Je dédicace ce chapitre à : AgathePotter, Witchia, Mélinda Potauxroses et à Gabrielle (qui n'a pas encore de pseudo sur ffnet, mais ça viendra ! ). Merci de m'avoir supporté, et vive Sévie ! (Melinda Potauxroses Sevy s'écrit avec un « y » ! Nom de Dieu ! Ou plutôt « Nom d'un chaudron » !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!)
Merci aussi à tous ceux qui ont pris le temps de laisser une ou plusieurs reviews sur ma fic (merci particulier à AgathePotter et à Sibyl666)
Je m'excuse pour le retard, le chapitre est écrit depuis longtemps, mais je n'avais pas eu l'occasion de le poster avant. Et, il faut aussi que je fasse passer une annonce : je vais rentrer en première année de médecine, ce qui implique que je vais devoir passer des concours, et donc que je risque de ne pas pouvoir (à mon plus grand regret) continuer cette fic avant un bon bout de temps. Mais je vous rassure, je ne l'abandonnerai pas !
Et, s'il y a parmi vous des lecteurs silencieux, merci de m'avoir suivie jusqu'ici. Je posterai peut-être encore le chapitre 7 dans un temps raisonnable, puisqu'il est écrit. Mais après, il va falloir attendre un bon moment. Encore désolée, mais surtout merci à tous ceux qui m'ont encouragée, et qui ont laissé des reviews.
ombeline
Chapitre 6 : conversation musclée dans les cachots.
Severus se débattit tant bien que mal, essayant d'échapper aux bras qui le tenaient fermement. Au bout de plusieurs minutes de lutte silencieuse mais acharnée, il se résigna : son agresseur était plus fort que lui, et il ne s'en sortirait pas comme ça. En plus, il commençait à être à bout de souffle : la main qui le bâillonnait obstruait partiellement ses narines et l'empêchait de respirer convenablement. Il ne restait qu'une option : il devait atteindre sa baguette pour espérer se libérer. Avec prudence, il glissa un bras vers la poche de sa robe de sorcier. Il y était presque parvenu quand son agresseur, ayant aperçu le mouvement, resserra sa prise :
-Pas de ça, Rogue. Je te conseille de rester tranquille si tu ne veux pas que je t'amoche encore plus le visage ! murmura-t-il.
Rogue reconnut sans peine la voix qui le menaçait. Et sut alors que la partie était loin d'être gagnée.
-Comme ça, tu cautionnes l'utilisation des Impardonnables ? Tu es conscient que ça pourrait t'envoyer à Azkaban, Avery ? répliqua-t-il sur le même ton.
Derrière Severus, des bruits de pas se firent entendre, et une autre voix intervint dans la conversation :
-Et toi, Rogue, depuis quand tu te soucies de notre bien-être ? demanda Malfoy.
Severus ne le voyait pas, mais il était prêt à parier qu'à cet instant, celui-ci affichait son petit air supérieur de Sang-Pur-que-rien-ne-peut-toucher-à-cause-de-l'influence-de-sa-famille-sur-le-ministère. Et il aurait également parié tout ce qu'il possédait que le nom de Malfoy et l'influence qu'avait toujours eu cette famille sur la communauté magique n'empêcheraient pas Lucius de faire un jour un petit séjour dans la maison des Détraqueurs. Severus sourit en imaginant Lucius couvert de haillons dans une prison sordide, ce qui conduisit ce dernier à lui immobiliser les muscles faciaux d'un simple sort.
-Maintenant que je n'ai plus la désagréable impression que tu te payais ma tête, peut-être daigneras-tu répondre à ma question, Rogue ? reprit-il.
Severus répondit, d'une voix rendue hachée par le sortilège qui lui permettait à peine d'articuler correctement :
-Je ne me souciais pas de ton confort, Malfoy, je m'assurais simplement que tu te souviendrais de cette petite conversation quand tu croupiras dans ta geôle !
Le visage de Malfoy se crispa sous l'effet de la colère.
