Chapitre XXXII : La Tristesse

Endormi et enchaîné sur plusieurs wagons de fret, il était immense. Pour la premier fois Drago pouvait voir le Roi des Serpents, le Basilic. La créature était aussi terrifiante qu'élégante. Ses écailles vertes émeraudes brillaient magnifiquement sous l'éclat de la lune. Après un long moment de contemplation devant l'immense créature, Harry et lui rejoignirent Luna Lovegood qui se tenait au côté du monstre.

De la jeune adolescente que Drago avait connu, il ne restait que quelques traits distinctifs. Ses longs cheveux blonds étaient toujours là, mais ils étaient remontés en un chignon approximatif retenu par une branche d'arbre sur laquelle un botruc se tenait assis. Elle était vêtu d'un sarouel bleu pâle et d'un débardeur orné d'une broche avec trois grande plume, une plume verte d'Augurey, une autre, plus grande, de Phenix, rouge vif, et enfin une dernière, dorée cette fois, qui provenait, d'après Drago, d'un Oiseau-Tonnerre.

-Luna, salua Harry. Est-ce que notre ami va bien ? Demanda le Gryffondor, en pointant de la tête, le serpent.

-Ce n'est pas vraiment le genre de transport qu'il aime, Harry. Les reptiles n'ont pas l'habitude d'autant de mouvement, même celui-là. J'espère que tu réussiras à parler Fourchelang car notre ami aura besoin d'être rassurer à notre arrivée.

-Ne t'inquiètes pas, répondit Harry dans la langue en question. Tu te souviens de Drago ?

-Ah oui ! Dit-elle d'une voix flottante. C'était bien joué pour l'Oiseau-Tonnerre à Poudlard. Il ne déclenchera plus jamais la foudre, mais il survivra. C'est le principal. Heureusement que tu étais là.

-Merci, Louf...Luna, se reprit t-il. Les Basilics ne naissent pas dans la nature. Où est-ce que tu as trouvé celui-là ?

-Il était en Allemagne, un vieux fou faisait des expériences sordides et idiotes, et voilà le résultat. Chrys est très gentil mais...

-Chrys ?

-Il lui fallait bien un nom. Au complet, c'est Chrysaor, mais bref... Ses créatures sont méconnues, nous avons failli perdre Chrys plusieurs fois à cause de cela. Les Basilics sont fragiles quand ils sont petits. Salazar Serpentard avait peut-être des idées horrible, mais il avait pris extrêmement soin de son Basilic. Chrys est gentil mais il tombait souvent malade, nous avons eut quelques frayeurs.

-Je me suis demandé quelques fois pourquoi Voldemort n'avait jamais chercher à créé son propre basilic songea Harry. Si c'est difficile et que ça demande des soins, ce n'est pas étonnant.

-Je crois que c'est plutôt par orgueil, répondit Drago. C'était un grand narcissique qui voulait toujours innové dans les arts noirs. Un basilic ça faisait redite avec Serpentard et Herpo l'Infâme.

-Tu n'as pas tort, admit Harry en fixant les yeux clos de la créature. J'imagine aussi que le chant du coq comme danger mortel, c'est une sacret faiblesse.

-D'un autre côté, si je devais faire sortir un poulet de ma baguette pour me défendre dans un duel, je pense que je mourrais de honte, sourit Drago.

-Je vois que Malcolm à des difficultés, je vous laisse.

Luna s'éloigna pour aller aider un de ses assistants qui injectait une nouvelle dose de sédatif au serpent, et Harry et son petit-ami restèrent ensemble, devant le serpent.

-Il était aussi gros, celui que tu as tué ?

-Plus gros, évalua le brun. Il avait près de 900 ans, quand même.

Une fois que tout fut prêt et en place, tout le monde monta dans les wagons passagers et le train reprit la route jusqu'à Poudlard. La gare de Sheffield s'éloignait. Drago, Luna et les deux assistants de celle-ci discutaient médecine. De son côté Harry échangeait avec son équipe, en gardant le blond dans son champ de vision. Les choses entre eux n'avaient peut-être pas tellement changé. Qu'ils se détestent ou qu'ils s'aiment, Harry préférait toujours avoir Drago en vue.

Quelques heures plus tard, alors que l'aube colora le ciel d'orange, et de rose, elle apporta avec elle, son cortège d'angoisse et de danger.

« Ce soir, pensa Harry, ce soir, beaucoup de choses auront changées. »

Il fallut encore attendre deux heures pour que le Patronus en forme de chien, de Ron n'arrive auprès de son meilleur ami. L'évacuation suivait son cours, et le village de Pré-Au-Lard avait également été bouclé afin que leur arrivée avec le Basilic ne provoque pas un vent de panique. Robards n'avait pas réussi à mettre la main sur Dennis.

Finalement le train arriva en gare. Tout le monde se rejoignit devant le Basilic, pour attendre qu'il se réveille. Heureusement ou malheureusement, l'attente ne fut pas longue. La créature s'agita dans tout les sens dans une panique assez compréhensible. Elle brisa même une chaîne et frappa un Auror de l'équipe de Harry.

