Chapitre XXXI : Avant l'assaut

Les Aurors étaient en rang, les uns derrière les autres, dans la salle de briefing aux vitraux mouvants. Derrière les enquêteurs, au fond de la pièce, éclairées par le vitrail qui représentait la chute d'Herpo l'Infâme, Hermione et Drago écoutaient avec une attention relative le briefing de Robards, le chef des Aurors.

-Nous avons trois menaces, annonça t-il d'une voix forte mais laborieuse, alors que la photo d'un homme blond apparaissait derrière lui. La première est Dennis Crivey, professeur d'Arithmancie, notre terroriste, et surnommé le Seigneur Des Cendres, par ses serviteurs. Il est blond, silhouette plutôt chétive mais extrêmement habile et déterminé. Nous ne connaissons pas son mobile, mais ce n'est visiblement pas le meurtre de masse qu'il cherche. Il a perdu son frère pendant la bataille de Poudlard, il est né-moldu, et il est probablement instable psychologiquement. Il faudra le prendre par surprise. Si nous ne l'arrêtons pas au moment même où il apprendra notre présence dans l'enceinte de l'école, il risque d'ouvrir la porte aux deux menaces suivantes. La deuxième menace donc, est la salle sur Demande. C'est une salle cachée au septième étage.. Elle contient actuellement, et selon nos indications, une centaine d'Acromentule proche de leur taille adulte. Si elles se libèrent ou si Crivey arrive à les atteindre, ce sera l'un, sinon le pire massacre depuis deux siècles.

La troisième menace est d'une gravité relative en terme de vie humaine, mais c'est la stabilité de notre monde qui pourrait être mise en péril. La Larme du Diable, un poison permettant de transformer les sorciers en moldu et en préparation dans l'école, mais nous ignorons où. C'est cela que vous avez vu à Azkaban et que nous avons réussi à couvrir, mais si le château de Poudlard était découvert, il serait impossible de camoufler plus longtemps notre existence aux moldus. Les conflits passés pourraient reprendre, ainsi que les massacres d'animaux magiques. Potter, c'est à vous.

Harry monta sur l'estrade avec une certaine fébrilité. Il n'aimait pas être le centre d'attention, mais c'était sa stratégie, il n'avait donc pas vraiment le choix.

-Bon, nous avons un plan mais il est risqué. La première chose est d'évacuer discrètement les élèves vers le stade de Quidditch, sans que notre terroriste le découvre. Ce travail sera à la charge de deux équipes, celles de Ron et de Neville.

-Une troisième équipe, indiqua Robards, la mienne, aura la charge de mettre Dennis Crivey en état d'arrestation ou à défaut, de le mettre hors d'état de nuire. Si nous n'arrivons pas à lui mettre la main dessus, nous rejoindrons la quatrième équipe, celle de Potter.

-Le Zoo Magique de Liverpool accepte de nous prêter un spécimen de Basilic de taille moyenne. Il n'est pas adulte, ses yeux ne seront pas dangereux, mais nous comptons sur la peur qu'il inspire aux araignées, mais surtout la grande faim des Basilic à cet âge, pour qu'il nettoie la Salle sur Demande. Mon équipe aura la charge de remplir cet objectif.

Drago fronça les sourcils.

-Et bien entendu, grogna t-il, il choisit la mission la plus dangereuse, je suis vraiment tomber amoureux du pire crétin de l'univers !

Hermione sourit, elle ne s'attendait pas à entendre le mot « amoureux » sortir de la bouche de Drago Malefoy.

-On peut faire un concours sur ce sujet, s'amusa Hermione. Tu vas faire quoi ? Tu vas te joindre à eux ?

-Je ne veux pas y aller, mais je n'ai pas le choix.

-C'est parce que Dennis mais le monde magique en danger ?

-Non, répondit Drago, ce n'est pas ça. Ce n'est pas que ça. Harry mérite quelqu'un qui tient assez pour lui pour être présent même lors des combats les plus difficiles. Je ne veux pas qu'il termine ce combat seul, comme tous les autres.

