Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings

Ratings : R

Correctrices : AnthaRosa et Ishtar205. N'oubliez pas de les remercier pour leur travail. Sans elles, la fic ne serait pas aussi lisible

Avertissement: Il y a dans l'histoire une référence à une grossesse mâle. Ce n'est absolument pas le sujet de l'histoire, mais on en parlera de temps à autre.

Tome 1 à 6 pris en compte

Attention, c'est un slash (relation entre deux hommes): SS/HP

Chapitre 4

Le brouillard refusait de se lever. Harry avançait lentement, sentant les os craquer sous ses pieds. Les squelettes s'entassaient devant lui, traçant un chemin qu'il n'avait d'autre choix que de suivre. Il posait prudemment un pied après l'autre, serrant les dents à chaque craquement sonore et détournait le regard lorsqu'il croisait des visages blêmes dont les yeux révulsés le fixaient avec reproche.

Il ne sentait pas les larmes qui ruisselaient sur ses joues. Concentré sur ses pas, il essayait de pas regarder le champ de cadavres qui s'étendait devant lui.

Un souffle contre sa nuque le fit se retourner. Il ne vit rien d'autre que les corps sans vie en voie de décomposition. Il détourna les yeux. Avancer. Il devait avancer.

Le vent continuait à souffler, murmurant inlassablement des reproches qui lui déchiraient le coeur: 'assassin, meurtrier !' 'Tu devais nous sauver et tu nous as tués !'

'Pourquoi Harry ?' Sa gorge se serra. Il ne devait pas se retourner. Il ne fallait pas qu'il la regarde.

Il chercha une sortie, scrutant l'obscurité avec frénésie mais tout autour de lui se dressait un mur opaque qui l'enfermait dans un monde où la mort dominait. Il ferma les yeux, cherchant à se réveiller, mais rien n'y fit. Il était toujours là. Le brouillard devant lui se levait, laissant place à un cimetière. Des rires maléfiques retentirent.

« Tu ne le retrouveras jamais ! » Cette fois, il entendit distinctement la voix grave qui semblait venir de devant lui.

Un visage émergea de la fumée. Les yeux ni tout à fait marron ni tout à fait gris ne lui inspiraient pas plus confiance que le sourire cynique. « Tu es à moi Harry ! » La voix résonnait en lui. Il commençait à avoir mal à la tête. Portant une main à son front, il se rendit compte que du sang coulait de sa cicatrice.

« Tu as devant toi l'œuvre de ta vie. Regarde les noms inscrits sur les tombes. Te souviens-tu de chacun d'eux ? Sais-tu comment tu les as tués ou les as-tu eux aussi effacé de ta mémoire ? »

Non, il refusait de regarder. Et de se souvenir. Il refusait. Mais la créature ne lui laissa pas le choix et éclaira la première tombe : James Potter.

Il approcha une main de la pierre tombale. 'Papa ?'

Mais déjà une autre s'illuminait : Lily Evans Potter.

Il tomba à genoux devant les deux spectres qui s'en élevaient et dont le regard vide le jugeait sans appel.

'Nous sommes morts par ta faute, Harry !'

'Je suis désolé ! Si désolé !'

Une troisième tombe commençait à s'illuminer : Sirius. Il savait que c'était celle de Sirius.

Le spectre de celui qui fut son parrain pointa un doigt sur lui, 'Jamais je ne te pardonnerai de m'avoir abandonné ! Jamais !'

Harry se leva en chancelant. Il ne supporterait pas de voir le prochain nom s'afficher, d'affronter son jugement. Il se retourna.

Les larmes brouillaient sa vision.

« Harry ! »

Une autre voix se fit entendre, chaude et réconfortante. Elle était lointaine et il dut tendre l'oreille pour la capter. Il leva la tête. Dans l'opacité du brouillard, il distingua un arbre dont les branches tombaient sur le sol, pleurant avec lui les milliers de morts.

« Hahahahaha » Le rire métallique résonna à ses oreilles. « Tu crois qu'il te protégera. Mais regarde bien, il se nourrit de leur sang. Ses racines plongent dans le sol pour se régénérer et boivent le liquide de vie. L'homme que tu attends est semblable à lui. Il se raccroche à toi pour se nourrir de ta magie. »

Et il le vit. Une silhouette se tenait dans l'ombre de l'arbre, baguette levée, il gardait ses arrières, le protégeant comme il l'avait toujours fait. Son cœur bondit dans sa poitrine. Ils étaient loin l'un de l'autre, mais il sentait la chaleur de son amour, le réconfort de ses bras autour de sa taille, ses cheveux tombant doucement sur sa nuque.

Le décor changea et l'être maléfique aux yeux étranges grogna, tempêta comme l'aurait fait un enfant. Ses pouvoirs étaient nuls dans cet univers.

