Shota Aizawa était en train de trier les dossiers qu'il avait enfin fini de traiter en totalité, quand il remarqua qu'Hizachi zieutait à la fenêtre en faisant des petits couinements excités franchement énervants. Déjà que son collègue était bruyant de base, là c'était le summum de l'agacement.
- Yamada... gronda le héros, employant le nom de famille de son ami pour lui faire comprendre qu'il devait rapidement arrêter.
- Shota, viens voir ! C'est une première, s'écria ce dernier, laissant glisser la menace par la plus grande des ignorances.
Décidément, c'était beaucoup trop dur de lui faire entendre raison... Avec un effort subséquent pour se lever après une heure de travail intensif, il se dirigea vers le fenêtre aux côtés d'Hizachi qui ressemblait à un enfant de sept ans devant un glacier. En suivant son regard, il aperçut sur un banc deux personnes discuter : Arata et une jeune fille qu'il ne connaissait pas. Sûrement une petite de la filière management ou générale...
- Et donc ? déclara Shota, prêt à repartir. Je vois pas qu'est-ce qu'il y a d'intéressant...
- Le petit est en train de grandir, répondit le blond au costume de rockeur avec un air nostalgique. C'est tellement...
- Il a dix-huit ans, rétorqua Shota en soupirant.
- Rooh, mais tu ne trouves pas qu'il était ingénu, auparavant ? (Hizachi secoua sa tête, puis se tourna vers son ami) Un vrai petit génie ingénu...
- Si tu te mets à faire des rimes maintenant, je t'étrangle.
Shota se tourna vers la fenêtre ; même de loin, il voyait bien que le gamin à problèmes s'amusait dans cette conversation, gesticulant dans tous les sens sûrement pour appuyer ses dires. C'est vrai, se dit le héros. Il a grandi... ou mûri ? La différence était infime, mais visible. En entraînement, Arata était d'un sérieux exemplaire, et le professeur le considérait comme un élément clé à l'instar de Yaoyorozu, Todoroki, Bakugo et Midoriya.
- Qu'est-ce que vous regardez ? s'enquit Genta en s'approchant de la fenêtre, remarquant presque immédiatement l'objet de la conversation : Oh.
- Ah, la jeunesse ! (Shota se retourna, pour voir Nemuri observer les jeunes au loin avec un regard pas très rassurant) Ils sont délicieux quand ils s'y mettent à 100%
- Les attouchements sur mineurs sont interdits, lança le professeur aux cernes creusées.
Sa remarque fit rire Genta, Hizachi et Sekijiro, tandis que Nemuri gonflait ses joues, vexée. C'est alors que Sekijiro demanda :
- Tu la connais, Genta ?
- Elle ? Oui, c'est Azumi Musasabi. Elle est en seconde G ; c'est une jeune dynamique, très active en classe et avec des résultats bien supérieurs à la moyenne.
- C'est bizarre que tu dises ça, ajouta Hizachi, attirant l'attention de ses collègues (pour une bonne raison, cette fois). Chez moi, elle parle quasiment jamais et a des notes passables, voire même mauvaises.
- Une surdouée, tu penses ? se risqua Nemuri, s'arrachant à la contemplation des deux adolescents.
- Le terme "surdoué" est trop vague. Je pense plutôt qu'elle est méthodique et efficace ; les mathématiques que l'on apprend au lycée ne sont pas au niveau universitaire, alors c'est possible d'avoir d'excellentes notes.
- Où n'excelle-t-elle pas ? demanda Shota, un peu intéressé par la conversation.
- D'après sa professeur principale, dans toutes les langues et l'histoire, l'informa Hizachi.
- C'est bizarre d'être bon en sciences et très mauvais en langue, remarqua All Might en s'incrustant dans la conversation (sûrement pour éviter de continuer à corriger des copies ; quel flemmard, pensa Shota). D'ordinaire, les élèves doués le sont partout.
- Qu'est-ce que tu en sais ? répliqua sur un ton sec Shota, ce qui fit recroqueviller son collègue squelettique.
