Le chapitre 10, puis le 11, puis un épilogue... et c'est terminé.

J'attends toujours vos reviews, on dirait que je ne suis pas très gâtée sur cette fic... apparemment vous préfériez Un Tournant Inattendu. J'avoue que moi aussi lol. Mais peut-être que la prochaine vous plaira davantage. Je suis en train d'essayer de la terminer ;-)

Chapitre X : Là où brûle le soufre

Severus, Draco et Adenor transplanèrent au ministère. Les Mangemorts avaient pris les travailleurs présents au ministère par surprise en arrivant la nuit, mais peu à peu du renfort arrivait, alors que la nouvelle se répandait dans les foyers sorciers de toute l'Angleterre. Et Poudlard, qu'en était-il de Poudlard ? Draco avait toujours cru que Poudlard serait la première cible, mais une école fermée et déserte perdait en importance. Si le ministère tombait, Poudlard tomberait. Prendre le ministère signifiait s'emparer de toutes les institutions, s'emparer du pouvoir, de tout le pouvoir. Côte-à-côte, ils pénétrèrent au coeur de la bataille, se disposant en triangle dos-à-dos afin de protéger mutuellement leurs arrières. Ils ne devaient pas se séparer, il fallait rester en formation, en aucun moment il ne fallait tourner le dos à l'ennemi.

Tous trois attaquaient habilement et défendaient d'autres combattants dès qu'ils le pouvaient. Ils maintenaient leur formation tant bien que mal. Les sorts fusaient de partout, la lutte était acharnée.

Adenor se défendait très bien, ses connaissances en sorts étaient solides et elle avait étudié des sorts anciens puissants il y a quelques années. Draco et Severus quant à eux mêlaient Magie Blanche et Noire sans distinction, leur unique but étant d'en neutraliser le plus possible, le plus rapidement possible. Ils se battaient sans scrupules, qu'importe si leurs sorts les paralysaient ou les blessaient de manière irrémédiable, il fallait les neutraliser un point c'est tout, mais les garder en vie pour que justice soit faite.

Dès qu'un d'entre eux était touché par un sort, un autre tentait de le soigner un peu tandis que le troisième continuait de repousser les attaquants ; mais ils ne pouvaient se soigner parfaitement et il fallait donc continuer de se battre en mettant de côté la douleur, en se concentrant sur les sorts. Au bout d'un moment, le combat était si féroce qu'ils n'avaient plus le temps de se soigner, il fallait contre-attaquer, contre-attaquer encore, ne pas les laisser prendre l'avantage en se relâchant une seconde. La sueur perlait sur leurs visages, leurs blessures se faisaient plus visibles, mais ils ne s'arrêtaient pas pour reprendre leur souffle. Tant qu'ils ne s'arrêtaient pas, ils pouvaient continuer. Ils furent séparés à un moment, Severus et Adenor demeurèrent ensemble, mais Draco fut hapé par la foule sans qu'ils ne puissent rien y faire. Ils le perdirent aussitôt de vue et ne purent aller le chercher, ils devaient continuer à repousser les sorts.

Draco se retrouva seul dans la bataille et ne pouvait compter plus que sur lui-même. Peu après, Severus et Adenor aussi furent séparés. Ils se retrouvaient seuls face à l'ennemi. Ce que Severus et Draco redoutaient le plus était de se retrouver face à un Mangemort qui attendait de pouvoir enfin se venger de leur trahison, vraiment se venger.

