Entre quatre murs

Auteur : AnteDaemonia

Disclaiming : Oui, oui, je sais ! Rien ne m'appartient, blablabla…, et tout cet univers appartient à J.K.Rowling.

Genre : Fic Slash / Yaoi

Couple : HP / DM

Rating : R, et plus si possible…

Résumé : Et si Harry Potter devenait directeur de la prison d'Azkaban, pour protéger Severus Snape, emprisonné par le Ministère ? Et si, parmi les prisonniers, il retrouvait Draco Malfoy, incarcéré depuis 3 ans, victime de son père, de sa réputation, et de bien pire encore ?


Avertissement : Personne n'a été choqué que Harry s'envoie en l'air avec un inconnu d'un soir ? Et le jette ensuite sans remord ?!? Bon, ça prouve que vous êtes prêts pour la suite…Comme toujours, je tiens à préciser que cette fic comprendra des passages difficiles, un vocabulaire assez cru, et des scènes violentes. Mais les scènes les plus difficiles à supporter seront, dans la mesure du possible, vues du point de vue de la victime. Je n'ai pas l'intention de faire l'apologie de ce genre de comportement. Tout au contraire !

Réponses aux reviews :

Onarluca : merci beaucoup, Artemis. Toujours fidèle au poste, hein ? J'espère que ce chapitre te plaira, puisqu'il annonce les retrouvailles… Bon, il annonce aussi que Draco va souffrir… mais honnêtement, c'est aussi pour ça qu'on lit des fics, non ? Pour les voir souffrir… et se consoler mutuellement plus tard (dans le cas de cette fic, ce sera beaaaaaucoup plus tard !!) Bisous !

Lovely A : alors merci d'avoir pris le temps, et j'espère ne pas te décevoir avec la suite ! Ciao et bonne lecture !

BlackNemesis : hello et merci beaucoup pour tes compliments ! J'espère les mériter par la suite, et ne pas tomber dans le grossier ou le vulgaire. Pourtant, je vais profiter de cette fic pour me lâcher un peu. Il n'y aura pas de « Surveille ton vocabulaire, Potter ! » dans cette histoire, (Rhaa, et c'est dommage, j'aurais bien voulu l'inventer, cette réplique là !!!) comme tu vas rapidement le constater… Mais franchement, je suis très attachée à mon scénar, vraiment, ça me tient à cœur de pouvoir mener cette fic à terme. Je t'embrasse et à bientôt !

Dianou : une tonne de remerciements pour toi ! Ça me fait très plaisir, et j'espère que les chapitres qui suivront te plairont autant. Ils sont déjà écrits au brouillon, c'est pour ça que j'espère vous mettre les prochains chapitres assez rapidement, dès qu'ils seront recopiés ! Ciao.

Orphée Potter : hello ma chère. Eh bien oui, ta mémoire ne t'a pas trahie, j'avais projeté de n'avoir qu'une seule fic en cours pour ne pas être dépassée par les événements. Et puis ensuite, j'ai tardé un peu à updater Noël au Manoir, et du coup, ce premier chapitre de Entre 4 murs était une manière de me faire pardonner… et puis j'en mourrais d'envie aussi, de le voir enfin sur le site !! Et pardon d'avance pour toutes les horreurs que va subir le ch'ti blond… Et pour le comportement de crétin que va avoir le ch'ti brun… Bye !

Crazysnape : coucou toi ! Si tu plains tout le monde dès le premier chapitre, je crains que les suivants ne soient pires !!! Les petites fleurs roses et le son de la harpe, ce sera pas pour cette fic là, désolée… Comme tu vas sans doute le remarquer, dans cette fic, il y aura de très nombreux flash back (je ferai de mon mieux pour que ça reste compréhensible…) donc, oui, on va petit à petit être amené à savoir comment se sont passées ces trois années, et même on saura pleins de choses sur ce qu'a fait Draco pendant les deux ans avant la chute de Voldy… et sur ce qu'il a vécu étant jeune… Heu, oui, je te préviens d'avance, il sera question d'abus, de viols, et de choses pas drôles du tout… Je t'encourage quand même à me lire, je t'assure que je ne tomberai jamais dans la complaisance malsaine. Ciao !

Lyrinn : tu n'es pas obligée de faire court, j'adore les longues reviews !! Merci, je suis contente que l'idée te plaise, et j'espère qu'il en sera de même pour l'histoire. A bientôt et bonne lecture !

