Chapitre XXVIII : Le Seigneur Des Cendres
Ron toqua à la porte mais personne ne répondit. Il était sur le point d'envoyer un message par Patronus à Harry quand, à sa droite, il entendit le son caractéristique d'un transplanage et la voix de son meilleur ami qui partait dans un rire suivi de bruit de sussions. Lorsqu'il se tourna, le roux se figea littéralement sur place.
La fouine et Harry s'embrassaient. Les années de combat au côté du Survivant, avait aiguisé ses réflexes, et avant même le moindre mot, le rouquin avait déjà sa baguette à la main.
-Qu'est ce que c'est que ce bordel ? Dit-il en essayant mal de contenir son trouble. Everte Statum !
Drago eut à peine le temps d'apercevoir le regard perdu de Weasley, qu'il fut projeté contre le mur de l'autre côté du couloir. Zoé sortit de la poche du blond pour grimper sur son épaule et se figea en position d'attaque en poussant un petit bruit strident.
-Ron ! Est-ce que tu es malade ?! Tona Harry, en se jetant sur Drago, pour l'aider à reprendre ses esprits.
-Et toi ?! Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Tu es sous Imperium ? Sous filtre d'amour ?! Depuis quand tu sors avec des mecs, et celui là en plus !
Ron toujours la baguette à la main, Harry sortit la sienne tout en se plaçant devant Drago.
-Espèce de crétin de rouquin, murmura le blond en se frottant la tête pour examiner les dégâts.
-Drago, tu n'aides pas là, nota Harry. Ron, calme-toi, s'il te plaît, je n'ai pas envie d'avoir à me battre avec toi.
-Je veux savoir ce qu'il t'a fait !
-Rien. Les choses sont justes différentes. Nous ne sommes plus des enfants.
Le rouquin sembla se détendre très légèrement.
-Mais, tu ne m'as jamais dit que tu aimais les garçons. Je ne comprends pas, je suis ton meilleur ami, tu aurais pu me le dire !
-Ron, c'est nouveau, je ne suis même pas encore sur...
-Tu avais l'air plutôt sur de toi là... Et avec lui, en plus ! Tu nous fait quoi là ? Je suis sur que c'est un sort ou un filtre. On va te faire examiner !
-Il en est hors de question !
-Pourquoi pas ? Intervint Drago de sa voix traînante. J'ai envie de voir la tête de Weasmoche quand il apprendra que tu sors avec moi parce que je te plais.
-Qu'est ce que tu lui veux ? Demanda Ron.
-Le connaître, le comprendre, en bref, rien qui te concerne, expliqua le blond.
-Nous sommes meilleurs amis depuis nos dix ans, et nous nous protégeons, les uns, les autres. Tout ce qui concerne Harry me concerne, espèce de sale fouine.
Le brun fronça les sourcils.
-Pas cette fois, Ron. Cette histoire-là, ne concerne que Drago et moi. Tu devrais le comprendre mieux que personne. Toi et Hermione avait une histoire dont je ne fais pas partie. La seule différence c'est que Hermione fait ressortir tes meilleurs côtés en te faisant la leçon ou en te soutenant. J'ai besoin, pour ma part, visiblement, de quelqu'un qui se moque de moi quand je fais une chose stupide, et qui me mets au défi, pour m'améliorer. En tout cas, c'est de cela que j'ai besoin pour l'instant...
-Et il fallait forcement que ce soit lui ? Par Merlin ! Tu ne pouvais pas trouver quelqu'un de bien !
-Méfie-toi, Weasley ! Je n'ai pas encore répondu à ton sort par respect pour Harry, mais une seule autre insulte et tu regretteras d'avoir un jour croiser ma route.
-Les gens bien, ça n'existe pas, Ron. Je pensais que toi et Hermione, vous l'aviez compris depuis longtemps. Nous n'avons pas gagné la guerre, parce que nous avions raison, ou parce que nous étions des gens bien. Nous avons gagné parce que nous avons fait ce qu'il fallait pour ça, y compris tuer le chef du camp adverse. Je ne cherche pas quelqu'un de bien, je cherche quelqu'un qui marche sur le même chemin que moi. Je suis désolé mais toi et Hermione, vous n'avez pas eut à exécuter quelqu'un. Les remords et les doutes qui sont liés à cela, je n'ai jamais pu les partager avec vous. Sur cette route là, Ron, j'étais seul.
-Weasley, je n'ai pas envie de faire du mal à Harry. Il a même du me convaincre pour que j'accepte de sortir avec lui, parce que je ne voulais pas nous mettre dans une situation compliquée.
-Belle réussite, railla le roux. Comment vous pensez que les gens vont réagir ? Un seul article ne fait pas disparaître les années de guerre et de crime. C'est dingue ! J'arrive pas à y croire !
