Par-delà mal et bien

Disclaimer : De nombreux noms et lieux appartiennent à notre magicienne des mots préférée J.K Rowling. Je me permets juste de les lui emprunter pour écrire cette histoire. Elle le dit elle-même, c'est en écrivant ce qui nous passe par la tête, en s'inspirant de nos auteurs préférés, que l'on apprend.

Résumé : La vie d'Adenor semble toute tracée devant elle : pas de choix, pas d'échappatoire. Les choses sont ainsi et elles n'en seront jamais autrement. Néanmoins, lorsqu'elle se perd dans les bois et trouve refuge en un certain manoir lugubre, sa vie prend une tout autre tournure. La voilà préciptée en plein coeur de la guerre... et de la vie.

Les premiers chapitres servent à la mise en route, ensuite tout s'accélère. J'espère néanmoins que vous accrocherez dès le début. Certains chapitres sont plus courts, mais je compenserai avec une mise à jour plus rapide. La fic est complète.

Je pense que je répondrai aux reviews par mail, mais je vais encore y réfléchir. Avant je répondais dans le chapitre qui suivait.

Bonne lecture !

Chapitre I : Sinistre demeure

Adenor marchait depuis des heures, à chaque pas ses jambes se faisaient plus lourdes et sa démarche plus hésitante, mais elle continuait de marcher au hasard, sans but précis. Marcher, voilà tout, il fallait marcher. Marcher pour vider son esprit, marcher pour s'éloigner d'eux, marcher le plus longtemps possible pour retarder au maximum le moment de son retour. Oh elle le savait elle devrait rentrer, fuir était inutile, ils la retrouveraient n'importe où. Tôt ou tard elle rentrerait bien sagement et devrait accepter son sort. Elle préférait néanmoins rentrer tard. Ils l'avaient laissée partir sans même chercher à la retenir : ils savaient qu'elle reviendrait. Elle ne pouvait pas faire autrement.

Alors qu'Adenor réfléchissait elle n'avait pas fait attention à la direction qu'elle prenait. Elle s'arrêta finalement pour s'appuyer contre un tronc d'arbre et se reposer un instant. Elle regarda alors autour d'elle. Il fallait se rendre à l'évidence : elle était perdue. Elle pouvait attendre qu'ils viennent la chercher là. Non ! Attendre que quelqu'un passe et lui indique sa route. Certainement pas ! Elle pouvait transplaner. C'était une solution oui. Ou elle pouvait continuer sa route vers l'inconnu. Ce serait l'idéal si seulement elle n'était pas aussi erreintée. Elle se concentra donc et transplana. Elle se cogna de plein fouet à un mur et tomba à terre. Une fois le choc passé, Adenor ouvrit les yeux et regarda autour d'elle. Elle n'avait pas bougé d'un mètre, elle était toujours au même endroit, elle était juste passée de la position debout à la position assise bêtement sur son séant dans les feuilles mortes et l'humus humide. Elle bougonna, se releva et nettoya sa robe. Des barrières anti-transplanage... où pouvait-elle bien être ? Elle reprit donc son chemin en espérant bientôt trouver un abri. Le jour tombait et une légère brume s'élevait déjà. Elle n'avait aucune envie de marcher dans la nuit et le brouillard dans cette forêt lugubre.

Ses pas la menèrent finalement à une clairière. Adenor laissa alors échapper une légère exclamation de surprise : devant elle se dressait une imposante bâtisse victorienne de pierre noire et grise aux tuiles d'un noir d'encre. Ses multiples fenêtres semblaient la fixer d'un oeil vert austère. Le pâle soleil couchant projettait l'ombre inquiétante de la demeure sur le sol couvert de feuilles mortes.

Devait-elle y aller ? Oserait-elle ? Elle n'avait pas tellement le choix à dire vrai... Adenor se dirigea donc jusqu'à l'entrée du manoir. Elle saisit le heurtoir en forme de serpent, non sans être parcourue d'un léger frisson désagréable, et l'abattit contre la porte. Celle-ci s'ouvrit alors d'elle-même. Adenor entra timidement à l'intérieur. Elle se retrouva dans un hall immense faiblement éclairé par une rangée de bougies. Les murs épais étaient verts et le plafond haut et sombre. Des portraits étaient suspendus aux murs. Il lui sembla en entendre certains chuchoter. Était-elle chez des sorciers ? Très certainement.

- « Hého, il y a quelqu'un ? » appela-t-elle doucement.

Sa voix se repercuta en un écho. Jamais elle ne lui avait semblée aussi morne qu'en cet instant.

Elle entendit alors du bruit, puis comme un bruissement d'étoffes, et l'instant d'après un jeune homme apparaissait dans l'embrasure d'une porte juste à droite. Il la fixa d'un air froid mais intéressé, les bras croisés sur le torse. Il haussa un sourcil et lui répondit d'une voix lente :

- « Oui il y a quelqu'un... Puis-je vous demander ce que vous faites ici ? »

Son regard se fit moins froid, bien que le gris de ses yeux demeurât glacial. Qui pouvait être cette jeune femme ? Des yeux noirs comme l'obsédienne, des cheveux flamboyants comme l'acajou, une gorge pâle comme l'ivoire et une la silhouette frêle comme le roseau... Jamais de sa vie il n'avait été ainsi ébloui. Elle se tenait devant lui.