-Chrysaor ! fit Harry en fourchelang, en s'approchant avec prudence. Calme-toi !

-Non, murmura le serpent. J'ai faim, et j'ai peur !

-Nous sommes désolé de te faire subir ça. Mais tu vois le château au loin. Il y a une pièce remplie d'araignée à dévorer. Si tu suis mes ordres, tu auras droit à un festin.

-Pourquoi le ferais-je ? Je pourrais aussi bien te tuer. Je suis les ordres des sorciers de haut rang.

-J'ai déjà tué un Basilic, et son maître, le plus grand mage noir de l'histoire, fit valoir le brun.

-Tu portes l'odeur de la Mort sur toi, effectivement. Je vais suivre tes indications, mais montre toi digne de cela.

-Alors ? Demanda Luna.

-C'est bon, il fera ce que je lui demande. Décidément, je commence à comprendre d'où vient le caractère hautain, des Serpentards, et leur tendance à négocier absolument.

-Potter ! S'agaça le blond.

-Je vais dire à mes assistants de le libérer.

Une fois le serpent libre, il redressa son corps jusqu'à ce que sa tête dépasse au dessus des toits du village. Il poussa un cri particulièrement strident, comme pour annonçait sa présence. Quelques minutes plus tard, alors que l'immense créature ondulait sur le chemin de terre vers la sortie du village et le château, Hagrid arriva en courant, du moins autant que cela lui était possible.

-Par Merlin, cette bête est magnifique ! S'émerveilla t-il.

-Ça ne s'arrange pas, nota Drago d'un air lasse.

-Hagrid, bonjour ! Firent Luna puis Harry, qui arriva quelques secondes après.

-Harry, Ron m'a prévenu en débarquant avec les autres Aurors. C'est une catastrophe. Est-ce que tu penses que tu pourras éviter à Mozag, de... Enfin... Tu sais...

-Je veux bien essayé, mais Hagrid, elle était très en colère. Il est probable que si Dennis échoue dans son plan, ou l'abandonne, elle passe à l'attaque. C'est probablement une impasse.

Soudain, un nouveau Patronus fonça vers eux, une petite pie-grièche, particulièrement agitée.

-Potter, appela la voix de Robards. Les élèves sont bien évacués, et les professeurs ceux sont joints aux différentes équipes, mais nous n'arrivons pas à trouver Dennis Crivey. J'espère que vous avez votre carte avec vous.

-De quoi est-ce qu'il parle ? Demanda Drago.

Harry tira de sa sacoche un morceau de parchemin particulièrement vieux et vierge. Drago intrigué fixa le morceau de papier.

-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, récita le brun. Peu à peu des taches d'encre apparurent, ici et là, avant de prendre la forme de pièces et de couloirs. Devant les yeux de Drago Malefoy, une carte de Poudlard indiquant l'emplacement de chaque individu en son sein, venait d'apparaître.

-Petit cachottier, c'est comme ça que tu as réussi à me suivre pendant toutes la sixième année !

-J'ai plus d'un tour dans mon sac, s'amusa Harry, malgré la tension qui inondait l'atmosphère. Il n'est pas sur la carte, chef. Il est dans la Salle sur Demande ou dans la Chambre des Secrets, ceux sont les seuls lieux qui ne sont pas cartographiés.

-Très bien, nous partons pour la Chambre des Secrets, et vous pour la Salle sur Demande, profitez en pour utiliser votre Basilic pour faire le ménage là-dedans.

-Prenez Ron avec vous, il sait comment l'ouvrir, indiqua Harry, avant de partir en direction du septième étage.

Les couloirs de Poudlard étaient vides. Même les fantômes étaient absents, l'endroit semblait pratiquement abandonné. Les ricanements et les mièvreries adolescentes laissaient cette fois encore, la place aux bruits de pas des Aurors prêt à en découdre. Drago lui, n'avait pas l'impression d'être de retour dans l'école de son enfance, mais dans un charnier. Il se souvenait encore des nombreux corps allongés les uns à côté des autres dans la grande salle.

Ils arrivèrent finalement devant la Salle sur Demande que Harry hésita quelques instants à ouvrir. Il avait l'étrange sentiment d'être Pandore sur le point d'ouvrir la boîte pour libérer tous les maux de l'humanité. Finalement, il laissa les autres Aurors en retrait, ainsi que le Basilic, puis il fit apparaître la porte qui s'ouvrit dans un silence morne. On entendait simplement des bruits de craquements osseux, et de sussions miasmatique. La salle sur Demande était plongée dans les ténèbres, si bien que seul était visible ici et là, les coquilles molles, blanches, et crevées d'oeufs d'Acromentules.

-Entre, Harry, fit la voix usée de Dennis qui restait caché. Je ne te ferais aucun mal.

