- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda sa mère avec un air à la fois confus et inquiet.

Bakugo sentit son coeur se serrer ; toutes ces années à montrer qu'il était le plus fort, mais il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi Deku le poursuivait toujours en voulant l'aider. Au début, ça l'avait juste soûlé que ce maudit nerd entre à Yuei, parce qu'il n'avait pas d'Alter et qu'il se ferait virer séance tenante. Sauf que non.

Ce connard avait réussi l'examen, sous ses yeux ébahis. Il avait démontré une force prodigieuse, une vitesse telle qu'elle le détruisait de part en part à chaque fois qu'il utilisait son pouvoir. Bakugo voulait en avoir le cœur net, alors il avait observé le nerd de loin, mais avec la Réponse, et All Might, tout était devenu clair dans sa tête.

Ce moins que rien s'était moqué de lui pendant tout ce temps.

Et puis est venu le secret d'Arata. Toute cette connerie débile sur un monde parallèle en constant conflit, avec des planètes qui se détruisaient ; un scénar' digne des trucs de sf dont raffolaient les gens comme Deku. Au début, Bakugo ne voulait pas y croire, parce qu'il pensait que son senpai voulait se rendre intéressant.

Mais tout était vrai.

Ce fameux soir où il avait voulu "s'intégrer au groupe", c'était juste une excuse pourrie pour pousser l'autre "menteur" à bout. Et c'est là qu'il avait vu le vrai visage de ce gars ; un monstre sanguinaire qui avait massacré de sang froid des millions de gens. Bakugo avait été pétrifié de terreur, et il s'en voulait encore.

Pourtant, pendant le Championnat Sportif, il avait laissé ça de côté, s'était concentré à fond sur son but : être le meilleur, aller le plus haut. Et son combat contre sa plus grande faiblesse lui avait montré une chose. Une unique vérité qui s'imposait à lui lorsqu'il regardait du coin de l'œil ce brun souriant et confiant.

Bakugo le respectait.

Pourtant, il n'avait jamais respecté grand monde, à part sa mère, All Might, le prof aux cernes et la fille aux joues roses. Et encore moins ces extras, et Deku... Pourtant, au fur et à mesure, un sentiment le rongeait de l'intérieur, il ne tenait plus. Parce que ce type leur avait raconté qu'on pouvait devenir un héros sans pouvoir.

Et là, Deku avait affirmé ceci avec fermeté.

Bakugo ne comprenait pas. Il n'y arrivait pas. Comment un sans-Alter pouvait-il devenir un héros ? La réponse s'était rapidement imposée à lui : grâce aux "efforts". Ce truc de faible qui servait d'excuses aux nuls, ce qu'ils utilisaient pour atteindre le niveau des gens spéciaux comme Bakugo. Et avec ces "efforts", on devenait un "héros", même sans pouvoir.

- T'as bien capté, la vieille... (il s'attira un regard foudroyant, mais l'ignora) J'ai passé le plus clair de mon temps à montrer sa place à cet abruti de Deku.

- Deku... C'est Izuku ? (Sa mère le regarda avec un air horrifié) Bakugo, tu parles de harcèlement, c'est grave !

- Comment j'aurais pu le savoir ?! explosa-t-il. Tout le monde autour de moi me disait que c'était super d'être aussi génial. Les putains d'extras qui m'accompagnaient m'encourageaient et me suçaient la queue...

- Ton langage, bordel !

-...et les profs ne réagissaient même pas... finit Bakugo en se rendant compte à quel point c'était diaboliquement orchestré.

Il se prit la tête entre ses mains ; non, c'était normal. Deku était un faible et il méritait son sort. Et même maintenant qu'il avait un Alter, le nerd restait un nerd, une sous-merde. Il avait juste réussi à tromper son monde et à faire croire à tous qu'il était fort.

- Tu... Tu penses vraiment ce que tu dis ?

Il avait parlé à voix haute. Pourtant, il sentait que c'était comme ça que les choses tournaient. Le monde devenait chaotique si on laissait les moins-que-rien comme ce Deku emmerder le monde avec ses saletés de trucs de nerd. Il méritait pas sa place. Bakugo, si.

- Bakugo.