-Crois-moi, Rogue, je te ferai regretter tes paroles un jour ! Tu ne sais pas à qui tu as affaire…
Des menaces, maintenant ? Il ne manquait plus que ça ! songea Severus. Comme s'il n'avait pas suffisamment d'ennemis, il venait en plus de se mettre à dos les septième année de sa maison… Ce n'est pas la plus brillante idée que tu aies eue, pensa-t-il. Lucius Malfoy continuait à le fixer, une lueur étrange au fond des yeux. Severus lui rendit son regard en s'efforçant de ne pas ciller. Leur affrontement muet durait depuis presque cinq minutes quand un cri plus fort que les autres leur fit en même temps tourner la tête.
Rogue avait presque oublié la cause de la situation embarrassante dans laquelle il se trouvait, mais celle-ci lui revint immédiatement en mémoire quand il vit Crabbe asséner un violent coup de pied dans les côtes de Caradoc Dearborn, qui cria de douleur. Severus ne savait pas depuis combien de temps Crabbe, Goyle et Parkison s'acharnaient sur Dearborn, mais celui-ci ne ressemblait plus à grand chose, tant il avait pris de coups. Son visage prenait progressivement une teinte violacée, et l'une de ses jambes faisait un angle étrange avec le reste de son corps.
-Simple curiosité, demanda Severus, qu'est-ce qu'il a fait pour mériter ça ?
-Devine, répondit Avery, qui avait fini par le lâcher, tout en le surveillant, baguette au poing.
Severus avait bien quelques suggestions en tête, mais il n'avait pas envie de les leur révéler.
-Tu vois, Rogue, renchérit Malfoy, si tu nous avais répondu tout à l'heure, on t'aurai peut-être donné un indice. Mais comme ça n'a pas été le cas, je crains que tu ne doives trouver la réponse tout seul…
-Allez, fais un effort ! Si tu trouves, on te laissera t'amuser un peu avec lui ! dit Avery en désignant Dearborn du doigt. Enfin, ce qu'il en reste… ajouta-t-il, ce qui arracha un éclat de rire à Malfoy.
-Non merci, sans façons ! leur jeta Severus. Vous avez déjà vos trois armoires à glace sans cervelle qui font ça très bien, pas la peine que je leur pique leur travail…
-Dis plutôt que tu as peur de le faire, espèce de lâche ! lâcha Malfoy d'une voix méprisante.
-Pas du tout, je ne vois simplement pas l'intérêt de m'associer dans une affaire qui ne me rapporterait rien d'autre que des ennuis. Et je m'en voudrais aussi de tomber aussi bas que toi, laissa tomber Severus d'une voix tranchante.
Malfoy se jeta sur lui, perdant son sang-froid pour la première fois depuis le début de leur entretien. Il le plaqua contre le mur, en serrant la gorge de Severus qui suffoqua. Mais Malfoy était bien trop préoccupé par son adversaire pour noter qu'il avait fait tomber quelque chose de sa poche. Ce qui n'avait par contre pas échappé à Severus, qui se contorsionna pour poser le pied sur l'objet en question. Heureusement, Malfoy prit le mouvement de Severus comme une tentative pour échapper à sa poigne, et ne remarqua rien, tout comme Avery dont la vue était cachée par Malfoy.
La main de Malfoy se serrait dangereusement sur la gorge de Severus qui commençait sérieusement à en avoir assez. Pourquoi se retrouvait-il toujours dans des situations comme celle-ci, où il n'osait jamais répliquer parce qu'il était en position de faiblesse ? Cette fois, il était sans baguette face aux septième année. Et il allait encore devoir encaisser tout sans pouvoir se défendre.
-Hé, Lucius, tu ne crois pas que tu devrais le lâcher ? hasarda Avery. Imagine qu'il parle… A cause de cet idiot, continua-t-il en désignant Dearborn d'un simple geste, on est déjà suffisamment dans le pétrin, pas la peine de s'y plonger encore plus !