Dark Lizard : merci et ravie que l'idée t'ai plu. C'est une des raisons pour lesquelles écrire cette histoire me plait bien, c'est que je ne suis pas influencée par des fics que j'aurais déjà lu sur le sujet : je te donne un exemple : essaie de faire une fic sur un Draco Veela sans faire aucune référence à Magnetic Attraction : im-po-ssi-ble !! Même en essayant de toutes mes forces, je me retrouve à avoir envie d'utiliser les termes « héritage veela », ou des trucs comme ça… Alors que là, que ce soit en français ou en anglais, je n'ai pas connaissance d'un Harry directeur d'Azkaban. Donc je m'éclate, et j'espère que toi aussi ! Ciao !

Drakynouchette : et voilà la suite !! J'espère que l'attente n'aura pas été trop longue… Bonne lecture, et à la prochaine !

Sahada : merci de ton message. J'espère que la suite est convaincante, et que tu vas apprécier. Les choses se mettent en place doucement, mais sûrement ! Bonne lecture !

Vif d'or : salut ma chère, et mon talent, si talent il y a, n'est que le fruit du travail ! Sans blague, le vieil adage est vrai : un pour cent d'inspiration, 99 pour cent de transpiration !! (Beeeurk ! j'vais aller prendre une douche… A deux heures du mat' ? Ben ouais…) Plus j'écris, plus les mots viennent rapidement et facilement. En ce moment, je n'ai aucun mal à écrire les dialogues : ils s'écrivent tout seuls !!! J'espère que cette brusque poussée d'inspiration ne va pas s'arrêter… En tout cas je t'assure que Harry va Vraiment être un con fini au début… Merci infiniment pour tes compliments, et je t'embrasse !

Oxaline : hello toi !! Tu sais ce que j'adore chez toi ? C'est ton enthousiasme !! Rien qu'en lisant tes reviews, tu transmets de l'énergie !! Pour Harry, tu as complètement raison, il va changer… au bout d'un moment. Mais pour l'instant, je te prie de croire qu'il va vous énerver avec son comportement à la con !!! Euh, oui, si Bibiche est blond, c'est probablement pour une toute petite raison que Harry ne s'avoue pas vraiment… Mais va lui expliquer ça, toi !!! Y'en a qui sont obtus…

Minerve : je ne peux qu'acquiescer à ta remarque !! Oui, je le répèterai plusieurs fois dans cette fic pour que ce soit bien clair : Draco n'était pas Mangemort, il n'avait pas la marque, et le tribunal qui l'a condamné a appliqué la très célèbre Loi du « Je suis le plus fort et j'ai finalement gagné, donc je me comporte comme je veux et j'abuse de mon pouvoir » Hélas, c'est un comportement trop fréquent : tu l'as dit toi-même, il suffit d'être arabe ou noir pour l'apprendre à ses dépends ! Surtout par les temps qui courent… Ah, merde, j'ai encore recommencé à parler politique… désolée, c'est plus fort que moi…

Maria : euh, je dirais plutôt que dans ma fic, Harry est une espèce de crétin sans cervelle qui assouvit ses pulsions sexuelles mais ne tient pas vraiment compte de ses partenaires. Il est adulé, admiré, et dans un certain sens, il s'en fout, parce qu'il a une très mauvaise opinion de tout le monde, mis à part son cercle restreint d'amis. Comme tu t'en doutes, les retrouvailles avec Draco vont le secouer un peu. Bref, tout ça, tu le découvriras au fur et à mesure. Ciao et merci de m'avoir donné ton avis pour mes fics : les deux pour lesquelles tu as voté sont déjà en ligne, j'espère donc que tu me liras régulièrement !

Soal : merci beaucoup, j'espère que ce second chapitre sera à la hauteur de tes attentes !! Bonne lecture et à bientôt !


Chapitre deux : premier contact avec l'enfer

« Bienvenu, monsieur le Directeur ».

L'homme qui l'avait accueilli lorsque le Portoloin l'avait déposé était massif et court sur pattes. Sa tête semblait plantée directement sur ses épaules de déménageur, et son regard était effrayant de bêtise. En un sens, Harry crut avoir affaire à une sorte de clone de Vernon Dursley, son oncle honnis.

Putain, ça fait des mois que j'avais pas pensé à ce gros porc et à sa famille de débiles. 'Me demande ce qu'il devient. J'espère que sa fabrique de perceuses a fait faillite, tiens…

Harry Potter avança un peu et sortit du renfoncement rocheux dont les Portoloins usagés parsemaient le sol sableux. C'était le début de l'après midi, et dans le monde sorcier, les éditions du matin des journaux répandaient la Grande Nouvelle : Celui-Qui-A-Vaincu avait enfin accepté de s'occuper d'Azkaban. Désormais, les braves sorciers pouvaient dormir tranquilles, le Survivant veillait sur leur sommeil.

