Chapitre XXIX : Un Plan Pour Sauver Poudlard.
Lorsque Drago arriva au niveau du bureau de la Ministre, tout le monde le fixa avec un regard suspect, encore une fois. L'article de la Gazette du sorcier avait peut-être amélioré légèrement sa réputation, mais surtout, il avait signalé sa présence aux citoyens lambdas. Les Aurors s'étaient une chose, mais à présent tout le monde l'épiait par dessus l'épaule. Il fonça néanmoins vers le bureau de la Ministre, pour une fois sa côte de popularité n'était pas un sujet.
Alors qu'il montait les escaliers, il pensa à l'adolescent qu'il avait été. Autrefois, les aventures de Potter, n'était pour lui que des événements extérieurs, des faits dont il était un témoin, mais jamais un acteur. A cette époque, il croyait que Harry ne faisait ça que pour être le Héros, mais aujourd'hui, il comprenait. Ce n'était pas pour la gloire, pour une quelconque morale, mais simplement par nécessité. Il n'y avait rien d'autre à faire.
-Granger, appela t-il en toquant avant d'entrer. Nous savons qui est le responsable des attaques. C'est Dennis Crivey.
-Le professeur d'Arithmancie de Poudlard ? Il faut prévenir l'école. Elle s'apprêta à prévenir un portrait qui correspondait avec l'école mais Drago l'arrêta.
-Non ! Harry veut d'abord mettre en place un plan d'action. Il y a des centaines d'Acromentules affamées et enfermées dans la salle sur demande. Si Dennis sait que nous avons découvert son identité, il pourrait prendre l'école en otage et lâcher son armée de monstruosités sur les élèves.
-Ok, considéra la Ministre. Il faut néanmoins mobiliser tous les Aurors. C'est quoi le plan de Harry ?
-Je l'ignore. Il m'a dit de t'emmener au Manoir de ma famille, mais je ne sais pas pourquoi. Il m'a aussi parler d'une Pierre que tu devais prendre.
-La Pierre de résurrection ? Pourquoi en a t-il besoin ?
-Il parlait d'une Relique de la Mort ? Vous cachez la Pierre de Résurrection ? Les Gryffondor cachent bien leur jeu !
-Nous avons passé des mois à battre la terre de la forêt interdite pour remettre la main dessus, et ce n'est pas Harry ou Ron qui en à la garde mais moi seule. Je n'ai pas perdu de proche dans cette guerre, contrairement à eux. Je ne risque pas de me perdre dans des souvenirs jusqu'à m'en laisser mourir. Où est Harry ?
-Il est parti voir Luna à Liverpool, elle fait parti de son plan, apparemment.
Hermione ouvrit le coffre qui se cachait derrière un tableau, puis elle en tira une sorte de galet noir, enveloppait dans dans une étoffe en lin. Elle semblait fissurée. Elle confia la relique à Drago, qui la glissa dans la poche intérieur de son manteau.
-Je vais tenir informer Ron et Robards. Ils coordonneront les Aurors.
-Très bien, je t'attends au Manoir, dans ce cas.
En quittant le bureau, il s'arrêta un instant.
-Est-ce que Weasley et toi, vous vous êtes vu aujourd'hui ?
-Non, pourquoi ?
-Rien, je m'attendais à des questions ou des remontrances, mais ce n'est pas urgent.
Le médicomage quitta le bureau, puis le ministère, avant de rejoindre le manoir. C'était la première fois qu'il revenait seul dans cet endroit. Les précédentes, son ennemi, puis son petit ami était avec lui. Il préférait attendre les autres dans le hall, plutôt que de s'aventurer dans ce lieu lugubre. Hermione arriva la première, une bonne demi-heure plus tard.
-Cela fait longtemps que je ne suis pas venu ici. L'atmosphère est toujours là même, nota t-elle avec un frisson.
-La magie du Seigneur des Ténèbres imprègne encore cet endroit même des années après.
-Pour une fois, c'est à notre avantage, fit Harry, en entrant à sa suite.
Hermione et Drago le regardèrent circonspect.
-Est-ce qu'on pourrait savoir pourquoi nous sommes ici ? S'agaça le blond.
-Une armée d'Acromentule ne peut pas simplement être combattu par des Aurors. Elles sont trop nombreuses. J'ai donc décidé de faire appel à leur prédateur naturel. Le seul monstre qu'elles craignent.
