*Quelque temps après…
L'épreuve avait été retardée après l'incident, ajoutant quelques rides aux froncements déjà prononcés de Shota. Il se rongeait les sangs, assis devant la porte de l'infirmerie alors qu'on lui avait interdit l'accès pour voir son élève. Il s'était souvenu avec quelle hâte il s'était précipité, le cerveau en panique totale lui lançant des idées de situations hypothétiques toutes plus alarmantes les unes que les autres. Et là, le fait qu'il tapait du pied tel un pauvre lapin ne le surprit pas.
Soudain, la porte s'ouvrit, et il bondit comme un ressort quand un des médecins en charge de l'examen sortit de la salle. Il avait, lui aussi, des cernes prononcés, et son visage trahissait la fatigue d'un soin de longue haleine. Avec un ton qu'il se voulait calme, Shota demanda :
— Comment va-t-il ?
— Ses fonctions vitales sont stables, mais M. Arata était en état de choc ; nous avons eu beaucoup de mal à le calmer pour éviter l'arrêt cardiaque.
— C'est déjà ça… soupira Shota, avant d'ajouter : Et à propos de Seiai ?
— Notre patient est protégé par l'incapacité de son état, si c'est ce que vous voulez savoir. Néanmoins, je ne peux me prononcer sur sa culpabilité. Quand à Seiai, leurs vies ne sont pas en danger.
— Ce n'est pas votre domaine d'expertise, je sais… Excusez-moi.
— Non, vous avez raison de me demander mon avis, et le voilà : la vidéo-surveillance montre bien votre élève attaquant des étudiants de Seiai, mais…
— Mais ? s'enquit Shota, vif comme l'espoir qui surgit en lui.
— L'enquête de la police a pu identifier une substance inconnue d'origine organique sur les lieux de l'incident. Dans le cas où cette attaque soit d'origine vilaine, votre élève ne court aucun danger.
— Mais ça ne suffira pas ; les médias seront sur le coup, ils vont fondre sur l'affaire et en tirer des conclusions hâtives.
— Vous avez bien un conseiller pédagogique ayant un diplôme en psychologie d'adolescence ? (Shota opina du chef, et le médecin sourit) Le dossier d'Arata et ses progrès sont nécessaires et suffisants pour prouver son innocence.
— Mais il y a toujours la question du stress qui entre en jeu…
Le médecin haussa des épaules :
— Il ne souffre pas d'une maladie conventionnelle, et ce n'est pas le stress qui la déclenche. Mais c'est vrai, les erreurs de jugement joueront beaucoup… (Du bruit survint dans la salle médicale, attirant l'attention du médecin) Je vous laisse, j'ai d'autres patients vers qui me tourner.
— Naturellement, et… merci beaucoup.
— Je ne fais que mon travail. Continuez de faire le votre, et ce petit aura toutes ses chances de ne pas se perdre en chemin.
Le médecin revint dans la salle, fermant la porte derrière lui et laissant Aizawa contempler un cadre en verre teinté qui reflétait son visage. D'ici, il distinguait mieux ses propres cernes. Bizarrement, j'aurais préféré qu'Akira soit le seul à être touché…
Il avait du pain sur la planche.
*Quelque temps auparavant…
Alors qu'Akira tournait de l'œil, Momo avait crû que toute la pression pouvait retomber. Cependant, le monde a tendance à avoir l'espièglerie d'en rajouter une couche, juste pour faire bonne mesure. Kaminari et Sato se mirent à hurler, leurs têtes dans leurs mains en se tordant de douleur. D'autres hurlements survirent de part et d'autre de la pièce, et elle n'avait pas besoin d'en voir la source pour en apprendre l'identité ; tous venaient des garçons de la classe 1-A.
Un instant d'hésitation et elle bondit vers Kaminari pour prendre son état… Mais fut repoussé par un choc électrique intense. Heureusement, sa tenue d'héroïne était isolante, sinon elle aurait grillée sur place. Elle prévint les autres qui s'étaient agglutinés :
— Ne l'approchez pas ! Il perd le contrôle de son Alter !
Horrifiés, les autres s'écartèrent, mais quelqu'un buta contre Sato qui beugla avant de balancer son bras pour repousser l'importun, qui partit dans le décor. Le corps du pâtissier amateur avait gonflé dans des proportions inhumaines, complètement asymétriques et sûrement à cause de son Alter de renforcement. Il tremblait de tous ses membres, bavait et titubait, avant… d'uriner sur lui-même. Et elle comprit qu'il faisait une crise d'hyperglycémie.
