Chapitre XXXVII : Le Banquet de la Victoire

McGonagall n'était pas amie avec Dumbledore pour rien. Elle protégeait les intérêts de l'école et de ses élèves avec le même machiavélisme. Si bien que l'annonce de ce banquet au nom d'une grande victoire, avait mis la puce à l'oreille de la Ministre Granger. Du temps de Voldemort et même avant, après les grandes victoires, il n'y avait jamais de fête. Lorsqu'elle demanda une justification, la directrice lui expliqua d'une voix pincée que l'idée était de réunir des soutiens potentiels pour porter une réforme scolaire devant le magenmagot.

Pour l'occasion, la Grande Salle était décorée d'oriflammes violettes et de fleurs de la même couleur. C'était toujours un casse-tête pour réunir les élèves sous des couleurs communes car la plupart de ses dernières figuraient sur l'un ou l'autre des blasons des différentes maisons. Les murs, végétalisés pour l'occasion, diffusaient la musique par l'intermédiaire de fleurs enchantées, blanches, celle-ci. La lumière des bougies et des lustres qui flottaient d'ordinaire sous le plafond, était renforcée par des morceaux d'un tissu étrange et lumineux.

En dehors des professeurs, et de quelques invités, Hermione fut l'une des premières à arriver dans une sublime robe blanche dont le buste était orné de dentelle noire. Ses cheveux était tiré en un chignon décoré d'une broche dessinant un hibou d'argent, dont quelques mèches tombaient élégamment ici et là. Ron quand à lui avait choisi la sobriété. Il portait une robe de sorcier noir par dessus une chemise blanche, la seule note de couleur était un nœud papillon rouge. Les deux profitaient de l'absence de la presse pour porter leur bague de fiançailles respectives.

-La ministre Hermione Granger et son fiancé l'Auror Ronald Weasley, annonça le Choixpeau magique qui à l'entrée, de la pièce, avait charge d'annoncer les invités.

Les deux fiancés rejoignirent la directrice presque aussitôt. Cette dernière était habillée d'une longue robe éméraude aux manche évasée qui accentuait autant son âge que sa taille maigre.

-Bonjour, Mademoiselle Granger et Monsieur Weasley. Félicitation pour vos fiançailles.

-Vous devriez recevoir un faire-part d'ici quelques semaines, indiqua Hermione. Vous avez prévu un discours ?

-Quelques mots, pour féliciter les Aurors et nos deux héros. J'ai encore du mal à croire que Monsieur Malefoy et Monsieur Potter arrivent à s'entendre.

Hermione esquissa un sourire. La directrice n'était sans doute pas au bout de ses surprises avec ces deux-là.

-On n'avait pas de banquet spécial pour fêter nos victoires quand nous étions élèves, nota Ron qui n'était pas au courant des intentions cachées de la directrice.

-Vous vouliez qu'on vous félicite avant ou après avoir enfreint pour la cinquantième fois le règlement, monsieur Weasley ? Albus n'aurait pas été contre, mais je m'y suis toujours formellement opposé.

-Vous avez bien fait, concéda Hermione en riant. Certains ici auraient sûrement pris la grosse tête.

« Harry Potter, Ex-Auror et Futur Professeur de Défense Contre les Forces du Mal. » annonça finalement le Choixpeau.

Hermione se retourna, mais elle ne trouva pas son ami. C'était un garçon avec une paire de lunettes à la monture discrète. Une robe de sorcier noir Vantablack d'un grand couturier couvrait une chemise blanche. Il avait même presque réussi à coiffer son impossible tignasse.

-Harry ?! Appela Hermione en levant la main, alors que tout le monde fixait le garçon. Les choses ne changeraient jamais.

Il rejoignit ses deux meilleurs amis, alors que la directrice le saluait de loin pour s'éloigner vers d'anciens élèves qui avait réussi à devenir membre du Magenmagot.

-Drago, n'est pas encore là ? Demanda t-il.

-Non, mais Ginny risque de ne pas apprécier que tu es fait plus d'effort pour lui que tu n'en n'as jamais fait pour elle, prévint Ron.

-Tu es superbe en tout cas, confirma la Ministre.

-En parlant de Ginny...Elle n'est pas encore au courant, j'espère ?

-Non, vraiment, on te laisse ce plaisir, s'amusa Ron. J'ai du mal à accepter que tu sortes avec la fouine, mais elle... Elle va probablement inventer un nouvel impardonnable rien que pour toi. On n'a quand même essayer de voir comment elle prendrait la chose.