-Un basilic ?! s'insurgea Hermione d'un ton étranglé. Est-ce que tu es malade, suicidaire ? Tu n'es même plus fourchelang ! Je ne suis même pas sur qu'il existe encore un fourchelang dans le pays !
-Effectivement, admit Harry. Le dernier était probablement Voldemort, et sa magie est imprégnée dans ses murs. Nous allons conjurés son esprit et je vais absorber ses connaissances.
-Non, répondit Hermione. Je ne sais même comment tu veux t'y prendre et c'est lui donner une chance de revenir à la vie, de plus, la dernière fois tu es mort pour t'en débarrasser. Non, c'est non.
-Comment est-ce que tu as pu avoir une idée aussi idiote ? Demanda Drago, au bord de la crise de nerf.
Harry sortit de sa sacoche, un livre, dont Drago reconnu immédiatement la couverture : « Magie philosophique ». Le brun tourna les pages avant de finalement laisser le blond et Hermione se penchait sur l'un des derniers textes :
« Furare scire : Voler le savoir. »
Le principal maléfice de Rowena Serdaigle n'est pas à mettre entre toutes les mains. Considérer comme le sort, le plus puissant de la célèbre sorcière, il permet de dérober les savoirs magiques de la plupart des êtres doués de conscience.
C'est en arrachant à de nombreux mages noires leurs connaissances que Rowena Serdaigle créa les cours de Défense Contre Les Forces du Mal, enseignement encore présent à l'école Poudlard de nos jours. Il était autrefois de tradition que l'enseignant en charge de cette matière bénéficie du pouvoir du Diadème de Serdaigle dans lequel la fondatrice aurait investie une part non-négligeable de ces savoirs. (NB : Le diadème disparu quelques temps après la mort de sa créatrice.)
Pour de nombreux philosophes, la connaissance est la clé non seulement du pouvoir, mais également de la liberté. Néanmoins d'après les mémoires de Gryffondor, et le journal d'Helga Pouffsoufle, à la fin de sa vie, Rowena Serdaigle était consumé par les doutes et le relativisme.
Ce sort bien que méconnu, peut faire l'objet d'une condamnation devant la plupart des juridictions sorcières, en Angleterre, le maléfice est soumis au décret 8234-56, sur l'altération de l'état psychique d'un tiers. Dans certains contrées, notamment en Asie, on le nomme « Quatrième Impardonnable». »
.-Tu veux lancer ce sort sur le fantôme que la Pierre va faire apparaître ? C'est ça ? Demanda Hermione. Mais pourquoi ici ?
-Je ne sais pas dans quelle mesure ce sera efficace, plus il y aura des traces de sa magie ou de son esprit, plus il y aura de chance que ça fonctionne, je pense.
-Harry, nous n'avons jamais utiliser la pierre pour invoquer des esprits hostiles, nous ne savons pas ce qu'ils peuvent faire.
-Je ne veux pas le revoir, lâcha Drago d'un ton agressif. Comment tu peux me faire ça ?!
-Drago, je...
-Drago ? Interrogea Hermione, surprise.
-Hermione, nous sortons ensemble.
-Ce ne sera plus le cas si tu l'invoques, Potter ! J'ai tout fait pour m'éloigner de son influence, je suis même prêt à brûler cet endroit si nécessaire, et toi, tu veux le faire revenir.
-Vous sortez ensemble ? Continua la jeune Ministre, comme si l'information était bloquée. Elle semblait au bord de l'évanouissement.
-Hermione, on en discutera plus tard. Drago, nous n'avons pas d'autres options ! Nous n'avons aucun moyen de combattre une armée d'Acromentule. Nous ne sommes pas assez nombreux.
Harry s'approcha du blond, et lui caressa doucement la joue.
-Pourquoi tu me fais ça ? Drago était au bord des larmes, il contrôlait sa respiration tant bien que mal mais était au bord de la crise de panique. Zoé escalada son bras de sa poche à son épaule, prête à injecter sa neurotoxine.
-Tu n'es plus le même Drago, tu n'as plus dix-sept ans. Il est peut-être temps de l'affronter. Tu n'es plus seul.
Le médicomage baissa les yeux.
-Je ne suis pas un foutu Gryffondor, Potter. Je suis un lâche. Je reste en arrière pour soigner les blessés. Celui qui va au front, le guerrier, c'est toi.
