Chapitre XXVII : Les Blessures Cicatrisent

Après le dîner, ils restèrent ensemble à s'embrasser comme deux adolescents trop timides pour aller plus loin. C'était plus facile ainsi, c'était plus facile pour l'instant. Harry était novice et hésitant. Drago plus expérimenté, avait pour lui, la patience des Serpentards. Ce n'était pas le moment, le monde magique était au bord du précipice, et les cendres roses revenaient régulièrement à l'esprit de l'un ou de l'autre. Ils n'avaient pas envie de plus car « plus » voulait dire un avenir, et celui de cette relation était incertain. Les blessures du passé étaient encore trop vives.

Drago était allongé, la tête sur les genoux de son petit ami, fixant son regard vert émeraude. Harry admirait lui aussi les nuances métalliques qu'offraient les yeux du blond. Autrefois, elles étaient agaçantes, désormais elles semblaient rassurantes.

-Je suis bien, annonça Harry, comme s'il en avait besoin.

-Tu es avec moi, fit Drago moqueur. Évidement que tu es bien.

-Oui, non, il hésitait. Je veux dire, je suis bien avec toi, là. J'ai l'impression d'être moins...vide, moins... seul. Je n'ai pas besoin de porter un masque avec toi.

-Est-ce que ça fait longtemps, que tu te sens comme ça ?

-Depuis ma rupture avec Ginny, je crois. Je te l'ai dis, j'ai changé, j'ai grandi, dans un sens qui ne convient pas vraiment à un Gryffondor, et particulièrement au Garçon Qui A Survécu. J'aime Hermione et Ron, mais nous nous éloignons. Je ne sais même pas s'ils sont conscients de ça, mais moi oui. Je suis heureux quand ils sont là, mais il y a une retenue qu'il n'y avait pas avant.

-Tu ne l'as pas avec moi ?

-Avec toi ?! Pouffa Harry. Avec toi, je n'ai jamais réussi à retenir le moindre sentiment.

-Ma mère disait la même chose pour toi, tu étais la seul pour qui je n'arrivais pas à contenir ma colère.

-Ce n'est pas notre seul point commun. Toi aussi tu sembles t'être éloigner de tes anciens camarades.

-Les relations au sein des maisons sont de différentes natures. Les Serpentards ne se vivent pas comme des amis, mais comme des collaborateurs, les parties d'un contrat commun.

-C'est horrible !

-Réunir toutes les personnes ayant une ambition féroce amène nécessairement ce genre de contrainte. La coupe des Quatres Maisons n'existe pas pour rien. C'est un objectif qui permet à certains maisons de ne pas s'effondrer. Toujours est-il que, pour répondre à ta question, j'ai coupé les ponts avec tout le monde bien avant mon départ pour la France. Certains ne voulaient rien à voir avec un mangemort, les autres continuaient leurs études et n'avaient pas le temps. J'ai caché la poussière sous le tapis, et j'ai continué à faire ma route, comme eux, finalement.

-Sauf que la guerre est restée inscrite en toi, murmura Harry, pour Drago, comme pour lui-même.

-La première crise de panique est arrivée quand j'ai eut mon premier décès sur une table d'opération. J'ai eut l'impression de revivre l'exécution de Mme Burbage au manoir, et depuis cela arrive régulièrement. Heureusement Zoé est là pour m'aider la plupart du temps. C'est là que j'ai compris...

-Tu n'as pas cherché quelqu'un pour t'aider à régler ça ?

-Non, ce n'est pas le genre de chose qu'on m'apprenait, étant enfant. Pour les mangemorts, l'homme est un loup pour l'homme. Les pauvres veulent voler les riches. Les moldus veulent détruire les sorciers. Les traîtres à leur sang affaiblissent nos pouvoirs. Cette logique de guerre de tous contre tous finit par s'insinuer dans les rapports entre les individus. On écrase l'autre pour prendre sa place, et on justifie ça par l'idée qu'il aurait fait la même chose, alors qu'en réalité, on en ignore tout. Alors demander de l'aide...

-C'est une preuve de faiblesse, et il faut être fort pour ne pas que les autres en profitent, termina Harry. J'avais l'idée générale, j'ignorai simplement à quel point elle s'était glissée en toi.

-Je pense que Rogue lui le savait. C'est lui qui m'a dit de m'orienter vers la médecine magique. Il ne voulait pas que je soigne des gens, il voulait que je me soigne moi-même. Il parlait rarement, mais avec le temps j'ai l'impression qu'il m'a donner des leçons plus utiles que mon propre père.

-Qu'est-ce qu'il dirait en nous voyant dans les bras l'un de l'autre ?

-Probablement que tu es un crétin ignorant et insupportable et que je suis en train de faire la seconde plus grosse erreur de ma vie.

Harry n'avait pas besoin de demander ce qu'était la première, elle était gravée sur le bras de Drago. Le blond lui pensait au lendemain, une journée chargée en perspective.

-Cela fait combien de temps que tu n'as pas vu ton ex ? Demanda soudain le blond.

-Cho ? Ce n'est pas vraiment une ex, enfin c'est compliqué les amours adolescents. Il y a quelques années, je crois. Nous travaillons dans le même département mais dans des services différents qui n'ont pratiquement rien à voir ensemble. C'est une administratif, et moi, la paperasse... Pourquoi tu es jaloux ?

-Non je te l'ai dit, affirma Drago. Il mentait un peu. Je ne voudrais pas que vos anciennes relations interférent dans l'enquête, tout simplement.

-Ron s'occupera de l'interrogatoire, nous nous serons derrière la vitre. S'il doit y avoir un procès, je ne veux pas donner des arguments à la partie adverse.