Sa mère le tira de ses pensées ; elle avait l'air plus déterminée que jamais.

- Je vais te faire faire suivre une thérapie ; tu as besoin de parler de tout ça, et on doit régler ce problème avant qu'il ne dégénère.


- Punaise, j'ai pas révisé !

Denki se lamentait devant ses camarades surpris, mais Akira comprenait parfaitement pourquoi l'idiot de service était dans cet état : les examens de fin d'année approchaient, et les profs les avaient inondé de devoirs à faire.

De son côté, Akira était confiant : même sans accès à la mémoire de ses trois colocataires spirituels, il possédait le savoir nécessaire et les capacités cognitives pour passer l'écrit sans trop de problèmes, ayant fini premier aux examens semi-trimestriels (exæquo avec Momo). Mais la nature de l'examen pratique l'inquiétait : ils avaient déjà fait beaucoup de combats, alors qu'est-ce que les profs allaient leur réserver d'original ?

- On n'a pas eu le temps de réviser avec tous ces évènements, remarqua Mina. C'est normal qu'on ait du retard.

- C'est effectivement le cas, acquiesça Fumikage. Les ténèbres nous ont dissimulé, mais également caché nos principaux défauts.

- Surtout que les examens de fin de semestre seront plus durs ! ajouta Rikido. Il va falloir carburer.

- Denki, Mina, allez révisez au lieu de vous plaindre, fit Mineta en rangeant son classeur méthodiquement.

- Grrr... Et moi qui croyait que tu faisais partie de notre caste ! l'accusa le blond électrique. Tu es un traître.

Mineta se tourna vers Denki, et lui sourit de toutes ses dents, ce qui attisa de plus belle la colère de Denki. Soudain, Izuku intervint :

- Je suis sûr que vous y arriverez ! Vous devez faire de votre mieux, comme ça on ira tous dans le camp d'été !

- Après, rester à Yuei n'est pas si déprimant, vous savez, ironisa Akira. Qui sait, avec un peu de chance, ils ne vous demanderont pas de laver les carreaux comme punition...

- La ferme, le redoublant ! lui rétorqua le blond.

- Ouais, comme il dit ! Espèce de coq orgueilleux ! ajouta Mina.

- Piètre insulte, mais vous pourrez peut-être en faire un haïku ; le prof de japonais en raffole...

- Il ne faut surtout pas baisser les bras ! leur intima Iida, mais son intervention fut balayée par le vent froid qu'était Todoroki, pourtant classé cinquième :

- Je suis dans l'impasse tout autant que vous ; si j'avais travaillé avec plus de sérieux, je n'aurais pas eu des notes aussi basses.

- Vous m'écœurez, bande de fayots, pleura Denki.

- Si vous voulez, je peux vous aider à réviser... fit Momo, toujours âme charitable. Ma maison peut encore vous accueillir, si vous n'y voyez pas d'inconvénient.

- C'EST VRAI ?!

En quelques instants, la plupart des personnes de la classe s'était réunie autour de la jeune fille. Akira se surprit à sourire, mais c'était à prévoir : son amie avait tellement évolué depuis leur première rencontre qu'il avait des sentiments presque paternels à son égard, avec une pointe de nostalgie. Fini la Momo faiblarde qui se reposait sur les autres : désormais, les autres allaient se reposer sur elle en cas de besoin.

Tout à coup, Momo s'adressa à lui :

- Tu voudras nous rejoindre ? Maman sera sûrement contente de te voir...

Elle me parle comme si on faisait partie de la même famille... pensa Akira, gêné. Mais en effet, ils ne seraient pas trop de deux à aider la classe à réviser, néanmoins...

- J'ai mes séances qui m'attendent, et puis je dois faire des examens, expliqua-t-il avec regret. Une autre fois, peut-être ?

- Oh... (Momo opina) Je comprends. Prends soin de toi, et n'hésite pas à venir dès que tu es libre !

Akira lui sourit, avant de retourner à ses études personnelles. Les mathématiques et la physique avaient peu de secrets pour lui, mais le japonais restait quand même sa plus grande difficulté : bien qu'il sache le parler comme un natif, il faisait des efforts conséquents pour ne pas faire de fautes à l'écrit. Quand à l'anglais et aux matières héroïques, il avait besoin de les réviser un peu plus longtemps que prévu.