-Elle m'a dit, reprit Hermione, je cite : « Ce serait la chose la plus étonnante du monde si ce blondinet aussi chaleureux qu'un iceberg arrivait un jour à se rendre assez aimable pour que Harry l'envisage. » Autant te dire qu'elle n'est pas fan de lui, en revanche, le fait que tu puisses finir avec un garçon n'avait pas l'air de la surprendre.

« Certaines parties de notre relation n'ont jamais étaient satisfaisantes, pensa Harry. Elle a quelques raisons de douter. »

-J'ai pris la liberté de mettre quelques personnes au courant de tout ça, notamment Blaise, expliqua la Ministre. Il ne faudrait pas qu'une affaire de mœurs viennent entacher mon mandat. Nous avons une stratégie de communication si jamais vous vous aimez de manière un peu trop public. Ron va démissionner du ministère, ainsi les procès en népotisme n'auront pas lieu d'être.

-Pour Ron, je veux bien mais pourquoi quelqu'un penserait que tu favorises un Malefoy ?

-C'est moi qui est imposer son nom auprès de Saint-Mangouste, et il sort avec mon meilleur ami. Sinon, il est toujours bien ? Il n'est pas redevenu le gamin odieux ?

-Il l'est toujours un peu, sourit Harry. Toutes les personnes que j'ai rencontrer, même Ginny, elles m'admiraient en tant que Sauveur. Ce n'est pas ce que Drago recherche chez moi, je crois même que c'est ce qu'il déteste le plus.

-Tu l'aimes pour ce qu'il déteste chez toi ? Demanda Ron, plus que circonspect. C'est tordu.

-Il est beau garçon au moins, concéda Hermione.

Ron lui lança un regard noir.

-Je vais faire comme si je n'avais rien entendu, maugréa t-il. Tu comptes le dire quand à nos amis et à la famille ?

-J'aimerai bien qu'il se joigne à nous pour notre match mensuel de Quidditch. En plus Teddy et lui s'entendent bien...

-Tu devrais prévenir George, tu sais comment il est, depuis la mort de Fred. Il fera confiance à ton jugement avec ton blondinet mais évite de lui faire une mauvaise surprise. Pour Ginny, et bien, je te conseilles d'utiliser ma mère comme intermédiaire sinon tu vas finir...

Harry attendait la suite.

-Je vais finir par quoi ?

-Juste tu vas finir, rigola Ron.

-Tu as raison, je vais demander à ta mère de jouer les juges de paix. Elle aime bien Drago, je crois.

-Je confirme, ajouta Hermione. Elle n'arrête pas de nous reprocher de t'avoir constamment encourager à prendre des risques alors que lui, non.

-Au moins Ginny écoutera Molly, considéra le brun.

« Drago Malefoy, Honorable de l'Ordre de la Médecine Magique. » annonça, le Choixpeau, quelques dizaines de minutes plus tard. Il y eut des chuchotements, des murmures, mais ça ne semblait pas être le fruit des rancœurs ou des regrets, cette fois. Drago pouvait passer les portes de la Grande Salle, avec le sentiment que les autres n'allaient pas lui cracher au visage.

Il balaya du regard la salle, mais ne trouva pas Harry. En revanche, Minerva McGonagall fonça vers lui, de manière assez surprenante.

-Monsieur Malefoy, nous vous attendions !

-Bonsoir, salua t-il, méfiant.

-J'ai appris pour votre nomination à Saint-Mangouste. C'est une bonne nouvelle pour nous.

-Oh ! Pourquoi donc ?

-Cela fait des années que je veux réformer l'enseignement des soins élémentaires dans cette école mais sans le matériel, le programme et l'enseignant adéquate, c'est prédécesseur voulait conserver l'enseignement des soins généraux à Saint-Mangouste, par conséquent nous n'avons jamais pu entreprendre cette réforme.

-C'est stupide de sa part, admit Drago, qui comprenait maintenant le soudain intérêt de la directrice pour sa carrière. En commençant l'apprentissage plus tôt, et ici, l'enseignement pourrait monter en gamme, et être plus spécialiser à Saint-Mangouste, en évitant de s'attarder sur des choses basiques.

-Il voulait que son hôpital garde le monopole des savoirs, se désola la vieille sorcière. Je suis heureuse de voir que vous semblez de mon avis sur les démarches à entreprendre.

-Bien entendu, vous voulez un partenariat avec l'hôpital, et j'y suis favorable, néanmoins il faut que j'en tire des avantages également.

-Je reconnais bien là un membre de la famille Malefoy. Je vous écoute.

