Akira s'était levé de bonne heure et avait rejoint ses camarades somnolents sur le terrain d'entraînement devant le dortoir. Leur professeur principal les accueillit, toujours aussi direct et frais malgré ses cernes abominables.

- Bonjour à tous. Aujourd'hui va débuter votre entraînement de renforcement rigoureux extrême ; le but est ici de pousser vos Alters à leur limite et les améliorer au maximum.

- Il est important de noter, continua All Might, que cette préparation est essentielle à votre futur de héros : vous devez être prêt à affronter toutes sortes de situations et d'ennemis, et pour cela l'entraînement préparera votre coeur et votre esprit.

En bref, pensa Akira en déglutissant, il allaient en chier...

- Parfaitement. Maintenant que c'est dit... Attrapes-ça, Bakugo (Aizawa-sensei lui lança une balle sphérique ; la même qu'au test d'aptitudes de début d'année !) Lance-la aussi loin que tu peux ; ton dernier record était bien de 705,2 mètres, voyons voir tes progrès...

- Un test de progression ? s'étonna Kirishima. Pour sûr qu'après ces trois mois intenses, on va sûrement avoir des résultats époustouflants !

- Je parie qu'il va faire un kilomètre ! soutint Sero. Vas-y, Bakugo !

Quelque chose clochait, se dit Akira tandis que le blond armait son bras pour envoyer la balle. Pourquoi le professeur leur demandait de commencer directement par checker leur progrès, et avec le même test de surcroît ?

- VA AU DIAAAABLE ! hurla leur camarade en faisant exploser sa paume.

Tiens, une nouvelle expression...

La balle fila dans le ciel avec une trajectoire parabolique parfaite, mais... Oui, je vois... Elle n'atteint pas un plus haut palier, et n'allait pas vraiment plus vite. Tous furent impressionnés par le lancé, mais Akira ne fut pas étonné du résultat.

Bip !

- 709,5 mètres.

Les élèves lâchèrent des "quoi" et "pardon" en tout sens, Bakugo ayant l'air d'avoir avalé une boule de plomb. Seul Akira sentait la pression arriver à grands pas, une sueur froide coulant le long de son dos.

- Il est vrai que pendant ces trois derniers mois, expliqua All Might sous les acquiescement de son collègue, vous avez accumulé beaucoup d'expérience, tant émotionnelle que technique. Mais...

-...sur le plan force brute de vos Alters, vous n'avez pas bougé d'un poil, compléta le professeur en souriant comme un démon. Je vais donc vous faire vivre l'enfer pour que vous vous dépassiez, alors tentez de survivre !

Akira grimaça ; avec les cours supplémentaires du rattrapage et l'entraînement infernal, réussirait-il à garder pied ?


C'était vraiment dur.

On l'avait placé dans le groupe des renforcements, bien que son Alter soit également de type Activation. Aux côtés d'Izuku Midoriya, Akira se faisait torturer par le redoutable Tiger, à la souplesse physique formidable mais à l'autorité d'acier. Et malgré ses connaissances en combat avancé, le style de ce combattant était imprévisible, lui laissant des bleus sur tout le corps.

- Où est le plus Ultra, bande de fainéants ?

- Oui, sensei ! hurlèrent à l'unisson les deux camarades.

Son entraînement consistait à activer son "super mode" le plus longtemps possible, pour pouvoir augmenter sa réserve d'énergie et sa vitesse de récupération. Mais après trois heures intensives, la douleur dans ses veines sous la pression de l'énergie, son mal de crâne devenaient vite insupportables. Soudain, une douleur fulgurante jaillit de ses muscles, il hurla et tomba au sol.

- Ah, tes fibres se sont brisés, c'est bien ! Je te laisse cinq minutes de pause ! Et toi, le brocoli, on continue !

- P...Plus Ultra.

Akira tentait de respirer sous cette vague de souffrance ; cinq minutes ? C'était à peine le temps qu'il lui fallait pour récupérer 1% de son énergie... Il se traîna jusqu'à une caisse remplie de bouteilles d'eau et but en se mettant du liquide partout ; sa peau libéra de la vapeur, et Akira soupira de soulagement, avant de se relever.

