- Un concours de chambres ?
Akira, une bouteille de jus de fruits à la main, avait entendu la conversation des filles de sa classe à propos d'un certain jeu après le dur labeur que ses camarades avaient affronté pour décorer un maximum leurs chambres. Mina se tourna vers lui, toute pimpante d'énergie :
- Oui ! On était curieuses de voir les chambres de tout le monde, comme ça on saura quels sont les goûts de chacun !
- Je trouve que c'est une super idée ! soutint Kirishima qui passait par là, un bandeau absorbant sur le front. On n'a jamais vraiment eu l'occasion de partager nos passions autres que l'héroïsme.
- Avec Akira-kun, ça risque d'être cochon, lança Mineta avec le ton le plus innocent du monde, s'attirant un regard noir de l'accusé.
- Moi je ne crois pas... (tous se tournèrent vers Kyoka, qui leva un sourcil : ) Bah quoi ? Akira a peut-être des moments où sa testostérone ravage son petit cerveau rabougri...
- Hé !
-...mais on peut pas nier le fait que c'est un gentleman et un super camarade, ajouta-t-elle en ricanant avec les autres, Akira-kun ayant serré son jus de fruits trop fort pour s'en mettre partout sur sa chemise. N'oublie pas : plus tu attends, moins les taches s'en iront !
- Grr... Heureusement que je ne porte rien dessous ! (il enleva son vêtement taché, soulevant son marcel au passage et découvrant ses muscles saillants, qui à sa grande satisfaction firent détourner le regard à Kyoka, la bouche pincée) D'ailleurs, merci pour tes conseils vestimentaires, Kirishima-kun, je me sens plus viril qu'avant !
- Ah, voilà ce que j'aime entendre !
- Bon, on va le commencer ce concours, oui ou bien ? fit Hagakure en s'agitant sur le canapé.
Les élèves de la 1A se rassemblèrent pour venir voir chaque chambre. La seule à ne pas participer était Tsuyu, qui d'après Mina ne se sentait pas bien. Commençant par l'étage des filles, ce fut la chambre de Momo qui passa la première.
- Wouah, c'est vraiment rempli !
En effet, la chambre était pourvue d'un lit à baldaquin et de diverses fournitures datant du siècle dernier. Akira apprécia particulièrement le design d'un fauteuil versaillais, ciselé dans un bois d'acajou tout à fait charmant. Momo, quand à elle, paraissait un peu gênée.
- Comme tu n'as vécu que dans la résidence secondaire de mes parents, tu n'as jamais vu ma chambre principale.
- Attends, tu es déjà allé dans sa chambre ? s'étonna Denki en se tournant vers l'intéressé, qui haussa ses épaules.
- J'habitais chez Momo-chan, sois pas étonné.
Tandis qu'ils passaient à la seconde chambre, Kyoka le bouscula au passage ; elle se plaça devant tout le monde et dit :
- Et si on passait directement à la mienne ?
- Euh, d'accord... firent les autres, un peu étonnés par cette soudaine mise en avant.
Comme à l'image de sa résidente, la chambre de Kyoka était pleine de disques, de posters de groupes et d'instruments en tout genre : synthé, batterie, guitare... Ce fut cependant le métronome qui attira son regard, et Akira s'en approcha pour mieux l'observer.
L'objet était vieillot, déjà parce qu'on pouvait télécharger des métronomes en application bien plus efficaces qu'un modèle physique, et puis ce dernier avait l'air d'avoir traversé les âges...
- Qu'est-ce que tu regardes ?
Il sursauta quand il vit le visage de Kyoka tout près du sien, qui lui lança un regard intrigué.
- C'est juste que ça m'étonnait de voir une antiquité dans ta chambre si... moderne ?
Argh, tu pouvais pas trouver mieux, crétin des îles ? pensa-t-il en serrant les dents.