-Tu as raison, concéda la Ministre. Je ne suis pas sur que tu en sois capable mais je te le souhaite. J'ai quelques regrets au sujet de nos batailles passées, notamment de n'avoir jamais était réellement là quand Harry en avait le plus besoin. Il a affronté Voldemort seul presque à chaque fois. Ron et moi voulions être là, mais à chaque fois, quelque chose nous en empêchait. Toi par contre, tu sembles plus courageux qu'avant.

-Peut-être, mais ne te surestimes pas trop Granger. C'est plus facile de se battre quand tu as le choix entre vaincre ou mourir. Dans notre guerre, ma vie à moi était rarement en danger, contrairement à vous. Potter pourrait t'en dire beaucoup sur la différence ou plutôt l'indifférence entre le choix courageux et la nécessité vitale.

Hermione rigola sincèrement.

-Tu as peut-être raison, je n'ai jamais vu ça sous cette angle. Néanmoins, tu pourrais rester ici, ta vie n'est pas en jeu, et pourtant tu l'accompagnes. Cela ressemble à un choix et à du courage.

-Non, c'est une nécessité vitale, cette fois aussi. J'aurai du tomber amoureux d'un comptable, se désespéra le blond.

-Tu te contenteras d'un comptable ? Moqua la ministre.

« Peut-être que oui, peut-être que non », pensa Drago. C'était gratifiant que la personne la plus importante du monde magique l'aime, mais cela, Potter l'était déjà à l'époque de Poudlard, et néanmoins ils n'arrêtaient pas de se battre. Le blond avait réussi à devenir une sommité dans son domaine, il n'avait pas besoin de faire ami-ami avec Harry pour être reconnu. Les citoyens du monde l'ignoraient peut-être, mais les médicomages d'Europe savait que le meilleur expert en malédiction et maléfice était à Paris, et s'appelait Drago Malefoy. Définitivement, si Harry avait été comptable, ça n'aurait pas été un soucis, peut-être même un avantage. Il aimait Harry, mais Potter l'agaçait.

-Est-ce que tu comptes toujours repartir ? Demanda la jeune femme, en fixant son meilleur ami.

Il détourna son regard gris orage avec un air triste et lointain.

-L'article que nous avons dans la gazette n'a pas remonter ma côte de popularité, les gens me regardent toujours de travers. Je ne peux pas vivre comme ça.

-Les choses peuvent changés, mais si tu veux rester, tu auras mon soutien et celui de Blaise. Harry ne voulait pas que je t'en parle avant que l'affaire soit résolue, pour que tu puisses y réfléchir tranquillement mais, si tu le souhaites, je recherche quelqu'un pour Saint-Mangouste. En revanche si tu restes, tu risques de te prendre une vague de harcèlement quand tu annonceras que toi, le dernier Malefoy, un homme, tu as volé Harry à toutes ses groupies.

Drago eut un sourire, ce serait l'un des rares scandale à son goût. Mais même s'il avait vaincu le spectre de Voldemort, même si la Marque sur son bras était effacée, la mémoire de milliers de personne ne s'effaçaient pas d'un coup de baguette. On lui rappellerait son passé de Mangemort, et s'il était plus fort qu'auparavant, il n'était pas certain de pouvoir faire face.

-On en rediscutera dans quelques jours, pour l'instant ce n'est pas ma priorité.

Alors qu'il disait cela, le briefing s'acheva. Hermione retourna dans son bureau quelques minutes plus tard, pour, avec l'aide des fonctionnaires du bureau des Accidents et Catastrophes Magiques, préparer le terrain si la Larme Du Diable venait à être utilisée.

Drago fixa les Aurors qui se réunissaient par équipe de cinq. Il resta seul, en retrait, ce monde n'était pas le sien. Il n'avait rien à faire ici. Prostré dans son mutisme, il n'entendit pas la voix d'Harry qui l'appelait. Finalement celui-ci vint le chercher et le tira par la main, en même temps que de sa torpeur.

-J'ai demandé un médecin par équipe. Tu préfères une équipe de soutien comme Ron et Neville pour soigner les élèves ou...

-Je viens avec toi, coupa Drago.

Le brun rougit légèrement avant de sourire discrètement. Les autre Aurors de l'équipe qui virent le blond approchait, en revanche, ne souriaient pas du tout, bien au contraire.