« Reviens vers moi Harry ! » Au moment où Harry levait les yeux vers lui, l'homme s'effaça dans une grande lumière.

« Si tu le choisis Harry, tu le paieras cher, très cher ! »

Harry se réveilla brusquement. La gorge nouée, il luttait pour reprendre contrôle de ses émotions.

Les images s'effaçaient lentement de son esprit et seule demeurait l'infinie tristesse qu'il avait ressentie dans son rêve.

Il regarda autour de lui : il était dans sa chambre. Il prit sa tête entre ses mains, inspira profondément et essuya les larmes qui continuaient à rouler sur ses joues.

Il était presque certain que ce rêve n'était issu que de son imagination et de ses peurs. Il n'avait rien de réel. Il essayait de s'en convaincre mais la peur de ce qu'il avait pu faire persistait. Il frissonna.

Il se leva en chancelant et se dirigea vers la salle de bains. Devant le miroir, il contempla l'image qui s'y reflétait.

Il s'agissait d'une petite tombe gravée: Lily Potter 20 mars 1960- 31 octobre1981

James Potter 13 décembre 1961- 31 octobre 1981

Amis merveilleux.

Soutiens de toujours.

On ne vous oubliera jamais.

La boule qu'il avait dans la gorge grossit. Il aspergea son visage d'eau froide et regarda à nouveau dans le miroir : ses yeux étaient profondément cernés, son teint livide, la petite cicatrice en forme d'éclair, plus rouge qu'à l'ordinaire. Il passa une main dessus et se rendit compte qu'elle saignait encore légèrement. Il retourna dans la chambre et vit du sang sur son oreiller.

Hpsshpss

Son rêve l'avait retourné. Il n'était pas parvenu à retenir les images mais les sensations qu'il avait alors ressenties étaient encore à fleur de peau.

Il se devait de rester occupé afin de ne pas laisser la fatigue l'envahir.

Il ne restait que quelques jours avant le mariage de ses amis. Il se focalisait sur cet événement heureux. Ils avaient encore tant de choses à faire qu'il était facile de ne pas penser, d'effacer ce rêve de sa mémoire et de continuer à vivre.

Soupirant, il s'affala sur une chaise et se servit du jus d'orange. Il lui fallait toute son énergie pour entamer la journée. La vision de la pierre tombale dans le miroir ne cessait de le tourmenter.

Une main dans ses cheveux le fit sursauter. Maelyn l'observait avec inquiétude, « Tu devrais te reposer un peu Harry. Tu en fais trop. »

Il lui fit un sourire forcé, « Je t'assure que tout va bien Lyn. Vous aider à préparer le mariage me fait plaisir. »

« Je sais Harry, mais aujourd'hui tu devrais te changer les idées. »

« J'ai si mauvaise mine ? » Harry éclata d'un rire qui sonnait faux.

Elle acquiesça sans le quitter des yeux.

« Très bien. Je t'abandonne pour aujourd'hui. Tu ne me reprocheras pas les retards, hum ? »

Sa jovialité soudaine ne la trompa pas, Harry essayait de dissimuler ses sentiments, comme il le faisait souvent pour éviter que ses proches ne se fassent du souci pour lui. Masquant son inquiétude, elle lui demanda en plaisantant, « Que vas-tu faire de la journée que je t'octroie ? »

Il lui fit un clin d'œil, « Je vais mettre à profit le temps que m'accorde mon négrier préféré ! »

Elle lui tira la langue et fit chauffer du café.

Hpsshpss

Puisqu'il avait quartier libre, il décida d'aller voir Severus afin de l'inviter au mariage. Deux raisons le poussaient à lui proposer d'être son cavalier. D'une part, parce qu'il voulait connaître un peu mieux l'homme avec qui il allait cohabiter dans peu de temps et d'autre part parce qu'il l'attirait comme un fruit défendu.

Arrivé devant la maison, il observa le jardin bien entretenu mais sa vision se brouilla et une autre scène se déroula devant lui.

La tombe de ses parents était là sous ses yeux. Personne n'était venu depuis de nombreuses années, mais elle était toujours en bon état, certainement dû à un sort de conservation. Des fleurs étaient parvenues à sortir de terre malgré le froid.

Il déambula entre les tombes, regardant les noms de ses ancêtres. Posant une main sur chacune d'elle, il essaya de graver le nom de chaque personne dans sa mémoire.