- Oh, tu veux parler du métronome ? (elle attrapa le loquet pour le faire tiquer, le son périodique attirant les autres pour entendre le récit) C'est celui de mon père, qui le tient de sa mère. Quand il était plus jeune, elle le forçait à jouer du piano tous les jours en respectant scrupuleusement les partitions, jusqu'à le battre de sa ceinture.
- C'est horrible... souffla Izuku en regardant le métronome avec circonspection.
- Et ton père s'est rebellé ? fit Kirishima.
- Au début, il était trop jeune, mais... (elle arrêta du doigt le tic-tic du métronome) Quand il eut fini le lycée, il lui a dit qu'il préférait mourir plutôt que de suivre une nouvelle leçon avec elle, puis il s'est barré. Il a vagabondé longtemps, jouant dans des bars et cafés pour pouvoir manger le lendemain. Il m'a même raconté qu'il passait ses nuits dehors.
- C'est vraiment pas une expérience formidable, commenta Akira. Il fait froid et puis les gens peuvent vous prendre pour des loques et vous faire dessus.
Les autres le regardèrent bizarrement, alors il fit signe à Kyoka de continuer son récit :
- Je disais donc : il passait ses nuits dehors, en galère. C'est là qu'il a rencontré ma mère ; bien qu'elle était aussi libre que lui en matière de musique, elle était différente dans le sens où personne ne l'avait jamais forcé à suivre la partition, donc elle a finit par développer une passion pour ces dernières. Prise de pitié en voyant mon père ainsi, elle l'a accueilli chez lui, et puis petit à petit... (elle fit un geste éloquent montrant sa personne)
- Mais ça ne nous informe point sur la raison de la présence de ce métronome, ni son lien avec l'histoire fascinante que tu nous narres, ajouta Fumikage.
- L'essentiel, Kyoka, l'essentiel ! la somma Iida en agitant ses mains.
- Ah oui, le métronome... Bah, c'était celui que ma grand-mère utilisait pour les cours de mon père. Alors qu'elle avait le coeur brisé à cause de ce qu'il lui avait dit à la fin du lycée, il l'avait appelé pour l'inviter à un concert. Il paraît qu'elle a pleuré en le voyant jouer si bien. Après l'évènement, il lui a dit que, même s'il ne gagnait pas beaucoup pour l'instant, il était bon musicien parce qu'elle lui avait appris le sérieux du travail et les bases de la musique. Donc ma grand-mère lui a offert ce métronome.
Kyoka soupira, et Akira la sentit mélancolique ; d'un certain point de vue, lui aussi avait un héritage lourd de souvenirs qui ne lui appartenaient pas. Mais contrairement à elle, il s'en était détaché. Pourquoi ne faisait-elle pas de même ?
C'est simple, fit une petite voix dans sa tête. Elle n'est pas un clone comme tu l'es.
Il la fit taire d'une pichenette mentale.
Pourtant, quelque chose en lui le poussait à vouloir la serrer dans ses bras ; une force étrange qui allait d'un instant à l'autre soulever ses bras pour l'enlacer dans une étreinte qui aurait pu chasser les brumes dans ses yeux perdus...
- Mon père m'a offert cette vieillerie en me disant : "Qui que tu sois, où que tu te trouves, la musique trouvera toujours le chemin vers ton coeur. Mais pour que tu puisses frayer ton chemin dans celui des gens, faut que tu trouves le bon rythme".
Akira faillit éclater de rire en voyant la plupart de ses camarades émus, les larmes aux yeux. Quand Kyoka se retourna, elle eut l'air gênée, mais Mina se jeta dans ses bras en pleurant comme un bébé :
- Bwaaaah ! Pourquoi tu nous caches la Kyoka triiiiste...
- Arrête, tu vas finir par déclencher ton Alter sur mon haut, grommela-t-elle dans un sourire, puis se tourna vers Akira : Voilà, t'as toute l'histoire.
Ce dernier lui sourit sincèrement, parce qu'il avait vraiment passé un bon moment.
- Tu es plus talentueuse qu'il n'y paraît quand tu racontes des histoires. Je serais ravi d'en entendre d'autres !