-Drago est le meilleur médicomage qu'on pouvait avoir, fit Harry pour désamorcé la situation. Je te présente Selenya Travers, Gabriel Truman, Vincent Wenlock et Dorothéa Peterson, mais tout le monde l'appelle Dora.

-C'est toi le mangemort ? balança Wenlock avec un regard haineux qui transparaissait de ses yeux noirs.

-Qu'est-ce que ça change ? Tu as entendu, ton chef d'équipe ? Je suis le meilleur. Si tu veux un médecin de seconde main, libre à toi de refuser les soins que je propose, mais si tu meurs, ce ne sera pas de ma responsabilité.

Les autres Aurors se moquèrent de leur collègue.

-Il est peut-être très compétent, ton doc', Potter. Mais j'ai l'impression que tu as choisi le seul médicomage, qui déteste ses patients.

-Voilà, quelqu'un de lucide, admit Drago.

Ils discutèrent quelques minutes encore pour que le médecin se familiarise avec ses probables futurs patients. Les autres équipes devaient organisés l'intervention depuis Pré-Au-Lard, mais Harry et son équipe devait partir de la gare de King's Cross car le Basilic était trop gros pour être transporter par un portoloin ordinaire, et il attendrait à la gare de Sheffield à mi-chemin entre Liverpool, Poudlard, et Londres, avant d'être acheminée jusqu'à l'école via le train. Alors que les autres Aurors de l'équipe rejoignaient la gare en transplanant, Harry et Drago restèrent ensemble.

-Drago, si on survit. J'aimerai que tu restes ici, je ne veux pas que tu retournes vivre en France. Je ne voulais pas que nous en parlions avant, mais...

-Tu veux mettre du cœur à l'ouvrage et ce sera plus facile si tu as la certitude qu'il y a un après..., acheva Drago, qui commençait à connaître les états d'âme de son petit ami.

-Je n'ai pas envie d'abandonner ce qu'on vit, glissa Harry.

-Nous sommes adultes. Je ne ferais pas de promesse que je ne suis pas certain de pouvoir tenir. C'est possible, et c'est tout ce que je peux te proposer pour l'instant.

-Tu es toujours aussi dur en négociation, mais savoir que la porte n'est pas fermée me suffira pour l'instant.

Ils s'embrassèrent tendrement, les bras enlaçant le corps de l'autre avec force. Ils cherchaient à s'imprégner de l'autre, à laisses les sens s'inondaient de leur amour. Le goût de ses lèvres, l'odeur de sa peau, la beauté de ses yeux, sa voix rassurante ou excitante, et le besoin viscéral de ce sentir, de se toucher. Demain, au soir, tout serait peut-être fini, demain, l'un d'entre-eux pleurerait peut-être l'autre.

Ils se délassèrent finalement, le cœur et le corps résolus à vaincre leur ennemi pour se retrouver au bout du chemin. Harry enfila son uniforme d'Auror qu'il ne portait pour ainsi dire jamais, sauf pour les interventions comme aujourd'hui. Drago de son côté enfila son uniforme de médicomage ainsi que sa cape d'épaule aux motifs doués de volonté propre.

-Tu risques de la salir, indiqua Harry.

-C'est une cape de médication, ce n'est pas parce que c'est une cape de cérémonie qu'elle est juste là pour être belle. Il faut joindre l'utile à l'agréable. Après, si c'est juste pour me voir nu, il suffit de demander poliment.

-Il faut demander la permission maintenant ? Quand il s'agissait de m'embrasser, ce n'était pas un problème.

-On va pas faire comme si nos relations étaient parfaitement saines. Après si tu veux me coller contre un mur, une fois la mission terminée, je valide le principe.

Drago n'essayait pas de le faire craqué, mais de leur faire oublier, à tous les deux, le dangers qui s'approchait d'eux. Une boutade, un baiser, une dispute, le blond utilisait toujours tous les stratagèmes possibles pour éviter de penser aux sujets qui le mettait mal à l'aise. Harry le savait et pour toute réponse il l'embrassa.

« Merci » murmura t-il. Ils transplanèrent quelques secondes plus tard pour atterrir devant la gare de King's Cross, direction Sheffield pour récupérer le Basilic.