Eh voilà qu'Avery prenait sa défense, maintenant ! songea Severus. Hors de question qu'il doive son salut à cet imbécile ! Déjà, la dernière fois, Potter avait arrêté de s'en prendre à lui grâce à l'intervention d'Evans. Et le même scénario était en train de se reproduire. C'était trop pour Severus. Qu'avait-il fait pour que tout le monde l'embête ? Il n'y avait quasiment aucune personne dans ce château qui l'avait un jour laissé tranquille. Pourquoi ? se demanda-t-il. Peut-être que son propre comportement était à blâmer… Prenez Malfoy, pas exemple. Tous ceux qui lui avaient tenu tête un jour s'en étaient amèrement mordu les doigts. Alors que lui avait toujours laissé dire, se disant que les autres finiraient par le laisser tranquille s'il ne répliquait pas. Cette technique n'était vraisemblablement pas la meilleure. Il y avait peut-être du vrai dans le proverbe qui disait que la meilleure défense était l'attaque… Quoi qu'il en soit, s'il ne voulait pas passer la nuit ici, il serait peut-être temps de le mettre en pratique.
Severus n'avait pas de baguette, et physiquement, il était loin de faire le poids dans l'affaire. Soit. Mais il disposait d'autres atouts dont ses ennemis étaient dépourvus. Par exemple, une capacité de réflexion immense, selon ses professeurs. Il serait peut-être temps de la mettre à profit. Analyse la situation ! se sermonna-t-il. Qu'est-ce qui te donnerait l'avantage dans une telle situation ? La réponse était évidente. Le chef. Les autres n'avaient rien dans la cervelle. Si leur chef se trouvait dans l'incapacité de les diriger, il pourrait partir !
-Pas tant qu'il ne m'aura pas présenté d'excuses pour ses insultes à mon rang et à ma famille ! gronda Malfoy pendant ce temps.
Severus choisit ce moment pour s'incruster dans leur conversation. Il allait d'abord essayer de prendre l'avantage dans leur joute verbale. Et il serait toujours temps de passer à autre chose si ça ne suffisait pas.
-C'est toi qui a interprété mes paroles comme des insultes, Malfoy. Moi, je n'en ai dit aucune.
-C'est ça… commença le Serpentard.
-Oh, tais-toi, Malfoy, le coupa-t-il. Après tout, si tu te sens visé, c'est ton problème.
Les traits de Severus se raidirent imperceptiblement alors qu'il s'adressait à Malfoy. Cet imbécile refusait toujours de le lâcher, tant pis pour lui ! Il ne pouvait pas se servir de sa baguette, il s'en passerait. Après tout, Dumbledore disait qu'on ne devenait sorcier qu'à partir du moment où on était capable de s'affranchir du morceau de bois qui ne servait à rien d'autre qu'à canaliser l'énergie magique de son utilisateur. La baguette avait bien sûr ses avantages ; elle permettait par exemple de combattre plus longtemps en duel, ou de mieux diriger les sorts… Mais elle ne devait en aucun cas être indispensable après plusieurs années d'études. Mais pour cela, encore fallait-il avoir du potentiel ! Ce dont il ne manquait pas, d'après ses professeurs. Le moment était venu de voir si leurs dires étaient véridiques, songea Severus. Et dire que ce sort dont il avait lui-même fait les frais avait été à la mode toute l'année dernière et qu'il n'avait même pas pensé à s'en servir avant…
Levicorpus ! pensa-t-il de toutes ses forces.
Aussitôt, il sentit la pression de Malfoy se relâcher, alors que celui-ci se retrouvait flottant la tête en bas à quelques mètres du sol, ses longs cheveux blonds retombant devant son visage en lui masquant complètement la vue. Severus profita de ce fait pour ramasser l'objet que Lucius avait fait tomber et le mettre dans sa poche. Avery, qui s'était précipité pour retenir Lucius, n'avait rien vu. Severus, après un dernier regard à Dearborn qui était toujours recroquevillé par terre devant Crabbe, Goyle et Parkison qui restaient les bras ballants devant le spectacle de leur chef ridiculisé, voulut s'en aller dans les couloirs. Curieusement, il n'avait pas très envie de se souvenir du contre-sort qu'Avery semblait avoir oublié dans les efforts qu'il déployait pour remettre son chef à l'endroit. Ledit chef étant trop préoccupé à maintenir sa robe en place pour rafraîchir la mémoire de son disciple. Tant mieux ! songea Severus. Malfoy n'avait pas volé ce qui lui arrivait.