Malheureusement, il s'était détourné trop vite pour remarquer que Kyoka rougissait. Cette dernière repoussa Mina sans ménagement et tous sortirent de la chambre.
Les prochaines furent sans grand récit apparent. La chambre de Mina et celle d'Hagakure étaient similaires dans leur côté fluffy et parodiquement "filles", mais à la différence que Mina possédait un style plus exotique que celui de la camarade invisible, dont la pièce aurait pu voir le jour dans un mauvais drama romantique.
La chambre d'Ochaco, en revanche, penchait sur un style si pauvre qu'Akira lança un sourire suffisant vers la petite brune, qui gonfla ses joues:
- Hé ! Je ne possède pas une fortune pour pouvoir m'acheter des accessoires inutiles !
- J'avoue que tu manques en effet de style... (il observa une carte du ciel sur le mur à côté du lit) Tu t'intéresses à l'astronomie ? C'est rare...
- Quand j'étais petite, j'avais appris que les gens qui travaillaient dans ce domaine gagnaient beaucoup...(elle lâcha un petit rire de dépit) J'ai appris toutes les constellations en ignorant que les métiers associés étaient devenus inutiles...
- Détrompe-toi.
Tout le monde se tourna vers Bakugo, qui n'avait pas prononcé un mot depuis le début du "concours". Se tournant vers les autres avec son air hargneux, il expliqua d'un ton sec :
- Bah quoi ? Peut-être qu'aujourd'hui, plus personne ne s'intéresse à ça par pure pratique, mais un jour ça se pourrait que ça redevienne à la mode. Réfléchissez un peu.
- Oui, les gens, réfléchissez, fit Denki en mimant le ton de Bakugo avec beaucoup trop d'emphase. Avec un peu de chance, vous réfléchirez tellement que vous produirez des explosions par votre crâne.
- La ferme, Pickachu ! hurla le concerné en faisant crépiter ses paumes, sous le rire de ses camarades.
- Sans rire, Bakugo a raison (les autres se tournèrent vers Akira, qui continuait d'observer la carte du ciel avec nostalgie) La conquête spatiale n'existe plus, mais un jour elle jaillira de ses cendres.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda Sero, un peu circonspect.
Akira sourit : "Quelque soit le temps, l'homme est toujours avide voir plus loin que le ciel (il se tourna légèrement) Ta lanterne est de mauvais goût"
- T'es juste jaloux de ma chambre ! Reviens me donner des conseils en style quand tu arrêteras de balancer des répliques de vieux, articula la brune aux joues roses. Allez, ouste !
Akira fut poussé hors de la pièce sous le rire de ses camarades, quand il se tourna vers Aoyama :
- Je parle comme un vieux ?
- Il n'y a que la vérité qui blesse, mon ami !
Oui, il n'aurait pas dû lui demander son avis... Après que la chambre de Todoroki ait surpris tout le monde par sa complexité d'agencement, son style japonais d'avant-guerre et le stoïcisme de sa résidente face aux commentaires des uns et des autres.
- J'aime beaucoup ta chambre ! s'exclama Izuku en regardant les peintures de paons sur les murs, agrémentées d'haïkus traditionnels.
La bicolore resta silencieuse, jetant un regard étrange au vert qui commençait à marmonner des choses à propos des héros comme Yoroi Musha ou Edgeshot. Akira, lui, s'intéressa au tatami qui anormalement doux. Je pourrais peut-être mettre ça au pied de mon lit, se dit-il en tâtant des doigts de pied le sol en nattes.
La visite de l'étage des filles étant terminé, ils passèrent chez les garçons. La première chambre fut celle de Mineta, aussi Akira passa en vigilance rouge ; il souhaitait trouver des indices pour mettre en évidence le côté maléfique du petit fouineur, mais sa chambre était celle d'un étudiant banal et studieux, pas très intéressante. Dépité, Akira passa à la suivante.
- Admirez la beauté suprême !
