—Yaz ?

—Ce n'est que moi : Dan, Docteur.

—Tu as vu Yaz ce matin ?

—Maintenant que tu le dis, non, elle ne semble pas encore levée. Etrange, elle a toujours été matinale.

Le Docteur était intriguée, et peut être légèrement inquiète, Yaz n'était pas apparue. Pourtant Dan avait raison, Yaz était ponctuelle pour le petit déjeuner, cela l'avait d'ailleurs toujours amusé. Fronçant les sourcils, le Docteur se rendit compte qu'elle n'avait pas vu Yaz depuis hier soir. Elle avait travaillé toute la nuit, s'assurant que le Tardis était pleinement opérationnel avant de prendre la route. Elle avait senti la présence du Tardis l'incitant à rejoindre la brune, mais elle voulait absolument terminer ce sur quoi elle travaillait. Pourtant ce matin, elle n'avait pas vu la brune, et elle pressa le pas pour la trouver. La main tremblante, elle ouvrit la porte de la chambre de Yaz, pour découvrir que la petite brune était encore au lit, son visage était très rouge, grelottante sous ses couvertures.

—Yaz !

Elle se propulsa à son chevet en moins d'une seconde, posant ses mains sur le corps de Yaz, vérifiant qu'elle n'avait aucune blessure. Yaz l'appela tant bien que mal, faiblement, elle était fiévreuse et peinait à ouvrir les yeux.

—Reste tranquille, je vais prendre soin de toi.

Elle se rendit dans la salle de bain pour récupérer une bassine et un linge qu'elle lui passa doucement sur le visage, Yaz ne pouvait pas être malade, le Tardis était censé lui éviter ça. Doucement elle la scanna avec son tournevis, et elle n'aimait pas les données remontées, ses cœurs battaient vite, elle était terrifiée, et priait pour que les données ne soient pas fiables. C'était impossible… Elle devait conduire Yaz vers le laboratoire, mais Yaz était intransportable pour le moment. Non, si. Elle devait la conduire, elle n'avait pas le choix. Avec précaution, elle l'enroula dans la couverture, la transportant avec elle, la tête de la brune se posa sur son épaule et le Docteur posa ses lèvres sur son front avant de prendre la direction du laboratoire. Elle la posa sur la table d'examen et lança un scan de Yaz. Les résultats arrivèrent rapidement et ses cœurs manquèrent de se briser, envahie par la colère, abattue par l'impuissance. Elle avait envie de hurler, l'univers n'avait pas le droit de lui faire ça, il ne pouvait pas lui prendre Yaz maintenant, elle ne voulait pas la perdre, elle refusait de la perdre. Elle repoussa sa douleur, elle devait être là pour Yaz, elle devait être là pour la soigner. Elle attrapa une série de comprimés dans l'armoire à pharmacie. Et s'installa près de la brune et la redressa pour lui faire avaler quelques médicaments.

—Doucement Yaz, prends ses comprimés. Voilà, brave Yaz.

—Je crois que j'ai attrapé une vilaine grippe.

—Oui… Quelque chose comme ça, mais je vais te soigner.

Elle lui caressait les cheveux, mais déjà Yaz avait sombré à cause des médicaments. Le docteur la quitta quelques instants pour se rendre auprès de Dan.

—Dan, je vais te ramener chez toi.

—Mais je ne suis là que depuis hier soir.

— Yaz a attrapé un rhume.

—Elle va bien ?

—Oui.

Elle actionna les manettes du Tardis, et déposa Dan juste devant chez lui.

—J'ai comme l'impression que tu me caches quelque chose. Yaz et toi, ça va ? Vous semblez différentes depuis qu'on a combattu les Sea Devils, le mois dernier.

—Yaz et moi, c'est compliqué, mais jamais je ne lui ferais du mal. Au revoir Dan.

—D'accord, je te laisse, tu as apparemment très envie de retourner auprès d'elle.

A peine Dan parti, elle rejoignit Yaz dans le laboratoire. La jeune femme dormait toujours, se sentant impuissante, elle se rendit dans la bibliothèque pour trouver des informations. Une section entière était consacrée à la médecine humaine. Elle les parcourra un à un, jetant les autres sur le sol, cherchant des heures durant, une information utile.

—Docteur ?

—Yaz !

Le Docteur abandonna ses recherches, repoussant le livre qu'elle avait dans les mains, elle ne voulait pas que Yaz le voit, alors elle se dirigea vers elle, elle l'observa, posant sa main sur son visage pour voir si elle avait encore de la fièvre.

—Je vais mieux, Docteur.

Mais une quinte de toux plia la jeune femme.

—Tu devrais retourner te reposer.

—Je n'aime pas être seule. J'ai faim aussi.

Le Docteur ferma les yeux, Yaz était épuisée et n'avait probablement pas l'énergie de se faire à manger. Le Docteur passa son bras autour de sa taille et l'accompagna vers les cuisines, l'installant à la table, elle lui prépara un bol de soupe. Elle s'installa avec elle, l'aidant quand la cuillère était trop lourde, parlant de tout et de rien, pour ne pas montrer à Yaz sa faiblesse. En quelques cuillerées, elle fut rassasiée et elle la ramena au laboratoire.

—Docteur, je préfère être dans ma chambre.

—D'accord, d'accord, je vais d'abord te donner des médicaments avant.