-Il t'arrive de ne pas foncer tête baissée dans les ennuis ? Sourit Drago. La formation d'Auror est finalement assez efficace.

-Je fais équipe avec un médecin donc je peux toujours le faire sur le champ de bataille. Mais si tu as un diplôme d'avocat, je vais le faire aussi pendant l'enquête, simplement pour le plaisir de t'agacer.

-Tu n'as pas besoin de te forcer pour ça, nota Drago avec amusement.

Le lendemain, lorsqu'ils arrivèrent au bureau des Aurors, les quelques collègues de Harry fixèrent le blond avec une méfiance non dissimulée. Drago avait oublié le poids des murmures et des rumeurs. Il était pratiquement inconnu en France, et la plupart des civils anglais connaissaient le visage de son père mais pas le sien. Il baissa les yeux, tout en suivant Harry que la tension dans l'air m'était mal à l'aise.

-Désolé, murmura t-il dans le couloir vers la salle d'interrogatoire.

-Ce n'est rien. Je ne peux pas m'attendre à ce que tout le monde oublie et pardonne.

Ils entrèrent dans la salle d'observation. A travers la large vitre, ils virent que Ron et Cho se faisaient déjà face.

-Elle semble épuisée, nota Harry. Elle n'a pas du dormir de la nuit.

-Non, cela fait plusieurs semaines, voir plusieurs mois, que son sommeil est agité. Regarde sa peau et ses cheveux sont gras et en mauvais état, en plus des cernes.

En effet, Cho Chang n'était plus que l'ombre d'elle-même. Ses beaux yeux noirs se fermaient tout seuls. Ses cheveux longs étaient graisseux, et sa peau semblait usée.

-Ronald, s'il te plaît, insista t-elle, sans conviction. Je ne sais rien sur ce grimoire.

-C'est bien ton nom sur ce registre, pourtant, et c'est ton écriture, tu me l'as dit tout à l'heure. Il faut que tu m'expliques comment c'est possible et l'Archiviste à bien dit que c'était toi.

-Peut-être que quelqu'un utilise du polynectar... tenta t-elle, toujours les yeux perdues dans le vide.

-Les vampires peuvent reconnaître les gens à l'odeur, et en plus le polynectar ne change pas l'écriture, ou alors à la marge, mais là, c'est identique.

-Je ne sais pas, il y a peut-être une autre méthode...

Dans la pièce, Harry et Drago fixait la jeune femme avec attention. Elle ne mentait pas Harry en était certain, mais il était presque impossible de tromper Moryne. Drago fixait son attention sur autre chose, les yeux de la jeune femme.

-Est-ce que Weasmoche peut nous entendre ? Demanda le blond.

-Oui, la salle est enchantée.

Une réponse n'était pas nécessaire, Ron fixait la vitre entre eux avec un regard agacé.

-Weasley, demande lui si elle est sous traitement ? Ses pupilles sont dilatées.

Le roux s'exécuta, et immédiatement, les yeux de Cho tombèrent sur le sol.

-Oui, dit-elle avec une voix faible. Je souffre de stress post-traumatique depuis la guerre, je suis suivi depuis trois ans.

-Quels sont les symptômes ? Demanda Drago par l'intermédiaire du roux.

-J'ai du mal à dormir, de la difficulté à me concentrer, des terreurs nocturnes, et des moments d'amnésie.

Le Survivant et le médicomage se regardèrent, ils venaient d'avoir la même idée.

-Harry, il faut que je l'examine en personne. Si cette amnésie est d'origine magique, il y aura des traces.

-Je suis d'accord, il y a simplement un problème, elle est malade à cause de la guerre et revoir un ancien ennemi, n'est certainement pas l'idéal.

-Je n'aime pas que les autres médecins interfèrent dans mon travail, grogna le blond.

Harry n'était pas tellement étonné. Pour des raisons peut-être différentes, Harry et Drago étaient solitaires. Hermione et Ron avait toujours été là pour lui, mais bien souvent à son corps défendant. Il préférait être seul, pour ne pas mettre ceux qu'il aimait en danger.

-Pourquoi ? Demanda Harry, curieux.

-Je n'aime pas avoir à modérer les substituabilité des uns et des autres, et les autres domaines de la médecine magique demande moins de précision. J'ai parfois l'impression de regarder des enfants qui jouent dans un bac à sable.

-Reste là, je vais voir avec elle.

Harry rentra dans la salle d'interrogatoire.

-Bonjour, Cho.

-Bonjour, Harry. Ton ami m'expliquait cette histoire de grimoire, je te promets que je n'y suis pour rien !

-Je sais, je sais. Je te crois, Cho. J'ai écouté ce que tu disais, et j'ai une théorie mais j'ai besoin que tu acceptes de faire des examens médicaux.

-Qu'est ce que... Tu penses que je suis sous Imperium ?

-C'est possible.

-Je ferais tous les tests que tu voudras, si ça permet de m'innocenter...

-Le seul problème, c'est qu'avec tes antécédents, je ne veux pas te faire subir une autre épreuve. Le médecin qui m'aide sur cette enquête est un ancien mangemort, Drago Malefoy.

Elle se raidit et devint soudain plus pâle encore. Drago et elle n'étaient pas ennemis, ils ne s'étaient même pas affronter lors de la bataille de Poudlard, mais il symbolisait sans doute pour elle, une relique de cette époque. Des années que son corps et son esprit cherchaient manifestement à fuir.

-Comment est-ce que tu peux travailler avec lui ? Surtout toi, Harry ? Ses parents et lui, c'était nos ennemis.

-Tu as raison, admit Harry, c'était.