Chapitre XX : Des Alliances Inattendues

Arthur rejoignit sa femme, Harry, et Drago, quelques minutes plus tard. Il y avait bien des choses que Arthur Weasley ne pensait jamais voir : son fils obtenant un permis de conduire moldu, sa belle fille devenant ministre de la magie, mais de toutes ces choses, la plus saugrenue arriva ce soir-là vers dix-sept heures, lorsqu'il vit un Malefoy attablé dans sa cuisine et faisant la conversation à Molly.

Drago en voyant l'homme arrivé, le détailla minutieusement. Les cheveux évidemment toujours aussi roux que dans ses souvenirs, Arthur Weasley avait en revanche pris de l'embonpoint et son dos semblait légèrement plus voûté. On avait du mal à dire si cet homme avait été usé par les combats ou par la paperasse.

-Bonsoir Arthur, fit Harry avec un grand sourire.

Malgré sa rupture avec Ginny, dont elle avait beaucoup plus souffert que lui, il restait de la famille. Molly et Arthur lui avait suffisamment répété au cours des mois qui avait suivi la séparation du couple. Ainsi Harry était toujours heureux de venir ici, surtout à présent que son ex-petite amie avait réussi à dépasser sa peine.

-Je suis heureux de te voir, cela faisait deux semaines qu'on ne t'avait pas vu. Je vois que tu as amené un invité.

-Nous sommes sur la piste du terroriste, expliqua le brun. Une partie de la recette du poison qu'il utilise est dans le grimoire des Malefoy.

-Oh ! Fit Arthur qui sembla soudain rentrer la tête dans son propre corps comme une tortue.

Drago n'aimait pas cet homme. Sa silhouette était inélégante, sa démarche, pataude, mais malgré cela le blond resta silencieux. Il était évident que la meilleur stratégie était de se faire oublier pour qu'ils se concentrent sur « leur Harry adoré ». Autrefois, dans une telle situation, il aurait voulu être le centre de l'attention, mais cela faisait longtemps que Drago avait appris à apprécier les avantages que confère l'anonymat et l'oubli.

-Je n'aime pas ce « Oh ! », Arthur, nota Molly, sur un ton de reproche.

Harry posa sur la table, le document que la banque avait transmis à Drago une heure plus tôt.

-Je suis désolé, Harry. Mais ce document raconte des choses fausses, je n'ai jamais voulu prendre ce grimoire, dit-il après l'avoir lu en diagonal.

-Comment ça ?

-Le ministre n'a pas le droit, légalement, d'enquêter de lui-même sur une mission, mais Kinglsey voulait absolument la tête de Lucius Malefoy. Il m'a forcé la main pour obtenir ce document, et c'est lui qui à enquêter et qui à fourni toutes les preuves pour le faire condamner. Le grimoire devait originellement en faire partie.

-Vous n'aimiez pas mon père, lâcha finalement Drago. Pourquoi ne vouliez-vous pas le faire condamner ?

-Je voulais le faire condamner, mais même si je ne l'aimais pas, je ne voulais pas d'une condamnation à mort. Je venais de perdre mon fils, je n'avais pas envie de te prendre ton père. Kingsley lui, résonnait de manière différente. Toutes les grimoires familiaux contiennent des sortilèges et des rituels de magie noire. Il voulait utilisé le votre comme une preuve à charge pendant le procès.

-J'étais au procès, je n'ai jamais entendu parler de ce grimoire, remarqua Harry.

-En réalité, l'expertise du grimoire fut un échec. Les pages compromettantes étaient scellées par des sortilèges que nos briseur de sort n'ont pas réussi à percer avant le début du procès. Pour ma part, c'était la goutte d'eau, et cela signa la fin de mont amitié avec Kingsley. Le grimoire lui dort probablement toujours au ministère.

-Vous avez dit que Shacklebolt voulait la tête de mon père, est-ce que vous savez pourquoi ?

Arthur prit un air peiné.

-Ce n'est pas très glorieux, ton père à servi de bouc émissaire pour beaucoup de choses. Il était impliqué et connu dans de nombreux milieux, ce qui faisait de lui une cible identifiable pour la presse. Ses anciennes relations voulaient également blanchir leur propre nom en salissant le sien. Et enfin, une partie des survivants, voulaient que tous les Mangemorts soient exécutés. Il s'est retrouvé au centre de tout ça, et il n'avait plus que son argent pour le sauver. Ton père n'était pas le pire, mais c'était le plus dangereux pour bien des gens.

-Je n'étais pas au courant de tout ça, admit Harry.