Le Ministre Gordon avait accueilli cette nouvelle du bout des lèvres : visiblement, il était assez intelligent pour comprendre que l'incarcération de Severus Snape était la raison du revirement de Harry Potter. Et la haine qu'il entretenait vis-à-vis de tout ce qui ressemblait – de près ou de loin – à un Mangemort, lui interdisait à jamais de comprendre pourquoi les membres de l'Ordre du Phoenix soutenaient un être qui portait la Marque Infamante sur son avant bras.

Connard, connard, connard, c'est parce que tu ne comprends rien que je me retrouve sur cette île…

Merde, c'est vraiment le début de l'après midi ? pensa Harry en jetant un coup d'œil au ciel qui pesait lourdement au dessus de sa tête. Il y avait si peu de lumière qu'on se serait cru au crépuscule.

« Si vous voulez bien me suivre, monsieur le directeur. Je m'appelle Dockins », dit le Gardien en tendant une main rugueuse. « C'est un honneur de rencontrer celui qui a défait le chef de cette bande d'enculés ».

Harry haussa les sourcils. Avait-il bien entendu ? C'est pas tous les jours qu'il entendait parler des Mangemorts de cette manière. En réalité, la plupart des sorciers, même trois ans après la fin de la Guerre, montraient encore une espèce de terreur respectueuse pour le Seigneur des Ténèbres et ses suivants. On les haïssait, mais on ne les insultait pas ouvertement, comme si les provoquer pouvait les faire revenir au pouvoir. Une sorte de superstition. D'ailleurs, Harry continuait à provoquer le malaise lorsqu'il prononçait le nom de Voldemort. Plutôt drôle comme trois syllabes pouvaient casser une ambiance…

« Content de travailler avec vous, Dockins », répondit simplement Harry en serrant la main tendue. « Depuis combien de temps êtes vous Gardien ici ? »

« Depuis que le Ministère a récupéré Azkaban, monsieur le directeur. J'ai été l'un des premiers Matraqueurs à être affecté à la prison. A l'époque, y'avait pas plus de 10 enculés dans les geôles. Maintenant, ils sont 684, dont 71 salopes. Mais le Gardien Chef Hubb vous dira ça mieux que moi… »

Enculés ? Salopes ? Est-ce que cet abruti se croyait malin à parler comme ça ? Pourquoi Harry avait-il l'impression qu'il n'allait pas beaucoup aimer ses nouveaux collègues ?

Sans doute parce que j'ai encore en tête les paroles d'Hermione.

« Les Matraqueurs ne se comportent pas mieux que les prisonniers qu'ils gardent. Ils sont cruels, sadiques, avides d'exercer leur pouvoir sur des sorciers déchus. La plupart des Matraqueurs sont de quasi-cracmols, ou des sorciers sans envergure, mais au lieu d'essayer de s'améliorer, ils sont envieux et jaloux : si un sorcier est puissant, ils lui lèchent les pompes, mais s'il montre un signe de faiblesse, ils se comporteront comme des vautours ».

« Tu exagère peut être, Hermione. Après tout, les Matraqueurs sont des employés du Ministère… »

« Oh merde, Harry. Tu n'as pas encore compris, avec ce qui arrive à Snape ? Ce Ministère est corrompu. Au lieu de rétablir la justice, depuis trois ans, Gordon et ses sbires perpétuent un système inique, se contentent de basses vengeances… et de s'en mettre plein les poches.

« C'est vrai qu'il faut être aveugle pour ne pas s'en apercevoir », ajouta Rémus Lupin, qui avait écouté jusque là sans intervenir. « De nombreuses familles de Sang Pur qui avaient choisi le camp de Voldemort ont été décimées. Les survivants sont à Azkaban jusqu'à leur mort… et tous leurs biens sont entre les mains du Ministère ! »

« Et ces hommes, Gordon en tête, en profitent pour s'enrichir grassement. Les biens de la famille Rogue ont été confisqués, et Severus n'a plus rien ».

« Il parait que les Malfoy n'ont rien perdu, même derrière les barreaux », grogna Ron en tripotant sa cicatrice.

« Narcissa Malfoy a été innocentée, et c'est elle qui garde les possessions pour son fils ».

Ouais. Cette petite conversation initiée par la prudente Hermione avait clairement anéanti le peu d'estime que Harry pouvait avoir pour les Matraqueurs… qui tiraient leur nom de l'emploi assez peu orthodoxe de leur baguette. Magiquement faibles, ils s'en servaient comme matraque pour frapper et humilier les détenus.

