- Il faut qu'on fasse quelque chose.

Ce ne fut pas les paroles de Kacchan qui surprirent le plus Izuku, mais bien le fait que ce soit lui qui les proclamaient. Devant la classe étonnée et rassemblée dans sa chambre d'hôpital, son ami d'enfance et harceleur, modèle et rival serrait ses poings, son visage traversé par la frustration. Iida, par contre, réagit au quart de tour :

- Tu n'as aucune idée des choses à faire, Bakugo. Les pros et la police s'en chargeront comme toujours.

Le vert ne pouvait qu'approuver ; la rencontre avec Stain montrait bien qu'ils ne possédaient pas l'expérience nécessaire pour affronter de vrais vilains. Néanmoins, Kacchan renâcla :

- Et alors quoi ? Tu délègues parce que t'as la trouille... ou juste parce que tu penses que c'est juste un coup monté ?

Tous restèrent silencieux, ne sachant que dire ; même Izuku ne pouvait pas vraiment réfuter Kacchan, sachant qu'il connaissait bien le passé d'Akira.

- Je... commença Iida comme pour s'excuser, mais fut interrompu par Momo-chan :

- Ne penses pas être le seul à te soucier de son sort, Bakugo. Je...Je suis nauséeuse à l'idée qu'Akira-kun puisse souffrir entre les mains de la Ligue, mais regarde nous ! (elle fit un geste de la main) Nous sommes entraînés, mais comparés aux professionnels, nous n'avons aucun atout ! Nous serons hors-la-loi dès le moment où nous aurons décidé d'y aller !

- Alors brisons cette putain de loi, gronda le jeune homme.

Izuku sentit son cœur se serrer ; il n'avait pas avoué son crime, puisqu'il résultait d'un homicide involontaire, pensant que le fait d'être mineur et la situation lui donnait le droit de... Pourtant, il avait perdu le contrôle de son Alter, et avait tué un homme. Bafouer la loi une nouvelle fois ne lui plaisait absolument pas. Mais il ne devait pas détruire se carrière de héros qu'All Might lui avait confié, il ne pouvait pas...

Le One for All était dangereux, et il ne l'utiliserait pas avant d'avoir pu le maîtriser à 100%. Il regarda ses mains scarifiées, conscient du danger qu'elles pouvaient représenter.

- Je viens avec toi.

Izuku releva ses yeux, pour constater qu'Uraraka se tenait aux côtés d'un Kacchan aussi étonné que le reste de la 1A. Puis, en soupirant, Momo s'avança pour faire de même, se dressant telle une reine qui a pris sa dernière décision. Enfin, ce fut Sero, un peu gêné, qui ajouta :

- Denki est mon super pote ; je peux pas le laisser tomber.

Puis, après cela, ce fut Jiro qui s'approcha de Bakugo. Elle le regarda dans les yeux, avant de dire à tout le monde :

- Akira-kun est le type le plus sympa et le plus cool que j'ai jamais croisé dans ma vie. Vous pensez que le laisser tomber à une heure aussi sombre est raisonnable ? Moi pas.

Pour finir, ce fut Kirishima, avec un sourire crispé aux lèvres, qui lâcha à son "meilleur pote" :

- J'ai confiance en toi, Bakugo : tu m'as toujours impressionné, mais là c'est du jamais vu. Je veux être le bouclier qui vous protégera pendant cette mission périlleuse.

L'héritier du One For All, le gamin sans Alter qui avait devancé les héros pour aider son ami, celui-là même qui était destiné à accomplir de grandes choses... regardait avec admiration le groupe de sauvetage qui s'était formé.

- Bon... (Iida soupira, se frottant l'arrête du nez) Je vois que ça ne servirait à rien de vous convaincre.

- T'as tout compris, Quatre-Yeux ! ricana Kacchan , ressemblant plus à un chef d'équipe de choc avec ses bras croisés.

- Si les choses tournent mal, promettez-moi au moins... promettez-nous de ne pas prendre de risques inconsidérés, d'accord ? sourit le délégué, donnant son approbation.

- Tu as notre parole, lui promit Momo, avant de se tourner vers le blond explosif : allons-y.

- Ouais, allons sauver le soldat Akira ! cria Ochaco en levant son poing.

Les rires qui fusèrent détendirent un peu l'atmosphère, et furent l'étincelle d'espoir qui allaient les mener à leur but. Mais Izuku, lui, ne brillait pas de cette lumière ; sans s'en rendre compte, il avait posé un orteil dans le lac profond des pêchés les plus sombres.


Les ténèbres.

L'âme est une chose intriquée dans une réalité supérieure, et on ne peut pas la toucher de notre plein gré.

