- Shoto ? Shoto ! Faut te réveiller ! (Natsuo alluma la lumière) Eh beh, ça te ressemble pas ce coup de la marmotte, et... WOUAH !
Le frère bondit sur ses pieds : une fille s'était levée du lit de son petit frère, l'air ensomeillée. D'abord sur ses gardes face à cette étrangère, Natsuo remarquait de plus en plus que la fille ressemblait beaucoup à Shoto par nombre d'attraits : la musculature prononcée, le visage naturellement inexpressif avec ses yeux vairon, et les cheveux bicolores. En fait, pensa le grand frère en s'approchant d'un air époustouflé, on dirait le portrait craché de Shoto... en fille !
- Euh... commença-t-il, mais la fille sursauta, et baissa la tête.
- Hein ? Ça a marché ?
Elle se leva sous le regard ébahi de Natsuo, et rit à gorge ouverte.
- Youhou ! Ça a marché ! Ah, merci, Gardien, je te revaudrais ça !
Et ce qu'elle fit le troubla encore plus : elle s'embrassa sur les bras, et se fit un câlin à elle-même en tournoyant avec joie. Devant tant d'allégresse, il se surpris à sourire, avant de se rendre compte que tout cela n'avait aucun sens, et s'ébroua pour s'éclaircir la gorge.
La fille se tourna vers lui, et prit un air joyeux :
- Oh, grand-frère, je suis si heureuse de te voir enfin !
Elle se jeta dans ses bras et l'étreignit avec force. Surpris, ce dernier crût d'abord qu'il allait la repousser, mais il trouva son câlin plutôt familier... Il la repoussa tout de même, mais doucement, avant de balbutier :
- Mais... Shoto, comment tu... est-ce que c'est vraiment toi ?
À sa grande surprise, la jeune fille acquiesça, avant de prendre un air soucieux.
- Que... Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je... suis Shoto, mais... En même temps, je suis Shouko ! Tu... Tu comprends, hein, Natsuo ?
À vrai dire, je suis complètement paumé, voulut-il dire. Mais devant l'air joyeux de son "frère", et le fait qu'il n'ait rien et avait l'air de se sentir mieux, ça suffisait à peu près à taire son inquiétude. Néanmoins, il fallait prévenir leur sœur respective.
Enji Todoroki soupira.
Des jours passés à l'hopitâl, et des tonnes d'appel de son agence lui donnant les dernières nouvelles. Apparemment, la Ligue des Villains s'agitait, la police étant aux courants via les bruits qui couraient que ces criminels avaient recruté des nouveaux membres, et pas des moindres : meurtriers, psychopathes, et avec des Alters puissants si on en jugeait l'état des cadavres retrouvés par les forces de l'ordre.
Une autre chose étrange s'était produite : un petit garçon avait disparu pendant six jours, sa mère ayant lancé des avis de recherche dans toute la ville. Mais le petit garçon ne s'était pas perdu : apparemment, la police avait retrouvé une petite fille, qui était convaincue qu'il était ce gamin perdu. Puis, après des tests ADN et au grand étonnement de la police scientifique, ils avaient prouvé que les deux enfants étaient une seule et unique personne. Même ADN, même Alter.
Aux dernières nouvelles, pendant son absence, la ville n'avait pas vraiment changé, ce qui avait provoqué en lui une rage telle qu'il avait failli brûler sa chambre d'hôpital. Mais au fur et à mesure, en ressassant son semblant de discussion avec Shoto, il avait fini par devenir plus souple, d'après Best Jeanist qui était venu lui rendre visite, et Hawks qui se moquait de lui, comme quoi il s'était adouci.
Lui, Endeavor, le héros ardent.
Le poison avait été éliminé de son organisme, mais il avait été sommé de prendre une semaine supplémentaire de repos, en faisant attention à ne pas utiliser son Alter : la chaleur était un catalyseur très efficace pour réactiver les quelques traces de toxine dans son corps qu'il devrait éliminer avec son nouveau traitement.
En clair, il était aussi incapacité qu'All Might. Et cette pensée l'avait rongé pendant tout son long séjour.
Mais le pire, ça allait être de retrouver sa... sa famille. Il avait pensé à ces retrouvailles pendant tout le temps passé à regarder les infos à la télévision, à lire la presse et à recevoir des appels de Fuyumi. Il avait toujours eu des relations plutôt correctes avec sa fille, mais ce que lui avait dit Shoto pendant le Championnat, et le regard de Natsuo quand il rentrait le soir après sa journée de travail...
Il aurait des choses à régler, c'était certain.
