(Merci à tous, pour vos messages sur le dernier chapitre qui me tenait à cœur. Aujourd'hui, on en revient à l'intrigue principale avec quelques moments mignons.)

Chapitre XVI : Combattre Le Néant.

Le bruit de la cafetière résonnait jusque dans le petit salon où dormait Harry. Il retrouva un Drago, parfaitement apprêté, peigné et habillé qui jouait de la baguette pour préparer le petit déjeuner. Le brun s'étonnait toujours de voir son ancien rival être aussi habile dans une cuisine. L'affaiblissement politique et financier, la précarité durant ses études supérieurs semblaient avoir mis un semblant de plomb dans cette jolie caboche.

Harry se figea, c'était la premier fois qu'il admettait à lui-même qu'il trouvait Drago beau, simplement beau Les fois précédentes, il se rassurait en mentionnant pour lui-même le côté puérile, orgueilleux, et capricieux du garçon. Mais ce matin là, le blond semblait simplement beau.

-Bonjour Mal... Drago.

-Toi aussi, ça te fait bizarre ?

Tout en disant cela, il nourrissait Zoé.

-C'est encore un réflexe, avoua t-il.

-Je ne veux pas te brusquer, mais on fait comment devant Weasley et compagnie ? On reste traditionnel ? Interrogea le blond, en indiquant la théière chaude au garçon dont il avait rêvé une bonne partie de la nuit.

-Est-ce que ça te gênerait ?

Malefoy pouvait lire l'inquiétude sur le visage d'Harry.

-Si on utilise nos prénoms, il faudrait expliqué le pourquoi du comment de ce rapprochement. Ce n'est pas de mentir à tes amis qui me gène, c'est de devoir discuter avec pendant plus d'une minute.

Le brun sembla se détendre d'un coup.

-J'imagine que ce n'est même pas la peine d'essayer de te faire changer d'avis à propos de Ron, s'amusa t-il.

-Potter, on commence à s'apprécier au bout de six jours coincés ensemble vingt-quatre heures sur vingt-quatre. J'hésite encore à consulter pour un syndrome de Stockholm, mais je t'assure que si je reste une journée entière avec Weasley, l'un d'entre nous finira par tuer l'autre.

-Vous êtes tous les deux aussi bornés, ça vous fait au moins un point commun.

Une étincelle s'alluma dans les yeux de Drago. Harry commençait à le connaître : le sourire moqueur et triomphant, ses yeux gris brillants de malice, Malefoy allait le faire taire avec l'une de ses cinglantes répliques.

-Tu es sur de vouloir chercher des points communs entre ton meilleur ami, celui que tu considères comme un frère, et la personne avec laquelle tu flirtes ?

-C'est bon, tu gagnes cette partie, j'ai des images horribles dans la tête pour la journée maintenant.

Les piques étaient toujours là, émoussés, mais présentes. C'était un jeu entre eux, une sorte de point fixe dans leur relation. Qu'ils soient rivaux, ennemis, ou amis qu'ils soient face à face, baguette à la main, ou dans les bras l'un de l'autre, ils s'enverraient toujours des tacles.

La conversation se perdit ensuite dans des considérations plus ordinaires. Harry posait beaucoup de question sur le métier de médicomage, si bien qu'ils ne virent pas le temps passé et arrivèrent en retard devant le laboratoire de potion du Ministère.

Neville et Ron étaient sur place lorsqu'ils se présentèrent enfin.

-Harry ! Lança Ron avec un immense sourire. J'ai réservé le restaurant pour ce soir ! Je vais faire ma demande.

-C'est super ! S'enthousiasma Harry. Tu es prêt ? Costume ? Champagne et tout ?

-Oui ! Oui ! Ne t'inquiètes pas !

-On va encore avoir une portée de rouquin, super ! Grogna Malefoy.

-Tout à fait, Malefoy ! Et tu en seras pour parti responsable ! Répondit fièrement Ron, en poussant la porte du bureau.

-Comment ça ?

-J'ai fini par écouter ton conseil et réserver dans ce restaurant moldu, s'amusa Ron.

-J'aurai mieux fait de me taire, murmura le blond, alors que Neville toquait à la porte.

Le potionniste en chef était un vieil homme à la silhouette épaisse et aux mains rugueuses. De longues moustaches blanches et des lunettes argentées décoraient un visage rond au dessus d'un cou invisible. Son tablier achevait de le faire ressemblait à un boucher plutôt qu'un sorcier.

-Ah, mes chers Aurors, les salua t-il d'une voix grave et bruyante tout en serrant leur mains les une après les autres avec une brutalité inattendue qui arracha une grimace à Drago.

-Bonjour Quarius, salua Harry. Alors vous avez des nouvelles pour nous ?

-Discutons-en, dans le labo, si vous voulez bien. Les oreilles indiscrètes des journalistes traînent souvent par ici, depuis quelques mois.

En file indienne, ils suivirent le moustachu jusque devant une table sur laquelle un tube à essai contenait un échantillon des cendres roses qu'ils avaient trouvé dans la Forêt Interdite.

-Vous savez ce que c'est ? Demanda t-il, le visage soudainement inquiet.

-C'est ce qu'il y avait à la frontière de la zone contaminée par le poison.