Akira se réveilla dans les brumes des Limbes de sa propre essence, entouré par les trois silhouettes, vestiges du plus puissant être n'ayant jamais existé. Elles le regardaient avec insistance, silencieuses comme des ombres. Le jeune brun ricana, avant d'écarter les bras.

- C'est bon, j'ai perdu ! Vous êtes content, maintenant ?

Les vestiges restèrent silencieux, ce qui l'étonna ; d'habitude, ils prenaient un malin plaisir à le torturer mentalement, mais aujourd'hui, rien.

טִיטָן

Il vomit ; la seule présence de l'être qui venait d'apparaître avait suffi à balayer sa volonté, fétu de paille dans un océan de tornades. Ses jambes tremblaient si fort, son coeur battait à une telle allure que la mort aurait pu lui téléphoner, ça ne l'aurait pas étonné. Akira se sentait minuscule, insignifiant ; tous ses problèmes devenaient futiles devant cette majesté infinie.

- Vous êtes finalement de retour ?

Aucune réponse ne se fit entendre, seulement une brise mystérieuse qui entourait le monde de ses songes. Le jeune homme tourna son regard tout autour de lui, en quête d'une image, d'un signe.

Mais le Mage n'était pas .

- Je pensais que j'aillais enfin vous rencontrer, ricana Akira. Je veux dire, vous êtes le Mage ! Le héros qui a sauvé Mourn et la Terre du désastre d'Orbas, aux compagnons de légende...

Il s'effondra sur le sol, en pleurant ; il en avait tellement marre de tous ces secrets et manigances ; marre que les choses lui soient aussi incompréhensibles. Tout ce qu'il voulait, c'était devenir quelqu'un.

- Mais je suis personne, sanglota-t-il. J'ai un nom, mais pas de famille. J'ai un pouvoir, mais pas la volonté de m'en servir pour une juste cause. J'ai une âme, mais elle n'est même pas réelle...

Le souffle du vent se fit entendre à ses oreilles, et il eut la vague impression qu'une main le touchait. Une main ni froide, ni chaude. Des doigts aussi fins que des fils d'araignée lui transmettaient un réconfort un peu étrange, lointain. Akira attrapa ces doigts, même si ça n'était que du vide. Il les serra aussi fort qu'il put.

- Je ne suis qu'un clone. Une pâle copie de ce que vous êtes... Comment suis-je sensé sauver le monde si je ne possède même pas un soupçon de votre amour, un zeste de votre courage ?

Lorsqu'il renifla et s'essuya le nez, sa prise se desserra, et cette fois ce furent des bras qui l'entourèrent. Un murmure, une flamme qui vacillait au creux de son cœur. Le Mage n'était pas cruel : son âme était juste trop aveuglante pour que le monde puisse l'apprécier. L'espoir qui naquit de cette flamme lui fit comprendre que tout n'était pas perdu.

- "Quel qu'en soit le prix, je ne suivrais que la Vérité", hein ? ricana doucement le jeune homme, avant de souffler : Je suis prêt à payer.

La présence s'effaça lentement dans la brume métaphysique, le laissant aussi seul qu'une fleur en plein désert. Là, au creux de sa paume, une lueur d'appel à l'aide, un cri de désespoir. Coûte que coûte, Akira le pressa contre sa poitrine, les battements timides soufflant sur la braise minuscule.

La braise devint flamme.

Elle s'échappa de ses mains avec un sifflement mélodieux, s'élevant dans le ciel sombre de son âme, de ses Limbes. Le toit fut percé d'un bref éclair, et la lueur s'évanouit, avec l'espoir qu'elle puisse trouver celui qui avait lié tous ceux qui se plongeaient dans les ténèbres, au fond du trou sordide. Le lien qui cristallisait leurs souhaits les plus chers.

Qu'elle puisse le trouver pour lui accorder un dernier éclat...

...

...Akira se réveilla. Il se trouvait sur une chaise, les mains et les pieds plongées dans un liquide réfrigérant pour éviter qu'il utilise son pouvoir. En face de lui se tenait la Ligue des Vilains, Denki et sa soeur.

- Bien, fit l'homme au masque aussi blanc que l'os en tapant dans ses mains. Maintenant que notre ami est réveillé, nous pouvons commencer l'extraction.

Il devait gagner du temps, et vite.


Kamino

- C'est sûr que tu ressembles vraiment à un voyou dans cette tenue, Bakugo ! ricana Kirishima en observant le blond.

- La ferme !