Plongé dans ses réflexions, Harry avait suivi Dockins le long d'un sentier qui les avait fait quitter la plage de sable noir, et avait gravi une petite falaise aux rochers pointus. Quelques albatros dans le ciel lancèrent leur plainte suraigue, et Harry s'arrêta un instant pour embrasser du regard le paysage désolé qui était désormais son territoire.

« Vous inquiétez pas, Directeur Potter, on s'y fait », ricana le gros lourdaud qui l'accompagnait, et Harry dut se retenir de ne pas lui faire goûter de ses sortilèges d'attaque.

Au milieu d'une sorte de plateau rocheux, où poussaient juste quelques touffes d'herbes jaunies, s'élevaient de hautes murailles de pierre grise, seulement percées de rares ouvertures. A chaque angle, une tourelle gagnait encore quelques mètres sur le ciel, ses mâchicoulis aux formes compliqués rompant avec la monotonie de la pierre brute. Sur l'un des côtés néanmoins, celui donnant sur l'océan en furie, le mur s'avançait en une étrange terrasse (la magie devait avoir quelque chose à faire là dedans, sinon la pierre en porte à faux dans le vide se serait écroulée 30 mètres plus bas, au sol) tandis que de vastes fenêtres en forme d'ogives reflétaient le ciel gris sur leur vitrage.

« Ce sont vos appartements, monsieur le directeur », glissa Dockins en notant le regard intéressé de Harry Potter.

« Oh »

Ca, c'était cool. Il avait hâte de voir à quoi ça pouvait ressembler. Il devrait sans doute redécorer. Après tout, le directeur précédent était un ex-Auror octogénaire dont les rhumatismes n'avaient pas supportés le climat…

Après quelques minutes de marche silencieuse, pendant lesquelles Dockins jetait de petits coups d'oeil furtifs à son nouveau et jeune patron, ils arrivèrent au pied des murailles. Le Gardien frappa au portail d'entrée, et Harry, une pointe d'appréhension lui tordant l'estomac, passa finalement les portes massives dont le bois renforcé de métal était aussi noir que les âmes enfermées sur cette île.

Albus… C'est dans des moments comme ceux là que vous me manquez le plus. Que m'auriez vous conseillé ? Putain, je sais même pas diriger ma propre vie sans faire de conneries… Alors diriger cette prison… ?

Un couloir sombre. Quelques portes aux barreaux épais. Et puis les premiers gardiens vinrent à sa rencontre. L'un après l'autre, il leur serra la main, observant les visages durs, les sourires faux, les trousseaux de clé qui tintaient aux ceintures.

« Directeur Potter ! Je suis le Gardien Chef Hubb, mais vous pouvez m'appeler Chef, ou Hubb ».

Harry regarda l'homme qui s'était avancé. Une quarantaine d'années, le teint hâlé, la carrure imposante, le visage large et taillé à coup de couteau. Ouais, l'homme pouvait paraître imposant. Et une subtile lueur de malice brillait au fond de ses petits yeux enfoncés. Le chef des Matraqueurs était sûrement plus intelligent que la moyenne.

« Eh bien Hubb, j'espère que la décision du Ministère ne vous prend pas trop au dépourvu. On m'a dit que c'est vous qui tenez cette prison à bout de bras depuis 4 mois qu'il n'y a plus de directeur… »

L'homme plus âgé le dévisagea en souriant à demi. Mais ses yeux, eux, étaient mortellement sérieux.

« Pour être franc, cela fait deux semaines que je m'attends à votre nomination, fit le Matraqueur en chef en faisant signe à Harry de le suivre. Celui ci prit la peine de paraître étonné. Ouais. L'homme était vraiment plus intelligent que la moyenne, et il semblait conscient de sa supériorité.

Et bien tant mieux. Comme ça, ce sera à lui d'expliquer aux autres Gardiens pourquoi Severus va bénéficier d'un traitement de faveur.

« Le nouveau pensionnaire, à cause duquel vous êtes ici, est arrivé ce matin. Ce n'est pas un facile… » continua le Chef Hubb.

« Il ne l'a jamais été. J'aurais été déçu que trois ans de cavale le changent », grinça Harry.

« Vous… le Ministère m'a prévenu, monsieur Potter. Vous allez protéger ce bâtard graisseux ? »

« … C'est marrant. C'est comme ça qu'on l'appelait à Poudlard ».

« Je sais. Dans sa jeunesse aussi on l'appelait comme ça. J'étais en première année lorsqu'il était en cinquième ».

« Oooh ». Cette fois, Harry fut étonné pour de bon. « Vous êtes un ancien étudiant de Poudlard ? Quelle Maison ? »

« Serdaigle ».