- Je suis prêt !

- Ah ! De la dé-ter-mi-na-tion ! enchaîna le héros en évitant chaque coup d'Izuku, puis le contra avec force. C'est parfait, recommence !

Akira se concentra, mais il sentait que c'était la mauvaise direction. Il reprit la parole :

- Monsieur, je peux aller voir Aizawa-sensei ?

Le type tourna vers lui un regard menaçant qui lui fit froid dans le dos.

- D'accord, mais n'en profite pas pour te reposer, car je te retrouvais où que tu sois, petit chaton.

Akira déglutit, puis remercia son entraîneur avant de courir à travers le terrain. C'était vraiment impressionnant : à une table non loin, Momo et Sato se gavaient à n'en plus pouvoir de nourriture pour pousser l'un à augmenter sa force et l'autre à créer des tas d'objets complexes en un temps record. Plus loin, on voyait Tsuyu qui gravissait une montagne avec sa longue langue, surplombée par Sero qui criait de douleur en tirant ses scotchs sans discontinuer.

Des explosions par eau bouillante, un bain régulé par des températures extrêmes, un type qui saignait du cuir chevelu, un ballon roulant sur une pente avec un coureur qui ne s'arrêtait pas... Même la classe 1B qui était présente avait l'air d'en baver un max. C'est une vision de l'enfer... Sortez-moi de làààà... pleura Akira en son sein en s'approchant de l'endroit où se trouvait Aizawa-sensei, qui se tourna vers lui.

- Akira ? Tu n'as pas fui Tiger, j'espère...

- Non... Je voulais juste vous demander pourquoi m'avoir mis dans le groupe de renforcement alors que je pourrais travailler d'autres aspects de mon Alter ?

Le professeur le regarda un instant, avant de soupirer :

- Suis-moi.

Intrigué, le jeune homme obéit et ils marchèrent jusqu'à un petit terrain dégagé. Là, Akira ne savait vraiment pas ce qui allait advenir, mais le professeur se plaça face à lui, et dit :

- Attaque-moi dans ton "super mode".

Akira, un peu surpris, obéit. Avec difficulté, il activa son Alter déjà bien épuisé, et bondit sur le héros à toute vitesse... Pour se faire étaler au sol. Hein ? Il se releva, pour voir qu'Eraserhead s'était juste pivoté légèrement pour lui faire un croche-pied.

- Tu as encore beaucoup à faire ; ton corps n'est pas adapté à cette partie-là de ton Alter, et boge très mal. De plus, tu n'es resté que cinq secondes après une utilisation répétée, ce qui est vraiment pathétique.

Akira regarda son corps : en effet, ses veines ne brillaient plus. Il se releva avec difficulté tandis qu'Aizawa-sensei continuait :

- Ton plus gros problème n'est pas ta capacité de stockage ni ta récupération, c'est ta tolérance à ton Alter. Presque comme si... (il regarda son élève, silencieux)

- Comme si quoi ?

-...Rien d'important, mais garde ça à l'esprit : ce n'est pas que tu manques d'énergie après avoir utilisé ton pouvoir, c'est que ton corps ne supporte plus la charge qu'il lui impose.

- Mais mon corps est déjà renforcé ! se plaint Akira.

- Oui, c'est vrai, mais pas pour résister à ton Alter (il lui fit un signe de tête) Allez, va rejoindre Tiger avant que ce dernier ne t'écrase ta petite face prétentieuse.

Le jeune homme fut étonné par cette appellation, avant de sourire et de partir en remerciant son sensei de la main. Ce qu'il n'entendit pas, c'était le murmure de regret que ce dernier lança en regardant s'éloigner son élève :

- Il faudrait que tu lui dises, Shota... Le gamin mérite de savoir...


Une journée. En une journée, Akira ne s'était jamais senti aussi épuisé.