Ochaco ajusta sa veste en cuir que Kyoka-chan lui avait conseillé de porter ; ils avaient tous acheté des vêtements qui les ferait grandir de quelques années : Momo ressemblait à une fada des soirées, Kirishima et Bakugo ressemblaient à des voyous (le premier portant une tenue à chaîne avec des fausses cornes sur la tête, le second un col de fourrure surmontant un marcel laissant découvrir ses muscles), Sero portait un costard-cravate et des lunettes. Seules Kyoka et Ochaco portaient les mêmes vêtements, la première ayant acheté une perruque bleue sombre pour cacher ses prises jack qui auraient pu la trahir.

- Moi je te trouve pas mal dans cette tenue, Bakugo-kun ! sourit Ochaco pour détendre l'atmosphère. Tu as l'air plus mature !

- Que...(il se figea un instant, puis détourna sa tête avant de lâcher un "tch") Ne perdons plus de temps et magnons-nous le derche.

C'est vrai qu'il a l'air mature... se dit-elle en observant du coin de l'oeil son camarade à l'humeur de chacal qui lançait des regards menaçants aux passants. Plus elle le regardait et parlait avec lui, plus elle se rendait compte à quel point il était plus profond que simplement un type qui voulait gagner.

- Bon, je dois vous dire quelque chose d'important (les autres se tournèrent vers Momo-chan, qui semblait un peu gênée) Je n'ai pas d'indices sur la localisation d'Akira... Je me sens si inutile...

- Bah, c'était un peu pour ça qu'on est partis, non ? répondit Kirishima avec un ton réconfortant. Je suis sûr qu'on va trouver un moyen de le retrouver. Les autres, vous avez une idée ?

- J'ai essayé de localiser le téléphone de Denki, mais ça n'a pas marché, fit Sero en agitant le sien.

- Crétin ! Les vilains ont sûrement détruit leurs appareils électroniques pour éviter que la police les localise, grommela Bakugo.

- On peut peut-être trouver un moyen de glaner des infos, réfléchit Ochaco à haute voix. Oh, je sais ! On n'a qu'à chercher près des bâtiments abandonnés ! (ses camarades se tournèrent vers elle, ce qui la fit rougir un peu) Allez pas croire que j'ai un passé de vilaine ! C'est juste que, quand je travaillais dans un restaurant...

- Tu travaillais au restaurant ? s'étonna Sero, mais il fut coupé par un regard noir de Bakugo.

- Oui... Donc lorsque je travaillais là-bas, il y avait un type un peu louche, un voyou, qui commandait toujours une glace à la framboise et à la liqueur de pêche en gros supplément pour s'enivrer ; une manière d'acheter de l'alcool pas cher, bref...

- Abrège, râla le blond.

- Pardon ; le type en question a parlé pendant ses cuites quand on le sortait dehors d'une planque à Kamino où il faisait du recrutement, mais il était jamais allé. Apparemment, c'était un bar abandonné...

- Formidable ! s'extasia Momo en serrant la jeune fille dans ses bras. Tu ne peux pas savoir à quel point tu me soulages...

- Bah, ça sert à ça les amis ! sourit Ochaco en lui rendant le câlin.

- En vrai, t'es trop virile, Uraraka-san !

- Une vraie petite enquêtrice ! rigola Sero.

Ils se tournèrent ensuite vers Bakugo, qui les regarda en retour avec un air vexé :

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai encore f... (Ochaco lui lança un regard entendu, et il soupira : ) Bien joué, j'imagine...

- Ouah, Bakugo qui donne un compliment ? C'est un jour chanceux, je sens qu'on peut tout réussir ! se moqua Sero.

- La ferme, rouleau de scotch ! gronda l'autre, provoquant une hilarité générale.

Le coeur un plus léger, les adolescents avaient enfin une lueur d'espoir pour se guider dans le noir tunnel de leur mission. Momo créa des lunettes à rayons X pour pouvoir voir quels genres de personnes squattaient dans les bars abandonnés...

- Là ! cria Ochaco en en montrant du doigt un bâtiment à travers ses lunettes : Je peux voir un groupe de personnes ! Et quelqu'un semble allongé !

- Eh, Queue-de-cheval ! T'as un plan ?

- C'est Yaoyorozu, ugh... (leur camarade opina du chef) J'ai un plan : bien que nous ne puissions pas utiliser nos Alters pour les attaquer sans enfreindre la loi, nous pouvons attirer leur attention.

- Et comment on va s'y prendre ? demanda Sero en se grattant la tête. Ils sont sûrement en train de faire je sais pas quel genre d'expérience chelou, ils vont pas lâcher Arata du regard...