Allez, au boulot !


Shoto ne se sentait vraiment pas bien.

Cela faisait depuis plusieurs jours que son ventre lui faisait des misères, et Fuyumi avait complètement paniqué lorsqu'elle avait appris son état. Chaque jour, il supportait les incessantes douleurs à l'intérieur de son estomac, n'ayant rien dit à ses camarades, parce que ça n'était pas leurs oignons, et puis les examens approchaient et ses petits problèmes intestinaux n'avaient pas d'importance.

Mais là, c'était intolérable.

À peine eut-il franchi le pas de la porte qu'il sentit le sol tanguer. Il tituba, se rattrapa contre le mur et la nausée le prit de cours. Natsuo, attiré par le bruit, vit son frère et se précipita à son secours.

- sHoTo... tO... vA...bIeN ?...yUmI !

La voix de son grand frère résonnait dans le creux de ses oreilles tel un gong monastique. Shoto, aussi faible qu'un nourrisson, avait des difficultés à réfléchir correctement. Il voulut dire qu'il allait sauter le repas pour monter dans sa chambre, mais ce ne fut que quelques marmonnements incompréhensibles qui sortirent de sa bouche sèche.

Une nouvelle vague de douleur survint, et Shoto grogna ; il vit l'image déformée et brouillée de sa soeur devant ses yeux, et la repoussa. Un pas lourd après l'autre, du plomb dans les chevilles, il s'avança et montât les escaliers. Le jeune homme dût puiser dans des trésors de volonté pour ne pas dégobiller ce qu'il lui restait dans le bide.

Il n'avait pas prit le temps d'allumer la lumière, aussi les ténèbres l'entouraient, avec la désagréable sensation qu'elles lui chuchotaient des choses à ses oreilles. Mais c'était absurde : Tokoyami n'était pas là, donc les ténèbres autour de lui ne pouvait pas parler ! Seulement, les chuchotements se transformèrent en murmures insistants, et d'une certaine manière... langoureux.

Il aurait pensé qu'une sorte de mélasse l'engloutissait, ralentissant ses mouvements. Néanmoins, après un effort colossal, il parvint à atteindre le shoji de sa chambre et le fit coulisser, le bruit s'étant métamorphosé en cacophonie irréelle. Il se couvrit les oreilles, balbutiant des paroles en s'effondrant sur son tatami.

Des pensées surgirent dans son esprit malade : des formes étranges, inexplicables. Puis, des sons, presque des rires ou des voix toutes féminines. C'était insupportable, il fallait qu'il les arrête, et pourtant... il se sentait de plus en plus attirés par elles.

La jouissance.

Elle vint à lui en même temps que la souffrance immesurable, arrachant son être hors de lui. Pour la première fois de son existence, il vit ce à quoi il ressemblait : un être abject, le produit d'une ambition cancéreuse et pourrie et née d'une union sans amour. Il ricana, tandis que son "jumeau maléfique" souriait de manière atroce.

- On dirait que j'ai touché un point sensible, hein, Shoto ?

- Qu'est-ce que tu veux dire !? hurla-t-il en voulant s'arracher la tête, qui lui donnait l'impression qu'elle allait se fendre en deux.

- Ne nies pas qui tu es, mon petit glaçon brûlant, ricana l'entité en lui tendant la main. En acceptant ta vraie nature, tu la transcenderas pour devenir... tellement plus !

Non... Ce double n'avait pas exactement la même voix que lui, la même tête que lui... La même âme. Quelque chose derrière cette parfaite réplique monstrueuse souriait, une silhouette à la fois hostile et familière. Shoto tenta de combattre l'indicible torture qui voulait le changer en cette entité contraire et similaire à lui-même, pour tenter de percer à jour le secret qui s'y cachait.

Il le vit.

Et il hurla.


- Shoto ! cria Fuyumi en montant les escaliers quatre à quatre, talonné par Natsuo.

Elle arriva devant la chambre de leur petit frère, qui hurlait à s'en arracher les poumons. D'un coup sec, elle fit coulisser le shoji.

La terreur.

