Chapitre XXI : Retrouvailles Chez Madame Guipure.

-Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi, Drago Malefoy.

La phrase échappée de la bouche de Harry sonnait comme un aveux coupable, comme une révélation timide et auréolée de faiblesse, mais pour Drago, c'était bien plus que tout ce qu'il espérait, bien plus qu'il n'attendait. Il voulait que le brun assume son attirance, mais des sentiments, c'était autre chose et c'était surtout voué à l'échec. Drago sourit tristement, flatté et en même temps triste de ne pouvoir répondre.

-Tu sais que cette histoire ne peut pas bien ce finir, n'est ce pas, Harry ?

-Parce que ce n'est pas réciproque ? Interrogea ce dernier, en fronçant les sourcils. Il semblait soudain en colère.

-Non. C'est simplement que je suis Drago Malefoy, et tu es Harry Potter. Notre petit jeu, c'était une chose, mais tu places tout cela à un autre niveau. Un monde entier nous sépare, tu le sais aussi bien que moi.

-J'ai sauvé le monde en question, j'ai quelques droits à faire valoir, dit-il avec un air déterminé.

Harry se sentait seul depuis trop longtemps, il n'était pas question que pour des questions d'usage ou de décence, il sacrifie cela. Drago ne portait pas le bon nom, mais c'était le cas de Ron autrefois, et cela n'avait jamais était un problème à ses yeux, Drago le savait mieux que personne.

-Tu seras malheureux, continua le blond. Tes amis te feront des remarques. La presse te suivra comme ton ombre et ils vivront la moindre marque d'affection entre nous comme une insulte aux victimes de la guerre. Je n'ai pas le droit de te faire ça, pas à toi.

Drago Malefoy détourna les yeux de ceux d'Harry qui lançaient des éclairs. Il semblait plus en colère à chaque mot.

-Je sais ce que tu es en train de faire ! Tu esquives ! tu fuis ! Tona ce dernier. J'ai l'habitude de tout ça. Je connais mes amis. J'ai appris à gérer mon image publique. C'est toi que tu protèges !

Harry n'était plus aussi manipulable qu'auparavant, c'est une leçon que le blond oubliait parfois. Ils étaient devenu trop transparents l'un pour l'autre. Depuis leurs retrouvailles, c'était ainsi, les duperies et les mensonges ne fonctionnaient que quelques temps, puis Harry brisait tout, sans délicatesse.

-C'est vrai, avoua le blond. C'est vrai, mais je ne fuis pas à cause de tout ça. Il suffirait de se cacher comme nous le faisons déjà. Je sais ce qui arrivera si nous essayons. A la moindre dispute, nous nous reprocherons les années passées. Les haines, les humiliations, la guerre, tout cela ne disparaîtra pas parce que nous l'avons décidé.

Les yeux verts voilés de colère s'adoucirent légèrement. Harry prit une profonde inspiration tout en assimilant ce que venait de dire l'ancien Serpentard. Drago voyait juste sur ce point, il ne suffisait pas de décréter raisonnablement que le passé était derrière eux, car la raison n'avait jamais fait partie de leur relation.

-Est-ce que tu as des sentiments pour moi ? J'ai besoin de le savoir.

Le ton était dur, presque autoritaire, mais pour ce qu'il s'apprêtait à proposer, il avait besoin de cette réponse.

-Nous n'aurions pas cette discussion, si ce n'était pas le cas.

Une autre esquive. Si une maison des anguilles avait existé à Poudlard, Drago en aurait été préfet.

-Oui ou non ? Insista le brun à nouveau, avec un ton toujours aussi ferme.

-Oui, murmura Drago, en détournant le regard. Il rougissait.

D'ordinaire Drago était beau, sexy, ou élégant mais pour la première fois, Harry fut incapable de le qualifiait d'autre chose que de « mignon ». Il s'approcha de lui et l'enlaça tendrement. Drago se laissa glissait entre ses épaules musclées et rassurantes, tout en se morigénant lui même d'être aussi faible.

-Je ne veux pas perdre une chance d'être à nouveau heureux, glissa Harry à son oreille.

-Moi non plus, mais je n'ai pas de solution et je ne veux plus souffrir. J'ai déjà bien assez de choses sur le cœur.

-J'ai peut-être une solution, mais ce sera difficile pour nous deux.

-Je t'écoute.