Sachant qu'elle ne savait pas comment l'aider, elle fit jaillir des échasses pour s'élever de la scène et avoir une vue d'ensemble. Au loin l'accueillit une explosion suivi d'un « Fais chieeeer ! », une silhouette qui tourbillonnait sur elle-même, une foule d'oiseaux hurleurs… Tous les Alters de ses camarades s'étaient déchaînés dans un festival chaotique et étrangement captivant.
Un cri en bas attira son attention ; Denki s'agitait, et… des bruits dégoûtants jaillirent de son corps, en même temps que des arcs électriques. De loin, elle vit qu'une métamorphose s'opérait. Douloureuse, sanglante et dangereuse.
Les autres aussi subirent le même sort, les examinateurs tentèrent de les approcher mais en vain. Shoji, Mineta, Katsuki… Il n'y avait que… Que les garçons ? Elle fit courir son regard sur la foule pour être sûre, et, oui, aucune fille n'était touchée par le phénomène. Momo sauta de ses échasses et vint vers l'examinateur le plus proche, qui restait là, tétanisé devant la scène.
— Il faut faire évacuer les élèves ! Maintenant !
L'autre resta coi, avant de crier des ordres d'évacuation. Heureusement, tout le monde ici s'était préparé au pire, et elle se déroula sans encombres. Au bout d'une minute, il ne restait que la classe 1A et les examinateurs… Et Momo vit Aizawa-sensei darder son regard sur chaque garçon.
Un à un, ils se calmèrent, mais leur transformation ne s'annula pas. Au contraire, elle accéléra, provoquant spasmes et hurlements en puissance. Impuissante, elle observa ses camarades muer pour devenir… des filles. Des alter ego féminins, si on constatait la ressemblance.
Quand leurs chairs furent stabilisées, les remuements cessèrent et le calme drapa la salle.
— Tu es qui ? demanda Denki au milieu des ombres étoilées.
— Quelqu'un qui demande sa chance, répondit l'informe silhouette creusée dans le vide.
— Je ne comprends pas…
— Tu n'as pas besoin de comprendre. Tu dois juste me laisser la place.
— Eh ! J'étais là avant !
— Menteur ! cracha un volute qui commença à prendre forme. Tu as pris ma place, me laissant croupir ici pour l'éternité !
Denki sentit dans son ton qu'elle ne mentait pas… Quel genre d'Alter pouvait provoquer ce phénomène ?
— Ce n'est ni un Alter, ni de la magie.
— Hé ! Lis pas dans mes pensées !
— Ce sont les miennes, maintenant. J'en fais ce que je veux.
Soudain, Denki sentit quelque chose croître en lui. Une impression, qui crut en remous affluant depuis son estomac. C'était si inconfortable qu'il finit par se tordre en deux, les mains sur le ventre et le front couvert de sueur.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Plus tu résistes, plus tu souffres. Arrête.
Avec effort, il leva sa tête, et constata l'impossible : la réplique exacte de son visage, mais avec des traits plus fins, plus doux.
— Tsk… Et moi qui croyais être le plus beau.
— Tu as toujours fait l'idiot. L'inverse n'y changera rien.
— Mes amis m'attendent… (il se redressa) Jikki…
—…n'en sera pas affectée, c'est la seule chose que je peux te promettre. Maintenant, dors.
Il ferma les yeux, s'abandonnant aux ténèbres.
Où suis-je ?
— Dans la conscience du One For All.
Izuku se retourna vivement ; c'était la même personne qui avait parlé, celle du rêve de la dernière fois. Frêle, chétif… Mais débordant d'un courage immense. Le premier détenteur… Mais cette fois, son visage était visible, et il n'avait pas l'air très content.
— Tu as réussi à atteindre assez de puissance pour me parler, mais malgré tout… Je ne suis pas satisfait.
Izuku baissa les yeux, pour voir son corps fait de fumée, qui masquait jusqu'à sa bouche. Oui, il avait fait une erreur. Il avait tué un homme, puis avait fait un serment avec un autre hors du système héroïque. Il mentait à ses amis, à sa mère, à All Might… Il n'était pas loin d'être un vilain par ses actions.
