Holly fit la grasse matinée, heureuse de pouvoir récupérer de son séjour. Un plaisir qu'elle n'avait plus connu depuis qu'elle était entrée chez les FAR. En changeant de position dans son lit, elle jeta un regard sur la boîte qui trônait sur sa table de nuit. La veille, «ou plutôt tout à l'heure» corrigea-t-elle, elle l'avait de nouveau ouverte. A part la tiare, il n'y avait que deux papiers de la taille d'une carte de visite. Une adresse et un mode d'emploi. Enfin, si on pouvait appeler mode d'emploi les trois mots inscrits.

Vert Plongée

Bleu Mode sommeil

Rouge Arrêt (à n'utiliser qu'en cas d'urgence)

L'adresse devait être celle de Linda. Bien qu'à présent, Holly doutait que ce soit son vrai nom.

Elle sortit son lit en s'étirant, alla à la salle de bain et se glissa avec bonheur sous la douche. Après une légère hésitation quant à sa facture, elle choisit l'eau froide qui lui remit les idées en place. Elle allait se rendre là-bas, s'excuser, dire qu'elle refusait et rendre le chèque. Tant pis pour son compte en banque. Et Mulch n'en saurait rien.

De toute façon, c'était vraiment ridicule. Chercher un personnage de jeu vidéo… Elle avait même envisagé que ce soit Foaly qui ait fait le coup. Histoire de prouver qu'il lui en voulait encore un peu depuis son départ.

Holly s'habilla rapidement, prit une de ces « barres de céréales naturelles » 100 synthétiques et sortit. C'est là qu'elle réalisa qu'elle était en retard. Il était 10 heures 25 et l'agence était censée ouvrir dans cinq minutes. Elle dévala les escaliers, faillit rater une marche et réussit à saluer une voisine qui la regarda avec un sourire indulgent. Elle arriva en trombe sur le trottoir et partit en courant. Il lui restait deux quartiers de Haven à traverser…

A 10 heures 29, elle était devant l'immeuble qui abritait l'agence de détective qu'elle tenait avec Mulch.

Bien sûr, ce n'était pas luxueux. Leur agence était coincée entre un restaurant chinois et un garage. Les trois étages de l'immeubles étaient occupés par des familles qui ne voyait pas d'un très bon œil l'installation de deux détectives sur leur territoire. Malgré quelques affaires rentables, c'était le seul local salubre qu'ils aient trouvé et qui restait dans leurs finances… Holly essaya de chasser ses idées noires en se répétant que tout ceci n'était que provisoire. Du moins l'espérait-elle.

Mulch, lui, s'était installé à la cave et l'avait aménagée à sa façon. Enfin… il avait plutôt accueilli des tas d'insectes dans une sorte de …terrier ? Holly n'y avait jamais mit les pieds et ne comptait pas le faire de sitôt. C'est pourquoi elle se contenta de frapper à la porte de la cave.

- Debout, paresseux !

Un grognement lui parvint et elle entendit vaguement quelque chose qui comprenait les mots «trop» et «tôt». Elle sourit.

- Il est dix heures et demie !

La porte s'ouvrit.

- C'est bien ce que je disais. Il est trop tôt, fit Mulch en baillant. Holly leva les yeux au ciel.

- J'ai une affaire à régler. Je t'en parlerai plus tard, même si je doute qu'il y ait des suites... Je te laisse, tu t'occuperas de ... tout ça ...

Elle désigna le bureau où s'entassaient des dossiers d'un ample mouvement du bras. Elle s'arrêta et hésita.

- Et, s'il te plaît… Rends-toi un peu plus ... présentable.

Elle fit un clin d'œil au nain qui resta imperméable à son humour et répliqua.

- C'était bien l'Atlantide ?

Holly lui lança un regard assassin auquel il répondit par un sourire ironique. La porte d'entrée s'ouvrit à la volée, deux agents des FAR dans l'encadrement. Holly haussa un sourcil en se tournant vers Mulch. Il leva les mains en signe d'innocence.

- Désolé mais là je n'ai rien fait.

- Pour une fois.

- Holly Short ? fit l'un des agents en s'avançant.

- Oui.

- Suivez-moi, vous êtes en état d'arrestation.