Attention, rien ne m'appartient. Les personnages appartiennent à J.K Rowlings

Ratings : R

Correctrices : AnthaRosa et Ishtar205. N'oubliez pas de les remercier pour leur travail.

Avertissement: Il y a dans l'histoire une référence à une grossesse mâle. Ce n'est absolument pas le sujet de l'histoire, mais on en parlera de temps à autre

Tome 1 à 6 pris en compte

Attention, c'est un slash (relation entre deux hommes): SS/HP

Chapitre 9

Harry entra dans la salle sombre qui n'était éclairée que par des bougies. Il lui fallut plusieurs minutes pour s'habituer à l'obscurité mais déjà son regard se dirigeait déjà vers la cheminée dont le feu rougeoyait. Le bruit des pages que l'on feuillette attira son attention. Il tourna la tête et vit la silhouette assise devant le foyer.

Il ne distinguait pas ses traits, mais son cœur battait la chamade, comme à chaque fois qu'il posait les yeux sur elle. Il savait qu'elle était importante.

Il s'avança doucement, cherchant de ses yeux à reconnaître cet inconnu qui n'en était pas un. La silhouette remua. Le regard de Harry s'ancra dans deux perles noires. Il ne vit plus qu'elles. Il se noyait dedans. Il voulait se fondre en elles.

La musique s'éleva doucement, il l'entendait à peine. Il essaya de se détacher de ces yeux, mais il ne parvenait pas à se détourner de ce visage dissimulé dans l'ombre.

Une lueur attira son attention. Ses yeux bougèrent d'eux-mêmes et trouvèrent la source de cet éclair lumineux : un anneau rond et doré qui ressemblait à une alliance.

Il était si semblable à celui qui pendait sur sa poitrine qu'il en frissonna.

La lumière revenait dans la pièce. L'obscurité diminuait. Il allait enfin pouvoir voir les traits de cet homme qui, il le savait avait le teint blanc, de magnifiques yeux nuit et une chevelure d'un noir corbeau.

Il ouvrit les yeux et la silhouette disparut.

Le soleil de ce début d'été illuminait la chambre. Il faisait si chaud qu'il préférait dormir la fenêtre et les volets ouverts. Il regarda l'heure : 8h. Pour une fois, il avait bien dormi. Il se sentait reposé, frais et dispos, ce qui était rare chez lui.

Son rêve le frustrait. Ce n'était pas la première fois qu'il se réveillait sans voir le visage de cet homme qui restait toujours tapi dans l'ombre. Aujourd'hui, il avait une idée de son identité et il avait la possibilité de vérifier si c'était une recrudescence de son passé ou non. Il était presque certain d'avoir vu l'anneau à son doigt. Presque

Severus.

Leur rencontre de la nuit dernière s'effaçait de sa mémoire. La scène dont il se rappelait était floue. Il entendait clairement la musique mais Severus était comme la silhouette de son rêve : un être informe. Il devait être plus fatigué qu'il ne l'avait cru.

Il ne regrettait rien de ce qui s'était passé. Il sentait encore la peau satinée sous ses doigts, l'odeur d'épices que cet homme dégageait et qui lui ressemblait tant. Il fit un réel effort pour s'extraire de cette ligne dangereuse. Il était déjà certain de devoir prendre une douche froide.

Il sortit la boite à musique qu'il avait soigneusement rangée et souleva le couvercle pour voir la petite danseuse. La mélodie retentit doucement comme un écho de ce qu'il avait partagé la veille avec Severus.

Il s'était senti hypnotisé par cet air si familier. Il n'avait plus eu de pensées propres. Son corps avait agi selon son désir sans s'inquiéter des conséquences de ses actes. Pour la première fois depuis longtemps, il s'était senti libre.

Il referma la boite à musique et la rouvrit, espérant retomber sur la mélodie qu'il avait entendu la veille et voir si cette boite avait les mêmes propriétés que la sienne.

La vision qu'il avait eue en entendant la musique lui avait montré une telle paix et un tel bonheur qu'il ne comprenait pas pourquoi Severus le repoussait ainsi. Harry sentait le désir qu'il éprouvait pour lui ainsi que les contraintes qu'il s'imposait pour ne pas y succomber.

Severus. Il porta la main à la bague qu'il avait autour du cou et entrevit l'homme nu. L'eau ruisselait sur sa peau blanche parsemée de cicatrices-

Il secoua la tête et la vision disparut. C'était sûr, il avait besoin d'une douche froide.