La chambre de Denki aurait pu passer pour un nightclub un peu vieillot, avec ce festival de couleurs sur le côté des étagères et le lit à l'image de l'adolescent.
- C'est trop voyant ! s'exclamèrent ses camarades envers un Denki outré.
- Quoi ? Mais j'ai passé des heures à travailler sur le style pour que ce soit cool !
- Fallait pas prendre des conseils sur Internet, ricana Sero tandis qu'Akira jetait un oeil sur le bureau, et sourit : une photo du blond et de sa petite soeur avec leurs parents, tous aussi radieux que l'éclair.
La suivante fut trop éblouissante, Aoyama ayant couvert ses murs de paillettes, miroirs et autres objets réfléchissants, à tel point qu'on se demandait si son Alter ne lui donnait pas une résistance à l'aveuglement... Celle de Koda, en revanche, relâchait une atmosphère détendue comme en forêt, un petit lapin gambadant dans la pièce au grand bonheur des filles. Soudain, le lapin s'approcha d'Akira, levant sa tête vers lui.
- Y...Yuwai-chan a l'air de bien t'aimer ! balbutia-t-il timidement.
- Mmh... (Akira prit le lapin dans ses bras, ce dernier se prélassant en enfouissant sa tête) Il est tout doux...
- O...Oui ! Je lui donne des croquettes spéciales, et... je brosse son poil tous les jours, finit-il dans un murmure.
Décidement, l'animal était vraiment l'inverse de son maître en matière de timidité. Après avoir reposé le lapin (non sans Momo qui avait absolument voulu prendre une photo d'Akira tenant Yuwai), ce fut le tour de sa chambre à lui de passer à l'échafaud.
- Je vous préviens, c'est assez chargé, expliqua-t-il en ouvrant sa porte.
C'était le cas : depuis qu'il avait commencé ses thérapies, il avait petit à petit emménagé sa chambre pour qu'elle lui "ressemble" un maximum. Le lit, aux sept petits coussins mimant l'arc en ciel, couvraient un lit à dossier en cèdre fumé, pour que la nuit soit parfumée d'un parfum de forêt qu'il aimait tant.
- Tellement fancy ! se moqua Ochaco, se vengeant de la dernière fois, mais le concerné ne mordit pas à l'hameçon.
- On ne regarde pas les dépenses quand on veut un chez-soi.
Des étagères remplies de livres, de dragons en bois sculptés et laqués, qu'il peignait quand il faisait des longues pauses. Quand Tokoyami regarda dans sa bibliothèque, il sursauta, attirant l'attention d'Akira :
- Quelque chose ne va pas ?
- Tu... Tu...(il tremblait tellement qu'il inquiéta son camarade qui s'approcha) Tu as l'édition limitée de L'Ange de La Nuit et du Porteur de Lumière ?
- Euh... (Akira attrapa les bouquins en question ; il les avait acheté en online à bas prix, sachant que plus personne ne lisait ces romans de fantasy qui dataient d'il y a trois siècles) Tu les veux ?
Sans réfléchir, il les fourra dans les mains de l'oiseau qui les regardait comme si c'était le Saint Graal.
- Tu as l'honneur d'un vrai chevalier des ténèbres.
- Pas la peine d'en faire tout un fromage ; je les ai déjà lu et ça ne me dérange pas de les partager.
- J'en prendrais soin au péril de ma vie.
- Ne va pas jusque là, répondit le jeune homme, gêné par tant d'emphase, avant de se retourner et d'écarquiller les yeux : Non, faites attention avec le globe !
Ses camarades avaient touché un globe en verre fabriqué grâce au matériel qu'il avait acheté en ligne, et l'appareil s'alluma en crépitant doucement, pour afficher un hologramme à l'intérieur de la sphère, provoquant des "Oooh" d'étonnement devant la beauté de la Grande Structure de l'Univers.