-Tu n'y crois pas, hein ? S'amusa Harry en souriant et en l'embrassant sur le front.
-De quoi tu parles ?
-Tu es fort, Drago, peut-être même plus fort que tout le monde, ici. Tu es devenu quelqu'un qui sauve des vies tous les jours alors que tu aurais pu très mal tourné. Regarde Denis, c'était un Gryffondor, un membre de l'Armée de Dumbledore et ce qu'il est devenu est répugnant. Tu as fait mieux que beaucoup de gens avec moins de cartes en main. Tu n'as pas besoin d'être courageux tout le temps, juste cette fois.
-J'ai peur, Potter.
C'était pour Drago, l'équivalent d'un "Je t'aime". Il avouait sa faiblesse, il se montrait vulnérable. Cela allait à l'encontre de tout ce qu'on lui avait appris. Mais il avait besoin de savoir que Harry n'en profiterait, il avait besoin d'avoir confiance.
-Je sais, moi aussi.
-Je ne vais pas t'en sortir aussi facilement. J'ai des exigences. Je veux utiliser la Pierre de Résurrection pour parler à quelques personnes, et je veux que tu m'accompagnes.
-Les Serpentards, grogna Harry. Très bien ! Hermione est-ce que tu peux vérifier dans le manoir, la pièce où la magie noire est la plus puissante, pendant ce temps ? Nous accomplirons le sortilège là-bas.
-Très bien, mais franchement, je vais réfléchir à une autre solution pendant ce temps, et nous discuterons de cette histoire de couple, plus tard.
Hermione quitta le hall, et Drago écouta les instructions de Harry. Il pensa à Rogue et ses parents, puis il retourna la pierre trois fois, Harry et lui la glissèrent entre leurs mains enserrées. La salle commença à s'assombrir et de singulières lueurs bleues vertes glissèrent entre les dalles du plancher. Bientôt Lucius et Narcissa Malefoy, et Severus Rogue se matérialisèrent sous forme de silhouette livide et translucide.
-Drago, mon fils, déclara sa mère. Je suis si heureux de pouvoir te parler à nouveau.
-Mère, Maman, je suis désolé. Je n'étais pas là le jour de...
-Ce n'est pas grave, Drago, ce n'est pas grave.
Le fantôme de Narcissa s'approcha de son garçon et posa la main sur ses cheveux. Une larme coula sur la joue du blond. C'était la première fois que Harry pouvait voir Drago versait une larme.
-Nous sommes tous fiers de toi, fit Rogue de sa voix sombre.
-Et nous te devons des excuses, ajouta Narcissa.
Lucius jusqu'ici silencieux, s'approcha cette fois de son fils.
-J'ai fait des erreurs, il faudra que tu les répares. Je voulais le bien de notre peuple, tu le sais, n'est-ce pas ?
-Ce n'est pas si facile, annonça Drago, en reculant d'un pas, pour reprendre sa place au côté d'Harry.
-Vous avez fait beaucoup de dégâts, Lucius, considéra Harry. Le monde ne vous pardonnera jamais ce que vous avez fait, et Drago doit vivre avec le regard des autres, à cause de ça. Cela prendra du temps. Vous avez néanmoins mon pardon à moi.
-Je ne cherche pas ton pardon ! Siffla Lucius. Tu me voles mon fils, et bientôt tu voleras mon nom ! Je savais que le Seigneur aurait dû te tuer.
-Non ! Tona Drago.
-Drago, c'est bon. Lucius, je ne pardonne pas vos actes, mais votre stupidité. Vos origines nobles, votre fortune et les opinions de votre famille ont déterminés un destin dont vous n'avez pas été capable de vous libérez. Vous avez été un pion docile sur l'échiquier cruel de la destinée. Votre fils possède le pouvoir que vous n'aurez jamais, celui de lutter contre lui-même.
-Il ne t'a pas voler ton fils, tu l'as perdu, ajouta froidement Narcissa. Monsieur Potter, nous avons été alliés pendant un court instant, et je sais que vous êtes honnête. Je vous demande de ne pas faire souffrir mon fils, ou, en tout cas, si peu que possible.
Rogue s'approcha de Drago et lui murmura quelques mots.
-Tu es tombé amoureux du fils de Lily, tu n'as vraiment pas de chance, Drago. Il a le même caractère qu'elle, protège-le de lui-même. Tu dois déjà vivre avec bien assez de regrets comme ça.