Le vent glacial lui fouettait maintenant le visage, mais il le sentait à peine. Le soleil continuait à luire et il se sentait bien ici. Il était enfin parmi sa famille. Il retourna près de la tombe de ses parents et s'assit dans l'herbe mouillée, faisant fi du froid. Il se mit à parler, parler et parler encore. Il leur raconta tout : à quel point ils lui avaient manqué lorsqu'il vivait avec les Dursley, à quel point il leur en avait voulu d'être partis sans lui, la joie d'être inscrit à Poudlard et de se découvrir sorcier, ses premiers amis, ses premiers coups de cœur, sa haine réciproque avec le maître des potions, sa rencontre avec Remus puis Sirius…

Il ferma les yeux et inspira profondément. Lorsqu'il les rouvrit, il se trouvait devant la porte d'entrée.

Il connaissait ces noms. Il fronça les sourcils, tentant de mettre des visages sur des noms qui s'effaçaient déjà de son esprit. Il appuya son front contre la porte dans un geste d'impuissance. Il oubliait encore.

Ses parents ! Il se redressa. Ses parents étaient morts. Comment ?

Il passa une main sur son visage. Ses maux de tête le reprenaient.

Il frappa à la porte qui s'ouvrit en grinçant. Comme la fois précédente, il entra sans y avoir été invité. Il se retrouva dans une salle ressemblant au hall d'entrée de ses propres appartements, celle qu'il avait nommée 'la salle des juges'. Il eut la sensation qu'ils le toisaient et le jugeaient mais il ne s'en formalisa pas. Une porte s'entrebâilla et il passa dans le salon sans rencontrer personne.

La disposition des meubles était si semblable à celles de son aile qu'il en éprouva un étrange malaise. Le piano qui se substituait au meuble de télévision était le seul changement majeur.

Un très beau tableau était accroché au mur. Severus y était peint jouant du piano tandis que Oui, c'était bien lui qui regardait l'homme effectuer sa performance. Son cœur se serra. Il y avait quelque chose de chaleureux, d'intime et de tendre dans les traits des personnages qui accentua son malaise.

C'était peut-être dû aux couleurs chaudes qui contrastaient avec la lumière tamisée et la robe noire de Severus. Ou peut-être était-ce la manière dont il regardait l'homme au piano. La complicité qui se dégageait entre eux était telle qu'il se sentait troublé. La tristesse qui l'envahit alors n'avait d'égale que sa nostalgie.

Ils avaient l'air si… proches. La manière dont il regardait Severus était fascinante. Il voyait tant de choses dans les yeux de cet homme. S'il regardait bien, il pouvait y déceler-

Les bras l'enserraient, doux, protecteurs, aimants. Sa tête était appuyée contre sa poitrine, il sentait l'odeur d'herbes mélangées particulière à son amant. Un doigt s'amusait à effleurer la peau de son bras, le faisant frissonner de plaisir et d'attente. Des lèvres embrassèrent sa chevelure rebelle. Il rit doucement d'un bonheur qui ne pouvait être plus parfait.

« Pourquoi ris-tu ? »

« Parce que je suis heureux et que je t'aime. »

« Idiot. » Le rire contenu dans sa voix suffisait à exprimer le bonheur de l'autre homme. Il se retourna pour l'embrasser et fut hypnotisé par les yeux insondables qui lui criaient pourtant son amour.

Le baiser, fragile et magique, comportait tant de tendresse que c'en était à peine supportable.

« Moi aussi, je t'aime Harry. »

Harry chercha à distinguer les traits de celui qui l'enlaçait mais sa vision se coupa instantanément, lui laissant un sentiment de vide et de perte. Il ne pouvait pas rattraper sa vision. Il ne pouvait pas retourner dans les bras de cet inconnu.

Pouvaient-ils avoir été amants ?

Une petite musique vibra lentement dans la salle.On l'entendait à peine. Elle s'élevait doucement, légèrement comme le rappel d'un sentiment perdu. Elle flottait dans les airs l'appelant à lui.

Il se retourna brusquement. Il la connaissait. Cette mélodie, c'était celle-

« Harry ? »

Il tendit l'oreille mais la musique s'était tue. Il aurait tout aussi bien pu l'avoir imaginée.

Il se retourna vers Severus. Il n'eut pas besoin de le regarder pour savoir que ses yeux sombres étaient ternes. Il avait dressé un mur entre eux et Harry en était étrangement blessé.

« Que voulez-vous ? » Son regard le transperça, le défiant d'essayer de l'atteindre.

« Je tombe apparemment mal, je reviendrai plus tard. » Les yeux noirs ne le quittèrent pas, l'examinant avec méfiance. Il essayait de l'intimider. Harry le regarda attentivement, scrutant ses traits. Rien dans sa posture ne pouvait laisser penser qu'il y avait eu quelque chose entre eux. Le sentiment de vide s'intensifia et le mal de tête qui menaçait depuis le matin se déclencha. Peut-être s'était-il trompé.