— Je ne parlais pas de ça ; tes choix sont les tiens, et ton exaction a trouvé sa source dans la protection d'un innoncent.
Mais je ne suis pas un vrai héros…
— Personne ne l'est vraiment, au fond. Nous tentons tous de choisir entre risquer notre vie pour sauver celle des autres et risquer celle des autres pour sauver la notre. Mais toi, tu es au dessus de ce choix.
Izuku tressaillit face au changement de ton du premier détenteur, et recula quand il vit deux yeux dorés le transpercer de part en part. Il tomba à genoux, terrassé par une puissance supérieure qui lui murmurait si fort au oreilles qu'il avait l'impression que le vent lui-même s'était ligué contre lui. Les nuages sombres muant cet espace se tordirent pour fondre sur lui, l'enserrer.
— Tu ne peux pas fuir tes actes. Mais tu peux encore sauver des vies.
Les larmes aux yeux, Izuku vit une autre silhouette approcher. All For One ? Mais la carrure ne correspondait pas, au contraire… Elle semblait familière, presque comme s'il la connaissait depuis toujours.
— Tu as assez combattu. Repose-toi, maintenant…
Non…
— Qu'est-ce que… Arrête ça !
Il sentait le feu en lui. Un brasier miroitant, qui reflétait ses erreurs. Nombreuses, déroutantes, qui instillaient le poison du doute en lui. Il jeta tous dans les flammes pour les nourrir.
— Non… Non !
La silhouette s'embrasa. Elle aussi, elle nourrirait son feu. Izuku se redressa ; la moitié de son corps était désormais libérée des nuages noirs. Il parla à voix haute, cette fois.
— Mon corps m'importe peu. Mon âme ? Elle est déjà ternie. Mais pas ma volonté ! (Son cri se répercuta jusqu'au premier détenteur, qui vacilla) J'ai choisi de me battre selon mes manières. Je suis Deku, celui qui donne du courage ! Qu'importe si les gens me haïssent, qu'importe les blessures… Ils me verront me relever encore et toujours !
— 50 %… Tu passes au-delà de mes espérances…
Un rire survint dans les ténèbres, mais le garçon les fit taire. À la place, un image nette s'imposa dans son esprit. Pour muer ses paroles en actes, il devait le surpasser.
— J'arrive, Katsuki.
Il ne l'aurait jamais crû, mais ce jour était arrivé.
Yokumiru Mera regardait chaque membre du conseil avec attention ; tous semblaient aussi épuisés que lui, ce qui était vraiment une mauvaise nouvelle. De tout le groupe, il était pourtant le seul à avoir un rythme de sommeil catastrophique, mais là… Les cernes, les bâillements retenus, les étirements montraient le stress des problèmes amoncelés.
Parce qu'une attaque de vilain était survenue, l'examen avait été suspendu, et, exceptionnellement, les professeurs principaux participaient également au conseil. Mera chercha du regard, et vit Eraserhead de Yuei. Il aimait bien ce type ; sérieux, modeste et presque fidèle à lui-même. Fiable, surtout : c'était le plus important dans leur milieu.
— La séance est ouverte, annonça la Présidente de la Commission de la Sécurité Publique, une femme mûre au regard sévère. Mera, pouvez-vous nous résumer la situation ?
— J'espère que vous êtes bien accroché… Nous avons déjà un cas d'agression d'un élève sur d'autres candidats. Akira Arata a attaqué dix apprenties héroïnes, dont certaines sont encore en état de choc. Bien qu'on ne déplore aucune perte, elles demandent un dédommagement et une suite à la cour de justice.
Aizawa leva la main, et la Présidente l'autorisa à parler. Il se leva :
— La vidéo surveillance et l'enquête policière ont constaté qu'il s'agissait d'une vilaine dotée d'un Alter de métamorphose. Les charges contre mon élève sont donc nulles et avenues.
— C'est en théorie le cas, M. Aizawa, mais… (la Présidente croisa ses mains) Le fait est que votre élève a été plusieurs fois la cible de la Ligue, c'était donc de s'attendre à ce qu'il se fasse à nouveau attaquer.
— J'en prends l'entière responsabilité, et il s'inclina.