- Ne sois pas dur avec lui, Eraserhead, pouffa Genta. Il a en partie raison : mes meilleurs élèves en science sont le plus souvent bons, voire meilleurs dans les autres matières. La disparité survient plus chez les "outlanders" ou les rebelles.
- Tu sembles avoir bossé ton sujet, ricana Ryo qui écoutait la conversation.
Des rires fusèrent, non joints par Shota, qui continuait d'observer Arata ; depuis qu'il le faisait, ce dernier avait un comportement étrange : il parlait gaiement avec sa camarade en générale, puis jetait des coups d'oeil furtifs de temps à autre. Pourquoi a-t-il l'air sur ses gardes ? s'inquiéta le professeur en se frottant le menton.
Shota avait appris à connaître le garçon, et, au fil du temps, il s'était rendu compte que deux choses motivaient le gamin par dessus tout : protéger les autres, et combattre. Mais il était différent de Midoriya dans le sens où il ne fonçait pas tête baissée dans le danger, préférant une approche plus tactique. Pour le côté combattif, il était différent de Bakugo ou Uraraka car il était moins violent et plus efficace.
Arata était le genre de personnes qui ne faisait jamais rien sans raison. Pas forcément sans contrepartie, mais la raison est toujours derrière ses pensées : pourquoi, comment et quoi ?
- Tout va bien, Aizawa-san ? s'enquit All Might, ayant remarqué son air assombri.
- C'est rien, répondit ce dernier en allant se rasseoir. Je dois terminer un dossier... (il coula un regard entendu à ses collègues)...important et avec un délai.
Les autres ne se firent pas prier pour retourner bosser. Quand au professeur, il n'arrivait plus à se concentrer ; il avait senti quelque chose de louche dans la scène impliquant son élève, et ce sentiment le titillait. Il soupira, souhaitant un monde où ses élèves arrêteraient de lui causer trop de soucis.
Mais c'était la réalité : un problème était tapi, et il devait en avoir le cœur net.
Quelques heures plus tard...
Akira entra dans la salle des professeurs. Au passage, il dit bonjour à Yamada-sensei en anglais avec un sourire, s'inclina devant All Might et eut un sourire gêné devant le clin d'œil de Midnight. Qu'est-ce que j'ai encore fait comme conneries...
Il s'approcha du bureau d'Aizawa-sensei ; ce dernier avait l'air hyper-concentré, ses yeux pochés de ravins noirs filaient les mots et les paragraphes à toute vitesse sur l'écran de l'ordinateur, ses doigts pianotant sans s'arrêter. Akira lui dit bonjour en s'inclinant, le professeur ne répondant pas et ne lui accordant aucune attention. Mais le jeune homme était habitué à cette attitude, et il attendit.
Il attendit.
Il attendit...
Attendit...
C'est long ! se dit-il, presque incapable de tenir en place. Depuis les entraînements en vue de l'examen de la licence héroïque provisoire, le désir de bouger, de sauter, de courir s'était fait plus intense au fil des jours. Akira se sentait plus fort, certes, mais aussi plus énergique, vivace et loquace. Il bouillonnait.
- Assieds-toi, lança soudainement le professeur, faisant bondir le jeune homme. Je t'entends siffler comme une bouilloire.
- Merci, répondit ce dernier en s'asseyant ; une fois cela fait, son professeur se tourna vers lui, une expression indéchiffrable collée sur son visage.
Il va m'engueuler, il va m'engueuler... pensa le brun avec appréhension. Je sais pas sur quoi, mais il va m'engueuler.
- Est-ce que tout va bien ?
Hein ?
- Pardon ? répondit le jeune homme après quelques instants.
- Je t'ai demandé si tu allais bien, répéta le professeur sans changer de ton, mais croisant ses bras. Le stress te rend sourd ?
- Je... euh... (Akira rigola faiblement, se frottant la nuque) À vrai dire, je pensais que vous alliez me gronder ! (Aizawa-sensei lui lança un regard surpris, auquel le jeune homme répondit prestement : ) C'est pas ce que vous croyez ! Enfin, si, mais... Argh !
- Je te laisse cinq secondes pour te calmer.
Une respiration. Akira se frappa les joues, réflexe qu'il avait développé sur les conseils de Momo quand il stressait trop. Quand il fut calmé, il reprit :
- Je vais bien, enfin sur le plan psychologique si c'est ce que vous voulez entendre.