Hpsshpss

En sortant de la salle de bains, son regard s'attarda sur le pan de mur qui contenait l'étagère de livres. Un cadre attira son attention. Il ne l'avait jamais vu auparavant. Les deux personnes qui se trouvaient sur la photo bougeaient.

Il n'était pas aussi surpris qu'il aurait dû l'être. Après tout, pourquoi une photo ne bougerait-elle pas ?

Il reconnut immédiatement les deux hommes : Severus et lui.

Dieu ce qu'ils avaient l'air de s'aimer. Harry avait une main dans les cheveux de Severus qui se penchait pour l'embrasser.

C'était l'attitude de deux hommes qui se savent seuls et qui s'aiment tendrement.

Harry contemplait la photo.

Il se souvenait de ce moment. C'était avant son départ. Il étrécit les yeux. Il ne savait plus où il était parti ni pourquoi. Il regarda la photo si fixement que la scène prit vie devant lui.

« Profite de cette période pour faire le point sur ta vie, Harry. Je ne te demande qu'une chose : que tu aies ou non refais ta vie, reviens me voir, reviens me dire que tu vas bien. Je sais qu'à travers notre lien je le saurai, mais ce n'est pas pareil. » Il déposa un baiser sur sa main. « C'est tout ce que je te demande ! »

« Tu es bien sentimental ce soir. Es-tu sûr d'aller bien ? Je vais revenir, tu le sais, hein ? »

« Oui, je le sais, mais j'ai comme un pressentiment. » Severus mit sa main sur la joue de Harry et la caressa avec son pouce. « Je t'aime Harry Potter, plus que ma propre vie. Je t'en prie sois prudent. »

« Ne le suis-je pas toujours ? »

Severus renifla de dédain et, au lieu de répondre, l'embrassa passionnément.

Harry rit légèrement pour briser l'atmosphère tendue. « Je reviendrai vers toi Severus. Mon cœur est auprès de toi, tu le sais. Je sais que tu le sais. » Il passa une main dans les cheveux qui ces derniers temps n'étaient pas aussi gras qu'ils avaient l'habitude de l'être.

Il n'aurait pas dû partir.

Cette photo retraçait les dernières heures qu'ils avaient passées ensemble. Les dernières heures avant qu'il ne parte. Ils étaient heureux sur cette image. Sur cette image seulement. Les émotions qu'ils avaient ressenties alors étaient différentes : La peur de partir. La peur de ne pas se retrouver. La peur de mourir dans ces années d'après-guerre. La rancœur de devoir subir des ordres qu'il était en droit de refuser.

Severus, il le savait était inquiet qu'il le quitte. Il n'avait jamais été sûr de lui. Il avait toujours pensé qu'il aurait dû avoir mieux. Tu mérites tellement mieux que moi. C'était ses mots. C'était ce qu'il était. Il le repoussait pour lui donner le choix.

Il avança une main vers l'image pour toucher l'homme sombre si lumineux sur cette photo, si ouvert et si tendre. Son sourire était magique. Il ne ressemblait en rien à ceux qu'il avait vu jusqu'à présent. Il n'était que pour lui. Ils étaient seuls au monde.

Le cadre était si froid alors que la photo dégageait tant d'amour.

Que ressentait-il ? Etait-ce ses émotions actuelles ou celles qu'il avait autrefois ? Le cadre de bois était rêche et doux, comme les émotions que suscitait en lui cette scène.

Qui contrôlait son cœur ? Celui qu'il était aujourd'hui ou celui qu'il était avant de perdre la mémoire ?

Il reposa le cadre, laissant les amants jouir de leur bonheur éternel. Il renifla. Bonheur ? Pas alors qu'ils allaient se quitter.

Il sortit de la chambre sans se retourner. Encore une fois il avait le cœur lourd.

hpsshpss

Comme il s'y attendait, Severus était dans son laboratoire de potions. Les lèvres de Harry se redressèrent d'elles-mêmes en un sourire.

Ses yeux se posèrent immédiatement sur ses mains fines. L'anneau doré était là.

« Pourquoi ne m'as-tu rien dit Severus ? »

Comme il s'y attendait, le maître des potions ne leva pas les yeux vers lui. « Dit quoi Monsieur Potter ? »

« Que nous étions- ensemble. »

Severus releva la tête et croisa les yeux d'émeraude. « Cela n'a pas d'importance. » Il concentra à nouveau son attention sur les herbes devant lui.