Alors là, c'était surprenant. Peut être que tous les Matraqueurs n'étaient pas des Cracmols alors… Il faudrait qu'il demande plus de détail à Hermione à l'occasion. Elle était sûrement celle qui se tenait le plus au courant de la vie politique sorcière.

Hubb fit ouvrir une dernière porte. Ils avaient parcouru un nombre incalculable de couloirs et d'escaliers, et autant que Harry puisse en juger, ils étaient maintenant sous le niveau du sol. Les murs laissaient suinter le froid et l'humidité, et les rares volets de bois qui fermaient certaines pièces pourrissaient lentement dans une odeur étouffante.

La pièce dans laquelle les deux hommes rentrèrent était vaste, et haute de plafond. C'était une sorte de réfectoire aux murs nus et glacés, avec juste deux portes. La première, qu'ils venaient de passer, et la seconde, sur le mur opposé, nantie de barreaux épais. Des voûtes de pierre se croisaient au dessus de leurs têtes, tandis qu'à cinq ou six mètres du sol, un chemin de ronde étroit permettait à plusieurs hommes de patrouiller, leur baguette magique sortie, prête à l'emploi.

La plupart des Gardiens présents se mirent au garde à vous. Mais ils ne représentaient qu'une minorité de la foule compacte qui attendait.

Une foule silencieuse et hostile.

Une mer de visages haineux, sombres, méprisants, surnageant de robes grisâtres qui devaient laisser passer le froid.

Haut les cœurs. Voici le nouveau spectacle du monde magique : le lâcher de Potter dans l'arène des Mangemorts…

Heureusement, nota Harry avant que la panique ne le submerge, les prisonniers avaient été entravés. De longues chaînes d'acier couraient sur le sol, et chaque Mangemort avait à la cheville un bracelet d'acier dont l'anneau laissait passer la chaîne. Et les chaînes, remarqua le nouveau directeur d'Azkaban, étaient scellées dans le mur.

Bien. Ca vaut mieux pour ma petite peau de bébé. Parce que même avec une baguette et toute ma magie, je pourrais difficilement survivre à un demi millier de poings et de pieds s'acharnant à me détruire…

Les Mangemorts avaient été répartis en deux groupes : celui des femmes, nettement moins important en nombre, se trouvait à sa droite. Et Harry frissonna en croisant le regard meurtrier de Bellatrix Lestranges : la folie était tapie au fond de ses yeux gris bleus. Des yeux hypnotisants, qui par certains côtés, ressemblaient tellement à ceux de son défunt cousin Sirius… Un courant de haine parcourut Harry. Comme un frisson glacé dans son échine. Comme une bête insidieuse qui lui grignotait l'estomac. Même après tant d'années, il se sentait encore capable de haïr au point de détruire.

Et puis à sa gauche, son attention fut attirée par une silhouette décharnée, pâle, mais qui se tenait exceptionnellement droite dans sa robe grise et informe…

« Severus !! » cria t-il. « Oh putain Severus, c'est bon de te revoir, vieille branche ! »

La silhouette se raidit, et l'homme sembla outré sous les mèches noires et encrassées qui retombaient autour du visage pâle.

Harry se précipita vers le professeur Snape, qui avait été attaché en bout de rangée, à proximité des gardiens attentifs. Le nouveau prisonnier n'était pas en odeur de sainteté auprès des détenus. Visiblement l'assurance du Ministère sur sa culpabilité n'avait pas convaincu ceux qui l'avaient vu combattre du côté de l'Ordre du Phoenix.

« Monsieur Potter », susurra doucement l'ancien Maître des Potions en se dégageant de l'étreinte amicale qu'il venait de recevoir. « Toujours là où on ne vous attend pas… »

« Quoi ? Tu vas m'appeler monsieur Potter ? Et pourquoi pas monsieur le Directeur tant qu'on y est ? Vraiment Severus, c'est n'importe quoi…»

L'homme sourit. Pour la première fois depuis deux semaines, son avenir semblait s'arranger très (très) légèrement.

« Eh bien Harry, je n'étais pas sûr que tu n'aies pas pris la grosse tête. Après tout, pour un Gryffondor infatué de sa personne, devenir directeur d'Azkaban peut s'apparenter à une progression inespérée sur l'échelle sociale »

« Gnagnagna ! » répondit le dit Gryffondor, toujours aussi éloquent. Puis, devant le sourcil levé de son ancien professeur, il approfondit sa réponse. « Toujours le mot pour rire, Severus. Tu parles d'une progression. C'est Minerva, Remus, Hermione et les autres qui m'ont poussé devant. Ils m'ont littéralement jeté dans cet… cet… Beeerk, je sais même pas nommer ça ! » Ses mains terminèrent leur course dans la tignasse noire qu'il n'avait jamais su ordonner, et y mirent un peu plus le bazar encore.