Pourtant, c'était à eux de faire leur propre repas, et tandis qu'il coupait distraitement les oignons, son regard s'écarquilla quand il vit que son voisin, Bakugo, ressemblait de plus en plus à Gordon Ramsay : un caractère horrible, mais des compétences culinaires impeccables. Son mouvement de poignet était si rapide que les carottes étaient tranchées parfaitement en quelques secondes.

- Ouah... fit Ochaco, également impressionnée. En fait, t'es comme une fée du logis. C'est étonnant venant d'une brute comme toi !

- La brute t'emmerde !

Oui, une personnalité aussi toxique que Ramsay, mais bon... Akira apporta les oignons fraîchement découpés à Sero, qui avait surprenamment une bonne technique de balancement de wok. Le curry fut préparé dans la joie et la bonne humeur, et malgré son goût passable, Akira dévora goulûment son repas.

- T'es un vrai glouton, en fait !

Il acquiesça, la bouche pleine, avant de se rendre compte de la personne qui s'était adressée à lui ; Kyoka le regardait avec un air amusé, rejointe par le rire de ses amis devant Akira qui ressemblait à un hamster en puissance. Celui-ci déglutit si vite qu'il s'étouffa, et commença à taper sur la table, la tête toute rouge.

- Hahaha...Wowow ! (Kyoka le regarda avec effarement, puis posa un de ses lobes jack sur la gorge d'Akira ; une vibration, et le tout descendit, libérant la gorge du tête-en-l'air) Va pas nous claquer entre les doigts !

- Désolé, kof... Et merci ! (il s'essuya la bouche, impressionné) Je savais pas que tu pouvais faire ça avec ton Alter !

- Bah, c'est une compétence un peu inutile, lâcha-t-elle en haussant ses épaules.

- C'est pas si inutile, puisque que tu viens de sauver ma peau ! sourit-t-il.

Elle le regarda un instant, avant de lâcher un "pff" et de lui taper l'épaule. Ils continuèrent à manger, plus calmement après leur première assiette, et se racontèrent leurs journées d'entraînement.

- C'était vraiment difficile, soupira Momo en mettant son visage dans ses mains. Comme mon Alter a besoin de lipides pour fonctionner, je dois avaler des quantités astronomiques de nourriture...

- Un peu comme le caca, intervint Sero, le regrettant amèrement par la suite.

- Excuse-toi ! lui cria Kyoka en l'empalant presque, avant de passer à la suite comme si de rien n'était : Moi j'ai pu découvrir les joies de frapper un rocher pendant trois heures. Plutôt répétitif...

- On dirait qu'on est pas aux bout de nos peines, soupira Toru. Oh, mais ce ne serait pas le type de la section générale, là bas ?

- Mais si ! Hitoshi-kun, par ici ! s'écria Akira en agitant son bras.

Le garçon arriva à leur table avec une mine plus fatiguée qu'à l'ordinaire. Apparemment, lui aussi vivait un enfer personnel.

- Je t'ai pas vu au magasin, remarqua Akira en machônnant son curry, puis déglutit, attendant la réponse.

- J'y étais. C'est juste que tu étais trop occupé à regarder une certaine personne pour que tu puisses me remarquer.

Le regard et le sourire qu'il lui lança suffit à lui faire comprendre qu'il avait compris. Heureusement, le jeune brun était trop fatigué pour rougir, mais il lâcha sa fourchette par terre, faisant rire ses camarades. En se baissant, il ne vit pas que Kyoka restait silencieuse.

À la fin du repas, Akira se proposa pour faire la vaisselle. D'une rapidité et d'une précision étonnante, toutes les assiettes furent propres et sèches en un rien de temps, aidé par Todoroki-chan. Cette dernière, utilisant des flammèches pour sécher la vaisselle, le regardait bizarrement. Au bout d'un moment, le jeune homme se tourna vers elle, un sourire cachant son agacement.

- Oui ?

-...Ton visage est plus lumineux que d'ordinaire. C'est mignon.

- Hrm... Quoi ? (un bug survint dans son cerveau, lui faisant lâcher son éponge sur les pieds) Zut ! Et ça venait d'où, ça ?