« Comment peux-tu dire ça ? » Harry était blessé par son attitude.

« Nous ne sommes plus ensemble depuis plus de cinq ans. » Severus essayait de conserver sa froideur et son indifférence, seuls ses yeux trahissaient la tristesse qu'il ressentait.

« Parce que j'ai perdu la mémoire. » Harry ferma le poing et détourna le regard.

« Oui, parce que tu n'étais plus là. »

« Te souviens-tu de quelque chose de nouveau ? » Severus aurait voulu le prendre dans ses bras mais il ne le fit pas. Se concentrant sur sa tache, il essaya d'oublier la présence de l'autre homme.

« Oui et non. Je sais que j'avais de très forts sentiments pour toi. » Harry regardait fixement le chaudron.

« Et maintenant ? » Les yeux verts se tournèrent vers Severus, rencontrant le regard perçant qui s'était finalement posé sur lui.

Harry détourna les yeux avant de répondre, « Je ne sais plus. Je suis attiré par toi, c'est indéniable mais je ne sais pas si c'est à cause de ce passé qui revient me hanter ou si c'est toi et ta présence fascinante. »

Severus ne put s'empêcher de sourire à cela, mais son sourire était amer et il se transforma rapidement en une grimace. « C'est la raison pour laquelle je ne voulais pas t'en parler. Je ne veux pas t'obliger à éprouver des sentiments pour moi que tu n'as plus. Nous étions liés dans le passé, nous ne sommes pas obligés de l'être dans le futur. »

« Et toi, que ressens-tu pour moi, Severus ? »

« Ce que je ressens n'a pas d'importance pour l'instant. » Severus détourna à nouveau les yeux. Il se remit à émincer les herbes qu'il avait sous la main.

Harry eut l'impression de recevoir un couteau dans le cœur. Cet homme était prêt à se sacrifier pour lui. « Au contraire, c'est important pour moi. »

« Je vais te donner un conseil : oublie qu'il ait pu y avoir quelque chose entre nous et concentre-toi sur ta vie présente. Je ne suis peut-être plus la personne qu'il te faut. » Il avait arrêté d'émincer ses herbes et le regardait enfin dans les yeux. Ce qu'il vit le fit s'arrêter net. La tendresse qu'il lisait dans son regard n'était pas celle du passé, ce n'était pas la passion qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre, c'était quelque chose de plus retenu, de plus humble et peut-être aussi de plus fort.

A travers le lien qu'ils partageaient, il sentit toute la retenue qu'il s'infligeait.

« Severus qu'éprouves-tu pour moi ? » Harry était si sûr de lui. Une aura de puissance l'entourait alors qu'il s'approchait du professeur de potions.

Harry était maintenant si près de lui qu'il sentait ses cheveux sur ses joues. Il leva la main comme pour le toucher mais arrêta son mouvement et c'est celle de Severus qui se posa sur sa joue.

« Ce que je ressens pour toi Harry ? C'est une douleur constante dont je ne peux me défaire. Tu occupes constamment mes pensées. Tu m'empêches de dormir la nuit et de vivre le jour. Ta présence est comme un baume apaisant. Ton absence n'est que douleur. » Sa main sur sa joue était exigeante et possessive. Elle le réclamait comme sien.

« Je t'ai laissé entrer dans ma vie alors que je savais qu'un jour tu me quitterais. Je t'ai laissé partir pensant que tu reviendrais. » Il lui prit la main et lui montra sa bague, « Ceci te fait mien par l'esprit. » Il libéra sa main et sortit le pendentif du T-shirt de Harry, effleurant délibérément la peau dans un geste sensuel, « Ceci te fait mien par le cœur. »

Il se pencha et embrassa le coin de ses lèvres. Les démons qui l'avaient assailli semblaient s'être calmés. « Va-t-en Harry. Tant que tu ne sais pas ce que tu veux, ne viens pas me tourmenter de la sorte, s'il te plaît. Je ne prends pas facilement peur, mais avec toi -»

Il se recula et se recroquevilla dans sa carapace.