L'homme croisa les bras, « Maintenant que vous êtes là, il serait plus rapide de me donner la raison de votre visite surprise. »

Harry se massa les tempes d'un air fatigué, « Mes amis vont se marier et je voulais savoir si vous accepteriez de m'accompagner. » Il devait se reprendre.

Le regard incisif ne le quittait pas. La nervosité le gagnait et il reprit. Les images menaçaient de refaire surface. Il ne pourrait en supporter davantage. Pas aujourd'hui.

« Je leur ai parlé de vous et ils veulent vous connaître. Je vous aurais bien invité chez moi pour vous les présenter mais avec le mariage, c'est à peine si on a le temps de s'asseoir et de discuter. » »

Severus fronça les sourcils.« Et pourtant vous êtes ici. »

« Pardon ? » La question le désarçonna.

« Vous êtes ici alors que vous avez tant à faire, pourquoi ? »

Cette conversation commençait à l'énerver. « Si vous ne voulez pas, dites-le simplement, je ne m'en formaliserai pas. »

Severus le toisait d'un air si méfiant qu'Harry allait partir, regrettant déjà d'avoir formulé son invitation lorsque l'homme répondit enfin.

« Quelle date ? »

Surpris, il ne put que le faire répéter. « Pardon ? »

« Je savais que vous étiez idiot mais pas que vous étiez sourd. A quelle date a lieu le mariage ? » Rétorqua l'homme d'un ton sec.

« Ce n'est pas la peine de m'insulter. Il aura lieu le vingt juillet. Je viens vous chercher ? »

Il hocha légèrement la tête.

« Puisque c'est réglé, je m'en vais. » Il lui fallait absolument quelque chose pour sa tête. Venir ici n'avait pas été aussi reposant qu'il l'avait d'abord supposé. Son passé revenait.

Hpsshpss

Severus le regarda partir puis se tourna vers l'étagère et prit une petite boite qu'il ouvrit. La danseuse se remit joyeusement à tourner au son d'une mélodie éternelle.

Hpsshpss

Harry était venu le chercher comme il le lui avait promis. Severus regarda la voiture d'un air menaçant comme s'il cherchait à lui faire peur. Il n'aimait pas les transports moldus et la voiture encore moins que le reste. C'était trop étroit et pas assez rapide. Il monta. Comme il s'y attendait, il se retrouva collé au tableau de bord.

Et Harry était trop près. Il lui suffisait de tendre un peu la main pour toucher celle du conducteur. Sa présence l'enivrait et il devait exercer un véritable contrôle sur lui pour s'empêcher de le toucher.

« Vous êtes l'un des témoins ? » Lui demanda Severus pour penser à autre chose qu'à Harry.

« Oui. Mon rôle consiste essentiellement à signer des documents. Ce n'est pas grand chose mais ça me fait plaisir qu'ils aient pensé à moi. »

Le regard de Severus vacilla pour se poser sur son chauffeur. Sa chevelure noire et son costume gris qui faisait ressortir ses yeux l'attiraient immanquablement si bien qu'il avait du mal à détacher son regard du jeune homme qui peuplait ses nuits.

Les mains tremblantes, il essayait de défaire le nœud de sa cravate qui l'étranglait et l'empêchait de respirer. Il la desserra légèrement mais ne put rien faire contre le poids qu'il avait sur l'estomac.

La chaleur était étouffante. Il se sentait engoncé dans son costume noir et pestait contre les moldus et leur manque de sens pratique.

« Vous n'avez pas l'habitude des costumes, hein ? » Lui demanda Harry un sourire dans la voix.

Severus répondit par un grognement, ce qui fit rire le témoin.

« Nous sommes arrivés. » Déclara finalement Harry en garant sa voiture à l'ombre. « Venez, je les vois là-bas. »

Maelyn paraissait tendue. Elle tapait du pied d'une manière très peu féminine et regardait sa montre toutes les deux ou trois minutes. Sebastian réprimait un sourire à chaque fois que la jeune femme regardait dans sa direction.

Harry sourit en serrant la main de son ami et embrassa Maelyn sur la joue. La jeune femme brune le regarda avec une colère feinte, il avait failli arriver en retard.

« Maelyn, Sebastian, je vous présente Severus Snape. Je vous ai parlé de lui. »

« Enchanté Severus. Je suis contente que vous ayez pu venir. » Il serra la main des futurs époux. La jeune femme était plus détendue maintenant qu'ils étaient arrivés.

La cérémonie allait commencer et chacun prenait place. Avant d'entrer, Maelyn glissa à l'oreille de Severus. « J'aimerais discuter avec vous tout à l'heure. » Rien dans sa posture ne laissait penser qu'elle venait de lui parler. La lueur malicieuse de son regard, sa légère rougeur auraient aussi bien pu provenir de l'excitation qu'elle ressentait face à la cérémonie à venir. Severus la dévisagea longuement en se demandant combien des amis de Harry auraient pu être des Serpentards.