Harry s'éloigna pour prendre son sac en cuir dont il tira une sorte de coupelle grisâtre et minuscule et un flacon qui semblait contenir un alcool translucide. Il posa la coupelle sur la table et avec sa baguette et un sort d'amplification fit grossir celle-ci jusqu'à ce que la bordure épouse le contour de la table. Il y versa ensuite l'étrange liquide.

Drago s'approcha avec prudence et examina la vasque en pierre qui trônait à présent au milieu de la cuisine. Les runes gravées sur l'objet évoquaient un objet ancien et puissant, une pensine.

-Potter, qu'est ce que tu fais avec ça ?

-Je suis Auror. Je n'ai peut-être pas de Polynectar, en revanche, avec les bonnes autorisations, j'ai le droit de prélever des souvenirs. Tu voulais que nous fassions la paix avec notre passé, non ?

-Tu es prêt à partager tes souvenirs avec moi ?

Pour toutes réponses, Harry posa la baguette sur sa tempe et en tira un filament qui glissa lentement dans la pensine, comme un cheveux. Il attendit ensuite, la main tendue vers Drago. Ce dernier hésita un moment, mais bien plus que la perspective d'une solution à leur situation, ce fut la curiosité qui l'attira en cet instant. Ensemble ils plongèrent dans le souvenir d'Harry.

L'endroit était familier à Drago. Au fur et à mesure que la pièce se matérialisait, il reconnu une boutique du Chemin de Traverse. Les chutes de tissus se matérialisaient, de même que des piles de vêtements, jusqu'à prendre l'apparence d'un magasin de prêt-à-porter.

-Nous sommes chez Madame Guipure, murmura Drago alors qu'une version de lui et Harry prenaient corps sous ses yeux.

-C'est le jour de notre première rencontre, et tu es déjà un petit con.

-On le sait tous les deux ça, mais toi à ce moment là, qui es-tu ?

-Je viens de passer dix années à dormir dans un placard sous un escalier, à porter les fringues de mon cousin, et à croire que mes parents étaient morts dans un accident de voiture. Hagrid est la personne qui m'a sauvé de tout ça, et tu es en train de l'insulter.

-Mon père m'avait raconté que c'était un crétin, et à ce moment là, je ne fais que répéter les choses qu'il me disait. Je ne vais m'en convaincre que quand tu seras ami avec lui et que tu refuseras de me serrer la main.

-Si je t'avais serré la main dans le Poudlard Express, les choses auraient été différentes à tes yeux ?

-Je ne sais pas, peut-être. Une chose est sûre, elle n'avait pas le même sens pour toi et pour moi, cette poignée de main. C'était un acte de rébellion à l'encontre de mon père. Je savais qu'il ne t'aimait pas, mais moi j'avais bien aimé discuter avec toi dans cette boutique.

-Oh ! Harry se fit soudain plus silencieux. Il ne s'attendait pas à ça. Drago vénérait son père à cette époque, mais il avait fait une exception pour Harry, et celui-ci l'avait rejeté.

-Tu as donné raison à mon père, Potter.

-Je m'en serais bien passé, maugréa le brun. C'est pour ça que je veux que nous fassions ça ensemble. Toi et moi, nous avons fait de nombreuses erreurs parce que nous étions jeunes et ignorants. Il est temps qu'on se pardonne.

Drago resta silencieux, alors que son petit double quittait la boutique. Potter l'intriguait déjà alors qu'il avait dix ans, et que la porte de Madame Guipure se refermait derrière lui. Cela n'avait jamais réellement changer, qu'ils soient rivaux, ennemis, ou autres. Il voulait connaître Harry, depuis toujours et la porte était désormais grande ouverte.

Cependant la perspective de livrer ses propres faiblesses n'enchantait pas le blond, mais Harry était différent des autres. Il n'était pas avide de pouvoir, de reconnaissance ou de notoriété. Drago le savait car, contraint, il avait déjà révélé à Harry sa peur de devenir comme le Seigneur Des Ténèbres, mais celui-ci n'en n'avait rien fait. Il était peut-être même le seul capable de comprendre cette peur, et Drago ne pouvait pas laissait cela lui échapper. C'était un opportuniste, et la pensine lui offrait une opportunité.

-D'accord, Harry, je veux bien essayé ton petit jeu.

-Et pour ce qui est de nous ?