-J'ai trois conditions. Je veux un couloir d'accès par cheminée directe entre l'hôpital et l'école pour évacuer vos blessés graves si de nouvelles batailles avaient lieu ici. Ensuite, je veux que, en plus de votre infirmière titulaire, deux internes de Saint-Mangouste soient assignés aux soins ici. Les blessures sont moins graves ici, et ils pourront se faire la main sans trop de risque. Je propose une rotation de deux semaines pour chaque binôme de stagiaires. Ensuite, je veux récupérer le portait de Severus Rogue qui est dans le dortoir des Serpentards. Il est trop contesté pour être dans votre bureau, mais pas pour être dans celui de son filleul.

-C'est trois conditions me conviennent parfaitement, nous avons trouvé un terrain d'entente, je crois.

Elle tendit sa main vieille et osseuse, et Drago lui serra, en signe de marché conclu, et de bonne volonté.

-Une dernière question avant que je ne vous libère, Monsieur Malefoy. Pensez-vous avoir du temps à consacrer pour aider notre futur professeur à établir le programme ?

-Je dois m'occuper de la réhabilitation du manoir de ma famille, mais quand vous l'aurez choisi, dites lui que je serais disponible les matins.

Ils se séparèrent, et Drago ricana intérieurement. Un couloir entre l'école et l'hôpital pour les blessés graves ? Pomfresh avait toujours réussi à soigner tout ce qui pouvait l'être. La vraie raison était égoïste, c'était un moyen de rejoindre Harry en quelques minutes. Maintenant qu'il avait goûté au fruit défendu, il ne voulait plus goûter à rien d'autre. Derrière le garçon brun, courageux, un brin philosophe, et trop bon pour son propre bien, il y avait une bête sauvage avide d'étreintes torrides et brutales, et cela, par Merlin, personne ne l'en priverait.

Alors qu'il cherchait de nouveau Harry des yeux, il eut du mal à le reconnaître. Le charme brouillon et débraillé avait laissé place à des vêtements élégants et hors de prix. Il avait même réussi à se coiffer de manière presque correcte. Ses lunettes faisaient briller ses yeux comme d'étincelants émeraudes.

Harry s'avança vers lui. Le médicomage vit enfin que ses chaussures étaient des mocassins magiques de chez Guipure.

-Bonjour, lança timidement le futur professeur, en rougissant.

-Je ne suis pas doué pour les compliments, annonça Drago en chuchotant, donc je vais le dire une seule et unique fois. Tu es magnifique.

-Tu es pas mal non plus, s'amusa Harry. Il mentait Drago était sublime, comme toujours.

-Je sais que je te fais plus d'effet que n'importe qui ici, Potter. Tu ne m'auras pas avec ce genre de pique.

Ils rejoignirent finalement Hermione et Ron.

-Alors, Ron, fit Hermione d'un ton réprobateur. Tu as quelque chose à dire à Harry et Drago ?

-Je suis désolé, grogna le roux, penaud.

-De quoi tu parles ? Demanda Harry.

-Je m'excuse, Drago, d'avoir cru que tu avais ensorcelé Harry avec un filtre et de t'avoir lancer un sort. Harry, je suis désolé de ne pas t'avoir fait confiance avec la fouine.

-C'est de loin, les pires excuses que j'ai entendu de ma vie, mais on va dire que tu protégeais ton ami, donc je vais passer l'éponge, Weasley.

-De tout façon, tu n'obtiendras rien de mieux de lui, je crois, s'amusa l'ex-Auror. Alors, ce mariage ?

-On n'a pas encore trouver un endroit assez grand, fit Hermione. On veut faire une grande fête pour tout le monde. Blaise m'a dit de privatiser une partie du ministère mais ça n'a rien d'intime, et ça me gène...

-Vous vous mariez quand ? Demanda le blond, en vidant sa flûte de champagne.

-Juste avant la rentrée, sinon Teddy, Neville et McGonagall ne pourront pas être présents.

-Je pense que d'ici là, mon manoir devrait être en état. Enfin au moins le parc, vous pourriez faire le mariage là-bas.

Ron fronça les sourcils.

-Pourquoi est-ce que tu nous proposes ça ?

-Je propose de l'aide à la Ministre, pas à ta futur femme, expliqua le blond. Un échange de bon procédé.

-Qu'est ce que tu veux en échange ?

-Une modification de ton décret sur l'usage de la magie noire. Certains rituels sont utiles pour les soins magiques de haut niveau.

-Nous n'avons jamais eut de réclamation des médicomages pour ça.

-C'est bien là, le problème. Ils ne sont pas formés correctement, et visiblement mon prédécesseur est un incompétent notoire d'après ce que McGonagall vient de me dire. Je souhaite faire monter le niveau de l'enseignement que propose l'hôpital.

-Je ferais le nécessaire, mais je veux un argumentaire écrit et vérifiable, sinon, je ne ferais rien.