Il s'assit au premier rang, à côté de Harry qui devait donner les alliances aux mariés. Il mettait régulièrement la main dans sa poche dans un geste anxieux afin de s'assurer qu'il n'avait pas perdu les précieux anneaux.

Severus n'avait jamais été émotif et ce genre d'occasion l'ennuyait plus qu'autre chose. Il n'avait accepté de venir que parce qu'Harry le lui avait demandé. Il s'était senti incapable de refuser la demande de son- mari.

La cérémonie débuta. Sebastian avait pris la main de Maelyn dans la sienne et tous deux étaient tournés vers le prêtre, comme le reste de la salle. Il se tourna légèrement pour voir son voisin. Harry avait porté la main à son cou et serrait quelque chose.

Severus sentit un vacillement dans sa magie. Une grande nostalgie. Une tristesse mêlée à une joie infinie.

Son alliance. Malgré lui, il écarquilla les yeux et toucha la sienne. Les deux alliances entrèrent en résonance.

Severus prit la main de Harry dans la sienne et embrassa l'alliance qui les liait avant de la retirer du doigt de son mari qui ouvrit la bouche pour se rebeller. Severus sourit d'un air satisfait et embrassa le Gryffondor qui fondit dans le baiser.

« Pourquoi Severus ? Tu sais très bien que je ne peux pas la remettre tout seul. C'est un objet magique très sensible- »

« Je veux te donner la possibilité de conduire ta vie autrement. » Les yeux de Severus étaient remplis de tristesse.

Severus referma le lien qui s'était ouvert de lui-même, arrêtant la vague de souvenirs. Il ferma les yeux et se concentra sur la cérémonie qui se déroulait devant lui.

Harry inspira profondément. Encore un flash-back. Les images qui le traversaient étaient floues et il n'arrivait jamais à voir le visage de l'homme avec lequel il était.

Cet homme restait dans l'ombre. Il ne distinguait que ses longues mains fines et ses yeux sombres. Il se sentait protégé et aimé en sa présence. Il voulait se blottir dans ses bras et ne jamais plus les quitter. Le vide qui étreignit une fois de plus son cœur accentua le sentiment de solitude qu'il ressentait si souvent.

Un mal de tête se déclencha mais il l'ignora. Il ferma son cœur au sentiment de nostalgie et de tristesse qui l'envahissait. Il n'avait pas le droit d'être triste aujourd'hui. Il inspira profondément et sourit. Il devait avoir l'air heureux. Il devait être heureux. C'était le plus beau jour de la vie de ses deux meilleurs amis. Il n'avait pas le droit d'être égoïste et de gâcher leur journée.

Il relâcha l'objet qu'il tenait et remit en place son masque de jovialité. Il tourna la tête et regarda l'homme sévère qui avait accepté son invitation. Il se sentit aussitôt rasséréné. Ses muscles se décontractèrent et son sourire se fit plus naturel.

Il se leva et donna les alliances à Sebastian.

Hpsshpss

Le repas fut convivial. Harry discutait librement avec les différents convives qui se déplaçaient pour aller danser ou voir une connaissance. Severus restait taciturne et observait la scène devant lui. Il serrait les dents. Comment pouvait-on prendre plaisir à des choses aussi triviales et passer autant de temps à jacasser pour rien, enfonçant par des rumeurs saugrenues les malheureux absents.

Harry avait essayé d'entamer une conversation avec lui mais il l'avait envoyé sur les roses. Severus observait le jeune homme se mouvoir aisément dans la foule et distribuer ses sourires forcés à l'assemblée. Harry ne changerait jamais, même si quelque chose n'allait pas, il préférerait se sacrifier plutôt que de le montrer. Gryffondor idiot ! Pensa-t-il.

Severus avait été blessé. Du sang coulait abondamment d'une plaie. Ce n'était pas grave mais il fallait agir vite. Harry plaça ses mains sur le ventre de Severus et récita une formule qui referma la blessure.

« Bon sang, mais qu'est-ce qui t'a pris ? Tu aurais pu mourir ! » Harry était pâle mais Severus était trop fatigué pour faire quoi que ce soit. Le petit idiot avait dû lui faire boire une potion de Sommeil sans Rêve. Il luttait pour conserver l'esprit clair.

« M. Potter, vous êtes bien mal placé pour me faire une leçon de morale. » Severus ferma les yeux. Il était épuisé. « Je fais ce qu'il faut pour que tu restes en vie. Rien de plus. »

« Et qui veille sur toi, hein ? »

Le sommeil eut raison de lui.