-Calme-toi, insista Harry. J'ai bien conscience que ce n'est pas une information facile à assimiler. Déjà que pour moi, c'est encore compliqué, mais je ne veux pas choisir mes relations en fonction de ce que le public dira. Je n'ai jamais fait ça, et je ne vais pas commencé aujourd'hui.
-J'ai besoin de temps pour réfléchir, admit finalement Ron après un long silence. J'étais venu te remettre ceci, il donna à Harry, une petite fiole contenant un filament argenté. Nous en reparlerons, mais là je suis trop en colère et trop perdu. Et toi Malefoy, si tu fais le moindre mal à Harry, tu regretteras d'avoir échapper à Azkaban !
Ron ne s'expliqua pas plus, il transplana rapidement, à la surprise de Drago qui s'attendait à recevoir un autre maléfice à un moment ou un autre.
-On s'en sort pas si mal finalement, remarqua t-il cyniquement.
-Il finit toujours par partir, lâcha Harry. Il reviendra, une fois qu'il aura compris, je ne suis pas inquiet. Je te demanderais juste d'être tolérant avec lui quand ce sera le cas.
-Je peux essayé, mais je ne te promettrais rien. Dès qu'il ouvre la bouche, je le trouve ridicule. J'imagine que c'est un souvenir de Cho Chang que les médicomages de Saint-Mangouste ont réussi à extraire, ajouta le médicomage en pointant la fiole.
Harry ouvrit la porte et fonça vers la pensine qu'ils avaient laissé sur la table de la cuisine. Zoé, de son côté, glissa jusqu'au sol pour rejoindre le petit nid qu'elle avait créé sur le buffet. « Allons-y » fut le signal du blond et ils plongèrent ensemble dans le souvenir.
Les nuances d'encre et d'argent devinrent des colonnes et des arcs boutants, ils se retrouvèrent au milieu d'une salle familière et immense. De sinistres monticules de cendres et de bois carbonisés se trouvaient ici et là. Au plafond et sur les murs des dizaines d'énormes araignées, un mètre de large environ, semblaient dormir. Et au centre, dévorant le cadavre en décomposition d'un sombral mort, parmi des bruits spongieux et d'ossements brisés, se trouvait la reine de la colonie, l'Acromentule femelle, Mozag.
-Cet endroit, murmura Drago, je le connais.
-Moi aussi, fit Harry. On dirait une salle de Poudlard.
Drago fit un tour rapide de ce lieu lugubre, et se figea sur place en tombant sur des ossements humains qui trainaient dans un coin. Le crâne était à quelques centimètres d'un uniforme de Serpentard carbonisé et couvert de poussière. Le blond recula d'un pas, alors que sa respiration commençait à devenir difficile.
-Harry, murmura t-il, en cherchant de l'air. Le brun n'entendit pas son nom, mais le halétement de son petit ami l'alerta et il fonça le rejoindre.
-Drago, Drago ! Il prit le visage du blond entre ses mains. Regarde-moi, et écoute-moi, tu fais une crise de panique. Je veux que tu te concentres sur ma voix. D'accord ? Je veux que tu écoute quand je compte, que tu inspires quand je dis « un » et que tu expires quand je dis « deux » !
Le blond fit un mouvement de tête pour dire qu'il avait compris, et il ferma les yeux pour se concentrer sur la voix de son petit ami qui comptait. Au début cela fut difficile mais petit à petit, ils se synchronisèrent, et Drago se calma, jusqu'à ce qu'il retrouve un semblant de voix basse et faible mais assez pour lui dire...
-C'est la salle sur demande, en pointant du doigt le squelette de son ancien camarade de Serpentard.
-C'est...C'est Crabbe ? Demanda Harry.
Drago murmura un « oui » en s'agrippant à la chemise de Harry. Il avait les larmes aux yeux. Il venait de revivre ce moment sinistre, où un camarade, quelqu'un qu'il avait vu chaque jour durant des années, était mort, carbonisé par son propre sort, juste sous ses yeux.
-Mozag, fit soudain une voix derrière eux. C'était lui, le terroriste, le voleur de la baguette. Encapuchonné, avec un masque d'argent et deux mèches blondes qui tombaient par dessus. Les vêtements couverts par une cape noire. A ses côtés, le regard perdu dans le vague, Cho semblait dans un état second, sous Imperium, sans aucun doute.
-Oui, Seigneur des Cendres, répondit l'araignée d'une voix d'outre-tombe, en arrêtant son repas.
-Nous attaquerons Azkaban d'ici deux semaines, je vais avoir besoin de ton venin pour la potion.
-Et ce château ? C'est ici que ma précédente portée fut anéantie ! Je veux l'assurance et la sécurité que cet endroit disparaîtra !