- J'ai la vague impression que c'est le cas, le railla son sensei, puis ajouta : Je voulais dire dans la vie quotidienne.
- Heu... (Akira prit un air pensif, avant d'hausser ses épaules) Tout baigne.
Aizawa opina du chef, silencieux, laissant Akira sur un silence peu éloquent. Toujours ignorant de la raison pour laquelle il avait été convoqué, il préféra ne pas demander à sortir. Tout à coup, le professeur reprit :
- Tu as une nouvelle amie, il paraît.
C'était à la fois déplacé, étrange et bizarrement pas dérangeant. Le jeune homme cligna des yeux, avant de répondre :
- Euh... Oui ? Elle s'appelle Azumi Musasabi, elle est en seconde G. C'est une fille géniale qui aime le scrapbooking et la photographie !
- Formidable...
Le regard qu'il lui lança pouvait se traduire par : "c'est bien, je suis content pour toi" avec une intonation aussi intéressée qu'une loutre envers un caillou vaseux, mais ce que son professeur lui déclara le tendit presque à l'extrême :
- Et pour quelle raison tu jetais des regards inquiets autour de toi, ce matin dans la cour ?
Akira se figea.
Des sentiments contradictoires éclatèrent de son coeur jusqu'à son cerveau, soumettant une pression formidable au sein de son corps : peur d'être découvert, de trahir ; colère d'avoir été espionné ; frustration d'être aussi négligent. Et surtout, surtout, l'horrible sensation d'être observé comme un criminel. Cette même sensation qu'il avait crû sentir disparaître après les évènements de Kamino.
Ses poings se serrèrent, et sa voix aussi, lorsqu'il parla d'un ton beaucoup plus sec qu'à l'ordinaire :
- J'avais oublié qu'il est de votre devoir de surveiller les élèves, lâcha-t-il d'un ton mécanique. Veuillez m'excuser pour mon impertinence.
Il avait amplifié le mot "surveiller" afin de faire passer clairement le message : "Alors je suis toujours qu'un criminel à vos yeux". Son aura animique s'élargit à cause de ses émotions débridés, et la lumière baissa légèrement d'intensité, mais ce fut suffisant pour que les autres professeurs tournent la tête vers lui, sentant comme un frisson dans leur dos.
Mais ce fut Shota qui était le plus touché : il déglutit en voyant le regard froid et calculateur que son élève lui lançait. Voilà, se dit-il en retenant un sourire crispé. Il est revenu. Akira était complètement sur la défensive, maintenant.
Il regardait le moindre froncement de sourcils, la moindre tension au coin des lèvres et du nez pour savoir ce qu'allait répondre son supérieur hiérarchique, et envisager toutes les répliques possibles afin d'éviter de se faire avoir.
- Cela va de soi, rétorqua Shota, désireux de ne pas se faire démonter ; il oubliait trop souvent que le gamin était presque adulte. Tu saisis donc mon inquiétude face à cette situation.
- Vous n'avez aucun soucis à vous faire. Si quelque chose survient hors de mon champ d'action, je vous en ferais part immédiatement.
"Hors de son champ d'action". Shota sentait bien que son élève comptait lui-même gérer et juguler le problème avec toute l'efficacité dont il était capable. Et il savait qu'il en était capable. Lorsqu'il avait discuté avec Koichi et Oguro sur leur combat contre lui, le vieux lui avait dit ces mots :
"C'est un putain de petit soldat : il a le calme d'un vétéran, le corps d'un jeune et l'esprit d'un général."
C'était ce que ressentait Shota en le regardant, droit comme un piquet sans être tendu.
De son côté, Akira réfléchissait à toute allure : comment empêcher le professeur de se mêler de cette affaire ? Avait-il déjà prévenu le proviseur ? Dans le cas où c'était possible, il fallait à tout prix et au plus vite sécuriser les dossiers d'Azumi... Les pirater serait la méthode la plus efficace, et puis elle ne s'en rendrait pas compte. Ensuite, il devrai détruire la réputation de ses harceleurs par le net, dévoiler tous leurs déboires pour les envoyer à la casse, et puis...