« Une prison semble être le terme correct. »

« Toi, Severus, tu ferais bien de ne pas me chercher », fit le jeune homme en lui balançant un index sous le nez. « Je suis là pour m'occuper de ton cas, je te signale, alors il va falloir être trèèèès gentil avec moi… »

« Des propositions Potter ? » Le ton de Severus était gentiment moqueur, et Harry explosa de rire.

« Je t'en prie ! Même pas en rêve ! J'ai déjà eu assez de cauchemar dans ma vie à cause de Voldemort. »

Une onde glacée parcourut l'assistance. Le nom interdit faisait toujours son petit effet.

« Hum… Directeur Potter. » La voix de Hubb retentit dans son dos. Il était visiblement assez contrarié que le nouveau prisonnier soit plus important que lui.

« Ah. Chef Hubb. Venez donc ici et faites ôter ses chaînes à monsieur Snape. Nous allons voir ensemble à ce que sa détention se passe dans des conditions particulières ». Puis il se tourna vers Severus. « Je t'aurais bien fait évader direct, mais si c'est pour être en cavale avec toi, je crois que tu deviendrais fou au bout d'une heure. Je ne suis pas un bon compagnon de fuite, crois moi ! »

« Honnêtement Harry, si nous devions être en cavale ensemble, je crois que je préfèrerais recevoir le baiser du Détraqueur… »

Un petit sifflement impatient lui répondit, et Severus haussa encore une fois les sourcils avec surprise.

« Voldemort te passe le bonjour », rigola Harry en baissant soudain les yeux vers l'encolure de sa robe. Il ne prêta pas attention au nouveau courant de malaise qui parcourut la foule des Mangemorts et des Gardiens.

« Oh, douce Circée! » s'écria Severus. "Ne me dit pas que tu as encore cette infernale bestiole avec toi ? »

Harry rit encore plus fort, et pinçant ses lèvres, il siffla à son tour. Le son du Fourchelangue fit grimacer de nombreux Mangemorts. Certains se bouchèrent même les oreilles.

Un nouveau sifflement, et la tête d'un petit serpent albinos apparut près de la clavicule de Harry, progressa lentement autour de son cou pour s'y enrouler, fit un tour complet, puis darda une petite langue fourchue en direction de Severus.

Hubb, ainsi que plusieurs gardiens, avaient instinctivement reculés de plusieurs pas, leurs yeux menaçant de sortir de leurs orbites.

« Voldemort a reconnu ton odeur. Et il dit qu'il se souvient parfaitement de toi. Il veut que tu le prennes dans tes mains ».

Severux Snape soupira. Avoir adopté un serpent blafard aux yeux rouges et l'avoir appelé Voldemort. Il n'y avait guère que Harry Potter pour avoir un goût aussi douteux. Mais le petit animal lui avait manqué. Quand Harry l'avait trouvée, la petite couleuvre dont l'unique attribut magique était de produire par son venin une liqueur d'Oubli, était mal en point. Le jeune reptile, blessé, était moribond, et Severus l'avait aidé à le soigner.

Il tendit sa main, et le serpent blanc s'y glissa facilement, ses écailles souples et tièdes lui chatouillant le bras.

« Vraiment, tu sais t'y prendre avec Voldemort. Moi, il passe tout son temps à m'embêter. Et puis il cause ! Il cause !... »


Draco n'en revenait pas. Ses yeux d'un gris délavé ne quittaient pas la silhouette souple et athlétique de Potter, le détaillant avec consternation. Non pas qu'il fut aussi mal habillé qu'il en avait eu l'habitude à l'époque de Poudlard. Tout au contraire. Sous sa cape d'un gris anthracite rehaussée d'un liseré argenté, sa robe de sorcier d'un pourpre soutenu tombait parfaitement sur ses épaules, les manches un peu évasées étaient finement brodées, et l'ourlet du bas de la robe touchait le sol sans traîner à terre. Une étoffe luxueuse, une coupe sur mesure. Draco aurait presque pu dire de quel tailleur du Chemin de Traverse sortait l'ensemble. Après tout, cela avait fait parti de son éducation : on lui avait enseigné à prendre soin des détails qui pouvaient faire la différence entre une personne digne d'être fréquentée et un imposteur. Et parmi ces infimes détails, la coupe d'un vêtement, la qualité d'un bijou, ou simplement le vocabulaire employé faisait rapidement la différence.