Mais d'un autre côté, s'il laissait Malfoy comme ça, il n'allait pas s'en tirer à si bon compte. Le mieux était encore de le libérer, comme ça Malfoy lui serait en quelque sorte redevable.
Liberacorpus ! pensa-t-il avec moins de conviction que la première fois.
Sous l'effet du sortilège, Malfoy retomba lourdement sur Avery, lequel s'effondra sur le sol à cause du poids de son camarade. Malfoy se releva avec tout le mépris dont il était capable plaqué sur le visage. Il fallait pourtant constater que son regard avait perdu toute son efficacité aux yeux de Severus qui avait encore parfaitement en tête la vision de Malfoy dans une posture peu élégante. Malfoy redressa la tête avec superbe, et toisa Severus :
-Tu joues avec le feu, Rogue… Je me demande si je ne vais pas aller te dénoncer à Dumbledore pour ce que tu viens de me faire !
Severus réfléchissait à toute vitesse, se demandant s'il avait bien fait de libérer Malfoy. Que devait-il répondre à ça ? Il se décida finalement à prendre un ton mesuré :
-C'est ton problème… Mais vois-tu, j'ai du mal à voir ce que Dumbledore pourrait me reprocher dans la mesure où je n'ai fait que me défendre. Sans parler de ça, ajouta-t-il en désignant Dearborn toujours étalé par terre. Et puis, ce n'est pas comme si je t'avais laissé sur place. De quoi veux-tu m'accuser au juste ? De t'avoir repoussé de la seule façon qui m'est venue à l'esprit alors que tu étais en train de m'étrangler ?
C'était fini le temps où il encaissait tous les coups sans rien dire. Les autres élèves de Poudlard avaient fini par le considérer comme un bouc émissaire, que tous pouvaient maltraiter sans jamais subir de représailles. Ce qui lui avait conféré une mauvaise réputation de victime. Non ! pensa-t-il. Pas de victime. Tu n'en es plus une.
Malfoy était vraisemblablement arrivé aux mêmes conclusions que Severus, à savoir que ce n'était pas dans son intérêt de riposter, du moins pas pour le moment. Il entrouvrit la bouche, s'apprêtant à lancer une remarque cinglante, puis se ravisa et tourna les talons, entraînant ses sbires dans son sillage. Severus le regarda partir avec un mélange de fierté et de soulagement. C'était sa deuxième victoire de la soirée sur Malfoy et sa bande ! Et il savait que ses arguments avaient fait mouche. Ni les préfets, ni les professeurs ne seraient avertis ; tout comme il ne soufflerait mot à quiconque de la scène qu'il avait surprise. Ca ne le regardait pas. Bien sûr, Malfoy n'en resterait pas là et chercherait à lui faire payer cet humiliation. Mais la prochaine fois, Severus serait prêt, et il se défendrait. Severus se le jura : il ne connaîtrait plus jamais d'humiliation publique.
Il sourit alors qu'il déambulait dans les cachots humides. On allait entendre parler de lui, et plus comme celui qui avait une fois de plus fait les frais de la dernière farce des Maraudeurs. Ce qui venait d'arriver à Malfoy n'était que le début de sa revanche. Puisque personne n'avait compris que sa passivité n'avait pour seul objectif que sa tranquillité, il allait trouver un autre moyen de leur faire comprendre ! Ceux qui s'étaient attaqués à lui, tous autant qu'ils étaient, ils allaient payer. Et tant pis si tout ça allait lui attirer le mépris de ses camarades, ou s'ils se mettaient à le haïr. C'était toujours mieux que leur pitié ou leur indifférence.
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Le lendemain, lorsque Severus arriva dans la grande sale pour prendre son petit déjeuner, il y régnait une agitation peu ordinaire. Tous les élèves parlaient avec animation, comme s'ils venaient d'apprendre une nouvelle inattendue. Un peu comme si Dumbledore venait d'annoncer qu'il allait y avoir un bal surprise pour Noël. Ce qui, connaissant le directeur, n'étonnerait pas Severus.