-Je n'avais pas l'intention de prendre les inconvénients sans les avantages.

Au milieu de la vieille boutique de Madame Guipure, au moment même de leur première rencontre, dans un souvenir vieux d'une vingtaine d'années, ils s'embrassèrent tendrement, amoureusement. Drago Malefoy pour la première fois depuis longtemps eut l'impression que sa décision était la bonne. Il allait probablement souffrir, mais sentir le cœur d'Harry battre contre lui effacerait tout. Cela deviendrait probablement une addiction, mais de ses addictions qu'il fallait nourrir.

Harry huma l'odeur de Drago. Cet envoûtant parfum lui rappelait que pour l'instant, Drago était là pour lui. Ce garçon blond, aux yeux d'orage, et au visage d'ange. Cette silhouette mince, provocatrice et filiforme. Cet esprit aussi brisé qu'aiguisé. Ce médecin froid et distant mais diablement efficace. Tout cela le destin venait de le lui confié, et Harry se promit d'en prendre grand soin.

Lorsqu'ils ressortirent de la pensine, une bonne heure semblait s'être écoulée.

-La journée à été éprouvante, considéra Harry. Tu veux qu'on dorme ensemble maintenant qu'on...

Drago s'approcha de lui, le regard joueur.

-Je ne suis pas ce genre de mec, Potter. Tu me veux dans ton lit, il va falloir me le montrer.

Il lui mordilla le lobe de l'oreille, puis l'embrassa au coin des lèvres, avant de lui souhaitait une bonne nuit. Harry prit conscience à cet instant, que son petit ami était peut-être beau, peut-être compréhensif, mais c'était toujours un sadique qui prenait plaisir à le rendre dingue.

Après une nuit mouvementée pour Harry, remplie de rêve ou Drago était dénudée et offert, il fut réveillé par Hermione et Ron, qui le secouèrent violemment.

-Harry ! HARRY ! Réveillez-toi vite ! Cria Hermione.

-Hein ? Quoi ?

-Il a frappé ! Le terroriste ! Une lettre d'Azkabhan est arrivée hier pendant que je dînais avec Ron.

-Ah ! Il a fait sa demande ? Demanda t-il à moitié endormi.

-Oui, répondit-elle avec un immense sourire enamourée, avant de se reprendre. Ce n'est pas le sujet pour l'instant. Il faut que tu ailles là-bas.

-Il y a des victimes ?

Malefoy venait de sortir de la chambre, parfaitement apprêté, comme toujours, avec Zoé sur son épaule.

-La lettre est assez vague mais je pense que oui, nous allons avoir besoin de toi. Il y a une infirmière sur place, elle t'assistera. La potion est tombée sous forme de pluie, donc il a sûrement utilisé un autre Oiseau-Tonnerre, mais l'eau des canalisations provient d'un système de désalinisation de l'eau de mer. Si les collecteurs ont récupérés la potion qui est tombée dans la mer hier soir...

-La majorité des gardiens, et des prisonniers vont perdre leurs pouvoirs dans les heures qui viennent.

-Il n'y a pas que ça, ajouta Ron. La pluie a fait tombé les sortilèges de protection et de dissimulation. Les moldus peuvent voir la prison.

-J'ai demandé aux ministres moldus de détourner les voix maritimes à proximité en justifiant une tempête, expliqua Hermione. Neville et Ron coordonneront le nettoyage, et le contrôle de la zone pour qu'on puisse rétablir des protections aussi rapidement que possible. Vous deux, vous continuez votre enquête.

-Très bien, Potter prépare-toi, ordonna Malefoy. On part dès qu'on est prêt.

-Faites attention, fit Hermione. Vous avez tous les deux des ennemis là-bas, et vous n'êtes pas à l'abri d'une seconde attaque.

-Une baguette et un parapluie, Granger. Si c'est tout ce qu'il nous faut pour combattre ton terroriste, on devrait s'en sortir, s'amusa le blond.

-Malefoy, je ne t'ai pas fait revenir pour que tu joues les têtes brûlées comme Harry.

-Il faudrait d'ailleurs qu'on parle de ça, grogna Harry en fonçant vers la douche.

-Je ne suis pas aussi fou que lui, Granger.

« Et je le protégerai, pas parce que tu me le demandes, mais parce que j'ai enfin quelqu'un qui compte pour moi... »