Lorsqu'il trouva Harry le lendemain matin, il baignait dans une mare de sang. Les potions ne parvenaient pas à arrêter l'hémorragie. Les coupures s'aggravaient, s'agrandissaient, s'infectaient.

Harry avait soigné Severus mettant en péril sa propre vie.

Et aujourd'hui, il agissait de la même manière. Il faisait semblant d'aller bien pour faire plaisir à ses amis alors qu'il était épuisé physiquement et mentalement.

Depuis que le bal avait commencé, Harry multipliait les partenaires de danse. Sa partenaire actuelle, une jeune demoiselle de moins de huit ans, lui marchait sur les pieds. En parfait gentleman, il lui souriait tout en essayant en vain de lui inculquer quelques notions de danse.

La veine qui pulsait contre la tempe de Harry n'avait rien de rassurant. Le jeune homme devait avoir une migraine qui ne risquait pas de s'arranger s'il continuait à danser de la sorte.

Severus serra les dents et puisa dans sa force pour ouvrir le lien qui les unissait et diffuser un peu d'énergie et de vitalité à ce petit inconscient. Il le referma soigneusement afin de lui épargner des effets qu'il ne comprendrait pas pour l'instant du moins.

Severus sentit la vague d'énergie rafraîchissante déferler sur le danseur. Il savait qu'il irait mieux.

Il tourna la tête et aperçut les jeunes mariés.

Maelyn et Sebastian tournaient doucement sur la piste de danse. La jeune femme portait une robe blanche assez simple qu'elle pourrait remettre lors d'une soirée. Elle avait refusé l'idée que sa robe de mariée ne soit portée que l'espace d'une journée. Ca aurait été une dépense frivole et inutile. Le blanc faisait ressortir le mat de sa peau et le noir de ses cheveux qui tombaient en cascade sur ses épaules.

La tête posée contre l'épaule de son mari, elle semblait inconsciente des regards posés sur eux. Elle souriait à une remarque de Sebastian dont le bras formait une étreinte protectrice et aimante.

La musique se termina et Harry changea de partenaire. Sa cavalière suivante fut une jeune femme à l'aspect courtaude. Il grimaça. Ses pieds enflés et douloureux n'en supporteraient pas beaucoup plus. Il espérait pouvoir s'échapper à la fin de cette danse. Severus le comprit sans avoir besoin du lien télépathique.

Il rencontrait régulièrement le regard d'émeraude et ne faisait aucun effort pour se détacher de ses yeux qui l'hypnotisaient. Il se nourrissait au contraire de toutes les émotions qui traversaient son -mari.

Le sourire de Harry était maintenant beaucoup plus détendu et il prenait plaisir à danser, même si le nombre de femmes désireuses de danser avec lui augmentait de minutes en minutes. Severus sourit malgré lui en voyant dans quel guêpier le jeune homme s'était fourré.

Severus fut surpris lorsqu'on s'arrêta devant lui. Levant les yeux vers la silhouette longiligne, il se rendit compte que c'était la jeune mariée. Il chercha Sébastien du regard et le trouva en compagnie de la petite fille avec laquelle Harry avait dansé un peu plus tôt.

« Voulez-vous m'accorder cette danse, Severus ? » Son sourire engageant ne lui permit pas de refuser. Et il était curieux de savoir ce qu'elle avait à lui dire.

Les yeux de l'assemblée étaient maintenant posés sur lui et il jura à voix basse ce qui fit rire la jeune femme. Ils discutèrent de choses et d'autres avant qu'elle n'entre dans le vif du sujet.

« Severus, Harry m'a dit que vous l'aviez connu avant qu'il ne soit amnésique. » Il se raidit.

« C'est exact. » Sa réponse courte attendait élaboration.

Elle le regarda dans les yeux semblant l'évaluer puis se détendit comme si elle avait lu quelque chose dans ses yeux qui lui permettait de lui faire confiance. « Harry souffre beaucoup de ne pas se rappeler son passé. Il ne le dit pas mais ne pas savoir le ronge de l'intérieur. Parfois, il pense qu'il vaut mieux qu'il reste amnésique parce que -»

Elle accentua sa prise sur son épaule, « Oui ? »

« Il croit avoir commis des actes terribles qui ne méritent pas d'être pardonnés. Ses nuits sont peuplées de cauchemars. » Elle le regarda dans les yeux. « Aidez-le à retrouver l'équilibre dont il a besoin pour conduire sa vie. Je crois que vous en avez le pouvoir. Ne le laissez pas tomber. »

Il étrécit les yeux et la regarda avec méfiance, « Pourquoi pensez-vous pouvoir me faire confiance. Même si je fais partie de son passé, je veux peut-être me servir de lui. Ce serait si facile.»