-Tu peux passer à la robe, tu as ta salle pour ton mariage, fit Drago.

Quelques minutes plus tard, les derniers invités étaient arrivés, et McGonagall utilisa sa baguette pour augmenter le son de sa voix.

« Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie d'être tous au rendez-vous pour célébrer la fin de cette période d'inquiétude et de terreur. Nous sommes tous trahis, par un ami, par un collègue, par un proche. Heureusement, grâce à tous les Aurors présents ce soir, et en particulier à Harry Potter, ainsi qu'au médicomage Drago Malefoy, cette trahison n'est pas sans conséquence. Ces anciens ennemis ont fait fi de leurs différences pour combattre un ennemi commun. Ils ont pardonnés, ils ont appris, et ils se sont fait confiance. C'est une leçon pour nous tous. Merci à tous. »

Elle leva sa flûte de champagne, et tout le monde fit de même. Quelques secondes plus tard, Drago entendit soudain les premières notes d'une mélodie familière, une de ses préférées qu'il jouait même au piano dans son enfance. C'était une valse douce et lente. Il prit la main de Harry et l'attira vers lui sur la piste de danse. Le brun devint rouge. La peur de mal faire sans doute, mais il salua son cavalier, et enserra sa taille ainsi que sa main.

-Laisse-moi conduire, murmura le blond, ce sera plus facile pour toi.

-Je n'ai pas l'habitude de faire ça, rappela Harry.

-De danser, ou de laisser quelqu'un d'autre conduire ? S'amusa Malefoy. Tu t'en sors plutôt bien. J'ai du mal à comprendre comment tu peux être aussi stresser par une danse, et foncer tête baisser face à un mage noir.

-L'habitude, j'imagine. Je suis content de faire ça avec toi.

-On essaye des nouvelles choses, moi je joue les héros, et toi tu danses. En parlant de choses nouvelles, tu as vu Ollivander ?

-Oui, il pense que notre lien est probablement liée à une prophétie. Seulement la majorité d'entre-elles n'existent plus depuis 1996, je doute qu'on trouve quelque chose.

Drago se doutait que c'était une chose du genre, mais l'idée de savoir qu'un jour quelqu'un avait énoncé, à haute voix, son avenir lui déplaisait profondément. Il était, dans tous les cas, hors de question d'entendre cette prophétie. Si elle était sombre, et qu'elle promettait des souffrance pour eux, il ne le supporterait pas.

-Je suis d'accord, concéda le blond.

Ils continuèrent de danser sous les yeux parfois médusés des différents invités. La presse avait été exclue de l'événement, mais une valse entre deux anciens ennemis ne manqueraient pas de faire les gros titres. Par chance, la bague à la main de la Ministre, était un fait avéré dont les scribouillards pourraient se repaître. Ron et Hermione finirent par ce joindre à eux, puis Luna délaissa son mari pour danser avec une Auror que Harry connaissait de loin en loin. Les deux garçons finirent par s'éloigner de la fête pour rejoindre le couloir près des toilettes au deuxième étage.

-On ne fera rien à l'intérieur, Drago, c'est franchement glauque et en plus c'est inconfortable.

-Ce n'est pas grave, j'ai une chambre à l'Auberge de Pré-Au-Lard. Je veux juste voir à quoi ça ressemble.

Drago l'embrassa furtivement dans le cou, il savait que cela faisait un effet dingue à Harry.

-Tu es vraiment le pire petit-ami du monde, grogna le brun, en passant la porte.

-Embrasse-moi, au lieu de dire des bêtises.

Harry fixa le sol à un mètre d'eux. C'était la que Drago avait succomber au Sectumsempra de Harry, des années auparavant.

-Je...

-Chut ! Harry ! Embrasse-moi. Le garçon qui était par terre ce jour-là n'est pas ici, et celui qui l'a blessé non plus.

Le Survivant pausa à nouveau ses lèvres sur celle de son ancien rival.

Ce soir-là, l'un comme l'autre comprirent qu'il avait réussi à se pardonner et à se comprendre, et que le chemin devant eux était fait d'épreuves nouvelles, de rires, de larmes, de cris mais surtout d'amour et de désir.

Merci à tous ceux qui suivent cette histoire, n'hésitez pas à me mettre un petit message. Il ne reste qu'un inter-chapitre et l'épilogue. C'était ma première fanfiction alors beaucoup de choses ne sont pas forcément très subtiles et l'intrigue est loin d'être parfaite, mais l'évolution de Harry et Drago était plaisante à écrire, et peut-être qu'elle n'est pas fini. :) J'ai une idée de suite, donc n'hésitez pas à me dire si vous êtes intéressés.