Néanmoins c'est Adenor qui fut la première en mauvaise posture, assaillie par plusieurs attaquants. Elle prit un sort de plein fouet mais continua de se battre vaillamment en repoussant les sorts comme elle le pouvait. C'est alors qu'Hermione arriva à ses côtés et après avoir rapidement échangé un sourire, elles se postèrent dos-à-dos pour se battre ensemble. Malheureusement, elles aussi furent séparées, et séparées à nouveau à chaque fois qu'elles se repositionnaient dos-à-dos. La bataille était un véritable tumulte, tous se heurtaient les uns aux autres, trébuchaient sur les corps, étaient aveuglés par les sorts. On pouvait presque sentir une odeur de soufre, comme un avant-goût de l'Enfer, dans la salle emplie de fumées oppressantes et étouffantes. Des sorciers tombaient, toujours plus nombreux, pourtant il semblait que la bataille jamais ne finirait, qu'ils étaient déjà dans les abysses à livrer un combat éternel où il n'y aurait pas de vainqueur. Oh oui c'était l'enfer, Adenor s'en souviendrait toujours ainsi. Dans plusieurs années elle pourrait encore sentir l'odeur des gaz lorsqu'elle se remémorerait cette nuit, elle sentirait encore la brûlure qu'ils provoquaient dans son nez et dans sa gorge, et elle sentirait encore ce sort qui l'atteignit en pleine poitrine. Adenor eut un court moment de conscience pendant lequel ses yeux cherchèrent frénétiquement Draco, mais elle n'eut pas le temps de le trouver, et elle tomba. Hermione, le visage marqué par la concentration et l'horreur, la vit tomber au milieu de la foule des combattants. Elle courut vers elle, les sorts sifflants dans ses oreilles. Elle souleva tant bien que mal le corps de la jeune française et la traina vers le bord de la salle. Elle ne pouvait pas la léviter, devant sans cesse lancer des sorts pour éloigner les ennemis qui bloquaient son passage ou qui l'attaquaient, de toutes parts. Oh oui c'était l'enfer. Les yeux brûlés par les fumées et les lumières des sorts, rendus brillants par la douleur des blessures et la détermination, Hermione avançait, lentement, pas à pas, la mâchoire serrée. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait cela, mais ne voyait pas pourquoi elle ne le ferait pas. Adenor en aurait fait autant, elle le savait. Comme Hermione l'aurait fait pour Ginny, pour Ron, pour Harry... Comme Remus le faisait à l'instant pour Draco, le défendant alors que celui-ci s'était effondré, le corps brisé. Comme Tonks qui se battait dos-à-dos avec Severus, Auror et Mangemort unis dans un seul et même combat.

Après avoir déposé le corps inerte d'Adenor, Hermione dut retourner dans le coeur de la bataille, l'abandonnant ainsi, incertaine de ce qui arriverait à présent à la jeune femme inconsciente. Elle retrouva Ron et Ginny qui se battaient ensemble et ils se prêtèrent mutuellement main forte. Puis soudain, comme tout avait commencé, tout s'arrêta. Il y eut une détonation et deux grands cris emplirent la salle de leurs échos. Tous les visages se tournèrent vers le Seigneur des Ténèbres et le Survivant. Tous deux étaient tombés et reposaient maintenant sur la pierre brûlante de la salle. Les Mangemorts restèrent paralysés un moment, puis, comme un homme, décidèrent de prendre la fuite. Cet instant d'inattention où ils baissèrent leur garde leur fut fatal. Partout dans la salle, des cordes jaillirent des baguettes et les Mangemorts tombèrent, ligotés, incapables de transplaner. Hermione et Ron coururent vers Harry. D'autres sorciers les imitèrent.

- « Il est mort. » dit un Auror. « Vous-Savez-Qui est mort. »
Un silence encore plus pesant s'abattit sur les combattants, qui se dévisageaient, incrédules. Severus souleva sa manche et regarda son bras. La tête de la Marque avait disparu, mais le serpent demeurait. Les marques ne disparaissaient jamais vraiment, pas les marques que nous laissaient nos choix et nos actions. Il abaissa sa baguette et alors de ses lèvres s'échappa un râle. Enfin il pouvait s'arrêter. Il tomba à genoux, son corps ne répondant plus à sa volonté. Il posa le front sur la pierre, puis s'effondra. Beaucoup tombèrent ainsi : déterminés pendant la bataille à ne pas flancher, ils ne pouvaient plus commander à leurs corps blessés de tenir encore ne serait-ce qu'une seconde.

D'autres attendaient, attendaient qu'ils leur disent si Harry... Ce fut un Dumbledore gravement blessé et affaibli qui s'agenouilla devant Harry et qui l'examina.

