Contribution : Isa'ralia Faradien
#12 - Chapitre n°11 : Déesses et Valkyries
Hela retourna donc sur Asgard pour faire son rapport, mais ne repartit pas pour sa prochaine destination, à sa plus grande frustration.
Odin avait décidé d'une pause dans la conquête effrénée des Neuf Royaumes. Les bataillons resteraient en caserne, mais le Roi n'allait pas les laisser sans aucune occupation pour autant.
Ses meilleurs soldats allaient entraîner une toute nouvelle légion, dont Odin avait finalement arraché l'autorisation de la créer.
Une légion de guerrières. Une Légion de Valkyries.
Pendant que les autres soldats formeraient les nouvelles recrues masculines, Hela et quelques uns s'occuperaient de transformer une centaine de femmes asgardiennes volontaires en guerrières d'élite.
L'Exécutrice allait prendre cette tâche très au sérieux, trop heureuse de cette nouvelle opportunité de porter un coup douloureux à la société patriarcale qui avait toujours tenté de l'entraver dans sa soif de guerre.
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La Reine Wisna fit irruption dans la salle de méditation de son époux. Odin soupira, se préparant mentalement à entendre de nouvelles jérémiades, comme c'était le cas depuis quelques jours déjà, sur la place d'une femme asgardienne respectable : « dans le confort du foyer, pas dans l'atmosphère viciée d'un champ de bataille ! »
Mais Wisna ne venait pas pour débattre sur les Valkyries, même si le sujet de sa présence concernait toutefois une guerrière.
- Mon Roi, j'ai entendu des rumeurs, et elles m'inquiètent au plus haut point, déclara-t-elle.
- Qu'avez-vous donc entendu, ma Reine ? s'enquit poliment Odin.
- Il se murmure qu'en plus de la création de cette Légion de Valkyries, vous projetteriez de nommer notre Hela comme Déesse de la Guerre ! Si cela s'avère vrai, vous connaissez déjà mon point de vue sur la question. Ce serait...
- "Inadmissible", grogna le Roi. Wisna le considéra avec un regard mécontent.
- Je vous prierai de revenir à la raison, mon Roi. Nous ne pouvons pas nous permettre de lier ainsi des femmes au concept de guerre !
- Il s'agit du choix de ces femmes de rejoindre nos rangs et de brandir une épée en notre nom, tout comme il est de votre choix de tenir salon des journées entières pour discuter chiffons. Asgard se doit d'ouvrir toutes les portes à ses citoyens, en fonction des projets de vie qu'ils nourrissent.
Odin se leva de son fauteuil sans quitter Wisna du regard.
- En ce qui concerne notre fille, vous avez la primeur d'une annonce qui ne tardera pas à être faite officiellement : Hela va bientôt devenir la Déesse de la Mort.
Le visage de Wisna se décomposa visiblement.
- De... de la Mort ? bégaya-t-elle, toute trace de royauté envolée sous le choc.
- C'est exact.
- En prenant cette décision, vous n'allez que l'enfoncer dans ses vices, murmura Wisna, sonnée. Elle n'a jamais été une femme conventionnelle, mais depuis qu'elle fréquente tous ces champs de bataille brutaux, elle a encore changé. Son regard n'est plus le même. Quelque chose en elle... me terrifie, sans que je puisse expliquer pourquoi. C'est un sentiment.
- Wisna, comme nous nous parlons en toute franchise, laissez-moi vous répondre que vous m'avez toujours semblé vouloir empêcher les rêves de Hela de se concrétiser, dans le vain espoir de la façonner à votre image. C'est un premier point qui vous mène à rejeter cette annonce. Le second point réside dans le fait que vous êtes incapable de qualifier ce changement qui s'est produit chez notre fille par le fait qu'elle s'est métamorphosée en une guerrière endurcie, probablement à cause des œillères que vous portez face à elle depuis sa naissance.
- Elle ne m'inspire plus du tout confiance, Odin. Agissez avant qu'il ne soit trop tard.
- Trop tard pour quoi ? Quelle est cette nouvelle superstition, Wisna ?
- Votre aveuglement nous perdra tous, mon Roi.
La Reine fit demi-tour sans un mot de plus, les épaules voûtées. Elle accusait le poids de toutes ces années à se flageller pour ne pas avoir donné de fils au Roi d'Asgard, et donc pour n'avoir pu empêcher cette situation de se retrouver au bord de l'incontrôlable.