- Akira.
Il rouvrit ses yeux (métaphoriquement) ; son professeur le regardait avec ce même air qu'il prenait quand il savait à quoi il pensait.
Bon sang ! se dit Shota en retenant un "tch". Je n'ai aucune idée d'à quoi il pense en ce moment ! Un mauvais coup ? Une tactique de pression ? Seulement, le gamin avait en partie raison : se savoir épié après une période probatoire plutôt longue pour un jeune qui n'avait jamais eu de casier judiciaire, alors qu'il avait tant subi, et malgré ses bonnes actions...
- Je suis vraiment désolé d'avoir agi de la sorte. Excuse-moi.
À son grand soulagement, le visage du jeune homme se détendit, et celui de l'adolescent un peu maladroit et naturel remplaça celui du type froid et sans émotions.
- C'est moi, je... je ne peux pas vous en parler. Pas maintenant, en tout cas.
- Ce n'est pas grave.
Akira écarquilla ses yeux : bien que son professeur ne souriait pas, on sentait qu'il le faisait dans sa tête. Et les yeux corbin étaient exempts de reproches, juste compréhensifs et compatissants.
- Prends le temps qu'il faut. Mais n'oublie pas : je suis ton professeur principal, pas ton ennemi juré.
Le jeune homme acquiesça, et Shota lui dit qu'il pouvait partir. Akira s'inclina vers lui, puis les professeurs. Quand il fut sortit, Eraserhead soupira en s'adossant contre sa chaise roulante, le regard perdu dans le vague... jusqu'à qu'il croise les regards apeurés de ses collègues, ainsi qu'All Might qui claquait des dents :
- Vous ne m'aviez pas dit que le jeune Arata était aussi autoritaire ! Brrr...
- Sérieusement, où est-ce que tu l'as dégoté, celui-ci ? demanda Nemuri, tout à fait sérieuse.
- Dans une ruelle à poubelles, répondit simplement Shota.
- En tout cas, tu as finement joué, lui assura Genta avec un ton admirateur. Moi-même je n'aurais pas pu faire mieux.
- Moi non plus, mais j'aurais fait mieux que toi, Genta, s'exclama Ryo.
- Hé !
Les rires fusèrent et l'ambiance se détendit en un instant. Même Shota faillit s'abandonner, mais il était trop plongé dans ses pensées pour pouvoir le faire : Comment vais-je pouvoir aider un élève qui refuse de me dire le problème, et qui craint que je m'en mêle ?
C'était comme Shirakumo l'avait dit, en fait.
"Chaque jour était un défi absurde quand on est enseignant. Le résultat est ennuyeux, voire pire que ce qu'on pourrait l'imaginer. Pourtant..."
-...le processus est vraiment un challenge enivrant, compléta le héros à haute voix, s'attirant des regards interrogateurs.
- Il te voulait quoi ?
Kyoka avait attendu Akira alors que ce dernier avait été convoqué par Aizawa-sensei. Connaissant son professeur, elle avait crû que le brun allait passer un sale quart d'heure. En sortant, elle avait remarqué son air étrange, comme ceux qu'il prenait lorsqu'il voulait faire quelque chose, mais qu'il n'avait pas le droit de le faire. Tiens, remarqua-t-elle. Depuis quand je comprends cet air-là ?
- C'était à propos de la licence héroïque, répondit-t-il au tac au tac. Apparemment, je dois penser à plus me reposer pour éviter de faire une rechute.
- Hum...
Il mentait.
Kyoka ne parvenait pas à saisir comment elle le sentait, ni pourquoi il le faisait. Pourtant, le mensonge dans sa voix se faisait minuscule ; personne n'aurait pu le déceler aussi vite. Elle ? La lycéenne y parvenait sans souci, sans pour autant utiliser son Alter pour capter ses battements de cœur ; de toute façon ça l'aurait trop gêné.
- Toi, ça va ?
- Moi ? (elle se tourna vers lui avec un air méfiant) T'es un peu trop prévenant, ces temps-ci...
- Ah oui ? s'étonna-t-il avec un sourire en coin.
- Ouais...