Sa voix était méprisante, ses yeux insondables, mais Maelyn ne se laissa pas fléchir, elle lui répondit simplement, « Vous êtes grand, ténébreux, mystérieux, vous avez des yeux noirs, un nez proéminent et un aspect sévère, comme tous les hommes avec lesquels Harry est sorti. Vous faites partie de son passé. Je crois que vous êtes celui qu'il recherche depuis longtemps. »

Severus tressaillit légèrement mais rien dans son comportement ne montrait qu'il avait été surpris.« Vous ne croyez pas que vous tirer des conclusions hâtives de minces indices ? . »

« C'est possible, mais je fais confiance à mon intuition. Et Harry ne laisse pas n'importe qui entrer dans sa vie. »

« Pardon ? » Grinça-t-il.

« Vous m'avez très bien comprise. Il ne vous aurait pas invité au mariage s'il ne vous faisait pas confiance. Que ce soit conscient ou non, Harry a décidé que vous étiez une personne importante pour lui. » Severus regarda l'homme à la chevelure rebelle virevolter et serra les dents.

« Harry n'a pas conscience du lien qui nous unit et je préfère ne pas le lui révéler. » Dit-il lentement.

Elle se recula et lui demanda « Pourquoi ? »

« Nous avons une histoire difficile et compliquée. Et je crois qu'il est plus heureux tel qu'il est aujourd'hui, amnésique. Je- Je crois qu'il aurait mieux valu pour lui qu'il rencontre quelqu'un d'autre. Je ne suis pas l'homme qu'il lui faut. » Il ne détacha pas son regard de Harry.

Il fut surpris par le rire de sa cavalière. « Vous êtes quelqu'un de bien Severus Snape. »

Il lui fit un petit sourire. « Ne le répétez pas, ça risquerait de ruiner ma réputation. »

Elle le transperça du regard, refusant de répondre à sa plaisanterie, « Allez-vous l'aider. »

Il tarda à répondre. Harry virevoltait au grè de la musique. « Je ferai ce que je peux. »

« C'est tout ce que je vous demande. » La musique s'arrêta et Maelyn le remercia pour la danse. « Je crois qu'il a besoin d'une âme charitable. »

« Ce ne sera pas moi. La charité ne fait pas partie de mes rares qualités. » Elle réprima un sourire. « Alors j'y vais. »

Quand elle arriva près de Harry, il lui fit un sourire reconnaissant. Leurs yeux se croisèrent un instant avant que Harry ne se tourne vers Maelyn. Il fit un signe de tête dans sa direction. La jeune mariée sourit et secoua lentement la tête tout en le regardant. Les yeux noirs soutinrent une seconde les siens. Elle détourna le regard et retourna son attention vers son ami. La musique recommença et ils dansèrent tout en discutant gentiment. De temps à autre, les yeux de Harry rencontraient ceux de Severus qui s'était rassis et tentait d'effrayer la gente féminine. Il fut bientôt rejoint par Sebastian puis par Maelyn et Harry qui s'assit lourdement, heureux de pouvoir enfin se reposer.

Severus passa le reste de la soirée à se moquer gentiment du témoin, aidé par le couple qui était sans pitié avec lui. Le sourire que Harry affichait était suffisant pour redonner du baume au cœur à l'assemblée. Sa morosité n'avait pas résisté aux festivités.

Les mariés partirent tranquillement dans la soirée, en voyage de noced. Harry comptait bien profiter de l'absence de ses amis pour déménager.

« Je vous ramène ? »

« Je ne refuserai pas. »

Le silence s'installa entre eux dans la voiture. « C'était une belle cérémonie, vous ne trouvez pas ? »

« Elle aurait pu être pire. »

Harry lui jeta un regard exaspéré. « Il ne vous arrive jamais de dire les choses telles qu'elles sont ? Utilisez-vous toujours des euphémismes pour dire ce que vous pensez ou me les réservez-vous ? »

Severus haussa un sourcil. « Je suis impressionné. Je n'aurais jamais cru entendre Harry Potter utiliser un terme comportant plus de deux syllabes. » Railla-t-il.

« Vous avez fini de vous moquer de moi ? » Harry ne parvenait pas à se décider : devait-il être en colère ou amusé par les simagrées de cet homme ?

« Non ! » Rétorqua-t-il un sourire insolent sur le visage, « J'apprécie de pouvoir profiter de vos faiblesses. »

Le conducteur préféra ne pas répondre. Le silence s'appesantit.

« Je vous ai vu danser avec Maelyn. De quoi avez-vous parlé ? » Lui demanda Harry qui ne pouvait plus contenir sa curiosité.

« Demandez-le-lui. » Lui dit doucement Severus.