Le Survivant n'était pas stupide, il fit un pas en avant pour faire preuve de bonne foi, mais il évita soigneusement d'en faire un de plus pour ne pas être coincé si les portes se refermer sur lui. Il écrasa par accident un morceau de bois, et lorsqu'il releva le pied, il vit qu'il s'agissait de la Baguette de Sureau qui traînait sur le sol comme une vulgaire et inutile branche que visiblement Dennis avait déjà brisé.

-La baguette... Mais... Tu l'as détruite. Pourquoi ?

-Tu n'as pas compris, Harry ? Peut-être que tu l'ignores, après tout, mais la Baguette de Sureau contient, ou plutôt contenait, un...

-Crin de Sombral, termina Harry en comprenant que le vol n'avait rien à voir avec lui-même.

-Exactement, gorgée de la magie de sa bonne centaine d'utilisateur. La digestion de Mozag sera terminée d'ici quelques minutes et le venin sera prêt, et cette fois la potion sera assez puissante pour éteindre la magie dans le monde entier.

-Tu veux devenir le seul sorcier sur Terre ? C'est pour ça que tu fais tout ça ? Notre guerre ne t'a rien appris ?

-Je ne cherche pas à être le seul sorcier sur terre, mais le dernier, Harry. Je ne cherche pas la puissance, mais la paix. Je ne veux plus que les gens souffrent et pour cela, la seule solution est de faire disparaître la source de toutes ces souffrances. Tu n'aurais pas perdu tes parents sans la magie, tout comme je n'aurais pas perdu mon frère. Il est temps de stopper ce jeu dangereux.

-Alors... C'est pour Collin, que tu fais ça ? Demanda Harry, un peu perdu.

Toujours dans les ténèbres, Dennis agita sa baguette et un Patronus apparut soudainement. Une hyène lumineuse et brillante, le fantôme qui avait terrifié Rodolphus à Azkaban quelques jours plus tôt.

-Tu sais comme moi, qu'un sorcier avec des intentions néfastes est incapable de lancer ce sort, rappela Dennis. C'est pour Collin, et pour tous les gens qui sont morts des mains d'un sorcier. Le dernier jour de la guerre, nous avons tous vu les cadavres de nos amis et de nos familles. Nous avons tous payer un lourd tribut pour cette magie, et contrairement à tous les autres, j'ai eut le courage de décréter « Plus Jamais ça ! ».

-Tu prétends valoir mieux que Voldemort, mais tu n'as pas utilisé des méthodes très différentes. Tu as mis Cho sous Imperium, tu as maltraité des créatures magiques, et tu as même créé un Inféri. La seule différence, c'est que pour l'instant, personne n'est mort.

-J'ai fait le nécessaire pour que cela n'arrive pas. Ils seront peut-être malades, mais ils survivront tous. Je ne suis pas un monstre Harry, je veux juste réglé un problème.

-C'est ça ta solution ? Transformer les gens de gré ou de force ? Ils n'ont pas leur avis à donner ?!

-Ils n'auront jamais le courage d'admettre la vérité. Ils n'ont pas conscience du danger qu'ils représentent pour les moldus et même les autres sorciers. Je ne vais pas attendre que le prochain Voldemort arrive pour trouver une solution définitive. Je pensais que toi, tu comprendrais.

-Je savais que ce genre de chose finirait par advenir, réalisa Harry, de plus en plus en colère. Tu n'as aucun droit de geindre ou d'agir comme tu le fais ! Tu parles de payer sa dette à la magie. J'ai payé cela bien plus cher que toi, et tu ne m'as pas entendu m'en plaindre. Est-ce que j'ai cherché des bouc-émissaires ? Oui, mais tu sais quoi, Dennis ?! Personne n'est réellement coupable de tout ce qui est advenu, pas même Voldemort. Il était trop faible pour échapper à son propre destin. Tout comme moi, et tout comme toi. Je le déteste, mais il n'est pas plus responsable que la Magie. Ta réponse, Dennis, n'est pas acceptable. C'est la réponse d'un enfant.

La baguette de Harry glissa de sa manche à sa main, et il se prépara à lancer un sort.

-Tu as changé ! Tu fais équipe avec un Mangemort ! Tu dédouanes Tu-Sais-Qui ! Je pensais que toi, au moins, tu comprendrais. Ce n'est pas grave, affirma le Seigneur des Cendres. Il est déjà trop tard.

Soudain une voix gutturale et monstrueuse résonna dans l'immense pièce. C'était Mozag.

-Seigneur, Harry Potter n'est pas seul ! Il sont plusieurs avec lui, et une créature que nous craignons toutes est là aussi ! Une monstruosité que je croyais anéantie.

Harry comprit que c'était pour cela que les nombreuses araignées restaient dans les coins obscures de la pièce. Elles avaient peur.

-Peu importe, les autres, protégez notre fuite.

Les bêtes s'agitèrent dans l'ombre. Le combat allait commencé.

-Chrys ! Cria Harry dans la langue des serpents. Le repas est servi !