-Je n'en n'avais jamais parlé jusqu'à aujourd'hui. Le ministère devait faire front, et rester fort, au moins en apparence. Les dissensions entre le nouveau Ministre et le directeur de bureau fraîchement nommé auraient inquiété tout le monde. Et tout à fait entre nous Harry, à ce moment là tu n'étais pas au meilleur de ta forme.

Drago se tourna vers Harry qui semblait soudain un peu honteux.

-Tu étais là pour mon procès aussi pourtant...

-J'ai souffert d'un sévère syndrome de stress post-traumatique pour lequel je suis encore une thérapie, annonça Harry comme un enfant qui avouait une faute.

Drago n'avait jamais suivi de thérapie, il n'aimait pas parler de ses problèmes, de ses faiblesses. Son ancien rival ne semblait pas aussi réticent, et visiblement, la thérapie était une réussite. C'était sans doute pour cela qu'il émanait désormais d'Harry un profond sentiment de paix et de tranquillité, il n'était pas en paix avec le monde, mais avec lui-même.

-Maintenant que le temps des confessions est terminées, fit Molly, j'aimerai savoir pourquoi vous faites équipe alors que plus jeune, vous vous détestiez.

-Nous sommes adultes, répondit Harry avec un ton moralisateur que Drago trouvait particulièrement agaçant. Nous sommes capable de faire la part des choses.

« C'est faux, deux secondes après nos retrouvailles ont été déjà en train de se battre », pensa le blond.

-Drago, je sais de source sûr que tu n'as pas repris les affaires de ton père, alors qu'est ce que tu fais maintenant ?

-Je suis médicomage, je suis spécialiste des sortilèges de magie noire.

Un immense sourire béa d'admiration remplit le visage de Molly Weasley.

-C'est très impressionnant ! Dit-elle en lui resservant une tasse de thé. Je ne t'ai jamais vu à Saint-Mangouste pourtant.

-Je travaille en France, j'avais peur qu'ici mon nom impacte ma carrière.

-De tout façon, Fleur, ma belle-fille, m'a dit que les cursus médicaux étaient de meilleurs qualités en France.

-J'imagine que ça compense pour leurs formations d'Auror, absolument médiocre, se moqua Harry.

-Ici la formation est bonne mais il paraît que la nouvelle génération est une bande de tête brûlée, rétorqua le blond, acide.

Il ne s'attendait certainement pas à se faire une alliée en la personne de Molly Weasley.

-Ah ! Merci ! Enfin quelqu'un de raisonnable !

Harry lança un regard noir à Drago, qui comprit immédiatement qu'il venait de déclenché une tempête.

-Depuis leur première année à Poudlard à lui, Ron et Hermione, pas une année sans que l'un d'entre-eux ne termine dans un lit d'infirmerie ou d'hôpital ! Je me disais qu'avec la fin de la guerre, ce serait plus calme ! Mais bien entendu, la formation d'Auror, et ensuite la chasse aux mages noirs, et maintenant un nouveau dément menace le monde !

-Cette fois-ci, j'ai déjà un médecin avec moi, je n'aurai pas besoin d'aller à l'hôpital.

-Je crois que c'était plus ou moins une des demande d'Hermione, lors de notre premier entretien, avoua le blond.

-Comment ça ?

-C'était de l'ordre de « C'est inutile de l'empêcher de se battre, donc autant avoir quelqu'un qui sera la pour réparer les pots cassés ».

-Je suis franchement étonné que tu es accepté.

-Je dois te soigner, je ne suis pas obliger d'utiliser des anesthésiants.

-C'est peut-être la bonne solution pour qu'il arrête enfin de se mettre en danger, glissa Madame Weasley.

-Molly, ne l'encouragez pas s'il vous plaît, il serait capable de vraiment le faire. En plus, c'est ma dernière mission, d'ici quelques mois, je serais à Poudlard comme professeur.

-C'est une bonne nouvelle, fit Arthur. En attendant, j'aimerai que tu sois prudent. Tu-Sais-Qui, nous pouvions plus ou moins prévoir ce qu'il allait faire et de quoi il était capable, mais cette nouvelle menace...

-C'est vrai, je n'arrive à comprendre notre ennemi. Pourquoi il fait ce qu'il fait ? pourquoi un sorcier voudrait détruire la magie des sorciers ?

-Peut-être pas de tous les sorciers, proposa soudain Drago.

-Tu as une idée ?