Devant ses yeux déformés par une peur sans nom, son petit frère riait aux éclats, à genoux sur son lit, couvert de glace et de flamme. Son visage, entre ses deux mains aux doigts semblant brisés, était inondé par une folie pure, si pure que Fuyumi crut que cette chose qui le tiraillait allait sortir de Shoto pour fondre sur eux.

- Putain de bordel de merde ! hurla Natsuo.

Il ne pouvait pas résumer mieux la situation.

L'alter de Shoto commençait à devenir incontrôlable, mais Fuyumi était attirée par son regard : il était devenu doré, mais pas seulement... Alors que Natsuo la tirait en arrière en lui hurlant de fuir, Shoto croisa le regard de sa soeur.

Ce qu'elle y vit la bouleversa au point qu'elle tomba à genoux.

Elle ne pouvait pas exactement expliquer la chose qui était à l'intérieur de ces yeux mordorés, mais seulement le décrire : un immense espace noir, rempli d'étoiles, de galaxies, de nébuleuses en tout genre, mais pas seulement... Des formes géométriques d'une splendeur sans nom qui faisait surgir en elle un sentiment d'effroi maladif et une attraction si forte qu'elle voulait que cette chose rentre également en elle.

Elle reçut une gifle, et revint à la réalité ; se tournant vers son autre petit frère, qui avait gardé sa raison, mais était terrorisé :

- Faut qu'on s'enfuit, Fuyu !

- On ne peut pas... On ne peut pas laisser Shoto ici ! balbutia-t-elle, avant de se lever et de s'approcher malgré les bourrasques créés par les chocs thermiques.

- Tu vas mourir, arrête ! cria son petit frère d'albâtre, mais elle ne regardait que Shoto, pas à pas vers lui.

Elle le serra dans ses bras. Pendant un instant, le temps se figea tandis qu'elle prononçait ces mots :

- Tout va bien. Je suis là. Ne pleure pas.

Elle sentit la gelure la brûlait et le feu la mordre, mais elle tint bon, ses larmes se transformant soit en vapeur soit en gouttes cristallisées. Le ronflement terrible de l'Alter de son frère caressait ses oreilles d'une irréfutable vérité : la puissance simple et dure du pouvoir libéré de toutes attaches. Et c'était une épreuve à passer.

S'il te plaît, petit frère... pleura-t-elle sans pouvoir dire des mots de peur que sa gorge ne gèle ou ne s'embrase. Maman a encore besoin de toi...

Et soudain, tout s'arrêta.

Shoto ne pleurait plus, mais ne respirait pas non plus. Ignorant ses brûlures et engelures diverses, Fuyumi s'écarta de son petit frère bicolore, qui avait le regard vide et terne.

- Sho...Shoto ? (elle le secoua ; aucune réponse) Shoto ! SHOTO !

Mais la flamme s'était éteinte dans son regard, et son corps était aussi froid que la glace de maman.


C'était plutôt simple, le néant.

Froid, calme. Indolore. Pas vraiment de père à aimer, ou à prouver quoi que ce soit. Pas de mère à décevoir, ou à retrouver avec beaucoup de douleur. Pas de frère amer, pas de sœur affectueuse.

Juste... rien.

Shoto se sentit dériver dans un courant étrange. Pourtant, il était bien mort, non ? Pourquoi ressentait-il le mouvement ? Quelqu'un le tira avec force hors de flot incessant, et il se retrouva sur une berge en pleine nuit, sous des millions d'étoiles.

Celle qui l'avait sortit était une fille... étrange. Elle ressemblait beaucoup à Fuyumi, mais pas complètement : elle avait des cheveux mi-courts qui lui descendaient jusqu'aux épaules, rouge d'un côté et blanc de l'autre, avec un œil bleu et un œil noir... Cela me dit quelque chose, mais Shoto n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il était juste, bah... Shoto. Mais elle, elle la trouva plutôt jolie, quoiqu'un peu trop inexpressive.

- J'ai pêché le gros lot, aujourd'hui ! fit-elle en le regardant de la tête aux... J'ai une "tête" ? Il ne savait pas ce que ça voulait dire.

- Euh... Qui êtes vous ?