- C'est cool, alors !
Aussi crétin qu'une huître... Sérieusement, parfois, elle ne le saisissait pas du tout : de temps à autre, ce type ressemblait à un génie parfait capable de tout faire, comparée à elle qui était maladroite et peu passionnée. Mais dans ces moments, son côté ingénu était presque palpable... Et ça la dérangeait beaucoup, bizarrement.
- Et t'es pas très fort en répartie, ajouta-t-elle, narquoise.
- Qu...Hé !
Elle éclata de rire, tandis qu'il rejoignait le sien avec bonne humeur. Ouais, c'est un peu comme Denki, en fait... Akira était aussi un ado comme elle, mais Kyoka l'oubliait souvent. C'est alors qu'une idée jaillit dans son esprit :
- Tu veux zoner dans ma chambre ?
Akira s'arrêta, et elle même mit quelques secondes à se rendre compte de ce qu'elle venait de dire. Elle se tourna vivement pour cacher son visage en feu, les battements de son coeur étaient passés d'adagio à presto. Elle balbutia :
- C...C'est juste pour que tu puisses te détendre sans te sentir seul ! (Merde, j'ai fait une autre bourde ! Elle se rattrapa : ) Tu m'avais dis que de te détendre seul était difficile, ça te rendait anxieux !
Raah, c'est trop bizarre dit comme ça ! pensa-t-elle en s'infligeant un facepalm. Mais elle n'entendit aucune réponse, même après quelques instants. Se calmant avec sa respiration, elle se tourna légèrement, et bondit de stupeur :
Akira avait les larmes aux yeux, son visage exprimant une sorte de plénitude absolue. Et il dut remarquer la réaction de Kyoka, car il répondit :
- Je serais plus qu'honoré d'être accueilli dans ton sanctuaire...
Devant une telle réponse, elle ne put se retenir et éclata de rire.
- Pfff... C'est quoi ton problème, sérieux ?
Akira sursauta, avant de baisser sa tête tout en tournant ses pouces au niveau de sa poitrine, l'air tendu. Il ressemble à une collégienne de shojo... se dit Kyoka en se retenant de lancer cette pique.
- C'est que... ça me touche que tu prennes en compte mon anxiété !
Ah.
- Je fais qu'écouter, c'est tout. Et puis, on est camarades de classe, il faut s'entraider !
Akira acquiesça, et s'apprêta à la suivre quand il s'arrêta. Elle le vit sortir son téléphone de sa poche, et froncer les sourcils.
- Un souci ? s'enquit-elle.
- Juste Azumi-chan... (il rangea son téléphone, et partit en courant, tout en lui criant : ) Je reviens dans une demi-heure !
Kyoka le regarda s'éloigner, impassible. Mais à l'intérieur d'elle, c'était comme un flan qui avait monté puis s'était avachi. Elle lâcha un "tch", avant de partir en direction de l'internat. Après quelques minutes, elle rentra dans sa chambre et se passa Hibi de Yamato Mori, un de ses guitaristes favoris.
Pourquoi ça faisait si mal dedans ?
- Tu parles de Kyoka Jiro ? Je l'ai vu au Championnat, elle était super classe ! s'exclama Azumi avec des yeux brillants.
- Ouaip, répondit Akira, plein de fierté. C'est une super amie !
- Une super amie... Je peux te demander quelque chose ?
- Quoi ?
Azumi s'arrêta, obligeant Akira à faire de même, lui prenant un air étonné. Le jeune fille écureuil prenait le même air que lorsqu'elle s'apprêtait à faire des demandes qu'elle considérait comme étant abusives.
- Est-ce que tu me considères comme une super amie ?
Pendant un bref instant, Akira eut un frisson étrange, comme la drôle d'impression qu'il avait avant de rejoindre un champ de bataille. Cette sorte de pression sous-jacente, s'accordant avec l'odeur de la mort qui n'avait pas fini de faner à vos narines, et les oreilles qui se bouchaient en avance pour ne pas entendre les cris... Il chassa cette pensée et répondit franchement :
- Oui !
Azumi releva sa tête, un large sourire et des larmes aux yeux :
- Merci ! Ça me va droit au cœur !