-Peut-être, ça vient de me traverser l'esprit. Nous raisonnons peut-être dans le mauvais sens. Une victoire ou une défaite, dans un combat, une bataille ou une guerre est toujours le produit d'un différentiel de puissance, d'intelligence, ou autre. Le Lord noir cherchait à augmenté ce différentiel en augmentant sa puissance, avec la baguette de Sureau notamment. Notre nouvel ennemi joue peut-être sur deux tableaux à la fois, en augmentant sa puissance avec la baguette, et en affaiblissant ses ennemis avec la Larme du Diable.

-Si c'est vrai, c'est très inquiétant. Je suis le propriétaire théorique de la baguette de Sureau, je pensais que je serais sa cible prioritaire, mais ce lâche va attendre de m'empoisonner et ensuite il m'attaquera pour devenir propriétaire de la baguette, sans prendre le moindre risque.

-Théorique ? Demanda Arthur.

-La formation d'Auror, je me suis fait désarmé un nombre incalculable de fois pour l'entraînement. Je ne suis plus le propriétaire de la baguette depuis des années. Même s'il me combat, il ne gagnera rien. Drago, il faut que nous rentrions. Je vais envoyé un mot aux archives du Ministère pour qu'ils passent la nuit à la recherche du grimoire.

-Le monde magique tout entier est en péril, et toi tu veux dormir et manger ?! S'égosilla Drago. C'est une blague ?

-Non. Je suis juste pragmatique. Je sais que les médicomages ont l'habitude des astreintes, mais tu n'es pas habitué au combat, il vaut mieux que tu te reposes pour que tes réflexes soient au mieux, plus nous nous rapprochons de notre suspect, et plus il faudra être prudent.

-Très bien, cela me semble raisonnable, allons-y. Madame et Monsieur Weasley, salua t-il.

Harry fit de même et lorsqu'ils arrivèrent à l'appartement, le brun se jeta sur un morceau de parchemin rouge vif pour prévenir le services des archives, avant de s'effondrer dans le canapé. Drago, lui, s'occupa du repas de Zoé, puis retourna dans sa chambre. Vers vingt heures, ils décidèrent de cuisiner ensemble le repas du soir.

-Tu m'as impressionné chez les Weasley, avoua Harry, la mine toujours inquiète. Tu as réussi à te les mettre dans la poche.

-Tu n'as pas l'air d'être heureux, pourtant...

-Je cogite depuis que j'ai entendu ton hypothèse, elle fait sens, et cela m'inquiète. Harry s'assit contre le buffet. Je ne sais pas si tu peux comprendre...

-Tu m'intrigues, Potter., dit-moi ce qui ne va pas.

-Pour les sang-purs comme toi, Neville, ou Ron, la magie, c'est comme l'air que vous respirez, c'est naturel. Un monde sans magie ne fait pas sens pour vous. Pour Hermione, c'est juste une habilité particulière. Pour moi, ce n'est rien de tout ça, la magie m'a sauver d'une vie d'ennui, de pauvreté et probablement de délinquance.

-De quoi est-ce que tu parles exactement ? Des moldus chez qui tu vivais ?

-Ils n'étaient pas violent physiquement, mais ils me traitaient comme un moins que rien. Le genre de chose qui font que les enfants tournent mal. Un jour, un demi-géant a débarqué pour me dire que j'étais un sorcier, et j'ai échappé à tout ça.

-Je...je ne savais pas.

-Ne t'inquiètes pas, ça n'a plus d'importance maintenant. Seulement, si ta théorie est vrai, je risque d'être particulièrement pris pour cible, et si c'est le cas, il ne suffira pas d'un parapluie. Je ne me sens pas capable de repartir dans le monde des moldus et d'y vivre pour le reste de ma vie.

Drago n'éprouvait qu'une peur modérée, inconscient de ce qu'impliquer l'utilisation de la Larme du Diable. Il n'arrivait pas à réaliser l'ampleur réelle de la menace. Pourtant malgré tout ça, voir Harry dans un tel état lui serra le cœur, alors il l'attira vers lui, et pausa ses lèvres sur les siennes. Le blond sentit un doux sourire s'étendre sur les lèvres qu'il embrassait.

-A l'époque tu étais seul, non ? Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Cette phrase provoqua un électrochoc chez Harry. C'était ce qu'il avait besoin d'entendre au moment nécessaire. C'était donc ça Drago Malefoy, toujours touché au cœur pour les insultes comme pour les paroles réconfortantes ? Il était peut-être temps d'être absolument et parfaitement honnête.

-Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi, Drago Malefoy, lâcha t-il au creux de l'oreille de celui-ci.