- « Il vit. » murmura-t-il. Ron et Hermione tombèrent dans les bras l'un de l'autre, Ginny éclata en sanglots compulsifs et soulagés et soudain la liesse s'empara des vainqueurs. Oui il y avait eu un vainqueur finalement. Les Aurors qui n'étaient pas trop gravement blessés emmenèrent les Mangemorts ligotés pour les mettre en cellule. Petit à petit, le monde des sorciers se relèverait et se reconstruirait. Des mois de batailles judiciaires s'annonçaient, des mois de reconstruction, mais enfin tous les espoirs étaient permis.

Les combattants valides s'occupèrent d'emmener les blessés à Sainte Mangouste, tandis que les corps étaient enveloppés magiquement en attendant de pouvoir être identifiés, puis mis en terre ou incinérés.

-§-

Adenor souleva difficilement ses paupières collées et les rabaissa aussitôt, la lumière était si vive. Elle cligna plusieurs fois des yeux et réussit à supporter l'éclairage. Après quelques minutes il lui sembla moins aggressif et elle promena son regard autour de la pièce où elle se trouvait. Une dizaine de lits étaient alignés de chaque côté de la salle, une salle tapissée de blanc et ornée de tableaux de mages au regard bienveillant, des guérisseurs. Bien qu'elle n'y ait jamais été, Adenor sut qu'elle se trouvait à Sainte Mangouste. Elle vit un journal posé sur une table de chevet. Ils avaient gagné. Elle ne bougea pas, elle ne s'en sentait pas la force, elle n'arrivait pas non plus à mettre de l'ordre dans ses idées et elle demeura ainsi, immobile. Une infirmière remarqua néanmoins qu'elle était éveillée et vint la voir.

- « Comment vous sentez-vous ? » lui demanda-t-elle avec un sourire.
- « Je... » Adenor ne savait pas quoi répondre et l'infirmière comprit son état de faiblesse. « Je sais pas trop. »
- « Rassurez-vous, vous reprendrez vite des forces. »
Il y eut un moment de silence pendant lequel Adenor essaya de revenir à la réalité, de sortir de sa torpeur. Et alors la réalité la frappa de plein fouet. Elle leva les yeux vers l'infirmière.
- « Comment avoir des nouvelles des autres ? »
Mais à cet instant un jeune homme de grande taille, à la chevelure dorée et au visage fin et pâle entra dans la salle. L'infirmière vit le regard d'Adenor briller et se retourna vers Draco. Elle lui sourit et s'éclipsa pour les laisser.
- « Draco, mon Draco, mon amour. » Des larmes coulèrent de ses yeux et Draco prit sa main dans la sienne, très délicatement. Il s'assit doucement sur le rebord du lit et la regarda, les yeux brillants. Le soulagement se lisait aussi dans son regard.
- « Tu iras bien maintenant, je suis tellement heureux ! »
- « Et toi, toi comment tu vas ? »
- « Tu vois bien je suis debout. »
Adenor le regarda d'un air inquiet.
- « Ca ne veut pas dire que tu vas bien... »
- « J'ai connu pire tu sais. »
Adenor se demanda comment quoi que ce soit pouvait être pire que cette bataille... Draco sembla deviner ses pensées car il lui dit :
- « Disons pour les blessures. »
- « Tu as été blessé alors. Tu es en bonne santé ? »
- « J'ai été inconscient une journée et alité plusieurs jours. Je ne marche pas très vite, mais je marche, et de mieux en mieux. Je m'en veux, je n'avais pas quitté ta chambre un instant, et c'est juste avant que tu te réveilles qu'on m'a persuadé d'aller me restaurer un peu au cinquième. J'aurais voulu être là quand tu te réveillerais. »
- « Mais tu es là Draco. C'est tout ce qui compte. Il faudra que tu me donnes des nouvelles de tout le monde, mais pour le moment il faut que je... » et elle s'endormit avant même de finir sa phrase. Il fallait qu'elle dorme oui. Draco demeura avec elle et s'absenta juste un moment pour aller demander des nouvelles de Severus. Celui-ci était soigné par Mme Pomfresh à Poudlard et était en bonne voie de guérison. Draco revint auprès de sa jeune épouse et s'assit sur une chaise près du lit. Il ne put dissimuler une grimace et porta la main à sa gorge. Il inspira profondément et son souffle se refit régulier.
- « Draco ? »
- « Je t'ai réveillée ? »
- « Non. Draco, qu'est-ce que tu as ? Dis-moi ce qui t'es arrivé. »
- « J'ai eu quelques contusions, comme nous tous, et mon genou a lâché en plein milieu du combat. J'ai alors pris un sort qui m'a un peu amoché le poumon, mais c'est presque arrangé, j'ai juste quelques pointes parfois. » Il préféra passer outre ses multiples fractures. Son corps avait été brisé en un sort, mais il était parfaitement remis.
Il lui donna alors des nouvelles des autres : Severus, Hermione, Remus... tous s'en étaient sortis, mais c'était loin d'être le cas de tout le monde. Il y avait des cérémonies tous les jours, tous les jours des morts étaient accompagnés vers leur dernière demeure par ceux qui devaient rester ici, sans eux. Draco lui demanda alors :
- « Tu as pu parler à une infirmière ou un guérisseur ? »
- « Non pas encore. Je sais qu'on doit passer m'examiner tout à l'heure, mais pour le moment on ne m'a rien dit. »
- « Tu sais quel sort tu as pris ? Granger m'a raconté qu'elle t'avait vue tomber. C'est elle qui t'a sortie du champ de bataille. Si j'avais su que je devrais la vie de la femme que j'aime à Hermione Granger. » Il sourit avec ironie, conscient de ses propres torts.
- « Il faudra que je la remercie. Je l'ai toujours appréciée, malgré vos histoires à Poudlard, d'ailleurs je l'ai toujours trouvée très correcte envers toi. »
- « Elle l'est. Elle l'est trop, c'est ça qui m'agace. Je ne lui ai pas demandé de bien me traiter après tout ce que je lui ai dit pendant sept ans. »
- « Le pardon est une grande force. » Adenor rit : « Il faudra que je me souvienne de ma propre sagesse, moi qui suis tellement rancunière. » Draco lui sourit et Adenor reprit. « Par contre, je ne sais pas quel sort j'ai pris. J'ai senti mon coeur s'arrêter, j'ai été consciente encore quelques secondes et après plus rien jusqu'à ce que je me réveille ici. »
Le coeur... il espérait qu'elle n'aurait pas de séquelles, ce serait tellement injuste !