Ce qui consternait le jeune prisonnier blond, à l'heure actuelle, hormis de constater que Potter n'avait fait aucune faute de goût dans sa tenue, et mise à part l'idée lancinante – et un peu dérangeante – que Potter n'était pas mal du tout, voir même tout à fait baisable, c'était que son ennemi juré venait d'être nommé Directeur de la prison.

Et ça, c'était tout bonnement terrifiant. Si seulement Snape avait pu attendre un an de plus avant de se faire attraper. Car il ne restait plus qu'une année à Draco avant d'arriver au terme de sa peine et d'être relâché. Si seulement Potter avait pu différer sa nomination d'une petite année, pour qu'ils n'aient pas à se croiser…

Du diable si je survis à ça ! Potter directeur… Il va se venger, maintenant, c'est sûr. Si j'étais à sa place, c'est ce que je ferais. Je me vengerais de la plus horrible des manières. Des tortures raffinées, des humiliations continues. Je passerais ma rage sur eux, sur eux tous…

Draco fut soudain pris d'une bouffée de honte. Son ennemi le plus acharné, celui qu'il avait passé toute sa scolarité à humilier, se moquant sans cesse de son look, de sa cicatrice, de ses amis, allait pouvoir admirer l'étendue de la déchéance des Malfoy. Draco resserra instinctivement les bras autour de sa poitrine, comprimant le fin tissu de sa robe élimée contre son corps, essayant désespérément de glaner un peu de chaleur. Où était-elle donc passée, l'époque où la moindre de ses robes d'uniforme valait le prix de la masure des Weasley ? Où étaient donc passées son arrogance et sa fierté de Sang Pur ?

Les cachots étaient humides et froids. Et un courant d'air glacé parcourait les couloirs de pierre grise, ne laissant subsister aucune parcelle de confort. Même l'été, lorsque le soleil parvenait à réchauffer les niveaux supérieurs de la prison, les cellules de certains détenus restaient irrémédiablement froides, comme si même l'espoir les avait quittées. En trois ans, Draco avait l'impression qu'il avait perdu à jamais tout pouvoir de ressentir le chaud, ou le doux, ou le bon. Tout n'était que ténèbres, désespoir, et…remords…

Remords. Pour tout ce que j'aurais pu être, et que je ne serai jamais... Antinéa, j'ai besoin de toi. Je ne peux survivre à tout ça si tu n'es pas là pour moi.

Draco observa avec attention et envie Harry Potter se précipiter vers le Maître des Potions. Tout à l'heure, en apercevant la longue silhouette sèche de Severus Snape, Draco avait été pris d'un fol espoir. Etait-il possible que son ancien directeur de Maison devienne un… ami ? Un proche ? Quelqu'un avec qui il pourrait parler ? Bien sûr Draco savait que Severus était un traître qui avait espionné pour l'Ordre du Phoenix. Plusieurs anciens Mangemorts avaient ri en entendant sa condamnation par le tribunal. Ils considéraient comme une juste punition que le traître leur soit remis… Ils espéraient en finir avec lui rapidement, et de la manière la plus douloureuse possible.

Alors s'approcher de lui était l'équivalent d'un suicide.

Non, Draco. Non. Tu n'auras pas d'amis. Pas de réconfort. Voilà ta punition pour tous tes mauvais choix. Je récolte ce que j'ai semé, voilà la vérité. Pourquoi quelqu'un voudrait-il être proche de moi ? Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Regarde moi, Potter. Regarde moi et moque toi. Car aujourd'hui mon aspect extérieur reflète avec vérité ce que je suis intérieurement. Regarde moi Harry. Vois comme la roue a tourné… Tu es au sommet et je suis dans la fange. Tu es dans la lumière et je suis dans l'obscurité…

Il écouta Harry rire, et Severus se moquer. Il sentit son père, Lucius Malfoy, se tendre de rage à ses côtés. Il entendit les reniflements de dépit de Lestranges, et quelques mauvaises remarques de McNair.

Potter était proche de Severus Snape ? Alors là, la Terre pouvait s'arrêter de tourner. Draco n'imaginait pas être un jour témoin d'un truc pareil. Mais il y avait une telle complicité qui passait entre eux. Qu'avaient-ils partagé ensemble pour en arriver à ce niveau de confiance réciproque ?

Lorsque Potter prononça le nom du Lord Noir, Draco sentit avec acuité l'onde de terreur qui agita les rangs des Mangemorts. La plupart d'entre eux n'osaient toujours pas prononcer le nom du Maître.