On aurait dit une toile d'araignée de lumière, aux nuages chatoyants qui reliaient ses filaments infimes avec une intimité singulière. Pourtant, la réalité était immesurable, alors le sentiment de pouvoir observer l'infini dans un si petit objet faisait effectivement son effet.
- C'est... (Sero se pencha, sincèrement ébahi) C'est une carte du ciel complète ?
- Oui, soupira Akira en regardant l'oeuvre inachevée. Je l'ai fabriqué de mes mains quand vous étiez en stage, en m'aidant d'archives sur internet (ses camarades se tournèrent vers lui, la bouche ouverte pour certains) Quoi ? Y a pas de mal à trouver des hobbys quand vous autres vous amusiez...
- C'est pas juste un hobby, à ce niveau-là ! commenta Sato en observant avec révérence le "globe céleste". Même moi, j'ai pas autant de talent avec la pâtisserie...
- C'est lumineux, oui ! fit Aoyama, les yeux brillants d'envie.
- Comprends-nous, fit Iida en se tournant vers Akira : créer une carte du ciel en trois dimensions avec seulement des archives, c'est du génie.
L'autre rougit sous le compliment ; malgré ça, les étoiles l'avaient toujours fasciné, même tenu compagnie quand il les regardaient depuis la fenêtre dans le camp des clones. Elles étaient lointaines, libres de toutes attaches. Il les enviait.
Akira éteignit le globe, provoquant des "Aaaah..." de dépit, et fit sortir tout le monde de sa chambre en grommelant :
- Si l'envie vous prend de venir l'admirer quand je suis pas là, je serais forcé d'y mettre un système de sécurité. Allez, zou !
L'humeur changea vite quand ils atteignirent la chambre d'Izuku, qui se cacha le visage tandis que ses camarades observaient tous les goodies d'All Might inondant les murs, les étagères et le bureau. Il y avait beaucoup d'autres posters de héros, mais aucune figurine ne faisait autant honneur que l'ancien Symbole de la Paix.
- Y a pas à dire, c'est un vrai fan ! rigola Denki, puis se tut quand ils passèrent à la prochaine chambre.
Celle de Bakugo.
- Je vous préviens, si vous faites un commentaire déplacé, je vous explose.
On aurait dit une réplique de celle d'Izuku, mais moins chargée. Mieux rangée, même ; la chambre possédait des goodies d'All Might et seulement du grand héros, mais sinon, pas de figurines ou de gadgets. Dans l'ensemble, le blond était fan mais pas obnubilé.
Personne n'osa faire de commentaire, et sortirent de la chambre avec une drôle d'impression, comme s'ils avaient regardé dans la caverne du dragon. Akira sentait que certains, dont Izuku et Kirishima, étaient sur le point de dire quelque chose, mais vu l'air menaçant de l'explosif, c'était assez dissuasif.
L'expérience la plus réconfortante fut bien celle la chambre de Sato ; un gâteau cuisait dans son micro-onde, une technique de cuisson qu'Akira n'avait jamais tenté par lui-même. Et étonnement, le résultat était délicieux, fondant dans la bouche dans une mélodie de douceur sucrée.
- Aaah, c'est si bon, fit Mina en dégustant son gâteau.
- C'est d'la triche que ce soit aussi bon ! se plaint Sero.
- Tu as déjà pensé à te convertir en pâtissier ? remarqua Momo, agréablement surprise.
- J'y avais pensé, répondit le costaud en souriant, heureux que son gâteau plaise à tous. Avec mes parents dans le métier, ça aurait été facile... Mais j'ai préféré utiliser mon autre talent au service de la société, hé hé !
- Je vois... Merci pour le gâteau, il était succulent !
- Avec plaisir !
Après ce petit encas du soir qui avait réchauffé les coeurs, les élèves se réunirent dans le salon pour débattre de la meilleure chambre.
- C'est l'heure des finales ! fit Hagakure avec beaucoup trop d'enthousiasme.