"Un monstre sous sa demeure"
Les paroles de ce gamin remontaient sans cesse à son esprit, le taraudait. C'était presque comme si ce dernier avait lu à l'intérieur de son âme, pour faire transparaître quelque chose qu'il refusait depuis longtemps, mais qu'il commençait enfin à comprendre.
Il regarda une nouvelle fois son téléphone : Tsuragamae lui avait dit qu'il avait fait en sorte que toute l'affaire avec sa f... avec Rei soit traitée en bonne et due forme, pour qu'il puisse avoir un procès sans que cela nuise à la société des héros. L'affaire serait rendue publique une fois que tout sera terminé avec la Ligue.
Enji arriva enfin en face de chez lui. Il traversa le jardin, et s'arrêta devant la porte. Il leva la main pour toquer, et... s'arrêta dans son geste.
Qu'allait-il pouvoir leur dire ?
Bonjour, les enfants, je suis là !
Cela sonnait trop All Might... Pas son style.
Je suis rentré.
Trop formel, mettait trop de distance.
Au pire, se dit le héros en convalescence, je n'ai qu'à faire comme si tout était normal, et ne pas parler ; au moins ils n'auront pas à subir... subir ce que Touya avait subi.
Il toqua, et attendit quelques instants. Soudain, la porte s'ouvrit sur sa fille échevelée qui semblait complètement déboussolée.
- Ah, papa ! Tu es rentré... C'est super !
-...
- Hé hé, on attendait pas à ce que tu viennes de sitôt... Hé !
Fuyumi fut bousculée par derrière, et là Enji constata la chose la plus irréelle qu'il n'ait jamais connu de toute son existence.
Shoto, qui avait une apparence totalement différente, le regardait avec un air mauvais.
- On le laisse pas entrer, c'est hors de question ! cria-t-il...elle avec une voix plus légère que d'ordinaire.
Il avait vraiment beaucoup de choses à régler.
- Il est comme ça depuis ce matin ? demanda Endeavor en ne voulant pas le regarder.
- Oui, fit Fuyumi en servant le thé à tout le monde. Son état d'hier soir, dont je t'ai parlé juste avant, s'est calmé, mais dès le matin on l'a trouvé comme ça.
Shouko grinça des dents ; le géniteur était à peine revenu qu'il commençait déjà à ne pas respecter les règles de bienséance. Elle se redressa, et s'adressa à lui d'une voix forte :
- C'est "elle", maintenant. Un peu de respect pour ta fille, bon sang !
- Euh... (il la regarda avec un air perdu, avant de baisser la tête, l'air désolé ; hein ?) Excuse-moi, euh... Shouko, c'est ça ?
- Exactement, répondit l'intéressée en opinant du chef tout en se radossant sur le dossier du canapé, aux côtés de son frère qui avait l'air gêné, se frottant la nuque.
- Haha... Et moi qui me plaignait du fait qu'on soit en supériorité masculine à la maison... On peut dire que tout est rentré dans l'ordre, en quelque sorte ?
Le regard qu'il s'attira de Fuyumi le fit immédiatement rétracter son envie détendre l'atmosphère, tandis que leur paternel observait Shouko avec un air étrange, presque... nostalgique ? Ça la rendait mal à l'aise, aussi détourna-t-elle le regard tandis que sa grande sœur. Endeavor, lui, acquiesça puis s'enquit envers elle :
- Tu peux toujours utiliser ton Alter ?
- Quoi ? rétorqua la bicolore d'un ton hargneux. C'est pour savoir si tu peux toujours me torturer à me faire vomir mes tripes, pour que je puisse devenir le prochain Symbole de la Paix ?
Néanmoins, elle fit apparaître des flammes et de la glace, pointés en direction de son père ; celui ne bougea pas d'un cil. Elle les fit disparaître d'un geste, déçue que ça ne l'est pas affecté plus que ça.
- Shot...Shouko ! s'exclama sa sœur, mais leur vieux leva une main :
- Elle a raison, j'ai été le pire des pères. Mais là n'est pas la question pour l'instant...
- Ah, parce que ça l'a déjà été ? gronda la jeune fille, tandis que Natsuo buvait son thé pour éviter la conversation.
-...on doit savoir si c'est l'œuvre d'un vilain, et je pense avoir ma petite idée... Je vais passer un coup de fil, je reviens.
Il se leva pour partir dans une autre pièce, sûrement pour prévenir les héros de sa nouvelle condition. Sauf que Shouko se sentait tout à fait dans sa peau : vivante, en bonne santé et prête à accomplir son rêve d'héroïne. Elle regarda Natsuo, qui lui jeta un regard furtif, puis lui offrit un pouce en l'air. Elle sourit, puis le serra dans ses bras sous le regard attendri de leur grande sœur.
- Tu veux que... je t'aide à réviser ton examen, petit fr... petite sœur ?