-Ceux sont des résidus des sorts qui sont tombés. La Forêt Interdite est couverte de nombreux sortilèges pour empêcher les moldus de l'atteindre, et également, de protéger les espèces et les êtres qui s'y trouvent, expliqua Quarius, avec un ton professoral qui jurait avec son apparence.

-Si les sorts sont tombés, les moldus peuvent entrer dans la Forêt Interdite ? S'inquiéta Harry.

-Ils ne craignent rien Potter, s'exaspéra Drago. Les terres contaminées ne sont pas à l'orée de la forêt. Il faudrait qu'il utilise leurs avions ou leurs satellites pour la voir, et tout ça pour voir quelques dizaines d'arbres, ça n'intéressera personne.

-Ce n'est pas pour les moldus que j'ai peur, murmura Harry, en pensant à ce qui arriverait si des moldus redécouvraient des licornes vivantes.

-Quel est exactement l'effet du poison ? Demanda finalement Ron.

-C'est cela qui m'inquiète, c'est la première fois que je vois une potion capable de faire ça. Le poison anéantie tout forme de magie. Les sortilèges, les espèces magiques, il détruit tout sur son passage.

-C'est horrible !

-La méthode de préparation semble encore plus horrible, continua le potionniste. D'après les notes de Monsieur Malefoy, le venin d'acromentule dans la potion était étrangement noir et trop épais. Nous avons découvert pourquoi. La toxine vient d'acromentules nourries avec de la viande de sombrals. La texture épaisse est dû à la mauvaise digestion par l'araignée des poils des chevaux.

-Harry ! Hagrid était à la recherche de trois sombrals quand nous sommes arrivés à Poudlard !

-Est-ce que vous avez trouvé du sang de licorne dans les échantillons ?interrogea Drago.

-Non, pourquoi ?

-La version échantillonnée de la Forêt Interdite était donc bien un test pour notre ami voleur comme je le pensais. Il a rajouté du sang de licorne dans sa mixture pour l'un de ses derniers essais sur l'Oiseau-Tonnerre que le garde chasse à découvert. Il ne veut pas tuer, il veut supprimer la magie à grande échelle.

-On peut donc déjà exclure les Mangemorts et leurs sympathisants, annonça Neville.

-Je ne serais pas aussi catégorique, Monsieur Londubat, fit Quarius. Je me suis permis de chercher dans les archives du ministère si des affaires avaient des points similaires. J'ai trouvé un seul dossier avec quelqu'un qui est mort quelques heures après avoir mystérieusement perdu ses pouvoirs. Le ministre de la magie Maximilian Crowdy qui est mort en 1781, avait les mêmes symptômes que votre oiseau, mais lui, il en est mort.

-Quel rapport avec les mangemorts ? Demanda Harry.

-Crowdy est célèbre pour avoir combattu des factions de Sang-purs radicalisés pendant toute la période de son mandat, intervint Drago. Il était considéré comme un traître par beaucoup de sympathisants de la cause. Seulement, ce n'est pas cohérent, l'Oiseau-Tonnerre visait une zone géographique, il aurait pu frapper des Sang-purs au passage. Que les Mangemorts utilisent un poison avec ce genre d'effet pour humilier un ennemi, avant de le supprimer, je veux bien. En revanche, je doute sincèrement qu'ils soient responsable de tout ce qui arrive en ce moment.

-C'est vrai, considéra Neville. Ajoutons à cela que les Mangemorts n'ont jamais tenter d'utiliser cette potion pendant la guerre alors que c'est visiblement, une arme incroyablement puissante.

-Neville, commanda Harry d'une voix étrange et grave. Il faut que tu informes Hermione, de tout ce qu'on vient d'apprendre immédiatement, c'est urgent. Ron, tu vas prévenir ton père et ses collègues, si d'autres sorts de dissimulation tombent, notre monde pourrait être découvert, et ils doivent être prêt à intervenir à tout moment. Demande lui également de recruter des Cracmols, ils sont au courant pour notre monde, et ils ne seront pas affectés par un contact avec ce poison.

-Et moi ? Demanda Drago.

-Tu vas continuer à mener l'enquête avec moi. Si Crowdy est bien mort de la même chose que celle qui empoisonne la Forêt Interdite, alors en trouvant son tueur, on retrouvera la trace de la potion.

-Très bien, alors je pense qu'on devrait aller voir la salle des portraits au manoir. Ma famille était un soutien des Sang-purs les plus radicaux, bien avant le Seigneur des Ténèbres. Ils savent peut-être quelque chose.

Drago ne voulait pas s'y rendre, il espérait même vendre le manoir sans avoir à remettre les pieds dans cet endroit triste, sinistre et maudit. Malheureusement, cette fois, le danger était trop grand pour faire des caprices.

Harry hésita quelques secondes. La visite à la Crypte n'avait pas été de tout repos pour Drago, et il ne voulait pas le voir à nouveau au bord de l'évanouissement. Le blond fit néanmoins un signe de tête qui découragea Harry d'engager tout débat à ce sujet.

Désormais, Harry, Ron, Neville, et Drago en étaient tous convaincus, une gigantesque menace planait sur le monde magique. Les objectifs et les actions de leur ennemi semblaient erratiques, mais ils savaient que ce n'étaient qu'une façade, qu'ils leur manquaient des pièces de puzzle. Qui pouvait bien vouloir mettre fin à l'essence même de leur monde ? Qui pouvait vouloir détruire la Magie et ses multiples facettes ?