-Vous l'aurez, confirma le sorcier masqué. N'oubliez pas notre pacte, ils seront inoffensifs, mais en échange, vous retournez dans la forêt sans vous en prendre à eux. Nous purifierons ce château mais il faut que je trouve un moyen d'augmenter la puissance de la potion sans la rendre mortelle. Il faut que j'arrive à toucher Poudlard et Pré-Au-Lard ensemble, sinon les uns risquent d'abriter les autres.
-Mes enfants s'en prendront aux vôtre, Seigneur Des Cendres, si vous n'accomplissez pas votre part du marché !
-Je sais ! Murmura le Seigneur en question.
Drago et Harry furent projetés hors du souvenir.
-Il faut qu'on rejoigne Poudlard, tout de suite ! Fit Harry. Il faut qu'on arrête ce dingue !
-Je suis d'accord, mais on ne sait pas qui c'est.
-Je sais qui c'est, affirma Harry. Il n'y a pas beaucoup de blond au château, et encore moins qui sont adultes et connaissent l'existence de la salle sur demande. C'est Denis Crivey.
-Théo m'a parlait de lui quand nous nous sommes croisés à Poudlard, c'est le professeur d'Arithmancie, je crois.
-Oui, il faisait parti de l'armée de Dumbledore. Quel idiot je suis ! J'ai exclu les trois quarts du personnel de Poudlard parce qu'ils avaient combattu Voldemort.
-Attends ! Fit soudain Drago, comme s'il venait d'avoir une épiphanie. Il fouilla dans son sac est en sortie un papier, c'était la lettre de préemption du grimoire rédigée par le Ministère. Il fixa les noms des personnes présentes à l'époque :
« Arthur Weasley, Chef du Bureau des Accidents et Catastrophes Magiques.
Cho Chang, Archiviste du Bureau des Accidents et Catastrophes Magiques.
Denis Crivey, Briseur de Sortilèges du Bureau de la Justice Magique.
Gertrude Sinistra, Archiviste du Bureau de la Justice Magique.
Maximilien Williamson, Auror du Bureau de la Justique Magique. »
-Cette ordure était fonctionnaire pour le Ministère à ce moment là. Il était déjà là. Il organise son coup depuis des années.
-Cela explique aussi ce que Rodolphus nous à dit, enchaîna Harry. Le frère de Denis est mort pendant la Bataille de Poudlard, il a attaqué Azkaban en premier par vengeance. Pour l'école en revanche, ses raisons m'échappent.
-Elles ne sont pas importantes, Harry. Nous avons un plus gros problème, une centaine d'araignées géantes attendent au cœur de l'école. Elles étaient des centaines et ce n'est qu'un souvenir, elles sont sans doute plus grosses encore maintenant. Tous les Aurors du pays ne suffiront pas.
-J'ai peut-être une idée, considéra Harry. Mais c'est très dangereux, il faut que je vois avec Luna si elle est capable de me fournir ce qu'il faut. De ton côté, va voir Hermione immédiatement, et demande lui de me rejoindre avec toi, au Manoir.
-Harry, est-ce que tu veux bien m'expliquer ce que tu as prévu ? Demanda le médicomage.
Son petit ami l'embrassa sur la bouche.
-Non, sinon tu vas dire que c'est trop dangereux, et que tu ne veux pas participer à ça. J'ai besoin de toi, Drago, et je sais comment tu fonctionnes. Tu as fais ta part, et je t'ai laissé faire en te faisant confiance, maintenant que nous devons passer à l'action, je te demande de croire en moi.
Drago n'aimait vraiment pas ça. Il aimait avoir le contrôle, et actuellement ça n'était pas le cas. Néanmoins, Harry avait raison, en matière de survie et de combat, s'était lui l'expert. Son plan était sans doute dangereux, mais il y avait fort à parier que c'était ça ou laisser tous les élèves de Poudlard être la proie du Seigneur des Cendres, ou de son Acromentule, ivre de vengeance.
-Je te préviens, si jamais il t'arrive quelque chose, Potter, je te sauverais la vie pour pouvoir te tuer moi-même.
-C'est une promesse ? S'amusa le brun.
-Non, mais voilà une bonne raison pour toi de rester en vie. J'ai très envie de passer une nuit entière avec toi, et très peu de vêtements, murmura Drago à l'oreille du brun en lui mordillant le lobe de l'oreille, avant de laisser un baiser sur ses lèvres sucrées.
Harry, rouge comme un pivoine, s'apprêtait à transplaner, tenta de calmer ses ardeurs.
-Oh ! J'ai failli oublié, dit à Hermione que nous aurons besoin de la Pierre. Elle saura de quoi je parle.