« J'ai besoin de toi Severus. »

« Je sais. » Lorsqu'il le regarda ses yeux avaient perdu de leur passion. Ils étaient sombres et froids. « Tu veux toujours voir leur tombe ? »

Harry sentit un vent glacial le traverser. Il serra les dents réprimant les larmes qui le menaçaient, et il sentit son corps se contracter. « Oui. »

« Alors nous partons à 14h. »

Harry allait partir quand il le rappela. « Nous ne sommes pas obligés d'y aller. »

« Je sais. Mais pour avancer, il faut que j'affronte mes démons. »

Hpsshpss

L'angoisse qui l'étreignait n'avait pas de nom. Il devait aller voir les tombes parce que tout devait devenir réel. Il devait faire face à ses pêchés.

Il s'imputait directement leurs morts. Elles étaient de son fait. Ils étaient ses amis et il les avait trahis. Il devait voir leurs tombes pour que son passé s'ancre dans le présent. Qu'ils deviennent réels. Qu'il puisse à nouveau les pleurer

Severus l'attendait dans le salon. Droit et l'air inflexible, il imposait le respect. Ses yeux noirs étaient distants. Ils le traversaient comme s'ils ne le voyaient pas, créant une distance entre eux qu'Harry voulait à tout prix réduire. Il n'était pas encore certain de ses sentiments pour lui, mais il savait qu'il le respectait et l'aimait comme un ami voire plus.

En fait, il voulait plus.

« Prenez de la poudre de cheminette, dites 'cachots, appartements de Severus Snape' et lancez-la. Vous atterrirez chez moi à Poudlard. »

Il acquiesça et fit ce qui lui était demandé. En arrivant, il chancela et cracha ses poumons à cause de la cendre qu'il avait inhalée. Severus sortit peu après de la cheminée comme s'il venait de traverser une porte : avec naturel et aisance.

Harry observa la pièce dans laquelle ils étaient. Instinctivement, il se dirigea vers la table de travail sur laquelle se trouvaient en permanence parchemins, encre rouge et noire et deux plumes. La sienne et celle de Severus. Il prit la plume de l'autre homme.

Harry était encore une fois dans les cachots. Il y passait ses soirées dernièrement. Severus était assis en face de lui, la tête inclinée sur les copies, et serrait les lèvres en une fine moue réprobatrice. Le silence qui s'était installé entre eux était agréable. Les raclements de la plume sur les parchemins et les grognements de l'un ou de l'autre rythmaient leurs soirées.

Severus soupira et se leva, laissant sa plume de côté. Instinctivement, Harry sut qu'il allait préparer du café. Il sourit, le regarda partir et prit la plume de Severus. Elle n'avait rien de spéciale, elle écrivait même moins bien que la sienne, mais c'était celle de Severus. C'était certainement puéril, mais ça lui faisait plaisir.

Son regard se dirigea ensuite l'horloge sorcière. Les mains qui les représentaient étaient pointées sur Maison, Correction de copies. Un petit écriteau s'était rajouté sous celle de Harry. Il était inscrit : ennui.

Une autre désignait David, Eva, Drago et Ginny. C'était leurs amis les plus proches et il leur arrivait de garder les enfants. La vérité est que Drago avait donné cette horloge à Severus pour l'embêter. Ce qui ne manquait pas de faire rire le blond à chaque fois qu'il la voyait. Il n'avait jamais commenté la première. Et ils leur en étaient reconnaissants.

Severus posa la tasse de thé à côté de Harry et tendit la main pour récupérer sa plume. Harry lui fit un sourire forcé, haussa les épaules et déposa la plume demandée dans la main de l'autre homme.

Severus se rassit et tous deux finirent leurs corrections en silence. Ils n'échangeaient pas de commentaires sur leurs élèves. Ils ne les voyaient pas sous le même angle et ne demandaient pas les mêmes compétences.

Severus observait Harry dont les yeux restés rivés sur la petite plume. Il se doutait que souvenirs refaisaient maintenant rapidement surface. Ils avaient partagés tant de choses dans ces pièces.

Severus ne fit aucun bruit, attendant qu'il revienne à lui.

Il se tourna vers sa bibliothèque à la recherche d'un livre bien précis sur les potions dont il pourrait avoir besoin pour ses expérimentations. Au milieu se trouvait un livre de Quidditch. Il effleura la couverture, le sortit et le feuilleta doucement.

Severus savait qu'Harry n'avait jamais eu l'intention de vivre dans les cachots. Il comptait retourner tous les soirs au Refuge et attendre qu'il le rejoigne. Mais cette idée était rapidement tombée aux oubliettes.