Il a l'air plus grognon dans les interviews, pensa Mera en se grattant la tête. Mais il devait avouer que là, Eraserhead avait bien plus l'air d'un professeur inquiet qu'un héros.
— Cela va de soi. Nous tenterons également d'étouffer cette affaire, ou tout du moins l'ébruiter. (Aizawa avait levé sa main) Oui ?
— Je demande également à ce qu'Akira ait accès aux soins nécessaires au traitement de sa maladie.
La Présidente resta silencieuse quelques instants, avant d'acquiescer doucement. Mera ne saisissait pas la gravité de l'état du malade, mais si ça demandait l'autorisation de la commission… Sa patronne lui intima de poursuivre son rapport.
— La deuxième attaque a eu lieu juste après la première épreuve ; de par un Alter inconnu, les élèves masculins de la classe 1A de Yuei ont subi une transformation chromosomique qui s'est répercutée au niveau macroscopique, changeant leur structure corporelle. Néanmoins, les tests médicaux ont montré que leurs souvenirs et capacités ont été conservées, mais leurs personnalités ont été légèrement affectées. Les experts pensent que c'est juste à cause des pics hormonaux.
— On ne peut pas exclure un lavage de cerveau. Des cas comme ceux-ci se sont déjà déclarés un peu partout dans la ville, fit un des conseillers après une autorisation de la Présidente. Mais cette fois, c'est localisé.
— Ce ne serait pas étonnant que la Ligue soit derrière tout cela, avança la femme blonde au regard d'acier. A-t-on eu des nouvelles les concernant ?
Les héros-professeurs secouèrent leurs têtes.
— Si nous laissons les élèves continuer leurs examens, la situation risque de s'envenimer…
— Ne pouvons pas juste écarter le jeune Arata de l'épreuve ? avança une conseillère en ajustant ses lunettes. Il me semble judicieux de…
— Ce n'est pas lui, la cause, répliqua vivement Aizawa, ne respectant pas le temps de parole. Comme vous pouvez le constater, mes élèves ont été les cibles suivantes. Qui sait qui ils viseront ensuite ?
— Votre classe semble être leur cible principale, et nous savons pertinemment pourquoi…
— Nous sommes à un conseil, leur rappela la Présidente, clouant le bec aux deux belligérants. Et c'est moi qui distribue la parole. Bien que vos arguments soient aussi valables l'un que l'autre, je vais vous demander de vous rasseoir.
En effet, la conseillère et le professeur s'étaient levés, de leur chaise et dans leurs voix. L'une se confondant en excuses, l'autre se murant dans le silence, ils obéirent. La Présidente reprit :
— La proposition du conseil est simple : nous annulerons l'Examen de Licence Provisoire, et le remplacerons par des stages participatifs.
Les murmures et discussions enflèrent, entre accords et désaccords, mais ça penchait plus en faveur de cette idée. Les héros tiraient une tête de trois kilomètres, et les conseilles se massaient les tempes ou l'arrête des nez. Bref, c'était le temps des palabres et diverses réflexions, mais Mera ne put piquer un petit somme ; la Présidente se pencha vers lui :
— Nous devons éviter tout débordement. Convainquez Eraserhead de faire interner son élève.
Sérieusement… Pourquoi fallait-il qu'on lui refiler le sale boulot ?
Katsuki se réveilla dans un couverture de courbatures et sur un coussin de fièvre. Grelottant, il clignota des yeux, la lumière au plafond lui semblait trop brillante. Des sons… Une voix ? À côté de lui, mais c'était trop étouffé pour qu'il comprenne quelque chose.
— Je suis pas en sucre, dit-il.
À la place, sa bouche ne s'ouvrit partiellement que pour laisser passer quelques grognements incompréhensibles. Cette faiblesse le mit en colère, et il fit un effort pour se redresser. Une main attrapa la sienne, une autre dans son dos. Une fois qu'il fut assis, il sentit que quelque chose n'allait pas. Bizarre, mon centre de gravité a l'air changé…
Sa vue s'ajusta, et il constata en baissant les yeux une paire de melons pesants leur poids. Quoi ? Il porta ses mains à ces derniers, avant de stopper son geste ; non, il sentait bien qu'ils étaient réels. Soudain, il entendit une voix :
— Tu m'entends ?
Il tourna la tête, et croisa ses grands yeux bruns et profonds, embués de larmes. Avec un rire grinçant, il lâcha :
— Je suis pas encore sourd.