Ce dernier se dirigea vers la table de Serpentard où il se glissa à sa place habituelle, après avoir constaté avec ennui que beaucoup d'élèves de sa maison étaient venus à la même heure que lui et que par conséquent, il allait avoir du mal à être tranquille. A peine eut-il formulé cette pensée que Regulus Black, confirmant ses craintes, vint s'asseoir à côté de lui, sur une des rares places vacantes de la table.
-Tu sais quoi ? lui demanda celui-ci, les yeux brillants d'excitation.
Rogue leva les yeux au ciel. Si ça se trouvait, la grande nouvelle de Regulus Black était que son frère aîné avait déchiré sa cape en descendant de son dortoir le matin, ou bien que sa copine du moment l'avait plaqué. Rien de bien passionnant, en somme… Mais la seule façon de le savoir consistait à supporter les bavardages intempestifs de Black junior.
-Dis toujours… soupira Severus, d'un ton qui ne laissait aucun doute quand à l'intérêt plus que limité qu'il portait aux informations de Black.
Rien d'étonnant à cela, vu que la seule fois où le deuxième année lui avait appris quelque chose d'intéressant, c'était le jour de la rentrée, lorsqu'il lui avait raconté comment Sirius Black s'était fait bannir par sa propre mère. Toutes les autres n'avaient servi qu'à assommer Severus et à lui gâcher les repas, qui faisaient jusqu'alors partie des rares moments de la journée que Severus appréciait puisqu'il les passait sans les Maraudeurs pour lui pourrir l'existence. A propos, cette information, il ne l'avait toujours pas retournée à son avantage… Severus se promit de remédier à cet erreur dès qu'il en aurait l'occasion.
Mais, pour une fois, l'ennui qui se peignait dans les yeux de Severus n'échappa pas au regard de Regulus. Celui-ci lui adressa un regard de reproche avant de poursuivre :
-C'est marrant que tu n'en aies pas entendu parler, c'est le principal sujet de discussion ce matin… dit-il tout en se saisissant d'un toast qu'il se mit à mastiquer avec application, retardant ainsi le moment des révélations.
Bon, il le crachait, le morceau ? songea Severus. Si tout Poudlard en parlait, ce n'était peut-être pas si inutile que ça comme renseignement, finalement… En tous cas, Black junior semblait avoir hérité de certains traits de caractère typiques de sa famille. A en croire les ragots qui circulaient dans la salle commune de Serpentard ces derniers temps, la mère de Black avait un caractère plus qu'ombrageux et n'hésitait pas à faire payer aux autres la moindre dérogation à ses principes. D'où le fait que Regulus fasse exprès de le faire patienter s'il s'était aperçu du désintérêt manifeste de Severus pour ce qu'il pouvait avoir à lui dire.
D'ailleurs, pensa-t-il, c'était drôle que le petit Black ne se soit pas aperçu avant qu'il n'accordait que peu d'attention à ses histoires. D'habitude, le mioche était tout impatient de le faire profiter des potins dont il avait entendu parler. Mais il semblait que Regulus ait un peu mûri ces derniers temps. Ce qui n'était après tout pas si surprenant. Le gamin était rentré chez lui pendant les vacances de la Toussaint faute d'avoir quelque chose de plus intéressant à faire, étant donné que seuls les élèves de quatrième année ou plus avaient eu le droit de participer au bal. D'après la conversation que Severus avait surprise le soir de ce fameux bal, c'était sur à cause de son refus d'intégrer les rangs de Voldemort que Sirius Black s'était fait bannir. Nul doute que la vieille folle qui servait de mère à ces deux énergumènes n'avait rien trouvé de mieux à faire que de monter la tête de son fils cadet avec toutes ces histoires, recommandant entre autres à son fils d'être plus sélectif dans ses relations, et de porter plus d'attention aux camarades à qui il adressait encore la parole. Eh bien, songea Severus, il allait devoir se méfier de Regulus, maintenant. Inutile qu'il aille rapporter à sa mère quelques petits détails qui pouvaient s'avérer compromettants… La scène de la veille, par exemple.
Mais le changement d'attitude de Black junior n'avait rien de dramatique en soi pour Severus. Il pourrait toujours se trouver une autre source de renseignements. Vu l'utilité de ceux que Regulus lui avait apportés jusqu'à présent, ça ne serait pas une grosse perte !