Ils avaient tous les deux des devoirs au château et partir n'était pas facile. Le système qu'ils avaient instauré était loin d'être performant et ils s'en étaient rendus compte un soir où Minerva avait cherché Severus pendant deux heures avant qu'il ne reçoive le message.

Depuis lors, Harry passait plus de temps dans ses propres quartiers mais encore davantage dans ceux de Severus. Ses affaires étaient arrivées petit à petit. Un jour, Severus s'aperçut que son armoire était divisée en deux compartiments, qu'une étagère avait été rajoutée dans le salon… Harry faisait entièrement partie de sa vie.

Un soir, avant d'aller se coucher, il voulut prendre un livre pour lire. Au milieu de ses livres de potions, s'en trouvait un traitant de Quidditch.

Il parcourut la pièce du regard et vit partout les petites choses qui prouvaient que le Gryffondor faisait partie de sa vie : sa chaise, sa plume, ses livres… son côté du lit, son odeur. Il devait avouer que ça lui plaisait.

Quand Harry arriva une heure après, il souriait encore.

« Tu t'amuses sans moi maintenant Severus ? »

« Morveux. »

« Alors, tu as passé une bonne journée ? »

« Oui, mais ma soirée est encore meilleure. »

Harry était à lui et rien qu'à lui.

Il l'avait effectivement été pendant ces quatre années de bonheur. Ensemble, ils étaient tout l'un pour l'autre et il espérait retrouver son mari. Il fallait simplement qu'Harry fasse le point et sache ce qu'il veuille. Il reposa le livre.

Harry reposa la plume, le regard toujours voilé. Il se sentait perdu. Tout était si familier. Il était ici chez lui. Il se sentait proche de Severus peut-être même plus qu'au Refuge.

Harry ferma les yeux et soupira. Il lui avait promis de ne pas s'attacher aux souvenirs de leur vie commune et de découvrir ce qu'il ressentait vraiment pour lui. C'était plus difficile qu'il ne l'avait escompté. Tout se mélangeait.

Son mal de tête reprenait.

Les meubles se soulevèrent légèrement et retombèrent brutalement dans un grand fracas. « Fais donc attention, ce sont des objets fragiles. » Le sermonna Severus.

Les livres tombèrent et quelques fioles se brisèrent. D'un geste de la main, le maître des potions remit tout en état, s'attardant sur les potions qui étaient maintenant foutues.

« Essaye de contrôler ta magie, Harry. Tu risques de la vider en envoyant de telles vagues. »

« Si tu crois que je le fais exprès ! »

« Non, je sais que se sont tes émotions qui lui permettent de se manifester. Si tu veux, nous pourrons travailler ce problème. »

La douceur de sa voix trahissait une grande fatigue émotionnelle. Harry ne pouvait pas être en colère contre cet homme qui ne cherchait qu'à protéger son cœur.

« Si c'est possible, j'en serais heureux. »

Severus acquiesça simplement et sortit.

Les couloirs étaient sans fin. Les portraits sur le mur les suivaient des yeux, certains leur parlaient. Severus n'y faisait pas attention. C'était apparemment normal pour lui. « Je ne te ferai pas faire le tour de Poudlard. Ce serait trop long. Si tu veux visiter une salle particulière -»

« Parle-moi un peu de Poudlard s'il te plaît. »

« Les élèves arrivent ici à l'âge de onze ans. Ils sont répartis par le choipeau en quatre maisons : Poufsouffle, Serdaigle »

« Gryffondor et Serpentard. Je suis un Gryffondor. »

« Oui, tu es un Gryffondor qui a des traits de Serpentard. Si on ne se méfie pas, tu es capable de rouler n'importe qui parce que tu as les qualités des deux maisons. » Les lèvres de Severus se redressèrent légèrement.

« C'est pour cette raison que tu me traites souvent de Gryffondor idiot ? » Harry leva un sourcil, imitant ainsi le maître des potions

Severus croisa les bras.« Les Gryffondors sont tous des idiots. Tu demanderas à David. Il en sait quelque chose. » Il grimaça mais le sourire dans la voix de Severus lui fit comprendre que son insulte était à prendre comme un mot tendre.

« J'ai très peu de souvenirs de David et d'Eva. Est-ce que je m'entendais bien avec eux ? »

« Ils étaient comme tes enfants. » Réponse succincte.