Merde. Même sa voix avait changé ; il avait gardé les tonalités brutes, mais celles-ci s'étaient polies vers une octave plus élevée.
— Au moins, tu n'as pas perdu ton mordant… (Ochaco renifla ; ses yeux rougis étaient bien soulignés) J'avais si peur !
Elle se jeta à ses bras, laissant Katsuki à la fois perplexe et réconforté. Il ne la repoussa pas, n'ayant remarqué personne d'autre dans les parages. Il l'écarta doucement après un instant de flottement, confus :
— C'est quoi ce bordel ? Qu'est-ce qui se passe ?
— C'est… Je… (Ochaco secoua sa tête) Ce sera plus simple si tu constatais par toi-même.
Elle fila vers la salle de bain, laissant au blond le champ de vision pour constater qu'il était dans une chambre. Nerveux, il commença à s'agiter quand elle revint avec un miroir en main, et le pointa vers lui.
Il faillit tomber de stupeur de son lit ; il aurait crû voir sa mère avec son air de « je-vais-te-transformer-en-hachis-parmentier ». Mais en plus jeune, et un peu différent au niveau des pommettes. Il se toucha le visage ; c'était bien réel. Déglutissant, Katsuki se tourna vers Ochaco :
— Il m'est arrivé la même chose que Shouko ?
— Oui, et il n'y a pas que toi ; tous les garçons ont subi le même sort.
— Attends une minute… (Katsuki tenta de se redresser, mais la douleur le retint) Merde !
— Ton corps subit encore les contrecoups de la transformation, d'après le médecin, lui apprit sa petite amie. Tu dois te reposer.
— Et Izuku ?
— Il… (elle baissa son regard, penaude) Il est toujours dans le coma.
Katsuki se figea ; depuis toujours, il avait vu cette saleté comme son rival, mais n'avait récemment compris qu'il n'en était rien. Le nerd était passé bien devant lui, tout ça à cause d'un coup de chance. Et là, c'était presque comme un revers de balle. Le blond serra son drap si fort que ses jointures blanchirent, retenant de se lever pour aller lui flanquer une bonne rouste.
— Tu… es sûr que tout va bien ?
— Pourquoi ? (Katsuki chassa ses pensées sombres, se concentrant sur le visage d'Ochaco, un baume au cœur) À part la douleur physique, tu veux dire ?
— Oui, c'était par rapport… Est-ce que tu te sens toujours… toi-même ?
Sans réfléchir, il l'attira à elle et l'embrassa. Peut-être un peu rude, comme réponse…
—…mais ça a le mérite d'être clair, souffla-t-il à la fin de leur échange.
— Toi, alors, pouffa-t-elle, avant de redevenir sérieuse : tu es le seul qui n'a pas subi de « changements ».
— Je suis le plus fort, c'est normal. Donc les autres se sont « shouko-isés » ?
— C'est difficile à expliquer, mais tu tiens l'idée (elle soupira, et il lui caressa les cheveux, lui arrachant un sourire) Désolé, je me sens juste fatiguée. Te voir souffrir comme ça…
—…t'a rappelé de mauvais souvenirs, ouais. Mais tu n'es pas coupable.
— J'aurais pu t'aider ! rétorqua-t-elle en gonflant ses joues. Je suis une héroïne !
— En apprentissage, corrigea le blond en levant les yeux au ciel. T'es pas toute puissante, et tu as déjà fait ta part du boulot.
— Qui est ?
— Rester à mes côtés quand j'étais au plus mal.
Elle lui lança un regard entendu.
— J'espère, Bakugo-san, que vos poussés de romantisme sont passagères ; vous êtes franchement ringard.
— Quoi, j'ai pas le droit de complimenter ma petite amie ?
— Mmh… Je t'en octroie le droit, mais seulement quand je le quémanderais !
— À vos ordres, ma reine, répondit-il en s'inclinant, regrettant son geste qui le fit siffler de douleur.
Néanmoins, ils se mirent à rire doucement. À rire de la douleur, du réconfort, du soulagement. À rire de cette situation sordide, aux ténèbres qui renfermaient une goutte de lumière, d'espoir. Katsuki se sentait bien ; il n'y voyait pas grand-chose, mais au moins, il sentait le contact de sa main.