- Ça quoi ?

Il lui jeta un regard entendu, et elle haussa ses épaules.

- Ma soeur m'a conseillé d'être plus honnête avec mes émotions. C'est assez effrayant, parfois.

- Honnête avec toi, pas forcément avec les autres.

- Ah oui ? s'étonna Todoroki tandis qu'Akira lui passait un lot de fourchettes.

- L'importance n'est pas l'honnêteté en soit ; quand tu comprends que ceux qui t'entourent sont bien plus que des tas de chair pensants, le monde se complexifie. Et puis, quand tu saisis que les émotions et les sentiments de ces personnes sont d'une saveur bien plus insondable que les tiennes...

Il regarda son reflet dans une cuillère, déformée et retournée.

-..., ça devient effrayant.

- C'est profond, ce que tu dis, commenta la bicolore. Tu serais pas philosophe ?

Akira haussa ses épaules, continuant son dur labeur jusqu'à que la nuit tombe. Après, ce fut l'heure des cours supplémentaires. Sachant qu'il n'avait que la théorie héroïque à faire, Akira eut vite terminé et put prendre une douche avant la fermeture des salles de bain.

Quand il partirt se coucher sur son tatami glissé entre tous ceux de ses camarades, il checka son téléphone avec un bâillement, pour voir qu'il y avait un nouveau message.

K T'avais l'air un peu dans les vapes au repas. Bon courage pour demain, et bonne nuit !

Il sourit doucement, une douce chaleur se répandant dans sa poitrine. Il tapa distraitement sur quelques touches, trop fatigué pour vraiment se concentrer sur ce qu'il écrivait, puis éteignit son téléphone et tomba dans les bras de Morphée.


Kyoka regarda avec un visage en feu le dernier message qu'Akira lui avait envoyé :

A Toi, tu es la meilleure. Bon courage, bonne nuit et fais de beaux rêves ! ( ˘ ³˘)

De surprise, elle lâcha son téléphone pour se cacher la bouche de ses mains. Il avait dû se tromper de numéro... Peut-être avait-il cru écrire à Momo, que tous savaient qu'ils étaient de proches amis, et que sous le coup de la fatigue il s'était gouré ? Dans sa confusion, elle ne put remarquer Shouko qui leva la tête de son livre pour regarder son téléphone.

- Tu l'as fait tombé, attends que je le ram... Oh.

Ce fut cette onomatopée qui la ramena sur Terre, et Kyoka bondit pour attraper le téléphone, avant de lancer un signe "je te vois, tu me vois" à la bicolore, qui la regardait sans comprendre.

- Tu as un problème d'yeux ? Je connais un bon ophtalmologue

- Que... (elle s'enragea presque, puis se pencha vers l'oreille de sa camarade) Ne dis rien à personne de ce que tu as vu, d'accord ?

- Euh.. Ok ? Mais c'est si important ?

- Une question de vie ou de mort : je n'ai pas envie que des fausses idées se répandent, et Mina ou Toru mettraient le feu aux poudres dans le pire des cas.

- Si tu veux...

- . , mesura Kyoka en menaçant la bicolore du regard.

- Ça va, ça va, tu as ma parole. De toute façon, je comprends pas pourquoi ça chamboulerait ta vie qu'Arata-san t'envoie des messages avec des cœurs

- Qui envoie des messages avec des coeurs ?

Merde ! pensa Kyoka en se retournant, pour découvrir une Mina au regard fouineur et curieux ; Bakugo avait presque raison, on aurait dit un raton-laveur.

- Rien ! Juste mes parents qui m'envoient leurs encouragements, tu les connais !

- Ah, ok... répondit son amie rose, l'air un peu déçue. Bon, je vais me coucher. Bonne nuit les filles !

- Bonne nuit !

- 'nuit.

Todoroki chan était déjà retournée à son livre, et Kyoka soupira, laissant son téléphone glisser de sa main tout en regardant le plafond : comment allait-elle bien pouvoir lui en parler demain ?