- Je sens que je ne vais pas gagner, se plaint Mashiaro, mais Akira lui tapota l'épaule :
- J'ai trouvé ta chambre super cozy : elle dégageait un profond sentiment de confort. Hé ! (il fit signe à la fille invisible) Je vote pour Mashiaro-kun !
- Faisons le vote en secret, plutôt, proposa Iida en sortant un petit bloc-notes. Je vais vous distribuer les papiers...
La majorité décida que le gagnant chez les filles était sans aucun doute Todoroki, par son style traditionnel et que tout ait été fait à la main. Chez les garçons, en revanche, ce fut Akira qui gagne de une voix face à Sato, ce qui l'étonna. Il se tourna vers Hagakure :
- C'est assez inattendu...
- Vois-ça comme l'admiration de ton invention géniale ! (Elle lui lança un petit coup sur l'épaule) Mais promets-nous son accès en échange !
- C'est une bonne idée, ajouta Momo en remarquant l'air réticent du jeune homme. Si on doit faire un projet qui implique l'ensemble du lycée dans un autre cadre que l'héroïsme, ce serait tout à fait convenu.
Akira réfléchit un moment ; peut-être qu'il n'utiliserait pas la même carte du ciel déjà importée dans la base de données de sa machine... Une autre, peut-être du système solaire, serait sûrement plus abordable que la grande. Il soupira de défaite, avant d'hausser ses épaules.
- D'accord ; mais attendez-vous à ce que je vous donne des instructions pour l'utiliser correctement !
- Cinq sur cinq, chef ! crièrent Mina, Hagakura, Denki, Sero et Momo à l'unisson.
Ils passèrent du temps à discuter entre eux, riant de bon cœur avec les histoires nulles de Denki et les anecdotes loufoques et inattendues de Koda sur Yuwai-chan. Akira en profita pour raconter quelques unes de ses histoires de rue, qui furent accueillies avec plaisir par tous ceux présents, posant par-ci par-là quelques questions, mais sans prendre pitié ou parti.
- Je vais me coucher. Bonne nuit, annonça Kyoka à ses amies tandis qu'elles répondaient en baillant.
Elle commença à monter les escaliers quand elle aperçut deux silhouettes par la fenêtre, dehors dans la cour. Elle se pencha : il s'agissait de Tsuyu-chan et... d'Akira ? Quelque chose d'inattendu, de bête et de brûlant fendit le cœur de la jeune fille aux cheveux sombres. Des questions stupides surgirent dans son esprit, sans fondement ni preuves tangibles. Pourtant, elle devait avoir le cœur net.
Descendant les marches quatre à quatre, elle passa le pas de la porte menant à l'extérieur. Et c'est là qu'elle distingua les larmes sur les yeux de la fille-grenouille, devant un Akira qui avait l'air gêné. Soudain, ce dernier remarqua Kyoka et ouvrit sa bouche, avant de la refermer et se tourna vers Tsuyu, un peu confus.
Cette dernière, malgré ses yeux rougis par les larmes (vision qui stupéfia Kyoka), se tourna vers elle et lui dit :
- Bonsoir, Kyoka-chan... Kero... Désolé si tu me vois en si piteux état.
La-dite mit un moment pour réorganiser ses pensées, et répondit précipitamment :
- C'est normal de pleurer, mais j'aimerais savoir pourquoi ? (elle se tourna vers Akira, une colère naissante dans sa poitrine) Et toi, t'as intérêt à t'expliquer.
- Je..., commença-t-il, mais Tsuyu le coupa :
- Il n'y est pour rien. Je suis juste venu m'excuser.
Kyoka sentit sa colère fondre comme neige au soleil, laissant place à l'incompréhension ; elle tourna tour à tour sa tête vers Akira puis Tsuyu, et fut stoppée dans sa confusion par ce dernier qui lança :
- Tsuyu-chan se sentait coupable de ne pas m'être venue en aide.
- Quoi ? (elle se tourna vers son amie, qui baissa les yeux) Mais c'est...