- Avec plaisir, sœurette !
- Que je t'entraîne pour l'examen pratique, dis-tu ?
Akira acquiesça ; il s'adressait à Mirio-senpai, l'honorant de ce titre même si ce dernier avait le même âge que lui. Ce dernier, toujours souriant, se grattait le menton, ce qui lui donnait un air pensif original et assez flippant. Soudain, il leva son index :
- D'accord ! Comme tu étais sensé monter directement dans notre classe, mais que le principal n'a jugé bon d'accomplir cette action, je suis persuadé qu'il y a beaucoup de potentiel en toi !
- On verra si c'est vraiment le cas, ajouta Akira en s'étirant. Mais ça ne te dérange vraiment pas ?
- Oh non ! C'est assez rare que les première années viennent voir les autres ; ils pensent souvent qu'il faut se débrouiller tout seul, mais c'est vraiment deuxième année qu'on se rend compte qu'on a besoin des conseils des anciens, hé hé !
Ils partirent pour le gymnase Gamma, réservé aux élèves de troisième année. Il y en avait quelques uns, et tous saluèrent Mirio avec de grands sourires aux lèvres ; non seulement il était populaire, mais avait l'air d'être très respecté. Après, pour un type de son calibre, c'est assez logique, supposa Akira en se grattant le nez, un peu gêné par les regards curieux de ses senpai.
- Yo, Lemillion ! (un type s'était approché, hyper baraqué et portant un costume bleu roi avec un espèce de bouclier à la main) Tu fais du babysitting ?
- Non, je viens juste entraîner un première année, rigola ce dernier, puis se tourna vers Akira : je te présente Bulker. C'est un peu la tête dure de ma classe.
- Ouais, en attendant, fais pas trop confiance à Mirio, lui confia Bulker. Il va te balancer un crochet du droit au bide comme t'en as jamais senti.
- J'ai déjà résisté à un de ses coups, rétorqua Akira en levant les yeux. Franchement, c'était pas si terrible.
- Ah ! Non seulement le kohai est un p'tit génie, mais il a du cran, c'est bien ! (il fit un signe de main à Mirio) Je retourne m'entraîner !
- N'oublie pas le projet qu'on doit rendre la semaine prochaine ! lui rappela le grand blond tandis que l'autre s'éloignait en râlant. Il est un peu trop paresseux, parfois, rigola-t-il à l'attention du jeune brun.
- Ils sont tous très motivés, plutôt.
En effet, leurs entraînements avaient l'air hyperviolents pour certains, ou infernaux chez d'autres. Akira pensait que les leurs étaient assez durs, mais il ne s'était jamais douté de l'intensité de ceux à venir.
- Tu verras, un jour tu t'y habitueras. Je vais enfiler ma tenue, attends-moi au C8.
- Yep !
Akira partit en quête de ce fameux terrain, les troisième années trop occupés pour faire attention à lui. Explosions, tirs enflammés, libellules, dragons rugissants et il en voyait des Alters intrigants... Quand il arriva enfin à la section C8, il vit le professeur de cette classe qui notait vivement sur un carnet. Quand il remarqua Akira, il lui dit bonjour d'un ton détaché avant de s'éloigner, retournant à ses notes. Sérieux, ce type, s'étonna-t-il en faisant quelques exercices.
Peu après, Mirio débarqua dans son costume ; une cape rouge, des lunettes jaunes et une combinaison blanche sur laquelle était inscrite un million. D'où le pseudonyme... Sympa.
- Bon, qu'est-ce que tu veux travailler ?
- Un moyen de renforcer la puissance de mon Alter, expliqua-t-il en regardant ses mains.
- Mais c'est dans le programme du camp d'été, non ? s'enquit son senpai avec un air confus.
- Je vais t'expliquer...
Il lui exposa les faits ; sa dépendance de son pouvoir, son corps qui demandait plus de carburant que la normale, donc son Alter était automatiquement sollicité et manquerait de puissance à l'appel. Mirio écouta toutes ses palabres, l'air sérieux, puis acquiesça :
- D'accord : en gros, tu dois faire en sorte que la dépense d'énergie ne soit plus trop grande par rapport à ton temps de récupération.
- C'est ça : même si le camp d'été approche à grands pas, je dois faire en sorte de rattraper tout le retard que j'ai.
- Je vais t'y aider, lui assura Lemillion. Allez, montre moi ce que tu sais faire !
Akira acquiesça, puis se mit en position, et activa le puissant Heaven's Gate. Il respira un bon coup, et commença à balancer la sauce. Deux heures plus tard, il était mort de fatigue. Mais au moins, il avait fait quelque chose de sa journée... journée... jour...née...
Merde, les révisions !