- C'est là qu'on entre en scène, non ? intervint Kirishima en se montrant du pouce. Moi et Bakugo, on peut les distraire assez tandis que vous prenez Akira et Denki avec vous.

- Je pense que ça pourrait marcher... Tu es d'accord, Bakugo ?

- Je n'attends que ça, grinça-t-il entre ses dents. Joues Roses !

- Hein ?

- T'es bien plus forte que Ch'veux Merdiques au corps à corps, tu dois être là si ça dégénère.

- Euh... (elle hésita un instant ; Bakugo venait de la complimenter ? Elle secoua sa tête, et leva son pouce en l'air) Je vous suis.

- Rouleau de Scotch et Queud'cheval, vous intervenez dès qu'on entendra une explosion, ok ? Long Lobes, tu sais ce que tu dois faire, non ?

- J'écouterais aux portes, et je sonnerais ceux qui seront encore là, devina-t-elle.

- Super, maintenant que tout est paré...

Ochaco se sentit gonflée d'une force insoupçonnée en le voyant sourire d'un air machiavélique, en faisant crépiter ses paumes :

- Allons leur montrer qu'on joue pas avec les héros !


Toshinori s'inquiétait de plus en plus, malgré les incessantes rassurements que Nezu et Recovery Girl lui apportaient. Malgré le fait que l'ancien héros n'ait jamais vraiment parlé avec le jeune Arata, il sentait qu'il aurait dû le faire plus tôt : ce dernier connaissait le secret du One For All pour une raison qui lui était inconnu. Il aurait dû faire partie de ce cercle privé.

Soudain, quelqu'un entra dans son bureau ; le jeune Midoriya, qui avait une mine plus fatiguée qu'à l'ordinaire.

- Excusez-moi de vous déranger, All Might, mais... est-ce que je peux entrer ?

- Midoriya-shounen ! (Il lui fit un de main pour l'inviter) Tout va bien ?

- Je...Je crois.

- À te voir, je ne suis pas très convaincu, soupira le héros retraité. Dis-moi ce qui te tracasse.

- Je ne sais pas si vous allez mal le prendre... (il regarda Toshinori, qui secoua sa tête pour lui montrer qu'il n'y aurait aucun problème) Bon... Est-ce qu'il vous est déjà arrivé de perdre le contrôle du One For All au point de blesser gravement des gens ?

- Ah... Tu t'inquiètes encore à propos de l'incident du camp d'été ? sourit faiblement l'ancien héros, avant de voir que son héritier détournait son regard.

Toshinori baissa ses yeux vers ses mains ; elles avaient elles-même été les artisanes d'un accident dans ce genre ; All Might, dans sa jeunesse, avait rapidement maîtrisé son pouvoir acquis. Pourtant, pendant son stage aux États-Unis, il avait mal dosé un de ses coups poings et avait fini par gravement blessé un vilain, au point de le rendre paraplégique. Bien que l'affaire est été étouffée, il s'en était toujours senti coupable.

- Midoriya, tu... tu es une jeune homme plein de talent et promis à un avenir grandiose, mais... Il est naturel que notre chemin à nous, les héros, soient semées d'embûches.

- Je sais, mais... (il commença à pleurer) Je m'en veux tellement...

Le corps du professeur bougea avant même que son esprit puisse réagir, enveloppant le jeune homme dans ses bras. Il devait le protéger, c'était son devoir et sa responsabilité. Le vert pleura dans son épaule, tandis que son mentor déclara :

- Tu ne peux pas sauver tout le monde.

La lumière.

Une lumière jaillit de Midoriya, qui se souleva dans les airs sous le regard paniqué de son mentor. La lueur, verte en couleur, s'approcha de l'ancien Symbole de la Paix, et passa du vert au jaune et grandit, grandit jusqu'à l'envelopper tout entier.

Toshinori ne comprit pas ce qu'il se passait. Mais pourtant, au fond de lui-même, une pensée s'imposa à son esprit.

Une dernière fois.

Le danger guettait dans l'ombre et ne tarderait pas à jaillir... Les muscles gonflaient sous l'énergie formidable qui se dégageait de la lumière, son regard bleu brilla tel le ciel d'Azur. Majesté et puissance lui avaient été accordé le temps de son dernier voyage, de son dernier combat contre les ténèbres.

Une dernière fois.

- Tout va bien, jeune Midoriya... car je suis là !

Izuku tomba lentement dans les bras du héros renouvelé, qui le posa sur un fauteuil, avant de se diriger vers la fenêtre. Il disparut dans un coup de vent, laissant le jeune homme endormi.

Le One For All cristallise les souhaits de ceux qui sont dans le désespoir et qui appellent à l'aide.