- Idiot ? Oui... (elle renifla, et poursuivi avec un autre Kero : ) Mais je me sentais coupable, alors je voulais en parler.
- Et pourquoi t'es allé vers lui en premier, Grenouille de malheur ? grommela une voix familière.
Kyoka se retourna : Bakugo, accompagné de Momo, Uraraka et Sero se tenaient à l'orée de la porte. Le blond s'avança vers Tsuyu, ce qui la fit reculer à cause de son air menaçant. Il leva sa main, forçant Kyoka à esquisser un mouvement pour s'interposer, mais Akira attrapa son bras. Elle croisa son regard, et il lui fit comprendre qu'il n'y aurait pas de souci.
En effet, Bakugo ne fit que poser sa main sur l'épaule de Tsuyu, qui sursauta. Et c'est là qu'il lâcha :
- Tu avais peur. Moi aussi. On avait tous peur.
Un silence suivit ces mots, avant que Sero ne s'étouffe de rire, provoquant l'hilarité générale, et Bakugo qui hurlait :
- Qu'est-ce qui te fait rire, Scotch-man ?
- T'es pas doué pour les discours, se moqua Sero, avant de se prendre un gentil coup de coude par Uraraka, le forçant à ajouter : Mais on est d'accord avec toi.
Les deux autres acquiscèrent, et Kyoka comprit : ce que Bakugo voulait dire, c'était qu'il n'y avait aucune raison à se sentir coupable, parce que c'était normal. Néanmoins, Tsuyu repoussa gentiment la main de son camarade et fit non de la tête :
- Je comprends ce que tu veux dire, mais je m'en veux quand même : comme tu dis, on avait tous peur. Mais moi je n'ai pas relevé ma tête et rejoint le groupe de sauvetage, et ça...
- Raah, mais bordel !
Kyoka tourna son regard vers le blond, qui plongeait son visage dans sa main avec une moue agacée.
- Tu continues de dire conneries sur conneries. Merde ! (Il prit Akira par le bras, et le tira juste devant la fille-grenouille) Dis-le lui !
Akira le regarda avec de grands yeux et une question muette sur les lèvres, mais ceux de Bakugo lui lancèrent des éclairs menaçants. Le jeune brun soupira, avant de sourire avec tristesse.
- Tsu-chan.
- Je ne peux pas me pardonner, répondit-elle en commençant à pleurer. Je n'ai pas voulu te sauver.
- Tu es notre amie, alors on te pardonne.
Elle leva sa tête.
Six visages. Des gens qu'elle avait côtoyé pendant une moitié d'année, combattu à leur côté, bravé des obstacles, s'entraîner avec et contre eux... Des rires, des sourires partagés autour d'un feu imaginaire et réchauffant leurs coeurs. Des pleurs de frustration, des cris de rage devant la défaite ou la déception, mais toujours accompagnés de cette lumière au loin.
Six visages d'amis. Six personnes qui la regardaient sans malice, juste avec une confiance absolue, chacun à leur façon.
Elle ne put retenir ses larmes, mais cette fois ce fut la joie qui coula le long de ses joues.
- Kero... La prochaine fois... hic... Je serais à vos côtés !
- Et on sera là pour te protéger, fit Kyoka en la prenant dans ses bras.
Bakugo lâcha un "tch" à l'encontre de cette dernière qui lui offrait un pouce de la victoire, mais le coeur de Kyoka avait cessé de battre à tout rompre pour deux choses : la première, c'était parce que son amie ne pleurait plus pour les mauvaises raisons.
La seconde ? C'est pour ça que ça faisait mal.
Elle coula un regard vers Akira, et écarquilla ses yeux. Dans cette lumière tamisée venant des vitres un peu sales de l'internat, dans ce froid de canard qui annonçait l'automne prochain et l'humidité qui, moite et rêche, donnait l'impression qu'on vous pressait comme un citron, il était là.
Il la regardait de ces yeux emplis d'une forêt mystérieuse, ancienne et jeune à la fois.
- Rentrons.