- « Je me suis perdue... Je marchais dans la forêt, et je me suis heurtée aux barrières anti-transplanage lorsque j'ai voulu rentrer... »

- « Une partie de cette forêt appartient à un domaine privé. Il est bien entendu protégé. »

- « Je comprends oui... Je... »

Un homme entra alors dans le hall pour se diriger vers eux. Adenor aurait reculé si seulement ses jambes avaient répondu. Il était grand, imposant, une cascade de cheveux blonds comme les blés tombait dans son dos, il était vêtu de riches robes de velours noir et vert et dans sa main le pommeau de sa canne brillait d'un air intimidant. Il lui fit aussitôt penser à un serpent : un serpent grand et fort qui devait étouffer ses victimes comme certains claqueraient des doigts. Ses lèvres pâles et fines s'étirèrent en un sourire froid et terrifiant, ses yeux de glace se posèrent sur elle et Adenor sentit son sang se glacer à son tour.

- « A qui avons-nous donc l'honneur ? » moqua-t-il

- « Je m'appelle Ingrid. » répondit-elle. Draco la fixa d'un air étonné : Ingrid ne lui allait pas... Non, elle ne s'appelait certainement pas Ingrid. « Je me suis perdue dans la forêt et j'ignore comment, mais je suis arrivée dans votre domaine et n'ai pu transplaner. » Intérieurement elle tremblait comme un mince peuplier qui essuyait une tempête courroucée, mais sa voix, elle, ne tremblait pas, et Adenor gardait la tête haute.

- « Vous êtes bien loin de la forêt communale. Il est trop tard pour vous raccompagner ce soir, la nuit sera bientôt tombée. Vous pouvez passer la nuit ici. »

Ce n'était pas tellement une invitation et pour la énième fois aujourd'hui Adenor sentit qu'elle n'avait pas le choix. Elle acquiesça.

- « Bien. Draco, accompagne notre hôte à une chambre d'amis. »

Dans un bruissement de sa cape et dans l'écho qui répercutait le bruit de ses pas et de sa canne, l'homme terrible s'éloigna et disparut au fond du hall.

- « Par ici. »

Adenor suivit Draco qui se dirigeait vers les escaliers. Adenor remarqua qu'il boitait, même s'il semblait faire son possible pour le cacher. Elle pouvait deviner la grimace qu'il retenait à chaque pas. Il était grand et plutôt large, mais pas autant que son père, ses cheveux blonds étaient aussi clairs, mais coiffés différemment, sa peau était tellement pâle qu'il donnait l'impression de quelqu'un qui n'avait jamais vu la lumière du jour.

Ils marchèrent en silence à travers les longs corridors sombres du manoir et finalement Draco s'arrêta et ouvrit une porte. Il invita Adenor à entrer. La chambre était spacieuse, et étrangement elle semblait plus lumineuse que les autres pièces. Adenor remarqua alors que la pièce n'était pas décorée de vert et de gris comme les autres, mais surtout de bordeaux.

- « Je vais vous chercher une robe de nuit et des serviettes... »

Draco sortit et Adenor se tint immobile dans la chambre. Soudain, elle entendit un bruit sourd et une légère plainte. Elle sortit de la chambre et scruta l'obscurité. Elle distingua l'éclat du pommeau...

Lucius avait rudement plaqué son fils contre le mur et le toisait d'un air menaçant.

- « Où allais-tu donc ainsi, mon fils ? » - « J'allais demander un pyjama à mère pour... »

Adenor entendit le père plaquer à nouveau son fils contre le mur. Elle voulut entrer dans la chambre, si on la voyait... mais elle ne pouvait bouger, ses pieds semblaient avoir pris racine.

- « Tu penses peut-être pouvoir te réfugier dans ses bras ce soir ? » Lucius relâcha son fils et claqua des doigts. L'instant d'après un elfe apparut. Adenor retrouva alors ses sens et se hâta de rentrer dans la chambre. Elle entendit le père donner des ordres à l'elfe la concernant, puis s'éloigner dans le couloir. Elle attendit le retour de Draco, mais celui-ci ne vint pas. Quelques minutes plus tard, un petit elfe à l'échine courbée entrait en trottinant, il portait une robe de flanelle et des serviettes dans les bras, et faisait flotter un plateau devant lui.

- « Ugly vous a apporté une collation, une robe de nuit et des serviettes chaudes et propres demoiselle. »

- « Ugly ? »

- « Ugly sommes nous demoiselle oui. Ugly sommes là pour vous servir demoiselle. »

Adenor ne répondit rien et prit doucement la robe et les serviettes des bras du petit elfe de maison. « Pauvre chose... » pensa-t-elle. La petite créature posa le plateau, puis s'élança vers le lit et y fit apparaître une bouillote chaude.