De retour dans la chambre, elle l'installa sur son lit. Le Docteur attrapa la brosse et s'installa derrière Yaz pour lui brosser les cheveux, nattant les longues mèches brunes avec plaisir, c'était apaisant, ignorant l'espace d'un instant la maladie et la faiblesse de sa compagne de voyage mais les mèches qui lui restaient dans les doigts la ramenait à la réalité. Un fois son œuvre terminé, elle cacha la boule de cheveux dans sa poche et aida Yaz à s'allonger, la bordant avec tendresse, répondant faiblement à son sourire. Le Docteur s'installa à côté d'elle, se glissant sous les couvertures, approchant le corps de Yaz du sien, la brune s'endormit au son des cœurs du Docteur.

Elle s'éveilla la première, Yaz dormait toujours dans ses bras, elle était percluse de fièvre, elle savait qu'elle n'était pas en mesure de la soigner, mais elle ne pouvait pas abandonner, elle se leva, se dirigea vers la salle de contrôle et parcourra rapidement la base de données du Tardis. Elle actionna le levier et le vaisseau décolla. C'était son dernier espoir. 75eme siècle, Constellation de l'Emeraude, l'hôpital de l'Emeraude impérial, l'ordre religieux qui le tenait avait à cœur de toujours dire la vérité et de fournir les meilleurs soins possibles aux patients. Le Tardis se posa sans le hall d'accueil, et le Docteur sortie avec Yaz dans les bras, enroulée dans une couverture. Plusieurs infirmiers arrivèrent avec un brancard, et le Docteur posa Yaz dessus puis elle les suivit, refusant de laisser la brune seule.

—Madame, vous devez nous laisser l'examiner.

—Faites, mais je ne m'éloignerais pas d'elle.

Le médecin observa la blonde et se rendit compte de la détermination, elle ne bougerait pas ça c'est certain, il devrait donc faire avec. Autant se servir d'elle pour avoir des renseignements.

—Quelle est sa race ?

—C'est une humaine, du 21ème siècle.

—D'accord, donc elle n'aura pas la plupart de ses vaccins. Valériane, ajoute les examens qu'on ne fait pas d'habitude.

—Oui, docteur.

—Madame, quel est votre nom, et le sien ?

—Vous pouvez m'appeler Docteur, et elle, c'est Yaz, Yasmin Khan.

—Vous êtes docteur en médecine ?

—Oui, et en plein d'autres choses. Mais concentrez-vous sur Yaz, elle ne peut pas mourir, elle est… Il ne peut pas y avoir d'univers sans Yaz.

Le médecin esquissa un sourire, apparemment le Docteur devant lui, était fortement attachée à la jeune humaine sur sa table. Il fera son possible pour la soigner, il l'observa, ses traits n'étaient pas courants, il en avait vu dans des livres d'histoire terrienne, elle était indienne. Des résultats commençaient à apparaitre sur les écrans et ils n'étaient vraiment pas bons. Par tous les Dieux, il savait que la blonde regardait les résultats en même temps que lui, et il pouvait voir ses traits s'effondrer.

—Docteur, je suis désolé. Nous ne pouvons rien faire.

—Mais vous êtes le meilleur hôpital de l'univers.

—Sa maladie est incurable. Je suis vraiment désolé, Docteur, mais votre compagne sera morte dans 24h, je suis désolé, madame.

—Non ! Non ! Non ! Vous ne pouvez pas dire ça, vous n'avez pas le droit. Yaz ne peut pas mourir…

Non elle ne pouvait pas mourir, il ne pouvait pas lui rester que vingt-quatre heures avec elle, le Docteur s'approcha et passa sa main dans le long du bras de Yaz, pour finalement lui prendre la main. Ses cœurs lui faisaient mal, alors elle récupéra la couverture et enroula Yaz dedans avec précaution. Elle allait la ramener chez elle, elle ne pouvait pas la laisser mourir à l'autre bout de l'univers. Le Docteur rapprocha le corps inconscient de Yaz, les larmes roulaient sur ses joues, elle était si pâle. Elle prit doucement la jeune femme dans ses bras, et la ramena dans le Tardis, elle ne voulait pas qu'elle meurt dans un coin de l'univers, loin des siens, elle devait rentrer chez elle. Elle devait la ramener chez elle, mais elle ne voulait pas la quitter, jamais. Entrant dans le Tardis, elle allongea Yaz sur le matelas proche de la console, la lovant dans les couvertures, l'abandonnant une minute, elle actionna le Tardis pour le faire se posa à Sheffield et s'allongea dans le lit au côté de Yaz, laissant son chagrin s'exprimer, s'accordant pour une fois, le droit d'être malheureuse. Yaz était humaine, sa vie était par défaut courte, mais là, là l'univers la lui prenait et elle était tellement en colère. La respiration de Yaz était roque, elle savait qu'elle ne reprendrait pas conscience maintenant. Le docteur ferma les yeux quelques instants, retenant ses larmes. La douleur était trop, et elle ne pouvait rien faire, dans quelques heures Yaz ne serait plus, et elle resterait seule. Retirant son manteau et ses chaussures, le Docteur s'allongea sur le matelas et glissa Yaz dans ses bras, la serrant contre ses cœurs, laissant ses larmes rouler sur ses joues. Elle l'attira un peu plus contre elle et ferma les yeux, se laissant envahir par son odeur, s'enfermant doucement dans son esprit pour ne pas souffrir pour le moment. Ainsi, elle ne vit pas la lumière dorée du Tardis les entourer chaleureusement.