage de Malefoy avec l'extrémité, puis prononça la formule : «Veritatem Occultare ».

Les yeux du blond redevinrent d'un gris d'orage, et le monde à travers eux, retrouva ses couleurs naturelles. Les chaînes pourpres, elles, disparurent petit à petit.

-J'imagine leur Sauveur, fit Drago, en fixant la rue en bas, leur disant que l'Ordre n'a pas plus de mérite que les mangemorts, s'amusa Malefoy.

-Ils préfèrent les scandales qui ne remettent pas en cause les fondements la société. Pour ça, les moldus, et les sorciers sont sur un pied d'égalité. Pourquoi est-ce que tu crois qu'un sort pareil, n'est pas plus connu ? La vérité n'est pas toujours séduisante pour tout le monde.

Longtemps, Harry avait voulu parler de cela avec quelqu'un, mais il n'avait jamais réussi. Hermione était trop obtu, Ron trop terre à terre, et Ginny... Ginny n'avait jamais vraiment chercher à le comprendre. C'était étrange de ne plus ce sentir seul, et que cela soit grâce à Drago Malefoy restait perturbant.

-Potter ?

-Oui ?

-Si nous sommes tous liés par la causalité, ou le destin, bref... Où est-ce que tu mets la relation presque symbiotique qui te liait au Seigneur des Ténèbres ?

-Je ne sais pas réellement. J'ai des hypothèses bien entendu, mais rien de concret. Le sort permet de voir les liens de causalité, pas la nature des liens en question. C'est le Priore Incantatum qui t'inquiète encore ?

-Pour être honnête, oui.

-J'hésite à me moquer de toi, Malefoy, déclara Harry avec un sourire.

-Je ne vois franchement pas pourquoi !

-Je trouve ça plutôt intéressant, moi. Avec le Lord Noir, je savais déjà pourquoi nos baguettes étaient liées, mais avec toi, c'est un mystère complet. Tu t'amuses de mon attirance physique pour toi, je m'amuse de ça, c'est tout.

-Tu n'as pas peur ?

-Ce que tu m'as fait chez moi, tout à l'heure, ne ressemblait pas franchement à une tentative de mise à mort. Tu m'énerves, mais tu n'es certainement pas mon ennemi juré... Si nous en sommes au moment des confessions, j'ai une question pour toi. Depuis quand est-ce que tu préfères les hommes ?

-Je ne préfère pas, Potter. J'aime autant l'un que l'autre.

-Tu sais ça depuis quand ?

-Deuxième année à l'Université de Médecine Magique de Toulouse, c'était la première fois qu'un garçon me faisait des avances. Il était très beau, et le fait qu'il est envie de moi, ça m'a pousser à aller plus loin, histoire de voir ce que ça pouvait donner.

-Et toi, c'est la première fois que tu te poses des questions ?

-Oui, et franchement, c'est un peu perturbant que ce soit à cause de toi.

-Grâce à moi, corrigea Drago, avec une pointe de fierté.

Harry l'accompagna d'un petit rire.

-Tu n'es qu'un fouteur de merde, Malefoy. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu m'embrasses ?

-C'est vraiment un problème pour toi, d'être, attiré par les hommes ?

-Je ne sais pas, se désespéra Harry. J'imagine que non, mais il faut que je m'habitue. Si je dois l'annoncer à la presse en plus, ça va encore faire un foin pas possible.

Il se coucha, les jambes toujours dans le vide.

-Tu es leur Sauveur, Potter. Tu le sais mieux que personne, ça à des conséquences, s'amusa Malefoy, en se tournant vers Harry pour plonger son regard dans le sien.

« D'une certaine manière, tu es peut-être le mien aussi» pensa t-il furtivement.

-Drago, fit soudainement Harry, décidant que le temps des noms étaient révolus. Le nom glissa entre ses lèvres avec une légère rugosité qui l'amusa. Embrasse-moi, s'il te plaît.

Le blond ne se fit pas prier et se glissa auprès d'Harry pour déposer un délicat baiser, du bout des lèvres sur celles de son rival. Il retournèrent ensuite à l'appartement et Harry lui retourna son baiser contre la porte, avant de rentrer. Il commença à soulever la chemise de Drago quand celui-ci, le stoppa net.

-Il vaut mieux qu'on évite d'aller plus loin pour l'instant, Harry.

Dire son nom semblait un blasphème pour lui-même, et il s'avouerait cela avec une douce amertume. Mais cette simple phrase, cette barrière qu'il s'imposait, lui demandait un effort surhumain car sentir le brun contre lui, lui donnait des idées indécentes.

-Quoi, tu veux que je te demandes en mariage ?

-Non, triple idiot, je veux simplement que tu sois sûr de ce que tu veux, avant de franchir ce pas là. Les premières fois sont importantes.

-Tu es vraiment trop raisonnable parfois, fit Harry en bougonnant. Ton jeu est un peu facile, si tu peux changer les règles quand tu veux !

-C'est pour ça que je suis un Serpentard, fit Malefoy avec un sourire triste en délaissant Harry d'un baiser sur le front. Bonne nuit !

Une fois dans sa chambre, la main encore sur la poignée, Drago baissa les yeux. La partie était terminée, et il venait de perdre.