La fille haussa les épaules, puis mit son pied dans l'eau : celle-ci ne possédait aucune réflexion, et Shoto n'entendait nul son en sortir. Juste du vide.

- Je suis toi.

Cette réponse était... curieusement sensée. Shoto ne la comprenait pas, mais la ressentait au plus profond de lui. Elle était lui, il était elle. C'était tout simplement comme ça, mais...

- T'as encore des doutes, c'est normal, expliqua-t-elle en lui posant la main sur son "épaule". Mais avec le temps, tu vas t'habituer.

Shoto tourna son regard autour de lui, avant de demander :

- Où on est ?

- Je ne sais pas. Les Gardiens ont jamais voulu me le dire - elle tapota encore une fois l'endroit où elle avait posé sa main sur lui, puis se leva, fière de quelque chose. Mais de quoi ? - Allez, je dois y aller ! Ciao, et profite du paysage !

Elle sauta à pied joint dans l'eau sombre, sans éclaboussure ni bruit. Shoto regarda l'endroit où la fille qui était lui et pas lui avait disparu, avant de se tourner vers la baie illuminée par une ville étrange, à la fois proche et lointaine.

Le calme de cet endroit lui plaisait. Il lui ressemblait beaucoup. Je serais bien, ici... Loin des caprices du monde.


- Son coeur, Fuyumi ! Il bat encore ! Ah, merde, tes brûlures, tu...

- Tout va bien, Natsuo...

Fuyumi serra Shoto dans ses bras, avant de la laisser s'allonger sur le futon. Son visage était passé d'une extrême douleur à un calme profond, dénué de toutes rides souffrantes. Sa respiration était légère et calme, et rien ne semblait être en mesure de le réveiller de ce profond sommeil.

- Son corps est brûlant, remarqua Natsuo en mettant son front contre celui de son frère ; malgré les apparences, il tenait beaucoup trop à lui pour le perdre.

- Regarde !

Fuyumi lui montra que le côté gauche de Shoto dégageait de la vapeur ; son Alter régulait automatiquement sa température ! Il n'avait donc pas de soucis à se faire, et préfèrent laisser Shoto seul dans sa chambre.

Ce dernier, d'abord calme dans son sommeil, s'agita dès que sa soeur et son frère furent parties. Le front couvert de sueur, il agrippa ses vêtements et les déchira d'un geste vif, comme pour tenter de dégager un maximum de peau à l'air libre. S'emmêlant dans ses draps, il respirait avec difficulté, car il avait l'impression que quelque chose derrière sa poitrine poussait pour sortir.

Il gémit : son corps se cambra par secousses, et il sentit sa chair se remodeler à chaque fois qu'il se tendait dans son lit. À demi-conscient, il ne sentait pas vraiment la douleur, ni n'entendait les bruits peu ragoûtants des os qui craquent et se réarrangent, des muscles qui se ficelles autrement pour donner naissance à des nouveaux, de sa peau qui prenait une autre texture, métabolisant toutes ses ressources pour arranger son épiderme.

Son crâne lui fit un mal de chien, quand il sentit ses cheveux commencer à lui tirer dessus, poussant à une vitesse surnaturelle. Le changement se propagea ensuite vers le bas : son front se raccourcit légèrement, ses arcades ainsi que ses sourcils se morcelant pour former de nouvelles crevasses, de nouveaux éléments. Son nez gigota, avant de se raffermir en un plus petit. Ses joues se lissèrent, sa bouche se modifia petit à petit pour ressembler à quelque chose de plus... attrayant.

Tandis que son visage se modifiait, ses hanches se brisèrent d'un choc avant de se remodeler pour accueillir le prochain service ; il sentit que la graisse résiduelle et les muscles de son bassin se reformèrent, s'affermirent en devenant plus souples, et plus charnues. Ses jambes gonflèrent un peu, mais pas trop non plus : il fallait que ce soit présentable.

Le dernier changement survint avec une rapidité à la fois étonnante et déroute, voire excitante : son appareil génital s'écrasa sur lui-même, ses gamètes et son pénis absorbé par une sensation qui se concentrait, encore et encore, jusqu'à atteindre la singularité suprême et magnifique de son existence à elle.

Tout s'était terminé en une minute, et c'était avec délice que Shouko Todoroki était née.