Entre-temps, le gamin avait fini son toast et, visiblement satisfait de l'attente qu'il avait imposée à son auditeur, continua sur un ton de conspirateur :
-Eh bien, il paraît qu'hier soir, on a retrouvé des traces de sang le long d'un mur des cachots ! J'ai même entendu dire que quelqu'un avait dû aller prévenir Dumbledore en catastrophe pour qu'il se charge lui-même d'emmener la victime à l'infirmerie…
Merde, pensa Severus. Il aurait dû se douter que cette histoire ne resterait pas longtemps secrète. Quoique, en y repensant, il n'avait rien à voir dans l'affaire Dearborn. Il n'avait fait que rendre à Malfoy la monnaie de sa pièce, d'une manière peu élégante, il est vrai, mais pas dangereuse ni compromettante. La seule chose qu'on pouvait lui reprocher, c'était d'avoir laissé Dearborn par terre alors qu'il était aussi mal en point. Comment les moldus appelaient-ils ça, déjà ? Ah oui ! La non-assistance à personne en danger. L'inconvénient des académiciens modus, c'est qu'ils employaient tout de suite les grands mots ! songea-t-il.
Pourtant, Severus ne regrettait absolument pas ses actions. Aider Dearborn ? Et puis quoi encore ! Comme si quelqu'un l'aurait fait pour lui ! A par les ennuis, ça ne lui aurait rien apporté !
-Et tu sais qui est la prétendue victime ? demanda-t-il néanmoins à Regulus pour donner le change.
Il savait que le gamin ne se rendrait compte de rien cette fois-ci. Quand il y prenait garde, Severus était en effet redoutable dans l'art de cacher aux autres ses sentiments véritables. Et, même si Regulus était plus averti qu'il y a quelques mois, il ne restait quand même que débutant dans une matière où Rogue était depuis longtemps passé maître.
-Non… Je doute qu'on le saura un jour, d'ailleurs ! soupira Black avec fatalisme. Personnellement, je me vois mal aller demander à Avery s'il sait quelque chose ! sourit-il, apparemment ravi de sa blague.
Pauvre idiot ! l'insulta mentalement Severus. Il ne lui était vraisemblablement pas venu à l'idée que la personne qui ne paraîtrait pas à la grande salle plusieurs jours de suite serait forcément celle qu'il cherchait ? Eh bien, s'il voulait être à la hauteur des espoirs que sa redoutable mère avait sûrement placés en lui, Black avait des progrès à faire… Maman Black ne se contenterait sans doute pas des capacités de son fils à déceler l'ennui sur le visage des gens à qui son rejeton avait le malheur de parler plus de cinq minutes.
-Et moi je n'irai pas le demander à ta place, lança Severus d'un ton sec, mettant ainsi un terme à leur discussion.
Sur ce, il se leva et partit en direction de son premier cours de la journée, à savoir Métamorphose. Il était à peine parvenu au couloir qui menait à sa salle de classe qu'une voix l'interpella :
-Monsieur Rogue ?
Severus se retourna, curieux de voir la personne qui lui parlait d'une manière si correcte. A sa plus grande surprise, il se retrouva nez à nez avec Albus Dumbledore, qui le fixait par dessus ses lunettes en demi-lune. Qu'est-ce que le vieux fou pouvait bien lui vouloir à un moment pareil ? Severus ne répondit rien, attendant que le directeur prenne la parole. S'il excellait à dissimuler les expressions de son visage, Severus était en effet moins sûr de la maîtrise de sa voix. Pour tromper les Regulus Black, ça suffisait, mais il ne voulait pas donner au directeur de Poudlard la possibilité de déceler l'inquiétude qui commençait à agiter son élève.
-Voudriez-vous me suivre dans mon bureau, s'il vous plaît ? demanda Dumbledore d'une voix qui, elle, ne laissait rien présager quant aux raisons d'une telle convocation.
La mort dans l'âme, Severus suivit son directeur. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait largement préféré subir ses heures de cours normales. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec Dumbledore, mais étant donné les événements de la veille, il y avait à penser que le directeur ne le convoquait pas pour le plaisir de lui offrir un petit déjeuner supplémentaire.