-§-

Adenor put sortir de Sainte Mangouste la semaine suivante, avec pour ordre de fréquemment faire de longues marches pour muscler son coeur sans effort violent. Même un sorcier ne pouvait se remettre de certaines lésions au coeur. Draco était abattu mais n'en montra rien à Adenor. Si seulement il avait réussi à la dissuader d'aller au combat ! Elle ne méritait pas d'avoir un coeur fragile, d'être condamnée à toujours rester calme et à éviter les efforts et les émotions trop fortes. Sa jeune vie était déjà affaiblie, si tôt, si injustement. Son coeur, son coeur qu'il avait senti battre si fort cette nuit où il lui avait tout dit et où enfin ils s'étaient embrassés, son coeur qu'il avait senti battre si vite, si souvent, contre son torse... Adenor néanmoins le vivait très bien : elle n'avait jamais été quelqu'un qui avait besoin de courir à droite à gauche, d'être active, elle aimait le calme et était sereine de nature. Elle ne s'inquiétait pas, et lorsque Draco constata que rien n'avait changé dans le quotidien de la jeune femme ses inquiétudes et son sentiment de culpabilité s'atténuèrent quelque peu. Elle marchait dans la nature comme avant, le pas léger, elle peignait tranquillement dans son atelier, s'occupait de la maison sans mal, sortait boire un verre avec lui comme ils l'avaient fait auparavant. Cette épreuve eut également l'effet bénéfique de sortir Draco de l'état dans lequel il était depuis Azkaban. Elle avait été l'électrochoc dont il avait besoin pour passer à autre chose. La vie reprit ainsi son cours, semblable à ce qu'elle avait été avant son arrestation, semblable mais pas identique. Elle ne serait plus jamais la même, ils avaient changé, vieilli, ils avaient vu et vécu tant de choses qui avaient fini de les précipiter dans l'âge adulte. Tout cela leur avaient donné une certaine sagesse, que bien des adultes n'acquiéraient même jamais. Mais la vie avait des droits auxquels elle tenait et les fit rapidement valoir.