- « Les nuits sont froides par ici demoiselle. »

Adenor le remercia très gentiment et Ugly la fixa un moment : il n'aurait pas paru plus surpris si elle avait été une goule qui lui contait des histoires de Charles Perrault. L'instant d'après, Ugly claqua des doigts et disparut.

Adenor mangea un peu, se lava rapidement, passa la robe de nuit de flanelle et se glissa dans le lit à lourd édredon de plumes. Elle crut qu'elle ne pourrait jamais s'endormir dans cet endroit : les ombres des meubles y étaient menaçantes, le vent mugissait au-dehors et venait frapper les volets, les portraits semblaient la fixer... néanmoins la fatigue eut finalement raison de ses craintes et Adenor dormit profondément jusqu'au matin.

Elle fut réveillée en sursaut par un grand fracas et des cris - le pauvre Ugly venait de rouler dans l'escalier. Adenor perçut quelques éclats de voix puis le silence se fit à nouveau. Elle soupira et voulut descendre du lit. Elle tomba alors lourdement sur le sol. Elle avait oublié la hauteur du baldaquin, oublié qu'il fallait y monter et en descendre à l'aide d'un escabeau. Elle massa ses os endoloris et alla à la salle de bain. Quelle idée de faire des lits aussi hauts !

Alors qu'elle se demandait si elle devait sortir et chercher la direction du hall ou attendre dans sa chambre, on frappa à sa porte. Elle ouvrit. C'était Draco.

- « Le petit-déjeuner doit être servi, si vous voulez vous joindre à nous. » Elle n'en avait pas réellement envie, mais acquiesça et emboita le pas au jeune homme. Il boitait moins que la veille, mais il semblait toujours avoir peur de se faire mal dès qu'il posait le pied droit sur le sol. Peut-être que son père... Adenor secoua la tête et essaya de ne pas y penser.

Ils arrivèrent finalement à la salle à manger. Draco tira une chaise et invita Adenor à s'asseoir. Elle lui sourit pour le remercier de sa courtoisie et s'assit. Elle remarqua alors la belle femme blonde assise à sa droite. Elle aurait été bien plus belle si elle n'avait pas cet air dédaigneux sur le visage et ce regard vindicatif. Adenor la salua poliment, se doutant qu'elle n'était pas la cause de l'expression de la maîtresse des lieux. La femme y répondit de manière affable et engagea la conversation. Adenor n'était pas à l'aise, rien ici ne paraissait naturel, néanmoins elle répondit à chaque question de son interlocutrice et essaya de manger un peu.

Le père arriva finalement. Adenor se retint de tressaillir, mais elle sentait à nouveau son coeur et son sang se glacer à la vue de cet homme terrible. Il s'assit après un bref salut aux deux jeunes gens et un baiser échangé avec son épouse, et se servit copieusement. Le petit-déjeuner sembla durer une éternité, mais enfin le maître de maison ordonna à son fils de raccompagner leur hôte aux limites du domaine dès qu'elle le souhaiterait. Ils sortirent tous deux de table.

- « J'imagine que vous avez hâte d'y aller. Je vais chercher ma cape. »

A nouveau, Adenor se contenta d'acquiescer. Elle attendit que Draco revienne et ils sortirent du manoir. Les feuilles gelées crissèrent sous leurs pas alors qu'ils s'enfonçaient dans la forêt.

- « Je suis vraiment désolée de la gêne que j'ai dû occasionner... »

- « Ne dites pas ça, pour une fois qu'il y a eu une présence humaine dans cette maison. »

Adenor n'osa pas répondre. La voix de Draco était tellement amère. Son coeur se serra, elle aurait voulu trouver quelque chose de réconfortant à dire, mais il n'y avait rien et elle ne le savait que trop bien. Il n'y avait rien à dire, rien à espérer. Cet état de choses était immuable, ils devaient l'accepter. Ils marchèrent longuement, puis Draco s'arrêta.

- « On y est. Rentrez bien. »

- « Merci pour tout. Et... bon courage. » Elle lui sourit mais il n'y répondit pas. Il lui dit au revoir et s'éloigna pour retourner au manoir, à sa prison. Adenor transplana devant chez elle. Elle écoperait sûrement d'une belle série de raclées mais qu'importe. Rien n'importait réellement sur cette Terre. Elle ne voulait même plus se battre. A quoi bon se battre ? Y'avait-il encore une bonne raison ici bas pour lutter ? Ne serait-ce pas plus simple de se laisser mourir ? Pourtant sa nature-même l'en empêchait. Elle ne pouvait pas se laisser faire, se laisser aller. Tôt ou tard sa soif de liberté et sa combativité reprendrait le dessus.

Quelques notes explicatives :

Adenor : D'un grand courage. Prénom breton. Sens pratique, caractère, enthousiasme, décision, communication.

Ugly : laid en anglais.

Ma fic se situe quelques années après que Draco ait quitté Poudlard. Lucius Malfoy n'est pas en prison, Voldemort est revenu plus tard que dans les livres de JKR et la guerre n'a commencé qu'il y a peu de temps. Beaucoup de changements donc, mais je tenais vraiment à écrire ma fic comme elle m'est venue une nuit. Et puis quand on fic, on fic, non ?