« C'est déjà fait. » Grogna-t-il. « Quand elle veut éviter une conversation elle change de sujet ou fait comme si elle ne m'avait pas entendu. C'est frustrant. »

« Je ne peux vous dire qu'une chose : Maelyn est une jeune femme charmante qui vous aime beaucoup. »

« Je sais. »

Ils restèrent silencieux jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination.

« Cela vous dérangerait-il si je commençais mon déménagement demain ? »

« Avez-vous besoin d'aide ? Ne serait-ce que pour porter des cartons ? »

Harry réfléchit et acquiesça. « Oui, ce serait une bonne idée. Pourriez-vous venir vers 16h ? Je vous donne l'adresse. » Il griffonna rapidement sur un morceau de papier qu'il lui tendit.

Severus le prit et regarda l'adresse. Il avait vécu si près de lui si longtemps sans s'en apercevoir, sans jamais le rencontrer.

« A demain Severus. »

« A demain Harry. »

Hpsshpss

A seize heures tapantes, Severus arriva au domicile de Harry. Celui-ci avait fait ses valises, emballé ses affaires, fait le tri entre ce qu'il gardait et ce qu'il leur laissait derrière lui, à ses amis.

Sa chambre paraissait vide. Les étagères étaient nues. Les dessins qu'il avait soigneusement décrochés du mur ne laissaient qu'une trace jaune. L'absence laissait toujours des traces indélébiles, des marques qui ne s'effaceront jamais.

Il ne restait que le lit, le bureau et une chaise ainsi que des planches. Des cartons traînaient un peu partout, prouvant que l'on pouvait entasser bien des choses inutiles en quatre ans.

Il fit le tour du propriétaire une dernière fois. Il n'emportait que le strict minimum. Dans sa nouvelle demeure, il avait tous les meubles dont il pourrait avoir besoin. Ses yeux se posèrent sur le piano. C'était le cadeau le plus coûteux qu'il s'était fait mais également le plus beau. Il aimait s'asseoir devant, fermer les yeux et chercher de nouvelles mélodies. Il était bon élève. Il tâtonnait encore mais parvenait par moments à jouer merveilleusement bien un morceau et à lui donner vie.

Cet appartement allait lui manquer. Sa vie avec Maelyn allait lui manquer. Mais il fallait savoir prendre un nouveau chemin quand on en voyait un. Son amie s'était mariée, il avait retrouvé la trace de son passé et Severus était là, à côté de lui, son visage aussi dur et anguleux qu'à l'ordinaire. Il ne disait rien, attendant que Harry ait dit adieu à son ancienne vie.

« Y-a-t-il autre chose que vous vouliez prendre ? » Lui demanda la voix grave.

« Non. Non, je ne crois pas. J'ai tout ce qu'il me faut. »

Les cartons étrangement légers entrèrent tous (et comme par magie) dans la petite voiture de Harry. Il n'avait plus rien à faire ici. Il ferma la porte d'entrée à clef et partit sans se retourner vers l'homme qui l'attendait.

Hpsshpss

Severus l'aida à défaire ses cartons et à ranger ses affaires. Sa mince garde robe était avant tout pratique : des jeans, des survêtements, des chemises, des t-shirts et des baskets. Les livres prirent naturellement place sur l'une des nombreuses étagères du salon ou de son bureau.

Severus tomba sur un objet qui attira particulièrement son attention. Il s'agissait d'une petite boite qu'il ouvrit doucement. Une petite danseuse tourna sur elle-même lorsque les premières notes se firent entendre. La mélodie attira Harry.

Il prit la boite et la posa sur sa table de nuit. « Je suis particulièrement attaché à cet objet. » Il émit un rire nerveux. « Ne me demandez pas pourquoi, je serais incapable de vous répondre. Ecouter sa musique me détend et m'apaise. On dirait qu'elle a un pouvoir réconfortant. » Il effleura la petite danseuse avant de refermer la boite.

Harry était de retour chez lui.

Hpsshpss

En retournant dans ses quartiers, Severus sortit la boite qui avait attiré Harry, seulement quelques jours auparavant. En l'ouvrant, la même petite ballerine se mit à danser, entraînant la douce mélodie avec elle.

Il la referma et prononça un sort. La danseuse avait disparu. Au centre de la boite se trouvaient des lettres, celles qu'il avait échangées avec Harry la dernière année avant sa disparition. Et au-dessus du tout était posé un pendentif en forme de serpent qu'il avait rangé quand ses yeux émeraudes s'étaient refermés.

Fébrilement sa main agrippa le médaillon dont les yeux s'étaient rouverts après cinq longues années d'attente. Il prouvait à lui seul que son mari était vivant.

Severus n'était pas homme à se laisser aller à ses sentiments. Il n'était pas homme à pleurer.

Il mit le pendentif autour de son cou, sentant la magie qui l'habitait se réveiller.