Il entendit un cri d'enfant et tendit l'oreille. Il n'y avait rien. Encore un effet de son imagination ou un souvenir qui voulait se fondre dans la réalité.

« J'aimerais les rencontrer. » Son regard se fit lointain.

« Si ça peut te faire plaisir, on les invitera au Refuge.

« Nous sommes bientôt arrivés. » Ils venaient d'atteindre la Grande Porte . Harry frissonna et inspira profondément.

Le ciel était lumineux. Il n'y avait pas un nuage pour troubler le repos des âmes. Le lac brillait de milles feux. Une cabane au loin paraissait vide. Certaines fenêtres étaient brisées, d'autres étaient si sales qu'on aurait pu penser que personne n'y vivait plus depuis longtemps.

Le champ de citrouilles s'étalait de manière désordonnée. Il n'y avait plus personne pour en prendre soin.

Il tourna la tête vers Severus, son regard était vide. « Plus personne n'y vient depuis -» Il s'arrêta, la gorge nouée et la voix rauque. « Tu l'as entretenu pendant un temps avec Neville Longdubat mais quand tu es parti, il a arrêté. »

Des sentiments contradictoires le traversèrent. Neville. Il était certain qu'il était un ami. Alors pourquoi-

« Nous étions en guerre Harry. Voldemort était- puissant. Il a fait beaucoup de mal. Severus Il ne le regardait pas, mais il avait compris sa question.

« Voldemort. » Un flot de haine le traversa. Il avait tué ses parents. Il était responsable de la mort de son parrain… Ses yeux flamboyaient de colère et de haine.

Le Seigneur des Ténèbres éclata de rire. Dans une caresse, il essuya ses larmes. « Regarde ma botte ! » Il enserra le cou de Neville tout en gardant ses yeux verrouillés dans ceux de son ennemi. « Il va payer à ta place Potter. Soit tu me dis où se trouve ce que tu m'as volé, soit il meurt. A toi de choisir ! » De son ongle, il écorcha la gorge du jeune homme et une perle de sang apparut. Il l'essuya et la lécha. « Alors, j'attends une réponse, petit Gryffondor. »

Harry se sentait vide et fatigué. C'était cet homme qui avait gâché la plus grande partie de sa vie.

« Ne gaspille pas ton énergie. Il est mort. »

Du sang, il y avait tant de sang partout. Ses cauchemars. C'était comme dans ses cauchemars. Sa vision se brouillait. Des amas de chair en décomposition s'étalaient devant lui.

Il ferma les yeux. Il ne voulait pas penser à ce monstre maintenant. Il ne voulait pas se souvenir de lui. Il avait d'autres combats à mener.

La forêt s'étendait, limite infranchissable de Poudlard. Encore aujourd'hui, elle paraissait menaçante et sombre.

Ils avancèrent. Harry essayait de repousser les images qui cherchaient à se frayer un passage dans son esprit.

Les rires qu'il avait partagés avec Hermione et Ron. Les aventures dans la forêt interdite en compagnie de Hagrid. Norbert. Aragog. Les centaures. Les matchs de Quidditch.

Le château en ruine. Le vieux directeur mort. Severus s'enfuyant avec Drago.

Il ne voyait que des bribes de souvenirs. Ca allait trop vite. C'était trop. Ils menaçaient de le submerger, de le noyer s'il les laissait entrer dans son esprit et l'envahir.

Ils reprirent leur chemin silencieusement. Il aperçut le terrain de Quidditch mais n'y prêta pas grande attention. Il savait que c'était un lieu important pour lui, mais ils arrivaient. Il le sentait. La température ne s'était pas rafraîchie, mais il avait froid.

De chaque côté d'une grande pierre blanche se trouvaient deux petites tombes tout aussi blanches.

Harry s'approcha. Severus resta derrière lui, lui laissant l'intimité dont il avait besoin.

Il toucha la tombe la plus imposante : Albus Dumbledore.

Il était une figure parentale. Un protecteur. Mais aussi un manipulateur. Il avait aimé le vieux sorcier. Ses yeux scintillants derrière ses lunettes en demi-lune. Ses infernaux bonbons au citron. Il avait l'air de toujours tout savoir et d'agir pour le mieux. Il avait sacrifié sa vie pour le bien, pour qu'ils puissent vaincre Voldemort.

A côté de lui, Hagrid et Hermione reposaient en paix.

« Pardonnez-moi mes amis. »