Quand Potter parla Fourchelangue, Draco sentit son père trembler, les genoux soudain faibles, et il tendit instinctivement le bras pour le soutenir. Lucius Malfoy grogna, lui jeta un regard de pure haine, et se détourna.

Quelques heures plus tôt, alors que l'aube peinait à se lever derrière les lourds nuages, les Matraqueurs avaient réveillé sans ménagement les prisonniers qui dormaient dans leurs cellules sordides. Frappant sur les barreaux, criant beaucoup, insultant, ils avaient réuni les Mangemorts en une longue file et les avaient enchaînés.

D'un signe discret, Lucius Malfoy avait indiqué à l'un des Gardiens de s'approcher. L'homme s'appelait O'Reilly, et pour son malheur, Draco le connaissait fort bien.

« Me diras tu ce qu'il se passe, O'Reilly » avait demandé Lucius à voix basse.

« C'est pas le moment, Malfoy » avait répondu l'autre d'un ton bourru. « Ferme la et obéit pour l'instant. Hubb vous veut tous en rang dans le réfectoire. »

« Allons, ne fuis pas comme si tu avais le diable aux trousses. Tu sais trouver le temps lorsque tu en as envie, non ? » avait murmuré Lucius en souriant à demi. Et son sourire aurait presque pu paraître charmeur s'il n'avait été démenti par l'éclat inquiétant de ses prunelles grises.

Le Matraqueur s'était arrêté, et avait coulé un regard appréciateur vers la silhouette de Draco, qui se tenait au côté de son père, le buste droit et le menton relevé par défi. Ses cheveux, qui lui tombaient jusque dans le creux des reins en une pluie d'or, le drapaient d'une auréole lumineuse, et le faisaient paraître plus fragile qu'il ne l'était.

« Mmmh. Malfoy. Tu as des arguments imparables, je dois dire. Eh bien je te parlerai bien de ce qui se passe, mais je n'aurai pas le temps de… m'occuper de ton fils. Donne moi ta parole de Sang Pur que je pourrai l'avoir ce soir… »

Lucius avait acquiescé sans même jeter un coup d'œil à son héritier, qui avait contracté légèrement les mâchoires.

« Tu as ma parole. Tu pourras venir réclamer ton dû ce soir ».

O'Reilly s'était léché les lèvres avec envie, se retenant à peine de se jeter sur le jeune homme blond dont les yeux gris le regardaient sans le voir. Si froid. Si distant. Mais si doué de sa bouche et de ses mains…

« Le Chef Hubb a eu un hibou ce matin du Ministère. Nous allons avoir un nouveau Directeur, et pas n'importe qui. »

Les Mangemorts l'écoutaient avec attention. Même Draco était vigilant. On ne faisait pas sortir les détenus des cellules à moins d'un événement important. Une punition. Ou un discours.

« Celui-Qui-A-Vaincu a accepté le poste de directeur d'Azkaban. Il arrive aujourd'hui. »

Maintenant Potter était là. A quelques mètres de lui. Si sûr de lui. Si plein de vie et… de charme.

Toujours aussi décoiffé. Est-ce qu'il le fait exprès pour se donner un look ? Quel effet ça doit faire de passer ses doigts dans ces mèches folles…

Draco se secoua mentalement. Il n'était pas bon de penser à de telles choses. C'était… dangereux.

Entre les mains de Snape, un petit serpent blanc s'enroulait tranquillement, et Draco le regarda avec un ricanement intérieur. Ouais, c'était vraiment du Potter tout craché. Appeler un serpent comme V…Vold… comme le Lord Noir. Irrespectueux jusqu'à la provocation.

« Ca alors !! » Un cri enthousiaste tira Draco de ses pensées. Harry Potter s'était arrêté brusquement, et regardait d'un air amusé les deux Malfoy, enchaînés devant lui. Il s'approcha des deux blonds, et les dévisagea avec un brin d'arrogance.

De l'arrogance chez Potter ? Eh bien le petit Gryffondor a bien changé. Je me demande ce qu'il y a d'autre de différent chez lui.

« Malfoy, Père et… fille ? » rigola Harry en se plantant devant le rang de Mangemorts.


Quoiiii ??? Je ne veux pas vous fatiguer dans votre lecture, c'est pour ça que j'arrête là. Nan, c'est pas vrai. C'est parce que j'ai la flemme de recopier le reste… Et je dois avouer que c'est peut être pas l'endroit idéal pour arrêter un chapitre. Mais que ça ne vous empêche pas de donner votre avis. Après tout, il y a beaucoup d'informations dans ce chapitre…

Ciao ! Et bonnes fêtes de fin d'années ! J'updaterai peut être avant le 31…