-Ma profession de médicomage aura quelques utilités supplémentaires, je crois, fit le blond en souriant.
-Je suis fier de ce que tu es devenu, Drago.
-Moi aussi, ajouta Narcissa.
Lucius resta silencieux.
-Je suis désolé, mon fils. Tu méritais mieux.
Les silhouettes s'effacèrent peu à peu, alors qu'une autre larme tombait sur le marbre. La lumière du soleil qui perçait entre les rideaux revint. Drago enfouit sa tête entre les bras de son petit-ami. Il était à la fois heureux et triste. Il était reconnaissant mais en voulait au monde entier. Était-ce toujours aussi intense la vie à proximité de Potter ? Il y a encore quelques semaines, il avait le cœur anesthésié, et à présent il pleurait dans les bras de son ancien ennemi.
Son père lui demandait pardon, c'était une chose auquel Drago Malefoy ne s'attendait pas. Cela avait au moins le mérite de confirmer que ses choix étaient les bons, même Lucius Malefoy venait d'en prendre conscience. Lucius n'aurait jamais aimait Harry, celui-ci était trop brutal, trop impulsif, trop émotif pour un Malefoy, mais c'était une violence dont Drago avait besoin et son père devait bien être sanctionner pour ses actes passés, alors cet amour serait sa punition. Sa mère et son parrain, eux, étaient fiers de lui, c'était plus important que la reconnaissance de n'importe qui, même du monde sorcier tout entier. Rogue ne l'avait pas regardé avec compassion et pitié, comme lors de leurs derniers échanges, mais avec admiration et fierté, mais s'il tentait de s'en caché.
-Profitons-en, chuchota Harry, en activant une nouvelle fois la pierre.
Cette fois-ci, une femme apparut, de taille moyenne, avec une chevelure rousse, et des yeux semblables à ceux de Harry. Elle était accompagnée, d'un homme plus grand, avec des lunettes et des cheveux noirs.
-Bonjour, Harry, dirent-ils, avec un sourire tendre.
-Maman, Papa, je profite d'avoir la Pierre pour vous parler quelques instants. J'aimerai vous présentez quelqu'un.
-Nous savons qui c'est, nous veillons sur toi, Harry. Bonjour, Drago Malefoy, déclara la jeune femme en s'approchant du blond.
-Bonjour, Madame Potter. Enchanté, salua t-il, mal à l'aise.
-Tu étais moins poli quand tu te moquais de Harry, balança t-elle froidement.
-J'étais jeune, et il n'était pas tendre non plus, tenta Drago.
-C'est vrai. Harry n'a pas eut beaucoup de gens, pour prendre soin de lui. Est-ce que tu en serais capable ? Demanda Lily sous le regard inquisiteur de James.
-Non, affirma Drago, qui n'avait pas l'âme d'une infermière à domicile. Il n'a pas besoin de quelqu'un pour prendre soin de lui. Il a besoin de quelqu'un qui marche à ses côtés, il l'a dit lui-même. Cela, je peux le faire.
-Tu as plus de répondant que n'en n'avait ton parrain, complimenta soudain James. Harry, que tu aimes les filles, les garçons ou les deux, tout cela importe peu. Si tu aimes Drago, alors nous serons heureux pour vous.
-Merci, nous avons à faire maintenant, fit Harry. Je suis désolé, j'aimerais que vous ayez le temps de discuter avec lui, mais le temps est compté.
-Nous savons, au revoir Drago. Nous t'aimons Harry.
Les silhouettes s'évaporèrent et Harry délaissa la main de Drago.
-Nous avons la bénédiction de ta mère et de mes parents.
-Ta mère est terrifiante ! Avoua le blond avec un sourire sincère.
-Tout le monde me dit la même chose. Nous devrions rejoindre Hermione.
Ils s'enfoncèrent dans le manoir. Ils finirent par retrouver la jeune femme dans un couloir au second étage. Elle avait retrouvé la chambre où dormait Voldemort quand le manoir était son quartier général. C'était une pièce spartiate avec un lit, une commode, et un tableau représentant Poudlard à une époque reculée, et rien d'autre. L'atmosphère qui s'en dégageait était étouffante, et un sentiment de haine émanait des murs. Dans les pierres, dans le bois, et dans les dorures, la cruauté et la terreur s'étaient incrustées.
-Je le sens, murmura Drago.
